La punition… Sujet de controverse.
Passer de la punition à la conséquence, pour certains, c’est seulement de la sémantique. Mais quand on approfondit un peu le sujet, on se rend compte que ça ne l’est pas du tout.
Nous avions déjà abordé cette question dans Parler pour que les enfants… au chapitre 3 sur les punitions.

Cette fois, on parle plus spécifiquement de l’ado, mais le principe est le même.

Le message n’est pas « Je détiens tout pouvoir sur toi. » (Message envoyé lorsqu’on punit, surtout un ado), mais bien : « Je suis de ton côté, réhaussons le niveau. »
En communiquant autrement, on donne la responsabilité à l’enfant. Un message plus fort pour éviter la récidive, sans pour autant faire passer le message que c’est une mauvaise personne. Toujours rester respectueux.
C’est plus difficile que de punir l’enfant, mais mieux pour l’obliger à assumer ses responsabilités. Parce qu’en punissant, on lui permet d’ignorer son méfait et de se focaliser sur son ressentiment contre nous. En fait, ça le prive de son travail de prise de responsabilité.
Ainsi, en punissant, on peut mettre fin au comportement, mais on empêche les enfants de s’auto-corriger.

Pourquoi est-il si difficile de changer nos punitions en conséquences ? Parce qu’il est des situations pour lesquelles il n’y a pas de conséquence. Alors, le parent est frustré de ne pouvoir réellement réagir…
Mais est-il besoin de réagir ? Le seul fait de voir le résultat de ses actions est parfois suffisant…
Dans tous les cas, les étapes importantes sont :
Exprimer ses sentiments
Exprimer ses attentes
Indiquer une façon de réparer
Donner un choix
Prendre des mesures

Et si cela ne suffit pas, ou si la situation se répète,  passer à la phase de résolution de problème (déjà abordée dans Parler pour que les enfants…, mais approfondie dans le contexte de l’adolescence dans le chapitre suivant de ce livre.)

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Nous sommes ici proches du concept de Comment susciter la coopération, vu dans Parler pour que les enfants écoutent…

A la lecture du livre, et de tout ce que certains parents vérifient auprès de leur ado, je note que nous ne vérifions PAS :
Qu’il petit-déjeune bien
Qu’il fasse ses devoirs
Qu’il change ses vêtements
Qu’il n’oublie pas ses affaires pour l’école
Qu’il travaille son piano
A quelle heure il se couche

Mais nous vérifions :
Qu’il ne provoque pas de dispute avec sa soeur
Qu’il ne sorte pas sans nous dire où
Qu’il range ses affaires qui trainent
Qu’il ne passe pas trop de temps sur son ordi

Dans ce chapitre, on nous suggère de modifier un peu notre approche :

Plutôt que de vérifier et d’être en mode contrôle, communiquer avec les mêmes techniques que celles présentées dans le chapitre sur la coopération de Parler… complétées de quelques autres qui ne sont pas plus nouvelles, mais qu’il est bon de revoir, et de se mettre enfin à appliquer !

1- Plutôt que de donner des ordres (« Repose cette part de pizza ! »), décrire le problème (« C’est une petite pizza, il y a seulement une part par personne. »)

2- Au lieu d’attaquer l’ado (« On ne peut pas compter sur toi ! »), décrire ce que l’on ressent (« Je suis déçu, je pensais que tu aurais fait ça avant mon retour.. » -noter au passage le message Je, et non « tu me déçois »)

3- Au lieu de blâmer (« Regarde ce que tu as fait avec mon pull ! »), donner des informations (« C’est une bonne idée de vérifier l’étiquette avant de mettre du linge à laver. »)

4- Au lieu de menacer, ou de donner des ordres, encore, (« Il n’est pas question que tu portes ça au restaurant ! Si tu ne te changes pas, tu restes à la maison ! »), donner le choix (« Nous allons dans un restaurant chic. Tu peux porter une chemise non déchirée, ou cacher celle que tu portes sous un pull. »)

5- Au lieu d’un long discours (« Combien de fois t’ai-je dit de ne pas mettre ton sac sur le plan de travail ? »), le dire en un mot (« Lise, ton sac. »)

6- Au lieu de signaler ce qui ne va pas (« Tu es méchante avec ta sœur, tu n’arrêtes pas de la critiquer . »), exposer nos valeurs et attentes (« Je n’aime pas qu’on dénigre les gens dans notre famille. S’il y a quelque chose qui selon toi peut être utile à ta sœur, alors je m’attends à ce que tu lui en parles d’une manière qui ne soit pas blessante. »)

7- Au lieu de réprimander avec colère, réagir de façon inattendue. (On en revient à l’humour, dont on a parlé dans Parents épanouis…)

8- Au lieu de harceler, le mettre par écrit.

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Le premier chapitre reprend bien ce que disait le livre initial : il est important d’accueillir et de valider les sentiments de l’enfant pour ouvrir la discussion.

Un principe déjà vu donc dans le premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.., et dont on a également parlé dans Parents épanouis, enfants épanouis.

Pour rappel, les différentes techniques :

Ecouter avec attention
Décrire les pensées et sentiments
Accueillir les sentiments d’un mot
Concéder dans l’imaginaire

Parfois, particulièrement dans le cas de l’ado, il faudra peut-être accueillir tout en redirigeant le comportement, rappeler les valeurs fondamentales.

Les adolescents vivent une transition difficile, et il peut être naturel de vouloir écarter les sentiments pénibles. C’est pourtant notre écoute qui peut les aider.

Essayons donc de mettre en mots ce que l’on croit que notre ado ressent.

On peut aussi partager nos opinions, mais il y a un temps pour tout, il faut d’abord faire savoir à notre enfant qu’il a été entendu.

Je me contenterai ici d’un exemple du livre, qui, contre toute attente, m’a aidée plus tard dans une situation similaire
Face à son fils qui se rend compte qu’il a devoir à rendre le lendemain, la mère fait des commentaires du type « Ne me dis pas que tu ne l’as pas terminé !  – Voilà ce qui arrive quand on s’y prend trop tard ! », et l’ado se referme complètement… A la place, un autre scénario est envisagé : celui où la mère ne fait qu’accueillir les sentiments d’un mot, et l’ado brode et commente qu’il aurait dû s’y prendre plus tôt…

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Une remarque qui découle d’une réponse à une des questions posées en commentaires du chapitre 3 de Parler pour que les enfants…, sur les punitions.
Quand on constate quelque chose qui ne nous plait pas, on peut (et on doit) le commenter, mais est-il bien utile de chercher le coupable ? Cela n’aurait-il pas plutôt pour résultat d’encourager les enfants à se rejeter la faute ?
Il vaut mieux parfois passer directement à l’action corrective.
L’exemple du livre : « J’ai horreur qu’on laisse des épluchures sur le canapé ! » (plutôt que « Qui a laissé des épluchures sur le canapé ? »)
En général, le coupable réagira seul.
Et si on entend « Ce n’est pas moi ! », c’est l’occasion de faire passer le message suivant :
« Ca ne m’interesse pas vraiment de savoir qui l’a fait : je ne cherche pas à changer le passé, je cherche à voir une amélioration dans le futur. »

Et voilà qu’on arrive au « dur ».

Ca a mis un peu de temps ? Oui, mais avant d’en arriver là, il fallait bien comprendre les dynamiques de cette relation frère/soeur. Et c’est seulement maintenant qu’on a mieux compris les points précédents qu’on est armé pour bien réagir en cas de dispute…

Disputes qui, d’ailleurs, devraient être moins fréquentes rien que par le fait que nos autres changements ont encouragé une relation plus harmonieuse.

Ainsi, si la relation entre les enfants est bonne, ils se disputent moins, et savent mieux gérer leurs conflits.

En général, on essayera donc de ne pas intervenir dans les conflits, et de les laisser développer leurs propres méthodes de résolution.
Il y aura évidemment toujours des cas où notre intervention s’avèrera nécessaire.
Dans ce cas, essayer de suivre les étapes suivantes :

1- Commencer par reconnaitre la colère de chacun envers l’autre, ça devrait déjà calmer un peu le jeu

2- Ecouter chaque version avec respect

3- Montrer qu’on s’aperçoit de la difficulté de la situation

4- Exprimer sa confiance dans le fait qu’ils puissent résoudre le problème seuls, et trouver une solution qui soit juste pour chacun d’eux (Si nécessaire, faire quelques suggestions)

5- Les laisser seuls faire les choix qui leur conviennent

Si on arrive au moment où ça dégénère déjà, on peut adopter une approche un peu plus interventionniste, d’abord en se renseignant : « Etes-vous en train de jouer ou de réellement vous battre ? », puis en rappelant la règle : « Ce n’est un jeu que par consentement mutuel. », et enfin, éventuellement : « Je comprends que vous jouez, mais c’est trop brutal pour moi. J’aimerais que vous trouviez une autre activité. »

Parfois, il faut intervenir plus fortement parce qu’on est déjà à un niveau avancé de la dispute, par exemple quand l’un est sur le point de taper sur l’autre !

Alors,
1- Ca peut paraître ridicule mais commençons par décrire la situation. Ça aide de se voir de l’extérieur pour se rendre compte de ce qu’on fait…
« Je vois un garçon qui s’apprête à taper sur l’autre !! »
2- Poser les limites
« Il n’est pas question de se faire mal ! »
3- Séparer les enfants pour les laisser respirer
« Je pense que vous avez besoin d’un moment de séparation pour vous calmer… »

Cela fait déjà pas mal de compétences à tester, et à mettre en place.

Le chapitre cependant ne s’arrête pas là. En fait, ça donne envie de séparer en plusieurs chapitres, parce que les situations sont multiples, et on trouve beaucoup de bons conseils ici.

Abordons donc ce que je vais appeler la

partie 2 : la situation récurrente

Ex : « Elle n’est jamais prête à l’heure de partir pour l’école.. »

Alors là, on peut commencer une démarche de resolution de conflit, dont les étapes proposées sont :
1- Organiser une réunion entre les protagonistes. Expliquer les raisons de la réunion et les règles de discussion.
2- Ecrire les sentiments de chacun, et ses récriminations, puis les lire à haute voix.
3- Laisser le temps à chacun de réagir à ce que l’autre a exprimé.
4- Inviter chacun à inventer des solutions. Tout écrire sans jugement.
5- Décider des solutions qui conviennent à tous.
6- Revenir dessus plus tard pour voir si ça a fonctionné.

Ça nous est déjà arrivé de mettre ça en place (On l’a fait dans cet exemple-là justement. Discutant avec Oscar -13 ans- et Alice -8 ans- de l’heure de départ pour l’école, du besoin de chacun, et comment l’autre peut s’adapter ou pas) et bien sûr, ça marche beaucoup mieux de parler du problème à froid, de prendre des décisions ensemble, et qu’ensuite chacun sache qu’elles sont les limites acceptables pour l’autre.

En revanche, on est très mauvais pour le suivi. Est-ce grave ? Je ne sais pas… Si le problème ne surgit plus, on peut penser qu’on n’a pas besoin de revenir dessus, mais en fait je trouve que
– il vaut mieux vérifier quand même après usage que les parties concernées sont satisfaites de l’aménagement, avant que le même problème ne se repose, ce qui peut être très frustrant !
– si le sujet ne surgit vraiment plus, ça vaut quand même la peine de prendre le temps de le noter, de féliciter les enfants, et de leur donner l’opportunité de se rendre que la méthode de résolution de conflit a fonctionné !

Rq : cette méthode est en fait la même que celle qu’on avait vue dans la fin du chapitre sur les alternatives aux punitions dans Parler pour que les enfants écoutent…

Partie 3 : au lieu de prendre partie…

Encore une fois, c’est aux enfants de résoudre la question. C’est sacrément difficile au quotidien, mais il faudrait que ce ne soit pas le parent qui impose, sinon, il est certain que l’un au moins va se sentir lésé (parfois les deux), et donc énervé et aigri, envers le parent, et envers l’autre enfant.

Si on se retrouve dans une situation où l’on nous demande de prendre partie, il vaut mieux énoncer la règle qui va leur permettre de conclure seuls :
« Si je comprends bien, Thomas, tu as besoin des crayons pour tes devoirs, et toi, tu voudrais finir de colorier.
Les devoirs ont toujours la priorité, mais Thomas, si tu veux trouver un arrangement avec ta soeur, tu peux. »
ou bien : « Tu voudrais emprunter cette chemise pour ta soirée, mais toi, tu ne veux pas la lui prêter parce que tu as peur qu’il l’abîme. Ecoute, c’est ta chemise et donc ta décision, c’est ton choix de discuter les choses avec ton frère. »

Bon, dans la pratique, je trouve que ça marche peu… Mais au moins ça permet de donner notre « décision » simplement en rappelant la raison, et les laisser la comprendre, plutôt qu’en l’imposant…

Partie 4 : Autres points intéressants

Comment encourager le partage ?
Puisque selon le point précédent, on ne force pas le partage, comment l’encourager ?
– en mettant les enfants en charge du partage quand on distribue quelque chose
– en mettant en valeur les avantages du partage
– en laissant le temps à l’enfant d’intégrer l’idée (« Il te dira quand il sera prêt à partager » – Ca ça marche pas mal !)
– en montrant son appréciation quand le partage vient spontanément
– en le modelant !

Décourager le fait de rapporter
Qu’un enfant rapporte les bêtises de l’autre ne peut pas contribuer à leur entente…
(On parle ici d’une bêtise qui n’embête pas l’autre)
Il vaut mieux ne pas l’encourager.
« Il a fait ça ? Dis-lui de venir me voir ! » n’est donc pas la bonne réaction : non seulement, ça donne satisfaction au rapporteur, mais en plus, ça l’implique dans un rôle qui n’est pas le sien !
Une réponse adéquate serait plutôt de lutter contre son instinct, et de dire :
« Je n’ai pas tellement envie de discuter avec toi de ce que ton frère fait ou ne fait pas… mais si tu veux me parler de toi, je serai ravie de t’ecouter ! »

Dans le cas où on doit voter, valider la frustration
Parfois, quand le groupe ne se décide pas, on procède à un vote. Pas de problème de fond, mais ça peut être une bonne idée de faire remarquer à tous : « Ok, voilà donc la décision, nous savons cependant que l’un de nous reste déçu parce qu’il avait vraiment envie d’autre chose. »

Encourager l’équipe
Et ce sera le dernier point : ne pas hésiter à remarquer les moments où les enfants fonctionnent bien ensemble !
« Vous avez fait ça ensemble ? Vous faites une sacrée équipe ! »
Comme quand Oscar et Alice ont fabriqué les déguisements d’halloween de leurs petits frères… Ils ont fait un boulot fantastique ! Comme quoi, c’est possible, ne pas en douter !

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Le concept du « rôle »

Voilà un thème que je reconnais bien à présent, et pour lequel je n’ai plus besoin d’être convaincue. En français, on peut appeler ça « le poids de l’étiquette ».

Plus on « labelle » une personne, plus cette personne endosera le rôle qu’on lui prête, négatif ou positif.
Bien évidemment, nous ne voudrions pas renforcer un trait négatif. Mais, en fait, positif non plus : parce que ça impose un standard stressant (on ne peut pas être un super héros, acceptons notre imperfection !).
On avait déjà parlé de ça dans Parents épanouis, enfants épanouis, au chapitre 7 : Les rôles qu’on leur fait jouer

D’où viennent ces rôles ?

Parfois, ils viennent des parents, parce que c’est naturel, parce que nous connaissons si bien nos enfants, parce que nous sommes agacés par la répétition (qu’est-ce qu’il est distrait !), parce que nous sommes peut être tentés de booster leur égo… Il vaut mieux pourtant essayer de les éviter, et laisser l’enfant se faire sa propre idée de lui-même.
Parfois, le rôle donné par les parents découle simplement de la place dans la fratrie : le plus grand doit être plus responsable, le plus petit est plus fragile… moi, je considère que le grand frère embête sa petite sœur parce que mon grand frère m’embêtait… (oui, je travaille là-dessus !)
Parfois, ils viennent des enfants eux-mêmes, en tout cas, ils sont renforcés par les enfants, qui y voient leur intérêt,
parfois, ils sont imposés par un frère, qui répète que l’autre enfant est… (Compléter par ce qu’on veut ! faible, chouineur, lent, idiot…)
Dans tous les cas, l’enfant se retrouve dans une situation dans laquelle il a du mal à se voir différemment de l’image qu’on lui donne de lui.
Encore une fois, on rejoint un thème déjà discuté.
Mais ici, on insiste sur l’impact dans la fratrie : comment reconnaître les traits de caractère sans que ce soit fait aux dépends des autres ?

Illustration du rôle dans la fratrie

Un exemple du livre traite d’une petite fille qui apprend le piano. Elle peine, puis s’aperçoit que sa petite soeur sait jouer le morceau sur lequel elle travaillait elle-même, sans avoir pris de cours, juste pour l’avoir écoutée travailler.. Elle a alors le sentiment qu’il vaut mieux arrêter les leçons, elle n’a pas le talent voulu.
Je sais exactement ce que j’aurais répondu dans ce cas : « Oui, ta sœur est sûrement plus douée pour le piano, chacun a ses forces et ses faiblesses, tu es meilleure à (…). Mais ce n’est pas grave, il ne faut pas te désespérer, joue à ton niveau sans t’en préoccuper. »
Cependant, si on regarde bien, je crée par cette réponse une certaine compétition entre les enfants : « Elle est meilleure à… Tu es meilleure à… »
J’aime mieux la réponse suggérée dans le livre : « J’imagine comme ça doit être décourageant d’entendre ta sœur jouer ton morceau, mais la façon dont joue ta sœur n’a rien à voir avec toi. Peu importe la vitesse à laquelle on peut apprendre à jouer. Ce qui est important, c’est la façon dont TU interprètes le morceau, de savoir si tu aimes le jouer, si ça te procure du plaisir. Il serait dommage de te priver de ce plaisir ! »

Et là, on ne nie pas le talent de la sœur, mais on déconnecte les choses, on ne reste pas sur un mode comparatif, on recentre sur l’enfant lui-même.
Serai-je capable d’apprendre à réagir comme ça ?

Le rôle du frère renforce le rôle de l’enfant

Parfois, l’enfant ne peut maintenir son rôle qu’au détriment de son frère/soeur. Et cela explique que ce thème trouve aussi bien sa place dans ce livre.  D’ailleurs, le rôle de chacun a une influence sur l’autre. On ne porte une étiquette que par rapport à un référentiel, donc par comparaison !
Ainsi, on trouve évidemment les rôles qui se répondent, type agresseur/victime, mais on peut aussi voir des schémas plus simples qui vivent quand même par comparaison, comme « je suis celle qui n’oublie pas mes affaires » (exemple personnel qui avait résonné en moi à la lecture du chapitre 3 sur la comparaison)

Alors, comment sortir l’enfant de son rôle ?

Réponse : le traiter comme s’il était déjà comme on souhaite qu’il devienne !
Ainsi, au « distrait », l’on confiera la tâche de se rappeler d’emporter tout ce qui est nécessaire ; à « l’agresseur », l’on dira qu’on sait très bien qu’il sait obtenir quelque chose sans taper.
On peut même le lui dire au cœur de l’action : « Je sais que tu as la capacité d’être gentil, sers-t-en ! »
Et la façon dont on le voit doit changer non seulement pour lui, mais aussi pour l’entourage : « Tu es fâché que ton frère t’ait arraché le jouet ? Je comprends ça ! Pourtant, il sait très bien être gentil et demander le jouet quand il en a envie. »

Dans chaque famille…

Oui, je devine que dans chaque famille, il en est de même : chaque enfant a son rôle…

Chez nous, on trouve le le rôle de victime chez Alice (8 ans) face à Oscar (13 ans), agresseur. En lisant ce chapitre, je m’aperçois que je ne réponds pas toujours bien ce qu’il faudrait… J’ai même plutôt tendance à renforcer le rôle en commentant : « Oscar, arrête d’embêter ta soeur ! », leur enseignant ainsi que je considère qu’il l’embête trop, et qu’elle a besoin de moi pour y mettre le holà… hum.

Mais on a aussi et surtout le problème de l’étiquette pour Léon (tout juste 4 ans)
« Léon est un enfant difficile ! » (Idée qui est passée dans notre famille au sens large, non sans fondement…) Bon sang, plus on le répète, plus ce sera vrai !
Mais Léon est également un enfant sensible, un enfant intelligent, un enfant qui aime se lancer des défis, un enfant qui cherche à aller plus loin, un enfant curieux, un enfant créatif…
Comment développer ces aspects-là ?
Comment faire pour ne plus lui renvoyer l’image du garçon qui se met en colère « pour un rien » ?
Pas évident… Surtout que plus c’est le cas, et moins on a l’énergie qu’il faut pour l’aider à montrer son autre visage…
(Note postérieure : nous avons quand même réussi à lui parler de son joli sourire…)

Et vous, quels sont les rôles dans votre famille ?

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« Bien qu’ils semblent vouloir avoir exactement les mêmes choses, ils ne le veulent pas vraiment. »
On est bien dans la suite du chapitre précédent sur la comparaison, puisque le concept même d’égalité ne peut que découler d’une comparaison !
Premier exemple du livre, qui me semble très bon :

Le père donne des pancakes (eh oui, c’est un livre américain !) à ses garçons.
L’un se plaint :
« Tu lui en as donné plus qu’à moi !
– Non, je vous ai donné chacun 4 pancakes.
– Oui, mais les siens sont plus gros !
– Non, ils ne le sont pas. Je les ai fait exactement de la même taille. »
On a tous vécu ça… Essayer en vain de convaincre l’enfant qu’il a la même chose que son frère/soeur !
Ici, l’idée c’est de se défaire complètement des comparaisons, et de se focaliser sur les besoins de chacun :
« Tu lui en as donné plus qu’à moi !
– Tu as encore faim ?
– Oui… un peu
– Tu veux un demi supplémentaire, ou tu as assez faim pour un entier ? »
Et s’il n’y a plus de pancakes : montrer qu’on met une note sur le frigo : « acheter de quoi faire plus de pancakes la prochaine fois. » Au moins, l’enfant se sent écouté, et on lui a bien montré que la question de son envie n’avait rien à voir avec ce qu’il y avait dans l’assiette de son frère !

Avec une remarque supplémentaire pour le cas où la scène tourne en dispute entre frères, et qu’on veut transmettre sa mauvaise humeur face à ces disputes :
« Si quelqu’un trouve qu’il n’en a pas assez, voici comment j’aime qu’on me demande : « Maman, quand tu auras un moment, je pourrais en avoir plus s’il te plait ? » »

Et quand on parle d’égalité en termes d’amour…
En fait, là encore, il n’y a pas égalité, chacun est unique, c’est ça le message !!

On aura donc un message plus fort en remplaçant notre « Je vous aime tous autant » par « Chacun de vous est spécial pour moi. Personne n’a ton sourire, tes idées ! Je suis si contente de t’avoir ! »

Enfin, un dernier exemple, qui me fait tellement penser à ce que dit souvent mon beau-père (sans toujours savoir le mettre en pratique) : « A chacun selon ses besoins ! »

On voit une maman en train d’écouter sa fille pour planifier son anniversaire, et le petit frère qui demande de l’attention, parce que la conversation se prolonge.
La mère, cherchant à consacrer autant de temps à chacun, s’interrompt, et la fille, non seulement se sent mal, mais en veut, bien sûr, à son petit frère !
Les auteures proposent de réagir différemment, en expliquant les besoins au petit frère : « C’est vrai, j’ai déjà passé beaucoup de temps avec ta soeur. C’est que nous sommes en train d’organiser sa fête d’anniversaire ! C’est important, et c’est beaucoup de travail, il faut choisir les invités, les activités, et j’ai vraiment besoin d’être concentrée. Je sais que ce n’est pas facile pour toi. Quand nous aurons terminé, j’aimerais bien que tu me racontes ce que tu as fait pendant ce temps. »
En agissant ainsi, non seulement on répond toujours au besoin de la fille, mais on fait aussi passer le message au petit frère qu’on est présent quand l’un des enfants a besoin de nous !

Le problème intervient bien sûr quand la somme des besoins de chacun dépasse ce qu’on peut offrir… Et avec 4 enfants, c’est une situation qu’on connait. Mais ça fait aussi partie de l’apprentissage de la fratrie…
Théoriquement, et c’est là qu’il est important qu’ils s’entendent bien, ils gagnent en fratrie ce qu’ils perdent en parents…

Alors pour bien savoir ce dont chacun a besoin sans comparer avec l’autre, refusons la comparaison :
« Il a le droit de… , il a fait…
– Ca ne m’interesse pas de parler de ce qu’a fait ton frère, je veux parler de toi ! »

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Eviter les comparaisons.
Ca parait logique… Il n’est pas question de dire « Ta soeur fait ça mieux que toi », ou le contraire, et je pense que j’aurais pu dire que dans notre maison, on ne comparait pas.
Mais je me suis rendue compte que ça pouvait être plus subtil que ça…
Parfois on compare quand on ressent quelque chose de fort :
« Ta soeur est dans la voiture depuis 10 minutes, et tu n’es toujours pas prêt ! »
Ou bien pour encourager à être grand : « Ton frère ne peut pas faire ça parce qu’il est petit, mais toi tu es grand ! »
Essayons de développer la coopération plutôt que la compétition.

C’est vrai, ça ! Comment peut-on expliquer cela :
L’autre jour, on arrive au cours de danse, et je demande à Alice (8 ans) :
« Tu as pensé à tes chaussons ? Et aux livres pour le cours de français ensuite ?
Super ! Dis donc, tu t’es bien organisée, tu as pensé à tout sans que je ne te dise rien ! »
Sa réponse :
« Oscar (13 ans), lui, aurait tout oublié, même si tu le lui avais dit ! »
C’est peut-être vrai… Mais pourquoi a-t-elle besoin de faire cette comparaison ?
A-t-on besoin d’écraser les autres pour se redorer soi-même ?
C’est ce que je voudrais changer…

Alors, en suivant ce que dit le livre, j’ai à présent fait passer le message dans la maison qu’on ne comparait pas. « Oscar est Oscar, Alice est Alice, ça n’a rien à voir ! »

Le mot clef : décrire !
Décrire ce qu’on voit, ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, ce qui doit être fait.
Rien de ce que fait son frère n’a à voir avec lui.

Notons également que la comparaison peut etre néfaste même quand elle positive : comme les rôles (qu’on a abordés dans le chapitre 6 de Parler pour que les enfants…), elle impose un standard qui peut être difficile à maintenir ! Et puis, elle peut encourager le fait de critiquer l’autre pour garder le « bon » rôle.
Dans le même ordre d’idée, il vaut mieux parfois éviter de trop complimenter un enfant quand l’autre est présent…
On a ce cas dans la maison avec le piano :
Alice a beaucoup, beaucoup de mal à s’y mettre. Est-ce que le fait d’avoir tant entendu que son frère avait décollé l’année dernière et qu’il était doué ne la freine pas encore plus ?

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Il s’agit ici de ne pas brider ce que les enfants ont le droit d’exprimer, d’écouter ce qu’ils ont à dire, même les sentiments négatifs. (Avec cependant interdiction de faire mal)
C’est seulement ainsi que l’enfant se sentira écouté et compris, et c’est seulement lorsqu’il aura été écouté et compris qu’il pourra passer à autre chose, et en particulier laisser entrer les sentiments positifs.

En anglais, le chapitre s’intitule « Not till the bad feelings come out… », et la suite de la phrase, qu’on découvre plus loin dans le chapitre, est « can the good feelings come in ». Je crois que c’est assez vrai.

Je pioche ici l’idée de tenir un journal pour prendre des notes sur les interactions entre les enfants. Je trouve que l’idée est très bonne pour prendre du recul, et pour pouvoir ensuite discuter avec les enfants, pour leur renvoyer un regard extérieur et à froid de ce qui peut avoir été dit. Je commence à le faire, mais j’ai du mal à être régulière, pour l’instant, il me sert surtout de base de reflexion, pas encore d’outil d’analyse.

Je ris au parrallèle fait par les auteurs du livre :
« Imaginez que votre époux(se) vous dise un jour qu’il vous aime tellement, qu’il trouve ça tellement chouette de vous avoir, qu’il a décidé d’avoir une autre épouse…. Ah et puis, il faudra partager vos affaires avec elle, et lui donner vos vêtements qui ne vous vont plus, en prendre soin… »
Ahahah, on comprend mieux comme ça peut être difficile pour les enfants, non ?
Poussons le raisonnement : « En colère, vous vous décidez enfin à parler à votre époux, vous lui dites simplement que vous détestez la nouvelle épouse, il vous répond « Mais non, enfin, ne dis pas des choses comme ça ! Tu l’aimes ! » ou bien « Je n’aime pas t’entendre parler comme ça, je ne veux plus rien entendre de la sorte ! »… »
La métaphore est assez bonne, non ?

On arrive donc aux méthodes et réactions plus efficaces, au moins pour que l’enfant se sente écouté :

1 – Ecouter vraiment, valider ses sentiments en mettant des mots dessus
« Tu n’aimes pas quand.. »
« Ca doit t’énerver »

2- Lui concéder ce qu’il voudrait dans l’imaginaire
Ca, c’est en fait assez facile, simplement en commençant sa réponse par « Tu aimerais… ». C’est une méthode qu’on a déjà vue dans Parler pour que les enfants écoutent…, et qu’on avait mise en pratique avec succès !

3 – Encourager une expression créatrice
Ca peut être le dessin, l’écriture. C’est un bon moyen pour mieux d’évacuer l’émotion trop forte qu’ils ressentent.
J’avais déjà essayé cette technique avec Léon (3 ans), à la suite de la lecture du premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent…, et ça avait très bien marché. Plus récemment, j’ai aussi essayé avec Alice (8 ans) qui ne voulait pas qu’on sorte le soir : « Dessine-moi ta colère »
S’il est difficile pour eux de l’écrire, on peut éventuellement le modeler en dessinant nous mêmes… Je n’ai pas essayé.

4- Ne pas oublier de fixer le cadre de cette expression des sentiments : on ne tape pas, on n’insulte pas, etc..
Chez nous, voici une phrase qui est revenue plusieurs fois par jour après la lecture de ce chapitre :
« la règle, c’est « on ne tape pas, on ne pousse pas », exprime ta colère avec des mots ! »
Je me rends compte en l’écrivant qu’on le dit de moins en moins, ce qui prouve que ça a eu de l’effet ! Cependant, j’ai quand même eu l’anecdote suivante :

Un jour, en sortant de l’école, Léon me dit qu’il a tapé une petite camarade. Je commente :
« Mais pourtant, Léon, tu connais la règle !
– non
– Léon, quelle est la règle ?
– je ne sais pas !
– Léon, je crois que tu sais très bien que la règle c’est « on ne tape pas, on ne pousse pas… »
– mais, m’interrompt-il, j’ai aussi exprimé ma colère avec des mots !! »

C’est difficile de bien mesurer les progrès dans une maison (et on revient à l’idée du journal), mais je crois bien que les choses progressent. Ces derniers temps, j’ai l’impression d’avoir beaucoup dit à Alice de dire à Oscar ce qu’elle ressentait quand elle venait se plaindre auprès de moi, et je crois que ça les aide.

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Si on repense à notre propre enfance, on se rend compte que nous aussi nous disputions…

D’ailleurs, les relations que nous avons eues jeunes avec nos frères et soeurs ont encore un impact sur la personne que nous sommes aujourd’hui. Ne serait-ce que parce qu’elles ont fait partie de notre processus de construction.

Chez nous, c’était terrible.
Je me souviens d’une lettre de mon papi « Fabrice, essaye de passer une journée sans embêter ta soeur ; Coralie, essaye de passer une journée sans pleurer… »
Puis plus tard, quand les voisins devaient intervenir les soirs où mes parents sortaient parce que je hurlais quand mon frère me plaquait au sol…
C’était l’époque où mes parents voulaient changer le badge « touche pas à mon pote » par « touche pas à ta soeur »…
Bref, on se demande comment on s’en est sorti, et d’où vient le fait qu’aujourd’hui on ait de si bonnes relations !! En fait, même quand on se disputait comme ça, on s’adorait.
J’ai aussi plein de super bons souvenirs, de batailles de reshofen, de parties de baby foot, de plus touffu que touffu, de « appelle les potes »…
L’idée de ce livre n’est donc pas de faire en sorte que nos enfants ne se disputent plus, (et peut-être ne seront-ils jamais amis) mais il s’agit au moins de les équiper des compétences et attitudes dont ils ont besoin pour prendre soin de leurs relations.

Et il est certain que l’ambiance à la maison s’en ressentira !

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