Quand nos parents ont des attitudes qui ne correspondent pas à ce que nous cherchons à transmettre à nos enfants, pas toujours facile de savoir comment réagir !

Voici un cas pratique, et quelques pistes…

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Qui n’a jamais rêvé de devenir un parent zen ?
Je dis bien « devenir », en choisissant mes mots, parce que je sais aussi que personne ne l’est vraiment…

Parce que, clairement, la parentalité, c’est pas facile, c’est source de stress, et on est facilement mis à l’épreuve.

Je ne parle même pas de la pression ce cette injonction à être zen, qui rend les choses encore plus tendues, finalement.
Vous vivez ça, vous aussi ?

Dans cet article, je vais donc commencer par casser un peu cette idée de « zenitude » absolue, puis je vais quand même vous embarquer avec moi dans ces 3 habitudes qui pourraient bien vous aider…

Posons le contexte : les attentes du parent zen et les idées classiques

Afin que vous sachiez tout de suite où vous mettez les pieds, je vais commencer par les points suivants :

1- clarifions nos attentes en sachant qu’on ne sera jamais vraiment zen
2- voyons rapidement les premiers conseils classiques pour être zen – qui ne font PAS partie des 3 habitudes que je vais vous présenter

Le mythe du parent zen

Allez… ce n’est pas la première fois que je parle du mythe du parent zen, donc si vous voulez creuser, vous pouvez aller lire l’article du même nom !

Je ne sais pas vous, mais moi, je ne connais personne qui soit toujours zen. A moins – peut-être – d’être un moine bouddhiste, et encore… c’est l’image qu’on s’en fait, mais sait-on vraiment ??

En tout cas, partons, si vous le voulez bien, du constat que personne n’est tout le temps zen.
Et puis… voyons cette question que me suggère google : « comment rester zen avec ses enfants ? »
Ah ah… comment ça « rester » ? Donc déjà, on ne l’est pas vraiment, mais en plus il faudrait le rester quand on est mis à l’épreuve ?

Mais non ! L’idée n’est pas de « rester zen ». Ça, faut pas se leurrer.

Mais ça ne veut pas dire qu’il faut renoncer à savoir comment être zen, pas du tout !

Développer ces habitudes de parent zen dont je vais vous parler vous permettra d’avancer dans la direction qui vous inspire. Ça vous permet de progresser, pas à pas. Et ça, c’est déjà pas mal cool !


L’idée est donc de :

  • être PLUS zen que ce qu’on est
  • savoir comment se comporter dans les moments où on ne se sent pas du tout zen…

Dans cet article, je vais vous parler du premier point : comment être PLUS zen en tant que parent.

Pratiques classiques – autres que mes habitudes : méditation, respiration, etc…

Quand on parle d’habitudes pour être plus zen, on bascule souvent dans la douceur envers soi.

V

Méditation, respiration, yoga… vous connaissez sûrement déjà tout ça…

Je ne cherche absolument pas à discréditer ces méthodes qui sont réellement tout à fait pertinentes !

Cet article répond d’ailleurs au carnaval d’article lancé par le site habitudes-zen.net qui vous présente des tas de méthodes pour ça, et leurs bénéfices.Vous pouvez par exemple aller lire sur ce site l’article de Florine sur comment la méditation peut aider vos enfants à mieux gérer leurs émotions.

La pertinence de ces méthodes

Je sais que ces méthodes sont pertinentes, et j’essaye de les pratiquer comme je le peux également.
Pourquoi sont-elles pertinentes ? Parce qu’elles permettent de prendre soin de nous.

Et on le sait : c’est d’abord en prenant soin de nous qu’on va réussir à prendre soin de nos enfants

Donc, même si les habitudes que je veux partager aujourd’hui avec vous auront une application plus concrète dans votre rôle de parent, je vais commencer par ça quand même, avec toute l’honnêteté dont je sais faire preuve.

La méditation

Quand j’ai découvert la méditation, et en particulier la méditation en pleine conscience, j’ai voulu commencer par la pratiquer moi-même.
A l’époque, je m’étais lancé un défi : 8 semaines de méditation en pleine conscience.
Je l’ai bien suivi, et j’ai aimé le faire !

Mais après ce défi, peu à peu… l’habitude s’est désinstallée…

Et même si mes enfants connaissent cette pratique (en autres grâce au classique « calme et attentive comme une grenouille » d’Eline Snel), je dois avouer que nous ne méditons jamais en famille.

La respiration

Là encore, plusieurs pratiques de respiration s’offrent à nous, et je sais qu’elles peuvent être très efficaces.

J’aime particulièrement ce que propose la cohérence cardiaque, et, si je n’arrive pas, là à non plus, à être constante, c’est une pratique que je remets en place quand je sais que la période va être un peu dense.
Ça me permet de m’ancrer un peu et de baisser le niveau de stress.

En ce moment par exemple (peu de temps avant les vacances de Noël et pas mal de choses à faire…), j’ai une alarme qui sonne tous les jours à 15h pour m’encourager à respirer.
(mon mari s’est d’ailleurs moqué de moi le week-end dernier :
« Quoi ? Ça fait 24h que tu n’as pas respiré ? Ça doit être difficile… »)

Le yoga

Là encore, une pratique que je connais… J’ai fait des heures de yoga, et j’aimais ça, mais je ne garde pas la discipline sans être inscrite à un cours.
(C’est sûr que quand je vivais à Porto Rico, et qu’on faisait le yoga sur la plage, c’était plus motivant !)

Donc dans la théorie, oui : je me lève plus tôt, et je fais un peu de yoga pour bien commencer ma journée.
Dans la pratique, non.

3 habitudes que je mets VRAIMENT en place pour être un parent plus zen

et sans que ça ne me prenne plus de temps… (c’est ça qui fait que je les mets vraiment en place !!)

Habitude 1 : Respecter des temps de pause

S’il n’y avait qu’UNE habitude à garder, c’est celle du TEMPS DE PAUSE.

Ça n’a l’air de rien, c’est précieux.

Je vous explique. (Si vous suivez une de mes formations, vous connaissez sûrement déjà…)

Pourquoi un temps de pause ?

Il y a des moments où nos émotions prennent le dessus.
Et quand elles prennent le dessus, les hormones correspondantes inondent notre cerveau, saturent les connexions neuronales avec notre cortex pré-frontal, et on se retrouve « déconnecté ».

Dan Siegel (je vous ai déjà parlé de « Le cerveau qui dit oui », mais il en parle dès « Le cerveau de votre enfant ») fait un geste avec sa main pour montrer cette déconnexion : en gros, toute la partie pré-frontale – notre tour de contrôle – devient inaccessible.

Si vous voulez voir son explication à ce sujet : voici sa vidéo du « hand model of the brain » (en anglais).

C’est dans ces moments-là qu’on dit des choses qu’on regrette ensuite : parce qu’on a perdu le contrôle !!

C’est vrai pour nous, c’est vrai pour nos enfants.

Pour se « reconnecter », ou disons pour que notre cerveau se reconnecte, il y a plusieurs choses qui peuvent aider. (dont la respiration, et la pleine conscience… on y revient !).

Mais quoi qu’on fasse, le temps finira toujours par faire que nous redescendons.

La meilleure des pratiques parentales est donc de mettre en place un temps de pause.

Pour nous ET pour nos enfants.

Quand l’un (ou plusieurs) membres de la famille monte dans les tours, on fait une pause.

Comment le mettre en place ?

C

Ça a l’air simple, dit comme ça, mais bien sûr, c’est moins évident qu’il n’y parait.

Et pourtant, en mettant en oeuvre quelques principes, vous allez vite l’adopter.

D’abord, ça demande d’en parler en famille. Si tout le monde est d’accord sur la nécessité et les bénéfices de ce temps de pause, c’est plus facile…

Ensuite, ça devient une démarche d’entraide : chacun peut proposer un temps de pause à l’autre.

C

S

Ça demande également une attention à ce que l’on vit : accepter, quand on sent que ça monte, de se retirer de la situation (alors même qu’on a tellement envie d’avoir le dernier mot et de crier tout ce qui nous pèse !!).

Enfin, il va falloir laisser les autres prendre leur temps de pause (je crois que c’est ça le plus difficile pour moi… Pas envie de lâcher le truc quand mon fils me dit qu’il ne veut plus en parler à ce moment-là…)

Revenir sur l’incident

Tout ça ne veut pas dire qu’on cherche à éviter les conflits en s’interrompant dès que ça monte dans les tours et en mettant tout ça sous le tapis !

Ça veut plutôt dire qu’on veut gérer le conflit de manière constructive, pas en s’agressant.
(C’est d’ailleurs ce qu’on apprend dans la formation En finir avec les disputes dans la fratrie »)

Donc, une fois que tout le monde est redescendu, on peut reprendre la discussion, plus calmement.

Et voilà comment on est concrètement plus zen au quotidien !

Habitude 2 : Ecouter

La 2è habitude que j’ai vraiment envie de mettre en avant pour se sentir plus zen en tant que parent, c’est le fait d’écouter.

C’est une vraie difficulté d’écouter… Bizarrement, ça ne correspond pas du tout à ce qu’on appris, et on rencontre sur notre chemin des tas d’obstacles à l’écoute.

Il ne se passe pas une semaine sans que je parle d’écoute avec l’un des parents des formations des 6 doigts de la main.

Pourtant, quand on y parvient, ça change complètement la dynamique.

Exemple concret

Un exemple, tiré d’un partage d’une maman membre de Point de Rencontre qui date d’hier (je ne vous mens pas quand je vous dis que ce sujet revient tout le temps !) :

Elle rentre du centre aéré avec ses 2 enfants. Les enfants se disputent : l’un semble chercher l’autre, l’autre s’énerve et cherche à le taper… bref, une ambiance plus que tendue.
Une situation dans laquelle beaucoup de parents réagiraient probablement en durcissant le ton, avec une phrase telle que : « Ça suffit maintenant ! ».
Mais cette maman choisit de calmer le jeu, en recevant ce que vivent ses enfants, en verbalisant qu’ils étaient énervés, et qu’elle le comprenait.
Alors seulement, son fils change de cible… Au lieu de chercher à taper son frère, il dit « J’en ai marre, je suis tout le temps agressif, j’embête tout le monde ! »
Voyez-vous le basculement ?
Si cette maman était passée en mode « reproches », ça aurait servi une belle excuse à son fils pour trouver un autre ennemi.
Là, entendu dans sa colère, il a l’espace pour prendre ses responsabilités et s’observer lui-même.
Cela lui permet même de tendre la main en partageant le fait qu’il ne se comporte pas comme il l’aimerait lui-même…

Alors, l’écoute va pouvoir se prolonger. Quand l’enfant redescend dans ses émotions (voir point précédent !), cette maman va pouvoir se poser et l’écouter encore. Essayer de comprendre avec lui ce qu’il se passe dans sa vie pour qu’il se retrouve si souvent à agresser les gens.

Sans nier ce qu’il dit, mais en faisant preuve d’empathie.
Je pense à des phrases comme :
« Tu as l’impression que tu es souvent agressif ? »
« C’est plus fort que toi, c’est ça ? »
« J’imagine que ça doit pas être facile pour toi d’avoir cette image-là de toi ? »

« 

Ces interrogations permettent d’être dans le lien, de chercher à rejoindre l’autre, afin de pouvoir faire équipe avec lui.

Ca prend pas plus de temps que de rentrer dans une lutte de pouvoir, et c’est beaucoup beaucoup plus zen !

Et quand l’enfant ne veut pas parler ?

Il y a des moments où nos émotions prennent le dessus.
Et qu

Parfois, on est plein de bonnes intentions, mais on a en face de soi un enfant qui répond peu.

Si c’est le cas chez vous, voici quelques conseils pour écouter un enfant qui ne veut pas parler.

Habitude 3 : Choisir ses pensées

Enfin, j’ai envie de vous parler des pensées.

Nos pensées créent nos sentiments

Dans la vie, on traverse tous des situations agréables, ou désagréables, c’est selon.

Notons déjà que notre jugement sur ces situations dépendent de chacun. De nos sensibilités (moi, par exemple, je déteste le bruit, et je n’aime pas trop le monde… j’ai donc du mal à apprécier un festival), et de nos pensées.

Oui, de nos pensées : face à une situation, nous avons des pensées qui naissent (parfois inconscientes), et qui créent nos sentiments.

On va donc être déçu quand on se dit que « il aurait pu… » ou « ce serait la moindre des choses »
On va être frustré en se disant « j’y arriverai jamais ! »
(et c’est là qu’Anatole me dit : « Maman, je te rappelle que ta guitare n’a pas la télécommande de tes émotions. » – Merci mon fils de me rappeler les principes de la responsabilité émotionnelle !)

Les pensées qui nous empêchent d’être zen

Il y a des moments où nos émotions prennent le dessus.
Et qu

Pensez-y justement : dans les moments où vous n’êtes PAS un parent, qu’est-ce que vous vous dites ?

J’imagine (je brode d’après expérience…) que ça peut être quelque chose comme :

« Non, mais c’est pas possible, on en a parlé 20 fois déjà ! »

« Combien de fois va-t-il falloir que je le répète ? »

« Il le fait exprès ? »

« Mais qu’est-ce qui lui passe par la tête ? »

Vous vous reconnaissez ?

J’ai même entendu le père d’une fille de 17 ans me dire : « Elle nous a fait un évanouissement avant son examen. » – vous notez le « NOUS » dans cette phrase ? Comme si sa fille le faisait contre ses parents…

Vous vous reconnaissez ?

Soyez attentif à ce qui se joue en vous dans ces moments-là, et vous comprendrez mieux d’où viennent vos difficultés !

Et encore, je ne parle pas des moments où ces pensées sont carrément exprimées à nos enfants

Choisir des phrases-clé à adopter comme pensées

Pour sortir de ça, il s’agit d’adopter d’autre pensées, qui vont nous permettre de poser un regard différent sur la situation et « rester » beaucoup plus zen, justement !

Choisissez une formulation qui vous parle, et répétez-la, comme un mantra auquel vous raccrocher !

Je me rappelle encore d’une de ses premières pensées aidantes, que mon mari et moi avions adoptée il y a des années, quand notre fils Léon débordait :

  • « Il ne NOUS fait pas passer un mauvais moment, IL en passe un. »
    (Bon, ça donnait mieux en langue originale : « He’s not giving us a hard time, he’s having one. »)

En fonction de ce qui vous parle, ça peut aussi être :

  • « Il fait de son mieux. »
  • « Il est en train d’apprendre. »

Ma dernière en date, qui découle du livre Chasseur Cueilleur Parents, dans la partie sur les Inuits, c’est :

  • « Mal = Normal »
    Comprendre par là qu’il est normal que les enfants se comportent mal . Quand ils ont une attitude inappropriée, c’est qu’ils ne savent pas encore faire autrement.

Tiens, ça pourrait d’ailleurs aussi être :

  • « Voilà quelque chose à apprendre »

Et chez vous ?

Si vous êtes arrivé jusque là, dites-nous donc avant de partir :

1- ce que vous mettez en place chez vous pour être plus zen

2- ce qui vous inspire dans les habitudes évoquées ici et que vous aimeriez tenter, ou adapter….

Ç

Ça contribuera à aider tout le monde !

Qui n’a jamais connu les tensions des départs ?

Les petits déjeuners avalés en quatrième vitesse, les clés introuvables, et cette course effrénée pour ne pas être en retard à un rendez-vous, à une invitation… 

On a tous vécu ces moments où l’ambiance devient électrique, où le stress monte, et où tout le monde finit par s’énerver.

Et si on pouvait changer ça ? Si on pouvait transformer ces moments sous pression en routines plus douces ? 

Spoiler alert : c’est possible, et on vous montre comment. 

Identifier les difficultés

La première étape pour retrouver votre sérénité, c’est d’observer les moments-clés où ça coince.
Quels sont les moments où se cristallisent les tensions ?

  • Les enfants qui trainent au lit ? 
  • Le sac à dos qui n’est pas prêt ?
  • Vous qui faites tout pour tout le monde ?

C’est ça qu’il s’agit de déterminer et c’est là qu’il va falloir intervenir. Le simple fait de repérer ces moments permet déjà de mieux les comprendre et d’adopter une nouvelle posture…

Pourquoi rien ne change ?

Changer de posture oui c’est nécessaire, parce que si rien ne change, c’est bien parce qu’on agit toujours de la même façon  !

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi on crie, on s’énerve, on répète les mêmes phrases : 
« dépêche-toi » / « on va être en retard ! » / « c’est toujours pareil »… avec systématiquement le même résultat ? 

Les conséquences ne sont pourtant pas anodines : 

  • Une énergie à platvous partez vidés et de mauvaise humeur avant même de commencer ce qui est prévu. 
  • Un cercle vicieux : chaque départ devient redouté car le stress s’accumule jour après jour.
  • La qualité de la relation avec les enfants se détériore : les injonctions répétées abiment la connexion et peuvent frustrer tout le monde.

On s’englue dans une routine toxique, peut-être parce que les automatismes semblent inconsciemment moins coûteux que le changement.  On peut pourtant faire un pas de côté, énergivore au début en effet, mais tellement plus reposant assez vite finalement.  

Et si on essayait autre chose ?

Pour obtenir des résultats différents, il faut donc agir…différemment. 

Voici quelques pistes simples et concrètes pour transformer vos départs :

1. Comprendre ce qu’il y a derrière votre colère

Prenez une seconde pour vous demander « Qu’est-ce que je ressens vraiment ? » dans ces moments-là ? 

  • Est-ce de l’inquiétude de ne pas arriver à temps ?
  • Une impression de ne pas être écouté(e) ?
  • Un sentiment d’impuissance face à des situations qui se répètent ?

Mettre des mots sur vos émotions vous permettra de vous exprimer en amont en parlant de vous, donc sans accuser les enfants :

« Je suis stressé(e) car j’ai peur qu’on arrive en retard, je voudrais préserver la bonne humeur, serais tu prêt à ….. ». 

2. Se connecter d’abord

Avant de commencer à se préparer ou à rappeler ce qu’il reste à faire, prenez un moment pour vous connecter

Un câlin, une blague, un petit jeu ou même une simple conversation peuvent tout changer.

Désamorcez les éventuelles émotions du moment : « Tu n’as pas envie de te dépêcher ce matin, hein ? Je comprends, c’est dur parfois. » ou « Ce serait bien de pouvoir continuer à jouer à l’infini pas vrai ? C’est difficile de s’interrompre quand on prend tant de plaisir ». 

Vous serez surpris(e) de voir à quel point cette étape va fluidifier le reste du processus ! 

3. Favoriser l’autonomie et l’esprit d’équipe

Les enfants adorent se sentir utiles et responsables. Donnez-leur des petits rôles ou missions :

  • Préparer leur sac
  • Vérifier que tout le monde a ses affaires
  • Aider un frère ou une sœur à préparer son goûter. 

Et une course stressante devient un moment collaboratif, où tout le monde met la main à la pâte.

4. Adapter votre communication

Au lieu de multiplier les ordres, essayez de changer de ton et d’impliquer les enfants.
Replacer les injonctions par des questions ou des descriptions neutres : 

  • La question de curiosité : « il pleut, à quoi doit-on penser ? » 
  • Le choix : « qu’est-ce que tu veux manger pour ton petit déjeuner ? » 
  • L’information ; « on part dans 10 minutes ».
  • La description : « je vois un sac à dos vide ». 
  • Le rappel à la règle : « avant de quitter la maison on passe aux toilettes. »

Ces formulations invitent à réfléchir plutôt qu’à simplement obéir, ce qui peut complètement changer l’attitude. 


Des départs réussis : un cas pratique ! 

Changer vos départs, c’est possible, et ça commence par de petits ajustements dans votre façon de faire.
Observez, connectez, impliquez, et surtout… essayez !

C’est une excellente situation pour s’initier à une autre façon d’être parent et tester de nouvelles postures que vous pourrez en réalité utiliser dans bien d’autres situations du quotidien.

Pour vous accompagner dans cette transition, téléchargez dès maintenant notre outil gratuit « J’aide ma famille à partir à l’heure »

C’est une affiche qui a été testée et approuvée chez Morgane qui l’a conçue !

Elle permet à la fois de guider vos enfants pour qu’ils s’impliquent et vous fournit une accroche pour garder votre intention et adapter votre communication. 

On peut aussi bien l’utiliser avec des petits qu’avec des grands à qui on demandera de plus en plus d’autonomie. Pourquoi ne pas la plastifier et la compléter (ou la faire compléter) au velleda en fonction des situations et du degré d’autonomie ?

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Et d’abord : pourquoi faire participer les enfants aux tâches ménagères ?

« C’est pas un hôtel, ici ! » – vous l’avez déjà entendue, celle-là ? C’est que cette question n’est pas nouvelle… Nos parents avaient déjà du mal à nous faire participer aux tâches ménagères… et je retrouve cette difficulté régulièrement en discutant avec les parents de nos programmes.

Si je vous parle de coopération dans la maison, vous me confierez probablement vous aussi votre frustration : ils se battent pour ne pas mettre le couvert… il faut leur dire 20 fois de ranger les affaires qui trainent, etc…

Pourquoi ? Pourquoi c’est si difficile, et surtout, comment rendre les choses plus fluides ?
C’est ce dont nous allons parler ici !
Seulement vous me connaissez, je vais d’abord vous encourager à prendre du recul sur la démarche…
C’est l’objet de cette première partie.

Pourquoi faire participer les enfants aux tâches ménagères ?

Commençons par la question-clé, celle qui va influer profondément sur notre attitude face à cette question : les enfants doivent-ils réellement participer au ménage et autres tâches du foyer ?

Mon point de vue est tres clair : OUI !
Je sais aussi que ce n’est pas celui de tous les parents… tout dépend de nos croyances.

Croyance 1 : C’est un travail d’adulte, les enfants doivent s’amuser

Qu’on le veuille ou pas, notre posture est liée à nos croyances. Croyances qui ont été formées à partir de nos expériences (oui, comme dans Vice-Versa 2…)
Si votre croyance, c’est que les enfants en auront assez à faire en grandissant, qu’il est bon qu’ils profitent de leur enfance sans poids ou pression, vous aurez évidemment du mal à les impliquer.
On l’entend souvent : « le jeu est le travail de l’enfant ». (je ne vous noterai pas l’auteur… comme souvent, il change selon les sources : Cairn dit que c’est un certain Édouard Claparède ; Creche and Co que c’est Pauline Kergomard… je vais juste retenir la phrase !)
Donc… laissons-les jouer un maximum !

Je comprends… Si vous sentez que ces pensées sont proches des autres, le chemin à suivre est peut-être celui de l’acceptation et de la cohérence. En effet, si vous pensez fondamentalement qu’il faut qu’ils « profitent de leur enfance », et que cela passe par une liberté par rapport aux tâches de la maison, alors il est normal qu’ils ne participent pas, ou très peu, et vous pouvez arrêter de vous battre et garder ces tâches pour vous. Ce serait cohérent.

Si vous luttez malgré cette croyance, c’est peut-être qu’il est temps de la mettre à jour…

Croyance 2 : Contribuer aux tâches quotidiennes est bon pour mon enfant

Je pense qu’il y a deux temporalités.

Oui, « le jeu est le travail de l’enfant » : c’est, je crois une partie essentielle de l’apprentissage, on peut réellement apprendre en s’amusant, et cela rejoint les propos d’André Stern qui dit que « l’enthousiasme est l’engrais du cerveau ».

ET… l’enfant a également besoin de trouver sa place dans la famille, et de se sentir capable.

Comme je l’expliquais déjà dans cet article, contribuer au foyer, c’est une manière puissante d’appartenir et d’avoir de l’importance, 2 besoins fondamentaux de l’être humain (je vous renvoie à Alfred Adler sur ce coup-là…), dont vous m’avez probablement déjà entendu parler.

On peut ajouter à ça qu’en participant, les enfants développent leur autonomie, et leur confiance en eux.

Je suis particulièrement attachée à la notion d’autonomie pour nos enfants.
Cela fait partie de mes priorités éducatives. (Ce n’est peut-être pas le cas pour vous, et c’est ok, on a chacun notre approche !)
Je crois fort au fait que notre rôle de parent est d’accompagner nos enfants à pouvoir vivre de leurs propres ailes. Donc, entre autres, développer l’autonomie. Ce qui ne veut pas forcément dire l’individualité !

Dans le livre Chasseur Ceuilleur Parent, Michaeleen Doucleff fait la différence entre « indépendance » et « autonomie ».
« L’indépendance, c’est n’avoir pas besoin d’autrui. » écrit-elle. « Un enfant indépendant n’a pas d’obligation envers sa famille et la communauté dans laquelle il évolue. Et en échange, la famille et la communauté n’attendent rien de l’enfant. »
Dans l’autonomie, en revanche, elle inclue les notions de partage et de générosité. L’enfant autonome est en mesure de participer à la vie de la communauté.
J’adore.

Ce qu’un manque de participation de tous crée chez nous

Un autre aspect qui me semble important dans la réflexion fondamentale sur le fait de faire participer les enfants ou non, c’est ce que cela crée chez nous.

Chacun est différent et, face aux mêmes circonstances, va ressentir les choses différemment (oui, c’est bien de responsabilité émotionnelle qu’il s’agit…).

Deux cas de figure donc. (Je fais ça sans subtilité, il y a bien sûr plus de 2 cas de figure, mais faisons simple…)

S

Soit vous êtes tranquille avec le fait que les enfants ne contribuent pas (ou très peu) à la vie du foyer, soit ça vous agace.

Vous vous sentez tranquille

Si vous êtes dans le premier cas, tant mieux. Il sera donc normal pour vous de faire les courses, assumer la préparation du repas, et ranger le salon.
MAIS… mais je ne suis pas sûre que ce soit rendre service à vos enfants.
Et je ne parle pas ici que de débrouillardise, pour qu’ils sachent plus tard faire des lessives et se faire à manger, par exemple.

Non, je parle de cette opportunité ratée qu’ils se sentent capables et fiers d’eux !

Car c’est une réalité : même s’ils trainent un peu les pieds au départ, les enfants sont souvent fiers d’eux quand ils s’aperçoivent qu’ils peuvent faire des choses par eux-mêmes.

Ils ont si peu d’occasion au quotidien d’exercer leur pouvoir personnel, si peu de liberté dans le rythme de notre société, que c’est dommage de ne pas saisir cette opportunité de se réaliser.
Quand un enfant fait le dîner pour la famille, il se sent important. C’est ça, la beauté de la contribution !

c

Vous vous sentez agacé.e

Maintenant, si vous êtes dans le 2e cas – celui du parent que ça agace de devoir batailler pour que les enfants participent, je vais vous demander d’aller voir un peu à l’intérieur.

Pourquoi ça vous agace ?

Qu’est-ce que vous aimeriez vivre à ce moment-là que vous ne vivez pas ?

Les réponses que j’ai déjà entendue (ou les miennes !)

  • la coopération
  • le soutien
  • le sens de la communauté
  • la fluidité
  • la légèreté

Dernièrement, je me suis particulièrement attachée à la légèreté.
Garder ce besoin en tête m’aide à rediriger mes actions.
Car soyons honnêtes : la majeure partie des actions qu’on met en place pour faire en sorte que les enfants participent quand on est agacé ne nourrissent ABSOLUMENT PAS notre besoin de légèreté !!

Gardons le bien à l’esprit pour la suite de cet article.

Comprendre pourquoi c’est parfois difficile pour les enfants de participer

Alors bien sûr, je vous vois venir : « C’est bien gentil, Coralie, de dire que c’est important que les enfants participent, que ça nourrit leurs besoin d’appartenance et d’importance, qu’ils vont se sentir fiers d’eux, tout ça tout ça… mais en attendant, ils ne s’y mettent pas ! Alors… on fait quoi ?? »

Oui, c’est vrai. C’est bizarre, non ? C’est fondamentalement tout bénef pour eux, et pour la famille, mais ils ne s’y mettent pourtant pas, pourquoi ???

Une priorisation différente

Tout comme nous venons de passer du temps à voir ce que ce manque de coopération créait chez nous, voyons un peu comment ils se sentent eux quand on leur répète 12 fois de mettre la table.

Imaginez-vous donc à leur place… Ils sont occupés à mener une activité choisie (chez nous, ça va être : lire une BD, jouer aux échecs, construire un circuit de billes…) et on vient les interrompre. Et on répète, en plus !
Alors bien sûr… eux aussi, ça les agace !
(je ne dis pas qu’on n’a pas de raison d’agir comme on le fait, mais ils peuvent quand même s’agacer !)

Alors que… qu’est-ce qu’ils aimeraient vivre dans ces cas-là ?

Probablement de la coopération et de la légèreté, non ?

Ça vous rappelle quelque chose ??

Si on explicitait avec eux les besoins nourris par le fait de contribuer, nul doute qu’ils seraient d’accord avec le fait que c’est important, et qu’ils aiment se sentir appartenir. Ils aiment même contribuer, c’est sûr !
Ce n’est juste pas leur priorité à ce moment-là.

En somme, nous ne sommes pas en désaccord sur le fond… nous avons juste une priorisation différente. C’est tout.
Je ne sais pour vous, mais moi, ça m’apaise déjà un peu de le voir comme ça. Disons que je le comprends mieux.

Je sens bien moi aussi que je suis moins disponible pour aider quand je suis plongée dans un bon bouquin par exemple !

La perception de l’enfant

L’autre élément qui freine la participation spontanée des enfants, c’est leur perception de cette contribution.

Une perception double :

1- les tâches ménagères sont des corvées
2- ces corvées ne relèvent pas de sa responsabilité

D’autre part, l’enfant perçoit les tâches ménagères comme des corvées.
Et comme des corvées qui ne relèvent pas de sa responsabilité de surcroit.

Et c’est en partie de notre faute…

Les tâches ménagères vues comme des corvées

Oui, certaines de ces tâches sont effectivement vécues comme des corvées.
Mais pas forcément !
Vider le lave-vaisselle en famille peut être un bon moment partagé.
Certains aiment faire la poussière, et savourer le résultat…

En fait, on a tous des sensibilités différentes qui vont nous permettre de changer d’approche.

Oui, sauf que… nous-mêmes avons tendance à nous plaindre de ces « corvées » (vrai pour vous aussi ?)
Alors évidemment, c’est plus compliqué de leur montrer qu’elles peuvent être faites avec élan !

Ces corvées ne relèvent pas de leur responsabilité

Prenez donc un moment pour repenser à quand vos enfants étaient petits et volontaires…
Vous vous souvenez qu’ils VOULAIENT faire la lessive, passer le balai, remplir le lave-vaisselle, ranger les courses etc… ?Ils voulaient, mais nous, souvent, nous coupions leur élan par souci d’efficacité !
C’est dommage, non ?

Dans les environnements où cet élan est maintenu, la question se pose moins… allez faire un tour dans une école Montessori pour le constater !

Alors, pour ceux d’entre vous qui ont encore de tout jeunes enfants, pensez à ça, et ne coupez pas leur élan !!
(on va voir plus loin comment les faire participer sans trop de difficulté)

Autre point : le vocabulaire que nous utilisons.
Je crois qu’il y a un vrai message là-dedans.

Souvent, on cherche à convaincre les enfants en leur disant qu’on a besoin d’aide.
C’est d’ailleurs bien ce que propose Catherine Dumontheil-Kremer dans sa « réunion de travail ».

Sauf que dire qu’on a besoin d’aide, c’est sous-entendre que c’est notre job et qu’ils nous rendent un service.
Or, ce n’est pas le cas !

Si on veut vraiment faire passer le message que les tâches ménagères sont l’affaire de toute la famille, il va également falloir adapter notre vocabulaire !
On ne demande pas de l’aide, mais de la participation.

Ça change les choses, non ?

B

Le consentement : un mot de grands… mais qu’on aimerait bien transmettre également à nos enfants ! Seulement voilà, comment fait-on ? Comment expliquer et enseigner le consentement à nos enfants ?

Et d’abord, sommes-nous bien clairs nous-mêmes sur ce que ce terme désigne ?

Voyons voir ça….

Qu’est-ce que le consentement ?

Un concept qui ne concerne pas que le corps

Si je vous dis consentement… Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

….

Il y a fort à parier que vous avez pensé a priori à « donner son accord pour un acte intime ». 

Oui, quand on parle consentement, on pense souvent à tout ce qui a trait aux actes sexuels, ou au moins à notre intégrité physique. (C’est d’ailleurs une video qui se limite à cet aspect que je trouve quand je tape « enseigner le consentement aux enfants » sur google)

Ce n’est pourtant pas tout !

Le consentement s’applique en réalité à tous les aspects de notre vie et ne se limite pas à la sexualité.

Si je cherche « consentement » dans le Larousse, voici ce que je trouve :

« Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment : Il a agi avec mon consentement. »

Larousse

Marrant, non, de voir qu’on sait utiliser ce mot dans d’autres contextes, mais que dès qu’on veut le transmettre, on pense prévention des agressions sexuelles.

Alors… c’est dans le fond assez logique, puisque c’est lié à nos peurs.

Cependant, c’est bien en enseignant le consentement dans toutes les sphères et dès le plus jeune âge qu’on protègera nos enfants des situations les plus graves.

Ainsi, il peut s’appliquer aux évènements les plus anodins comme accepter de jouer à un jeu et de prêter ses affaires.
Ce qui n’empêchera pas, bien sûr, d’appliquer le principe du consentement à tout ce qui a trait à l’intégrité physique, comme le fait d’embrasser tante bidule …

Les bénéfices d’enseigner le consentement aux enfants

J’en vois tellement !

La confiance en soi

Enseigner le consentement, c’est faire passer le message à l’enfant qu’il a le droit de dire non.

Il peut donc développer sa faculté à prendre des décisions, finalement, on l’encourage à être acteur de sa vie !

Ce n’est pas rien !

On sort de fait de la relation verticale ou l’adulte impose et l’enfant obéit : on demande son avis à l’enfant, on l’autorise à refuser, donc on valorise son opinion, on respecte ses droits.

Attention, je ne suis pas en train de prôner une éducation permissive où rien n’est imposé.
Nous parents sommes garants du cadre, de l’enseignement certaines règles (se laver les dents, par exemple !) et nous n’abandonnerons pas ce rôle.

Cependant, entre aider nos enfants à développer leur hygiène dentaire et les obliger à… – je vais prendre 2 exemples ici, pour illustrer et l’aspect corporel et un autre :

  • faire un câlin au copain qui aime ça quand eux ne le veulent pas
  • prêter un jouet à un autre enfant, inconnu, parce que « c’est comme ça qu’on fait »

il y aune différence.

Dans le 1er cas :
oui, c’est délicat de refuser le câlin de celui qui le fait avec toute la tendresse du monde (je sais bien, je suis la maman de celui qui fait les câlins…)… mais sommes-nous en train de leur dire qu’ils doivent prendre sur eux pour faire plaisir aux autres, même quand cela concerne leur corps ?
Comment peut-on ensuite faire le lien avec l’enseignement du consentement pour éviter le viol ?

Dans le 2e cas :

Là encore, délicat, mais… et si on se mettait à leur place, un peu ?
Pour cet exemple, rien de tel que cette image de Fany Vella dans l’album « Et si on changeait d’angle ? »

Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’on ne va pas chercher à enseigner la générosité à nos enfants.

Fany propose de dire par exemple : « Je te propose qu’on mette de côté les jeux que tu. ne veux pas partager et on laisse à disposition les autres pour que tu puisses jouer avec les enfants. »

Chez nous, on a également eu plus de succès en respectant le rythme de l’enfant sur le fait de prêter ses jouets.

Le respect de l’autre

Et ça marche dans l’autre sens !!

Quand on enseigne le consentement, on enseigne implicitement que « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »

Si je reviens à mon fils Léon, qui adooore faire des câlins (on a même vécu un moment gênant quand, à 4 ans, il est parti faire un câlin à un agent de douane… mais c’est une autre histoire), c’est important pour nous de l’aider à voir comment réagit l’autre.
« Regarde son langage corporel – as-tu l’impression qu’il apprécie vraiment ? »
« Est-ce que tu peux lui demander s’il est ok pour un câlin avant de le lui faire ? »

Nous sommes tous différents, et c’est aussi cette diversité qu’on enseigne ainsi à nos enfants.

En aparté, ça m’évoque d’ailleurs que c’est ultra important d’appréhender cette diversité pour s’apprécier, et vaut mieux insister dessus avant que nos jeunes deviennent ados. Enfants et adolescents bénéficieraient d’un peu plus d’accueil de la diversité… autre thème, mais pas vraiment !

👉🏻 A ce sujet, voyez la conférence "Ce qui nous rend unique nous rend plus fort" de Fany Ea, diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

La vie en groupe

Chez nous, le mot « consentement » est employé depuis des années dans un contexte trés loin de la sexualité, et c’est ainsi que nos enfants l’ont d’abord appris.

C’est une des règles de la maison : « Un jeu, c’est par consentement mutuel. »
(tres utile en particulier pour les eux de « bagarre »)

Oui, le consentement, c’est d’abord ça : le fait de donner son accord explicite, éclairé, libre et volontaire face à une situation.

C’est donc en intégrant cette notion, quel que soit le contexte qu’on encouragera nos enfants à savoir quand et comment donner leur accord explicite, et à respecter celui de l’autre.

Car soyons clairs : nombre d’agresseurs le sont un peu malgré eux… « C’est pour rigoler ! » disent-ils parfois sincèrement. Ils n’ont juste pas appris à chercher d’abord le consentement de l’autre…
(Même histoire pour les propos sexistes ou racistes, d’ailleurs)

Et c’est ainsi que l’enseignement du consentement intervient comme prevention du harcèlement scolaire !

Or, vous le savez, comment lutter contre le harcèlement scolaire est également au coeur de mes préoccupations…

👉🏻 Pour différentes approches de prévention du harcèlement, regardez le sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

Pour pouvoir donner son consentement

Reprenons le principe : pour donner son accord explicite et éclairé, cela sous-entend que l’on sait déceler ce que l’on désire en accord avec ses connaissances, ses valeurs, et ses besoins d’une part et que l’on sache se défendre contre les pressions, chantages et autres outils de persuasion d’autre part. 

Ça demande donc de sacrées compétences…

Toutes les compétences qu’implique le consentement

Sous-jacent à ce concept on devine nettement la compétence de savoir poser ses limites. 

Savoir-faire qui demande lui-même tout un tas de pré-requis : 

  • Reconnaitre ses sensations physiques
  • Reconnaitre les émotions que l’on ressent
  • Savoir les nommer
  • Connaitre ses valeurs, ce que l’on aime ou pas
  • Oser s’affirmer
  • Connaitre plusieurs types de réponses ( la contre-proposition, le message clair… ) 
  • Communiquer avec assertivité

Bref , le consentement se donne et se reçoit et ça,  ÇA S’APPREND !

👉🏻 Pour apprendre à vos enfants à se connecter à eux pour poser leurs limites et ainsi les protéger du harcèlement scolaire, voyez l'intervention d’Angélique Stock diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

Un mot sur le « spectre du consentement » et la « zone de doute » 

Selon Angelique Stock, il existe un « spectre du consentement ». 

Aux extrémités de ce spectre :

  • ce qui nous met en joie d’un côté
  • ce qui est rédhibitoire pour nous de l’autre

Reconnaitre et réagir dans ces cas-là est assez intuitif et naturel. 


La difficulté survient lorsque, sur ce spectre, on se situe entre les deux.
C’est ce que l’on appelle la zone de doute

C’est là que nous sommes le plus vulnérable.

Dans cette zone nous avons du mal à apporter une réponse juste et ancrée et encore plus besoin de mobiliser les compétences évoquées ci-dessus. 

Alors… la situation peut nous échapper et déraper sans qu’on l’ait bien vu venir… avec les conséquences plus ou moins graves, comme dans les cas de violences sexuelles ou de harcèlement scolaire.

Un principe-clé que suggère Angélique Stock :  UN « PEUT-ÊTRE » EST UN NON. 

C’est aussi utile pour s’exprimer et se défendre par exemple du harcèlement que pour entendre et respecter l’autre. 

On voit que le vieil adage populaire « Qui ne dit mot consent » a plus que du plomb dans l’aile.
Dans l’intérêt de tous, il est urgent de le déconstruire.
Sinon, on encourage chacun à abuser de la vulnérabilité de l’autre.
(je ne me lancerai pas ici dans un discours féministe, mais on voit aussi le lien qui peut être facilement fait…)

👉🏻 Pour savoir comment aider vos enfants à identifier leur "zone de doute", voyez l'intervention d’Angélique Stock diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

La posture de l’adulte pour enseigner le consentement aux enfants

Notre rôle, comme souvent, est important face à cette question. 

« L’exemple n’est pas la meilleure manière d’éduquer, c’est la seule. »

Gandhi

Si nous voulons réellement transmettre le respect du consentement, il va nous falloir donner l’exemple.
Voici quelques illustrations concrètes.

1- Sortons de l’obéissance aveugle

Généralement les enfants intègrent qu’ils doivent obéir aux règles des adultes. (Ne serait-ce que par le modèle de la société qui les entourent)
Ils acquiescent donc parfois alors même qu’ils sont en désaccord profond. Il est intéressant de l’avoir à l’esprit et d’y être attentif.
Il est souvent plus efficace de chercher comment fonctionner ensemble, en embarquant l’autre dans la démarche que de chercher l’obéissance pure. Même si c’est plus long !

2- Sachons nous observer

Toujours dans une démarche de modélisation, ayons une réflexion sur nos propres attitudes. 

M’arrive-t-il de donner un câlin ou de passer la main dans les cheveux contre le gré de mon enfant ? 

D’utiliser une forme de pression pour obtenir son accord ? 

De rentrer dans son espace (sa chambre, son téléphone, son cartable… ) sans avoir demandé ?

Mettons aussi en scène notre propre consentement dans la manière de l’exprimer ou de refuser ou en verbalisant quand on aurait aimé que l’on nous demande avant. 

3- Demandons l’autorisation et respectons la réponse

Demander, c’est une des clés. Poser des questions est un prérequis pour obtenir un consentement. 

« Est-ce que je peux ouvrir ton cartable ? » 

Taper avant d’entrer dans la chambre …. 

Le consentement ainsi modélisé et respecté apprendra à l’enfant à dire non, à gagner en confiance et à lui-même demander. 

Et en absence de consentement ? On s’abstient !

4- La fratrie comme terrain d’apprentissage. 

Utiliser les situations quotidiennes entre frères et sœurs pour apprendre à vos enfants à demander l’accord pour emprunter, toucher, jouer ensemble …. et à l’inverse : accepter le stop de l’autre. 

Je ne me fais pas d’illusion : je sais que savoir dire non ne suffit pas à ne plus être victime de violence. Mais c’est un bon début.

👉🏻 Pour une perspective sur la fratrie comme terrain d'apprentissage, je vous conseille l'intervention de Marie-Laure de Blic dans le cadre du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

5- Accompagner le développement des compétences psycho-sociales

Autant qu’apprendre les maths et le français il est crucial d’accompagner les enfants à développer leur connaissance d’eux-mêmes ainsi que leurs compétences émotionnelles et relationnelles. 

Favorisez le développement de ces compétences chez votre enfant : de manière implicite, essentiellement à travers votre posture et votre guidance ou explicite : avec des jeux dont c’est clairement la finalité, au détour d’une lecture, à travers vos discussions, en l’inscrivant à des ateliers….

👉🏻 Pour découvrir différentes méthodes visant à développer les savoir-être de vos enfants, voyez les interventions sur l’environnement et la prévention du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Conclusion

Le consentement ce n’est pas anodin. Cela nécessite bon nombre d’habiletés…
Bonne nouvelle : ces habilités seront aussi utiles dans d’autres circonstances.

Il est cependant temps de faire sortir cette notion de consentement du simple contexte de l’éducation sexuelle.

L’enjeu, de taille, est que chacun s’épanouisse et sache traverser les petites et grandes difficultés qui surviendront nécessairement sur le chemin de vie. 

Et chez vous, l’enseignement du consentement, ça ressemble à quoi ?

Le harcèlement scolaire est un fléau qui touche chaque année en France des centaines de milliers d’enfants et d’adolescents. Qu’il soit physique, verbal ou en ligne, le harcèlement peut avoir des conséquences dévastatrices sur les enfants victimes, et sur le bien-être des jeunes de manière générale. Car quand l’ambiance est au harcèlement, personne ne se sent complètement en sécurité… Ni les harcelés (évidemment !), ni les harceleurs, ni les témoins.

Quel est le rôle des adultes dans ce système ? Comment protéger nos enfants en prévenant ce phénomène de groupe ? Quand peut-on vraiment parler de harcèlement ? Comment en reconnaitre les signes ? Quelles sont les mesures décidées par l’Education Nationale ? Qu’est-ce qui est conrètement mis en place dans les établissements scolaires ? Que pouvons-nous faire en tant que parents ?

J’ai beaucoup de choses à vous dire à ce sujet…
Cet article sera d’ailleurs le premier de plusieurs sur le thème, et vous pourrez bientôt cliquer sur les liens que j’y ajouterai pour approfondir certaines des questions que je vais soulever ici.

👉🏻 Et puis, si ce sujet vous intéresse, pensez à regarder le sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.

Comprendre le harcèlement scolaire

Qu’est-ce que le harcèlement ?

Commençons par le commencement : de quoi parlons-nous ?

Selon le site « Non au harcèlement » du ministère de l’éducation, « Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique et/ou psychologique. Le phénomène se prolonge parfois en ligne, on parle alors de cyberharcèlement. »

L’important ici, c’est le terme « répétée ». Ça pose déjà une première limite sur l’utilisation du terme « harcèlement ».

On ne peut pas par exemple écrire (comme on me l’a déjà rapporté dans un établissement scolaire) : « mon enfant s’est fait harceler hier. ».
Non. Il peut avoir subi des violences, verbales, physiques, ou psychologiques, et ce n’est pas acceptable, mais ce n’est pas du harcèlement.

L’ampleur du phénomène

Le harcèlement scolaire est un fléau qui touche chaque année des centaines de milliers d’enfants et d’adolescents. Des centaines de milliers. Quels que soient les chiffres que l’on considère.

Oui, parce que ces chiffres sont grandement variables. Ou du moins, ils sont présentés/interprétés de manière différente. Dur de faire la part des choses entre les 6% de collégiens harcelés qu’on trouve sur le site education.gouv.fr, et les 16% donnés par les résultats de l’enquête IFOP de 2023.

Et encore… je passe sur les podcasts que j’ai écoutés qui expliquaient que compte tenu du nombre de victimes de harcèlement qui se taisent, on pourrait estimer que près d’un enfant sur 3 subira du harcèlement à un moment de sa scolarité…

Dur donc de poser des chiffres clairs, mais ce qui est sûr, c’est que :

1- c’est beaucoup trop de victimes dans tous les cas (il y a 12 millions d’élèves en école, collège et lycée en France. Donc, même si on ne considérait que 5% d’entre eux, ça ferait 600 000 élèves…)

2- vu l’ampleur du phénomène, TOUS les élèves vont rencontrer des situations de harcèlement à un moment donné de leur scolarité, que ce soit en tant que victime, harceleur, ou témoin.

Reconnaitre les signes du harcèlement

Détecter les signes du harcèlement chez un enfant peut s’avérer délicat, car les symptômes sont souvent subtils. – On les qualifie d’ailleurs souvent des « signaux faibles ».

Voici ce à quoi il est bon d’être attentif :

  • des changements dans le comportement : une baisse des résultats scolaires, une perte d’appétit, des troubles du sommeil, ou un désintérêt pour les activités habituelles
  • un évitement : si l’enfant se montre plus renfermé, évite des lieux ou personnes, montre de l’anxiété ou de la tristesse. Attention : parfois cette stratégie d’évitement peut être caché par un repli vers les écrans qui cache cette anxiété
  • une somatisation : des plaintes physiques récurrentes, comme des maux de tête ou de ventre, peuvent aussi signaler un malaise profond

Il est crucial de rester attentif à ces signaux, d’ouvrir un dialogue bienveillant avec l’enfant et de lui offrir un espace de parole sécurisé pour qu’il puisse exprimer ses inquiétudes sans crainte de jugement.

👉🏻 Pour en savoir plus sur les signes du harcèlement, voyez l'intervention du Dr Anne Sénéquier diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

La lutte contre le harcèlement à l’école

Retard au démarrage

Soyons honnête : la France a mis du temps à se préoccuper de la question du harcèlement scolaire.

Comme d’habitude, ce sont les pays scandinaves qui ont été pionniers sur le sujet.
(comme sur tous les sujets de prévention des violences, en fait)
En Suède, la recherche sur le sujet commence dans les années 70, et des mesures sont prises dans les écoles dès les années 80.

A cette époque, la France parle encore très peu de ce phénomène.

Cela signifie-t-il que le harcèlement scolaire n’existait pas ? Certainement pas !
Je suis sûre que vous avez cotoyé dans votre propre enfance des élèves qui ont subi du harcèlement.
Pas besoin d’aller loin, en général…

Si je me prête à l’exercice, je trouve tout de suite :

  • en CM1, je suis rentrée en pleurs chez moi pendant plusieurs mois, suivie par 2 garçons qui donnaient des coups de pied dans mon cartable pendant tout le chemin…
  • en 2nde, mon frère était perpétuellement embêté par 2 jeunes, et ne savait tellement pas quoi faire qu’il faisait semblant de ne pas voir quand ils mettaient du chewing gum dans son cartable

Alors ? Phénomène nouveau ? Absolument pas.

Sauf qu’on ne posait pas ces mots-là dessus.

Je crois que dans le fond, la société dans son ensemble considérait que c’était presque normal, ou en tout cas que « ça arrivait ». « Ce sont des trucs de gosses ». « Ça leur passera. »
Au mieux, on pouvait parler de moqueries, voire de brimades…

Bref. Je ne vais pas refaire l’histoire.
Juste expliquer que la France ne s’intéresse à la question du harcèlement scolaire qu’en 2010-2011.

Et les choses prennent du temps. Si la volonté de bouger est là début 2011, il faudra attendre 2019 pour qu’un vrai plan national pour lutter contre le harcèlement soit lancé, et c’est en 2021 que démarre réellement le programme pHARe au sein de l’Éducation Nationale.

Mise en place du programme pHARe

Dans la démarche « Non au harcèlement » que suit aujourd’hui le gouvernement français, il y a en particulier la mise en place du programme pHARe.
Voici ce que l’on trouve sur la page de présentation du gouvernement du programme pHARe :

« Le programme de lutte contre le harcèlement à l’école, pHARe, est un plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement.
Mis en place depuis 2021, généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022, il est étendu aux lycées depuis la rentrée 2023.
100 % des écoles et établissements mettent en œuvre ce programme. »

Quelques bémols quand même :

  • entre la mise en oeuvre théorique et la pratique, il y a parfois de sacrées différences…
  • ce texte ne précise pas si les établissements privés sont concernés – je connais des enseignants dans le privé qui n’en ont même pas entendu parler… (en vrai, en creusant un peu plus sur les pages du site gouvernemental, on soit que 100% des établissements, c’est le nouvel objectif 2023 – en attendant, la vraie stat, c’est : « 86 % des collèges et 60 % des écoles sont désormais inscrits dans le programme pHARe »)

Cependant, j’aime voir le verre à moitié plein. 86 % des collèges et 60 % des écoles (comprendre les écoles primaires), c’est déjà pas mal en seulement 2 ou 3 ans ! Alors c’est vrai, parfois on voudrait aller plus vite que la musique, surtout quand on voit l’impact que peut avoir le harcèlement sur les élèves victimes… mais rien n’est magique.
Et chaque année, lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement, de vraies actions de sensibilisation sont organisées.
Je note donc quand même que les choses progressent, et progressent vite. Ouf !

Que comprend le programme pHARe ?

Théoriquement, le programme repose sur 8 piliers.
Cela commence par une « mesure du climat scolaire » par exemple.
Et concrètement :

  • une équipe ressource composée d’adultes formés à une méthode de lutte contre le harcèlement scolaire
  • un programme à destination des élèves, de prévention et de développement de compétences psycho-sociales
  • une équipe d’élèves ambassadeurs

Dans la pratique, les choses varient…

D’abord, cela dépend parfois de la bonne volonté des personnes impliquées. Rappelons qu’une équipe ressource par établissement, ça veut dire des volontaires dans chaque établissement… et ils ne le sont pas toujours.

Et puis, ça dépend de la disponibilité des équipes pédagogiques. Car cette démarche vient bien sûr s’ajouter à leur charge de travail habituelle. Alors… chacun fait ce qu’il peut, avec les moyens qu’il a !

J’ai récemment discuté avec une jeune de 5è, élève ambassadeur, très déçue de la manière dont son équipe avait été accompagnée dans le cadre du « Non au harcèlement », n’ayant pas même eu l’occasion de finir leur formation.

A l’inverse, j’ai aussi échangé avec une infirmière scolaire, qui me dit que depuis un an et demi qu’ils ont été formés à agir contre le harcèlement, ils ont un fort taux de succès !

Une méthode de lutte contre le harcèlement scolaire : la Méthode de la Préoccupation Partagée

Comme expliqué ci-dessus, au coeur du programme pHARe, il y a une équipe ressource formée.

Oui mais… formée à quoi ?
En fait, plusieurs méthodes de lutte contre le harcèlement scolaire existent.

Un point commun (et je sais que pour certains, ce sera difficile à admettre) : on essaye d’abord de régler la situation sans poser de sanction. Car toutes les études les prouvent : les sanctions ont plus souvent pour effet d’aggraver les choses que le contraire. (C’est d’ailleurs pour cela que tant d’enfants – qui le savent – ne parlent pas de ce qu’ils vivent : ils n’ont pas confiance dans les réactions des adultes !)

Des méthodes différentes, donc.

Celle qui est la plus répandue (entre autres parce qu’elle a été mise en avant par Jean-Michel Blanquer quand il a lancé le programme pHARe en tant que ministre de l’éducation), c’est la Méthode de la Préoccupation Partagée, la fameuse MPP.
Le terme est directement traduit de la méthode proposée par Anatol Pikas, un suédois qui a commencé à travailler sur le sujet dans les années 1970, bien qu’elle soit appliquée de manière un peu différente en France.

👉🏻 Pour en savoir plus sur la MPP, voyez l'intervention de Marie Quartier diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Que peut-on faire en tant que parent ?

Et si votre enfant est harcelé, que faire ?

J’aimerais ajouter aussi : et si votre enfant est harceleur, que faire ?

Parce qu’on croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres… jusqu’au moment où on doit, nous aussi, savoir faire face !

Pour le moment, je vais me contenter du cas où votre enfant est victime de harcèlement.
Je reviendrai probablement compléter cet article pour parler des harceleurs.

Accueillir nos propres émotions

Je commence avec ça, et ça va peut-être vous sembler un peu à côté de la plaque, mais ça me semble fondamental pour commencer.

Parce que parler d’un phénomène de société, même terrible, de manière théorique, c’est une chose. Se retrouver impliqué, c’en est une autre.

En tant que parent, on se sent d’abord complètement démuni… Je le sais, je l’ai vécu.
Et encore… la situation qu’a traversée mon fils n’a jamais atteint le niveau de ce qu’on lit parfois dans les livres ou les médias !

N’empêche qu’entre la détresse et la colère, on aurait vite fait d’envoyer tout le monde balader, d’agresser l’école, d’appeler les parents des autres, que sais-je ?
On a tellement envie que ça change qu’on s’illusionne sur le fait que si on pose un gros INTERDIT, avec une bonne sanction à la clé, ça va disparaitre.

Seulement non.

Alors, pour avoir le courage d’aborder les choses autrement, pour travailler AVEC notre enfant et l’aider à traverser la situation, ça va nous demander de prendre sur nous.
On va donc remballer toutes ces émotions quand on est avec notre enfant, et s’en occuper de notre côté pour gagner en sérénité et pouvoir l’accompagner comme il le mérite.

👉🏻 Pour en savoir plus sur la contagion des émotions en situation de harcèlement scolaire, voyez l'intervention d'Isabelle Pailleau diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Une info pratique quand même : il existe un numéro vert spécifique pour les cas de harcèlement ou de cyber-harcèlement : c’est le 3018.

Ecouter ce que vit l’enfant

En fonction de ce que vous allez entendre, il va peut-être vous falloir faire des aller-retours entre cette étape et la précédente…

L’important, c’est de garder un dialogue calme et bienveillant avec votre enfant.
De lui offrir un espace où il se sent en sécurité pour parler de ce qu’il vit.

On va chercher à l’écouter, sans minimiser ses sentiments, en lui montrant qu’il n’est pas seul, et en transmettant l’idée qu’il n’est absolument pas responsable de ce qu’il subit.

Alors déjà… sur le papier, ça sonne bien ; dans la « vraie vie », c’est plus dur.

Les réactions classiques

Voici ce qu’on a plutôt tendance à dire, quand on est parent…

« Laisse tomber, ne les écoute pas ! »

L’intention est plutôt bonne (comme toujours) : on voudrait apprendre à notre enfant à ne pas se laisser déstabiliser par les remarques des autres.

On aimerait qu’il ait suffisamment confiance en lui pour que la bave du crapaud, etc…
Sauf que s’il vit les choses mal, ce n’est pas en lui disant « laisse tomber » que ça changera son ressenti !

Finalement, ça revient à lui dire un peu : « C’est rien ce que tu vis, pas la peine d’en faire une histoire. Si quelque chose se passe, contente-toi de subir sans rien dire. »

Ce qu’il retiendra plutôt, c’est qu’il est inutile de vous en parler…

« Te laisse pas faire ! »

A contrario, on a le parent qui veut encourager son enfant à s’affirmer, à ne pas se laisser « bousculer », au sens propre ou figuré.
Là encore, intention positive. Finalement, on est encore dans une démarche autour de la confiance en soi.

Seulement voilà : si l’enfant était capable de « ne pas se laisser faire », s’il savait comment, il le ferait !!

Mais comme personne ne prend le temps de lui enseigner comment faire, il en déduit qu’il devrait déjà savoir, et que donc, il est nul, finalement, c’est sa faute s’il est la cible, s’il est victime, c’est bien fait !

« C’est pas normal, je vais de ce pas contacter l’école. »

Ensuite, on bascule très vite dans la phase d’action. Evidemment, on veut résoudre la situation, et vite !!

Encore une fois, belle intention. Mais attention.

1- Ne rien faire sans l’accord de votre enfant. Sinon, vous perdez sa confiance et il ne vous dira plus ce qui lui arrive…
2- Vouloir résoudre les choses pour lui est louable, mais pas toujours aidant. Il est peut-être possible de faire bien mieux que ça ! On va voir ça ensemble un peu plus loin dans cet article.

A retenir de cette partie sur l’écoute : restez au diapason de votre enfant.
Sortez vos compétences d’écoute active, offrez lui pour commencer le « simple » réconfort de votre empathie.

👉🏻 Pour en savoir plus sur les méthodes d'écoute sécurisante, voyez l'intervention d'Arnaud Deflandre diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Vérifier ce qui est en place dans l’établissement

Vous l’aurez compris, les méthodes varient d’un établissement à l’autre.

Le conseil devrait donc être de signaler la situation à l’école, et de discuter avec des mesures à prendre.
Sauf que… vous ne maitrisez plus ce qu’il se passe à ce moment-là.

Si votre enfant est dans un établissement où il existe une bonne équipe référente, génial !
Dans ce cas, oui, rencontrez-les, et travaillez ensemble !

👉🏻 Pour voir comment ça peut se vivre dans la pratique, voyez l'intervention de Lison Novaretti diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Si ce n’est pas le cas, il vaut mieux le savoir et « travailler » de son côté.

A titre d’exemple, quand on a compris que Léon vivait une situation compliquée, j’ai pris conseil et j’ai choisi de me former pour travailler directement avec lui.
Un jour pourtant, l’école a vu que quelque chose n’allait pas. Léon s’est mis à parler un peu. La vie scolaire voulait alors qu’il nomme les garçons qui l’embêtaient, et qu’ils aillent ensuite les voir ensemble.
Honnêtement, je ne crois pas que cela aurait aidé les choses, au contraire !!

Rendre son pouvoir d’action à votre enfant

Un enfant qui est harcelé se sent surtout démuni.

En général, il a déjà essayé de s’en sortir d’une manière ou d’une autre. En vain.
Il a dit à ses intimidateurs d’arrêter. Encore et encore.
Il ne voit plus d’issue.

Comme le dit très bien Emmanuelle Piquet, si on règle la situation pour lui (encore faut-il savoir comment, mais imaginons qu’on le sache), il recevra 2 messages simultanés :

  • je t’aime et je suis là pour toi
  • tu n’es pas capable de t’en sortir seul

Voyez le problème ?

Le problème, c’est qu’on renforce inconsciemment sa posture de victime !
Et attention : pas seulement auprès de lui – auprès de son harceleur également.

Voilà pourquoi les cas de harcelé à répétition ne sont pas rares.
Un enfant qu’on change d’école et qui se fait de nouveau harcelé.

Dans le fond, il a ancré le fait qu’il ne savait pas s’en sortir sans l’aide des adultes.

Ça m’a paru tellement évident quand j’ai entendu ça, que je suis tombée amoureuse des méthodes qui aident l’enfant à se relier à son pouvoir d’action !
Car, bonne nouvelle, il en existe !!

Alors, je sais que ce ne sera pas toujours possible. Ou pas assez rapidement.
Si le harcèlement est vraiment sérieux, qu’il dure depuis longtemps, l’enfant peut avoir une estime de lui-même tellement au fond des chaussettes qu’il ne parviendra pas à reconnecter ses propres compétences.

Dans ce cas, il est plus sage d’aller voir un professionnel, pour accompagner l’enfant vers une certaine guérison.

Mais il existe aussi des tas de situations ou c’est possible : on va aider l’enfant, oui.
Mais pas en faisant à sa place, pas en se mettant entre lui et le monde.
On va plutôt se mettre à côté de lui pour l’aider à développer ses compétences.
L’aider en trouvant avec lui comment il peut changer ses réactions pour que les intimidations s’arrêtent.
Et l’entrainer !

Alors, quand la magie opérera, il aura non seulement progressé, mais cela aura aussi développé son estime de lui !

👉🏻 Pour découvrir de telles méthodes, voyez les interventions d'Emmanuelle Piquet et de Philippe Aïm diffusées lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024

Je vais m’arrêter là pour l’instant.

Vous l’aurez compris cependant, ces derniers mois, j’ai pas mal creusé le sujet du harcèlement scolaire…
J’ai donc bien l’intention de vous écrire d’autres articles sur ce sujet.
Un grand thème en particulier manque encore dans mon article : celui de la prévention du harcèlement !

On en reparle donc… et en attendant, posez-moi vos questions en commentaire !

L’écoute…

C’est l’un des fondamentaux de l’éducation positive. Une compétence que j’ai appris à développer, alors qu’elle est tellement à l’encontre des attitudes sociétales.

Oh… je tombe encore régulièrement dans les pièges qui m’en empêchent… mais j’ai compris le principe !

Dans cet épisode, je vous parle de ce qu’est l’écoute, et des 2 grands obstacles qui se dressent souvent entre nous et notre enfant :

1- l’envie de résoudre

2- la différence de point de vue

Prêt à vous remettre en question ?

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Bonjour les parents qui cheminent, aujourd’hui je voudrais vous parler d’écoute. C’est un thème qui m’est cher parce que je crois qu’il est réellement fondamental dans toute la démarche d’éducation bienveillante, positive, consciente.

Et alors, consciente, c’est un bon mot parce que justement, on n’est pas conscient, qu’on ne sait pas écouter. L’écoute, c’est un mot simple, on a l’impression qu’on sait tous faire ça, on discute tout le temps avec d’autres gens et puis on parle et on écoute, c’est logique.

En réalité, quand on se penche sur cette notion, on se rend compte à quel point on est souvent à côté de la plaque. 

Le premier piège : l’interruption

D’abord, premier piège, c’est le fait de vouloir intervenir tout de suite (il y a une étude qui dit qu’on est interrompu en moyenne au bout de, je ne sais plus si c’est 7, 17 secondes, peut-être c’est 14, je ne sais pas si mon chiffre est faux, peu importe).

L’idée, c’est vraiment de se dire qu’on laisse peu d’espace aux gens pour s’exprimer et les gens nous laissent peu d’espace en retour. Ça, c’est déjà un premier signe du fait que finalement, on ne sait pas écouter.

Donc, écouter, ça commencerait déjà tout simplement par se taire un peu plus pour laisser l’espace aux gens de s’exprimer. Ne serait-ce que parce que dans les moments où ils s’expriment, ils ont eux-mêmes un fil de pensée qu’ils sont en train de suivre et ils sont eux-mêmes en train d’affiner leur propre raisonnement, leur propre pensée sur la question. Donc, leur laisser l’espace.

Premier obstacle : vouloir résoudre

Mais surtout, ce qui vient interrompre, ce qui vient poser un vrai obstacle sur notre démarche d’écoute, c’est une tendance qu’on a dans toutes nos relations, mais en particulier en tant que parents, c’est celle de vouloir résoudre les choses. 

On a l’impression (peut-être parce qu’on a l’habitude en tant que parent d’être un peu un guide pour nos enfants et de leur donner des indications sur pas mal de choses) que quand ils nous livrent quelque chose, l’idée, c’est qu’on trouve la solution à la situation.

Exemple concret : l’écoute face aux plaintes de l’enfant

La situation

Je vais vous donner un exemple très parlant. J’ai eu un échange récemment avec une maman, Corinne, qui m’écrit :
« Quand ma fille de cinquième me dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou l’activité que la prof a prévue, ça m’agace parce que ses plaintes sont fréquentes et que je ne peux que lui dire qu’elle doit assister aux cours, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Cette anecdote-là est très parlante. 

Pas de solution

Parce que voyez bien ce qui se passe :
La fille de cinquième dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou qu’elle n’aime pas l’activité.
La maman, ça l’agace parce qu’elle n’a pas de solution pour elle.

C’est d’ailleurs ça qu’elle écrit :
« Je ne peux que lui dire qu’elle doit y assister, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Et ça, c’est parce que la maman se sent démunie, elle n’a pas de solution pour elle. Elle aimerait pouvoir donner une solution à sa fille par rapport au fait qu’elle n’aime pas les cours et qu’elle aimerait sécher.

Elle n’a pas de solution. « Tu as beau ne pas aimer les cours, tu es obligée d’y aller. » Et du coup, comme elle n’a pas de solution, elle n’écoute pas ce que lui dit sa fille.

Et même, non seulement elle ne l’écoute pas en lui répondant : « Attends, il n’y a pas le choix, on y va », parce qu’elle cherche ce qu’on peut faire face à la situation, mais même, elle s’agace !

Elle s’agace intérieurement, probablement parce qu’elle-même, elle se sent démunie sous l’angle de « Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse à cette situation ? » 

Le besoin d’écoute

Mais en fait, si on y réfléchit bien, si on s’arrête deux secondes, cette fille n’a pas forcément envie que sa mère fasse quelque chose dans cette situation.
Elle est juste en train de partager ce qu’elle vit

Elle dit : « Oh là là, j’aimerais bien pouvoir sécher les cours parce que cette prof-là, je ne la supporte pas. »
Et une vraie écoute, ce serait de dire : « Ah ouais, à ce point-là, qu’est-ce qui ne te plaît pas chez elle ? »

Et là, la fille a un espace :
« Tu vois, quand elle nous parle comme ci, comme ça, ta ta ta…
Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être agréable. Et ça lui arrive souvent ou… ? »
Voilà, on s’intéresse à elle. On est dans l’écoute.

Et oui, c’est vrai : à la fin, même si ça ne lui plaît pas, elle va devoir aller en cours. N’empêche qu’elle aura eu un espace dans lequel elle aura pu s’exprimer et se sentir écoutée, justement. Et ça, ça crée le lien

Et d’ailleurs, quand Corinne écrit que ses plaintes sont fréquentes, il est fort probable que la raison pour laquelle les plaintes sont fréquentes, c’est justement parce que quand elle se plaint, elle n’est pas écoutée. 

Le pouvoir apaisant de l’écoute

Tout être humain a réellement envie d’être entendu dans ce qu’il vit, dans ce qu’il traverse.

Et donc, quelque part, si la plainte se répète, peut-être que c’est une manière un peu maladroite de chercher qu’à un moment, quelqu’un lui dise : « Ah ouais, ça doit être dur ! » Et c’est tout.
Elle a envie d’être entendue, cette fille. 

Et c’est incroyable à quel point recevoir ce que vit l’autre, valider ce que vit l’autre, sans chercher une solution, juste l’entendre dans ce qu’il vit, ça peut apaiser la personne en face

En fait, il n’y a rien de plus apaisant que d’être entendu.e, même quand il n’y a pas de solution.

Le réflexe de chercher des solutions

C’est fou, parce que ce biais-là qu’on a, de vouloir chercher des solutions, il est tellement présent dans notre société, avec les enfants, mais même entre adultes, que ça reste un réflexe, une façon de réagir qui est automatique. 

Anecdote personnelle

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, alors que nous, ça fait quand même des années maintenant qu’on pratique l’écoute et qu’on sait que c’est comme ça qu’on fait ! 

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, où notre fils Anatole avait un rendez-vous qui était prévu (il avait choisi d’y aller d’ailleurs), et au moment de se préparer à partir, il dit : « En fait, finalement, je n’ai pas envie d’y aller. »

Dans le contexte dans lequel on était, il n’était pas question de ne pas y aller.
Et donc, mon mari commençait à lui dire : « Ah oui, mais ça ne va pas être possible » et puis également, essayer de le rassurer sous l’angle de : « Tu vas voir, ça va être chouette parce que… etc. »

Et quand j’ai commencé à écouter et à dire : « ah ouais, tu n’as pas envie d’y aller, tu regrettes finalement d’avoir pris cette décision ? »
Nicolas me disait : « Oui, mais bon, il n’y a pas le choix. » et moi : « mais ok, je ne suis pas en train de chercher une solution, je suis juste en train d’entendre ce qu’il dit. Ce n’est pas parce qu’il va y aller, de toute façon, qu’on ne peut pas valider le fait que là, tout de suite, il n’a pas envie d’y aller. »
Et mon mari m’a dit : « Ah oui, effectivement ! ».

Il le sait très bien, ça, dans la théorie !
C’est juste que c’est tellement habituel, dans notre environnement, de basculer en mode “solution”, qu’on a l’impression que quand il n’y a pas de solution qui existe, il ne vaut mieux pas écouter le cas.
Alors qu’en fait, ça fait du bien de s’écouter…

Voilà, donc ça, c’est vraiment un obstacle très fort dans notre démarche d’écoute.
Et si vous vous en rendez compte, je vous encourage à essayer de prendre les choses différemment.

Le message de confiance

Et encore : là, je vous parle de cas où de toute façon, la solution n’existe pas, et on a du mal à écouter parce qu’on se dit qu’il n’y a pas d’autre solution. 

Mais imaginons qu’il y ait des solutions et effectivement, qu’on puisse suggérer, qu’on puisse réagir avec des suggestions, des pistes, etc. 

En fait, là non plus, ce n’est pas de l’écoute.
Et en plus, ça envoie le message à l’autre, grosso modo, qu’on pense – inconsciemment évidemment – qu’il n’est pas capable de trouver ses propres solutions.

Donc, il nous partage son histoire et nous, on va répondre avec nos suggestions, nos solutions, en lui disant ce qu’il doit faire, ou en tout cas en donnant nos conseils…

Alors qu’en réalité, un vrai message de confiance, c’est de recevoir ce qu’il nous dit et de le laisser trouver sa propre solution.
Parce qu’en fait, la personne en face de nous a les ressources pour trouver sa propre solution.

Rejoindre l’autre au lieu de résoudre le problème

Comme le dit Thomas d’Ansembourg : « La personne en face de nous n’est pas un problème à résoudre, mais un être humain à rejoindre. »

Donc, l’idée, c’est réellement de rejoindre cette personne et de l’écouter.

Éventuellement, on peut lui poser des questions de l’ordre de :
« Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être simple. Et du coup, tu as réfléchi à ce que tu allais faire ? », si on pense réellement qu’elle a besoin de soutien dans cette démarche-là.
Mais elle est tout à fait capable de trouver sa propre solution. Nos enfants y compris.

Développement des compétences

Alors, bien sûr qu’ils ont moins d’expérience que nous.
Mais déjà, rien que de prendre ce temps de réflexion de ce qu’ils ont envie de faire, de ce qu’ils peuvent faire, etc., c’est développer des compétences dont on suppose qu’ils ne les ont pas parce qu’on va leur donner nos conseils nous-mêmes. 

Donc, c’est vraiment un espace qu’on peut leur offrir qui est très fort et un message de confiance qui est très fort.

Le moment pour offrir des suggestions

Et s’ils se retrouvent bloqués…
Moi, il m’arrive même que les enfants me demandent carrément : « Qu’est-ce que tu ferais, toi ? » 

Dans ces cas-là, évidemment, il y a un espace dans lequel on peut aussi suggérer des solutions s’ils se retrouvent un petit peu bloqués.
On peut leur dire même avant qu’ils posent la question : « J’ai l’impression que tu es un peu perdu. Tu as envie d’avoir des suggestions ou pas ? » Déjà, on peut poser la question. 

Et si c’est lui qui pose la question, moi, ça m’arrive de répondre :
« Si tu veux, je peux te dire ce que moi, je ferais à ta place. Mais ce sera ma solution. Ce ne sera pas la tienne. Je ne sais pas si elle te conviendra. » 

Parce que c’est ça qui est important : nous, on n’a pas la réponse universelle à leur situation. Ce sont eux qui l’ont. Ce qu’on peut faire, c’est être là en soutien. Et écouter, c’est déjà un soutien énorme. 

Voilà !

Deuxième obstacle : le désaccord

Deuxième cas, deuxième gros obstacle à l’écoute, c’est le désaccord

C’est le sentiment qui peut naître quand parfois, on n’est tellement pas d’accord avec ce que notre enfant nous dit !! et on a tendance à basculer dans une espèce de lutte de pouvoir, ou en tout cas de rapport de force, plutôt, dans lequel on a envie grosso modo de démontrer qu’on a raison et que lui, il a tort.

Raison ou tort

Et cette idée du fait que quand il y en a un qui a raison, l’autre a tort et qu’on est toujours en opposition, c’est un des principes, une des postures qui crée le plus de difficultés dans les relations.

Et moi, j’adore cette phrase qui dit :
« ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort ». 

On peut avoir tous les deux raisons à la fois. Tout simplement parce qu’on a des perspectives différentes sur les choses.

Comprendre la perspective de l’autre

Quand j’aborde cette notion en classe, je le fais très simplement en écrivant un 6 sur un papier et en mettant ça entre deux personnes qui se font face. Et évidemment, l’un voit un 6, l’autre voit un 9. Et ils ont tous les deux raison. C’est réellement une question de perspective.

Et donc, plutôt que de se mettre en opposition par rapport à ce que va nous dire notre enfant, parce qu’on considère que sa perspective est fausse et on veut lui démontrer que nous, on a raison, on peut tout à fait au contraire se mettre en posture d’écoute pour essayer de comprendre sa perspective.

Le sens critique

Alors, bien sûr que, encore une fois, on a des années d’expérience qui font que peut-être, on a des éléments un peu plus sérieux. 

Parfois, non. Parfois, on touche à des sujets sur lesquels ils s’y connaissent beaucoup mieux que nous.

Mais il peut y avoir des situations dans lesquelles on a des éléments qui font qu’on a plus de chances que notre point de vue soit valide que le leur.

Mais en fait, peu importe. Parce que quand on va aller quand même à la découverte de leur point de vue, ça va nous permettre de les aider à développer leur sens critique.
Ça va nous permettre de consolider le lien avec eux. Ça va nous permettre de mieux comprendre ce qu’eux vivent et comment ils abordent les choses.

Et dans tous les cas, on est complètement dans un renforcement de notre connexion, de notre lien, qui va d’ailleurs avoir un effet hyper positif ensuite sur la coopération dans la famille.
Parce qu’on a envie de coopérer avec les gens avec qui on se sent en lien

L’image du pont : une métaphore pour l’écoute

Donc, même si on n’est pas d’accord avec eux, on peut essayer de les comprendre.

Et il y a une image que j’ai envie de vous donner ici, qui m’a été offerte par une personne qui suivait avec moi le séminaire d’approfondissement de la communication non violente en présentiel il y a quelques semaines, que j’ai trouvée absolument géniale. 

Elle disait qu’elle suivait un programme de couple avec des soirée organisées régulièrement, et ils avaient cette image du pont, le pont qui rejoignait un monde à l’autre en fait. 

Rejoindre l’autre

L’image veut que chacun soit d’un côté du pont – en fait, que le monde de chacun soit d’un côté du pont.

J’ai mon monde d’un côté. Et puis il y a un pont et il y a ton monde de l’autre côté. Et donc de temps en temps, la démarche était « est-ce que tu veux bien prendre le pont et venir dans mon monde ? ». 

Et quand on fait ça, quand on prend le pont pour aller dans le monde de l’autre, c’est là qu’on est vraiment à l’écoute de ce qui est vivant chez l’autre (comme on dit en CNV). 

La curiosité pour l’autre

C’est-à-dire que je suis dans le monde de l’autre. Mon monde à moi, il ne compte pas. Ce moment-là où je suis dans le monde de l’autre, c’est le moment où je suis pleine de curiosité, pour essayer de comprendre comment ça marche dans ce monde-là. 

Et c’est ça l’écoute, c’est être dans le monde de l’autre.
C’est le rejoindre là où il est. 

À partir du moment où j’arrive à le poser comme une image comme ça, je vais réellement être dans cette posture de curiosité et de découverte.

J’aime bien cette image parce que ça veut dire que mon monde à moi, je l’ai laissé derrière, temporairement.

Questions pour découvrir l’autre

Et donc quand mon enfant me raconte quelque chose, si je décide d’aller dans son monde, je vais dire : « ah oui, tu vois les choses comme ça toi. D’accord et alors pourquoi dans ces cas-là c’est comme si… Et ah d’accord… Et alors qu’est-ce qui te fait penser ça ? Et est-ce que c’est tout le temps comme ça ?, etc. »

Et on va poser des questions pour essayer de découvrir ce monde-là. Le fait de découvrir ce monde-là, ça ne veut pas forcément dire qu’il nous plaît, ça ne veut pas forcément dire qu’on est d’accord avec tout ce qu’on y trouve. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va repartir avec les mêmes principes parce qu’on est convaincu. Ça veut dire qu’on essaye de visiter en fait.

L’expression de soi, ensuite

Et une fois qu’on a visité, une fois qu’on a rejoint l’autre, on peut lui dire par exemple « Ah bah, tu vois, c’est marrant parce que moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça. Est-ce que tu veux bien retraverser le pont et puis venir dans mon monde à moi ? Et là, je vais t’expliquer comment c’est chez moi.
Bien sûr » 

Et là, on passe non plus en écoute, mais en expression de soi.
Mais d’abord, on est en phase d’écoute dans laquelle on a le droit d’avoir des perspectives différentes. Ce n’est pas invalidant.

Conclusion

Voilà. J’espère que ces deux grands obstacles de la recherche de solutions et de la différence vous parlent. 

J’espère surtout que vous les garderez à l’esprit pour en être conscient quand vous voyez que ça vient se mettre en chemin, enfin, ça vient bloquer l’écoute que vous pouvez avoir face à vos enfants.

Parce que le jour où on arrive à lever ces obstacles-là et à se mettre vraiment en connexion, ça facilite énormément les relations, les échanges et la suite.

N’oubliez pas de partager ce podcast avec ceux que ça pourrait inspirer. Et je vous retrouve dans un prochain podcast. À bientôt !

La responsabilité émotionnelle va plus loin que l’intelligence émotionnelle.
Le principe : nous sommes responsables de nos émotions.
En voilà une notion pas évidente !
Ni à vivre, ni à transmettre…
Quelques pistes qui peuvent vous y aider.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent et bienvenue dans ce nouveau podcast dans lequel je voudrais vous parler de comment enseigner la responsabilité émotionnelle à vos enfants. Alors évidemment, avant de pouvoir enseigner la responsabilité émotionnelle à nos enfants, il faut déjà avoir compris ce qu’est la responsabilité émotionnelle et du coup la vivre de notre côté.

Définition de la responsabilité émotionnelle

Différences entre intelligence émotionnelle et responsabilité émotionnelle

Commençons donc par ça : qu’est-ce que la responsabilité émotionnelle ? Et je vais vous donner en tout cas ma définition puisqu’en réalité, si on cherche sur internet (ce que j’ai fait un petit peu avant d’enregistrer cet épisode) on tombe plus sur des notions d’intelligence émotionnelle, de régulation émotionnelle que sur ce que moi, j’appellerais la responsabilisation émotionnelle.

Intelligence émotionnelle et régulation émotionnelle

Quelle différence je fais entre ces deux termes-là ? Le premier, l’intelligence émotionnelle ou la régulation émotionnelle (j’aime bien le terme d’intelligence émotionnelle en tout cas dans ce cas-là) c’est le fait d’être ouvert justement au monde des émotions, c’est le fait de pouvoir être à l’écoute de nos émotions, de savoir les reconnaître, de savoir les accueillir, de savoir les traverser – là, on est plus dans la régulation -… tout ce que globalement, on peut également appeler la “gestion des émotions”, ou en tout cas, c’est beaucoup dit sur internet. 

“Gestion des émotions” est un terme qui est assez largement repoussé par les acteurs de l’éducation positive, parce que “gestion”, ça sous-entend un petit peu contrôle, et ce n’est pas ce qu’on veut faire. On ne veut pas contrôler les émotions au sens de les bannir, les repousser, on veut réellement les accueillir et savoir un petit peu les réguler, les traverser. Ça, c’est toute la partie intelligence émotionnelle / régulation émotionnelle. 

Responsabilisation émotionnelle

Dans la partie responsabilisation émotionnelle ou responsabilité émotionnelle, il y a pour moi vraiment cette notion de responsabilité réellement, c’est-à-dire : je suis responsable de mes émotions, ou de mes sentiments. 

Je suis responsable de mes émotions, ça veut dire qu’elles m’appartiennent, j’ai un pouvoir dessus, et l’autre n’est pas la cause de mes émotions. 

Et c’est de ça que je vais vous parler aujourd’hui, de cette responsabilisation par rapport à nos émotions. 

J’espère que ça vous inspire !

Enseigner l’intelligence émotionnelle

Importance de l’intelligence émotionnelle avant la responsabilité émotionnelle

Parlons un tout petit peu d’abord justement de cet enseignement de l’intelligence émotionnelle, parce qu’on ne va pas passer à la partie enseignement de la responsabilité émotionnelle, si on n’a pas d’abord parlé un petit peu intelligence émotionnelle

Donc ça commence par là, et je le dis au passage, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas déjà travaillé sur l’intelligence émotionnelle, commencez par là. 

Ressources sur le site

Il y a beaucoup de contenu sur mon site à ce sujet, et je fais une petite dédicace en disant ça à Raphaël qui s’est mis récemment à écouter mes podcasts et qui donc a dû entendre celui qui date de novembre 2017 sur la négation des sentiments.

Allez donc le voir, il n’est pas obsolète, et il parle bien de la tendance qu’on a d’habitude à avoir du mal à accueillir les émotions de nos enfants, et comment on peut évoluer là-dedans.

Importance de l’accueil des émotions

Donc tout le travail autour des émotions, autour de l’accueil des émotions, autour de la démarche pour aider nos enfants à reconnaître ces émotions-là, à en faire la différence, à savoir les exprimer, à savoir les traverser, ça, c’est vraiment un travail qui est fondamental et qui peut changer non seulement la façon dont ça se passe, mais également votre relation avec vos enfants, parce que ça crée une proximité de se mettre à s’ouvrir à ce que l’autre vit, et également dans notre propre façon de parler quand on partage nos émotions. 

On vit dans une société dans laquelle la vulnérabilité n’est pas toujours très bien vue. Et pourtant, ça fait de nous des êtres vivants. Et donc, ça crée une proximité toute autre, et dans la famille en particulier, c’est précieux.

Enseigner la responsabilité émotionnelle

Définition et importance de la responsabilité émotionnelle

Parlons maintenant de la responsabilité émotionnelle. Alors qu’est-ce que ça veut dire cette responsabilité émotionnelle ? 

Comme je viens de vous l’expliquer, c’est vraiment : « je suis responsable de mes émotions ». 

Et ça, c’est une des premières choses qu’on aborde quand on parle des émotions, parce que prendre la distance entre « c’est l’autre qui me met en colère » par exemple, et « je suis en colère », faire la différence entre ces deux choses-là, ces deux formulations-là, ce n’est pas anodin, et ça va réellement créer autre chose dans la relation.

Différence entre causes extérieures et réactions individuelles

Si je considère que c’est l’autre qui me met en colère, je le rends responsable de mon émotion, et je n’en prends pas la responsabilité de mon côté.
Pourtant, je suis responsable de mon émotion

Et je sais que c’est parfois difficile à entendre (en tout cas au départ…) parce qu’on vit des situations dans lesquelles, régulièrement, il y a des circonstances qui sont à l’extérieur de nous, qui nous mettent en colère justement.

On a l’impression qu’on n’a pas la main là-dessus, que ce n’est pas nous qui choisissons, ce sont ces circonstances-là qui font qu’on est en colère, point. 

Donc non, ce n’est pas moi qui suis responsable. 

Et pourtant, la meilleure façon de se rendre compte que ça vient de moi, c’est qu’on peut tout à fait imaginer quelqu’un d’autre, dans la même situation, qui réagirait de façon complètement différente. 

Et ça, ça prouve que cette réaction est en fait individuelle.

Les circonstances et nos pensées

Même si, évidemment, il y a certaines circonstances qui ont tendance à créer, chez (peut-être) la majorité des gens, le même genre de réaction, ce n’est pas automatique, ce n’est pas obligatoire.

En réalité, ces circonstances-là sont neutres, et ce qui crée l’émotion, ce sont les pensées qu’on a sur cette circonstance. C’est ce moment où (et parfois c’est inconscient) cette circonstance vient résonner en nous, par rapport à nos expériences, nos croyances, nos habitudes, nos principes, nos valeurs. 

Ça crée tout un tas de pensées, dont on n’a peut-être même pas conscience, et qui créent chez nous une émotion, un sentiment.
Et c’est cette émotion, ce sentiment qui va être le départ de notre réaction ensuite.

Exemple concret de réaction émotionnelle

Alors, je vous donne un exemple concret.
On en a discuté récemment en classe de CE2, lors d’une intervention en classe que je faisais justement sur les émotions, et je leur citais l’exemple suivant :

si quelqu’un vous dit : « Oh, c’est complètement nul ce que tu fais ! »

  • Réaction classique : c’est que, consciemment ou inconsciemment, ce qu’on pense, c’est « Non, mais ce n’est pas sympa de me dire ça ! Ça ne va pas, non ? Et puis d’abord, on ne se dit pas des trucs comme ça, etc. » 
  • Émotion : on est hyper agacé. 
  • Et réaction : on va lui dire « Arrête, tu n’as pas le droit de me dire ça ! » Ce qui, en général, n’améliore pas les choses. 

Ok, c’est une possibilité de réagir comme ça, et c’est souvent un peu classique. 

Influence des réactions classiques

Et d’ailleurs, le problème, c’est que, comme c’est la plus classique, c’est celle à laquelle on a été le plus exposé, et donc c’est par rapport à ce genre de réaction que se sont créées le plus de connexions dans notre cerveau, c’est ce qui va nous demander zéro effort à adopter, et donc ça se renforce en fait. 

Plus on voit ce genre de réaction, plus on adopte facilement ce genre de réaction, et plus on répète, et ça s’ancre encore plus. 

Donc forcément, on tourne en rond avec des réactions comme ça. 

Réactions possibles face aux critiques

Et pourtant, on pourrait très bien imaginer réagir complètement différemment, grâce à d’autres pensées. 

Donc, typiquement, l’autre enfant s’approche de moi et me dit : « C’est complètement nul ce que tu fais ! » 

Je pourrais : 

  • me dire : « Ah ok, bon, lui, il trouve ça nul, moi, je trouve ça bien. » 
  • Ressentir de l’indifférence
  • et lui dire, simplement : « ok ». 

Ou bien, troisième scénario (je vous le raconte comme je le fais un peu en classe, avec les élèves de CE2).

Troisième scénario, la personne arrive et dit « Oh, c’est nul ce que tu fais ! » 

  • Pensée : « Bah, c’est bizarre qu’il me parle comme ça, d’habitude, il est plutôt sympa. Il ne doit pas être bien aujourd’hui. » 
  • Sentiment : préoccupation
  • Réaction : « Ça ne va pas, il y a quelque chose qui ne va pas aujourd’hui ? »

Multiplicité des réactions possibles

C’est assez impressionnant de voir comme on peut réagir de façon complètement différente face à la même circonstance. Cela démontre à quel point on est responsable de nos émotions. 

Cela demande aussi d’entretenir des pensées, des réactions qui sont différentes, de ne pas tomber dans le piège de la réaction classique et immédiate. 

À condition évidemment qu’on ait envie de changer de réaction !

Si on avait le choix…

Parce que quand j’ai posé en classe la question de : « Ok, parmi ces trois scénarios, 1, 2, 3, lequel des trois, vous aimeriez pouvoir adopter, si vous vous en sentiez capable, si vous aviez le choix ? » 

Alors les élèves m’ont tous répondu 2 ou 3, sauf un, qui lui, m’a dit 1. 

Il préférait s’énerver sur le premier…

Et du coup, on en a parlé. 

On a dit : « Ah bon, pourquoi ?

 –  Parce que ce n’est pas juste. Il me dit un truc qui n’est pas sympa, et il faudrait juste qu’il s’en sorte ! »

Évidemment, cet enfant a grandi dans un contexte dans lequel on considère – et ça, c’est vrai pour nous tous globalement, ça demande de revisiter un peu nos croyances, y compris celles qu’on a reçues sans même s’en rendre compte – dans une ambiance dans laquelle quelqu’un qui fait quelque chose d’inapproprié, il devrait être puni

Et donc, cet enfant considère que si quelqu’un parle de façon désagréable à l’autre, il devrait être puni et donc subir la colère en retour plutôt qu’il ne lui arrive rien du tout.

Donc là, j’ouvre un autre débat dans lequel je ne vais pas rentrer tout de suite, mais je vais rester sur cette notion de responsabilité émotionnelle

Première réaction face à cette notion de responsabilité émotionnelle

Ce qui est magique avec cette responsabilité émotionnelle, c’est justement le fait que du coup, ça ouvre des choix, ça nous redonne le pouvoir. 

Au début, c’est un peu difficile à admettre parce que quand l’autre se comporte de façon inappropriée (en tout cas selon notre jugement) et qu’on se dit : « Oui, mais tu es responsable de tes propres émotions et donc c’est toi qui finalement te mets en colère et tu as le choix de ne pas te mettre en colère, etc. » , on se dit : « Bah non ! C’est lui, il se comporte mal, point. »

Donc on n’a pas envie d’entendre ça au départ. 

Deuxième : récupérer notre pouvoir

Et pourtant, d’un certain côté, c’est hyper rassurant, ça veut dire en fait : je n’ai pas besoin de subir ce que me fait subir l’autre. Je peux, moi, choisir autre chose.

Ce que dit par exemple Philippe Aïm, qui travaille énormément en rapport avec le harcèlement scolaire, lui, il dit : « L’autre n’a pas de télécommande sur mes émotions. » 

Et c’est exactement cette notion-là. 

Et donc, il a même une phrase qui est : « Je peux choisir de passer une bonne journée, quoi que tu en penses ou quoi que tu me fasses. » 

Alors évidemment, c’est facile de dire ça comme ça. 

Évidemment qu’il y a des comportements des autres qui vont faire que c’est plus ou moins difficile de passer cette bonne journée. Mais quand même, ça redonne un peu notre pouvoir

Cause et déclencheur

Donc, je suis responsable de mes émotions et je ne suis pas responsable de celles des autres.

Les comportements qui peuvent déclencher des émotions sont justement, le mot que je viens d’employer : des déclencheurs

Ce ne sont pas les causes profondes. 

Il y a des déclencheurs qui, assez facilement et assez répétitivement, nous envoient dans certaines émotions, mais ce ne sont pas pour autant les causes. 

Multiplicité des chemins émotionnels

D’ailleurs, même si on prend des comportements qui sont réellement tout à fait inacceptables, type harcèlement, on peut voir que l’enfant qui subit le harcèlement, en fonction des cas, peut se sentir en colère, effectivement, ou triste, ou honteux, ou seul. Et ces émotions sont différentes.

Évidemment, en l’occurrence, aucune de toutes celles-là n’est agréable. 

N’empêche que ça prouve bien que chacun a ses propres émotions. 

Et donc, ça ouvre en fait toute une panoplie d’autres chemins qui peuvent être choisis pour aller vivre autre chose. 

Et c’est exactement ça qu’ils ont conclu en CE2. 

Quand on a parlé de ces différentes réactions, ils ont dit : ça veut dire qu’il y a plusieurs chemins.

Et c’est ça qu’on a envie de transmettre aux enfants, c’est qu’il y a plusieurs chemins. Ils n’ont pas à subir leurs émotions, ils ont à accueillir leurs émotions et à choisir comment ils veulent réagir ensuite. 

Comment transmettre la responsabilité émotionnelle

Être un modèle pour nos enfants

Donc, comment on fait pour transmettre cette notion de responsabilité émotionnelle à nos enfants ? Alors évidemment, c’est toujours la même chose ! 

La meilleure façon de transmettre quelque chose, c’est d’en être soi-même le modèle. Et ce n’est pas évident, parce que nous-mêmes, on n’a pas grandi avec. Nous-mêmes, on a tendance à un peu subir nos émotions, à ne pas savoir l’exprimer avec les mots qui en prennent la responsabilité.

Utilisation du message « je »

Donc, le premier outil pour ça, pour pouvoir en donner le modèle, c’est d’adopter ce qu’on appelle le message « je » qui est si cher à Thomas Gordon

Qu’est-ce que le message “je” ?

C’est « je parle de moi en prenant justement la responsabilité de mes émotions ». C’est également ce qu’on voit en premier quand on fait de la communication non-violente : le côté responsabilité de mes émotions et parler de moi et de ce qui est vivant chez moi

Donc, c’est vraiment faire la différence entre le fait que quand un comportement nous pèse, on ne va pas dire : « vous êtes insupportables les enfants », mais on va dire « j’ai du mal quand je vois ça, parce que moi, j’aime bien… »

Et ça change tout, parce que du coup, c’est moi qui prends la responsabilité de mes émotions (et ça ouvre d’autres solutions).

Prendre la responsabilité pour ouvrir des voies

L’exemple que j’aime donner, c’est celui où il y a du bruit dans le salon parce que les enfants sont, par exemple, en train de jouer de façon forte, et j’ai beau leur dire de faire moins fort, ils continuent, mais au bout d’un moment, ce n’est pas eux qui sont insupportables, c’est moi qui ai besoin de calme. 

Et donc, le fait d’en prendre la responsabilité, ça peut ouvrir des voies qui ne sont pas forcément les mêmes. C’est-à-dire, ça peut être moi qui décide d’aller m’isoler, si c’est possible.

Favoriser la communication et la collaboration

Ça peut être de leur dire « tiens, ce jeu-là, j’ai l’impression qu’il n’est pas possible de le faire sans bruit parce que ça fait partie du jeu, est-ce que c’est ok de le faire dans votre chambre ? » 

Ce n’est pas que votre comportement est inapproprié, c’est que votre comportement à ce moment-là, il n’est pas compatible avec mes besoins à ce moment-là. 

Et à ce moment-là, on peut se rejoindre et trouver des solutions qui marchent pour tout le monde. 

Ça crée une ambiance complètement différente. 

Voilà… ce message « je » !

Prendre du recul avec le temps de pause

D’autre part, en termes de modèle, il y a aussi ce qu’on peut appeler le temps de pause

C’est-à-dire que quand je sens, moi personnellement, que mes émotions sont en train de déborder, en tout cas de monter suffisamment pour que j’arrive bientôt dans des moments où mon comportement ne va pas être tout à fait en lien avec ce que j’aimerais pouvoir faire (ça vous arrive à vous aussi, j’imagine ?) parce que j’ai beau avoir toute cette théorie, je n’arrive pas toujours à faire exactement ce que j’aimerais faire… si je sens que ça vient, je vais me retirer et je vais l’expliciter. 

Je vais dire : « Bon, là, je ne suis plus capable, je vais prendre une pause et je reviens ». 

Et ça aussi, c’est une forme de responsabilité émotionnelle. 

C’est-à-dire, je prends la responsabilité d’être à l’écoute du fait que ce que je vis est trop intense pour que je sois capable d’y faire face pour l’instant, je m’isole moi-même et je reviendrai quand j’aurai les moyens d’entrer en relation avec l’autre. Et ça, c’est un modèle qui est puissant. 

Donc, je vous encourage à faire ça !

Ajuster le vocabulaire

Alors, en termes de vocabulaire, pour vous dire ce que ça donne chez nous, quand justement, on évite d’accuser les autres de nos propres émotions…

Cela fait maintenant quelques années qu’on a supprimé de notre vocabulaire l’expression « tu m’énerves », puisqu’on a bien compris que ce n’est pas l’autre qui nous énerve. La colère vient de nous-mêmes. 

Et donc, on dit « je m’énerve ! », ce qui donne des situations assez rigolotes.. et d’ailleurs, ce n’est pas mal que ce soit assez rigolo, ça permet de désamorcer un petit peu les choses parfois. 

« Je m’énerve ! »

Enlever au moins la personne

Si vous ne voulez pas adopter « je m’énerve », vous pouvez au moins adopter « ça m’énerve », c’est déjà complètement différent de « tu m’énerves ».

Et d’ailleurs, ça me fait penser à une activité de Discipline Positive qu’on fait aussi parfois en classe, qui s’appelle « ça m’énerve et j’aimerais ». 

On parle avec les enfants de justement comment exprimer ça : ce qui nous énerve et ce qu’on aimerait vivre à la place.

Et dans la démarche de « ça m’énerve », on a justement cette distanciation avec l’autre. 

Je me souviens de la première fois que j’ai fait cette activité, c’était en classe de CP. 

On parlait de ce qui pouvait nous énerver, et il y a une petite fille qui dit : « Ça m’énerve quand Matthieu marche sur mon tapis de dictée ». 

Et je lui dis : « D’accord, et est-ce que si c’était quelqu’un d’autre que Matthieu, ça ne t’énerverait pas ? » 

Elle m’a dit : « Si, en fait, ça m’énerve, qui que ce soit.

 – Ah, donc, est-ce que ça t’énerve que Matthieu marche sur ton tapis de dictée, ou est-ce que ça t’énerve quand quelqu’un marche sur ton tapis de dictée ?

Ah bah ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée

Ok, donc en l’occurrence, il se trouve que c’est Mathieu qui l’a fait, et donc quand tu vas le dire à Mathieu, tu vas pouvoir lui dire : « Tu sais Mathieu, ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée ». Mais du coup, quand tu lui dis comme ça, ce n’est plus lui qui est visé, c’est le comportement qu’il a adopté à ce moment-là, et ça change tout dans sa possibilité de le recevoir, parce qu’il va se sentir beaucoup moins accusé. » 

Ce sont les démarches qu’on peut adopter pour montrer un petit peu la responsabilité émotionnelle. 

J’espère que tout ça vous inspire !

Attention à la déresponsabilisation !

Les autres sont responsables de leurs émotions

J’ai quand même un dernier mot, parce que quand on parle de responsabilité émotionnelle, et je l’ai dit au passage, on dit qu’on est responsable de ses propres émotions, et qu’on n’est pas responsable de celles des autres. 

Et parfois, il y a une déresponsabilisation dans la démarche, de l’ordre de « Ah oui, non mais s’il s’énerve, de toute façon, c’est lui qui s’énerve, ce n’est pas moi. Ce n’est pas à cause de moi. Lui, il est responsable de ses propres émotions ». 

Oui, d’accord. Il ne faut pas non plus que ça serve d’excuse à tout comportement qu’on peut avoir avec l’autre, parce que de toute façon, il est responsable de ses émotions ! 

Choisir de ne pas être un déclencheur

Bien sûr, on est bien d’accord, et c’est ce qu’on a dit tout à l’heure, il y a quand même certains comportements qui sont plus déclencheurs que d’autres.

Alors, soit, ce ne sont pas les causes fondamentales, par exemple, si quelqu’un nous parle mal, peut-être que ça, c’est un déclencheur et que la cause fondamentale, c’est que moi, j’aime vivre le respect et que c’est pour ça que ce comportement-là, il ne me plaît pas à ce moment-là.
En réalité, je sais qu’il y a d’autres contextes et d’autres personnes pour lesquelles ça fait partie de leur mode de communication. Ils ne vont pas ressentir la même chose au même moment. Donc, tout est question de où on place notre propre limite.
N’empêche qu’il y a quand même des comportements qui sont effectivement inappropriés, désagréables, etc.

Empathie et règle d’or

Et c’est important de savoir qu’on a en nous aussi un pouvoir de choix sur ce qu’on va adopter comme comportement, sur l’impact que peuvent avoir nos paroles, ça par exemple, c’est important d’en avoir conscience et donc de développer l’empathie

La règle d’or…

Cependant, (et là, je fais le lien entre les deux) ce qui est intéressant dans le développement de cette empathie, c’est ce qu’on peut appeler la règle d’or

Alors pourquoi je l’appelle la règle d’or ? 

Parce que ça rejoint ce que les anglophones appellent la règle d’or. 

Donc, nous, les Français, on dit et on répète, et on a entendu depuis qu’on est petit : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent. » 

Et les anglophones, les américains en particulier, ont une règle d’or, ils disent juste “la règle d’or”, ils savent ce que c’est.

C’est :  « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils te fassent. » 

On reconnaît bien là leur formule un peu plus positive que la nôtre, c’est déjà sympa !

…avec une autre perspective 

Mais en fait, chez nous, depuis quelques années déjà, on a changé cette règle-là. Parce que, finalement, justement, comme on est tous différents, on a tous des choses qui nous plaisent et qui ne nous plaisent pas, qui ne sont pas forcément les mêmes. 

Donc, dire, par exemple : « mais, tu aimerais toi qu’il te fasse ça ?Ben moi, ça ne me gênerait pas » peut répondre un enfant. Et c’est peut-être complètement sincère. Peut-être que ce qu’il est en train de faire à l’autre, lui, ça ne le gênerait pas. 

Et donc si on ne développe l’empathie qu’en revenant à son propre référentiel, on ne développe pas complètement l’empathie. 

Parce que l’empathie, c’est réussir à se mettre un peu à la place de l’autre, en acceptant en particulier qu’il y a d’autres façons d’aborder les choses et d’appréhender les choses.

Ce qu’ils aimeraient…

Et donc la règle qu’on donne, chez nous, c’est : 

« Ne fais pas aux autres ce qu’ils n’aiment pas qu’on leur fasse. » 

ou 

« Fais aux autres ce qu’ils aiment qu’on leur fasse. » 

Qu’on le dise en positif ou en négatif, en tout cas l’important, ce n’est pas ce que toi, tu considères être sympa ou pas sympa. 

C’est sois à l’écoute, à l’observation pour voir si l’autre, il apprécie. 

Et donc : « tu as l’impression qu’il apprécie là ce que tu fais ? Ça, c’est important. Même si toi, de ton point de vue, c’est quelque chose qui n’est pas grave. »

Je vais terminer là-dessus. J’espère que ce podcast vous a inspiré. 

Si vous avez des commentaires, écrivez-moi et partagez ce podcast avec ceux qui pourraient avoir du plaisir à l’écouter également. 

À très vite !

Ça faisait un moment que nous, les adultes, on avait envie de faire un trip à vélo en famille. Je pense même que ça fait plus d’un an qu’on en parle. Si on n’a pas sauté le pas avant, c’est probablement pour un mélange de raisons : d’autres choses à faire ou voir, le temps qui ne s’y prêtait pas, la logistique un peu plus compliquée, la flemme d’organiser, et… le manque de motivation de l’un de nos fils, Léon, 12 ans. Seulement, comment savoir si quelque chose nous plait ou pas avant d’avoir essayé, n’est-ce pas ? C’est comme de goûter un nouveau plat !
Et puis, une famille, c’est un groupe… alors il s’agit de varier les activités pour qu’il y en ait pour tous.
Ce n’est pas que nous soyons fans de vélo (d’ailleurs, autant que je l’avoue dès maintenant : le mien est électrique !), on fait même rarement des promenades à vélo, mais on se disait que ça changerait des randos (que pour le coup, on aime beaucoup !)
On a donc décidé de se lancer, en choisissant une virée sans trop d’ambition, afin de tester le concept. Une sorte de rando vélo, quoi.
Je vous raconte ici comment on s’y est pris.

Et puis surtout, au delà de l’aspect logistique, certes important, je voudrais vous parler de posture parentale pendant le voyage.
Car vous êtes ici sur un blog sur l’éducation positive. Comment les principes de cette éducation se sont glissés dans ce voyage ?
Quelles ont été les attitudes qui ont été en lien avec cette approche, et que je peux vous transmettre ici de manière plus concrète ?
Quelles sont les opportunités d’enseignement qui se sont présentées ?

On va voir tout ça, et à la fin, je ferai un petit bilan avant de vous dire ce qu’on a décidé pour la suite !

La logistique du voyage à vélo

Le contexte : nous partions à 5, c’est à dire Nico (mon mari), et nos 3 garçons. Oscar, 21 ans, Léon, 12 ans, et Anatole, 10 ans. Notre fille Alice, 17 ans, ne venait pas avec nous, car elle est en période de révisions.
Nous avions donc déjà des vélos pour chacun, Oscar, qui ne vit plus avec nous, prenant celui d’Alice.

Simplification maximum du circuit

Pour ce premier essai, on a cherché la facilité.

Pour moi, c’était très clair : si on mettait la barre trop haut trop vite, on allait dégoûter nos enfants et se couper toute possibilité de recommencer.

La durée

3 jours. Pour une première, ça permet de tester le concept du voyage vélo famille, sans prolonger trop les difficultés si elles sont trop grandes.

D’autant qu’une difficulté qu’on ne connait pas avant d’y avoir fait face, c’est le mal aux fesses…

Une journée de vélo va probablement passer relativement facilement, mais sera-ce facile de remonter sur sa selle le lendemain ?

La distance

Elément fondamental, bien sûr : la distance.

Au départ, on s’est dit 30 km par jour.

Calcul simple : si on roule à 10km/h, ce qui n’est pas rapide, ça demande 3h de vélo, ça devrait être ok !

(on verra que ce n’est pas si simple…)

Le dénivelé

Un autre élément fondamental : pas trop de dénivelé !

Pour le coup, être en montée ou pas, ça change TOUT au ressenti… (moins pour moi avec mon joli vélo électrique, quand même)

On a donc adapté notre destination.

Au départ, nous voulions aller dans les Costwolds – c’est une région d’Angleterre (il faut savoir que nous vivons à Londres) qui est vraiment jolie, et que l’on avait énormément appréciée quand on l’avait visitée.

Sauf que la zone est pleine de collines… j’ai donc lancé une recherche à l’inverse : au lieu de chercher les circuits dans une zone qui nous attirait, j’ai cherché dans quelle zone il y avait des circuits sans trop de dénivelé.

Le voyage pour y aller

Avec une contrainte supplémentaire : pas question de faire 5h de train aller, 5h retour pour un voyage de 3 jours.

(dommage, parce qu’il semble qu’il y ait, juste en dessous de l’Ecosse, des circuits magnifiques !)

J’ai fini par identifier un coin qui nous convenait, dans le Devon, du côté de Salisbury, à 2h de train de Londres.
Chouette !

Bon, je précise quand même que les choses s’améliorent, mais que les trains ne sont pas encore super pour les cyclistes : certes, il y a une zone deux-roues, mais pas évident de vraiment y faire tenir nos vélos…
Enfin, ne nous plaignons pas, c’est déjà chouette de pouvoir le faire !

Les logements

Ah… un dernier point… vacances vélo ne riment pas forcément avec camping !

Mon mari et moi, soyons honnêtes, on n’est pas très camping.

Oh, je l’ai été pourtant… j’ai fait pas mal de scoutisme, et nos enfants seraient assez ouverts.

Ce que j’adorerais, c’est le côté nature et isolement.

Mais j’ai aussi pris goût à un certain confort (qui inclut le fait de ne pas porter toutes les affaires de camping, ce qui change quand même tout au volume des bagages !!), et, pour régler la question, mon mari a facilement mal au dos.

Donc, option facile : on a réservé des logements sur la route.

Les bagages et l’équipement pour ce voyage à vélo

Les bagages

Vous l’avez compris : nous portions nos affaires sur nos vélos.

Bagages minimum donc. Je ne vais pas vous en faire la liste ici, mais vous la devinez bien…

L’idée, c’est le minimalisme. Pas de trop de poids, ni de volume pour tout bien répartir dans les sacoches et les sacs à dos accrochés aux porte-bagages.

L’équipement

Pour le coup, on voulait éviter la galère.

On s’est donc procuré 2 choses :

1- des rustines et bombe anti-crevaison (que nous n’avons pas utilisées !), pour ne pas se retrouver en rade au milieu de rien

2- des pantalons kway ! (que nous avons utilisés : je vous rappelle que nous vivons en Angleterre… le temps y est changeant !)

Nous en avions déjà pour les adultes, mais ceux des enfants (car nous avions déjà dû nous équiper pour des randos en Ecosse il y a 2 ans) étaient devenus trop petits.

Nous en avons trouvé sur un site d’occasion (type le bon coin local), et ils sont arrivés juste à temps !

Les temps en dehors du vélo

Comme on était parti sur cette idée de ne peut-être faire que 3h de vélo par jour, on pensait qu’on aurait pas mal de temps à « tuer » en dehors du vélo. (ça s’est avéré seulement partiellement vrai, mais on en reparlera dans le bilan).

Les jeux de société

Dans notre famille, on adore les jeux de société. Impossible de partir en virée sans prévoir à quoi on va jouer.

Il nous fallait des choses faciles à trimballer et qui nous inspiraient.

On s’est décidé pour :

Si on a un peu joué à Set dans les moments où on s’attendait les uns les autres avant de dîner par exemple, c’est vraiment Love Letters qui a été le grand gagnant de ce périple !

(note pour ceux qui auraient envie de se le procurer suite à mon partage ici : je vois qu’il est noté 14+ – ce n’est évidemment pas notre vécu, puisqu’Anatole a 10 ans et y joue comme nous, mais je rappelle que nos enfants sont des habitués des jeux de société, donc ça change leur et mon référentiel…)

Du temps pour soi

Passer toute la journée en famille, au rythme du groupe, c’est une contrainte. Certains peuvent avoir aussi besoin de moments de ressourcement seuls.
C’est d’autant plus vrai pour notre fils aîné, Oscar, 21 ans, qui n’a plus l’habitude d’être à temps plein avec nous.
Il est super investi dans sa relation avec ses petits frères, mais ça lui fait aussi du bien d’avoir des pauses.

On partait donc aussi avec cette attente raisonnable de laisser à chacun un peu de temps pour soi après la journée avant de se retrouver pour un jeu avant dîner.
Notre paquetage comprenait donc un livre par personne, tant pis pour le poids.

Les repas

A la fois solution simple et option plaisir : on a fait de vraies pauses repas sympas !

Le premier jour, déjeuner dans un pub, et dîner de même, là où on logeait.

Le lendemain, on a pris nos vélos avant le petit-déjeuner, et on a pris un gros brunch à Salisbury !
Diner super dans l’hôtel où nous logions.

Dernier jour, après un super petit déjeuner dans ce même hôtel, on a filé sur nos vélos pour s’acheter un repas sur le pouce à des camions de rue en arrivant sur la plage en début d’apres-midi…

On s’était dit qu’on ferait peut-être un pique-nique (et on avait emporté un opinel au cas où), mais l’option ne s’est finalement pas présentée.

Le dernier soir, diner à l’hôtel, et buffet petit-dej le lendemain avant de reprendre le train vers Londres.

Les repas sont pour nous des moments plaisir, et des moments d’échange. On aime les faire un peu durer, et ça a contribué, pour les enfants en particulier, à la réussite des vacances. (Je crois que c’était même les moments préférés de Léon…)

La dernière nuit

Enfin, toujours pour cocher la case « équilibre effort-plaisir », j’ai pris la dernière nuit dans un hôtel qui disposait d’une piscine intérieure.
Nos plus jeunes adorent l’eau et c’était vraiment chouette pour eux de passer la fin d’aprèm dans la piscine.
(Ça les a même motivés pour pédaler plus vite le dernier jour, afin d’être sûrs qu’on ait bien le temps d’en profiter…)
Ils étaient d’ailleurs tellement contents qu’Oscar a proposé de se lever le lendemain pour les accompagner passer une heure dans l’eau avant le petit déj !

Dimension éducative

J’en arrive enfin à ce que j’ai envie de vous transmettre en terme de posture éducative pour ce trip à vélo.

La motivation des enfants

En fonction des familles et des enfants, peut-être n’aurez vous pas besoin de cette partie.

Chez nous, c’était clair : Oscar et Anatole étaient naturellement très motivés, mais Léon pas du tout.

Voici donc ce qu’on a mis en place pour faciliter les choses.

L’implication

C’est comme pour tout : plus les enfants sont impliqués dans une démarche, plus ils auront de l’entrain à participer ensuite.
C’est vrai pour les règles de la maison ou de la classe, c’est vrai pour les déménagements.

Comment les impliquer ?

Dans l’idéal, j’aurais aimé les faire participer à la conception du trajet.
Cependant, les recherches n’étaient pas simples, et je pense que ça aurait pu avoir l’effet inverse.
En revanche, une fois le périple établi, je leur ai montré la carte, les lieux, les kilomètres… pour qu’ils sachent à quoi s’attendre.

Ensuite, on a réfléchi ensemble à ce que l’on devrait emporter.
Liste des vêtements, choix des jeux, etc…

Ils ont également participé à la préparation des vélos : vérifier que tout était bien gonflé, les hauteurs de selle…

Enfin, j’ai emporté un petit carnet pour faire un petit journal du périple !

L’accueil des émotions…

Avant, pendant, et après, on n’a pas fait semblant que Léon était enthousiaste.
On ne lui a pas servi des : « Tu vas voir, ça va être bien ! » qui ne convainquent personne, on est bien d’accord…

On a plutôt été à l’écoute de ce qu’il vivait, en lui posant des questions :
« C’est un peu long pour toi ? »
« T’aimerais être arrivé ? »
« En fait, tu n’aimes pas les montées. Est-ce que c’est plus plaisant quand c’est à plat ? »

…tout en avançant

Attention : accueillir des émotions désagréables ne veut pas dire qu’on doit résoudre la situation pour l’enfant !

C’est « simplement » une manière de l’aider à se sentir entendu et compris, et c’est déjà beaucoup.
Nier ce qu’il vivrait aggraverait plutôt les choses, car en plus de son déplaisir, il se sentirait seul.

Cependant, le fait est que nous sommes sur les vélos et qu’il va falloir avancer.
Donc, tout en écoutant, on avance !
(Comme quand je cours, et que je souffre, et que je ne fais pas semblant d’aimer ça, mais que je le fais quand même !)

Parfois, on a même la ressource de l’aider à traverser les moments plus compliqués.

Soit tout simplement parce que la route permet d’être côte à côte et de discuter de choses et d’autres (rien de tel que la distraction pour faire passer le temps – encore une fois, comme les podcasts dans mes oreilles pendant que je cours !), soit carrément de manière ludique.

Ainsi, lors d’un passage particulièrement délicat sur des sentiers un peu boueux dans lesquels les roues dérapaient un peu, Oscar s’est mis à comparer le trajet à un jeu vidéo… et l’image les a tous les deux encouragés pendant un moment !

Pas de comparaison

Ceux d’entre vous qui suivent ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » le savent : l’une des grandes règles pour éviter la rivalité dans la fratrie, c’est d’éviter de comparer.

En l’occurence, la différence était flagrante, entre Anatole qui était systématiquement en tête, et Léon, systématiquement en queue.

Mais on n’a jamais fait de réflexion à ce sujet.

Que l’un apprécie l’effort physique et l’autre non n’est pas la question. La question, c’est de s’ajuster à chacun, comme s’il était unique.

Aucune comparaison, aucune compétition. La famille est une équipe. Le but est donc d’avancer ensemble, et de se soutenir, tout en respectant le rythme de chacun.

Oscar, Nico, et moi nous sommes donc relayés pour fermer la file, et ceux qui étaient devant ralentissaient ou s’arrêtaient régulièrement pour attendre ceux de derrière, sans jamais faire de réflexion désagréable.

Les derniers arrivés étaient toujours accueillis par un « tout va bien ? », avant que tout le monde reparte.

Ça m’a semblé normal, mais en l’écrivant, je me réjouis de constater que l’ambiance de notre famille est telle que pas un instant Anatole n’a eu la tentation de faire de remarque à son grand frère. Je sais que ça n’aurait pas été le cas dans toutes les familles.

Des concepts de développement personnel transmis au quotidien

Enfin, cette expérience a été une nouvelle opportunité de transmettre certains outils de développement personnel….

Oui, je me dis souvent, en apprenant des notions et des outils, que ce serait chouette si on nous avait enseigné tout ça enfant !
Eh bien, c’est ce que j’essaye de transmettre au quotidien.
C’est comme ça que les « parents positifs » se retrouvent aussi un peu coachs de leurs enfants.
Ça vous fait ça, vous aussi ?

Le « growth mindset »

Sur ce concept, nous étions déjà en terrain connu. N’empêche, entre transmettre de la théorie et la vivre, c’est toujours un peu différent !

Je vous explique.

Vous connaissez peut-être ce concept de « growth mindset », ou « état d’esprit de croissance », un concept diffusé par Carol Dweck, qu’elle oppose à l’état d’esprit « fixe ».

Pour vous le présenter brièvement (mais ça nécessiterait en fait un article à part entière), un état d’esprit fixe, c’est le fait de considérer qu’on a ou qu’on n’a pas certaines capacités / talents / aptitudes, et que ça fait partie de nous, que ça ne peut pas vraiment changer.
Ainsi, on est intelligent ou on l’est pas. On sait dessiner ou on ne sait pas.
Quand on pense comme ça, on pense aussi que ce qu’on fait reflète ce qu’on est, car c’est un indice de notre valeur, et on évite de prendre trop de risques, pour éviter de se planter !

Quand on a au contraire un état d’esprit de croissance, on pense que tout peut s’apprendre et se développer. Et qu’à chaque fois qu’on est en difficulté, c’est qu’on est en train de progresser.
On a donc beaucoup plus tendance à sortir de sa zone de confort, pour croître.

Bien sûr, rien n’est blanc ou noir, et on est rarement quelqu’un avec un état d’esprit toujours et jamais l’autre. Ça dépend des sujets et des situations.

Ça fait quelques années déjà que j’ai découvert le travail de Carol Dweck, et que je trouve cela inspirant.

Ces derniers temps, cependant, il a repris chez nous le devant de la scène pour 2 raisons.

1- La maîtresse d’Anatole (une anglophone canadienne) leur a fait faire un exercice dessus en début d’année scolaire. J’ai trouvé ça génial !!

Ainsi, son objectif était d’aider les élèves à percevoir différemment les moments où ils se sentent en échec.

Ils ont considéré ces moments où ils n’arrivaient pas à faire un exercice, et où des pensées telles « je suis nul.le » apparaissaient.
Et ils ont cherché ce qu’ils pourraient penser d’autre.

Anatole a proposé cette phrase : « This is my opportunity to get better. » (=« Ceci est une opportunité pour moi de m’améliorer. ») que j’ai trouvée géniale et que j’ai adoptée depuis. (Je me la dis parfois à moi-même quand je cours et que je galère – véridique !)

2- J’ai récemment écouté le livre Mindset de Carol Dweck en version Audio (en courant…), et pendant des semaines, j’ai partagé à la maison des exemples tirés du livre…

Je n’ai donc pas eu besoin de revenir à la théorie pour encourager Léon à remonter sur son vélo quand la pente devenait un peu moins raide :
« Chaque tour de roue te rend plus fort ! »
« En faisant face à la difficulté moindre, tu apprendras peu à peu à faire face aux plus importantes. »

Croyez-le ou pas, le dernier jour, en arrivant à l’hôtel, il a monté la dernière pente ultra raide en pédalant tout du long, sans mettre le pied à terre ! On a tous été bluffés !!

Choisir ses pensées (ou le modèle de Brooke)

Oh, ce n’est pas Brooke Castillo qui a inventé le fait de développer des pensées positives… mais quand je fais la démarche d’essayer de changer mes pensées pour changer mon sentiment, je pense toujours à ce modèle.

Je ne vais pas vous redétailler le modèle ici (vous pouvez en savoir plus via cette vidéo si le coeur vous en dit), je me contenterai de rappeler que nos sentiments découlent de nos pensées.

C’est d’ailleurs d’abord en lisant la BD « Emotions : enquête et mode d’emploi Tome 1 » d’Art-Mella que je l’avais compris.

Mais même sans la théorie, on sait bien que quelqu’un qui voit le verre à moitié vide sera de moins bonne humeur que celui qui voit le verre à moitié plein.

Nous sommes le matin du 2e jour.

Le lieu dans lequel nous logeons ne propose pas de petit-déjeuner, nous sommes donc partis le ventre vide, mais le moral haut !
Très vite, nous quittons la route pour prendre une piste. Il est moins aisé de pédaler sur la terre.
Et puis… ça monte. Sérieusement. On met pied à terre pour passer la partie la plus dure.
C’est ensuite un faux plat dans lequel il faut faire attention de ne pas déraper. D’autant qu’on sent des gouttes qui tombent…
Bref, ce n’était pas le moment le plus facile de notre séjour.
Et Oscar nous encourage à ne pas trainer parce que si la pluie s’intensifie et que notre chemin devient boueux en plus d’étroit, ça va l’être encore moins…

Enfin, au bout d’un moment, nous rejoingons la route.
C’est une route calme, et après une grande descente joyeuse, on se retrouve dans un petit village, avec le soleil qui pointe, une route plate, on longe une rivière, c’est magnifique !
Je suis derrière Léon, et, alors que je suis en train d’en prendre plein les yeux, je l’entends qui râle !

Je lui demande : « Qu’est-ce qui se passe, Léon ?
– C’est le vent, en face de nous !! »

Ma première pensée est de l’ordre de « Non, mais c’est pas possible… il cherche des raisons d’aller mal en fait !! ».

Je respire et lui dis calmement : « C’est vrai. On a du vent en face de nous, et ça complique un peu les choses.
Tu sais ce qui est vrai aussi ?
Que nous ne sommes plus en montée, que c’est facile de rouler sur la route, qu’il fait soleil, et que l’herbe est super verte.
À toi de choisir sur quelle pensée tu veux mettre ton attention. »

Il reste songeur quelques secondes et dit : « C’est vrai que l’herbe est super verte…

Mon regard de parent

Enfin, j’ai envie de finir cette partie en parlant de nous, les parents, et de notre regard sur nos enfants.

C’est facile d’avoir un regard « positif » sur les moments qui se passent bien, sur l’enfant enthousiaste qui a le sourire et en demande plus… ça l’est moins quand on a besoin de soutenir, de « supporter » (aux deux sens du terme), d’encourager.

Pourtant, en y repensant, Léon s’est en fait peu plaint, si on prend en compte son manque de motivation pour cette escapade !
Il a fait face, il y arrivé, il a participé sans trop de mauvaise volonté.

D’ailleurs… le dernier matin, sur notre petite route sans voiture, à plat, sous le soleil, je l’ai vu sourire et savourer !!

Et quand j’ai demandé à chacun, sur le quai de la gare, un mot qui résumerait ces 3 jours, il a simplement dit « éreintant ».

Franchement, je crois que c’est un succès.

Bilan de ce premier voyage famille à vélo

Voilà, je suis arrivée au bout de ce que je voulais partager avec vous.

Pour conclure, je finis tout de même par un petit bilan et une ouverture sur la suite.

Aspects concrets – les kilomètres et la route

D’abord on s’est rendu compte qu’on n’avançait même pas à 10km/h.
Certes, ce n’est pas rapide quand on pédale à plat, mais si on inclut toutes les montées, les pauses et discussions, les hésitations sur la route, etc…. la moyenne baisse très très vite !

De plus, cette moyenne dépend énormément du dénivelé d’une part, comme on l’avait anticipé, mais de l’environnement d’autre part.
Si le chemin est boueux, on n’avance pas du tout comme sur du bitume !

Et sans même parler de vitesse, l’environnement a également un impact fort sur le plaisir :
une grosse route est inintéressante, par exemple, même lorsque la présence de pistes cyclables la rende moins dangereuse.

Ce que j’en retiens donc, c’est que la prochaine fois, je choisirai un itinéraire qui fasse complètement partie d’un itinéraire cyclable identifié.
(En Angleterre, il y a des « national cycle routes » numérotées, et quand on les suivait c’était plus agréable ET plus facile pour ne pas se perdre…
Je suppose que l’équivalent doit exister en France. J’ai entendu parler de la Loire à vélo – ici par exemple – , ou du Rhin… probablement plus plat le long d’une rivière ou d’un fleuve, non ?)

Le plaisir de chacun

Et pour que tout le monde soit content, on a dit que la prochaine fois, on essayerait d’avoir un vélo à assistance électrique pour Léon, et pas que pour moi !

On pourra discuter des attentes de chacun, pour être sûrs de trouver le bon équilibre.

En tout cas, dans ce contexte, tout le monde semble partant pour recommencer ! Vive le cyclotourisme !
Peut-être cet été ? (et cette fois, avec toute la famille au grand complet, j’espère !)

Et vous ?
Est-ce que vous avez déjà fait des vacances familiales à vélo ?
Si oui, quelles sont vos astuces ?
Si non, est-ce que ça vous tente ?

Les enfants qui se sentent en rivalité dans leur fratrie peuvent avoir des comportements que l’on déplore, et face auxquels on se demande comment réagir…

Je me saisis ici d’une question d’une membre de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » pour vous donner des idées !

Cette prise de recul, devant une situation concrète entre 2 garçons de 11 et 8 ans, permet de mieux cerner :

  • l’équilibre entre les progrès et notre impatience
  • les attentes parentales
  • ce qui peut se jouer entre les enfants (le concept de « la raison positive »)
  • comment on peut réagir sur le coup
  • comment on peut revenir sur la situation
  • le piège du compliment évaluatif
  • la place de chacun dans la famille

J’espère que ce partage vous inspirera !

Vous pouvez le voir en VIDÉO sur YT, ou l’écouter en AUDIO sur vos plateformes de podcasts (lien ci-dessous)

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Une petite vidéo impromptue pour aborder la question de la rivalité dans la fratrie.
On va partir d’une anecdote précise pour voir comment on peut gérer ces situations de tension où l’un des deux cherche à diminuer l’autre, à l’écraser, probablement parce que c’est sa façon à lui de se sentir mieux…

Changer d’énergie en observant les progrès

Voilà, je pars d’une question qui m’a été posée par une des mamans qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie.
Elle m’explique la chose suivante : « je me rends compte que même si j’ai déjà parcouru une bonne partie de la formation qui est top, j’ai encore du mal à trouver des pistes de réponse concrètes, lorsque je suis face à une situation conflictuelle avec mes garçons. Ça va mieux quand même entre eux, mais il y a toujours et toujours dans le quotidien des petites situations qui se cumulent et parfois ça passe et parfois ça déborde. »

Alors déjà, avant même d’aller dans la situation, j’ai envie de saluer le fait qu’elle arrive à observer, malgré les situations qui débordent, que ça va mieux entre eux.

C’est un travail de longue haleine d’améliorer les relations dans la fratrie et de gérer différemment les conflits.
Et donc, le fait que déjà, depuis qu’elle s’est inscrite à cette formation, il y a quelques mois, les choses s’améliorent entre les garçons, ça prouve qu’ils sont sur le bon chemin. Évidemment, quand les choses s’améliorent, quand on voit que ce qu’on fait porte ses fruits, quand on voit qu’on met en place des choses qui font que ça s’adoucit, on aurait envie que ça aille beaucoup plus vite !
On aurait envie que ce soit réglé. On aurait envie que, puisqu’ils savent mieux gérer à certains moments, ce soit le cas tout le temps !

Et ce n’est pas comme ça que ça marche.
Un apprentissage, ça va peu à peu et en plus, malheureusement, on peut même dire que ce ne sera jamais parfait.
Mais quand même, c’est intéressant déjà de noter les moments où ça va mieux parce qu’on se met plus facilement dans une posture dans laquelle on n’est pas en train de vouloir se débarrasser des conflits, mais on est en train de vouloir développer les moments où ça va bien quand on arrive à observer ces moments où ça va bien.

On est dans une énergie de “je veux plus de ça”, plutôt que “je veux moins de ça”. Et “plus de ça”, c’est plus encourageant ! Donc, déjà, je salue ça, même si ce n’est pas le thème de cette réponse, c’est intéressant de le noter.

Prendre conscience de nos attentes

Je reprends la lecture.

Donc, « parfois ça passe, parfois ça déborde. Du coup, je voulais te demander si tu pouvais me donner une piste face à cette situation vécue hier, s’il te plaît. » Voilà, elle s’adresse à moi justement pour ça et je me suis dit que cette situation était très intéressante pour n’importe qui.
J’avais envie de faire cette réponse de façon ouverte pour que ça puisse vous aider également si vous avez une situation similaire à la maison.

« Hier, mon garçon de 8 ans ressort un jeu de cartes et commence à faire, à son bureau dans sa chambre, un château de cartes. Il nous appelle au bout d’un moment, nous demande de venir regarder le résultat. C’était bien réalisé. On en a parlé avec lui et mon mari. Bien entendu, le grand de 11 ans arrive… »

Je m’arrête sur ce « bien entendu » : on voit déjà dans ce « bien entendu » un sentiment d’usure parce que cette maman a déjà vécu ces moments où le grand intervient alors qu’ils sont en train de passer un bon moment avec le plus jeune, et “il faut” qu’il gâche le moment…

Donc ça veut dire qu’il y a déjà un regard posé sur le grand qui est décourageant dès le départ, parce qu’on s’attend à ce qu’il fasse ça. Alors, la suite lui donne raison. Je ne dis pas qu’il n’est pas naturel que cette maman s’attende à ce que le grand fasse ça.

Mais parfois, il y a des enfants qui se comportent de la façon dont on les attend, de la manière qui correspond à ce qu’on attend d’eux en fait. Et donc parfois quand nous-mêmes, on change nos attentes, quand on fait passer un message de confiance vers le fait que l’enfant peut se comporter différemment, rien que ça, ça suffit à les faire changer.

Donc je note juste ça au passage comme un signal de « et si j’essayais de voir aussi les autres moments, les autres comportements chez mon enfant plutôt que de considérer que “bien entendu”, il va se comporter de façon désagréable ? ». 

On fait le lien d’ailleurs avec ce que je disais juste avant sur « voir aussi les moments qui se passent bien plutôt que ceux qui se passent pas comme on aimerait. »

Décoder la situation

Bref, je reviens donc à la lecture.

“Bien entendu, le grand arrive et que fait-il ? Il fait vibrer le plateau du bureau et arrive à faire tomber certaines cartes. Là, mon mari lui dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » Le grand, content d’avoir fait tomber certaines cartes, file en direction de sa chambre.

J’essaye de lui dire : « tu as l’impression de ne pas avoir ta place ? »
Je ne sais plus trop mes mots, mais je me suis mal exprimée.
J’aurais voulu dire quelque chose du style : « c’est difficile pour toi d’entendre qu’on complimente ton frère… »
-en écho avec la situation de Ludivine. (alors là, c’est parce que j’ai eu un échange avec une autre maman de la formation. Et donc, cette maman qui m’écrit fait un écho à la situation partagée.)

En fait, j’aimerais aider le grand sur ce type de petite pique qu’il envoie à son petit frère. Est-ce que tu peux me donner des pistes, des choses à lui dire ? J’aimerais bien revenir sur la situation à froid. »

Le pas de côté

Donc, déjà, c’est génial parce que cette maman, elle se pose deux questions

  • La première, c’est « qu’est-ce que j’aurais pu lui dire sur le coup ? » Et c’est important parce que cette situation peut se reproduire, effectivement.
  • Et la deuxième, c’est « comment je fais pour revenir sur cette situation à froid ? » 

Et c’est toujours une bonne idée de revenir sur la situation à froid. 

Ça ne veut pas dire qu’on va revenir sur toutes les situations tout le temps à froid, parce que parfois, en fonction du contexte, vous allez avoir trop de situations et les enfants n’ont pas envie de re-discuter et de creuser à chaque fois.
Mais une fois de temps en temps, ça permet de remettre certaines choses en place et de mieux comprendre ce qui se joue.

Donc, si on reprend un peu le contexte de cette histoire : au moment où le grand de 11 ans vient bouger le plateau pour faire tomber le château de cartes de son frère, on est bien d’accord que c’est un comportement inapproprié.

Bien sûr, ça n’a aucun intérêt.
En tout cas, ça ne va pas avec ce qu’on cherche à développer dans la famille, de connexion, de soutien, de partage, etc. Donc, évidemment que les parents ne sont pas contents. Et c’est pour ça que le père dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » en ton de reproche parce qu’il ne veut pas croire à ce genre de situation dans sa famille.

Cependant, tout comportement a une raison positive. C’est difficile de l’appréhender comme ça, parce qu’on peut se dire qu’il n’y a pas de raison positive, effectivement, au fait de casser le château de cartes de son frère.

la raison positive

En réalité, cet enfant ne se dit pas « tiens, voilà ce que je voudrais atteindre, et la bonne façon de l’atteindre, c’est de bouger le bureau de mon frère.” 

C’est assez inconscient, cette idée de raison positive. Mais en fait, tout comportement est une façon de vouloir nourrir un besoin dont on a conscience ou pas.

Donc, qu’est-ce qui peut se passer là pour le grand ?
C’est ça qu’essaie de comprendre la maman.
Déjà dans ses mots, c’est intéressant : elle a déjà cette démarche-là !
Alors, je sais pourquoi… parce qu’elle a commencé à suivre la formation.
Mais ça part d’un principe qui est, grosso modo : “pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”
Cet enfant qui se comporte de manière inappropriée à ce moment-là, c’est un enfant qui est découragé.

D’accord, donc un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.
Il y a une source de découragement dans le contexte.

Analyse du contexte

Qu’est-ce qui se passe là ?

Il se passe que les parents admirent quelque chose qu’a fait son petit frère et lui, visiblement, il se sent mal face à ça. OK, il est découragé, donc il va aller casser le château de cartes.

Probablement, pour que le petit frère se sente moins bien. C’est une façon un peu de diminuer le petit frère : « Tu vois, tu ne réussis pas tout. Ton château de cartes, il est par terre. »

Ce n’est absolument pas logique parce que même si le château de cartes est par terre et qu’il n’a pas son beau château de cartes, il l’a quand même fait et réussi son château de cartes, c’est le grand qui l’a détruit. Mais enfin, il veut lui enlever quelque chose qu’il a.

Et souvent, ça, c’est une méthode pour se remettre à se sentir mieux soi-même parce qu’on est dans une position de rivalité

En l’occurrence, cet enfant est probablement dans une position de rivalité face à son petit frère, à dire « lui, il a quelque chose que moi, je n’ai pas. Ce n’est pas juste, ça m’enlève quelque chose à moi.
Et la meilleure façon de rétablir ça et de me re-sentir bien, c’est d’inverser les choses. Donc, je vais lui enlever ce qu’il a et comme ça, moi, je me sens puissant. J’ai réussi à détruire son truc. Je me sens supérieur. »

Et s’il se comportait bien, s’il se sentait bien au départ, s’il avait complètement confiance en lui, s’il était à l’aise, il serait suffisamment bien dans ses baskets pour venir dire « il est super ton château ».

Là, il y a un manque chez lui. En fait, ça parle de lui ! D’accord.

Le besoin derrière le comportement

Donc, il n’est pas en mesure de venir voir le petit frère en disant « il est super ton château » parce qu’il a l’impression que ça lui enlève quelque chose, que les parents soient là à admirer le château de cartes du frère. Donc, c’est ça qu’on veut creuser. En fait, c’est ça la raison positive.

La raison positive, c’est retrouver ma place dans la famille parce que là, pour l’instant, j’ai l’impression que mon petit frère est sur un piédestal et que moi, ça me diminue. Donc, j’ai envie de retrouver ma place.

Et c’est pour ça que cette maman s’approche de son enfant en disant « tu as l’impression que tu n’as pas ta place ? » – c’est une analyse qui est assez fine en réalité.

La difficulté, c’est que ce sont de grands mots pour un enfant de 11 ans, il n’a pas conscience de ça.

Donc, comment on va faire pour réussir à s’approcher de ça ? 

Ce qui est intéressant, c’est de voir aussi qu’on va essayer d’aider notre enfant

D’abord, on va essayer de le comprendre effectivement, mais on va aussi essayer de l’aider à voir que la stratégie qu’il a mise en place – en l’occurrence, le fait d’aller casser le château de cartes de son frère – ça ne va pas aider à nourrir son besoin.

Son besoin, à ce moment-là, c’est probablement d’appartenir, de développer sa confiance en lui. Il manque probablement de confiance. Il se sent menacé par son frère et quand il fait ça, il cherche à se sentir mieux.

Accompagnement vers des alternatives

Quand il fait ça, alors qu’il cherche à se sentir mieux, est-ce que réellement, il va se sentir mieux ? En fait, non, ce n’est que temporaire. Il y a des connexions avec les parents qui ne sont pas d’accord avec son comportement. Il y a des connexions avec son petit frère, ça n’améliore pas leur relation. Il ne va pas se sentir mieux. C’est très temporaire.

Donc, on va essayer d’encourager notre enfant :

  • à voir un petit peu ce qui peut se passer pour lui à ce moment-là, tout en accueillant. On a une posture de curiosité – j’appelle ça parfois la posture Sherlock Holmes – c’est à dire qu’on n’est pas, ou qu’on essaye en tout cas de  ne pas être dans le jugement, mais dans un essai de compréhension
  • à voir que sa stratégie, même si c’était le mieux qui lui venait à ce moment-là, ne correspond pas à ce qu’il veut développer.

Un peu d’humilité pour mieux compatir…

Au passage, je précise que cette notion de « un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé », c’est aussi vrai pour nous !

En fait, quand on se comporte mal, c’est qu’on est souvent découragé.
Et quand on se met à crier sur nos enfants, on ne se dit pas au départ « tiens, ça, c’est une bonne stratégie pour atteindre ce que je veux ! ».

J’étais récemment en séance d‘accompagnement individuel avec une maman qui m’expliquait ça – qui me disait qu’elle se retrouvait dans une situation avec sa petite fille qui était à table et qui criait de façon répétée. Et elle, ça la prenait. 

Une option de comportement parental, c’était de lui dire que ce n’était pas agréable qu’elle crie et qu’il fallait arrêter de crier.
Donc, ils lui avaient dit plusieurs fois d’arrêter de crier.
La petite continuait et donc, au bout d’un moment, la mère s’est mise à crier elle-même en lui criant dessus pour lui dire d’arrêter de crier.

En fait, c’est intéressant parce qu’elle voulait que la petite fille arrête de crier parce qu’elle avait justement un besoin de tranquillité.. et en se mettant elle-même à crier, elle ne nourrit pas du tout ce besoin de tranquillité !

Pourquoi, à ce moment-là, elle se comporte comme ça, même si sa stratégie ne nourrit pas du tout le besoin qu’elle cherche à nourrir ? Pourquoi elle a cette stratégie qui est inappropriée et ce comportement qui est d’autre part inapproprié ? 

Parce qu’elle se sent elle-même découragée !

 Elle a essayé des trucs, ça ne marche pas… et donc, au lieu (et c’est normal dans ces moments-là), au lieu de prendre du recul, de s’arrêter, de voir quelles autres alternatives elle a à sa disposition pour nourrir son besoin à ce moment-là.
En fait, des alternatives, il y en a ! Mais à ce moment-là, elle n’a pas la disponibilité, l’ouverture – parce qu’il y a les émotions qui montent – pour aborder le problème de façon différente… et donc ce qu’elle fait, c’est qu’elle fait du mieux qu’elle peut à ce moment-là, avec ses ressources. Et ça, ça donne qu’elle se met à crier sur sa fille. 

C’est vrai pour notre enfant aussi. À tous les moments.

Revenir sur la situation à froid

Donc là, ce garçon de 11 ans, lui, il a probablement d’autres façons de faire pour qu’il se sente mieux, pour qu’il nourrisse son estime de lui-même, pour qu’il retrouve sa place dans la famille telle qu’il aime l’avoir avec la connexion, etc. 

Et pourtant, le fait de détruire le château de cartes de son frère, c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, avec les ressources qu’il a de disponibles. 

Donc, effectivement, c’est intéressant dans ces cas-là de revenir à froid dessus.

Sur le coup, on peut parler du comportement.

Souvent, c’est qui se passe dans ce genre de situation : on n’est tellement pas d’accord avec le comportement qu’on va parler uniquement de ça, avec des réflexions du type « mais comment tu as pu faire ça ? »

Et en fait, c’est comme un iceberg. Le comportement, c’est la pointe de l’iceberg, mais il y a toutes les causes derrière qui sont cachées.
La maman l’a compris, puisqu’elle cherche à comprendre ce qui se passe derrière.

Comprendre ce qui se passe derrière, ça ne se fait pas sur le coup. Ça se fait plutôt à froid, puisque sur le coup, souvent, il y a les émotions qui débordent et donc, notre enfant n’est pas en mesure d’avoir une conversation.
Parfois, il suffit de quelques minutes pour redescendre. Mais en tout cas, ça veut dire a postériori. 

Donc, sur le coup, on va dire « je n’aime pas quand tu te comportes comme ça. Je sais que tu peux mieux faire. On va en parler. »

Ça peut être juste ça : on va mettre les limites sur le comportement, effectivement, sur le coup, sans trop  rabaisser notre enfant parce que ce n’est pas ce qu’on veut faire.

En revanche, la partie qui est intéressante, c’est un peu plus à froid de discuter avec lui.
Lui dire : « Bon, qu’est-ce qui s’est passé pour toi en fait  ? Comment te sentais-tu à ce moment-là  ? Qu’est-ce que tu cherchais à faire en fait au moment où tu as détruit … ? »

Note : attention au ton !
C’est vraiment sous l’angle, encore une fois, de la curiosité – Sherlock Holmes.

C’est : « Je suis sûre que dans le fond, il y avait une raison positive à ton comportement. » Moi, j’utilise cette notion de raison positive avec mes enfants. « Je suis sûre que dans le fond, tu avais une raison de le faire. C’est juste qu’elle m’échappe. Je me demande si c’est un manque de confiance en toi… Est-ce que tu as l’impression que nous les parents, on n’est pas assez encourageants avec toi ? Est-ce que t’as l’impression que quand tu enlèves un truc à ton frère, du coup, ça t’en donne plus à toi ? Est-ce que tu es vraiment dans la comparaison avec lui ? 
 J’aimerais juste comprendre parce que je me dis que je ne suis pas sûre que ce genre de comportement va réellement répondre à ce que tu cherches à atteindre à ce moment-là, qu’est-ce que t’en penses ? »

Donc là, vous voyez qu’on est dans un ton qui est très calme, qui n’est pas jugeant, au contraire, je sous-entends qu’il y a une vraie raison derrière et je cherche à la comprendre, donc je crée une connexion avec mon enfant parce que réellement, je veux être proche de lui et échanger avec lui. 

Donc ça, c’est vraiment quelque chose qui aide. Et donc, on peut lui demander. On peut lui dire « voilà, en tout cas, je ne suis pas sûre d’avoir compris, mais je vois bien qu’il se passe quelque chose. Et moi, j’ai envie d’être là pour toi. Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? »

L’enfant a 11 ans, donc ce n’est pas la même chose quand on s’adresse à un enfant de 4 ans, on est bien d’accord… A 11 ans, il est possible qu’il soit capable de mettre des mots dessus. Et même si ce ne sont pas des mots du type « j’ai besoin d’appartenir », ça va peut-être être des : « Oui, mais c’est parce que vous passez toujours du temps à lui donner des compliments, il réussit tout et puis moi, non

  • Ah ouais, tu as l’impression que… Est-ce que c’est un manque de temps qu’on passe avec toi ou c’est un manque d’encouragement pour les choses que tu réussis ? » 

Voilà, c’est à nous d’aller repréciser par rapport à ce qu’il va nous dire. On cherche ça.

Aider l’enfant à trouver d’autres stratégies

Et après, on peut avancer vers la stratégie.
Quelque chose du type « et est-ce que tu as eu l’impression, au moment où tu détruisais le château de ton frère, que ça t’aidait effectivement à te sentir mieux ? »

Et même s’il nous dit oui, on peut lui dire « ah oui, ok ! ».
« Et ce fait de se sentir mieux, c’était juste sur le coup ou c’est quelque chose qui dure ? Est-ce que dans le fond, tu te sens mieux ? Est-ce que si la situation se reproduit, tu serais plus à l’aise avec ça ? »

Parce qu’il y a ça aussi…
Il y a d’abord « est-ce que tu te sens mieux ou pas ? », et il peut tout à fait nous répondre non, parce que c’est souvent le cas.
Mais même s’il nous répond oui, il y a aussi ce qui nous fait du bien sur le coup, et puis, ce qui nous fait du bien à long terme.
C’est comme quand on fuit nos émotions en allant manger du chocolat : ça nous fait du bien sur le coup… est-ce que c’est réellement ce qui nous aide à aller mieux à long terme ? Non ! C’est intéressant aussi de faire cette différence-là.

Donc, il y a toute une conversation à avoir avec le garçon autour de ça, ça l’aide à prendre conscience.
Et en parallèle, ça l’aidera à trouver du coup des alternatives : « Ok, la prochaine fois que tu te sens comme ça, qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire d’autre ? »

« Qu’est-ce qui pourrait aider ? Qu’est-ce qui pourrait avoir plus de chances de nourrir ton besoin à ce moment-là ? » Voilà, on va l’aider à trouver des pistes, à trouver des solutions.

Et ça, c’est important parce que l’idée, ce n’est pas de lui dire juste « tu ne peux pas te comporter comme ça » même si ça, c’est effectivement un message à passer. On n’est pas d’accord avec ce comportement.
Mais si on lui dit seulement ça et qu’on lui dit « ça, c’est non », la prochaine fois qu’il se sent dans la même situation, il a compris que ça, ce n’était pas adapté, mais il n’a pas d’alternative

Donc, il n’y a pas vraiment de raison qu’il fasse autrement parce qu’il ne saura pas quoi faire d’autre.
Donc, il risque 

  • soit de ne rien faire du tout. Et finalement, d’un certain côté, au moins quand il se comporte comme ça, on voit qu’il se passe quelque chose pour lui, donc, c’est plutôt pas si mal.
  • Ou il risque de recommencer la même chose…

Exactement comme nous, quand on se dit bon, ça va, je vais arrêter de crier, et qu’en fait, la fois d’après, si on ne cherche pas des alternatives et qu’on ne creuse pas les situations en se disant « Ok, qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre à la place à ce moment-là ? », on va se retrouver bloqué.e dans la même situation à utiliser les mêmes méthodes. 

Je fais ce parallèle avec le parent parce que je trouve que c’est important de prendre ce recul aussi, parce qu’on est facilement dans le jugement face à nos enfants et dans la culpabilité par rapport à nous-même.
Mais en fait, c’est le même phénomène. On est tous en apprentissage et on cherche à faire de notre mieux et on fait de notre mieux avec nos ressources à cet instant-là. 

Finalement

Et donc ça, c’est toute la partie

  • aider notre enfant à s’exprimer
  • pour que nous comprenions ce qui se passe en lui
  • pour qu’il comprenne ce qui se passe en lui
  • voir quelles autres alternatives il y a à sa disposition

Et de l’autre côté, il y a un travail en parallèle autour de la place pour cet enfant (puisque c’est ce qui est identifié dans ce cas pour cet enfant)

Donc, peut-être que si c’est un manque d’attention des parents, par exemple, ça vaudrait le coup de voir comment les parents peuvent mettre en place un temps dédié en tête-à-tête avec lui pendant lequel il n’est pas interrompu par d’autres choses. 

On peut faire attention à aussi valoriser ce que fait le grand.
Note : Attention ! Dans la valorisation, en général, en éducation positive, on fait attention à ne pas tomber dans des compliments évaluatifs où c’est nous qui disons ce qui est bien et là, on entretient un besoin de reconnaissance parce que l’enfant se sent justement exister, reconnu, etc. que quand il y a quelqu’un d’autre qui lui dit « ce que tu fais, c’est bien ».
Mais en tout cas, en s’intéressant à lui, et en décrivant.

Par exemple, si lui faisait un château de cartes, plutôt que de dire « waouh, qu’il est beau ton château de cartes, mais qu’est-ce que tu es fort », qui sont des évaluations de la part des parents, on va plutôt dire « ça a dû demander beaucoup de passion de faire un château comme ça, tu y as passé beaucoup de temps ? Et ce n’était pas trop compliqué ? »
Et là, tout l’intérêt qu’on met dessus est dans la description du château et dans la valorisation du temps passé également. Ça aussi, ce sont des encouragements.
Et donc, c’est comme ça qu’on sort du compliment évaluatif pour être soit dans l’encouragement du chemin passé, soit dans le compliment descriptif.

Voilà, on peut être plus proche du grand.

On peut aussi, si on voit que c’est un manque d’estime de lui, essayer de développer ça. C’est-à-dire que, par exemple, on peut tous les soirs lui demander « tiens, raconte-moi un truc dont tu as été fier aujourd’hui » pour que lui aussi, il voit ce qu’il y a de chouette chez lui, ce qu’il arrive à accomplir et en plus, il a l’occasion de nous le partager.

Et là, on peut l’entendre et dire « ah ouais, je comprends effectivement que ça t’ait rendu fier ! Oh excellent, tu étais content alors du coup, ah génial. »

Et là, on est avec lui, on partage ça et on travaille sur sa place à lui.

Voilà, j’espère que tout ça vous donne des pistes.
J’avais envie de partager ça parce que je pense que ça peut aider n’importe qui. Si vous avez des questions qui se rapprochent de ce contenu ou qui sont autres, mettez-les-moi en commentaire…
Ça me donnera l’occasion de répondre à d’autres cas concrets !