Concéder dans l’imaginaire… C’est une des méthodes proposées par Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, dans le chapitre sur la validation des sentiments.

Pour ceux pour lesquels la validation des sentiments est encore un nouveau concept, je vous suggère de lire d’abord l’article qui parle de pourquoi nous nions les sentiments des enfants.

Ainsi cette technique de concéder dans l’imaginaire permet à l’enfant de se sentir écouté, et je l’ai déjà appliqué de nombreuses fois, particulièrement avec les petits.

Lors de mon 1er atelier mexicain, je racontais en particulier une de mes premières anecdotes vécues aux mamans, au cours de laquelle j’avais imaginé, pour répondre à un enfant assoiffé, que nous avions un robinet d’eau dans la voiture, suivant un exemple directement issu du livre…

L’après-midi même, je suis dans la voiture de mon amie, avec 2 enfants à l’arrière, et son fils (8 ans) demande à boire. Nous n’avons rien, alors il geint… Je vois mon amie qui se retient de lui dire « Je t’avais bien dit d’apporter une bouteille d’eau !! » puisqu’elle avait suivi le premier jour d’atelier le matin même !! Mais je sors alors l’anecdote de ma manche (pensant que ça ne marcherait peut-être pas avec son fils de 8 ans), et mime le robinet, puis lui tend un verre imaginaire… qu’il s’empresse de prendre et boire, à la grande stupéfaction de mon amie ! (Et de la mienne, parce que je le croyais un peu grand pour ce truc !) Nous ne parlons plus d’eau pendant au moins 10 minutes…

Quelle meilleure démonstration aurais-je pu lui donner ?? Je suis persuadée qu’elle retiendra cette technique !

Chez nous, en tout cas, cette méthode continue de faire ses preuves, et nous l’utilisons très régulièrement avec Anatole (3 ans).

Alice d’ailleurs l’a bien observé, et s’en sert également, sortant un pansement imaginaire de sa poche quand il le réclame, « peignant » son pyjama dans les couleurs voulues… C’est incroyable comme il est content qu’on l’écoute de cette façon, et comme son désir semble alors magiquement comblé !

La position de l’autorité permet parfois des attitudes qui peuvent vraiment faire peur.

Je l’ai constaté il y a quelques mois.

Dans la partie sur la peur d’Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat parle entre autres de celle d’un professeur, et je voulais raconter cette anecdote que nous avons vécue. Notre grand (14 ans maintenant) avait l’année dernière un professeur avec lequel il ne s’entendait pas bien, qui était également conseiller d’éducation.

En tant que conseiller d’éducation, il avait eu l’occasion l’année précédente (donc quand Oscar avait 12 ans) de mettre une heure de colle à Oscar pour bruit dans la bibliothèque, punition qu’il avait doublée parce qu’il l’avait trouvé en train de faire ses devoirs pendant la dite heure… (en fait, il ne lui avait pas dit, mais il considérait qu’il ne devait RIEN faire pendant cette heure-là. Juste rester les bras croisés… Je me demande s’il sait ce qu’est un enfant), puis lors de la 2e, il n’a pas été lui dire qu’elle était terminé, et au bout d’une heure et demie, quand Oscar a enfin osé aller vérifier, il était parti chez lui…

Bon, c’était une anecdote.

Puis, ça a été son professeur, et Oscar a passé l’année à dire que ce prof ne l’aimait pas. J’en doutais un peu, parce que ce n’est pas ça qu’il me disait. Le cours était d’un niveau particulièrement élevé (ici, il existe des cours qui mélangent les niveaux, et Oscar était le seul élève de 3è dans un cours qui mélangeait d’autres de seconde, 1e, et terminale…) et, quand je le croisais, il me disait qu’Oscar était l’un de ses meilleurs élèves. Il a cependant un humour étrange, (oui, étrange.. du type : « Monsieur, je n’ai pas bien compris ça, vous pourriez le ré-expliquer ? – oui, je pourrais…. Mais je ne le ferai pas. ») et je pensais que ces deux-là ne se comprenaient juste pas.  L’année s’est terminée, et Oscar a réussi son examen de fin d’année dans cette matière. Affaire terminée.

Mais cette année, Oscar a encore eu des problèmes avec lui, en tant que conseiller d’éducation. Jusqu’à ce qu’il me demande d’être à ses côtés pour aller lui parler. Je sais que mon rôle est d’aider mon fils à s’affronter aux situations de la vie. Je n’allais pas exposer le cas moi-même, mais je servirai de présence. Oscar dit que cet homme ne lui parle pas de la même manière quand je suis là, ce qui est très probable.

Nous avons donc discuté avant de la situation, de ce qu’il allait lui dire, de comment lui démontrer qu’on prenait en compte les instructions données, etc… et nous sommes allés voir ce monsieur. Je me suis contentée d’un « Bonjour, nous sommes ici parce qu’Oscar voulait vous parler. », puis j’ai laissé mon fils prendre le relai. Et là, je n’ai pas reconnu mon Oscar… Lui qui est si à l’aise avec les adultes, si ouvert, qui aime prendre sa place, il avait les yeux baissés, il parlait doucement, il était fébrile ! J’étais témoin de sa peur !

L’affaire s’est réglée, en théorie. En pratique, Oscar s’est remis dans les problèmes parce qu’il n’avait pas compris ce qui lui avait été dit ! J’étais là pourtant, c’était clair.. Mais, enfermé dans sa peur, il n’avait pas été en mesure d’entendre !! La peur avait bloqué ses autres facultés ! Je ne pensais pas cela possible…

Plus tard, en en reparlant avec mon mari, nous nous sommes fait la réflexion que le succès d’Oscar dans son cours de l’année précédente était en fait encore plus louable que ce que nous pensions : réussir à s’investir comme il l’a fait alors qu’il avait une telle peur du prof, ça demandait une sacrée maturité ! Je n’ai pas manqué de lui en faire la remarque ensuite.

La politesse… Pas toujours facile à inculquer.

Elle reste pourtant une de nos demandes fortes de l’éducation des enfants. Non sans raison. La politesse a une raison d’être : c’est une marque de connexion avec les autres. C’est faire partie de la société que de reconnaitre l’autre par une marque de politesse.

Je me rappelle d’un chapitre sur ce sujet dans Bébé made in France de Pamela Drukerman. Cette américaine qui a élevé ses enfants à Paris commente sur bien des différences culturelles dans le domaine de l’éducation. Sur le chapitre sur la politesse, elle explique que si les américains demandent systématiquement à leurs enfants de dire « s’il te plait » et « merci », les français y ajoutent « bonjour » et « au revoir ». Selon elle, c’était une façon de valider la présence de l’enfant. De le voir, de l’accueillir. On lui dit « bonjour », cela signifie qu’il compte, il nous salue également pour créer un lien, nous ne nous ignorons pas. J’ai bien aimé cette explication.

Vraie ou fausse, ce qui est sûr, c’est que je me rappelle avoir parfois lutté avec Oscar pour qu’il dise bonjour quand on arrivait chez des gens. C’était il y a bien 10 ans, avant que je découvre la parentalité positive. Lorsque ça m’arrive encore aujourd’hui avec mes plus petits, je sais qu’il n’est pas nécessaire de les contraindre. Respectons plutôt la difficulté du 1er contact, ça viendra tout seul.

Ces derniers temps, j’ai trouvé une autre approche sur le fait de remercier qui m’enchante, parce qu’il est non seulement en ligne mais même illustrateur de la parentalité positive.

Les bonnes vieilles méthodes de « J’ai pas compris », « Quel est le mot magique ? » ou ne pas donner ce qui est demandé tant que le « merci » n’a pas été dit place l’enfant dans une position d’infériorité, et ne l’encourage à dire merci que dans la mesure où il n’a pas le choix puisque nous utilisons notre pouvoir sur lui de manière coercitive : tu n’auras rien si tu ne dis pas « s’il te plait »…

Tout change si on accepte l’idée que l’enfant voudra spontanément coopérer si on lui donne l’opportunité de voir le point de vue de l’autre. C’est une dynamique toute différente qui se met alors en place.

Ainsi, si l’un de mes petits ne dit pas « merci », par exemple à mon amie Anne-Lise, je lui glisse simplement : « Tu sais, je crois qu’Anne-Lise aime bien qu’on lui dise merci. » 

Je montre ainsi à l’enfant que je lui fais confiance pour décider lui-même quoi faire une fois qu’il aura l’information de comment se sent mon amie. Une confiance qui continuera lorsque l’enfant grandira, et qui fera la différence.

Il est très rare que cette phrase ne soit pas suivie de « Merci, Anne-Lise. »

D’ailleurs, comme il a appris à le communiquer simplement, sans contrainte, il arrive qu’Anatole (3 ans), me dise, après m’avoir remerciée pour quelque chose : « Tu peux me dire « de rien » maman ? »
C’est tout simple, on échange nos envies sans diminuer l’autre.

Essayez, vous verrez !
(Et si ça ne marche pas dès la première fois, n’en faites pas toute une histoire, ça viendra.)

Comme moi, vous avez découvert la parentalité positive depuis un certain temps, et comme moi, vous avez appris que les cris généraient du stress qui n’était pas bon pour le développement du cerveau de notre enfant / ado !

Et tant mieux d’ailleurs, parce que, dans le fond, c’est bien ce que vous voulez : « ne plus crier ». C’est ce qui rendra votre maison plus zen ! Peut-être même que, comme moi, c’est pour ça que vous avez commencé à cheminer !

Et, au fur et à mesure qu’on apprend, qu’on progresse, ça marche !!

Oui, au risque d’agacer les personnes qui n’y sont pas encore (mais qui y parviendront, et prenez plutôt ça comme une inspiration), je le dis : je ne crie quasiment plus. Vraiment.

Seulement voilà, on a beau avoir appris tous les outils, être fier de nos progressions, quel que soit le stade où on est, il existe encore des moments où on se sent l’envie de craquer !!

En général, ça se déroule comme ça : on fait face à une situation pour la 4 567è fois, alors, on prend sur nous, on respire fort, et, avec toute la patience qu’on a pu réunir, on décide d’utiliser simplement la description : « Oscar, ton sac est dans l’entrée. » C’est une réussite ! Mais on n’est pas même pas content de soi, parce qu’on est trop concentré sur la domination de notre colère…  Et c’est là que ça peut déraper. Parce que si le-dit Oscar répond quoi que ce soit qui ne soit pas « oups, je suis désolé, bien sûr ma maman chérie, j’y vais de suite ! », alors, on a juste envie de hurler : « Oscaaaar !! Tu peux pas virer ton sac de l’entrée, non ?? Ca fait 50 fois que je te le dis !! »

Bon, heureusement, j’ai testé une astuce pour ces jours où on sent qu’on n’a pas la patience !

C’est tout simple : on l’écrit. Gentiment.

Comme ça, on respecte nos principes, et surtout, on ne rentre pas dans un échange…

Donc, comme montré sur la photo de cet article, un petit mot gentil : « Oscar, tu peux vérifier l’état de l’entrée STP ? ». Il y a fort à parier qu’il ne fera pas d’analyse graphologique pour s’apercevoir qu’on a visiblement écrit un peu violemment, et qu’il le prendra au sérieux parce que si sa mère se fend d’un message écrit, c’est que c’est le moment de ne pas laisser le sac !!

Après, plus tard, quand on est calmé, que le sac est rangé, que les plus petits sont couchés, alors on peut s’asseoir avec notre Oscar, et lui demander : « Comment est-ce qu’on peut faire pour que ton sac ne soit plus au milieu de l’entrée quand je rentre ? ». On sera alors dans une recherche de solution avec lui, en lui donnant l’opportunité de prendre en compte notre besoin, et on pourra ainsi l’aider à grandir. Ouf.

Nous avons beaucoup parlé récemment de la différence entre le fait d’appliquer la parentalité positive et celui d’accepter tout de nos enfants…

Non, je le répète, parentalité positive ne veut pas dire éducation permissive !

Et cependant, je comprends que certains parents n’arrivent pas à trouver le bon équilibre, parce que face à la résistance de leurs petits, ils ne peuvent les laisser seuls.

Oui, la bienveillance nous enseigne à recevoir les émotions, et je pourrais le répéter beaucoup, mais il est aussi important de recevoir les nôtres !!

Donner l’opportunité à nos enfants d’écouter notre émotion, c’est aussi les respecter.

Ainsi, il n’est pas rare que je dise à Anatole, 3 ans : « Moi, j’aime bien qu’on me parle gentiment. », et, en général, ça suffit pour qu’il cesse de geindre et reformule sur un ton plus agréable… Ce à quoi je réponds : « Ah, c’est agréable quand tu me parles comme ça ! »

Mais parfois, ça ne marche pas bien, et il faut savoir résister à plus. Je crois quand même que c’est nécessaire, et c’est pourquoi je voudrais partager cette anecdote.

C’est l’heure du coucher. Je suis dans la chambre d’Anatole, qui joue. Je lui indique que c’est l’heure de mettre le pyjama, mais il ne sourcille pas. J’essaye différentes méthodes : le choix, l’appeler, le lâcher-prise, rien ne marche.

Au bout d’un moment, comme je sens mon propre agacement monter (ouf, je commence enfin à savoir m’écouter un peu !), je déclare :

« Bon, voilà ce que je vais faire. Je vais aller dans le salon lire un livre avec Alice, tu pourras nous rejoindre quand tu auras mis ton pyjama. » et je sors.

Anatole, bien sûr, se met à pleurer…. « Noooon… je veux que tu me mettes le pyjamaaaa… »

Mais je ne sourcille pas, ne dis rien, et continue mon chemin.

Et je sais que c’est le moment où je perds certain(e)s d’entre vous : il ne faut pas laisser un enfant pleurer !!

J’ai cependant 2 remarques importantes à faire, avant que vous lisiez la suite :
1- Il ne va pas mal, il est seulement contrarié, et à cet âge, pleurer est simplement une façon de l’exprimer, ce que je le laisse faire, évidemment. On touche ici à la validation des sentiments : quand on cherche à ce qu’il ne pleure plus, c’est qu’on voudrait « régler le problème ». Mais il est des problèmes qui ne se règlent pas immédiatement, l’émotion  peut être vécue et traversée. En tant qu’adulte, nous avons du mal avec les pleurs comme moyen d’expression, et c’est probablement une des raisons pour lesquelles nous avons tendance à nier les sentiments.
2- Vaudrait-il vraiment mieux, comme je le vois souvent, que je remballe encore mon agacement montant pour faire face, jusqu’au moment où je ne le peux plus et que je me mets à hurler ? Ca ne me semble pas beaucoup plus bienveillant….

Alors je l’ai laissé, et je me suis mise dans le canapé avec ma fille pour lire un livre (parce qu’après tout, elle aussi elle a le droit à une maman détendue !).

Les pleurs d’Anatole ont duré environ 1 minute. Puis, on ne l’a plus entendu.
Jusqu’à ce qu’il accoure, un grand sourire aux lèvres, en pyjama, claironnant : « Je suis prêt ! », et que je l’accueille sur le canapé pour continuer l’histoire avec nous !

Note : si cette question de validation des sentiments vous fait du pied, n’hésitez pas, et allez jeter un oeil à ma formation à l’accompagnement des émotions en 15 jours

Lors d’un de mes derniers ateliers, nous en sommes venus à parler des compliments évaluatifs.

Oui, on a tendance à évaluer par nos compliments.

Faber et Mazlish parlaient déjà de remplacer cette forme de compliments par des compliments descriptifs. Que c’était à la personne elle-même de tirer les conclusions de la description, qu’on se construisait mieux ainsi.

Depuis, j’en ai lu et écouté plusieurs exemples et illustrations, diverses expériences menées, qui montraient comment les compliments qui évaluent ne font que renforcer la motivation externe et fléchir la motivation interne, ce qui va à l’encontre de ce que nous voulons développer chez nos enfants…

Lors de cet atelier, j’en ai reçu une illustration frappante, que je voudrais partager.
Nous en avons parlé brièvement, parce que ce n’était pas vraiment le thème de l’atelier, mais je donnais l’exemple le plus classique aux parents :
« Je suis fier de toi ! » disons-nous à nos enfants, quand nous devrions plutôt leur dire : « Tu dois être fier de toi ! », évitant ainsi le jugement extérieur et encourageant plutôt son estime personnelle !

Le lendemain, une maman me raconte que cette remarque l’a fait réfléchir, parce que, 2 jours auparavant, justement, ils avaient eu un entretien avec l’instituteur de leur fils (7 ans), et en étaient sortis en lui commentant que suite à tout ce que l’instituteur avait dit, ils étaient très fiers de lui ! Alors, après l’atelier, cette matin en a reparlé à son fils, lui demandant :

« Tu sais, je repensais à l’entretien avec ton instituteur, et tout ce qu’il avait dit. Tu dois être fier de toi, non ?
– Ca compte ? » lui répond son fils….
La mère était médusée !
« Bien sûr que ça compte !! D’ailleurs, ce n’est pas que ça compte, c’est l’essentiel !! Beaucoup plus important que le fait de savoir que nous sommes fiers de toi ou pas !
– Ah… Tu pourrais me redire ce qu’il a dit, alors ? »

Ne nous approprions pas les réussites de nos enfants : ils ne réussissent pas pour nous, mais bien pour eux, c’est le message à leur transmettre !

Tous les parents le savent : le prêt de jouets est un problème récurrent entre les plus jeunes.
On touche à une vraie compétence à développer en termes de limites : ce sont mes affaires, ce sont tes affaires.
Depuis plusieurs mois maintenant, j’ai mis en place une façon de réagir qui marche particulièrement bien, (probablement trouvée dans le livre de Crary mis en lien ci-dessus, mais je ne saurais l’affirmer) et qui permet d’enseigner l’empathie.
Après la règle du “On ne peut pas prendre un objet que l’autre a dans les mains sans demander la permission.” (Oui, je sais, c’est plus une limite qu’une règle, contrairement à ce qu’on avait lu qu’il valait mieux faire dans “Il me cherche !”… J’ai pourtant l’impression que ce serait très artificiel dans l’autre sens… ), on guide la solution en posant le cadre.

Disons par exemple que Léon (5 ans) veuille prendre le train qu’Anatole (3 ans) a dans les mains. Anatole crie, bien sûr. Dans ces cas-là, je m’approche et dis :
“Léon, je vois que tu as très envie de ce jouet, mais tu sais qu’on ne peut pas le prendre sans demander la permission…
Anatole, j’ai l’impression que Léon a très envie de ce jouet. Tu pourras le lui donner quand tu auras terminé avec ?
– Oui, répond Anatole (Ca n’arrive quasiment jamais que l’enfant me réponde non dans ce cas… comme on parle de quand il aura terminé !)
– Merci. Léon, Anatole est d’accord pour te le donner quand il aura terminé.”

Notez bien que nous avons pris le temps dans cette démarche de valider les sentiments, pas seulement de donner la règle. C’est un point essentiel pour connecter avec l’enfant, pour qu’il se sente compris, et soit donc plus à même d’écouter.

Avec les plus jeunes, l’attente étant encore difficile pour eux, ça peut s’accompagner de “En attendant, tu peux dessiner, ou bien jouer avec ce train-là.”

En tout cas, l’objectif est atteint : chacun apprend à écouter l’envie de l’autre, et à la respecter. Ensuite, il n’est pas rare d’entendre celui qui avait le jouet dire à l’autre : “J”ai terminé !”

Cette intervention est récurrente, parce qu’ils mettront du temps à apprendre à faire ça d’eux-mêmes… Mais j’avais confiance que ça viendrait.
Et effectivement, il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir de voir Anatole (3 ans) s’asseoir à côté de Léon, et lui dire tranquillement : “Léon, quand tu auras fini avec Buzz Lightyear, je va le prendre.”

Chez nous, il y a les tee-shirt d’école (qui ont le logo de l’école), et les autres.
Un matin, Anatole (3 ans) me déclare :
« – Je veux le tee-shirt tout bleu.
– Ah.. aujourd’hui, il y a école. (Je donne l’information, plutôt que de dire non, vous vous souvenez de cette astuce ?)
– Je veux aller à l’école avec le tee-shirt bleu. (mince.. ça n’a pas marché… mais j’ai plus d’un tour dans mon sac !)
– Tu pourras mettre le tee-shirt bleu en rentrant de l’école si tu veux. Tu veux le ranger ou le poser là pour le trouver en rentrant ? (le choix !)
– Non, je veux le laisser par terre.
– Ca ne fait pas partie des options. Tu peux le remettre dans le tiroir ou le poser là.
– …
Et là, j’ai enfin compris que parfois, il ne faut pas trop s’entêter, pour ne pas entrer dans un combat dont personne ne sort vainqueur, alors j’avance, comme si c’était déjà fait.
(Ca m’était déjà arrivé face à son opposition…)
– Pour le tee-shirt d’école, tu veux le orange, ou le violet ?
– Je veux le poser là ! (en prenant son tee-shirt bleu), et je veux le violet !
– Tiens, le voilà. »
Je me félicite intérieurement…

Je voudrais encore vous parler aujourd’hui de la force du “moment particulier”, dont nous avons déjà parlé, en théorie, puis en pratique.

Je ne suis toujours pas constante dans l’application de ce moment, mais j’en vois pourtant bien le pouvoir, donc je vais quand même essayer de vous inciter à le mettre en place, ne serait-ce que de temps en temps.

Ma fille Alice (10 ans) adore les activités manuelles. Elle a trouvé une méthode pour fabriquer des baguettes magiques (type Harry Potter) et voudrait en faire avec moi…

Un mercredi, lorsqu’elle me demande, je fais attention à bien répondre.
“Aujourd’hui, je dois aller travailler.. Voyons voir… demain, on n’aura pas le temps non plus… mais vendredi, on fait ça ensemble ! En attendant, aujourd’hui, j’avais juste 5-10 minutes, ça me ferait quand même plaisir de les passer avec toi. Est-ce que tu pourrais déjà m’expliquer comment on va les faire ? Et puis, on peut vérifier qu’on a le matériel nécessaire ?”

On a donc passé 5 minutes ensemble, à voir le matériel, et comment on allait les fabriquer.
Rien que d’en parler, Alice était ravie !!
Le soir, je lui ai répété que j’avais aimé ses explications, et que je me réjouissais à la perspective de l’atelier du vendredi.

Le vendredi donc, quand je suis rentrée, un peu après elle, elle avait déjà tout préparé.
Une nappe de protection sur la table, le matériel d’activités manuelles, le pistolet à colle…
On a passé une petite demi-heure à faire nos baguettes, et c’était un vrai moment partagé !

Maintenant, en plus de pouvoir en reparler, on a les baguettes elles-mêmes pour s’en souvenir !

La semaine dernière, nous avons joué un peu l’école buissonnière, et j’en ai été ravie, parce que ça a été une occasion d’enseigner à ma fille une manière simple d’éviter le mensonge !

Il y a quelques années, je pensais qu’il ne fallait pas rater l’école. Jamais. Mais le fait de vivre à l’étranger et d’avoir parfois des occasions rares de faire des choses importantes et précieuses m’a fait un peu évoluer. Je continue à envoyer mes enfants un peu malades à l’école, mais il m’arrive de m’assouplir dans une circonstance comme celle qui suit.

Nous avions des cousins de passage chez nous pour la semaine.

Les enfants s’entendent très bien, mais, les miens n’étant pas en vacances, ils n’avaient que quelques heures chaque fin d’après-midi à passer ensemble.

Un soir où nous, les parents, étions de sortie, ils en ont bien profité, et se sont couchés trop tard ! Or, je sais qu’Alice (10 ans) a du mal à tenir quand elle manque de sommeil. J’avais peur de l’impact sur l’ambiance générale…

Il se trouve qu’en plus, c’était une semaine particulière à l’école, parce que les 2/3 des enfants étaient partis en excursion pour la semaine (une excursion hors de prix), et que les autres travaillaient en projet de façon plus détendue. Du coup, on s’est dit qu’il valait mieux la laisser dormir, arriver un peu tard un matin ne serait pas bien grave, et qu’il était plus important qu’elle continue à profiter de ses cousins pour les 2 jours qu’il restait !

Je l’ai donc accompagnée à l’école à 10h… Elle était angoissée, parce qu’elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir dire à la maitresse !! J’ai pris les choses très simplement : « Si elle demande une explication, on lui dira que tu as tellement profité de tes cousins de passage que tu t’es couchée trop tard et avais vraiment besoin de dormir ce matin, sinon tu n’aurais pas pu être efficace sur ton projet. Et si elle ne demande pas, on ne lui dira juste rien. Dans tous les cas, il n’y a aucune raison de mentir, la vérité est toujours la meilleure version. »

Elle avait l’air sceptique…

Mais nous sommes arrivées à l’école, et je l’ai accompagnée dans sa classe. J’ai dit à sa maitresse : « Bonjour, désolée, nous sommes très en retard aujourd’hui !
– ah oui, je ne t’attendais plus Alice ! Tu peux aller chercher ton travail. »
Et voilà, Alice m’a souri, et je l’ai laissée.

C’est si simple parfois !