Le premier chapitre de La discipline positive pour les adolescents s’intitule bizarrement « Ai-je un ado à la maison ? » C’est vrai qu’il faut se poser les questions dans le bon ordre !
Selon l’auteure, ce sont nos émotions qui révèlent la présence de l’ado : le décalage entre entre nos attentes et la réalité est générateur de stress, or, l’adolescent est dans un processus d’inviduation.
(Je sais, le mot est surprenant, mais c’est bien le terme qu’ils utilisent dans la traduction française.)
Le processus d’individuation, vous l’aurez deviné, c’est une recherche identitaire, soit répondre à la question : « Qui suis-je ? »
Quelques caractéristiques de ce processus :
1- le jeune met à l’épreuve les valeurs familiales
C’est pour cela que l’on considère souvent l’adolescence comme une période rebelle… Voir ce passage comme nécessaire nous permettrait sûrement de la voir avec plus d’indulgence, ou en tout cas avec moins d’inquiétude.Si toute forme de résistance est interdite, si notre contrôle entrave le processus d’individuation, le jeune finira probablement par exercer son autonomie sans autorisation.
Je me suis souvent dit ça. J’ai repensé aux occasions où j’ai pu mentir à mes parents. Je sais que je considérais le mensonge justifié parle fait que la limite imposée me semblait injuste. Aujourd’hui, je préférerais autoriser plus de choses que je ne voudrais à mes enfants ados, mais savoir qu’ils n’en font pas dans mon dos.
C’est marrant, ça rejoint une des questions proposées par Isabelle Filliozat dans Au cœur des émotions de l’enfant (voir 7 questions à se poser), en l’occurence : « Qu’est-ce qui est le plus important pour moi ? »
La réponse, dans ce cas précis est : la confiance en mon enfant. Et c’est ce que je lui communique quand nous discutons de règles à mettre en place, comme ici.
2- De grands changements physiques, hormonaux, biologiques, et psychologiques
Les hormones, les hormones, les hormones…
Ce n’est pas facile d’être un ado et de faire face à tous ces changements d’humeur inexpliqués ! Ne le prenons pas toujours personnellement. Il est maintenant prouvé (par la connaissance du cerveau, le cortex pré frontal et autre cerveau reptilien) qu’à l’adolescence, la gestion des émotions, le contrôle des impulsions, et la capacité de résolution de problème sont en construction.C’est une bonne nouvelle : tout ne se joue PAS avant 6 ans !!
Ça explique cependant pourquoi dans cette période, les ados sont impulsifs, tant au niveau des réactions que des prises de risques. Ils peuvent avoir besoin d’aide pour gérer leurs émotions en faisant appel à leurs capacités rationnelles.
C’est bien dit, non ? Moi, face à certaines expressions des émotions de mon ado, j’ai aussi du mal à garder mes capacités rationnelles… Qui va m’aider ? Maman !!
3- Le cercle des pairs prend l’ascendant sur celui de la famille
L’adolescence est souvent la période pendant laquelle on est le plus influençable. Parce qu’on « se cherche », parce qu’on veut s’integrer à un groupe, trouver un environnement dans lequel on peut essayer d’être soi en sécurité.
Là encore, ce n’est pas une rébellion. Mais ça demande beaucoup d’energie, ce qui explique aussi que l’ado ait moins de disponibilité pour les relations familiales. Voyons-le du bon côté : ce lien renforcé avec les pairs facilite le processus de séparation qui, qu’on le veuille ou non, est entamé !
4- L’adolescent exerce son autonomie et teste son pouvoir sur le monde.
Les adolescents ont besoin de s’approprier les décisions qui les concernent, sans recevoir d’ordre. En général cependant, si la posture parentale est bonne, l’ado exerce les compétences enseignées hors du cocon familial, et c’est pourquoi nous recevons des compliments de ceux qui le reçoivent… Il ne teste son pouvoir que dans la sécurité de la maison.
Bon, ça m’inspire quand même deux remarques :
– je sais que nous déjà vu des méthodes pour obtenir la coopération des ados (dans « Parler aux ados pour qu’ils écoutent – chapitre 2 »), mais je dois dire que je continue à me heurter régulièrement à des cas où les instructions ne sont simplement pas suivies par mon grand qui les juge ridicules, et que si je comprends l’attitude (ce qui valide d’ailleurs le fait qu’il est illusoire de vouloir juste imposer), je ne sais pas bien comment m’en sortir…
– sur la sécurité de la maison… Ça ne vous fait pas penser à ce qu’on notait sur les petits, qui s’expriment en confiance avec leur figure d’attachement ? Vous êtes toujours contents d’être cette figure d’attachement ?
5- L’adolescent a besoin que ses parents respectent sa vie privée et son jardin secret
Un paragraphe qui fait bien écho à ce que je pense, du moins dans la théorie (parce que je reste réaliste – je sais qu’il est plus facile d’avoir des idées d’ouverture et de tolérance que de les mettre en pratique). On est ici complètement dans le cas que j’ai déjà exposé dans le premier point de cette liste : mensonge ou pas mensonge…
Le mensonge de l’ado est généralement justifié par un besoin d’expérimentation. (La fille qui cache le maquillage dans le fond de son sac, la consommation d’alcool en soirée…) Ils ne se confient pas à nous soit parce qu’ils savent que à cela mettrait un terme à leur projet, soit parce que cela engendrerait un sentiment de honte.
Ainsi, la seule façon de ne pas les encourager à mentir est de garder une position ouverte sur toutes ces expérimentations, de les entourer de notre amour et de notre écoute, pour les aider à ajuster leur comportement sans jugement. Un sacré défi !
6- Les parents peuvent devenir un sujet d’embarras pour leurs adolescents
Je crois que ce point ne nécessite aucun commentaire supplémentaire…
7- L’adolescent est dans la toute-puissance et ne supporte ni remarque ni conseil
Ce point est assez définitif, suggérant que l’ado ne supporte aucune de nos directives, en termes d’heure de coucher, d’habillement, de repas… et je ne sais pas si je suis d’accord.
Cependant, c’est la transition rêvée pour le point de conclusion de ce chapitre :
« Aucune permissivité »
Ici, l’auteur précise que l’idée n’est pas de livrer les ados à leur apprentissage sans cadre ni limite, il s’agit plutôt de les encadrer avec bienveillance.
On n’est plus dans un schéma d’autorité, mais de partage du contrôle.
Si on veut imposer et contraindre, on encourage la rébellion. Mieux vaut chercher la coopération.
A ce stade, je ne sais pas vous, mais moi j’ai hâte de lire la suite, et de comprendre comment faire ça !
En fin de chapitre, on trouve une petite « boîte à outils » pour parents bienveillants, dont je parle plus dans cet article.