Un thème crucial sur le chemin de la parentalité positive. Prendre conscience de ce qu’est la négation des sentiments, choisir d’aborder autrement les situations, permet de changer complètement la dynamique !

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La négation des sentiments

Aujourd’hui, nous allons parler des sentiments ou plus exactement, de la négation des sentiments. C’est un sujet, qui est parmi les premiers que l’on voit, quand on apprend la parentalité positive. En tout cas, c’est une des premières choses que j’ai apprise. 

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de cette tendance que nous avons de nier les sentiments. C’est assez incroyable une fois que l’on s’en rend compte. Il est fort probable que certains d’entre vous soient déjà familiers avec cette notion. 

Mais pour être sûr que tout le monde suive bien, je vais en rappeler le principe. Avant qu’on m’en ait parlé, ce n’était pas du tout évident pour moi. Et depuis, je me suis rendue compte à quel point c’était répandu. Nous avons cette tendance forte à nier les sentiments de ceux qui nous entourent, ceux des enfants encore plus.

Un exemple frappant où l’on nie les sentiments des enfants

Un jour, j’étais dans la rue et j’ai vu un papa passer avec sa petite fille dans les bras. La petite fille devait avoir à peu près un an, quelque chose comme ça. 

Et la petite fille pleurait, pleurait, pleurait. “Mais non, ce n’est rien, ne t’inquiète pas”, disait le papa pour la rassurer. Et la petite fille pleurait, pleurait. “Mais non, ça n’a aucune importance” disait le papa. C’est une scène banale. C’est une scène qu’on voit souvent. Et pourtant, pour ceux qui ont déjà été sensibilisés à ce sujet, c’est marquant. 

C’est-à-dire que cette petite fille est en train de parler de sa détresse, d’exprimer sa frustration ou sa tristesse. Et le papa lui répond : “Ce n’est rien, ça n’a aucune importance”. C’est-à-dire qu’on le nie complètement

Comment valider une émotion ?

Une émotion n’a pas vraiment besoin d’avoir une raison pour exister. Combien de fois nous disons à nos enfants qu’il n’y a pas de raison de s’énerver. Mais en fait, si l’enfant est énervé, c’est qu‘il a une raison de s’énerver. 

Après, ça peut être une raison qui, pour nous, n’aurait pas eu le même effet. Il est possible que nous ne comprenions pas la raison ou même pourquoi cette raison-là a un tel effet sur notre enfant. Et on peut avoir envie de s’interroger sur ce mécanisme pour lui. 

L’enfant nous regarde comme un guide

Pour autant, si le sentiment est là, si l’émotion existe, c’est qu’il y a une raison pour lui, pour l’individu. Nier cette raison ou du moins nier le sentiment plutôt que la raison, c’est dire à l’enfant qu’il a tort de ressentir ce qu’il ressent. 

Or, l’enfant nous regarde comme un guide. Nous sommes ses parents. Nous lui apprenons énormément de choses. Nous l’aidons à découvrir le monde. Donc en disant à notre enfant, tu as tort de ressentir ce que tu ressens, nous lui enseignons, indirectement, qu’il ne devrait pas avoir confiance en ce que son corps lui dit, ce que son cœur lui dit. Il apprend que ce qu’il croit sentir n’est pas juste, il ne devrait pas, il ne faudrait pas. 

Détruire la confiance en soi de l’enfant

Alors, d’une part, ça risque de ne pas l’aider. Parce que, imaginons par exemple un enfant confronté à une situation qui lui fait peur : “Maman, j’ai peur !”, “Non, mais il n’y a aucune raison d’avoir peur”. 

Non seulement on invalide ce qu’il ressent, mais ce n’est pas en lui disant qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur tout d’un coup, la peur va disparaître. Donc, c’est inefficace et ça détruit la confiance en soi de l’enfant. C’est-à-dire, je ne sais pas si on peut déjà parler de la détruire, mais au moins, ça n’aide pas à la construire. Que va-t’il se passer plus tard en tant qu’adolescent ? Quand il sera par exemple sous la pression d’un groupe, et qu’il se retrouvera dans une situation à laquelle il se sent mal à l’aise ? Il sent que quelque chose ne va pas, mais que le reste du groupe ne l’exprime pas. 

À ce moment-là, il se dira, j’ai probablement tort de ressentir ce que je ressens, je n’ai pas de raison pour. Et du coup, il va suivre le groupe. Si on veut que l’enfant ait le courage de ses opinions, il faut d’abord qu’il puisse sentir ses émotions. Il faut qu’il puisse leur faire confiance.

Le court terme

C’est pour cela que la validation des sentiments, dès le plus jeune âge, est très importante. Il y a encore une autre raison supplémentaire pour ça, c’est le court terme, tout simplement. C’est beaucoup plus efficace de valider les sentiments sur le moment.  

À long terme, il est très important qu’on lui enseigne à se connaître, à s’écouter et à se faire confiance. Mais la validation des sentiments à court terme, vous verrez, c’est magique ! Avant de vous illustrer ça avec des exemples des enfants, je voudrais déjà être sûr que l’on soit bien sensibilisé à cette question. Que vous vous imaginez vous-même parce que des exemples de couples, j’en ai aussi plusieurs, dans un sens comme dans l’autre. 

Besoin d’être écouté 

Je me revois par exemple à un moment où j’espérais quelque chose qui ne s’est pas produit et j’appelle mon mari, il dit : “Cela ne marche pas, ça ne va pas se faire”. Et il cherche à me rassurer. “Bon écoute, c’est déjà pas mal ce que tu as fait, ça arrivera un jour, une autre fois, tu verras”. 

En fait, je savais que ça arriverait un jour, une autre fois, que je verrai. Je n’ai pas besoin de ces mots-là, j’avais besoin de : “Quelle déception ! Tu dois être triste”. J’avais juste besoin d’être écoutée. Je n’avais pas besoin de solutions, je n’avais pas besoin de réassurance. J’avais juste besoin d’être écoutée. Dans l’autre sens, c’est vrai aussi. 

Heureusement que mon mari et moi, nous sommes tous les deux sensibilisés à cette question maintenant, parce qu’on peut le dire explicitement. Tu n’es pas en train de valider mon sentiment. Cela aide à nos conversations. Souvent, on a juste besoin d’être écouté. Et souvent, dans la conversation, on oublie d’écouter l’autre, pas de lui répondre, de nous donner nos suggestions, nos solutions, juste de l’écouter. C’est un peu l’écoute active dont parle Thomas Gordon. C’est une autre force de la conversation : c’est ce qui permet de rester en lien. 

La nécessité de la connexion

Parce que finalement, dans tout ça, l’important, c’est de garder le lien. La nécessité de la connexion avec l’autre devrait passer avant tout. Tant qu’on reste connecté, on aura beaucoup plus de chances d’avoir une relation harmonieuse avec l’autre, une relation de coopération et c’est vrai, entre parents et enfants, tant qu’on reste connecté. 

Si on impose notre modèle à notre enfant sans l’écouter lui aussi, sans écouter ce qu’il a en lui, on rompt la connexion. Et ça, ça ne marche ni à court terme ni à long terme. 

Exemple d’une idée de validation de sentiment avec les enfants

Je voudrais vous donner des exemples de la façon dont cette idée de validation des sentiments peut marcher avec les enfants. Pour que vous soyez convaincu ! Aussi, j’aimerais surtout que vous l’essayez vous-même avec vos propres enfants. 

Une de mes amies, qui est un peu sceptique sur toutes ces méthodes, l’a mise en pratique avec sa fille de 11 ans, juste après un échange avec moi. Sa fille était rentrée en se plaignant de la quantité de devoirs qu’elle avait. Et sa mère en mode automatique lui répond : “Je ne vois pas pourquoi tu te plains ? D’habitude, tu as très peu de devoirs. Bon voilà ! Aujourd’hui, tu en as plus. Ce n’est pas non plus tous les jours, ce n’est pas dramatique”. Et la fille réagit un peu fortement en lui disant : “Maman, de toute façon, ce n’est pas la peine, je te dirai plus ce qui se passe pour moi”. Et cela fait réagir la maman, qui s’est dit effectivement que ça lui faisait écho avec ce que l’on s’était dit le matin-même sur le fait de perdre le lien. 

Parce que la fille exprime clairement : “Je ne te dirai plus ce qui m’arrive”. Et du coup, ça l’a aidée à basculer. Alors, elle a pris sa fille avec elle, dans ses bras, et elle lui a dit : “Attends, viens voir, je vois bien qu’aujourd’hui, tu es fatiguée et que tu as vraiment beaucoup de devoirs. Tu n’avais pas envie d’en faire autant aujourd’hui. Tu trouves que tu en as trop et ce n’est pas facile”. C’est tout ! La fille était bien dans les bras de sa maman, elle lui a dit : “Merci maman” et elle est partie faire ses devoirs. Elle avait seulement besoin d’être entendue. Et ça, ça marche à n’importe quel âge. 

Avec les petits, on le voit très bien ce moment où ils sont en colère. Leur dire “Calme-toi” n’est pas efficace. Leur dire : « Oui, je vois que tu es en colère » peut changer les choses. Et leur dire : “Ah oui, tu voulais réellement ça ? », ça peut les aider à se calmer automatiquement.

Être écouté à nouveau

Ils se sont de nouveau écoutés. Parce que dans la colère, il y a la raison elle-même et puis le fait peut-être d’avoir ce lien qui est rompu. Quand on leur dit qu’on les entend, qu’on les écoute, ça change tout. Ça ne veut pas dire qu’on valide leurs comportements, quels qu’ils soient. Il y a bien une différence entre ce qu’on ressent et les actes. “Tous les sentiments sont autorisés, les actes ne le sont pas”, disait Haim Ginott. Il ne faudra pas oublier ça. 

Dans un premier temps, l’important, c’est de les écouter et de valider leur sentiment. Et ce modèle-là, ils l’apprendront, ils l’apprendront vite. Les grands le savent, le sentent et le vivent. 

Maintenant, combien de fois, je les entends face au petit, lui dit : “Tu es triste, Anatole ?” “Et oui, tu aurais voulu ça ?” La situation se règle tout seul entre eux. Et ça, vraiment, c’est magique. 

Alors, la prochaine fois que vous faites face à une émotion de votre enfant, je vous encourage à la recevoir, à la valider et vous verrez la différence.

Voilà, c’était ma réflexion du jour, celle qui nous aide à progresser ensemble.

« Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ou exagérons-nous leur faute pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? »

Cette phrase, issue du livre d’Isabelle Filliozat : Il n’y a pas de parent parfait m’a vraiment laissée songeuse…

Car, c’est certain, face à nos enfants, nous avons une forte tendance à la dramatisation.

Voici ce dont je vous parle dans ce podcast, à travers une anecdote vécue :

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Note : Ce podcast reprend à peu de choses près un article que vous avez aimé :
Exagérer les fautes de nos enfants, une manière de se justifier

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Exagérer les fautes de ses enfants 

Bonjour les parents positifs!

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Nous parlons aujourd’hui de la colère parentale. Celle-là même, contre laquelle nous cherchons régulièrement à lutter, et qui revient systématiquement. Vous avez remarqué que nos enfants sont souvent sujet à notre colère, beaucoup plus que d’autres en fait. 

Si un de nos amis renverse un verre, c’est pas grave. Si c’est son enfant, parfois, il ne l’a pas fait exprès. Si c’est le nôtre, il aurait pu faire attention. 

Il y a une citation d’Isabelle Filliozat, qui m’est restée en tête pendant un bon moment et qui m’a laissé songeuse, elle est extraite de Il n’y a pas de parents parfaits. Elle écrit : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et qui dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? ” 

Alors vraiment ça, c’est intéressant ! Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ?

Exemple sur l’exagération des fautes de nos enfants

J’en ai eu  un exemple l’été dernier ! C’était le moment de préparer les valises, parce que nous allions changer d’endroit. J’avais eu une semaine tendue, beaucoup de stress à l’extérieur. Et au moment de préparer les valises, j’aurais voulu que tout se passe facilement. 

Seulement, évidemment, les enfants avaient autre chose en tête que de faire leurs valises, de ranger leurs jouets, et de vérifier sous les lits. Toujours est-il que, tandis que j’étais encore en train d’aider les petits, je vois que les chaussures de mon grand traînent au milieu de la chambre. Et je m’énerve !

Une chose en amenant une autre, on se dispute et je sors de la chambre dans un état de colère forte. Et je me justifie : “Oui, mais aussi, il aurait pu ne pas laisser ses chaussures au milieu de la chambre ! Pourquoi il fait ça ? Alors que je lui ai demandé, une fois, deux fois… ! Et alors, les chaussures…

Oui, d’accord. Lorsque je me calme, je me dis : “Alors, attends, il avait laissé ses chaussures au milieu de la chambre. Soit, il n’aurait pas dû. Mais vraiment, est-ce que je ne suis pas en train d’exagérer sa faute pour me justifier ?

Si, je crois que c’est ce que je fais. J’avais d’autres raisons d’être en colère, d’être stressée, et j’ai versé mon stress sur lui. 

La figure d’attachement

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’on s’autorise à verser notre colère sur ceux qui nous semblent plus proches ? 

On ne ferait pas ça avec des étrangers ou avec des amis. Pourquoi le fait-on sur nos conjoints, sur nos enfants ? D’un certain côté, je me dis que c’est un peu comme la figure d’attachement

Vous savez, la figure d’attachement, c’est ce concept qui veut que notre enfant se dévoile plus en tant que lui-même, avec ses sentiments, avec ses émotions, devant nous que devant d’autres. C’est ce qui explique qu’un enfant qu’on a laissé pendant plusieurs heures avec quelqu’un d’autre, se soit “bien comporté”. Et qu’au moment où on le retrouve, il se mette à pleurer, pleurer et faire des crises. En fait, il se sent en sécurité avec nous. Nous sommes sa figure d’attachement. Il peut se montrer tel qu’il est avec ses stress, avec ses peurs, avec ses difficultés.

Parfois, je me dis que la figure d’attachement, ça marche aussi dans l’autre sens. Nous aussi, nous pouvons nous montrer tels que nous sommes devant notre famille. Nous n’avons pas de risque qu’ils nous abandonnent. Nous sommes en sécurité. 

Pour autant, c’est intéressant d’y réfléchir pour éviter de trop l’utiliser, parce que ce n’est pas ce qui va nous aider à rendre nos relations harmonieuses en famille. Alors, je sais qu’on ne se débarrassera jamais de tout ça parce que, comme le dit Isabelle Filliozat dans cette citation : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse”. Oui, il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse. Et il se passera toujours quelque chose en nous qui nous dépasse. 

Au fur et à mesure qu’on avance sur le chemin de la parentalité positive, on apprend à mieux se contrôler, à mieux s’écouter. On apprend à exprimer notre colère d’une autre façon. De façon beaucoup moins blessante que ce qu’on avait l’habitude de faire avant. Et on apprend à mieux gérer les situations. Pour autant, de temps en temps, il se passera encore quelque chose en nous, qui nous dépassera.

Le principe de réparation

Et lorsque ça arrive, nous avons le choix. Je pense que, comme le dit Jane Nelsen :  “Chaque erreur est une opportunité”. En l’occurrence, c’est l’opportunité de montrer ce qu’est le principe de réparation à nos enfants. Et c’est ce que j’ai choisi de faire cet été, une fois que je m’étais accordée mon temps de pause, après que je me sois calmée, je suis retournée voir mon fils de presque 15 ans et je lui ai expliqué ma situation. Je lui ai expliqué pourquoi j’étais stressée. Pourquoi j’avais vraiment envie que les valises soient faites vite pour me sortir de cette situation. Et que je m’en voulais d’avoir évacué mon stress sur lui et que les chaussures au milieu de la chambre ne le justifiaient pas. 

Je pense qu’en faisant ça, je lui ai d’une certaine façon donné un modèle. Un modèle de ce qu’on peut faire quand la situation nous échappe, quand ça nous dépasse. Et depuis, je l’ai vu lui-même le faire. Après des moments de colère, il commence à être capable de revenir vers nous et de dire : “Je suis désolé de m’être emporté comme ça. Je n’aurais pas dû. J’étais énervé pour autre chose”.

Et peu à peu, on progressera ensemble! 

Voilà, c’était la réflexion du jour ! J’espère que ça vous a aidé dans votre cheminement. 

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A bientôt !