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Certains parents d’adolescents me demandent parfois s’il n’est pas « trop tard » pour découvrir et « appliquer » les principes de l’éducation positive. Evidemment qu’il n’est pas trop tard ! Ah, c’est sûr qu’il est plus facile d’instaurer une relation paisible avec nos ados lorsque nous avons déjà développé un rapport moins vertical avec eux. Mais il n’est pas question pour autant de baisser les bras. L’éducation positive s’applique également aux adolescents, plus peut-être, dans la mesure où, avec les plus grands, le bon vieux contrôle parental ne fonctionne de toute façon pas !

Cependant, je sais que l’éducation d’un adolescent peut se révéler difficile (vous connaissez le diction : « Petits enfants, petits problèmes »), et que parler de règles de vie avec un ado demande parfois pas mal d’énergie….

C’est le thème de mon atelier du jour !

L’organisation de l’atelier

Je profite en fait d’un voyage au Mexique pour assister à un mariage pour répéter cet atelier d’éducation positive appliquée aux adolescents, qui avait vraiment intéressé les parents l’année dernière. Je suis contente de pouvoir de nouveau partager ces idées, d’autant que j’ai encore enrichi mon atelier ! J’y ai entre autres ajouté quelques activités de Discipline Positive que j’avais vues lors de mes différents cercles d’entrainement. (Oui, nous faisons des cercles d’entrainement entre animateurs !)

Celui-ci se déroule de 8h30 à 13h – mais je vous assure que ces heures passent vite ! Et je l’anime deux jours de suite, avec deux groupes différents.

Thèmes abordés lors de l’atelier

Il y a beaucoup à dire à des parents d’adolescents… D’autant que les groupes sont mixtes : il y a ceux qui s’intéressaient déjà à l’éducation bienveillante avant, et ceux pour lesquels tout ceci est nouveau. Il me faut donc les encourager à s’interroger, à repenser leur posture parentale, à réfléchir à ce qu’ils cherchent à voir chez leurs enfants, et quelle est la meilleure manière d’y parvenir.

Sans même parler de l’acceptation des ados, et de l’amour inconditionnel… Un vaste programme !

Voici donc les thèmes que nous abordons :

  • Les besoins des enfants
  • Etre un guide ferme et bienveillant
  • Accepter la perte de contrôle
  • Entretenir le lien avec notre adolescent
  • Abandonner le jugement
  • Encourager et donner confiance
  • La motivation des ados
  • La recherche de solution
  • Développer l’indépendance
  • Avoir confiance en eux et en nous…

Les parents d’ados grandissent

Et comme d’habitude, la magie s’opère…

Qu’est-ce que j’aime ces ateliers !! Qu’est-ce que j’aime ces moments de réflexions, et de prises de conscience… L’enrichissement ressenti par les mamans présentes, qui voient des pistes, qui valorisent ce qu’elles ont, qui réfléchissent à ma meilleure manière d’accompagner leurs enfants pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’elles voudraient qu’ils soient !

Et qui découvrent aussi qu’il est possible de les accompagner tout en respectant nos principes et nos valeurs. Qu’on peut choisir une relation bilatérale, qu’on peut chercher des solutions respectueuses de tous…

J’ai planté les graines, à elles de les faire germer !

Il y a peu, je vous partageais une occasion où j’ai réussi à garder la tête froide face à mon fils de 6 ans.

Mais, bien sûr, comme je ne suis pas un super-héros, il y a aussi tous les moments où je n’arrive pas à garder la tête froide ! Et, comme chez vous, parfois ça finit en crise, et parfois non.

Et c’est là que je vois le bénéfice de notre mode éducatif : à force d’expliquer l’importance du temps de pause, de parler de ce que je ressens, de chercher à développer un certain respect dans la conversation, je constate que mes enfants sont à leur tour capables de le faire.

Ainsi, je voulais vous raconter cet épisode, qui date un peu, mais que j’avais noté dans un coin.

Il s’agit cette fois d’un échange avec mon grand Oscar, de 15 ans.

Puisque nous vivons à l’étranger, cela fait quelques années déjà que je fais le français avec le CNED avec mes 2 grands (et depuis cette année, avec le 3ème, heureusement qu’Anatole est trop petit, je ne m’en sortirais plus !!). Oscar est à présent en 1ère, et travaille de manière quasi-autonome depuis l’année dernière, mais nous continuons à avoir une session ensemble chaque semaine.

Cela lui permet d’avoir un rythme stable, une session dédiée, et puis je l’aide pour la planification, l’avancement, les corrections orthographiques… Autant je ne regarde absolument pas ce qu’il fait à l’école, autant je sais que travailler complètement seul, même s’il en comprend l’intérêt théorique, est sacrément difficile à cet âge. Donc je l’encadre. Et en même temps, je ne peux l’obliger à travailler vraiment ! Il faut bien que ça vienne de lui… et c’est pourquoi ça dégénère parfois en conflits.

L’année dernière, nous en étions arrivés à un point difficile, et nous nous étions assis avec lui, ayant préparé notre discours de sorte à le présenter comme il le fallait. Nous avions discuté de nos observations :
d’un côté, il était assez mûr pour comprendre qu’il lui était nécessaire de travailler son français, d’un autre côté, il avait beaucoup de difficultés pour s’y mettre sérieusement.
nous ne pouvions certainement pas le forcer à bien travailler, mais notre rôle de parent était quand même de l’aider à passer au dessus de ses difficultés et rester en ligne avec ce qu’il devrait faire.
Nous lui avions donc demandé de décider lui-même d’un rythme de travail, et des conséquences que nous devrions l’aider à appliquer s’il ne le suivait pas. Cela avait plutôt bien marché, mais plusieurs discussions avaient été nécessaires, évidemment…

Donc, à force de discussions, de rappels, de remises en cause, je suis devenue sensible sur ce sujet.

Cette année, en août, lorsque nous avons repris nos sessions, j’étais déjà sur la défensive avant de commencer.

La première session s’est moyennement déroulée. Je lui ai partagé le fait que je ne pourrais pas passer l’année à le tirer, que c’était à lui d’être acteur. Il était en théorie d’accord, mais rien que le fait de devoir encore avoir cette discussion m’épuise !

Et nous arrivons à la 2ème session, celle que je voulais raconter dans cet article !

Nous sommes donc mardi après-midi, et c’est le moment de la séance de français d’oscar.
Je suis attablée dans le café où il est prévu que nous nous retrouvions, et lui n’y est pas.
Il arrive enfin, en retard, sans un mot à ce sujet.

Je demande :
« Que s’est-il passé ?
– Comment ça ? Rien…
– Ben.. tu es en retard, là. Tu avais oublié ?
– ah ! Oui.
-…. Que pourrais-tu faire pour ne pas oublier ?
– Je sais pas !  »

J’essaye de respirer. Cette désinvolture me pèse. Je décide de lâcher-prise pour l’instant, très concentrée sur le fait de ne pas gâcher la séance. Il s’installe.
« Ok. Où est ton livre ?
– Je devais apporter quelque chose ? »

Alors là, ça y est, je ne peux plus… et je l’exprime !
« Je ne peux pas faire ça chaque semaine. Je te l’ai déjà expliqué, je suis fatiguée de ces conversations. Je trouve que ce n’est pas juste. Je fais des efforts pour rester sereine face à tes réactions. Tu arrives en retard, je pourrais dire « Tu as oublié ?? Tu  rigoles ?? C’est pas possible ! » et, à la place, je dis « qu’est-ce que tu pourrais faire pour ne pas oublier ?  » Mais tu ne t’arrêtes pas une seconde pour y réfléchir. « Je ne sais pas. », c’est tout. Tu n’y attaches pas d’intérêt. Je dois continuer à t’amener à travailler, et toi, tu ne fais pas. On en a parlé la semaine dernière, tu étais d’accord, on a parlé de ce sur quoi on allait travailler cette semaine, tu ne le notes pas, tu te pointes sans ton matériel, et je dois encore rester calme ! C’est pas juste. »

Et au fur et à mesure de mon discours, je monte dans les tours. Je m’énerve toute seule de tout ce que je prends sur moi… Je suis loin de ces conseils d’économiser ses paroles

Oscar est un peu dérouté.
« Ohh.. qu’est ce qu’il s’est passé ? Tu étais calme, et tout d’un coup, tu t’énerves…
– Je ne comprends pas que tu sois surpris ! On tourne en rond avec ces conversations !! Je m’épuise, je t’assure, j’ai envie de te laisser seul avec ton CNED, de me désintéresser de cette question, de te laisser faire face, bien ou mal. Je n’ai pas envie de cette relation avec toi. Je ne sais pas comment faire pour que tu le comprennes !!
– Tu as raison, je ne m’investis pas assez. »

Raison, ou pas, je ne me sens plus du tout détendue, et plus en état de travailler sereinement.
« Bon. J’avais prévu de quoi travailler ensemble, mais là, ce n’est pas possible, je ne suis pas en état. »

Heureusement, mon fils comprend ça. Il cherche une solution.
Il me dit :
« ok, si tu veux, on peut travailler demain, ou après-demain.
– Non, demain j’ai prévu quelque chose avec les petits, et jeudi, je fais le français avec Alice. Moi, j’ai le mardi pour toi. Pas un autre jour. Le mardi. Après, j’ai d’autres choses dans mon planning.
– alors, qu’est ce qu’on fait ?
– Je ne sais pas.
– Ecoute, dit-il. Je te propose la chose suivante : on travaille chacun de son cote, et on travaillera ensemble ensuite.
– On verra. »

Nous nous mettons à travailler, chacun sur son sujet. Je me calme peu à peu. Au bout d’un moment, un peu plus posée, je lui dis :
« Je te remercie d’avoir gardé ton calme. Je pense que je pourrai travailler avec toi dans un moment. »
Puis, un peu plus tard.
« Bon, j’ai presque fini, et toi ? On se donne encore 10 minutes ? »

10 minutes plus tard, je sors ce que j’avais préparé, et nous pouvons enfin commencer à travailler ensemble.
Finalement, ce sera même une bonne séance.

Heureusement qu’il a réussi à garder la tête froide.
Je suis contente d’avoir pu lui enseigner ça, et à laisser son espace à l’autre.

Pour la petite histoire, depuis ce jour-là, nos séances se passent bien mieux. Il semble qu’un déclic ait eu lieu, et Oscar fait preuve de beaucoup plus de sérieux. On a établi un planning ensemble, pour l’année entière, et il suit bien son avancée. L’autre jour, il me disait même : « Je comprends maintenant ce que j’aurais dû faire l’année dernière, et que je ne faisais absolument pas. »

Ouf. Décidément, pas toujours facile d’être parent…

Notre fils Oscar (14 ans) est passionné de cartes pokemon.
Ca peut surprendre à cet âge-là, c’est comme ça.
Mais comprenons-nous bien. Il n’est pas passionné des cartes simplement en tant que collectionneur : il aime jouer.

En fait, c’est complexe, il y a toute une stratégie à développer, et on peut facilement y passer des heures… c’est le problème.
Le week-end, il se rend à des compétitions (ça ressemble aux lieux dans lesquels certains faisaient des jeux de rôle quand nous étions jeunes), et s’entraine pendant la semaine.
Et tout ceci avec succès : il est devenu champion régional de Puerto Rico (où nous habitons) !
Cependant, une passion, ça prend du temps !

Il y a environ… je dirais bien 3/4 mois, nous nous sommes trouvés face à une situation qui avait clairement débordé, et plus beaucoup de temps pour autre chose que les Pokemon…
Cela a donné lieu d’abord à pas mal de discussion entre Nicolas et moi, sur le thème : « Comment faire pour fixer des limites, sans aller contre notre fils ? »

Oui, sans aller contre notre fils. Parce que, ne nous faisons pas d’illusion : à 14 ans, s’il juge que notre règle n’est pas juste, il fera bien ce qu’il voudra. Nous n’avons pas de vrai moyen de « contrôle », même si c’était notre méthode éducative…
Ainsi, si nous décidions de simplement lui interdire de jouer pendant la semaine par exemple, il se débrouillerait pour le faire en cachette, quand nous ne le voyons pas. On l’encouragerait donc au mensonge, tout en nourrissant chez lui un sentiment de rancune contre nous.

Nous savons donc que nous marchons sur des oeufs.
Comment aborder les choses pour qu’elles soient claires, sans pour autant le braquer ?

Et c’est là la force de la parentalité positive : nous sommes dans son équipe. C’est notre attitude, celle qu’on cherche à adopter, et à développer, c’est donc ainsi que nous l’aborderons. Nous n’imposerons pas, mais nous influencerons, si nous le pouvons.

Un dimanche soir, donc, au retour d’un de ces tournois, j’aborde la question avec Oscar. (Nous avions prévu d’en parler ensemble Nicolas et moi, avec lui, mais les jours passent, et l’occasion ne se présente pas, alors nous avons décidé que je le ferai seule. Mais je sais que nous sommes en ligne sur la démarche.)

Je fais très attention de bien valider ses sentiments, afin de me connecter avec lui avant de pousser la réflexion. Pour qu’il m’écoute, j’ai besoin qu’il sache que je le comprends et l’accepte, d’abord.

Voici à peu près ce que ça a pu donner :
« Oscar, je voulais te parler des Pokemon. C’est une passion pour toi, et je suis franchement ravie de voir que tu as une passion. Visiblement, ça te procure beaucoup de joie, et, en plus, tu as su te développer et réussir, et j’imagine comme ça doit être satisfaisant !
Cependant, j’ai également observé que cette passion te consume quasiment tous tes moments libres. Tu lis beaucoup moins qu’avant, tu étudies moins, tu ne fais presque plus de piano… et je m’interroge : est-ce que c’est vraiment ce que tu veux ? »

La clef est là : le fond de l’affaire, ce n’est pas de lui dire que ce n’est pas bien, que nous ne sommes pas d’accord. Il a le droit d’avoir d’autres envies que les nôtres ! La question, c’est vraiment de l’inclure dans la démarche, de le mettre en face de lui-même. De ses propres choix. La solution ne réside pas dans le contrôle extérieur, mais bien dans l’auto-contrôle !

Je le vois pensif, et ouvert. Il m’écoute parce que mon ton n’est pas celui de quelqu’un qui juge, ou qui accuse. Je suis avec lui.

Je complète :
« Je pense que ce qu’il se passe, c’est que c’est très tentant. Evidemment, tu es devenu bon aux Pokemon, c’est un plaisir rapide et facile. Il est certain que se mettre à travailler ta chimie, ou ton morceau de piano, ça t’amène des résultats moins immédiats, c’est beaucoup plus fastidieux… Alors, il est tellement plus simple de sortir tes cartes que d’ouvrir le piano… Je comprends bien ça ! C’est naturel de se laisser tenter à ce qui est plus facile ! Mais je te repose la question : est-ce vraiment ce que tu veux ? Aimes-tu les Pokemon au point que tu veux y sacrifier tous tes autres intérêts ? Plus de piano, plus de lecture, plus de sciences ? »

Je vois bien qu’il y réfléchit honnêtement, et il admet facilement que non, en fait, ce n’est pas vraiment ce qu’il veut, et que c’est vrai que c’est juste tellement plus facile qu’autre chose…
Je conclus donc la conversation ce jour-là en lui disant simplement d’y réfléchir.
De réfléchir à l’équilibre qu’il voudrait atteindre, et qu’on pourrait en reparler.

Le lendemain, il vient spontanément me voir, et me dit :
« J’y ai réfléchi, tu as raison. Je ne peux pas jouer à Pokemon tous les jours et ne rien faire d’autre. J’ai décidé que j’allais jouer seulement le mardi, et un jour de week-end pour les tournois. C’est tout. »

C’est bien plus contraignant que ce que nous lui aurions fixé si nous l’avions décidé nous-mêmes, et pour être honnête, je doute qu’il puisse se tenir à si peu, mais je ne dis rien. C’est à lui d’en faire l’expérience.

Le mardi, donc, Oscar joue sans scrupule.
Le mercredi, non.
Le jeudi, manque de chance, il reçoit des cartes qu’il avait commandées… L’excitation prend le dessus ! Il ouvre le paquet, essaye de jouer avec. A ma remarque qu’on est jeudi, il répond qu’il ne peut pas ne pas essayer ses cartes avant le tournoi du dimanche !! Il jouera donc encore le vendredi… joue-t-il aussi le samedi ? Je ne me souviens plus.
Ce dont je me souviens, en revanche, c’est de notre discussion du dimanche.

L’avantage des trajets vers les tournois, c’est qu’ils nous donnent l’occasion de passer des moments en tête à tête, ce qui n’est pas si courant quand on a 4 enfants (en fait, c’est un peu notre moment particulier…).

De manière surprenante, compte tenu de la façon dont il l’a appliqué dans la semaine, c’est encore lui qui aborde le sujet :
« Alors, qu’est-ce que tu penses de ces nouvelles règles par rapport au temps de Pokemon ?
– Pour être honnête, je réponds, je ne sais pas ce que j’en pense : tu ne les as pas du tout suivies cette semaine…
– Oui, non.. mais c’est parce que j’ai reçu les nouvelles cartes jeudi !
– Peut-être, mais le fait est que c’est impossible de savoir ce qu’on en pense…
– Tu as raison. Bon. Je trouve quand même que ces règles étaient bonnes sur le principe, et je vais essayer de m’y tenir cette semaine. »

J’ai appris qu’il fallait laisser le temps aux apprentissages. C’est normal. C’est vrai pour nous autant que pour eux. Nous attendrons donc une semaine de plus.

Le lundi, tout va bien. Le mardi, comme prévu, il joue. Le mercredi, je vois Oscar avec ses cartes en main, et me contente de lui dire : « Oscar, on est mercredi. » Il les pose.
Le jeudi, idem. « Oscar, on est jeudi ». Il pose encore ses cartes, en soupirant un peu.
Je ne me souviens plus de la fin de la semaine, mais le dimanche, la conversation est un petit peu différente. Il a eu l’occasion de vraiment tester sa décision, et partage son expérience avec moi : « Bon. Je me suis rendu compte que seulement le mardi, ce n’était pas suffisant pour me préparer pour le tournoi du week-end. Et puis c’est trop difficile de ne vraiment rien faire d’autre de toute la semaine. Alors, j’ai décidé d’assouplir les règles. Ce sera mardi et vendredi. Et même un peu, mais pas trop, le jour du week-end sans tournoi. » Je ne dis rien. Mon rôle est terminé.

Cette fois, les règles sont suivies à la lettre. Il a trouvé son équilibre, et s’en déclare ravi le dimanche suivant !

Il aura fallu 3 semaines pour affiner sa limite, pour la tester, pour l’appliquer. Mais il y est parvenu. Seul. Et sans aucun conflit avec nous.

Je suis fière de nous, de la façon dont nous avons su remplir notre rôle de parents, et dont nous l’avons aidé à grandir, en le mettant en situation de maîtrise. (Cette expérience nous aidera d’ailleurs quelques mois plus tard, lorsque se présentera la question de l’étude du francais. Je vous en parlerai dans un prochain article…)

Il est fier de lui, et d’avoir su mettre en place ses propres limites.

Pour la petite histoire, et puisque j’écris cet article avec des mois de retard, je préciserai qu’aujourd’hui ces règles ne sont plus en vigueur. Parce qu’elles ne sont plus nécessaires. Oscar a retrouvé un équilibre, et joue toujours, mais laisse également de la place au reste. Il a appris à se limiter.

En terminant cet article, je pense de nouveau au fait que je ne crois plus au fait que l’adolescent se montre forcément rebelle. Je pense vraiment que cela dépend beaucoup de notre attitude en tant que parents. Quelle est notre position : sommes-nous contre lui ou dans son équipe ?

Comme moi, vous avez découvert la parentalité positive depuis un certain temps, et comme moi, vous avez appris que les cris généraient du stress qui n’était pas bon pour le développement du cerveau de notre enfant / ado !

Et tant mieux d’ailleurs, parce que, dans le fond, c’est bien ce que vous voulez : « ne plus crier ». C’est ce qui rendra votre maison plus zen ! Peut-être même que, comme moi, c’est pour ça que vous avez commencé à cheminer !

Et, au fur et à mesure qu’on apprend, qu’on progresse, ça marche !!

Oui, au risque d’agacer les personnes qui n’y sont pas encore (mais qui y parviendront, et prenez plutôt ça comme une inspiration), je le dis : je ne crie quasiment plus. Vraiment.

Seulement voilà, on a beau avoir appris tous les outils, être fier de nos progressions, quel que soit le stade où on est, il existe encore des moments où on se sent l’envie de craquer !!

En général, ça se déroule comme ça : on fait face à une situation pour la 4 567è fois, alors, on prend sur nous, on respire fort, et, avec toute la patience qu’on a pu réunir, on décide d’utiliser simplement la description : « Oscar, ton sac est dans l’entrée. » C’est une réussite ! Mais on n’est pas même pas content de soi, parce qu’on est trop concentré sur la domination de notre colère…  Et c’est là que ça peut déraper. Parce que si le-dit Oscar répond quoi que ce soit qui ne soit pas « oups, je suis désolé, bien sûr ma maman chérie, j’y vais de suite ! », alors, on a juste envie de hurler : « Oscaaaar !! Tu peux pas virer ton sac de l’entrée, non ?? Ca fait 50 fois que je te le dis !! »

Bon, heureusement, j’ai testé une astuce pour ces jours où on sent qu’on n’a pas la patience !

C’est tout simple : on l’écrit. Gentiment.

Comme ça, on respecte nos principes, et surtout, on ne rentre pas dans un échange…

Donc, comme montré sur la photo de cet article, un petit mot gentil : « Oscar, tu peux vérifier l’état de l’entrée STP ? ». Il y a fort à parier qu’il ne fera pas d’analyse graphologique pour s’apercevoir qu’on a visiblement écrit un peu violemment, et qu’il le prendra au sérieux parce que si sa mère se fend d’un message écrit, c’est que c’est le moment de ne pas laisser le sac !!

Après, plus tard, quand on est calmé, que le sac est rangé, que les plus petits sont couchés, alors on peut s’asseoir avec notre Oscar, et lui demander : « Comment est-ce qu’on peut faire pour que ton sac ne soit plus au milieu de l’entrée quand je rentre ? ». On sera alors dans une recherche de solution avec lui, en lui donnant l’opportunité de prendre en compte notre besoin, et on pourra ainsi l’aider à grandir. Ouf.

Prendre du temps pour y penser change tout à notre communication !

Le chargeur d’ordi d’Oscar (14 ans) ne fonctionne plus.  L’année dernière, il a déjà fait face à une période où il n’avait pas de chargeur, et a dû se débrouiller en en empruntant un à une copine, un jour sur 2… (Ici – nous vivons à Puerto Rico – ils prennent leur ordi à l’école, et quasiment tous les devoirs sont faits informatiquement).

Mais l’année dernière, c’était parce qu’il l’avait oublié quelque part. Donc, sa responsabilité. On l’a laissé résoudre le problème : pour un trouver un autre à acheter sur internet (qu’il a payé lui-même), pour se débrouiller en attendant qu’il soit livré.

Cette fois, il ne l’a pas perdu : il ne fonctionne plus.

Et entre-temps, autre changement : je me suis également acheté un ordi (pour pouvoir travailler vraiment partout sur ce blog !), et j’ai donc un chargeur à disposition à la maison.

Pour autant, je me rends compte qu’on a implicitement adopté la même attitude que la fois précédente : sans le dire clairement, on a agi en suivant l’idée que c’était à lui de se débrouiller, sans qu’on ait à le ressentir. Je le laisse emprunter mon chargeur, disons à condition que je ne m’en rende pas compte. C’est à dire que je continue à l’utiliser comme s’il ne servait qu’à moi, et c’est à lui de savoir où je l’ai laissé, de le sortir de ma chambre, de mon sac, d’où que ce soit, de charger son ordi, et de le remettre là où il l’a trouvé. On n’a même pas parlé du remplacement.

Sauf que ce matin, je n’avais plus de chargeur. Je me suis sentie agacée. Sans nul doute, si Oscar avait été dans le coin, il l’aurait senti. Seulement il était à l’école.

Grâce à la technologie moderne, il a répondu à mon sms pendant sa récré (« Aie, j’ai rendu le sien à la bibliothécaire, donc c’est bien le tien que j’ai, je suis désolé ») et a laissé le chargeur au gardien, donc j’ai pu le récupérer. Et ça m’a donné le temps de réfléchir.

A plusieurs choses :

1- Il a bien rendu son chargeur à la bibliothécaire, ce qui prouve qu’il en est capable, et qu’il est responsable.

2- Chaque fois que j’ai retrouvé mon chargeur qu’il m’avait rendu, il l’avait bien rangé, en roulant le fil, ce que je ne fais moi-même pas toujours bien, donc il en prend soin.

3- Je ne lui ai pas dit que j’avais remarqué qu’il en prenait soin, je n’ai même pas remarqué sa responsabilité face à la bibliothécaire (parce que, naturellement, comme on l’avait déjà vu, on ne remarque que le négatif…)

4- Ce n’est pas lui qui a cassé ou oublié son chargeur, ce n’est donc pas à lui de le racheter.

5- Nous sommes une famille, et on s’entraide. Si mon chargeur ne marchait plus, je lui demanderais de partager le sien en attendant d’en recevoir un nouveau.

Voilà, avec tout ça, j’avais une meilleure base pour notre conversation à venir.

Cet après-midi, donc, quand j’ai retrouvé Oscar, nous avons discuté. Ca a plus ou moins donné ça :

« Bon, tu peux t’imaginer que je n’étais sacrément pas contente de ne pas trouver mon chargeur ce matin… Cependant, ça arrive d’oublier. Tu as bien rendu le sien à la bibliothécaire, ce qui prouve bien que tu n’oublies pas toujours !

Ton chargeur ne marche plus, mais tu ne l’as pas cassé ou perdu, je pense que c’est donc à nous de t’en racheter un. Je te charge juste de la démarche (recherche, commande..).

En attendant, je propose qu’on se partage mon chargeur. Mais trouvons une façon de fonctionner qui nous convienne à tous les deux : pourquoi avais-tu mon chargeur dans ton sac ? Quand en as-tu besoin ? »

Il a été impressionné que je ne lui demande pas de le racheter lui-même, il était content de pouvoir partager. Il a cherché le meilleur fonctionnement avec moi. Quand j’ai soumis l’idée de charger le mien le soir pour qu’il puisse l’emporter à l’école, il m’a dit que c’était quand même sa responsabilité de se débrouiller pour avoir son ordi chargé sans me prendre mon chargeur (Est-ce bien mon fils qui me parle ??), et on a finalement décidé du partage du chargeur sur la journée, et d’un endroit où le prendre et le laisser à chaque fois.

On ne réussit pas toujours bien ce qu’on a en tête dans les conversations avec les enfants, mais là, je dois dire que je me sens fière de moi, et de lui : parce que j’ai su y réfléchir en avance, en valorisant ce qui était bien fait et en changeant de perspective, parce que je n’ai pas attaqué son caractère dans la conversation, parce qu’il a participé à la recherche de solution avec bonne volonté, tout en respectant ma propriété.

Si ce que nous apprenons pouvait nous aider à toujours communiquer ainsi… Ce serait « parfait » ! En attendant, savourons les moments où ça se produit déjà !

Dans l’article sur le 1er chapitre de La discipline positive pour les adolescents, j’écrivais que pour moi la confiance était fondamentale.

Ici un exemple de comment je le lui communique.

Il y a quelques semaines, Oscar (14 ans) nous a demandé de discuter avec lui des limites de temps de jeu vidéo. Nous avons ensemble fixé un cadre, avant de commenter :

« Refaisons le point dans une semaine pour voir si ce que nous avons décidé est réaliste. Il faut se rendre à l’évidence : si tu veux jouer plus que ça, tu pourras toujours le faire sans que nous le sachions (il a son propre ordinateur portable, qu’il apporte à l’école et sur lequel il fait généralement ses devoirs). Ce n’est pas l’idée. Si à la fin de la semaine, tu t’aperçois que ces limites ne te conviennent pas, reparlons-en. »

Je ne suis pas certaine que ce genre de méthode puisse toujours fonctionner, en particulier quand nos attentes sont très différentes des siennes, mais en tout cas, ça vaut le coup d’essayer !

Le week-end suivant, donc, nous avons fait le point, et il suivait très précisément les limites fixées (avec un minuteur), ce qui d’ailleurs avait évité des disputes dans la semaine, comme quoi, ça avait été une bonne idée de discuter des règles (et non des limites, rappelez-vous : les enfants adorent les règles, pas les limites) avant.

Une semaine ou 2 plus tard, il s’était lassé de son jeu, et la question ne se pose même plus : il ne joue plus !

Cette attitude d’ouverture et de discussion, le laissant décider de ses propres limites me semble beaucoup plus efficace que de lui imposer les choses, et nous a encore servi à l’encourager à revoir ses priorités plus tard. 

Plus ça va, et plus je m’en rends compte : le secret pour devenir le parent que l’on veut être, c’est de prendre le temps d’y réfléchir !

C’est en réfléchissant sur les conflits avec nos enfants qu’on trouve des idées sur la meilleure façon de les résoudre.

C’est en cherchant en quoi ce qu’on lit s’applique à ce qu’on vit qu’on arrive à mettre en place de meilleures méthodes.

C’est en échangeant qu’on envisage des solutions.

Ainsi, Nicolas et moi nous réservons régulièrement un moment pour parler des enfants. Oh, nous discutons aussi de tout un tas d’autres choses, mais des moments “éducation” sont délibérément posés pour faire progresser les choses.

Il y a un peu plus de 2 semaines (j’ai mis un peu de temps à écrire cet article), nous avons eu l’occasion de faire une escapade de 24h, seuls, dans une cabane isolée, au bord d’un lac. Une vraie bouffée d’oxygène après une période de boulot intense pour lui !

Alors, au cours de ces 24h, nous avons eu un moment éducation. Il concernait cette fois notre ado (14 ans).

Comme j’avance tout doucement dans la lecture de La discipline positive pour les adolescents, je décide de relire avec lui la boîte à outils du premier chapitre : une attitude parentale ferme et bienveillante.

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La seule lecture de cette boîte à outils est l’occasion de discuter, et de creuser des pistes.

Ainsi, le 2ème point : “Prendre le temps de découvrir et comprendre les besoins des adolescents. Ils ne sont pas nécessairement identiques à ceux que nous avions à leur âge.” est le point de départ d’un échange entre nous.

Je partage avec lui le fait que j’ai récemment remarqué que les salutations entre notre fils et ses copains n’étaient pas conformes à ce que je pensais être des salutations. Dernièrement, j’avais eu 2 occasions de m’en rendre compte.

La première, c’est quand je suis allée le chercher à l’école en avance, parce qu’il avait un rdv médical. Il était à ce moment-là avec des copains, et s’est esquivé quasiment sans dire un mot. Il m’a assuré ensuite qu’il avait dit au revoir, je ne sais pas si ses copains l’ont entendu, en tout cas, moi non…

La deuxième, c’était à la maison : il était sur skype avec un petit groupe, pour discuter d’un projet scolaire sur lequel ils travaillaient ensemble. J’entre pour lui dire quelque chose, Oscar coupe simplement la conversation skype, sans un mot aux autres. Je m’interroge :  “Tu as coupé ?  – oui, j’y retournerai quand on aura terminé de parler, c’est relax comme convers, on entre, on sort – Mais… ça ne se fait pas de partir comme ça sans rien dire, il faut au moins prévenir ! “

En y repensant avec Nico, je me pose la question : Leurs besoins ne sont pas forcément identiques à ceux que nous avions à leur âge ! J’impose mon modèle en expliquant qu’on ne quitte ni une conversation ni un endroit sans dire au revoir, mais est-ce le cas pour ces nouveaux jeunes ?? Leurs codes sont peut-être différents ?

L’hypothèse que notre fils ne se comporte pas de manière adaptée n’est pas à écarter, mais celle que ce soit réellement leur façon de faire ne l’est pas non plus !

Peut-être que cette génération n’a pas besoin de se dire “Salut les gars, à demain !” comme nous le faisions, parce qu’en étant toujours connectés, ils ne se disent jamais vraiment au revoir ??

Un peu plus loin dans la boîte à outils, nous lisons “Valoriser ce qui le rend unique”, et décidons de nous poser clairement la question. Qu’est-ce qui rend notre ado unique ?

Sa persévérance peut-être, c’est vrai qu’il est assez incroyable par rapport à la constance dont il fait preuve quand il s’est fixé un but… C’est la source de mon compliment descriptif de la semaine suivante.

Nous trouvons ainsi plusieurs aspects de notre fils que nous valorisons, et ça fait du bien de ne pas se focaliser sur les attitudes qui peuvent nous énerver !

La boîte nous parle encore d’un soutien à la fois ferme et bienveillant. Où le mettre en pratique ? Là encore, nous trouvons ensemble : Oscar, qui a du mal à se faire de vrais amis dans ce pays, déploie beaucoup d’énergie pour essayer d’organiser des sorties le week end, en vain. Souvent, quand il nous parle d’une possibilité en dernière minute, nous lui faisons des reproches : “Tu ne peux pas prévoir des choses sans nous en parler d’abord !”

Mais il s’avère qu’il envisage tellement de plans qui n’ont jamais lieu que ce serait difficile pour lui de soulever la question chaque fois. Nous décidons donc de le soutenir dans la démarche de façon ferme, en lui posant nos limites (ex : attention, tu ne peux rien prévoir dimanche matin, on a prévu de faire une rando), mais de manière bienveillante, en lui ouvrant les possibilités (en revanche, si tu veux, je peux te poser avec des copains au cine samedi après midi).

Au résultat,  le simple fait qu’on ait envisagé notre relation avec Oscar sous un autre angle pendant un moment nous a amenés à considérer déjà qu’elle était meilleure !

Le premier chapitre de La discipline positive pour les adolescents s’intitule bizarrement « Ai-je un ado à la maison ? » C’est vrai qu’il faut se poser les questions dans le bon ordre !

Selon l’auteure, ce sont nos émotions qui révèlent la présence de l’ado : le décalage entre entre nos attentes et la réalité est générateur de stress, or, l’adolescent est dans un processus d’inviduation.
(Je sais, le mot est surprenant, mais c’est bien le terme qu’ils utilisent dans la traduction française.)
Le processus d’individuation, vous l’aurez deviné, c’est une recherche identitaire, soit répondre à la question : « Qui suis-je ? »

Quelques caractéristiques de ce processus :

1- le jeune met à l’épreuve les valeurs familiales
C’est pour cela que l’on considère souvent l’adolescence comme une période rebelle… Voir ce passage comme nécessaire nous permettrait sûrement de la voir avec plus d’indulgence, ou en tout cas avec moins d’inquiétude.Si toute forme de résistance est interdite, si notre contrôle entrave le processus d’individuation, le jeune finira probablement par exercer son autonomie sans autorisation.
Je me suis souvent dit ça. J’ai repensé aux occasions où j’ai pu mentir à mes parents. Je sais que je considérais le mensonge justifié parle fait que la limite imposée me semblait injuste. Aujourd’hui, je préférerais autoriser plus de choses que je ne voudrais à mes enfants ados, mais savoir qu’ils n’en font pas dans mon dos.
C’est marrant, ça rejoint une des questions proposées par Isabelle Filliozat dans Au cœur des émotions de l’enfant (voir 7 questions à se poser), en l’occurence : « Qu’est-ce qui est le plus important pour moi ? »
La réponse, dans ce cas précis est : la confiance en mon enfant. Et c’est ce que je lui communique quand nous discutons de règles à mettre en place, comme ici.

2- De grands changements physiques, hormonaux, biologiques, et psychologiques
Les hormones, les hormones, les hormones…
Ce n’est pas facile d’être un ado et de faire face à tous ces changements d’humeur inexpliqués ! Ne le prenons pas toujours personnellement. Il est maintenant prouvé (par la connaissance du cerveau, le cortex pré frontal et autre cerveau reptilien) qu’à l’adolescence, la gestion des émotions, le contrôle des impulsions, et la capacité de résolution de problème sont en construction.C’est une bonne nouvelle : tout ne se joue PAS avant 6 ans !!
Ça explique cependant pourquoi dans cette période, les ados sont impulsifs, tant au niveau des réactions que des prises de risques. Ils peuvent avoir besoin d’aide pour gérer leurs émotions en faisant appel à leurs capacités rationnelles.
C’est bien dit, non ? Moi, face à certaines expressions des émotions de mon ado, j’ai aussi du mal à garder mes capacités rationnelles… Qui va m’aider ? Maman !!

3- Le cercle des pairs prend l’ascendant sur celui de la famille
L’adolescence est souvent la période pendant laquelle on est le plus influençable. Parce qu’on « se cherche », parce qu’on veut s’integrer à un groupe, trouver un environnement dans lequel on peut essayer d’être soi en sécurité.
Là encore, ce n’est pas une rébellion. Mais ça demande beaucoup d’energie, ce qui explique aussi que l’ado ait moins de disponibilité pour les relations familiales. Voyons-le du bon côté : ce lien renforcé avec les pairs facilite le processus de séparation qui, qu’on le veuille ou non, est entamé !

4- L’adolescent exerce son autonomie et teste son pouvoir sur le monde.
Les adolescents ont besoin de s’approprier les décisions qui les concernent, sans recevoir d’ordre. En général cependant, si la posture parentale est bonne, l’ado exerce les compétences enseignées hors du cocon familial, et c’est pourquoi nous recevons des compliments de ceux qui le reçoivent… Il ne teste son pouvoir que dans la sécurité de la maison.
Bon, ça m’inspire quand même deux remarques :
– je sais que nous déjà vu des méthodes pour obtenir la coopération des ados (dans « Parler aux ados pour qu’ils écoutent – chapitre 2 »), mais je dois dire que je continue à me heurter régulièrement à des cas où les instructions ne sont simplement pas suivies par mon grand qui les juge ridicules, et que si je comprends l’attitude (ce qui valide d’ailleurs le fait qu’il est illusoire de vouloir juste imposer), je ne sais pas bien comment m’en sortir…
– sur la sécurité de la maison… Ça ne vous fait pas penser à ce qu’on notait sur les petits, qui s’expriment en confiance avec leur figure d’attachement ? Vous êtes toujours contents d’être cette figure d’attachement ?

5- L’adolescent a besoin que ses parents respectent sa vie privée et son jardin secret
Un paragraphe qui fait bien écho à ce que je pense, du moins dans la théorie (parce que je reste réaliste – je sais qu’il est plus facile d’avoir des idées d’ouverture et de tolérance que de les mettre en pratique). On est ici complètement dans le cas que j’ai déjà exposé dans le premier point de cette liste : mensonge ou pas mensonge…
Le mensonge de l’ado est généralement justifié par un besoin d’expérimentation. (La fille qui cache le maquillage dans le fond de son sac, la consommation d’alcool en soirée…) Ils ne se confient pas à nous soit parce qu’ils savent que à cela mettrait un terme à leur projet, soit parce que cela engendrerait un sentiment de honte.
Ainsi, la seule façon de ne pas les encourager à mentir est de garder une position ouverte sur toutes ces expérimentations, de les entourer de notre amour et de notre écoute, pour les aider à ajuster leur comportement sans jugement. Un sacré défi !

6- Les parents peuvent devenir un sujet d’embarras pour leurs adolescents
Je crois que ce point ne nécessite aucun commentaire supplémentaire…

7- L’adolescent est dans la toute-puissance et ne supporte ni remarque ni conseil
Ce point est assez définitif, suggérant que l’ado ne supporte aucune de nos directives, en termes d’heure de coucher, d’habillement, de repas… et je ne sais pas si je suis d’accord.

Cependant, c’est la transition rêvée pour le point de conclusion de ce chapitre :
« Aucune permissivité »
Ici, l’auteur précise que l’idée n’est pas de livrer les ados à leur apprentissage sans cadre ni limite, il s’agit plutôt de les encadrer avec bienveillance.
On n’est plus dans un schéma d’autorité, mais de partage du contrôle.
Si on veut imposer et contraindre, on encourage la rébellion. Mieux vaut chercher la coopération.
A ce stade, je ne sais pas vous, mais moi j’ai hâte de lire la suite, et de comprendre comment faire ça !

En fin de chapitre, on trouve une petite « boîte à outils » pour parents bienveillants, dont je parle plus dans cet article.

Heureusement que j’ai commencé ce livre la discipline positive pour les adolescents qui va résoudre tous mes problèmes avec mon ado (!!) parce que pour tout dire, en ce moment… Je craque !!
Enfin… Ce n’est même pas vrai.

C’est peut-être aussi ça l’adolescence : le changement de comportement…

Parce que samedi dernier, vraiment, je craquais. Une semaine difficile, un vendredi après-midi plein de disputes, un samedi itou, malgré des essais d’ouverture de la communication, … une envie de loin !

Pour simplifier : mon grand (14 ans) décidait simplement de passer outre toute règle qui ne lui semblait pas convenir. Et moi qui tournais en rond : « Je ne peux pas te dire mieux que ça quand même : « si une règle ne te convient pas, viens m’en parler. ». Que puis-je faire de mieux ?? »

On en etait à des altercations ridicules, du type :
« Je suis obligé d’y aller avec vous ?
– je ne sais pas… Je pensais que c’etait un moment familial… (J’hésite, je ne sais plus ce que je dois dire ou non, imposer ou non, est-ce vraiment important qu’il vienne ? Je suis prise au dépourvu, je croyais qu’il voudrait venir de toute façon…)
-…
-…
– en fait je vais y aller, je voudrais juste être sûr que je suis libre de prendre cette décision moi-même. »
Ok…

Et puis, le dimanche, après un moment nuageux au petit déjeuner, tout s’est éclairé. Il a suffi d’un moment où j’ai lâché du leste pour que la courbe s’inverse. La conversation d’écoute avec son père a aidé aussi. Depuis (nous sommes mardi soir), tout roule ! L’ambiance est au beau fixe.
Allez comprendre…

Moralité : il faut être bien accroché !

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Forte de mes nouvelles résolutions  concernant l’application de l’éducation positive pour mes grands autant que pour les petits, j’ai décidé de commencer ce livre, alors que je n’ai pas encore lu le livre fondamental de Jane Nelsen qui s’intitule simplement La discipline positive.

(Edit : depuis l’écriture de cet article, je n’ai toujours pas fini le livre sur les adolescents, alors que j’ai fini l’autre depuis longtemps, et suis tombée amoureuse de Jane Nelsen. La vie est ainsi : imprévisible…)

Je suis persuadée que ce sera pour moi une bonne façon de déplacer un peu mon point d’intérêt et d’aborder mon ado de façon plus positive !

L’intro, déjà, me plait beaucoup : elle apporte un prisme à travers lequel voir notre ado qui, sans aucun doute, encourage à voir les choses différemment.

Jugez plutôt :

Souvenons-nous de notre enfant quand il apprenait à marcher.
Il faisait un pas, puis deux, puis il tombait.

Et nous ne lui reprochions pas de tomber, bien au contraire, nous étions contents pour lui des pas qu’il avait déjà faits, nous l’encouragions, nous l’admirions… et le laissions réessayer, et retomber…

Voilà, l’ado, c’est toujours ça : il est grand, mais il apprend à marcher sur tout un tas de domaines ! Alors, apprenons à l’admirer pour ça, à l’encourager, à le féliciter pour les pas qu’il fait, et ne pas lui reprocher de tomber, quand ça lui arrive encore…

chapitre 1 : Ai-je un ado à la maison ?
Et à propos de comment la boîte à outils de ce premier chapitre nous a aidés à changer notre regard
Le secret : prendre le temps d’y réfléchir