Me préparer à animer des ateliers pour parents dans les mois qui ont passé et ceux qui vont venir m’a également permis de réviser… Entre autres choses, je suis retombée sur la notion de compliment descriptif.

C’est un principe selon lequel on aide mieux les enfants en leur faisant des compliments précis et descriptifs, qu’en leur faisant des compliments évaluatifs, et en général peu clairs (du type « bravo ! »). Le problème, c’est que ce n’est pas ce à quoi on est habitué, et c’est difficile de changer nos habitudes…

Cependant, comme expliqué dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent et dans Parents épanouis, enfants épanouis, le commentaire a beaucoup plus d’impact sur la confiance en soi de l’enfant si c’est lui qui en déduit le compliment à partir de notre description.
Je ne l’avais pas oublié, mais multiplier les exemples pour l’expliquer aux parents m’a permis de mieux le mettre en application avec les enfants depuis quelque temps.
Hier, nous étions tous à table, et Léon (5 ans) décide de se servir d’eau. Il prend la carafe en verre, qui était pleine, et se sert sans aucun problème. Je commente, en décrivant :
“Dis donc, cette carafe est tres lourde, et tu as réussi à la soulever et à te verser de l’eau sans l’appuyer sur le bord du verre pour ne pas le faire basculer…”
La réponse m’a bien confirmé qu’il avait déduit le compliment tout seul : “Oui, je suis tellement fort que je peux aussi la porter comme ça !” (en la re-soulevant)

Rien de tel que son exemple vécu pour se convaincre des méthodes…

Depuis, ça me vient de plus en plus facilement…

Ceux qui me lisent régulièrement savent que chez nous, l’imaginaire (méthode proposée par Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent) fonctionne vraiment bien pour débloquer certaines situations.

(Pour ceux qui ne les ont pas lus, et que ça intéresse, vous pouvez voir mes différents articles à ce sujet en suivant ces liens-là :
Concéder dans l’imaginaire
L’imaginaire, une nouvelle compétence
Concéder dans l’imaginaire, encore
Vive l’imaginaire !
Imaginaire, encore et toujours)

D’autre part, j’avais récemment testé l’idée de la coupe pour recevoir les pleurs donnée par Isabelle Filliozat dans « Il me cherche ! ».

Cette fois, j’ai décidé de mélanger les 2 idées :

Anatole ne cessait de pleurer, pour une raison dont je ne me souviens même plus…
Je me suis alors assise face à lui, ai fait une coupe avec mes mains, et lui ai dit :
« Tiens, pleure là-dedans ! »
Un peu interloqué tout d’abord, il m’a bien regardée, et j’ai répété mon message.
Il a pleuré encore, j’ai laissé ma coupe juste devant lui, puis je lui ai dit
« Quand tu auras fini de pleurer, tu me diras pour qu’on puisse jeter tout ça. »
Après un bref moment, il se calme et me dit, hésitant, qu’il a terminé.
« Ah, super, alors maintenant, on va jeter les pleurs, d’accord ?
– d’accord ! »
Je fais le geste de jeter ce qu’il y a dans ma coupe et commente : « Ah, je suis bien contente qu’on se soit débarrassé de ces pleurs ! »

Décidément, l’imaginaire pour les jeunes enfants, c’est vraiment magique !

Je l’avais testé il y a un bon moment avec Léon, qui fait alors 3 ans, je continuais régulièrement, et en ai reparlé quand il en avait 4, jusqu’à ce que ça devienne même une corde à son arc.

Cela marche maintenant bien également avec Anatole, 2 ans et demi, comme en attestait mon dernier article à ce sujet.

Je sais d’expérience que c’est une compétence moins utile avec les plus grands, mais je ne sais pas encore à quel âge ils basculent…

En tout cas, je ne résiste pas à l’envie de vous conter une anecdote récente, qui montre que ça fonctionne encore bien avec mon Léon de 5 ans !

Nous étions allés dans une aire de jeux avec une amie, et après y avoir passé un moment, nous sommes partis déjeuner. Après le repas, Léon me demande de retourner aux jeux. Seulement, il n’y a plus le temps avant la sieste de son frère… Bien sûr, je fais face à des pleurs… Mais je bascule vite :
« Tu avais vraiment envie de retourner aux jeux… Sur quoi tu jouerais si on pouvait y aller ?
– Sur le bateau… enfin, sous le bateau ! Tu sais il y a un trou dessous !
– Ah oui, c’est vrai qu’il est chouette le bateau ! »
Et voilà mon Léon qui s’éloigne, satisfait d’avoir été écouté…

Mon amie et moi nous regardons en riant : « Je continue à avoir du mal à y croire… ! »

Lors d’un de mes ateliers, je partageais avec les parents le fait que « concéder dans l’imaginaire » était une technique qui fonctionnait bien avec mon Léon (utilisée depuis qu’il a 3 ans, il en a maintenant 5 – C’est une technique de validation des sentiments qui avait été suggérée dans Parler pour que les enfants écoutent…, et qui est même entrée dans ses propres compétences !).

La semaine suivante, une maman me racontait qu’elle s’en était inspirée lorsque sa fille réclamait ses lunettes de soleil à grands cris. Puisqu’elle n’arrivait pas à faire accepter à sa fille idée qu’elles n’avaient pas les lunettes avec elles, elle a fini par simplement faire le geste de mettre les lunettes… ça avait très bien fonctionné !

Alors, je m’en suis inspirée à mon tour.

Anatole (presque 3 ans) hurlait parce que j’avais mangé une noix de cajou qui était évidemment pile celle qu’il voulait !! Je commençais doucement à m’agacer… « Anatole, il y en a encore plein d’autres des noix de cajou, celle-là, je l’ai déjà mangée, qu’est-ce que tu veux que je fasse ?? Que je m’ouvre le ventre pour te la donner ? » Et là, l’idée !!
« Ok, tiens, je m’ouvre le ventre (geste d’ouvrir), je sors la noix de cajou, je te la donne. Tiens. »
Il s’arrête instantanément de pleurer, « prend » la noix que je lui tends, fait le geste de la manger, puis va en prendre une autre, consolé.

J’étais stupéfaite !

Il y a 2 jours, il nous est arrivé à peu de choses près la même anecdote, lorsque son père a mangé la fin de quiche de son assiette, qu’il avait clairement refusée. Une fois avalée par son père, la quiche redevenait intéressante, et il se met à hurler… Nico commence à s’agacer, comme moi le jour de la noix de cajou, mais comme j’ai déjà vécu ça, je réagis plus vite !
Je fais donc semblant d’ouvrir le ventre de Nico, lui rend la quiche, il la prend, la mange, et tout est réglé !

C’est parfois plus facile qu’on ne le croit de changer l’ambiance…

Vendredi dernier, j’avais invité une copine d’Alice (10 ans) à la maison après l’école.Mais voilà qu’une heure avant la sortie, je reçois un message de la maman, m’expliquant qu’elle vient de recevoir un message du prof d’espagnol, lui expliquant que sa fille s’est mal comportée en cours (oui, ici, on peut recevoir des mails des profs, et être au courant avant la sortie…) Du coup, elle ne veut plus la laisser aller chez moi, elle aurait l’air de la récompenser de son mauvais comportement…Bon, je l’appelle. Un résumé de ma conversation avec elle :« Attends, ne me fais pas ce coup-là ! Les filles avaient tellement envie de jouer ensemble, ça fait un bon moment qu’on n’avait pas réussi à organiser qu’elles se voient ! Qu’est-ce qu’il se passe avec la prof d’espagnol ? – Coralie, je suis furieuse, me dit-elle, tu te rends compte ? Un mot de la prof d’espagnol ! Je ne peux pas le croire, jamais je n’ai reçu un mot d’un prof !! Apparemment, ça fait 2 cours de suite qu’elle se comporte mal, qu’elle discute et dérange les autres… Je ne peux pas l’amener chez toi, pas juste après ça ! – Bon, ok, il y a un problème avec le cours d’espagnol, et il faut le régler, mais ça n’a rien à voir !!   (Note : on est en plein dans la différence entre la punition et la conséquence, et ça tombe bien, je connais mon sujet !) Parlons donc du cours d’espagnol. C’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof. Bon, c’est une bonne nouvelle. On le voir aussi de l’autre côté : au cours de toutes ces années, et de toutes ces matières, c’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof ! Dis donc, elle se comporte sacrément bien, ta fille ! Allons bon, cette fois, elle a fait un faux pas. Ma foi, ça arrive, il est naturel de dévier parfois… Mais comme on sait que d’habitude, elle se comporte bien, et comme en plus c’est 2 fois de suite dans le même cours, on peut essayer d’en parler avec elle… On a confiance en elle, on veut savoir ce qu’il se passe. Attendons son point de vue avant de juger.  »Heureusement, la maman est vraiment ouverte dans la conversation. Après quelques minutes, elle semble acquise à ma cause, ou plutôt à la cause de sa fille. C’est alors qu’elle me demande : « Bon, ok, elle va chez toi cet après-midi, mais alors… tu voudras bien parler avec elle ? » Ah ah, bien sûr, je veux bien parler avec elle ! Je remercie la maman de m’avoir écoutée !!
L’après-midi donc, lorsque je retrouve ma fille et sa copine, je demande si je peux lui parler. Ca donne quelque chose comme :« Dis donc, j’ai entendu dire que tu avais eu des problèmes en cours d’espagnol, qu’est-ce qui s’est passé ? – eh ben… Je n’arrêtais pas de parler, alors la prof s’est fâchée parce que je dérangeais les autres. – ah mince… et comment tu te sens par rapport à ça ? – mal… parce que je sais qu’elle a raison, que je ne devrais pas déranger les autres ! (bien vu, donc la conséquence est déjà là, la fille se rend compte de son comportement, en prend la responsabilité, et en a déjà tiré leçon, on n’a effectivement pas besoin de punition !) – Mais d’habitude, dans les autres cours, tu n’as pas de problème de comportement. Ca se passe toujours bien, tu sais très bien te retenir de bavarder (renforcement du rôle positif), alors qu’est-ce qui se passe en cours d’espagnol ? Qu’y a-t-il de différent pour que tu te retrouves à bavarder dans ce cours-là et pas les autres ? – C’est que la manière dont la prof fait le cours est différente, et les tables aussi. On travaille sur des tables rondes, et on est censé avancer tout seul, pas en écoutant quelque chose que dirait la prof, alors je peux discuter en travaillant (elle a effectivement de très bonnes notes dans ce cours, elle est en bien capable, ce sont ses camarades qui ne le sont pas), ce qui n’est pas le cas dans les autres cours, où la plupart du temps on doit écouter ce que dit la prof… Alors, comme il m’était arrivé quelque chose de cool le matin, je voulais le raconter aux copains… – Eh oui, je comprends… (Maintenant que j’ai bien écouté, je vais entrer dans la phase « implication de l’enfant dans la résolution du problème ») Alors, à ton avis, que pourrais-tu faire pour éviter cette tentation ? Parce que c’est ça la difficulté… Moi par exemple, je sais bien que je ne devrais pas manger du gâteau au chocolat tout l’après midi, mais quand il y a du gateau au chocolat dans la cuisine, et que je passe devant, je suis trop tentée, alors j’en mange… Pour éviter ça, je mets le gâteau dans le frigo, comme ça, je ne le vois pas. Qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire pour éviter la tentation de parler à tes copains en cours ? – je pourrais… je pourrais demander à la prof de me changer de table pour ne plus être avec mes amis ! – tiens, c’est une super idée, ça, attends, je vais la noter ! Quoi d’autre ? »C’est l’étape de brainstorming, tout le monde y va de son idée, et je note tout :mettre mes amis au frigo avoir un petit écriteau devant moi qui dit « Ne pas parler » de mon côté, et « Ne pas déranger » de l’autre côté faire en sorte qu’il ne m’arrive rien de cool à raconter attendre la fin du cours pour raconterOn a vraiment passé un moment sympa à chercher des solutions, et la copine était contente de cette conversation !Quand sa mère est arrivée en fin de journée, on lui a lu la liste de nos idées, expliquant qu’il leur restait à choisir ensemble la solution à retenir. J’étais vraiment heureuse de voir que sa connection avec sa fille n’avait pas été rompue pour cette histoire de mauvais comportement. Elle a visiblement été convaincue par le fait qu’il y avait d’autres manières d’aborder les choses, et m’en a remerciée.Un pas de plus pour la parentalité positive !
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L’écoute emphatique, au coeur de la réception des émotions.

Il est donc naturel qu’Isabelle Filliozat en parle dans Au coeur des émotions de l’enfant.

On est ici dans l’intersection entre la parentalité positive et la communication non violente, avec la technique de reformulation, expliquée ainsi :

« En reformulant, vous ne jugez pas, vous ne commentez pas, vous n’intervenez pas, vous accueillez simplement le sentiment de l’enfant. Il se sent alors reconnu, validé. Il acquiert le sentiment qu’il a le droit de sentir par lui-même, d’exprimer, et qu’il peut faire confiance à son ressenti. »

Alors que je viens de lire cette phrase, Anatole (presque 3 ans), qui était aux toilettes, s’approche de moi :
« J’ai pas envie de me laver les mains. ».
Tiens… il tombe bien ! J’essaye la reformulation :
« Ah oui je vois, tu n’as pas envie de te laver les mains…
– non.
– Tu préfères garder les saletés sur tes mains ?
– oui
– Je vois… Cependant, quand on fait pipi, après on se lave les mains. »
(Juste un rappel de la règle générale, sans entrer dans l’ordre de ce qu’il doit faire.)
Magique : Anatole repart se laver les mains.

Merci Isabelle !

Retour vers l’article du livre

« Pourquoi on tombe ? Pour apprendre à se relever ! »
En voilà une phrase inspirante !

Seulement voilà, je commence à me demander si nous sommes en danger de ne plus apprendre… Parce qu’on ne laisse plus les enfants tomber…

Il y a une dizaine de jours, j’ai voulu organiser un dimanche matin sympa pour les enfants, parce que leur papa était en déplacement. J’ai donc pris mes 4 petits (et grands) sous le bras (enfin… puis-je encore dire ça, même de façon imagée, quand le grand est plus en position de me prendre sous le bras que le contraire ? Bref), et les ai amenés au nouveau parc super chouette qui s’est ouvert il y a quelques mois pas très loin de chez nous !

J’y étais déjà allée avec les petits, mais on était resté avec quelques amis dans une certaine zone du parc. Cette fois, je pensais que tous allaient y trouvaient leur compte.

Dès le départ, c’est surprenant : il y a du personnel pour surveiller la façon dont ça se déroule à chaque installation… L’installation phare, c’est la grosse « toile d’araignée », à laquelle les enfants grimpent. Je me souviens avoir amené Oscar à une installation similaire il y a des années à Paris (peut-être au jardin d’acclimatation ?). Enfin, les enfants sont bien sûr attirés par les cordages !

Autour de cette toile, il n’y a pas moins de 3 personnes qui surveillent ! (qui ne surveillent pour l’instant personne, parce que comme nous sommes venus à l’ouverture, le parc est encore vide, elles sont donc très disponibles pour se focaliser sur mes enfants.)

Léon s’attaque aux cordages du bas.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir 8 ans pour grimper !
8 ans ??? Mais il y a des cordes super basses ?? C’est parfait justement pour que les plus jeunes essayent !! (Surtout que le sol est de ces nouveaux sols un peu mous qu’ils mettent dans les parcs, alors ils ne risquent pas de se faire bien mal en tombant de bas…)

Alice commence à grimper de son côté.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir des chaussures fermées !

Oscar grimpe. Ouf… A 14 ans, avec des tennis, il a le droit.
Oui, mais quand il arrive en haut…
Le personnel l’arrête : interdit ! Il ne faut pas dépasser la dernière plate-forme !
Je deviens tendue… Rien ne bloque physiquement l’accès après la dernière « plate-forme »… Il n’y a même pas un panneau qui indiquerait cette limite… Le personnel du parc va donc passer la journée à regarder les enfants qui grimpent et leur crier de ne pas atteindre le haut ??

Bon… après une petite conversation avec la surveillante, je préfère changer d’endroit.

Nous arrivons sur des balançoires en forme de soucoupes.
Oui mais… Léon se met debout dessus (en se tenant aux cordes), pour tester le mouvement.
Le personnel l’arrête : interdit ! On doit rester assis !

Je n’en peux plus… S’ensuit toute une conversation sur les risques pris par les enfants, la surprotection, comment font-ils avec les tout petits qui apprennent à marcher ? Leur disent-ils de rester assis pour être sûr qu’ils ne tombent pas ???

Une chose est sûre : je ne reviendrai pas dans ce parc !

La semaine dernière, j’ai écrit une petite anecdote sur la page Facebook des 6 doigts de la main, une de ces anecdotes qui me ramène encore à la raison pour laquelle je me suis lancée dans cette aventure de partager tout ce cheminement avec vous !

Je ne pensais pas que ça intéresserait tant de personnes, mais il y a eu en fait beaucoup de réactions. J’ai donc décidé de le recopier ici, pour le garder… (et pour ceux qui n’ont pas Facebook)

Pourquoi je fais ça….
Ce matin, je suis posée au Starbucks pour travailler. (Je suis en train de (re)lire un livre d’Elizabeth Crary, pour en faire le compte-rendu détaillé sur le blog.)
A côté de moi, une famille. La mère, 3 enfants, et les grands-parents. Le jeune garçon semble incontrôlable. Il parle tres fort, cherche à partir, sa grand-mère lui dit fermement « Sit ! » (Ils sont américains). Sa mère le rappelle: « Stay here! »
Rien n’y fait…
Bien sûr, le bruit me dérange, mais surtout, je remarque, encore une fois, qu’être parent n’est pas une compétence innée. Cette mère est clairement débordée, elle ne sait pas comment faire face à son garçon, n’a pas appris d’autres compétences que celle de donner des ordres.
Mais remettons les choses en place : est-il raisonnable de demander à cet enfant (3 ans..) de rester en place sur sa chaise pendant qu’elle consulte infiniment son téléphone ?
(Je passe sur le modèle que ça donne pour les enfants : elle est avec ses propres parents, mais elle ne parle pas avec eux, elle chatte avec ses amis…)
En est-il seulement capable ? Cet enfant s’ennuie clairement !
Alors, parce que les cris me pèsent, me tendent, tant pour lui que pour elle, je m’approche du garçon avec un papier et un stylo. Je lui demande s’il sait écrire une lettre. Il prend le stylo, dessine un bâton, et un carré.
Je décris : « Ah, tu fais un bâton, tu fais un carré. Et je vois que tu te sers de ton autre main pour tenir le papier, pour qu’il ne bouge pas pendant que tu écris. »
Il continue, fait 5 petits caractères (qui n’ont rien à voir avec des lettres, mais qu’importe…), et me tend le papier. Je m’intéresse, lui demande : « Laquelle tu préfères ? ». Il est content.
Je lui propose de garder le papier. Il acquiesce. Je pose le stylo à côté de lui, et lui dis : « Je le laisse, comme ça, si tu veux, tu peux encore t’en servir. » Et je retourne travailler.
Le petit prend le stylo, se penche sur son papier, et s’absorbe dans sa nouvelle tache. Le calme est revenu.
J’aimerais pouvoir donner une carte de visite à cette maman ! J’aimerais pouvoir l’aider à prendre du recul sur la situation !
En tout cas, de nouveau, je sais pourquoi je me suis lancée dans cette aventure de vouloir partager mon cheminement ! On a tous tellement à apprendre…

On dit toujours que le meilleur enseignement, c’est l’exemple.

Les enfants apprennent en nous observant. « Soyons le type de personne que nous voulons que nos enfants soient. »

Hier, j’en ai été témoin, de manière incroyable.

Nous avons déjà parlé à maintes reprises de l’importance de la validation des sentiments, et nous avons déjà vu l’effet que cela pouvait avoir sur les enfants, ajouté à d’autres compétences ou pas…

Hier matin, donc, nous faisons face à une de ces situations où l’enfant cherche une validation de son sentiment :

C’est l’heure de partir pour l’école. Anatole (2 ans et demi) est normalement en charge d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, mais Oscar est trop pressé, et appuie. Anatole se met à pleurer. L’ascenseur contient déjà des voisins, nous montons donc, avec Anatole en pleurs.

Alice se baisse à son niveau et lui demande :
“Anatole, tu es triste ?
– ouuuiiii….
– parce que toi tu voulais appuyer sur le bouton de l’ascenseur ?
– ouuuiiii…
– et tu n’as pas pu ?
– noon…
– eh oui, ça, c’est triste !”

Non seulement après ça Anatole se calme (très bon exemple de validation des sentiments, suffisante à l’apaisement ), mais surtout surtout, j’ai été impressionnée par la réaction d’Alice !!

Je ne lui ai pas expliqué, à elle, la démarche de validation des sentiments, comment diable l’a-t-elle si bien intégrée ??

J’ai senti comme une bouffée de joie.

Bien sûr, parce que cela signifiait que nous avions suffisamment intégré le principe pour qu’il devienne le modèle que nous donnons, mais surtout parce que je m’apercevais qu’Alice avait inconsciemment intégré qu’un sentiment, ça se reconnait. Pour elle, c’est devenu naturel.

Oui, on l’a vu déjà : l’enfant s’exprime plus facilement devant sa figure d’attachement.

Je le constate au quotidien.

La semaine dernière, quand Léon (presque 5 ans) est sorti de sa classe, il s’est mis à pleurer. Sans que je sache pour quoi. Je l’ai pris dans mes bras et lui ai doucement demandé : « Tu veux m’expliquer, ou tu veux juste un câlin ? ». Il est resté dans mes bras une minute sans rien dire, puis il s’est calmé, et a pu se détacher. Il avait seulement besoin qu’on reçoive son émotion. Je n’ai pas su pourquoi.

Cette semaine, c’était le tour d’Anatole (2 ans et demi). J’arrive à l’école, et le vois au milieu de ses camarades, tranquille. Dès qu’il me voit, il se met à pleurer : « Je veux pas ce pantalon ! ». Oui, il a encore du mal avec le retrait des couches, et il avait été changé… Le pantalon ne lui plaisait pas… Mais il m’attendait pour le dire. Il avait besoin de la sécurité dans laquelle il pouvait s’exprimer.
Sa figure d’attachement était arrivée.

Pour l’histoire, j’ai validé le sentiment, simplement.
« Ce pantalon ne te plait pas ?
– nooon…, toujours pleurant
– on en changera quand on arrivera à la maison ?
– d’accooord ! »
Il ne pleure plus.