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L’enfant arrive comme un cadeau, et nous est confié par la vie, pendant un moment. En tant que parent, qu’aimerions-nous lui offrir pour la suite ? L’indépendance, nécessairement, la confiance, probablement. Tout ce que nous aimerions lui offrir passe en tout cas par un fondamental : la sécurité émotionnelle. 

Sans cette sécurité-là, impossible de s’écouter, impossible de croire en soi. Alors qu’à l’inverse, quand les besoins d’acceptation et d’amour inconditionnel sont comblés pendant la petite enfance, cela jette les bases de l’acceptation de soi : “Je suis accepté par les autres, donc je peux m’accepter moi-même.”

C’est le point de vue que nous proposent Sara Hart et Vitoria Kindle-Hodson dans Parents respectueux, enfants respectueux, au chapitre sur la clé 3 : Créer sécurité, confiance, et sentiment d’appartenance.
Et ce point de vue résonne chez moi. 

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que nous soulevons ces thèmes, qui ont déjà trouvé beaucoup d’écho chez moi. 
L’appartenance, en particulier, c’est un des piliers de la discipline positive, qui le présente comme l’une des deux nécessités de base de tout être humain. 

La sécurité émotionnelle a un impact physique sur l’enfant

Aujourd’hui, les neurosciences permettent d’observer réellement l’impact sur un enfant d’un stress éducatif par rapport à un environnement dans lequel il se sent en sécurité. 

Cela a aidé bien des éducateurs à prendre conscience de l’impact de ce besoin de sécurité émotionnelle. (A ce sujet, cette présentation de Catherine Gueguen est riche d’enseignement)

Car si l’enfant ne se sent pas en sécurité, mais sous stress – le paragraphe suivant discutera de ces formes de stress – son cerveau produit des hormones qui désactivent les zones de la pensée, de l’apprentissage, du raisonnement. Son développement cérébral se ralentit. Et son aptitude à rentrer en relation avec les autres est gravement altérée. Ce qui crée finalement un cercle vicieux… 

Nos actions influent sur la sécurité émotionnelle de l’enfant

C’est évident. Notre comportement face à notre enfant influe sur son sentiment de sécurité. 

Si nous adoptons une éducation pleine de menaces, qui le contrôle par la peur de la punition, de l’humiliation, du jugement, des cris (voire des coups..), l’enfant vit sous stress. 
Pas évident en tant que parent de nous débarrasser de toutes ces méthodes dont nous avons hérité.. Et ce sujet est heureusement de plus en plus soulevé, les parents de plus en plus soutenus et aidés, lorsqu’ils le veulent. Il s’agit tout d’abord d’expliquer, de sensibiliser, de diffuser la conscience dans notre société de l’effet de ces VEO (Violences Educatives Ordinaires)

Ainsi, dans les foyers où les VEO sont fréquentes, l’enfant sous stress se met à douter de lui-même. Il préférera alors rester le plus possible dans les schémas qu’il connait, ne pas prendre de risque, et se fermer aux découvertes et aux possibilités d’apprentissage. Son désir d’exploration baisse.  
On imagine alors à quel point, de nouveau, son développement risque d’être freiné ! 

Le livre nous propose même d’aller plus loin, en soulevant l’idée que ce ne sont pas seulement nos actions qui ont une influence, mais également notre “état d’esprit et de coeur” pendant ces actions. C’est un point de vue dont je me sens moi-même convaincue, ayant observé à maintes reprises comment des situations presque similaires peuvent renforcer ou affaiblir la connexion entre parent et enfant, en fonction simplement du ton employé pour présenter les choses…

La dernière phrase du paragraphe qui présente cette idée me renvoie à ma recherche de joie : 
“Quoi que vous fassiez, vos enfants se rappelleront surtout l’état dans lequel vous êtes, la vie que vous anime, la joie que vous dégagez – ou pas.”

Voyez les choses du point de vue de votre enfant

Afin d’apporter à notre enfant la sécurité émotionnelle, la confiance dont il a tant besoin, l’une des attitudes qu’il nous faut développer est celle de réussir à voir les choses du point de vue de notre enfant. 

Nous cherchons alors à partager avec lui ses difficultés, à célébrer ses succès, en somme, pour reprendre les termes de Jane Nelsen, nous sommes dans son équipe ! 
Rien de plus puissant pour leur montrer qu’ils sont importants pour nous, et renforcer cette sécurité émotionnelle. 

Pour cela, il s’agit également de bien garder en tête le stade de développement de son enfant. 
Par exemple, il est bien normal qu’un tout jeune enfant, centré sur lui-même et sur la découverte du monde, ne soit pas encore capable de tenir compte de l’autre, et ne veuille pas lui prêter ses jouets, ou dire pardon. 
Le forcer ne va pas l’aider à développer sa confiance. Il conviendra plutôt de laisser le temps à l’apprentissage…

Pour l’adolescence, c’est parfois encore plus délicat (et, en tant que mère d’ado, je le confirme !). Nos grands sont bien grands, et pourtant, il semble qu’ils manquent parfois de discernement… Ce chapitre nous rappelle qu’ils sont également encore en train de mûrir, et qu’ils ont leurs propres défis à relever. 
En fait, je vous citerai ici directement le livre, parce qu’il me semble que cela vaut la peine de se le répéter tel quel : “Les adolescents ont besoin de deux choses : de la pratique et la patience de leurs parents lorsqu’ils commettent des faux pas.”

De plus, et c’est là encore délicat, je le sais, il faut tenir compte de la personnalité et du style d’apprentissage de chacun. Nos enfants sont tous différents, et différents de nous également… Etre parent, c’est développer des trésors de tolérance pour la différence ! 

Cherchez la connexion – toujours

Pour terminer, le principal. 
On aura beau chercher les méthodes et les recettes, ce qui reste la base de toute cette éducation, c’est la connexion. 

Cette connexion qu’il est si difficile de trouver, de chercher au quotidien, au milieu des moments de stress. Connexion parfois difficile d’entretenir, et surtout, de mettre en priorité. 

Quelles méthodes pour y parvenir ? 

D’abord, l’écoute. L’écoute de l’enfant, l’écoute de ses sentiments, de ses besoins, l’écoute sans jugement pour essayer de le comprendre, pour essayer de nouveau de faire équipe avec lui. Il est différent, il a le droit de l’être. Sommes-nous curieux de savoir qui il est, plus que de lui imposer qui il doit être ?

Ensuite, se libérer du ressentiment. 
Je ne sais pas pour vous, mais ça, pour moi, c’est très compliqué. 
Au cours de ces dernières années, et de mon avancée sur le chemin de la parentalité positive, les choses se sont réellement améliorées, profondément, et nos relations sont bonnes. 
Mais nous ne sommes pas des super-héros, et parfois, ça dérape encore. Dans ces cas-là, j’ai énormément de mal à laisser filer mon ressentiment ! 

Nos enfants, eux, y arrivent beaucoup mieux, l’avez-vous remarqué ? Leur humeur revient généralement bien plus rapidement au beau fixe, ce qui, en général, m’agace encore plus. 
Parce que nous, les adultes, avons appris la rancune. 
Pourtant, ici – heureusement que je continue de lire pour m’inspirer -, les auteurs nous suggèrent de nous en inspirer plutôt. Parce que si nos enfants rétablissent si vite la connexion, c’est un modèle pour nous. C’est un cadeau de confiance : ils nous disent que nous n’avons pas besoin d’être parfaits pour être aimés ! 
Et nous sommes capables de leur offrir la même chose en retour. 

Une dernière réflexion

Enfin, pour ceux d’entre nous qui avons encore du mal à lâcher le contrôle face à leurs enfants, je terminerai sur l’idée suivante, également piochée de ce chapitre. 

S’ils ressentent une acceptation inconditionnelle à la maison, les enfants seront plus à même de se laisser guider par les parents, plutôt que d’essayer de remplir leur besoin d’acceptation à l’extérieur.

A méditer…

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L’enfant qui tape… Voilà un des comportements les moins facilement acceptés par la société. Et pourtant, c’est un comportement qui se présente très fréquemment. Ce n’est pas du tout anormal de voir un enfant, même tout-petit, adopter un comportement agressif. Pourquoi l’enfant tape-t-il ? Comment y réagir ? Comment l’aider à évoluer dans sa maturité et à réagir autrement ? Autant de questions auquel cet article cherche à répondre.

(Au passage : je m’interroge sur cette société qui considère qu’un enfant qui tape se comporte mal, mais trouve au contraire normal qu’un parent tape son enfant pour lui apprendre à bien se comporter…

Cette contradiction est évidemment à noter dans les bonnes raisons de ne pas taper son enfant.)

Commençons déjà par nous interroger sur les causes. Il est toujours plus efficace de chercher la raison derrière le comportement que de s’adresser seulement au comportement lui-même, c’est à dire à la manifestation extérieure du problème.

Pourquoi tape-t-il ?

En général, quand on en arrive à frapper, c’est qu’on se sent démuni. Frapper, pour un enfant – comme pour un adulte – est un aveu d’impuissance. Celui qui frappe croit qu’il n’a plus d’autre solution !

Plus l’enfant est jeune, moins il a eu le temps de développer des solutions alternatives. Logiquement, un enfant de 2 ans est encore en recherche d’options.
Il est donc assez logique pour lui de taper celui qui l’agresse (en tout cas selon son ressenti), c’est sa manière de se défendre.

C’est en grandissant que l’enfant va développer d’autres solutions, moins violentes, et nous pouvons l’y aider.
Et cela prend plus ou moins de temps en fonction des enfants. Certains (surtout s’ils sont hypersensibles) tapent encore à 6 ou 7 ans. Rien d’inquiétant, mais ça vaut la peine de l’accompagner.

Le cerveau de l’enfant est encore en développement. Il apprend énormément, et a des capacités que nous, adultes, n’avons plus. A l’inverse, certains de ses circuits ne sont pas encore complètement mûrs. En particulier, toute la partie de gestion des émotions et des sentiments. Voilà pourquoi un jeune enfant peut se jeter par terre pour hurler et taper des pieds quand il fait face à une trop grande frustration !

Si nous ne faisons jamais ça au bureau, c’est bien sûr parce que nous avons enregistré certaines règles sociales, mais pas seulement ! Nous avons aussi une capacité à processer nos émotions que l’enfant n’a pas encore. Cette partie du cerveau ne sera complètement développée qu’à 25 ans…

Il revient donc au parent d’accompagner l’enfant dans son vécu de l’émotion.

Pour cela, un outil central  : recevoir l’émotion en question !

Il est difficile de vivre sa colère, mais si en plus, la personne qui nous fait face nous commente : « Arrête de t’énerver ! », on va plutôt exploser ! Face à un enfant en colère, on commentera donc plutôt : « Tu sembles très énervé ! ». Le simple fait de voir que l’émotion est perçue par l’entourage aidera à calmer l’enfant.

Si, comme dans le cas qui nous intéresse, l’enfant va jusqu’à en taper un autre (ou un parent), on peut également constater cela : « Tu es tellement énervé que tu n’as pu t’empêcher de me taper ! ». Ce n’est pas la peine de le nier, c’est un fait. On l’observe, c’est tout. Ca ne veut pas dire qu’on est d’accord. On va au contraire passer le message à l’enfant que les émotions sont toutes permises, mais que les actes ne le sont pas. Parce qu’il reste vrai que taper l’autre est inadmissible. On peut donc exprimé notre mécontentement, avec fermeté, et bienveillance à la fois : « Je vois que tu es très énervé ! En même temps, je ne peux pas te laisser taper ton frère. Il va falloir trouver d’autres façons d’exprimer ta colère ! »

Le modèle

Un enfant reproduit ce qu’il observe. Donc, plus l’enfant verra autour de lui des adultes qui tapent, plus il tapera lui-même. Comme nous le disions en début d’article, si nous voulons que notre enfant apprenne à ne pas taper, le premier principe à suivre sera évidemment de ne pas le taper !! Jamais. C’est aussi simple que cela. C’est aussi inadmissible que le fait qu’il frappe ou morde quelqu’un. Si nous voulons lui enseigner le respect des autres, nous devrons lui montre comment cela se vit, verbalement, même lorsque nous perdons patience.

Et si nous sommes à court d’alternatives, passons le temps qu’il faudra à développer d’autres compétences, nous gagnerons bien plus de temps à long terme qu’en entrant dans un rapport de force ou une lutte de pouvoir qui va encourager sa rébellion.

Le temps de pause

L’outil le plus essentiel pour éviter d’exprimer sa colère de telle façon, c’est de prendre un temps de pause.
Là encore, cette méthode est valable autant pour les enfants que pour les parents.
Un temps de pause, cela signifie qu’il faut s’extraire un moment de la situation.

Attention cependant : nous ne sommes pas dans le schéma de l’isolement « pour y réfléchir ». Car, en étant submergé par la colère, on n’est pas capable de réfléchir !! Le vocabulaire utilisé, le ton, notre présentation des choses enfin, fera toute la différence.

Le message : « Je vois que tu es trop énervé pour pouvoir parler pour l’instant. Je te propose de prendre un temps de pause, pour laisser la colère retomber. »

L’idée est qu’il prenne le temps de se reconnecter à lui-même. Alors seulement, il sera possible de parler de la situation.

L’idéal serait de pouvoir l’y aider, l’accompagner dans cette démarche. Surtout pour les plus jeunes.

Cependant, ce n’est pas toujours facile. Je suppose que cela dépend également du parent. De mon côté, je sais que je ne suis pas capable de faire face trop longtemps à une tempête émotionnelle : si je prends trop sur moi pour cela, je serai tellement tendue que c’est ensuite moi qui me mettrai à crier, ce qui n’est pas souhaitable non plus !! Alors, je m’écoute. Lorsque je suis sereine, je reçois et j’écoute tout en continuant à parler doucement. Parfois, je fais appel à l’image de la coupe pour recevoir les pleurs de l’enfant, qui me permet de m’en détacher.
Et puis, lorsque je sens que je ne le peux pas, que je dois également prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin des enfants, je fais le choix de laisser le temps à l’enfant de son côté. « Je comprends que tu aies besoin de temps. Tu peux aller pleurer dans ta chambre, si tu veux. »

Jane Nelsen (auteur de la discipline positive) suggère même la création d’un endroit spécial pour le retour au bien être. Cet endroit peut avoir été conçu avec l’adulte en dehors d’un moment de colère. L’enfant peut alors décider d’y mettre un coussin, un livre, ce qu’il veut pour l’aider à se sentir mieux.

Cette méthode est également à utiliser lorsque les enfants se tapent entre eux. Bien sûr, il faudra intervenir, et poser un cadre solide. Mais pour commencer, il vaut mieux les séparer.

Là encore, l’intonation joue un rôle clef. Nous ne choisirons pas de les séparer avec des mots associés à la punition tels que « Chacun dans sa chambre ! Et vous n’en sortez pas avant que je vous le dise ! », mais plutôt : « Je vois deux enfants très énervés, et je crois que vous avez besoin d’un temps de pause. »

Prévenir plutôt que guérir

Autant lorsque l’enfant est sous le coup de la colère, il est impossible de l’atteindre, autant en parler avec lui pendant un moment calme sera une bonne idée.

Plus nous parlerons avec l’enfant de ce que sont les émotions, mieux il pourra les comprendre et les contrôler. Il ne les maîtrisera pas forcément, et ce n’est pas ce que l’on cherche, mais il réagira différemment à son mécontentement.

Donnons-lui le vocabulaire qui convient pour qu’il puisse communiquer ce qu’il ressent, et cherchons des options avec lui :  « Ecoute, je vois que tu as encore du mal parfois à exprimer ta colère autrement qu’en frappant. Est-ce que tu voudrais qu’on réfléchisse ensemble à d’autres façons de réagir ?  »

Et les autres façons de réagir ne manquent pas :
respirer, dessiner sa colère, s’isoler (dans un coin de retour au calme conçu pour, comme évoqué précédemment, c’est encore mieux !), compter jusqu’à 10, courir autour de la table, aller crier dans le jardin…
Une bonne manière d’exposer ces alternatives peut être de construire avec l’enfant une roue des options !

Lorsque l’enfant tape, développer son empathie

Je me joins à Jane Nelsen pour dire que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Lorsque l’enfant tape, il fait une erreur. Ne lui tombons pas tout de suite dessus, il a besoin d’apprendre.

Que va-t-il apprendre cette fois ? L’empathie !

Lorsqu’il sera en mesure de nous écouter (inutile, je le répète, d’essayer de lui parler tant qu’il est sous le coup de la colère), nous pourrons l’encourager à essayer de se mettre à la place de l’autre : « Je crois que tu as fait mal à ton copain. As-tu vu qu’il s’est mis à pleurer ? Sais-tu pourquoi ? »

Un exemple incroyable d’accompagnement de l’enfant vers l’empathie après un épisode où un enfant tape l’autre :  celui du blog Happynaiss avec ses filles.

Lorsque j’ai un épisode de geste violent entre mes plus jeunes, j’en profite pour leur parler de nos valeurs familiales. Je leur explique que dans notre famille, nous aspirons à nous sentir en sécurité. En général, ils sont d’accord sur l’idée ! Et c’est déjà un vrai pas en avant. Cela m’encourage à avoir confiance. Confiance dans le fait qu’en grandissant, ils sauront réagir différemment. Ils sont en train d’apprendre la sociabilisation, et ce n’est pas une mince affaire…

Et si l’enfant nous tape ? Poser nos limites.

Si l’enfant nous tape, c’est encore une opportunité ! L’opportunité de lui donner l’exemple de ce que l’on peut faire lorsque quelqu’un nous tape. Parce que l’enfant apprend par l’exemple, notre façon de réagir l’inspirera le jour où cela lui arrivera. Cela peut nous aider à décider comment nous réagirons face à lui, conscients de l’exemple que nous sommes en train de lui donner.

Pour cela, prenons le temps d’y réfléchir : imaginons qu’un camarade lui donne des coups. Comment voudrait-on qu’il réagisse ? C’est probablement de là qu’il faut partir pour décider comment nous réagirons face à lui.

Je ne sais pas quelle sera votre réponse face à cette question. Chacun la sienne.

De mon côté, je n’ai pas envie qu’il réagisse en rendant les coups (à son petit frère qui n’aura pas encore appris à se contrôler par exemple), ni pour autant qu’il accepte juste de recevoir des coups.
Non, je voudrais qu’il sache poser ses limites, et communiquer le fait qu’il n’est pas d’accord.

Alors, c’est ce que je vais faire.

Je ne le laisse pas me taper, et je le lui dis clairement et fermement : « Je sais que c’est difficile pour toi. En même temps, je refuse de me laisser frapper.« .
Ainsi, je reçois sa colère, je ne l’humilie pas, je suis juste ferme sur ma position. Et si cela ne suffit pas, j’agirai, en m’éloignant, et en restant hors de portée.

Après l’épisode, et pour que ce soit clair, j’en parlerai avec mon enfant.

Je chercherai d’abord à « prévenir plutôt que guérir », comme évoqué plus haut : « Je vois que parfois, tu es tellement énervé que tu as envie de me taper. Tu as le droit d’être d’énervé, mais pas de me frapper. On peut chercher ensemble d’autres moyens d’exprimer ta colère si tu veux. ». Si cela est trop fréquent, je le préviendrai également de la conséquence dans le cas où il n’y parviendrait pas : « Si à un moment où tu n’y arrives pas, tu recommences à me frapper, je changerai de pièce. Je serai ravi(e) de revenir te parler et t’écouter si tu le veux lorsque tu seras prêt à communiquer avec moi sans me taper. »
Ainsi, si cela recommence, effectivement changer de pièce, simplement. Sans trop commenter.
Soit en disant juste : « Tu es énervé. Je ne veux pas me laisser taper. », soit même en ne disant rien, puisqu’il le sait déjà. S’en aller, simplement.
S’il se calme et revient, parfait.
S’il hurle, à nous de revenir au bout d’une minute, et demander : « Je voudrais bien t’aider. Es-tu prêt à ne plus me frapper ? » Simplement.

Parce que c’est bien ce que je voudrais que mon enfant fasse si quelqu’un le tape. Qu’il s’en aille. Pas qu’il se laisse taper. Je lui donne ainsi le modèle de comment poser ses limites physiques. Je me respecte moi-même et lui montre comment faire.

La courbe d’apprentissage

Dans cet apprentissage, comme pour n’importe lequel, le temps est clef. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Chez nous, à un moment, on répétait : « on ne tape pas, on ne pousse pas, on exprime sa colère avec des mots ». Parce que mon 3e tapait régulièrement mon 4e.

En théorie, ma priorité était claire : je voulais qu’il apprenne à s’exprimer. Que sa colère ne soit plus communiquée par des gestes, mais verbalement, par des mots. Et, en même temps, je ne voulais pas non plus qu’il crie ! Puis j’ai compris qu’il fallait laisser le temps de l’apprentissage, alors j’ai accepté les cris. Parce qu’il valait mieux qu’il crie plutôt qu’il tape..

Parfois, il faut savoir gérer les priorités, ne pas s’attaquer à tout à la fois.

Et sur son chemin, l’enfant a également besoin de se construire. De construire une image de lui-même selon laquelle il est capable de réagir sans taper. Alors, plutôt que d’insister sur le fait de ne pas taper lorsque cela lui arrive, remarquons plutôt les moments où cela se passe bien.

Ainsi, dans cette période évoquée ci-dessus, je notais : « Dis donc, je t’ai entendu crier, tu étais très enervé !! Et tu as réussi à le dire sans frapper. » Pas besoin de compliment, rien que le fait que vous l’ayez noté suffit ! Ca aide l’enfant à changer l’image qu’il a de lui-même. Parce que si on passe trop de temps à lui dire tout ce qui ne va pas, il ne voit plus qu’il sait faire autrement.

Plus tard, on a travaillé sur les cris…

La clef donc : ne pas se désespérer, persévérer, et surtout, surtout, avoir confiance. Votre enfant apprendra. C’est certain.

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

L’éducation traditionnelle a encore du mal à s’éloigner des VEO (ou Violences Educatives Ordinaires) – taper les enfants, les humilier…
Le débat soulevé en France par la proposition de loi “anti-fessée” (qui recouvrait en fait bien plus que la question des fessées) montre bien l’intensité de la polémique sur le sujet.
Les parents voudraient pouvoir employer les méthodes qui leur conviennent avec leurs enfants ! Avec parfois cet argument phare : “J’ai pris des fessées quand j’étais petit, je n’en suis pas mort…”

Ok. Je vois l’idée… mais si on la poussait ?
Considérons un homme qui donne une claque à sa femme. Finalement, juste une claque… elle n’en sera pas morte !
Est-ce que du coup, c’est ok ? Est-ce qu’on rejette toute loi contre les violences en jetant les droits des femmes comme les droits des enfants à la poubelle ?

Je me perds, je m’enflamme, et vais donc de suite m’interrompre pour me recentrer sur l’objet de cet article !

Il est évident que ce « je n’en suis pas mort » ne veut pas vraiment dire ça.
Je sais que l »ambition des parents, même de ceux qui défendent certaines violences faites aux enfants, va au delà de leur survie, j’en suis convaincue.
Ce que je devine, c’est que cela signifie : “Je ne m’en porte pas plus mal.”
Or, je ne pense pas que l’on puisse affirmer cela.

Peut-on vraiment mesurer l’impact de ces punitions corporelles sur la confiance en soi, sur la faculté à prendre des risques, à essayer ?
Sur la manière de percevoir le rôle de l’autorité, de l’obéissance ?
D’ailleurs… le parent qui dit cela est devenu quelqu’un qui considère qu’il est normal de taper un enfant…

Aujourd’hui, sans me lancer dans la défense d’une éducation sans violence, je voudrais simplement vous présenter 6 bonnes raisons de ne pas taper son enfant.

 1. Taper son enfant lui fait mal

Rien que ceci devrait être une raison suffisante !
Il est rare qu’un parent ait vraiment envie de faire mal à son enfant.
Nous aurions même plutôt l’élan de nier leurs moments douloureux, d’où notre tendance à nier leurs sentiments difficiles.
(ce qui, de façon surprenante, est l’un des premiers points sur lesquels on évolue quand on s’intéresse à la parentalité positive)

Pour cette fois, écoutons-nous, et épargnons-leur une douleur venue directement du parent.

A cette idée, certains répondent au contraire que c’est le but : s’il a mal, il n’aura pas envie de recommencer ! C’est toute la « vertu éducative » du procédé…
Oui, mais cela crée une vraie détresse pour l’enfant. Sa famille est théoriquement l’endroit où il se sent en sécurité.
Il a une grande confiance en ses parents, en particulier pour ce qui est de le protéger.
Si ses parents le frappent (en précisant même parfois que c’est « pour son bien » – comme dans le cas d’autres maltraitances), comment l’enfant peut-il vraiment ressentir de la sécurité, fondamentale pourtant pour qu’il donne le meilleur de lui-même ?

C’est tout le principe du développement d’un attachement sécure.
Malheureusement, même des parents aimants utilisent ces moyens ordinaires pour faire en sorte que leur enfant leur obéisse.
C’est peut-être votre cas, et si vous êtes là, c’est déjà un sacré pas !

 2. Cela lui montre que frapper est un acte autorisé

L’éducation passe majoritairement par l’exemple. Nos enfants reçoivent bien moins ce que nous leur disons que ce que nous faisons.

Ainsi, taper sur la main d’un bébé est malheureusement la meilleure manière de lui enseigner que taper fait partie des options possibles…

Si nous frappons l’enfant qui se comporte “mal”, il n’y a pas lieu d’être surpris du fait qu’il se mette lui-même à frapper son camarade qui ne se comporte pas comme il le voudrait. C’est ce que nous lui avons enseigné.

Note : il existe des alternatives dans nos réactions face à l’enfant qui tape.

Le terme « frapper » peut vous toucher, et que votre réaction interne soit de l’ordre de « il y a quand même une différence entre frapper un enfant et lui mettre une petite fessée… »
Et je peux comprendre votre approcher. Donner des fessées est tellement une violence ordinaire qu’il est difficile de le percevoir autrement. Et oui, il y a différents degrés dans la violence, je l’admets.
(c’est tout le principe de cette violence dite ordinaire)
Pour autant, cela reste une violence physique.
– Je vous conseille à ce sujet la lecture de « La fessée », d’Olivier Maurel, dont j’aimerais vous faire un jour un résumé… –
Si on s’ouvre à une petite fessée, pourquoi ne pas s’ouvrir à une « petite claque » ?
Ou en tout cas, il faudra bien comprendre que notre enfant ne fasse pas forcément la différence quand, à son tour, il utilisera la violence face à ceux qui n’auront pas le comportement adéquat…

Je préfère donc avoir un message clair, et pour lui et pour moi : toute forme de violence est à éviter ; on ne doit jamais taper. Point.

 3. Taper un enfant rompt notre relation avec lui

Lorsque nous tapons l’enfant, nous rompons le lien affectif. Il se met automatiquement en position de repli, de rancoeur, de colère.
Il aura évidemment encore moins envie de coopérer.

Alors bien sûr, l’idée, c’est de démontrer une forme d’autorité parentale.
Heureusement, il y a d’autre méthodes pour cela.

A une époque, dans les salles de classe, les enfants désobéissants prenaient des coups de baguette sur les doigts.
Les châtiments corporels envers les enfants étaient monnaie courante.
Depuis que le respect des droits de l’enfant ont fait en sorte d’interdire explicitement ces sévices, les enseignants trouvent d’autres manières de fonctionner.

Je sais… certains croient encore que c’est pour cela qu’il y a tant de violence à l’école !
Les études montrent bien pourtant que la violence appelle la violence.
Allez voir les salles de classe dans lesquelles les enseignants s’attachent à créer une connexion avec les enfants (ceux qui suivent les principes de la Discipline Positive par exemple), et vous verrez que ce n’est pas là que vous trouverez le manque de respect si souvent regretté. Est-ce que c’était vraiment du respect, en fait ?

Revenons à la famille. Un des grands principes de l’éducation bienveillante (et dont j’ai bien constaté les effets autant chez moi que dans les familles que j’accompagne…), c’est de se connecter avant de corriger.

Si nous ne cultivons pas le lien avec notre enfant, on voit les chances de coopération s’amenuiser fortement…
Et clairement, la violence quotidienne ne va pas dans le sens du lien !
(Remarque : c’est également vrai pour le fait de crier… et si c’est encore trop dur pour vous, comme ça l’était pour moi il y a quelques années, procurez-vous mes clés pour arrêter de crier)

4. Cela ne lui enseigne rien

Taper l’enfant pour corriger un comportement, c’est axer l’enseignement sur un réflexe pavlovien : “quand je fais ça, ça me fait mal, donc je ne vais plus le faire.”
Ça marche peut-être sur les chiens (encore que, d’après ce que j’ai entendu dire, cette méthode de dressage de animaux soit également en train d’évoluer…), mais dans la démarche, notre enfant ne comprend pas pourquoi le comportement en question est inapproprié.
Il pourra d’autant moins le comprendre que nous éliminons par nos gestes toute possibilité d’y réfléchir : notre tape lui aura donné une distraction mentale. Il ne pensera plus qu’à cela.

(Cette idée de distraction apparait également dans les critiques de la punition par Haïm Ginott, vous vous en souvenez ?
Et on voit le lien avec le titre de cette partie : plus globabement, punir n’enseigne rien, puisque c’est une méthode éducative qui ne s’intéresse pas aux causes derrière le comportement… et il y a en particulier peu de chances que ça calme les choses)

J’en veux pour preuve cet épisode qui nous a permis de constater à quel point une “simple” tape sur la main de son grand-père est encore présente, même émotionnellement, dans l’esprit de notre fils de 3 ans, un an après les faits…
C’est toujours un peu un traumatisme, en fait… en tout cas, c’est resté dans sa mémoire traumatique, alors que la raison de la tape a, elle, disparu !

Pour moi, éduquer son enfant, c’est l’aider à grandir, ce qui inclut une bonne partie d’apprentissage.
Quand il ne se comporte pas de manière adéquate, c’est qu’il ne sait sûrement pas encore comment faire mieux.
Le taper ne l’aidera pas à développer d’autres compétences !

 5. Taper encourage au mensonge

Si l’enfant n’a pas compris pourquoi son comportement nécessitait correction (!), il comprend au moins que ce n’est pas à notre goût.
Donc, s’il n’est pas prêt à y renoncer, il s’attachera en revanche à faire en sorte que nous ne soyons pas au courant, afin d’éviter nos gestes brutaux.

Le même principe est valable d’ailleurs pour toute forme de punition. Infliger des punitions à l’enfant, c’est l’encourager indirectement à cacher ce qui pourrait nous déplaire…

C’est alors un vrai choix : faire passer l’aspect « éducatif » d’abord, ou la confiance entre l’adulte et l’enfant.

 6. Cela peut détruire son estime de lui-même

Comme nous le soulignions au point 1, un jeune enfant a une grande confiance en ses parents. Il cherchera souvent à justifier leur comportement.
(C’est d’ailleurs aussi l’une des raisons pour lesquelles certains parents se refusent à changer de méthodes éducatives : ils ne veulent en fait pas remettre en cause ce qu’ont fait leurs parents !)

Donc, une partie de lui-même est en colère, plein de ressentiment, et, en même temps, une autre internalise que si le parent frappe, c’est qu’il le méritait.
Il a donc vraiment mal agi, il est mauvais…

Et c’est alors l’image qu’il aura de lui-même… à long terme !

Remarque : il en va bien sûr de même pour toutes les violences verbales et humiliations.
On comprend mieux pourquoi les approches qui s’intéressent de près au développement de l’enfant veulent interdire ces pratiques, qui ont toujours également des effets psychologiques…
Parents et éducateurs ont en fait une vraie responsabilité !
Et en même temps… nous ne sommes pas des super-héros

Anecdote personnelle :
Mon frère faisait partie du groupe “J’ai pris des fessées, je n’en suis pas mort !”.
En prenant le temps d’y réfléchir ainsi, il ne lui a pas fallu plus d’un quart d’heure pour changer d’avis.
Pour moi, c’est la magie qui nait du fait de mettre de la conscience dans nos pratiques.

Et vous ? Cela vous parle-t-il ?

Note : Pour télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Juste avant l’été, nous avons été surpris par l’épisode suivant, qui nous a permis de toucher du doigt l’impact de nos gestes sur un enfant, même lorsqu’il ne s’agit que d’une « petite tape ».

Nous étions au téléphone avec le père de mon mari. Nous allons bientôt les voir et loger chez eux quelques jours, et nous en discutons.

Anatole (3 ans) demande à parler à son papy.
A ce moment-là, il est très tranquille, et rien ne laisse présager ce qui va suivre.
Il lui dit “Papy ? Bonjour ! Ca va ?”
Puis demande : “Papy, tu te souviens quand j’étais chez toi et que tu m’as tapé sur la main ?”
Nicolas et moi nous regardons… nous n’avons aucune connaissance de cet épisode.
Je suis sidérée qu’Anatole puisse s’en souvenir, alors qu’on n’a pas vu ses grands-parents depuis près d’un an, il avait donc 2 ans 1/2…
Le-dit papy répond qu’il ne s’en souvient pas non plus, ce que je n’ai aucun mal à croire.
Anatole complète : “Quand je va venir chez toi, est-ce que tu vas encore me taper la main ?”
Avant même que son papy ne réponde, je vois les coins de sa bouche qui s’affaissent…
En reparler l’a projeté dans l’émotion de ce moment-là… Il me regarde, et se met carrément à pleurer !!
Il a franchement peur que ça se produise de nouveau !!!

J’ai trouvé cet épisode très fort, et riche d’enseignement.
Car je n’ai aucun doute que la tape donnée par son grand-père l’a été sans méchanceté, seulement parce que cela fait partie des méthodes éducatives classiques, reçues et apprises.

J’ai tendance à vouloir accorder le bénéfice du doute à ceux qui utilisent encore des méthodes de violence éducative ordinaire (ou VEO), parce que je sais que dans la plupart des cas, ce n’est qu’une question d’ignorance.
Dans cette catégorie de VEO, on range aussi bien les violences physiques, que les humiliations, insultes, punitions… (Si le sujet vous intéresse, le site OVEO vous en dira plus.)
Mais comment remettre en cause tout ce qu’on nous a appris ?

C’est vrai, certaines personnes affirment depuis longtemps déjà qu’on n’aide pas les enfants à grandir en ayant confiance en eux avec de telles méthodes.
Mais ce n’est que récemment que les neurosciences ont démontré à quel point ces violences pouvaient avoir un effet néfaste sur le développement du cerveau…

Pour se comporter bien, un enfant doit se sentir bien.
Et nous l’avons bien constaté lors de cette conversation : une “petite tape” peut être beaucoup plus conséquente que ce que nous croyons. Au point qu’un an plus tard, Anatole l’a tant intégrée, qu’elle lui provoque encore de la détresse, et de la peur à l’idée de revoir son grand-père !

Et voilà entre autres pourquoi nous cherchons d’autres méthodes éducatives…

Avez-vous déjà vécu un épisode similaire ?

Je remonte enfin mes manches pour aborder vraiment la question de la punition. Se faire son avis sur ce point n’est pas toujours évident. Et pourtant, je vais le formuler simplement : êtes-vous pour ou contre la punition ? La première fois que j’ai écrit ici sur le sujet, c’était il y a près de 2 ans, en résumant le chapitre sur la punition de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent. C’est drôle pour moi de relire cet article, parce que j’y notais que mon mari et moi n’étions pas encore bien en ligne, et que je ne croyais plus tellement à la punition. Depuis, non seulement ma croyance s’est affirmée, mais mon mari est devenu également convaincu ! Nous avons avancé ensemble sur ce chemin. Je vous invite ici à mieux comprendre pourquoi. Tout d’abord, nous pourrions commencer par nous poser la question suivante :

Pourquoi punissons-nous ?

C’est vrai, ça, pourquoi ? C’est étrange quand on y pense : lorsque nous abordions les raisons pour lesquelles nous nions les sentiments des enfants, nous avons parlé de notre tendance à vouloir leur éviter les expériences négatives,  à les protéger de leurs moments de détresse… et pourtant, nous n’hésitons pas à les faire se sentir mal pour les encourager à se comporter bien… bizarre… Enfin, cette remarque mise de côté, je vous encourage surtout à vous retourner sur les cas dans lesquels vous êtes tentés par cette solution. Quels sont les moments où vous avez recours à la punition ? Ayant déjà posé cette question à de nombreux parents, je sais que la réponse la plus fréquente est : « quand je ne trouve plus d’autre solution ». Voilà, tout est là. En fait, punir un enfant, c’est avouer qu’à ce moment-là, on est incompétent ! On ne sait pas quoi faire d’autre, on est désemparé !! Bon. Mais arrivons alors à la question suivante : la punition fonctionne-t-elle ? Après tout, on pourrait dire que si la punition atteignait son but, même si elle n’est pas agréable, elle est nécessaire, et c’est une méthode à employer. Cependant, est-ce le cas ? La punition d’un comportement inadéquat permet-elle de corriger ce comportement ? Oui. Souvent, l’enfant cesse. La punition fonctionne. A court terme. Oui, c’est bien ce que j’ai écrit : à court terme. Parce que finalement, dans la majeure partie des cas, le comportement en question revient. Ou bien, pour que ça continue à marcher, il faut punir plus fort. Et on entre dans un cercle vicieux… Ce n’est pas tout à fait vrai, il est également possible que ça fonctionne à plus long terme si on réagit de façon vraiment forte. Si l’enfant a vraiment peur de nous, et que nos réactions lui font passer le message qu’il ne vaut rien. Du coup, il n’essaye plus, il entre en mode de soumission complète, avec une confiance en lui complètement anéantie. Hum. Je ne peux même pas m’attarder sur ce cas qui me brise le coeur. Revenons donc au cas plus courant de la punition à court terme.
Question suivante :

Que ressent un enfant qui est puni ?

D’abord, évidemment, il est en colère contre le parent qui lui a posé la punition ! Ca lui donne de la rancoeur, ça encourage son désir de vengeance… Je fais ici appel à votre imagination : vous êtes au travail, et vous avez oublié de rendre le document que votre responsable attendait de vous. Il vous en fait le reproche, puis décide que puisque c’est comme ça, vous resterez 1h de plus tous les soirs de la semaine suivante. Comment vous sentez-vous ? Ca vous parait logique, juste ? Ca vous donne envie de mieux collaborer avec lui la fois suivante ? D’un certain côté, un peu, parce que vous avez peur que ça vous arrive de nouveau, mais le ferez-vous de gaieté de coeur ? Essayerez-vous de rendre le meilleur travail possible ? Ou serez-vous tellement rancunier qu’à la première occasion, vous essayerez de lui mettre des bâtons dans les roues ? Mais attention : sans vous faire prendre ! Donc, en plus de la rancoeur et du désir de vengeance, ça encourage aussi un désir de dissimulation !! L’erreur suivante ne sera pas assumée, elle sera cachée, simplement. Nous pouvons donc abandonner nos espoirs d’enseignement du sens des responsabilités… Toute connexion est brisée, et toute démarche de coopération tuée dans l’oeuf… Car, comme le dit Jane Nelsen, il est nécessaire de connecter avant d’enseigner. (Au passage, quelques pistes pour connecter dans cet article) Arrivé à ce stade de la réflexion, normalement, on commence à comprendre que la punition n’est pas seulement inefficace, mais carrément contre-productive.  Mais ce n’est pas fini. Car le raisonnement peut aller plus loin. Marshall Rosenberg (le créateur de la CNV – Communication Non Violente) suggère de se poser 2 questions quand on fait face à un comportement inadéquat de l’enfant : « Que voulez-vous que votre enfant fasse différemment ? » « Quelle motivation souhaitez-vous que votre enfant ait pour faire ce que vous lui demandez ? » Et c’est cette deuxième question clef qui change tout : si la réponse est « la peur de la punition », alors on peut continuer à punir. Toute autre réponse nous aide à remettre la punition en cause, parce qu' »elle l’empêche d’agir pour les raisons que nous aimerions qu’il ait. » Oui, elle l’empêche. Car, comme le disait le Dr Ginott (le mentor de Faber&Mazlish), en le punissant, nous offrons à l’enfant une distraction : au lieu de réfléchir à ce qu’il a fait, il rumine sa colère contre nous ! En fait, la punition est simplement une forme de contrôle extérieur. Nous ne développons pas en punissant la motivation interne mais l’obéissance à la personne qui a le pouvoir. Mais j’ai des raisons de ne pas vouloir d’enfant obéissant, et je ne veux pas leur donner ce modèle de l’usage du pouvoir positionnel. Voilà pourquoi la punition n’existe plus chez nous. Ce qui nous amène donc à la dernière question de cet article, celle que vous attendiez avec impatience :

Sans punition, comment faire ?

D’abord, commençons par discuter du problème. Car parler vaut mieux qu’une punition ! Cherchons à comprendre ce qu’il s’est passé, en leur accordant le bénéfice du doute. Nous aiderons ainsi nos enfants à avancer, en leur enseignant la valeur de l’erreur, opportunité d’apprentissage (comme nous l’avions évoqué quand nous avons exposé les principes adlériens, fondateurs de la discipline positive). Ensuite, si la situation se répète, nous entrerons avec lui dans une démarche de recherche de solution. Vous en trouverez la description dans le chapitre 4 de Parler aux ados pour qu’ils écoutent, les écouter pour qu’ils parlent, et son application ne se limite absolument pas aux ados. (Voici d’ailleurs des exemples qui vous inspireront peut-être : avec Léon, 3 ans, qui nous réveillait le matin avec Léon et Anatole, 5 et 3 ans, pour savoir qui aurait le premier câlin avec les enfants de mon amie, 11 et 5 ans, qui sautaient sur le trampoline) Enfin, si la recherche de solution ne donne rien, ne fonctionne pas (ou pas encore), on pourra penser à mettre les enfants face à leurs responsabilités en imposant des conséquences. Pas des punitions, des conséquences.
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Ainsi, nous éloignant enfin de cette VEO (Violence Educative Ordinaire) qu’est la punition, nous entrerons enfin dans une relation plus respectueuse avec notre enfant, (le respect ne sera plus une notion toute relative), et nous lui passerons le message que nous sommes dans son équipe. Que nous sommes son guide pour l’aider à grandir, et à se développer, comme une personne responsable, et capable de trouver sa propre motivation. Ayons confiance.