Notre vie de parent se déroule souvent à un rythme effréné. Difficile de sortir la tête du guidon, et de lever les yeux pour voir un peu ce vers quoi on cherche à aller, non pas aujourd’hui, là tout de suite, mais à plus long terme.
Alors, on s’agace devant certains comportements de nos enfants, en oubliant d’y voir aussi ce qu’ils ont de chouette, pour ce qu’ils deviendront !
L’exercice des « deux listes » est une bonne manière de prendre du recul.
Je vous encourage à écouter ce podcast pour savoir de quoi il s’agit, et de le faire dès maintenant : il vous servira parfaitement d’introduction à la feuille de route, dont on va parler très bientôt sur le blog…
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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.
Un outil pour prendre du recul : les deux listes
Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un exercice qu’on peut faire en tant que parents. Cet exercice nous aide vraiment à prendre du recul sur notre relation, nos relations avec nos enfants et sur le rôle qu’on a à jouer auprès d’eux en tant que parent.
C’est un exercice qui s’appelle les deux listes et qui est mené, en général, lors d’une première séance, ou tout du moins, dans le début des séances d’ateliers de discipline positive.
La discipline positive
Justement, parce que j’aime citer mes sources et être précise, je vais préciser, pour ceux qui ne le savent pas, que les termes “discipline positive”, désignent quelque chose de précis. C’est-à-dire que l’on est dans la parentalité positive, la parentalité bienveillante, consciente, selon le terme que l’on veut utiliser. On parle également d’éducation bienveillante (c’est un peu interchangeable). On utilise des termes que l’on veut en fonction de nos sensibilités, de ce que l’on met derrière, etc. Je ne vais pas rentrer dans un débat là-dessus. En revanche, il y a différentes façons de le vivre, différentes approches qui, pour moi, vont toutes dans la même direction et j’adore m’inspirer de sources différentes.
Mais celle qu’on désigne par discipline positive correspond à l’approche de deux autrices américaines, qui s’appellent Jane Nelsen et Line Loth. Elles ont développé cette approche de discipline positive. Donc en vous parlant de discipline positive, c’est un peu comme si je vous disais Faber et Mazlish. Vous voyez ? Pour remettre les choses dans leur contexte.
Donc le format des ateliers de parents en discipline positive et mais aussi des enseignants ou d’autres profils, commence en général par l’exercice des deux listes. Cet exercice-là, je le trouve assez important et intéressant. J’aime l’adapter au public auquel je m’adresse et j’en donne une version au début de la formation Point De Rencontre (une formation en sept mois pour améliorer les échanges avec vos enfants).
L’exercice des deux listes : prendre du recul sur notre relation avec nos enfants
Donc, quel est cet exercice ? L’idée, c’est de dresser deux listes différentes :
- la première, c’est une liste des difficultés, des défis, des challenges qu’on a au quotidien avec nos enfants. Ce qui nous met un peu en échec, ce qui nous cause des difficultés, ce qui rend la relation difficile, etc. Bref, ce à quoi on s’attaque un petit peu au quotidien.
- Et de l’autre côté, une liste de toutes les qualités et compétences, qu’on aimerait voir chez eux plus tard, quand ils seront grands. Et c’est vraiment intéressant de mettre ces deux listes-là, l’une en face de l’autre.
En effet, typiquement, dans la première liste, on peut retrouver comme difficultés :
- le fait qu’ils n’écoutent pas
- qu’il faut répéter
- qu’ils répondent
- qu’ils ne coopèrent pas
- qu’ils se disputent avec leurs frères et sœurs
- etc…
Enfin, tout un tas de choses qui nous posent effectivement des difficultés au quotidien et qui rendent l’atmosphère parfois difficile, et ainsi nuisent à nos échanges avec eux.
Et de l’autre côté, on pense aux qualités qu’on aimerait qu’ils aient développées.
On peut les imaginer en jeunes adultes de 25 ans, ils reviennent chez nous, après leurs études, nous rendre visite le dimanche.
Quelles qualités aimerait-on voir chez eux à ce moment-là ? Et là, on voit qu’on aimerait
- qu’ils soient indépendants
- qu’ils aient un respect de l’autre
- une tolérance
- une faculté d’analyse
- une faculté de décision
- une autonomie
- …
Vers une prise de conscience
Et ce qui est drôle dans toutes ces qualités, c’est que ce n’est pas forcément les qualités qu’on cherche à développer chez eux quand ils sont petits.
Ça me fait penser à une image que j’avais vue, où le parent dit à son enfant : « Écoute, quand tu seras grand, j’aimerais que tu sois décidé, autonome, assertif. Mais tant que tu es petit, je te préfère obéissant, OK ? »
Et donc, je ne manque pas, lorsqu’on fait cet exercice en atelier avec les parents (puisque j’anime aussi des ateliers en présentiel) de leur faire réaliser que dans cette liste de qualités à long terme, il n’y a jamais écrit l’obéissance. C’est drôle, quand même de voir ça !
Quand nos enfants sont jeunes, selon nous, la vie serait plus simple s’ils faisaient juste ce qu’on leur demandait. Mais en réalité, à long terme, si on y réfléchit bien, ce n’est pas ce qu’on cherche à développer chez eux. On ne veut pas développer l’obéissance ! On veut au contraire qu’ils aient un sens de l’analyse, un recul, un pouvoir de décision, etc. On veut qu’ils soient capables d’être indépendants, d’être assertifs, on veut tout ça.
Donc, déjà, rien que cette prise de conscience permet d’aborder la relation un petit peu différemment. D’accord ? Et ça apporte d’autres choses cette espèce de liste !
A quoi sert cet exercice ?
Alors, quand on fait des ateliers discipline positive, il y a pas mal de choses qu’on peut faire à partir de ces deux listes. On va pouvoir s’y référer quand on fera d’autres activités.
Je ne vais pas vous dévoiler tout ce qui se passe en atelier discipline positive. Ça prendrait des heures ! Je vous encourage plutôt à aller en suivre, ou d’autres ateliers d’éducation positive, quel que soit le format que vous choisissez.
Moi, par exemple, je ne fais plus d’ateliers Faber et Mazlish. Je ne fais plus d’ateliers discipline positive. Je fais des ateliers que j’appelle éducation positive, qui mélangent un peu les différentes approches. En effet, j’aime piocher, chez différentes personnes, des exercices qui me conviennent ou ajouter des connaissances que j’ai pu glaner ailleurs. (par exemple, lors de formations de communication non violente, etc). C’est donc à vous de choisir l’approche qui vous intéresse.
Prendre du recul
La raison pour laquelle je vous parle de cet exercice aujourd’hui, c’est que ça permet quand même de prendre du recul sur pas mal de choses.
Ça permet d’abord de changer son focus, de penser justement à long terme. De voir que OK, aujourd’hui, j’ai des défis : parce que j’ai une difficulté au quotidien, parce que je dois sans cesse répéter les instructions, les choses à faire, etc. Mais à long terme, est-ce que c’est ça l’important ? Est-ce que je voudrais développer cela chez les enfants à long terme ?
Déjà, rien que se demander ce qu’on veut développer chez nos enfants à long terme, ça nous permet de mettre notre focus et notre énergie dans d’autres choses. Là-dessus, je vous renvoie sur ce qu’on appelle la feuille de route. Celle-ci peut vraiment nous aider à mettre notre énergie dans ce qu’on veut développer chez nos enfants à long terme.
Transcender cet exercice pour avancer
C’est la question d’une maman à ce sujet qui m’a fait réagir aujourd’hui ! Car ça nous permet de voir que dans certaines de nos difficultés actuelles, on voit déjà se profiler certaines des qualités qu’on veut voir chez eux plus tard. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle !
Cela nous permet également de voir autrement ces difficultés-là. Donc, typiquement, quand l’enfant est en train de s’opposer à nous, nous dit qu’il n’est pas d’accord pour faire quelque chose, on peut noter qu’il est en train de s’écouter lui-même, de savoir ce qu’il veut faire, de savoir exprimer son opinion. Il est en train de prendre des décisions, il est en train de montrer tout un tas de qualités et de compétences, qu’on veut pour lui à long terme.
Ça ne veut pas dire qu’on est content que notre enfant s’oppose à nous, tout le temps, au quotidien, parce qu’on voudrait aussi plus de facilité. Mais on veut plus de facilité et de coopération, dans la mesure où l’on voudrait pouvoir communiquer avec lui, pour qu’il soit d’accord pour faire ce qu’on lui demande, et non pas l’obliger. On ne veut pas que quand quelqu’un lui demande quelque chose, il s’y oblige, même quand il n’est pas d’accord, sans exercer son libre arbitre et son esprit d’analyse.
Donc finalement, qu’il soit capable de mettre en place son esprit d’analyse, pour se dire : je m’écoute moi-même là tout de suite, ce que j’aimerais faire et ce n’est pas ça mais c’est plutôt ça.
Adapter notre rôle de parent pour répondre aux oppositions des enfants
Et si l’on prenait le fait qu’’il s’opposait à nous plutôt comme une bonne nouvelle !
Alors je vous entends, vous vous dites que si on suit vraiment ce raisonnement-là, et bien, nos enfants ne vont jamais aller se brosser les dents, faire leurs devoirs, etc. Mais il est bien évident que l’idée n’est pas d’abandonner tout guide auprès de nos enfants.
Le but est de leur expliquer pourquoi se brosser les dents, pourquoi faire les devoirs, etc. Les devoirs en particulier, alors ça, c’est un thème que j’ouvre, que je ne devrais peut-être pas ouvrir ici… Il va falloir aller chercher la motivation intrinsèque, leur faire comprendre que c’est pour eux, ce qui n’est pas souvent fait par les professeurs et les parents. Et même si la motivation intrinsèque est difficile à trouver, on peut recevoir l’information que ce n’est pas toujours simple de comprendre et d’accepter qu’il faille se brosser les dents tous les jours, OK ?
On peut donc le recevoir, on peut voir différemment le fait qu’ils s’opposent à nous, et ça c’est intéressant ! Il faut donc trouver un fonctionnement qui aille pour tout le monde. Le fait qu’ils n’aient pas envie d’interrompre leur activité, par exemple, pour aller se brosser les dents, et bien, c’est plutôt pas mal par rapport au fait de s’écouter soi-même ! Donc on peut aussi écouter ça et trouver le bon moment pour qu’ils aillent se brosser les dents, par exemple. Ainsi, on entre dans tout un autre panel qui est : quelles sont les méthodes pour quand même encourager la coopération malgré la difficulté ?
En revenant vraiment au cœur de cet exercice, on arrive à voir derrière certains comportements, des compétences qu’on aimerait voir chez eux plus tard.
Un exemple concret
La situation
Alors, pourquoi je fais ce partage aujourd’hui ? C’est justement parce que j’ai une maman qui s’est inscrite récemment à ma formation Point De Rencontre, et qui a commencé, entre autres choses, par cet exercice-là. Elle m’a envoyé la question suivante :
« Bonjour Coralie, pourriez-vous m’éclairer sur la comparaison entre les comportements qui nous insupportent chez nos enfants et les qualités que l’on aimerait qu’ils développent ? Par exemple, chez mon petit de 2 ans, qui tape sa grande sœur, comment y voir le respect de l’autre ? Merci » signé la maman.
Alors, je voudrais répondre à cette question et je l’ai trouvée tellement intéressante que j’ai trouvé ça utile pour tout le monde de faire cet article. Effectivement, quand un petit tape sa grande sœur, on ne va pas y voir le respect de l’autre.
C’est-à-dire qu’il n’y a pas une liaison directe entre le comportement qui nous insupporte et cette qualité qu’on aimerait qu’il développe, OK ? Au contraire.
Dans le petit qui tape sa grande sœur, peut-être qu’il n’y a pas encore assez de respect de l’autre et qu’il va falloir l’aider à développer cette qualité, le respect de l’autre. Mais même si on ne le lie pas directement à une qualité qu’on voudrait voir, on peut chercher quelle qualité on aimerait voir chez notre enfant quand il sera grand et qui se voit déjà dans ce comportement.
Un autre regard
Typiquement, un petit de deux ans qui tape sa grande sœur, qu’est-ce qu’on peut dire ? On peut dire qu’il est déjà capable de poser ses limites, on peut dire qu’il est capable de « se défendre ». Alors se défendre, on va lui apprendre, heureusement, d’autres manières de se défendre qu’en tapant sur l’autre. C’est bien ce à quoi on aspire en évoluant vers l’éducation positive bienveillante ! A deux ans, il n’a pas encore développé d’autres méthodes, il n’a pas encore d’alternatives ! C’est ce qu’il trouve de mieux à ce moment-là, c’est la meilleure méthode qu’il a à sa disposition à cet instant, pour réagir face à sa grande sœur.
N’empêche qu’il est capable de s’opposer à sa grande sœur et de lui dire avec sa propre méthode : « je ne suis pas d’accord ! »
Et ça, c’est déjà une certaine assertivité, c’est un exercice du pouvoir de lui-même, dans son pouvoir personnel, pour pouvoir poser ses limites. Ça, c’est une vraie qualité qu’on veut chez eux plus tard.
On ne veut pas que nos enfants se plient à tout ce qu’on leur demande. On veut qu’ils soient capables de dire « non, je ne suis pas d’accord ». Le petit de 2 ans, qui tape sur sa grande sœur, est capable déjà de dire « non, je ne suis pas d’accord ». Évidemment, notre rôle de parent va être de l’aider à évoluer dans les méthodes pour exprimer ça. Mais aussi, dans d’autres qualités, comme le respect de l’autre, qui vont venir l’aider à évoluer dans ses méthodes.
L’exercice des deux listes : une méthode tournée vers l’avenir
Le fait de comprendre qu’il y a des qualités quand même derrière le comportement qui nous insupporte au quotidien, ça nous permet d’aborder ce comportement différemment, de voir qu’on va l’aider à développer d’autres méthodes. Pas forcément à changer le fond de l’affaire !
Voilà j’espère que cette approche vous aide à y réfléchir. Je vous encourage à faire cet exercice !
Si vous voulez aller plus loin et savoir comment développer la coopération, vous pouvez allez voir les formations que je vous propose.
Et en particulier, celle dont je vous ai parlé ici : Point De Rencontre !
J’espère que ce podcast vous a plu. N’hésitez pas à le partager à d’autres parents que ça pourrait aider et à bientôt !