C’est incroyable comme cette méthode de validation des sentiments fonctionne bien avec Léon (4 ans et demi) !

Je l’avais tout d’abord apprise dans Parler pour que les enfants… Puis déjà appliquée, et je continue.

La semaine dernière, il m’explique que son camp d’été à l’école ne lui plait pas, parce que dans la salle où ils sont, il n’y a pas de table comme dans sa salle de classe habituelle, et ils n’ont donc pas l’autorisation de manger quelque chose en arrivant. (Ce qui était visiblement sa façon de prendre le temps d’entrer dans l’environnement.)
Je lui commente : « Tu sais ce qui serait chouette ? S’il y avait un trou dans le mur de ta classe, comme ça, tu pourrais te glisser dedans pour aller prendre ton snack sur les tables que tu aimes bien ! »
Problème terminé.

Ce matin, nous arrivons à l’ėcole quand je remarque que nous avons oublié le jeu que l’on devait apporter pour partager. Pas de problème, Léon m’explique que je n’ai qu’à retourner le chercher et revenir le lui apporter. Ah non, je ne vais pas faire ça, ça me prendrait trop de temps… Il pleure.
Je ne me démonte pas : « Ce qui serait chouette, ce serait que notre appartement soit juste en face de l’école ici, comme ça, là, je pourrais vite retourner le chercher et te l’apporter, ce ne serait pas trop long ! » Ça l’a fait rire, parce qu’en face de l’école, c’est un hôpital !
Fin du problème.

Je continue à être émerveillée par cette technique toute simple !

Il est rare que l’on exprime clairement ce qu’on ressent.
Parfois, c’est pour ne pas blesser l’autre, parfois, c’est une norme sociale.
L’enfant nous regarde et comprend qu’il ne faut pas.
Il ne faut pas avoir envie que disparaisse ce petit frère qui prend tant de temps à sa maman, il ne faut pas avoir envie de taper le copain qui lui a pris son jouet…

Pourtant, tous ces sentiments sont valables. Il est bien sûr fondamental en revanche de faire la différence entre l’envie et la réalisation de cette envie.
Les sentiments sont valides rien que parce qu’ils sont, comme on l’a déjà dit dans Parents épanouis, enfants épanouis. (chapitre 2 : leurs sentiments sont bien réels)
Dans Au cœur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat revient sur ce point. Empêcher l’enfant de ressentir, c’est brimer sa confiance en soi, son estime : il a tort de ressentir ce qu’il ressent, il doit le réprimer, il est mauvais…
Non, expliquons-lui au contraire qu’il est normal de ressentir : « Tu dois être triste qu’elle te dise ça  ! », on peut même lui montrer qu’on l’accepte avec ses sentiments : « Je comprends que tu sois en colère et je t’aime tout pareil. » (Citation Isabelle Filliozat)

 

Ce matin justement, on en parlait avec Léon (4 ans). Nous traversons une période où son petit frère (2 ans) ne cesse de le taper. Je sais que ça passera, mais en attendant… Pfff… Disons que j’ai hâte que ça passe !
En tout cas, je parlais avec Léon, lui commentant justement qu’on avait hâte qu’Anatole apprenne à ne plus taper, et il m’a fait cette réflexion si juste : « Moi aussi parfois j’ai envie de le taper. Mais je ne le fais pas. » Je suis ravie de constater que cette différence est claire pour lui !
Quant à l’expression de ses sentiments, parfois il dit aussi : « J’ai envie de jeter Anatole dans un volcan ! » Le message est clair…

Hier, j’étais en train de cuisiner, tandis que les 2 petits (4 ans et demi et 2 ans) étaient dans le salon.

Pas en train de jouer, en train de se chercher. L’un ne voulait pas que l’autre touche à cette voiture, mais dès que l’autre commençait autre chose, lui voulait changer aussi… Ça faisait 3 ou 4 fois que je sortais de la cuisine pour essayer de remettre les choses sur les rails, ayant même essayé le « J’ai l’impression que vous avez besoin d’un moment séparés : Anatole, va donc jouer un peu dans ta chambre. » (ce qui dura environ 3 minutes) et je me sentais de plus en plus énervée, frustrée de ne pas pouvoir avoir 10 minutes tranquilles pour cuisiner un peu.
Voilà que j’entends encore des cris, et que je les retrouve en train de se disputer un livre souple, sur le point de se déchirer, chacun tirant un bout !
De suite, j’interviens « Stop, stop STOP, STOOOP !!! »
Là, les 2 lâchent le livre, et se mettent à pleurer, Léon avec en plus les mains sur les oreilles !
Je m’arrête de suite, me mets à leur hauteur et demande :
 » Je vous ai fait peur ?
– Ouiiii… »
J’en étais désolée, mais même a posteriori, je ne sais pas comment j’aurais pu réagir autrement…

« Chaque enfant est unique, il ne s’agit pas d’appliquer des règles théoriques » explique Isabelle Filliozat en parlant du maternage (premier chapitre de Au cœur des émotions de l’enfant ), en en particulier du fait de laisser le bébé dormir dans le lit des parents.

Ca me fait réfléchir.
On entend souvent qu’il ne faut surtout pas, que c’est une très mauvaise habitude ! Et effectivement, c’est ce que nous avons pensé quand nos petits étaient bébés.
C’est très peu arrivé. Il est arrivé évidemment qu’un de nos enfants finisse la nuit dans notre lit le premier mois, simplement parce que je me rendormais pendant qu’il têtait, mais nous n’avons jamais installé l’enfant dans notre lit. Pourquoi ? Peut être parce qu’on savait qu’on ne devait pas le faire, mais surtout parce que j’avais besoin de bien dormir. J’étais épuisée, et les bruits du bébé dans la chambre me réveillaient, même quand lui ne faisait que bouger un peu. Un sommeil réparateur était nécessaire pour moi, et si je devais avoir un autre enfant aujourd’hui, je le mettrais encore à dormir dans une autre pièce.
Cependant, je trouve la réflexion intéressante : c’était la meilleure solution pour nous, mais pas forcément pour d’autres parents, d’autres enfants…




« Ça me fait oui ou ça me fait non ? » (La manière canadienne de poser la question, selon l’auteur)
Moi ça me faisait non, mais ce ne sera pas le cas de tous.

Le week-end dernier, je discutais avec un couple d’amis qui a du mal à faire en sorte que leur petite de 2 ans s’endorme le soir. Elle veut une présence à ses côtés. Je plaisantais : « Laissez-la moi une semaine, plus de problème, elle s’endormira à 20h ! »
Oui, pour moi c’est important que les petits comprennent que l’heure après le coucher est celle de leurs parents, mais c’est parce que j’en ai besoin, tout simplement.
Maintenant je m’interroge : ces parents-là en ont peut être moins besoin que moi ? Cette petite a peut être des raisons d’avoir besoin d’être rassurée ? (On rejoint une des questions à se poser : « Quel est son vécu ? » En l’occurrence un changement de pays récent, donc un univers chamboulé !).
Ces parents arrivent peut être à trouver un meilleur équilibre que ce que je pouvais faire entre ce dont leur fille a besoin et ce qu’ils sont capables de lui donner…
Il faudra que je le leur demande : « Ca leur fait oui, ou ça leur fait non ? »

Retour vers l’article du livre

Dans “J’ai tout essayé !”, un des petits articles est intitulé “Elle fait exactement ce que je viens de lui interdire, et en me regardant dans les yeux !”
Ca nous est tous arrivé, et c’est vrai que c’est énervant !!
Mais Isabelle Filliozat explique que le tout-petit a une intelligence principalement “sensori-motrice”, qui passe pour le mouvement et les sensations physiques. Refaire ce qu’on vient de lui interdire est donc pour l’enfant sa manière d’intégrer le geste interdit, pas de nous provoquer.

 

Dans les jours qui suivent la lecture de cet article, j’en ai des exemples concrets : 
Anatole (2 ans) pose sa brosse à dents par terre. Je lui explique qu’il ne faut pas le faire, et la pose sur le bord du lavabo. Il la reprend, la repose par terre, et me dit “là non”, puis la pose sur le lavabo et reprend “là oui”.
Quelques jours plus tard, nous sommes dans une salle d’attente. Il est assis sur mes genoux pour me faire un câlin, mais la position ne lui convient pas. Il en change puis m’explique : “Comme ça non – en se remettant dans la première position -, comme ça oui.”

 

C’est tellement clair que je me demande comment j’ai pu ne pas me rendre compte de ce besoin avant…

Ça y est ! Nous avons bien appris maintenant à concéder dans l’imaginaire.

C’est un des premiers points que nous avions vus dans le premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.

Depuis, il n’est pas rare qu’on réponde à Léon des choses du type : « ce serait bien si on pouvait apporter nos jouets à l’école… Ce serait bien si on pouvait ne manger que du gâteau au chocolat ! »

Ce matin, j’ai ressenti une grande joie. Nous étions dans la voiture. Nicolas et moi amenions Léon et Anatole à l’école. Anatole pleurait et réclamait son doudou. Léon lui dit : « Anatole, ce serait bien si on pouvait avoir le doudou ! Mais malheureusement, il est pas là. » Anatole s’arrête de pleurer, et nico et moi nous regardons…
La répétition du modèle m’a ravie parce qu’elle prouvait 2 choses : que nous l’avions suffisamment assimilé pour que ce soit devenu un modèle, et surtout que Léon l’avait lui-même intégré comme une méthode d’acceptation face à une situation qu’on voudrait différente.

Nous lui avons donc bien mis une corde de plus à son arc !!

Récemment, Oscar (13 ans) a voulu participer à un concours de dessin pour une couverture de « Roméo et Juliette ». Il en a parlé pendant un moment, partageant ses idées, et il était plutôt excité. Et puis un jour, il s’est enfin mis à dessiner. Seulement voilà, il fallait rendre le dessin une heure plus tard…
Je suis entrée dans sa chambre juste quand il était en train de terminer.
Il n’était pas content de lui : « C’est nul, hein ? »
Évidemment, maintenant, je sais qu’il ne sert à rien de répondre que non ! Je me contente d’un :
« Tu trouves ça nul ?
– Ben oui, regarde, ces couleurs, ce n’est pas ce que je voulais… Je n’aurais pas dû le faire au feutre..
– oui mais.. »
Oups, j’ai failli me faire avoir ! Heureusement, juste à temps, je me rappelle l’exemple du livre Parler aux ados… et en particulier de l’exemple si proche que j’y avais lu ! Je m’interromps.
Il complète : « Oui, mais j’aurais dû m’y prendre avant pour avoir le temps de recommencer. C’est vrai. »
Comme quoi, ils sont bien capables d’apprendre d’eux-même ! Pas toujours besoin de leur faire la leçon !

Oscar (13 ans) a laissé un pot de peanut butter et un couteau sortis.
Je l’appelle, et commente : « je suis fatiguée de te dire toujours les mêmes choses ! »

Lui croit que je parle d’autre chose, il demande :
« Quoi ? J’ai bu à la bouteille ? J’ai laissé traîner mon sac ? Je n’ai pas bien fermé le tiroir des rollers ? »

Et là, je me rends compte qu’il n’a pas bu à la bouteille, qu’il n’a pas laissé traîner son sac, et qu’il a bien fermé le tiroir…

Pourquoi est-ce qu’on ne remarque que ce qui ne va pas ?

Dans le premier chapitre de  Parler pour que les enfants…, Faber et Mazlish suggèrent l’expression créatrice.
J’ai donc essayé avec Léon (3 ans), un jour de crise.

Je regrette de ne pas avoir gardé son dessin pour illustrer ce point !
Il a commencé par dessiner un ligne brisée, s’est tout de suite calmé, et a dessiné la tête d’un bonhomme autour. La ligne brisée en était la bouche…
Le temps de faire le dessin, il n’était plus en colère du tout !

Quelques mois plus tard, j’ai recommencé l’expérience avec Alice (8 ans), qui ne veut pas qu’on sorte le soir.

Je lui ai dit de dessiner et d’écrire ce qu’elle ressentait, et le lendemain, elle m’a montré une page remplie de commentaires.
Là encore, je ne l’ai malheureusement pas gardée.
C’était un peu dans cette idée-là, feuille que j’ai retrouvée ensuite, qui a dû être sa première version. Mais celle qu’elle m’a montrée avait beaucoup plus de commentaidessin-colereres exprimés par la fille, dont « They could have told me before ! »
Alors, je ne sais pas à quel point ça l’a aidée le soir, puisque justement j’étais sortie, mais elle qui avait trouvé l’idée un peu ridicule au départ, était contente de me le montrer le matin, et ça m’a permis de découvrir qu’une partie de sa colère était due au fait qu’elle avait raté l’information plus tôt dans la journée et n’était donc pas prévenue… La prochaine fois, je sais que je m’attacherai à être sûre de le lui communiquer en avance !

Peu après avoir lu la méthode résolution de problème récurrent, à la fin du chapitre 3 de Parler pour que les enfants écoutent.., j’ai décidé de mettre cette méthode en pratique avec Léon, 3 ans, qui réveillait son petit frère Anatole tous les matins, pour jouer un peu avec lui, puis l’abandonner dans son petit lit, pleurant, de sorte qu’on se réveillait également…

On a d’abord parlé de la situation, des raisons pour lesquelles il réveillait son frère, puis de celles pour lesquelles ça nous embêtait nous, puis on a sorti un papier, pour noter toutes les idées de ce qu’on pourrait faire le matin.

resolution-1

Aller dans le salon et rester dans le salon
Rester dans la chambre
Préparer des activités calmes le soir
Préparer une petite boîte / un petit sachet de céréales
Ne pas retourner dans la chambre
Jouer avec Anatole doucement
Cahier pour écrire
Faire des rails avec Anatole
Piscine – pas le matin. parc non plus
Sortir de la chambre à pas de loup
Faire des rails tout seul
On ne peut pas aller au parc le matin
On ne peut pas aller dans l’ascenseur tout seul

Ensuite, on a repris ces idées, et plein d’autres, et on a rangé ça en 2 catégories :

Ce qu’on a le droit de faire le matin tout seul

resolution-2

Dessiner
Manger des céréales
Faire des légos
Jouer aux formes
Faire les mots avec les modèles
Allumer la lumière dans le salon
Se reposer sur le canapé
Jouer au train
Faire le ruban serpent
Regarder des livres

Ce qu’on ne peut pas faire le matin tout seul !

resolution-3

Sortir le chocolat
Retourner dans la chambre
Allumer la lumière dans la chambre
Aller sur le balcon
Partir par l’ascenseur
Crier
Se reposer dans la chambre
Aller chercher son doudou
Prendre les pièces de la boîte rouge
Ouvrir la porte de la chambre de papa et maman
Réveiller Oscar, ou Alice, ou Jessi (notre jeune fille au pair)

Et en guise de conclusion :

Quand Anatole est réveillé, on le droit

d’aller chercher ses doudous, et ses coussins, resolution-4et ses 2 draps
d’aller dans sa chambre

Eh bien, ca a été très efficace : dès le lendemain, il a arrêté de le faire, et ce, pour plusieurs semaines !

(Dans ce chapitre, il manque une étape cruciale, qui est le retour sur le problème quelque temps plus tard, pour discuter de l’évolution des choses, savoir s’il y a re-dérive ou non.
Cette étape est spécifiée lors de l’exposé plus en détail de la méthode dans la version pour adolescents.

L’étape que j’ai du mal à suivre, c’est le suivi justement : revenir dessus pour entériner les choses. On a donc traversé des périodes de « rechute », mais ça y est. Sur ce point en tout cas, le problème est maintenant résolu, Léon ne réveille plus Anatole, et nous dormons mieux le matin !)