La communication avec les adolescents peut être un véritable défi.
Dans leur livre Parler pour que les ados écoutent, Faber et Mazlish proposent des outils simples mais puissants pour renforcer le lien parent-ado. Voici un résumé du premier chapitre.
Ce premier chapitre reprend un principe clé déjà exploré dans d’autres ouvrages de Faber et Mazlish : accueillir et valider les sentiments de l’enfant est essentiel pour que l’enfant se sente écouté, pour créer la connexion, et pour instaurer une communication saine.
Un principe qui n’est pas nouveau, donc, puisqu’on l’a déjà vu dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, et dans Parents épanouis, enfants épanouis.
Accueillir les sentiments : adapter les principes aux ados
Ce principe d’accueil des sentiments (valable avec n’importe qui en fait, adultes inclus !) est ici adapté à l’adolescence, et j’ai trouvé intéressant de considérer cette même idée avec une approche plus spécifique.
En effet, même si c’est la même logique, je trouve qu’on applique toujours mieux ce dans quoi on se projette.
Si le classique Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent nous projette facilement dans des exemples adaptés aux enfants, les exemples ici concernent vraiment les ados, et il est plus facile de s’imaginer face à nos ados, de se reconnaitre dans les situations, et de voir comment cela pourrait s’appliquer.
Car ce chapitre est plein d’exemples de parents qui s’appliquent à écouter et valider les sentiments de leurs adolescents.
Techniques essentielles pour accueillir les sentiments
Les techniques présentées ici sont les mêmes que celles de l’autre livre.
Pour autant, ça fait du bien d’ancrer ces notions.
Franchement, avoir dans sa besace de vraies techniques de communication avec les ados, c’est toujours bon, non ?
1. Ecouter avec attention
Quand votre ado vous parle, soyez présent.
Si vous l’écoutez d’une oreille tout en pianotant sur votre téléphone, vous n’êtes pas vraiment là, et il aura probablement moins envie de vous raconter ce qui se passe…
Si vous l’interrompez, ou lui faites la leçon, idem !
Vous voyez venir d’ici le « tu comprends rien ! »…
Ce n’est pas toujours simple, soyons clairs.
Quand mon fils me parle d’un prof injuste ou d’un copain qui l’a déçu… j’ai parfois envie de partager mon point de vue… mais ce n’est pas le moment.
D’abord, on écoute !
Et on utilise une des 2 manières de faire suivante, pour lui montrer qu’on l’entend bien.
2. Décrire les pensées et sentiments
Là, on parle de reformulation. Ça semble idiot, mais entre ce que l’un dit, et la manière dont on l’entend, il peut y avoir une différence. Donc, on répète, pour voir si on a bien compris ET encourager l’autre à préciser au besoin.
Parfois, on a l’impression de jouer au perroquet, mais essayez ! Vous verrez que ça peut être très puissant pour nourrir le besoin d’écoute de nos adolescents :
Exemple :
« Il m’énerve ! Il ne m’a même pas prévenu !
– Tu aurais aimé qu’il t’en parle avant… »
En général, ça permet de soutenir le fil du discours…
3. Accueillir les sentiments d’un mot
Une simple reconnaissance comme « Oh… » ou « C’est frustrant… » peut suffire.
Encore une fois, l’idée est simple : on est là (en tout cas dans un premier temps) pour ÉCOUTER, pas plus.
On n’en a pas l’habitude, mais écouter, souvent, ça aide bien plus que de conseiller !!
4. Concéder dans l’imaginaire
Cette fois, l’idée, c’est de valider le désir ou le besoin en proposant une solution fictive.
Exemple : « Si seulement on pouvait arrêter le temps pour que tu finisses ton devoir ! »
Honnêtement, cet outil me semble plus délicat avec les ados.
Autant, je la trouve vraiment puissante avec les plus jeunes (et je l’ai utilisée à multiples reprises, comme là par exemple), autant je la trouve souvent maladroite avec les plus grands.
Peut-être juste que je ne sais pas lui donner le bon ton.
Ou peut-être que, comme on a aussi des plus jeunes avec lesquels on l’utilise, ils me voient venir à 10 km…
Parfois, je l’utilise quand même, mais avec humour, ce qui crée de la complicité.
Je pourrais par exemple dire : « Ce serait chouette si on pouvait toujours tout savoir à l’avance ! », et je souris.
Ma fille, en particulier, décode très bien, et sourit aussi (d’ailleurs, elle nous la sert ensuite à son tour !)
Sentiments désagréables : toujours écouter notre ado
Les adolescents vivent une transition difficile, et il peut être tentant de vouloir leur éviter les sentiments pénibles.
Avec les hormones qui jouent leur rôle, ces sentiments prennent parfois beaucoup de place, et écouter un adolescent peut vite devenir compliqué.
Chercher à sortir nos ados de ces sentiments désagréables peut souvent nous amener à nier leurs émotions.
Ainsi, si notre ado est triste ou a peur, notre premier réflexe est souvent de vouloir le consoler ou le rassurer.
Pourtant, dire « n’aie pas peur » ne fait pas disparaitre sa peur.
En fait, ce qui peut le plus l’aider, c’est notre écoute !
Rediriger APRÈS avoir écouté
Parfois, particulièrement dans le cas de l’ado, il faudra peut-être accueillir ET rediriger le comportement, rappeler les valeurs fondamentales.
On peut en effet comprendre ce qu’ils traversent sans pour autant accepter le comportement.
Imaginons par exemple qu’en colère contre un copain, ils lui préparent un sale coup.
La tentation est forte de tout de suite commencer à leur faire la leçon…
Le problème, c’est qu’en faisant ça, on va très probablement couper la conversation, et ils se contenteront de ne plus nous en parler.
Si on veut pouvoir échanger avec eux, les encourager à prendre du recul avant de décider comment agir (et ils agiront de toute manière à leur idée), il va d’abord falloir veiller à notre connexion.
Donc : on commence par écouter.
« Eh ben dis donc, t’es vraiment énervé ! »
Note : il n’est pas nécessaire de comprendre les émotions de notre ado pour les entendre !
On peut déjà avoir un échange : « Qu’est-ce qu’il a fait, déjà ? » – « Ah oui, je comprends que t’aies pas aimé ! »
ENSUITE, quand il aura été entendu, on pourra partager nos opinions.
« Je vois. Pas sûre d’être fan de la méthode pour autant… Qu’est-ce que tu cherches à atteindre en fait ? »
Mais je dépasse là le cadre de ce chapitre sur la validation des sentiments…
Exemple concret de validation des sentiments de l’ado
Je me contenterai ici d’un seul exemple du livre, qui m’a bien inspirée :
Face à son fils qui se rend compte qu’il a un devoir à rendre le lendemain, la mère fait des commentaires du type : « Ne me dis pas que tu ne l’as pas terminé ! – Voilà ce qui arrive quand on s’y prend trop tard ! », et l’ado se referme complètement…
A la place, un autre scénario est envisagé : celui où la mère ne fait qu’accueillir les sentiments d’un mot. Là, l’ado se met à broder tout seul et commente qu’il aurait dû s’y prendre plus tôt…
Alors, je sais, ça donne l’impression que dans les livres, ça passe de manière un peu magique.
Mais figurez-vous que j’ai vécu quasiment la même situation quelque temps plus tard, et que ça m’a aidée à l’appliquer… et ça a marché !! Lisez donc mon anecdote vécue en cliquant ici.
Ce que je retiens de la validation des sentiments des adolescents
La lecture de Parler pour que les enfants écoutent… m’avait fait découvrir un nouveau monde.
Dans ce livre-ci, je m’ouvre à l’application des mêmes principes dans des relations un peu différentes, et j’y vois toute la puissance. Je sens bien que c’est le fait de valider les sentiments qui me permet de rester connectée à mes ados : non seulement de leur point de vue, mais aussi du mien.
En effet, ça m’encourage à aller à la rencontre de leur monde, au lieu de rester dans la posture de la maman qui sait et enseigner. Et ça, c’est vraiment puissant pour la connexion parent-ado, et pour construire une relation de confiance.
A votre tour, vraiment, testez la magie de l’écoute, vous m’en direz des nouvelles !
👉🏻 Pour découvrir le chapitre suivant ou en savoir plus sur ce livre, vous pouvez consulter la présentation complète de Parler pour que les ados écoutent ou revenir à la liste des livres de ma bibliothèque.