Cet été, j’ai eu cette opportunité extraordinaire de passer 3 jours à Autun, en Bourgogne, pour assister au festival : Les Rendez-vous de Juillet 2017, un festival de journalistes, proposant des tas de thèmes passionnants !

Révolutions dans l’éducation

Le thème qui m’avait attirée là : “Révolutions dans l’éducation”.
C’est assez ironique d’ailleurs, parce que j’en avais entendu parler des mois avant, avec l’annonce d’une intervention de Catherine Gueguen, et finalement, entre le moment où je m’étais acheté mon pass de 3 jours (dans l’ignorance du programme précis à l’époque), et le moment de la programmation, son nom avait disparu de la liste ! Je n’ai jamais su pourquoi…

Cependant, il restait, sur ce thème, comme intervenantes principales :
Céline Alvarez – Les lois naturelles de l’enfant
Eline Snel – Calme et tranquille comme une grenouille
Isabelle Filliozat – Parentalité positive

Je ne regrette pas de m’être rendue à Autun pour cette occasion !! Le programme de “Révolutions dans l’éducation” était : ces 3 conférences, dans cet ordre, à 2 reprises (le vendredi matin, et le dimanche matin) ; et la projection d’un documentaire sur le décrochage scolaire, suivie d’une discussion avec sa réalisatrice.

J’ai donc assisté aux trois conférences le vendredi, (avec ma complice Gwen, du blog Petit bout par petit bout) puis suis retournée voir Céline Alvarez le dimanche.
J’ai évidemment pris quantité de notes, d’où je sors mes comptes-rendus !

Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence de Céline Alvarez
Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence d’Eline Snel
compte-rendu de la conférence d’Isabelle Filliozat encore en préparation

Quant à la projection, elle s’intitulait “Décrochage”.
Il s’agit d’un documentaire réalisé par Virginie Saclier, suite au décrochage scolaire de son fils en 4eme.
Le documentaire présente ce qu’est le décrochage, et montre quelques initiatives cherchant à lutter contre celui-ci. En parrallèle, il donne la parole à plusieurs enfants concernés par ce décrochage (dont le fils de la réalisatrice), quasiment tous au niveau collège. Ces enfants nous partagent leur hisoire, leur vécu, leurs ressentis, et c’est poignant.
On touche du doigt le cercle vicieux dans lequel ces enfants tombent :
Face à l’échec, ils ne croient plus en eux-mêmes, et les professeurs, vidés, les abandonnent.
C’est alors l’entrée dans la spirale : de plus en plus de provocation, ils n’essayent plus d’apprendre.

Ca fait mal au coeur, et donne vraiment envie de précipiter cette révolution de l’éducation !!

En dehors de ce thème, j’ai également assisté à la projection de
« Et les mistral gagnants” réalisé par Anne-Dauphine Julliand
J’avais déjà eu l’occasion de lire ses livres Deux petits pas dans le sable mouillé et Une journée particulière, livres autobiographiques qui racontent la vie de sa famille face à la maladie de leur petite fille, dont on cite souvent cette phrase : “Puisque je ne pouvais rajouter des jours à sa vie, j’allais ajouter de la vie à ses jours.”
Ce documentaire suit quelques enfants malades dans leur quotidien, avec le parti pris de les montrer tels qu’ils le vivent, avec leur joie et leur bonheur malgrè tout.
Anne-Dauphine Julliand, qui a ensuite répondu aux questions est incroyablement douce, elle semble simple et accessible.
Cette projection a vraiment été un beau moment.

Ils changent le travail

Et puis, lorsque le thème de l’éducation était en pause, j’en ai profité pour piocher dans le thème “Ils changent le travail », qui présente de grands principes communs avec l’éducation positive !
Car les principes que nous cherchons à appliquer avec nos enfants peuvent également se mettre en place avec des adultes, et c’est ce que certaines entreprises essayent de faire. On les appelle les « entreprises libérées », ce que j’ai appris à Autun !

C’était vraiment inspirant de voir que certains croient en tous ces principes, à encore plus grande échelle, cherchant à les mettre en place directement dans le monde professionnel, avec des adultes ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard !
J’ai ainsi assisté à un entretien, et à une projection – débat.

L’entretien, mené de main de maître, permettait à Bertrand Ballerina, directeur des relations solciales de Michelin, de parler de ce qu’il avait réussi à mettre en place dans certaines usines du groupe, dans lesquelles le personnel avait été responsabilisé, dans lesquelles le fonctionnement avait énormément évolué, et l’atmosphère modifiée !

Dans les premières phases du développement du projet, Bertrand Ballerina a cherché une manière de communiquer ce qu’il avait en tête, tant au niveau du management que des ouvriers.

Un jour, il a entendu parler d’un orchestre, Les Dissonances, créé par David Grimal, violoniste : un orchestre qui a ça de particulier qu’il n’a pas de chef d’orchestre !!

Une journée a été organisée chez Michelin, au cours de laquelle Les Dissonances sont venues jouer, après quoi les musiciens ont échangé avec les employés du groupe, autour de tables rondes. L’occasion de découvrir un nouveau modèle, une autre façon de faire !

Enfin, le dimanche, avant de partir d’aucun, j’ai assisté à une projection de Le bonheur au travail, documentaire de Martin Meissonnier sur les entreprises “libérées”, qui mettent l’homme au centre de la production.

Je vous encourage à le voir. Voir comment certaines entreprises ont réussi à effectivement mettre l’homme au centre. Voir comment la responsabilisation des employés change l’ambiance de l’entreprise. Voir ce qu’il est possible d’atteindre lorsque l’on accepte de modifier le modèle reçu, voir les difficultés auxquelles on peut se heurter, l’incompréhension de l’entourage, les craintes.

Après la projection, un débat, avec pour principal répondant Laurent Ledoux, qui a commencé à transformer ainsi le ministère belge des transports. Ses difficultés, ses réussites.

Peut-on faire changer le monde en s’attaquant également au marché du travail ?

Oui, le monde peut changer ! Et ceux qui y croient, heureusement, sont de plus en plus nombreux, même s’ils restent minoritaires…

Dans le programme de conférences du festival d’Autun, dans le cadre du thème “Révolutions dans l’éducation”, figurait le nom d’Eline Snel.
(Ainsi que ceux de Céline Alvarez, et d’Isabelle Filliozat )

Pourquoi cette hollandaise, auteur de Calme et attentif comme une grenouille était-elle invitée à donner une conférence sur ce thème ?
Parce que la pleine conscience est en plein développement dans nos écoles, avec des résultats trés positifs !

La conférence se déroulait en 2 temps, Eline Snel parlant en anglais, et Catherine Meyer, éditrice aux éditions Les Arènes, traduisant. Est-ce la raison pour laquelle cette conférence manquait de dynamisme ? Je ne crois pas, mais j’ai pourtant senti que ce n’était pas très clair pour les novices.

C’est pourquoi je voudrais compléter ce compte-rendu d’un entretien avec une amie, qui a suivi la formation d’Eline Snel il y a 2 ans et anime depuis des ateliers de pleine conscience dans les écoles. J’ajouterai un lien dans cet article dès que cet entretien sera fait !

La rapidité avec laquelle cette pratique s’est répandue est assez extraordinaire.
Eline Snel, mère de 4 enfants (et de 9 petits-enfants) pratique la pleine conscience depuis plus de 30 ans.
Il y a 12 ans, des professeurs lui ont demandé une formation pour les enfants. Il n’existait rien encore. Elle avait donc une totale liberté pour aborder son sujet. Cela lui a pris plusieurs années. Elle s’est rendue dans les écoles pour apprendre des enfants. Pour savoir comment leur enseigner.
Elle a observé comment les professeurs leur demandaient de se concentrer, sans pour autant leur montrer comment se concentrer ; comment ils leur demandaient de se calmer, sans leur montrer comment se calmer !

Pour faire passer les notions de la pleine conscience aux enfants, Eline Snel avait besoin d’une métaphore. Et elle l’a cherchée quelques mois, jusqu’à trouver l’image de la grenouille.

La grenouille sait être immobile et ne bouger que lorsque c’est nécessaire.
Le mouvement du ventre de la grenouille permet d’observer sa respiration.
La transformation du têtard peut servir de métaphore pour l’ado…

Et, d’abord :

La grenouille peut faire de grands bonds, comme notre cerveau.

Notre cerveau a une pensée toutes les 2 secondes, donc des milliers dans une journée.

Dans notre cerveau, il n’est pas difficile d’être ailleurs, d’être hier…
La première étape de la méditation, c’est d’apprendre à etre conscient du fait d’être présent ou non. D’être “ici et maintenant”.
Ce n’est pas évident. Comme un instrument, ça se travaille. La pleine conscience permet de travailler le “muscle de l’attention.” D’après eline Snel, après seulement “ ou 4 semaines de méditation, à raison de 5 à 10 minutes par jour, on voit déjà une différence.
(Cette conférence n’est pas étrangère à mon envie de me poser ce défi de méditation quotidienne cet été, et je ne sais pas si je peux dire que je vois une différence, mais il m’arrive régulièrement de penser consciemment à être présente !)

D’après Eline Snel, c’est toute la différence entre l’enseignement de la pleine conscience et l’enseignement traditionnel : à l’école, l’information passe souvent de l’extérieur vers l’intérieur. Avec la méditation, on attend que l’attention veinne de l’intérieur, ou plutôt, la méditation donne la possibilité à ce qui est déjà à l’intérieur de sortir au moment opportun, à son rythme.

Pourquoi les enfants sont-ils stressés ?

On attend des enfants qu’ils soient de petits savants : la plupart des compétences qu’on leur enseigne sont cognitives. On ne leur ensiegne rien sur leur monde intérieur. Pourtant, ils savent tous qu’ils ont un monde intérieur, et ils sentent quand ils ne sont pas fiers de ce qu’ils ont fait, par exemple. Mais comme personne ne valide leur monde intérieur, ils ne lui font pas confiance.
(Tiens, ça me fait bigrement penser à la validation des sentiments, ça !)
Il s’agit donc de donner aux enfants l’opportunité de se connecter à leur richesse intérieure.

Le programme de la grenouille dans les écoles

Le programme qu’Eline Snel a finalement créé est conçu pour se dérouler sur 8 semaines (8 séances plus celles confiées à l’instituteur) et correspond à 3 parties :
– observer le mondre intérieur, les émotions ; comment entrainer le muscle de l’attention
– comment répondons-nous à notre monde interne, une fois qu’on en est conscient
– comment entrainer le muscle de la compassion
et ce programme est en train de se répandre comme une trainée de poudre.
La pleine conscience est présente partout, répondant à un véritable besoin de changer nos méthodes éducatives.
La révolution dans l’éducation a donc déjà commencé !

Devant ce programme, chacun apprend à son rythme, et voit ce qui résonne en lui.
Les enfants se sentent libres de sentir leurs émotions au lieu de les rejeter.
Cela commence dans le “cours” de méditation, parce que c’est un environnement où l’enfant est en sécurité. Normalement, on parle peu d’émotions à l’école.
Eline Snel raconte l’histoire d’une petite fille qui après le premier cours sur les émotions, s’était mise à pleurer, pleurer, et auquel un petit garçon avait dit : “Je suis content que tu pleures.”
En acceptant ses émotions et celles de l’autre, l’enfant apprend l’empathie.
Sans pour autant cherhcer de solution à l’émotion.

Dans un deuxième temps, les enfants apprennent que les pensées ne sont pas faits.
Une pensée peut être une idée, ou une image, ou un bruit. Dans tous les cas, on peut imaginer un bonhomme à l’intérieur, qui raconterait des histoires…
On ne peut pas arrêter de pender, mais on peut arrêter de considérer que toutes ces pensées sont vraies.

Enfin, les enfants apprendront que la compassion commence par nous-mêmes.

Et je reste sur cette pensée : je crois que nous aussi, nous devrions bien nous mettre à apprendre cela, non ?

J’ai eu la grande chance d’écouter, par 2 fois, la conférence de Céline Alvarez au festival d’Autun : les rendez-vous de juillet 2017.

Quand on commence à écouter Céline Alvarez, on voudrait que cela ne s’arrête pas. Un tel élan, un tel enthousiasme, une telle lumière se dégage d’elle, qu’on voudrait la suivre, se laisser porter, croire avec elle en un monde meilleur !
Elle-même d’ailleurs a du mal à s’arrêter, à ne pas se laisser entraîner, à renoncer à ce qu’elle pourrait encore nous dire, et c’est magique !

Son histoire

Céline a grandi sur la dalle d’Argenteuil, et raconte que, très jeune, elle était désespérée de voir tant de ses camarades s’étioler face au système, autant que les enseignants.
“Les enseignants faisaient leur max pour aider la population qu’ils avaient devant eux, et ils s’épuisaient.”
Elle se retrouvait ainsi souvent face au proviseur, pour lui signaler que cela ne pouvait durer, que quelque chose devait changer ! En vain…

Devenue adulte, elle s’est consacrée à l’étude des méthodes d’apprentissage. Il lui est apparu qu’il existait de grands invariants, qui avaient été pressentis par de grands pédagogues, tels que Freinet, Montessori, Seguin, pressentis par nous tous également ; auxquels les études scientifiques plus modernes permettaient de donner une forme précise.
A ces grands invariants, elle donne le nom de “Lois naturelles de l’enfant”, titre de son livre.

En réalité, précise-t-elle, ces lois dans les manières d’apprendre sont les mêmes pour les adultes que pour les enfants, elles sont simplement plus prévalantes chez les enfants dont le cerveau a une plasticité cérébrale plus forte.

Ces lois permettent, selon elle, d’aller dans le sens de la vie, plutôt que de lutter constamment contre.
Car elle pense que le système scolaire n’est pas physiologique, en ce sens qu’il n’est pas adapté, ni à la manière d’apprendre, ni à la manière d’enseigner. Ainsi, tout le monde s’épuise, enfants et enseignants. Elle n’est pas la première à le dire, bien sûr. Nombre d’initiatives individuelles ont déjà été prises.

Son action vise à aider à ce que ces initiatives isolées se multiplient. Elle parle d’un acte politique plus que pédagogique. Et franchement, l’expérience est impressionnante. Je parle pour moi, cette fois, m’interrogeant : comment peut-on ne pas être convaincu lorsqu’on voit les résultats de son expérience à Gennevilliers ??
Mais allons-y doucement.
Avant de parler de Gennevilliers (trop brièvement car elle n’en aura plus vraiment le temps en fin de conférence), Céline choisit de nous présenter ces lois naturelles.
Accrochez-vous, c’est passionnant !

La plasticité cérébrale

Le principe est le suivant : nous sommes nés pour apprendre, et apprenons constamment sans effort.

En effet, notre cerveau est en construction dès le départ. Les circuits neuronaux se construisent par les expériences. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que l’intelligence humaine dépend principalement de l’environnement. (Pour en savoir plus sur ce point, si le thème vous intéresse, je vous encourage vivement à lire Les lois naturelles de l’enfant, son livre, qui entre plus dans le détail que cette conférence de Céline Alvarez)

Ainsi, si un enfant a des troubles d’apprentissage, c’est souvent qu’il y a un problème dans l’environnement. Cela peut être les paramètres pédagogiques, ou bien l’alimentation, le sommeil…A la remarque “Vous avez dû beaucoup les pousser !” qu’on lui a souvent faite après l’expérience de Genevilliers, Céline Alvarez répond d’ailleurs par la négative, précisant que la démarche n’a pas été de pousser, mais bien d’arrêter d’entraver !

La motivation

Les faits : nous ne sommes pas prédisposés à retenir quelque chose qui ne nous intéresse pas.
Cela a été observé : pour apprendre bien, il faut d’abord être motivé et enthousiaste ; sinon les zones de l’apprentissage du cerveau sont très faiblement activées. (Ca me fait bigrement penser à ce que disait André Stern, ça…)

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de fournir à l’enfant un environnement de qualité, avec des personnes de qualité, mais il faut également chercher à susciter son enthousiasme !

Et pour cela, deux axes clef, pas faciles à implémenter.

Permettre un libre choix d’activité

En effet, l’activité imposée n’est pas la meilleure façon d’enseigner. Car quand l’activité est imposée, l’enfant n’est pas motivé, et quand il n’est pas motivé (je le répète, parce que ça en vaut la peine, tellement ça va à l’encontre des fonctionnements de nos écoles), les zones d’apprentissages de son cerveau sont très faiblement activées.
Ainsi, physiquement, il n’apprend pas. Ou, du moins, il apprend peu. Il pourra apprendre, mais à condition d’y mettre beaucoup d’énergie…

Pour certains élèves, ce blocage cérébral, c’est la source d’une complète perte de confiance en eux : “Je vais à l’école, je fais mes devoirs, mes parents me payent des cours particuliers, et je n’y arrive toujours pas ! Conclusion : je suis nul.”

Ce qu’on leur enseigne n’est effectivement pas si compliqué, mais on le leur présente de façon non intéressante. Et comme, malgré le peu de complexité de ce qu’on leur demande, ils ont du mal à apprendre (du fait de leur manque d’interêt), on baisse nos attentes. Ce qui rend les choses encore moins intéressantes, et on entre dans un cercle vicieux !

Pour apprendre bien, l’être humain doit en avoir envie. Qu’il choisisse ce sur quoi il va travailler répond à ce critère.

Face à cette idée de libre choix d’activité, certains s’effrayent. « Alors, on doit laisser les enfants faire ce qu’ils veulent !? » En fait, si par « ce qu’ils veulent » celui qui demande veut dire « n’importe quoi », alors non. Mais Céline Alvarez les a laissés faire ce qu’ils aiment, pas ce qu’ils veulent.

En réalité, nos enfants ont des ambitions bien plus hautes que celles que nous avons pour eux. Lorsqu’on sous-estime son ambition, on s’interpose entre le monde et l’enfant. C’est encore une entrave.

Car franchement : les enfants arrivent en maternelle à l’âge de 3 ans. Avant cela, ils ont appris à marcher seuls, à jouer au ballon, à tenir leur cuillère… et tout un langage ! Seuls ! Mais pour les 3 années suivantes, on va leur demander d’apprendre à compter jusqu’à… 30.. et à reconnaitre les 26 lettres de l’alphabet.
Mais un enfant qui commence à compter, vous avez dû vous en rendre compte, a rarement envie de s’arrêter ! – Cet été, mon fils de 5 ans, qui a compris les dizaines et les centaines, n’avait de cesse de compter jusqu’à 1000, et a adoré construire 10 colonnes de 10 cailloux avec moi pour compter de 10 en 10 jusqu’à 100 puis de 100 en 100 jusqu’à 1000, illustrant bien ce que nous disait là Céline Alvarez lors de cette conférence ! (et plus récemment, son enthousiasme l’a amené à l’infini !!) –

Si on laisse les enfants faire ce qu’ils aiment, ils vont vouloir conquérir la culture de leur environnement. Ils sont prédisposés à cela : ils ont des circuits à construire !!

Seulement voilà, on enseigne à nos enfants à se déconnecter d’eux-mêmes : si l’enfant veut apprendre à lire en maternelle, on lui explique que ce n’est pas le moment, et on coupe son élan. Non, à la place, on lui imposera plutôt d’apprendre à lire plus tard, quand il n’en aura peut-être plus envie…

Dans une école traditionnelle, les enfants qu’on n’a pas réussi à déconnecter d’eux-mêmes posent problème. On ne sait pas quoi en faire. Ils sortent trop du cadre.
Dans un environnement libre, au contraire, ils chercheront à répondre à leur soif naturelle d’apprentissage et avanceront vite ! Et les autres, il faut commencer par les reconnecter à eux-mêmes. Peut-être tout simplement en leur demandant : “Que veux-tu apprendre ? » ?

La motivation endogène

Deuxième axe qui va à l’encontre de beaucoup de nos pratiques classiques. Car pour cela, il faudra couper la motivation exogène, car elle ne fait que court-circuiter la motivation endogène.
Par motivation exogène (soit externe), on entend tout ce qui vient chercher à motiver l’apprentissage pour autre chose que l’apprentissage. C’est le cas des récompenses. « Si tu as une bonne note à ceci… », ou même en fait, de la note elle-même. L’apprentissage a lieu parce que l’enfant veut apprendre. Et nous n’aurons jamais autant d’impact que cette motivation endogène.

Est-on prêt à laisser l’apprentissage se dérouler sans note ? A laisser l’enfant s’évaluer ?

L’erreur

On ne peut pas apprendre sans se tromper.

En fait, notre cerveau fait des hypothèses, des prédictions et les teste.

C’est l’effet de surprise, c’est à dire la différence entre la prédiction et le résultat, qui crée les réajustements neuronaux. Et de ces réajustements découlent les apprentissages.

A l’école, on demande souvent aux enfants de ne pas se tromper. C’est aller à l’encontre des mécanismes d’apprentissage ! Il y a de quoi faire des phobies scolaires…

L’autonomie

On aborde là un point fondamental (et bien difficile à mettre en place dans nos écoles) : il faut une réponse pédagogique individualisée. L’intelligence humaine se développe essentiellement lorsque l’enfant peut être accompagné vers l’autonomie.

Comme l’expliquait déjà Maria Montessori, l’élan de l’enfant est : “Laisse-moi faire seul !”
C’est ainsi que les compétences exécutives peuvent s’exercer et se développer.

Que sont ces compétences exécutives ?

Ce nom est donné à trois fondations biologiques de l’apprentissage :

  • la mémoire de travail = mémoriser des actions sur un temps court, et les mettre dans le bon ordre.
  • la flexibilité cognitive = capacité de savoir détecter puis surmonter notre erreur, en réadaptant notre démarche. La flexibilité cognitive est la mère de la persévérance et de la créativité.
  • le contrôle inhibiteur = capacité de différer une envie pour rester fixé sur un objectif.

Chacune de ces compétences exécutives est nécessaire pour atteindre un objectif.
Selon le centre de développement de l’enfant d’Harvard, si ces compétences sont sous-développées, l’enfant aura du mal à suivre les consignes. Et il suffit que deux enfants dans une classe aient des compétences exécutives sous-développées pour que ça mette toute la classe en situation difficile, et engendre un burn out de l’enseignant(e) !
Ca donne le vertige, non ?
Voilà pourquoi un étayage individuel est indispensable. L’étayage collectif du prof face à 30 élèves demande une énergie colossale qui épuise !

Une priorité donc : accompagner l’enfant dans la conquête de l’autonomie.

Et ca a effectivement été celle de Céline Alvarez dans sa classe de Gennevilliers, comme nous le verrons ci-dessous.

Pour cela, il s’agit surtout de faire un pas en arrière et de laisser faire.
Car la nature est bien faite, et l’enfant a un élan naturel vers la recherche d’autonomie (tiens, voilà pourquoi Céline Alvarez parle de “lois naturelles” !). D’ailleurs, dès tout petit, il nous dira : “Moi tout seul !!” Ce n’est pas de nous qu’il l’a appris, si ??
Il faudra donc “juste” accompagner l’enfant quand il demande à faire seul.

Un exemple donné par Céline Alvarez : le petit qui demande à prendre la cuillère lui-même.
C’est un exemple parlant, parce qu’on voit là à quel point le développement de ses compétences exécutives lui tient à coeur : dans le fond, il a faim, mais il est encore plus important de nourrir sa faim cognitive, quitte à perdre une partie de sa purée…
A nous dans ce cas de faire appel à notre contrôle inhibiteur pour le laisser développer ses compétences exécutives. C’est son tour.
Changeons notre posture : l’autonomie, ça se construit beaucoup avec l’autre, qui peu à peu s’efface.

La reliance : le besoin de rester en lien humain

Dernière loi, et la principale. Le reste, sinon, ne sert à rien, selon Céline Alvarez.
Il s’agit du lien social. Un lien positif, chaleureux, empathique, soutenant, bienveillant.
On rejoint sur ce point ce que diffuse Catherine Gueguen : la seule intention bienveillante entraîne une sécrétion moléculaire, un processus régénérateur. Le lien social a un réel impact sur les neurones et sur leur développement. Le stress freinera celui-ci, la bienveillance l’encouragera.
Ainsi, une attitude empathique face à l’enfant permet à la zone de l’empathie de meiux se développer, or cette zone du cerveau – le cortex préfrontal – sert aussi à la prise de décision.

Ici, Céline Alvarez va effectivement plus loin que Maria Montessori en son temps, car elle s’inspire également des résultats plus récents des neurosciences

Ainsi, le matériel, le nombre d’élèves par classe, sont des paramètres importants mais non fondamentaux.
Le principal, c’est la réponse de l’adulte, le lien avec l’enfant. Faire preuve face à lui d’un étayage bienveillant.

A l’inverse, la rupture du lien social bienveillant entraîne un stress organique. Entre enfant et adulte, mais également pour les enfants entre eux.
D’ailleurs, les enfants qui décrochent tombent souvent dans la violence, envers eux-mêmes et les autres (d’où un accroissement de la violence en France).

L’expérience de Céline Alvarez

L’exposé de ces lois étant fait, nous pouvons revenir à l’histoire de Céline Alvarez.
Passionnée de questions d’éducations, elle était prête à lancer une expérience soit en Haïti, soit au Mozambique, lorsqu’elle est repassée par la France.
C’est là qu’elle a entendu ce chiffre incroyable : en France, 40% des enfants sort du primaire avec des lacunes telles qu’elles les empêcheront de poursuivre une scolarité normale.
Cela l’a encouragée à rester en France, pour mettre un gros coup de pied dans la fourmilière.
Car bien des initiatives existent déjà, heureusement, mais elles sont très isolées.
L’éducation traditionnelle dans nos écoles et pourtant à revoir, car, en ne respectant pas les lois naturelles, nos enfants trinquent, puis la société trinque !

Céline Alvarez a donc passé son diplôme d’institutrice, a exercé d’abord un an à Neuilly,
(Elle explique d’ailleurs que les places n’y étaient pas chères car les instituteurs sont souvent en position inconfortable, entre des parents qui encouragent leurs enfants à apprendre, et des programmes qui demandent qu’on les limite…), puis a réussi à obtenir une “carte blanche” de 3 ans pour diriger une maternelle à Genevilliers.
Sa décision est un acte politique. Son idée de montrer qu’on peut enseigner autrement, et que cela change tout !
Car les enfants de Gennevilliers ont un chemin tout tracé : leur retard est tel dès le départ qu’on prévoit déjà pour eux un échec au CP, en 6è, et pas de bac.

Dans la classe de Genevilliers, pendant 6 mois, aucun enseignement formel n’a été dispensé.
Pendant 6 mois, la seule priorité a été : l’autonomie !
Autonomie dans le langage, dans les émotions, les dessins, la peinture.
Pour soutenir le développement des compétences cognitives. C’est tout.

Ensuite seulement, sont venues les activités de lecture, de mathématiques, et autres.
A la fin de cette conférence, Céline Alvarez n’a pas le temps de parler des résultats, mais, pour avoir lu son livre, et d’autres documents, ils sont incroyables !!
Les élèves sont entrés avec enthousiasme dans la lecture, surprenant leurs parents, et lisant mieux que leurs grands-frères ; leur compréhension mathématique en fin de grande section a dû être testée avec des échelles des CE2, sur lesquelles ils étaient en général positionnés au maximum. Et tout ceci, je le rappelle, sans qu’ils soient poussés, mais bien encouragés à suivre leur élan !

Aujourd’hui, face au message de Céline Alvarez, il y a encore des résistances, mais également un réel engouement ! De plus en plus d’initiatives sur le territoire.
Un vent nouveau souffle sur l’éducation…

Plus le temps passe, et plus je me rends compte à quel point la parentalité positive est une question de rythme. Pour réussir à en appliquer les principes, il ne faut pas être dépassé par le quotidien. C’est ce qui en fait la difficulté, je crois.
Nous vivons dans un monde dans lequel l’immédiat prime, et les parents ne sont pas toujours prêts à réfléchir à long terme.

Au début de l’année, j’ai répondu à un appel à témoins du magazine « Grandir Autrement » (numéro 63, mars/avril 2017) pour un article intitulé « la nécessité de s’accorder des pauses ».

Sophie Elusse y parle d’abord de la pause qui nous permet de vous ressourcer. Parce qu’avant de pouvoir aider l’autre, et en particulier nos enfants, il faut être en état de le faire. Donc, prendre soin de nous. Bien sûr. (De là, d’ailleurs, ma décision récente de me mettre réellement à la pratique de la méditation en pleine conscience)

Dans le livre Parents respectueux, enfants respectueux, est évoquée l’image du masque à oxygène des avions : mettre le sien pour être en mesure d’aider l’autre. Ce n’est pas la première fois que j’entends cette image, et je l’aime bien. Elle illustre bien le fait que prendre soin de soin n’est pas égoïste, c’est aussi faire en sorte d’être en mesure de prendre soin de l’autre !

L’article fait ensuite écho à ce que j’avais mis en avant dans mon témoignage, sur les pauses de réflexion éducative.
Etre parent est un rôle difficile, parce qu’il met nos nerfs à l’épreuve.
Autour des notions de parentalité positive, ou d’éducation bienveillante, on constate que certains parents en ressentent surtout de la culpabilité, parce que, si le modèle est attirant, il parait hors d’atteinte…
Certains prennent de bonnes résolutions, décident qu’ils ne vont plus crier… puis sortent de leurs gonds, parce qu’ils sont humains, et démunis. Et surtout, parce qu’ils ne s’arrêtent pas.
Je crois que c’est là qu’on a tous besoin d’une pause. Une pause que je qualifierai d’éducative.
Une pause qui va nous permettre de prendre de la distance par rapport à la situation. Pas de l’oublier, mais d’y réfléchir. Pouvoir sortir de notre réaction immédiate pour analyser le problème, et réfléchir à la façon de l’aborder.

Extrait de mon témoignage dans l’article :

Ainsi, Coralie, maman de quatre enfants, envisage la pause comme « nécessaire également en gardant les enfants dans l’équation. Quand je lis des livres d’éducation, j’ai le sentiment de faire une pause, parce que je m’arme pour la famille. J’apprends les compétences qui vont me permettre d’apporter plus d’harmonie à la maison. Ce n’est plus une pause pour autre chose, c’est une pause pour eux. Pas avec eux, mais pour eux. […] Pour moi, voilà la pause fondamentale. Celle qui nous aidera à poursuivre plus sereinement. Celle qui non seulement aidera à débloquer la situation, mais également à nous rendre plus fort en tant que parent. Parce qu’on aura pris le temps de choisir la bonne solution. Il y a souvent plusieurs façons de voir les choses. Et ce n’est pas sous le coup de la colère qu’on va les voir positivement… Alors, mon astuce, si je ne dois en garder qu’une, c’est de faire des pauses, seule ou en couple, qui sont en fait des “moments éducation”, des moments où l’on prend du recul, pour pouvoir décider plus sereinement du chemin à prendre. Et c’est souvent un cercle vertueux: plus on trouve le temps de faire ces pauses, moins il y a de stress à la maison, et moins on en a besoin! »

Enfin, apportant sa touche plus personnelle, l’auteure parle des pauses avec les enfants. Celles dans lesquelles on les inclut : on oublie pour un moment la liste de tout ce qu’il y a à faire, pour choisir plutôt un vrai moment partagé.
Et elle a raison de dire que c’est également important : c’est ce qui nous permettra de nourrir le lien, lien qui est à la source même de la coopération que nous cherchons à développer entre eux et nous !

Et vous, quel type de pauses vous accordez-vous ?

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Adora Svitak a maintenant 19 ans, mais elle écrit et blogue depuis l’âge de 7 ans, et a donné ce TED Talk à 12.

C’est un vrai enseignement : voir l’enfant à travers les yeux de l’enfant, pas de l’adulte. Adora nous engage à leur faire confiance, et à les écouter. Car ils ne sont pas encore limités par ce qu’ils savent être possible ou pas, leur imagination est ainsi plus ouverte, ils peuvent nous apporter beaucoup !

A l’inverse, je note une phrase assez fondamentale de ce Talk : si nous en attendons peu de nos enfants, ils risquent fort de ne pas dépasser nos attentes…

De temps en temps, certains de mes contacts m’envoient des liens vers des articles ou des conférences de parentalité positive. C’est chouette, ça me permet d’avoir sans cesse quelqu’un en veille pour moi…

Il y a plusieurs mois, une amie m’avait envoyé le lien d’une conférence web intitulée
« How to get kids to listen without nagging, reminding, or yelling »,
ce qu’on pourrait plus ou moins traduire par : « Comment faire pour que les enfants écoutent sans harceler, répéter, ou crier », proposée par un site de formation en ligne : positive parenting solutions.

La conférence était vraiment bien, et complètement en ligne avec ce que j’apprenais de mon côté. Du coup, je me suis inscrite à la formation complète en ligne.
Je ne le regrette pas.

La formation en ligne est organisée en 6 modules, plus des présentations de « spécialisation » spécifiques. Des heures et des heures de formation en ligne, en video principalement.
J’y ai appris beaucoup de choses, et les conseils donnés sont très concrets.
C’est là par exemple que j’ai d’abord entendu parler du « moment particulier ».

Plus j’avance en parallèle dans mes lectures, plus je me rends compte que les principes de cette formation sont très proches de ceux de la discipline positive de Jane Nelsen, dont je suis, ça tombe bien, tombée amoureuse !

Et peu importe s’il y a des répétitions entre les deux : chaque regard sur les principes est différent, chacun a sa façon de les vivre et de les présenter, et peut ainsi ajouter sa pierre à l’édifice.

Plus je diversifie mes sources d’apprentissage, mieux je me sens armée, face à mes enfants d’une part, et aux mamans que je cherche à accompagner d’autre part !

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Eduardo Briceño fait ici clairement la différence entre la zone d’apprentissage et la zone de performance.

Il explique que pour améliorer sa performance, il convient d’entrer dans un processus d’amélioration continue, dans lequel on accepte de passer également du temps dans la zone d’apprentissage. Celle dans laquelle on peut s’attendre à faire des erreurs, mais on les accepte, parce qu’elles font partie de l’apprentissage.

Passer du temps à apprendre, c’est ce que je fais au quotidien en continuant à avancer sur ce chemin de la parentalité positive. Accepter d’y faire des erreurs, également.

Est-ce la raison pour laquelle ce TED talk m’a parlée ?
(malheureusement, pas de sous-titres en anglais au moment où je mets ce lien en ligne)

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Récemment, nous discutions récompenses avec des mamans d’un de mes ateliers.

Pourquoi les récompenses sont également à éliminer ; punitions et récompenses, même combat ! Car dans les deux cas, c’est un contrôle extérieur. Les 2 correspondent à la méthode du bâton et de la carotte. Promis, je ferai bientôt un article spécifiquement sur ce sujet.

Cependant, cette conversation s’est élargie pour s’ouvrir sur la motivation, et j’ai conseillé à la maman de voir ce TED talk de Dan Pink, que j’avais vu il y a bien longtemps, et que je me souvenais avoir trouvé excellent !

Du coup, suivant mon propre conseil, je l’ai revu, et il est effectivement à partager, ce que je m’empresse de faire ici ! Bien que nous sortions du cadre des enfants, les notions restent liées.

Dan Pink explique ici dans quelle mesure offrir des récompenses fonctionne ou pas.

En résumé : ça fonctionne seulement si la tâche à effectuer ne nécessite aucune réflexion !!

Il s’interroge ainsi sur la façon dont fonctionnent les entreprises, sans tenir compte de ces informations qui sont pourtant bien sues et confirmées par diverses expériences…

Passionnant.

Il n’y a pas très longtemps, je vous ai parlé du bénéfice du « moment particulier » pour remplir le besoin d’attention des enfants. Un moment en tête à tête avec un parent, pendant lequel ils n’ont pas à lutter ni avec notre téléphone ni avec un frère ou une soeur pour avoir notre attention pleine et entière.

Seulement voilà, quand on commence à le mettre en place, il y certains aspects pratiques qui ne sont pas toujours facile à gérer.

Je vais en aborder deux aujourd’hui :

1- Comment terminer le moment particulier quand l’enfant voudrait qu’il continue ?

Il y aura forcément une période de mise en place pendant laquelle l’enfant, heureux d’avoir le parent pour lui seul, ne voudra pas voir ce moment toucher à sa fin !

Que ça ne vous fasse pas renoncer, au contraire : si l’enfant en veut plus, c’est bien le signe qu’il n’en a pas assez !!  Il faut donc accepter qu’il y ait une certaine période d’apprentissage, et c’est bien normal.

Que pouvons-nous faire pour aider cet apprentissage ?

  • D’abord, on choisit si possible une activité courte : un petit puzzle, une histoire, une petite activité manuelle… La transition sera plus facile à accepter si l’activité est terminée !
  • Dans le cas où l’activité serait trop longue, on peut décider d’un endroit physique (un petit tapis comme dans les classes Montessori est parfait, par exemple) sur lequel l’activité reste, et auquel on ne touche pas avant le moment particulier suivant.
  • On peut choisir de mettre une minuterie. Dans ce cas, surtout pour les plus petits, choisir une minuterie qui permet de voir physiquement le temps qui s’écoule et se rendre compte de la partie qui reste (comme un cercle avec une couleur qui décroit), et pas une minuterie à chiffres… Sinon la fin arrive sans que l’enfant s’y soit attendu ! Il existe des applications pour de telles minuteries.
  • Quand le moment arrive, recevoir l’émotion avec empathie !! (Rien de neuf ici, n’est-ce pas ?)
    « C’est difficile de finir ce moment particulier ! », évoquer le futur : « J’ai hâte d’avoir notre prochain moment particulier ! »
  • et le mieux : lui rappeler quand sera ce prochain moment particulier ! (de l’intérêt de l’avoir planifié, ce qui n’est pas du tout le cas chez nous pour l’instant…)
  • Si l’on constate que cela reste difficile, il peut être bon de prévoir une autre activité intéressante pour suivre, que l’enfant pourra faire à côté de nous, par exemple dans la cuisine pendant que nous préparons le repas. (Oh, le beau cliché de la maman aux fourneaux… Il reste cependant pas mal vrai, qu’on le veuille ou non !)

Dans tous les cas, rester ferme sur la fin du moment.
Ne pas renforcer le « Encore 5 minutes, mamaaan… » en concédant à contre-coeur…

Au fur et à mesure, les transitions seront plus faciles si on arrive à être constant dans l’organisation de ce moment.

2- Comment faire en sorte que ce moment ne soit pas interrompu par un autre membre de la fratrie ?

Encore une fois, il y aura une période de mise en place pendant laquelle il y a fort à parier que le frère pointera le bout de son nez ! Que peut-on faire pour aider à l’apprentissage du respect du « moment particulier » de l’autre ?

  • On peut en amont travailler sur une liste d’activités à faire pendant que le parent est avec l’autre.
  • On peut aussi mettre en place une minuterie visuelle pour celui qui est à l’extérieur, pour qu’il puisse également appréhender le temps passé et restant.
  • Surtout : le frère (ou soeur) intervient en général parce qu’il veut parler au parent : donnons-lui un papier avant, en lui expliquant que s’il a quelque chose à nous dire, il peut l’écrire (ou le dessiner)  pour ne pas l’oublier. Quand le « moment particulier » de son frère sera terminé, on le regardera avec plaisir.
  • Ne pas hésiter à faire ces moments avec des tout petits (avec lesquels on a déjà des moments comme ça, la question est simplement de les nommer !), ça aidera le grand à apprendre et respecter le fait que chacun y a droit.

Voilà, si vous parvenez à mettre ça en place, dites-le moi, ça m’intéresse !!

Au détour de ma formation en ligne, j’ai entendu parler d’une expérience très simple qui m’a semblé pleine d’enseignement.

Une feuille d’exercices est donnée à des élèves de CM2.
A la moitié d’entre eux, on présente 2 exercices difficiles, puis un « normal ».
A l’autre moitié, on présente 2 exercices faciles, puis le même « normal ».
Les élèves ne savent rien.
L’expérience prouve que les élèves du 1er groupe, ayant été mis en position d’échec par les premiers exercices, réussissent moins le dernier exercice que ceux du 2è groupe, qui ont, eux, été mis en situation de réussite…

Il semble que la confiance en soi s’acquière bien par l’expérience !!

Moi qui expliquais à ma fille, lorsque nous travaillions le français ensemble (puisqu’elle ne le fait pas à l’école ici) qu’il était normal qu’elle trouve les exercices difficiles, qu’un exercice qu’elle aurait trouvé facile lui apporterait moins, j’en prends de la graine.

N’oublions pas de mettre nos enfants en position de réussite !