Lors de mon atelier de la semaine dernière, une maman a dit qu’elle voyait ses enfants comme des toiles vierges, sur lesquelles nous étions en charge de peindre nos valeurs et le reste…

L’image m’est restée un moment en tête.. J’adore les métaphores, mais quelque chose me gênait dans celle-ci… Et puis j’ai compris. Je préfèrerais le tourner ainsi :

Les enfants sont peut-être des toiles vierges, mais je pense que notre rôle se limite à leur offrir des couleurs. A eux de choisir lesquelles ils veulent utiliser !

Lisez-vous les contes de fées classiques à vos enfants ?

Je me rends compte que les miens manquent de références dans ce domaine…
Parfois, certaines histoires font une allusion au Petit Poucet, au Petit Chaperon Rouge, et mes enfants ratent complètement l’allusion !
Pourquoi ? Parce que je déteste ces contes de fées !!

Voyons… Quel modèle donnons-nous à nos enfants en leur lisant le Petit Poucet ? On lui enseigne que des parents qui n’ont plus le sou vont abandonner leurs enfants dans la forêt… Que les ogres aiment manger les enfants… et qu’ils n’hésitent à leur couper la gorge pendant la nuit (si, si, rappelez-vous, le Petit Poucet s’est montré malin, il a encouragé ses frères à mettre les bonnets de nuit des filles de l’ogre, de sorte que celui-ci a en fait tranché la gorge de ses filles…), mais tout est bien qui finit bien, puisque les enfants finissent par voler l’argent de l’ogre (parce que les gentils ont le droit de voler les méchants), et qu’alors, avec de l’argent, les parents sont contents de les revoir !
Non merci, j’aime mieux qu’ils ratent les références…

Alors, quand je lis dans Au coeur des émotions de l’enfant, qu’Isabelle Filliozat s’en écarte également, je me sens plus sûre de moi. Ces contes créent de la peur chez les enfants encore en construction…

Aujourd’hui, l’image du loup dans les histoires est bien changée, alors penchons-nous sur ces histoires nouvelles, et oublions pour le moment les contes traditionnels !

Et si vous faites face à des peurs, liées ou non aux contes de fées, je vous encourage à lire les conseils donnés par Isabelle Filliozat pour aider l’enfant à traverser ses peurs

« Pourquoi on tombe ? Pour apprendre à se relever ! »
En voilà une phrase inspirante !

Seulement voilà, je commence à me demander si nous sommes en danger de ne plus apprendre… Parce qu’on ne laisse plus les enfants tomber…

Il y a une dizaine de jours, j’ai voulu organiser un dimanche matin sympa pour les enfants, parce que leur papa était en déplacement. J’ai donc pris mes 4 petits (et grands) sous le bras (enfin… puis-je encore dire ça, même de façon imagée, quand le grand est plus en position de me prendre sous le bras que le contraire ? Bref), et les ai amenés au nouveau parc super chouette qui s’est ouvert il y a quelques mois pas très loin de chez nous !

J’y étais déjà allée avec les petits, mais on était resté avec quelques amis dans une certaine zone du parc. Cette fois, je pensais que tous allaient y trouvaient leur compte.

Dès le départ, c’est surprenant : il y a du personnel pour surveiller la façon dont ça se déroule à chaque installation… L’installation phare, c’est la grosse « toile d’araignée », à laquelle les enfants grimpent. Je me souviens avoir amené Oscar à une installation similaire il y a des années à Paris (peut-être au jardin d’acclimatation ?). Enfin, les enfants sont bien sûr attirés par les cordages !

Autour de cette toile, il n’y a pas moins de 3 personnes qui surveillent ! (qui ne surveillent pour l’instant personne, parce que comme nous sommes venus à l’ouverture, le parc est encore vide, elles sont donc très disponibles pour se focaliser sur mes enfants.)

Léon s’attaque aux cordages du bas.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir 8 ans pour grimper !
8 ans ??? Mais il y a des cordes super basses ?? C’est parfait justement pour que les plus jeunes essayent !! (Surtout que le sol est de ces nouveaux sols un peu mous qu’ils mettent dans les parcs, alors ils ne risquent pas de se faire bien mal en tombant de bas…)

Alice commence à grimper de son côté.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir des chaussures fermées !

Oscar grimpe. Ouf… A 14 ans, avec des tennis, il a le droit.
Oui, mais quand il arrive en haut…
Le personnel l’arrête : interdit ! Il ne faut pas dépasser la dernière plate-forme !
Je deviens tendue… Rien ne bloque physiquement l’accès après la dernière « plate-forme »… Il n’y a même pas un panneau qui indiquerait cette limite… Le personnel du parc va donc passer la journée à regarder les enfants qui grimpent et leur crier de ne pas atteindre le haut ??

Bon… après une petite conversation avec la surveillante, je préfère changer d’endroit.

Nous arrivons sur des balançoires en forme de soucoupes.
Oui mais… Léon se met debout dessus (en se tenant aux cordes), pour tester le mouvement.
Le personnel l’arrête : interdit ! On doit rester assis !

Je n’en peux plus… S’ensuit toute une conversation sur les risques pris par les enfants, la surprotection, comment font-ils avec les tout petits qui apprennent à marcher ? Leur disent-ils de rester assis pour être sûr qu’ils ne tombent pas ???

Une chose est sûre : je ne reviendrai pas dans ce parc !

La semaine dernière, j’ai écrit une petite anecdote sur la page Facebook des 6 doigts de la main, une de ces anecdotes qui me ramène encore à la raison pour laquelle je me suis lancée dans cette aventure de partager tout ce cheminement avec vous !

Je ne pensais pas que ça intéresserait tant de personnes, mais il y a eu en fait beaucoup de réactions. J’ai donc décidé de le recopier ici, pour le garder… (et pour ceux qui n’ont pas Facebook)

Pourquoi je fais ça….
Ce matin, je suis posée au Starbucks pour travailler. (Je suis en train de (re)lire un livre d’Elizabeth Crary, pour en faire le compte-rendu détaillé sur le blog.)
A côté de moi, une famille. La mère, 3 enfants, et les grands-parents. Le jeune garçon semble incontrôlable. Il parle tres fort, cherche à partir, sa grand-mère lui dit fermement « Sit ! » (Ils sont américains). Sa mère le rappelle: « Stay here! »
Rien n’y fait…
Bien sûr, le bruit me dérange, mais surtout, je remarque, encore une fois, qu’être parent n’est pas une compétence innée. Cette mère est clairement débordée, elle ne sait pas comment faire face à son garçon, n’a pas appris d’autres compétences que celle de donner des ordres.
Mais remettons les choses en place : est-il raisonnable de demander à cet enfant (3 ans..) de rester en place sur sa chaise pendant qu’elle consulte infiniment son téléphone ?
(Je passe sur le modèle que ça donne pour les enfants : elle est avec ses propres parents, mais elle ne parle pas avec eux, elle chatte avec ses amis…)
En est-il seulement capable ? Cet enfant s’ennuie clairement !
Alors, parce que les cris me pèsent, me tendent, tant pour lui que pour elle, je m’approche du garçon avec un papier et un stylo. Je lui demande s’il sait écrire une lettre. Il prend le stylo, dessine un bâton, et un carré.
Je décris : « Ah, tu fais un bâton, tu fais un carré. Et je vois que tu te sers de ton autre main pour tenir le papier, pour qu’il ne bouge pas pendant que tu écris. »
Il continue, fait 5 petits caractères (qui n’ont rien à voir avec des lettres, mais qu’importe…), et me tend le papier. Je m’intéresse, lui demande : « Laquelle tu préfères ? ». Il est content.
Je lui propose de garder le papier. Il acquiesce. Je pose le stylo à côté de lui, et lui dis : « Je le laisse, comme ça, si tu veux, tu peux encore t’en servir. » Et je retourne travailler.
Le petit prend le stylo, se penche sur son papier, et s’absorbe dans sa nouvelle tache. Le calme est revenu.
J’aimerais pouvoir donner une carte de visite à cette maman ! J’aimerais pouvoir l’aider à prendre du recul sur la situation !
En tout cas, de nouveau, je sais pourquoi je me suis lancée dans cette aventure de vouloir partager mon cheminement ! On a tous tellement à apprendre…

Je suis fière d’avoir commencé à animer des ateliers pour parents, et surtout ravie de voir que les parents sont contents de ce à quoi ils réfléchissent pendant les séances, ce qu’ils essayent à la maison, même si ce n’est pas toujours facile, même si c’est parfois désespérant…

Ce matin, nous avons parlé de ce qu’ils avaient réussi à faire chez eux pour obtenir la coopération de leurs enfants, suite à l’atelier de la semaine dernière qui tournait autour du chapitre 2  de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent , et il s’avère que la compétence qui les a le plus aidés est « le dire d’un mot« .

Il est clair que cette technique évite bien souvent le long discours usant, tant pour nous que pour les enfants, qui, en fait, savent déjà de quoi il retourne. Je suis ravie de constater que d’autres ont moins de mal que moi à la mettre en pratique !

Heureusement que j’ai commencé ce livre la discipline positive pour les adolescents qui va résoudre tous mes problèmes avec mon ado (!!) parce que pour tout dire, en ce moment… Je craque !!
Enfin… Ce n’est même pas vrai.

C’est peut-être aussi ça l’adolescence : le changement de comportement…

Parce que samedi dernier, vraiment, je craquais. Une semaine difficile, un vendredi après-midi plein de disputes, un samedi itou, malgré des essais d’ouverture de la communication, … une envie de loin !

Pour simplifier : mon grand (14 ans) décidait simplement de passer outre toute règle qui ne lui semblait pas convenir. Et moi qui tournais en rond : « Je ne peux pas te dire mieux que ça quand même : « si une règle ne te convient pas, viens m’en parler. ». Que puis-je faire de mieux ?? »

On en etait à des altercations ridicules, du type :
« Je suis obligé d’y aller avec vous ?
– je ne sais pas… Je pensais que c’etait un moment familial… (J’hésite, je ne sais plus ce que je dois dire ou non, imposer ou non, est-ce vraiment important qu’il vienne ? Je suis prise au dépourvu, je croyais qu’il voudrait venir de toute façon…)
-…
-…
– en fait je vais y aller, je voudrais juste être sûr que je suis libre de prendre cette décision moi-même. »
Ok…

Et puis, le dimanche, après un moment nuageux au petit déjeuner, tout s’est éclairé. Il a suffi d’un moment où j’ai lâché du leste pour que la courbe s’inverse. La conversation d’écoute avec son père a aidé aussi. Depuis (nous sommes mardi soir), tout roule ! L’ambiance est au beau fixe.
Allez comprendre…

Moralité : il faut être bien accroché !

Il faudrait bien du temps pour pénétrer vraiment toutes les différences profondes entre l’éducation américaine et l’éducation française. En fait, vraisemblablement pour n’importe quelles deux éducations, tant elles sont liées aux valeurs, aux cultures, à l’histoire de chaque pays. C’est toujours très intéressant d’observer ces différences, je trouve que ça aide à l’analyse et à la tolérance.

S’il en est une qui nous parle, et que je commence à bien connaître, c’est l’éducation américaine.

(Pause explicative : nous vivons à Puerto Rico, un territoire d’outre-mer des US, depuis 2014.
Avant ça, nous étions au Mexique, et les grands allaient déjà dans une école américaine.
Rq : Nos deux petits sont dans une petite école Montessori hispanophone)

Les français ont en souvent une image négative, et je comprends pourquoi. Par bien des aspects, les américains bafouent certains de nos principes de base. Je crois que le plus flagrant est la place de l’enfant dans la famille. Nous, les français, considérons en général que le couple passe avant l’enfant, qu’on ne peut pas tout « passer » aux enfants, qu’il leur faut un cadre.
Rien de mieux pour comprendre cette opposition dans la philosophie de base que de lire Bébé made in France, de Pamela Druckerman.
Parfois, on se sent bien d’être français et d’avoir appris à poser et respecter ces limites.
Cependant, ne jetons pas tout dans l’éducation américaine. Et en particulier, sachons en reconnaître l’aspect positif : la positivité justement !

Ça fait longtemps que je l’observe :
A l’école américaine, on insiste bien plus sur les succès des enfants que sur leurs failles. Alors, parfois, à force de vouloir booster leur confiance en eux, on s’extasie devant des compétences de base… Mais ça a de bons côtés. En particulier, celui que les enfants se sentent bien. Qu’ils croient en eux et en ce qu’ils peuvent réaliser. Ils ne sont pas rabaissés comme souvent chez nous…
De ce fait, le succès est une valeur. Ceux qui réussissent sont bien vus, non seulement par leurs profs, mais aussi par leurs pairs. Les remises de prix sont toujours accompagnées d’applaudissements !

D’autre part, l’école n’est pas seulement un lieu où sont développées les compétences académiques, mais également le caractère. Les enfants ont même régulièrement un cours de « character education », dans lequel on leur parle de valeurs, dans lequel ils peuvent s’exprimer, discuter des problèmes qu’ils rencontrent.
L’école présente les valeurs auxquelles elle croit. Dans l’école de nos enfants par exemple, ce sont les « six piliers du caractère » : respect, responsabilité, intérêt, honnêteté, service, intégrité.  Tout un contexte dans lequel l’éducation académique ne va pas sans l’éducation humaine. J’aime ce principe.

Enfin, les enfants ne font pas que suivre les cours, on leur demande souvent d’être acteurs.
Ils ont d’ailleurs une proximité avec leurs instits /profs qui n’a rien à voir avec celle qu’on connaît en France.
Moi, j’espère qu’en connaissant ça à l’école, et en recevant une éducation plus française à la maison, nos enfants intègrent le meilleur des 2 mondes… On peut toujours rêver !

En tout cas, rien n’incarne mieux pour moi la différence fondamentale entre les deux systèmes dans la manière de présenter les choses que la « golden rule », ou règle d’or. Celle que tous les américains connaissent :
« Do onto others what you want them to do to you. »
Ou, dans la langue de Molière :
« Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. »
Vous voyez la différence avec notre formulation ?

L’autre jour, j’ai entendu une psychologue s’opposer aux tendances d’éducation positive en disant que « les enfants ont besoin de conflits, il n’y a qu’à les voir dans une cour de récréation… »
Bon, première remarque : je ne crois pas que l’éducation positive bannisse tous les conflits. En revanche, elle prône une autre façon de régler le conflit, avec plus d’écoute. Il est évidemment illusoire de penser qu’on sera toujours d’accord les uns avec les autres, mais on peut éviter de rabaisser l’autre, de l’insulter, de le mépriser…
Mais surtout, deuxième remarque, « il n’y a qu’à les voir dans une cour de récréation »… C’est une preuve qu’ils ont besoin de conflits, ça ?? Ou bien la preuve qu’ils reproduisent ce qu’ils voient ? Comment peut-on décorréler les deux ? L’argument me semble complètement fallacieux !

Cet été, j’ai passé du temps en France, et je me suis rendue compte qu’en terme d’éducation positive, on était bien mieux logé en étant loin ! Enfin… Je ne peux pas juger le monde entier, mais il est clair que la France a encore bien du progrès à faire en terme de relation respectueuse avec les enfants. Nous vivons à Puerto Rico, territoire d’outre mer des US.

On peut dire beaucoup de choses sur les US, mais ce qui est sûr, c’est que la dynamique adulte/enfant est bien différente de celle que nous connaissons. Et l’éducation est clairement plus… positive justement. Parfois trop, bien sûr. Mais à tout prendre, je préfère ça.
Je pourrais vous donner plein d’exemples, tellement que je vais perdre le fil de cet article ! Alors, je vais en faire un autre spécifique. (Mise à jour : voir article sur la positivité à l’américaine)

En attendant, revenons aux enfants en France.
En juin, j’ai emmené les miens visiter les châteaux de la Loire. Et, comme l’année scolaire française n’était pas terminée, nous avons croisé pas mal de groupes scolaires. J’ai été effarée par la façon dont certains encadrants parlaient aux élèves. Des cris, des menaces… Je ne dis pas qu’il est facile de maintenir un groupe en visite, mais je peux vous assurer que les profs ici ne parlent pas ainsi aux élèves. (Lecteurs profs, ne vous sentez pas visés, je sais que les profs ne parlent pas tous comme ça aux élèves !)
En tout cas, il ne faut pas être surpris de l’agressivité qui règne entre les enfants quand ils reçoivent ce modèle-là ! D’une part parce qu’ils reproduisent ce qu’ils voient, d’autre part parce que, obligés de subir quand ils sont en position d’infériorité, ils s’expriment ainsi à leur tour s’ils arrivent à se mettre en position de supériorité.
Ont-ils un meilleur modèle avec leurs parents ? Ça dépend !
Chez ceux qui lisent ceci, c’est évident ! Mais chez d’autres… J’ai vu bien des exemples choquants ! Oh, moi-même, malgré ce à quoi j’aspire, je ne suis pas toujours chouette avec mes enfants, il m’arrive de crier, de perdre le sens des perspectives, mais je m’aperçois que ce n’est rien en comparaison de ce que j’entends parfois.
J’ai même fait face à ce cas où je n’ai pas pu me retenir d’intervenir !
Alors, ça m’a fait m’interroger.

Comment faire pour encourager plus de respect dans les relations quand nos enfants font face à un modèle différent au quotidien ? Comment développer des compétences de gestion des conflits entre frères et sœurs qui vont à contre-courant de ce qu’ils apprennent à l’école ? Et pour aller plus loin : en supposant qu’on y parvienne, ces méthodes-là seront-elles efficaces dans le monde « réel » auquel ils font face dans la cour de récréation ?

C’est une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de créer ce blog : pour participer et encourager la diffusion de la parentalité positive. Parce que je crois que c’est similaire à là protection de l’environnement : aujourd’hui on peut réagir à quelqu’un qui jette ses déchets par terre, parce que l’idée que cela ne doit pas se faire est passée dans les esprits. De la même façon, je pense que plus l’idée qu’on n’insulte pas un enfant se diffusera, plus le modèle évoluera, moins ceux qui n’y sont pas sensibles y seront portés. Ne serait-ce qu’à cause du regard des autres, qui sera moins tolérant.
C’est une ambiance qui peut déteindre, dans un sens positif aussi.

C’est possible. Il suffit d’y croire.

Cet été, en France, j’ai assisté à une scène qui m’a fait frémir, et devant laquelle je n’ai pas pu rester impassible.

J’étais dans un petit supermarché, et la dame devant moi avait 3 enfants, avec lesquels elle parlait sur un ton constamment désagréable. Lorsque je sors du magasin, ils sont sur le trottoir, et son grand -environ 10 ans- essaye d’ouvrir une bouteille d’eau qu’ils viennent d’acheter. Seulement, ce n’était pas une ouverture classique, et il n’y parvient pas.
« Mais qu’est-ce que tu fais, toi ?? Qu’est-ce qu’il est stupide ce môme !! Donne-moi cette bouteille ! Et voilàààà… C’était difficiiiiile… »
Comment un enfant qui entend sa mère le juger ainsi peut grandir en confiance ?? Comment peut-il penser qu’il vaut quelque chose ??
Je suis revenue sur mes pas, et j’ai dit « Excusez-moi, je sais que ça ne me regarde pas, mais vous pourriez pas éviter de l’insulter ? »
Elle a marqué un temps, surprise, avant de me confirmer que ça ne me regardait pas.
L’ai-je au moins aidée à prendre du recul ? J’en doute…

Mais je ne le regrette pas pour autant. C’est vrai que ça ne me regarde pas, sauf que je vois au moins 2 bonnes raisons de faire cette réflexion :

  • la première, c’est que je lui montre que son attitude n’est pas « normale », n’est pas forcément bien vue par les autres, et cela pourrait l’encourager à se réfréner un peu, au moins en public. Après tout, on est tous acteurs de notre société. Si on accepte les mauvais traitements à côté de nous, quelque part, on les valide. Où est la limite de l’intervention ? Quand la violence est physique ? Mais la violence psychologique est une violence aussi, non ? Alors… doit-on l’accepter et laisser faire ?
  • la deuxième, et la principale à ce moment-là je crois, c’est pour l’enfant : j’aime l’idée qu’il a entendu que ce traitement qu’il subit n’est pas supportable pour d’autres. Ca peut, lui, l’aider à prendre du recul, à essayer de voir les choses autrement… Je veux le croire ! en tout cas, si on était plus nombreux à réagir, ce serait sûrement le cas. Vous ne croyez pas ?