La responsabilité émotionnelle va plus loin que l’intelligence émotionnelle.
Le principe : nous sommes responsables de nos émotions.
En voilà une notion pas évidente !
Ni à vivre, ni à transmettre…
Quelques pistes qui peuvent vous y aider.
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Bonjour les parents qui cheminent et bienvenue dans ce nouveau podcast dans lequel je voudrais vous parler de comment enseigner la responsabilité émotionnelle à vos enfants. Alors évidemment, avant de pouvoir enseigner la responsabilité émotionnelle à nos enfants, il faut déjà avoir compris ce qu’est la responsabilité émotionnelle et du coup la vivre de notre côté.
Définition de la responsabilité émotionnelle
Différences entre intelligence émotionnelle et responsabilité émotionnelle
Commençons donc par ça : qu’est-ce que la responsabilité émotionnelle ? Et je vais vous donner en tout cas ma définition puisqu’en réalité, si on cherche sur internet (ce que j’ai fait un petit peu avant d’enregistrer cet épisode) on tombe plus sur des notions d’intelligence émotionnelle, de régulation émotionnelle que sur ce que moi, j’appellerais la responsabilisation émotionnelle.
Intelligence émotionnelle et régulation émotionnelle
Quelle différence je fais entre ces deux termes-là ? Le premier, l’intelligence émotionnelle ou la régulation émotionnelle (j’aime bien le terme d’intelligence émotionnelle en tout cas dans ce cas-là) c’est le fait d’être ouvert justement au monde des émotions, c’est le fait de pouvoir être à l’écoute de nos émotions, de savoir les reconnaître, de savoir les accueillir, de savoir les traverser – là, on est plus dans la régulation -… tout ce que globalement, on peut également appeler la “gestion des émotions”, ou en tout cas, c’est beaucoup dit sur internet.
“Gestion des émotions” est un terme qui est assez largement repoussé par les acteurs de l’éducation positive, parce que “gestion”, ça sous-entend un petit peu contrôle, et ce n’est pas ce qu’on veut faire. On ne veut pas contrôler les émotions au sens de les bannir, les repousser, on veut réellement les accueillir et savoir un petit peu les réguler, les traverser. Ça, c’est toute la partie intelligence émotionnelle / régulation émotionnelle.
Responsabilisation émotionnelle
Dans la partie responsabilisation émotionnelle ou responsabilité émotionnelle, il y a pour moi vraiment cette notion de responsabilité réellement, c’est-à-dire : je suis responsable de mes émotions, ou de mes sentiments.
Je suis responsable de mes émotions, ça veut dire qu’elles m’appartiennent, j’ai un pouvoir dessus, et l’autre n’est pas la cause de mes émotions.
Et c’est de ça que je vais vous parler aujourd’hui, de cette responsabilisation par rapport à nos émotions.
J’espère que ça vous inspire !
Enseigner l’intelligence émotionnelle
Importance de l’intelligence émotionnelle avant la responsabilité émotionnelle
Parlons un tout petit peu d’abord justement de cet enseignement de l’intelligence émotionnelle, parce qu’on ne va pas passer à la partie enseignement de la responsabilité émotionnelle, si on n’a pas d’abord parlé un petit peu intelligence émotionnelle.
Donc ça commence par là, et je le dis au passage, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas déjà travaillé sur l’intelligence émotionnelle, commencez par là.
Ressources sur le site
Il y a beaucoup de contenu sur mon site à ce sujet, et je fais une petite dédicace en disant ça à Raphaël qui s’est mis récemment à écouter mes podcasts et qui donc a dû entendre celui qui date de novembre 2017 sur la négation des sentiments.
Allez donc le voir, il n’est pas obsolète, et il parle bien de la tendance qu’on a d’habitude à avoir du mal à accueillir les émotions de nos enfants, et comment on peut évoluer là-dedans.
Importance de l’accueil des émotions
Donc tout le travail autour des émotions, autour de l’accueil des émotions, autour de la démarche pour aider nos enfants à reconnaître ces émotions-là, à en faire la différence, à savoir les exprimer, à savoir les traverser, ça, c’est vraiment un travail qui est fondamental et qui peut changer non seulement la façon dont ça se passe, mais également votre relation avec vos enfants, parce que ça crée une proximité de se mettre à s’ouvrir à ce que l’autre vit, et également dans notre propre façon de parler quand on partage nos émotions.
On vit dans une société dans laquelle la vulnérabilité n’est pas toujours très bien vue. Et pourtant, ça fait de nous des êtres vivants. Et donc, ça crée une proximité toute autre, et dans la famille en particulier, c’est précieux.
Enseigner la responsabilité émotionnelle
Définition et importance de la responsabilité émotionnelle
Parlons maintenant de la responsabilité émotionnelle. Alors qu’est-ce que ça veut dire cette responsabilité émotionnelle ?
Comme je viens de vous l’expliquer, c’est vraiment : « je suis responsable de mes émotions ».
Et ça, c’est une des premières choses qu’on aborde quand on parle des émotions, parce que prendre la distance entre « c’est l’autre qui me met en colère » par exemple, et « je suis en colère », faire la différence entre ces deux choses-là, ces deux formulations-là, ce n’est pas anodin, et ça va réellement créer autre chose dans la relation.
Différence entre causes extérieures et réactions individuelles
Si je considère que c’est l’autre qui me met en colère, je le rends responsable de mon émotion, et je n’en prends pas la responsabilité de mon côté.
Pourtant, je suis responsable de mon émotion.
Et je sais que c’est parfois difficile à entendre (en tout cas au départ…) parce qu’on vit des situations dans lesquelles, régulièrement, il y a des circonstances qui sont à l’extérieur de nous, qui nous mettent en colère justement.
On a l’impression qu’on n’a pas la main là-dessus, que ce n’est pas nous qui choisissons, ce sont ces circonstances-là qui font qu’on est en colère, point.
Donc non, ce n’est pas moi qui suis responsable.
Et pourtant, la meilleure façon de se rendre compte que ça vient de moi, c’est qu’on peut tout à fait imaginer quelqu’un d’autre, dans la même situation, qui réagirait de façon complètement différente.
Et ça, ça prouve que cette réaction est en fait individuelle.
Les circonstances et nos pensées
Même si, évidemment, il y a certaines circonstances qui ont tendance à créer, chez (peut-être) la majorité des gens, le même genre de réaction, ce n’est pas automatique, ce n’est pas obligatoire.
En réalité, ces circonstances-là sont neutres, et ce qui crée l’émotion, ce sont les pensées qu’on a sur cette circonstance. C’est ce moment où (et parfois c’est inconscient) cette circonstance vient résonner en nous, par rapport à nos expériences, nos croyances, nos habitudes, nos principes, nos valeurs.
Ça crée tout un tas de pensées, dont on n’a peut-être même pas conscience, et qui créent chez nous une émotion, un sentiment.
Et c’est cette émotion, ce sentiment qui va être le départ de notre réaction ensuite.
Exemple concret de réaction émotionnelle
Alors, je vous donne un exemple concret.
On en a discuté récemment en classe de CE2, lors d’une intervention en classe que je faisais justement sur les émotions, et je leur citais l’exemple suivant :
si quelqu’un vous dit : « Oh, c’est complètement nul ce que tu fais ! »
- Réaction classique : c’est que, consciemment ou inconsciemment, ce qu’on pense, c’est « Non, mais ce n’est pas sympa de me dire ça ! Ça ne va pas, non ? Et puis d’abord, on ne se dit pas des trucs comme ça, etc. »
- Émotion : on est hyper agacé.
- Et réaction : on va lui dire « Arrête, tu n’as pas le droit de me dire ça ! » Ce qui, en général, n’améliore pas les choses.
Ok, c’est une possibilité de réagir comme ça, et c’est souvent un peu classique.
Influence des réactions classiques
Et d’ailleurs, le problème, c’est que, comme c’est la plus classique, c’est celle à laquelle on a été le plus exposé, et donc c’est par rapport à ce genre de réaction que se sont créées le plus de connexions dans notre cerveau, c’est ce qui va nous demander zéro effort à adopter, et donc ça se renforce en fait.
Plus on voit ce genre de réaction, plus on adopte facilement ce genre de réaction, et plus on répète, et ça s’ancre encore plus.
Donc forcément, on tourne en rond avec des réactions comme ça.
Réactions possibles face aux critiques
Et pourtant, on pourrait très bien imaginer réagir complètement différemment, grâce à d’autres pensées.
Donc, typiquement, l’autre enfant s’approche de moi et me dit : « C’est complètement nul ce que tu fais ! »
Je pourrais :
- me dire : « Ah ok, bon, lui, il trouve ça nul, moi, je trouve ça bien. »
- Ressentir de l’indifférence
- et lui dire, simplement : « ok ».
Ou bien, troisième scénario (je vous le raconte comme je le fais un peu en classe, avec les élèves de CE2).
Troisième scénario, la personne arrive et dit « Oh, c’est nul ce que tu fais ! »
- Pensée : « Bah, c’est bizarre qu’il me parle comme ça, d’habitude, il est plutôt sympa. Il ne doit pas être bien aujourd’hui. »
- Sentiment : préoccupation
- Réaction : « Ça ne va pas, il y a quelque chose qui ne va pas aujourd’hui ? »
Multiplicité des réactions possibles
C’est assez impressionnant de voir comme on peut réagir de façon complètement différente face à la même circonstance. Cela démontre à quel point on est responsable de nos émotions.
Cela demande aussi d’entretenir des pensées, des réactions qui sont différentes, de ne pas tomber dans le piège de la réaction classique et immédiate.
À condition évidemment qu’on ait envie de changer de réaction !
Si on avait le choix…
Parce que quand j’ai posé en classe la question de : « Ok, parmi ces trois scénarios, 1, 2, 3, lequel des trois, vous aimeriez pouvoir adopter, si vous vous en sentiez capable, si vous aviez le choix ? »
Alors les élèves m’ont tous répondu 2 ou 3, sauf un, qui lui, m’a dit 1.
Il préférait s’énerver sur le premier…
Et du coup, on en a parlé.
On a dit : « Ah bon, pourquoi ?
– Parce que ce n’est pas juste. Il me dit un truc qui n’est pas sympa, et il faudrait juste qu’il s’en sorte ! »
Évidemment, cet enfant a grandi dans un contexte dans lequel on considère – et ça, c’est vrai pour nous tous globalement, ça demande de revisiter un peu nos croyances, y compris celles qu’on a reçues sans même s’en rendre compte – dans une ambiance dans laquelle quelqu’un qui fait quelque chose d’inapproprié, il devrait être puni.
Et donc, cet enfant considère que si quelqu’un parle de façon désagréable à l’autre, il devrait être puni et donc subir la colère en retour plutôt qu’il ne lui arrive rien du tout.
Donc là, j’ouvre un autre débat dans lequel je ne vais pas rentrer tout de suite, mais je vais rester sur cette notion de responsabilité émotionnelle…
Première réaction face à cette notion de responsabilité émotionnelle
Ce qui est magique avec cette responsabilité émotionnelle, c’est justement le fait que du coup, ça ouvre des choix, ça nous redonne le pouvoir.
Au début, c’est un peu difficile à admettre parce que quand l’autre se comporte de façon inappropriée (en tout cas selon notre jugement) et qu’on se dit : « Oui, mais tu es responsable de tes propres émotions et donc c’est toi qui finalement te mets en colère et tu as le choix de ne pas te mettre en colère, etc. » , on se dit : « Bah non ! C’est lui, il se comporte mal, point. »
Donc on n’a pas envie d’entendre ça au départ.
Deuxième : récupérer notre pouvoir
Et pourtant, d’un certain côté, c’est hyper rassurant, ça veut dire en fait : je n’ai pas besoin de subir ce que me fait subir l’autre. Je peux, moi, choisir autre chose.
Ce que dit par exemple Philippe Aïm, qui travaille énormément en rapport avec le harcèlement scolaire, lui, il dit : « L’autre n’a pas de télécommande sur mes émotions. »
Et c’est exactement cette notion-là.
Et donc, il a même une phrase qui est : « Je peux choisir de passer une bonne journée, quoi que tu en penses ou quoi que tu me fasses. »
Alors évidemment, c’est facile de dire ça comme ça.
Évidemment qu’il y a des comportements des autres qui vont faire que c’est plus ou moins difficile de passer cette bonne journée. Mais quand même, ça redonne un peu notre pouvoir.
Cause et déclencheur
Donc, je suis responsable de mes émotions et je ne suis pas responsable de celles des autres.
Les comportements qui peuvent déclencher des émotions sont justement, le mot que je viens d’employer : des déclencheurs.
Ce ne sont pas les causes profondes.
Il y a des déclencheurs qui, assez facilement et assez répétitivement, nous envoient dans certaines émotions, mais ce ne sont pas pour autant les causes.
Multiplicité des chemins émotionnels
D’ailleurs, même si on prend des comportements qui sont réellement tout à fait inacceptables, type harcèlement, on peut voir que l’enfant qui subit le harcèlement, en fonction des cas, peut se sentir en colère, effectivement, ou triste, ou honteux, ou seul. Et ces émotions sont différentes.
Évidemment, en l’occurrence, aucune de toutes celles-là n’est agréable.
N’empêche que ça prouve bien que chacun a ses propres émotions.
Et donc, ça ouvre en fait toute une panoplie d’autres chemins qui peuvent être choisis pour aller vivre autre chose.
Et c’est exactement ça qu’ils ont conclu en CE2.
Quand on a parlé de ces différentes réactions, ils ont dit : ça veut dire qu’il y a plusieurs chemins.
Et c’est ça qu’on a envie de transmettre aux enfants, c’est qu’il y a plusieurs chemins. Ils n’ont pas à subir leurs émotions, ils ont à accueillir leurs émotions et à choisir comment ils veulent réagir ensuite.
Comment transmettre la responsabilité émotionnelle
Être un modèle pour nos enfants
Donc, comment on fait pour transmettre cette notion de responsabilité émotionnelle à nos enfants ? Alors évidemment, c’est toujours la même chose !
La meilleure façon de transmettre quelque chose, c’est d’en être soi-même le modèle. Et ce n’est pas évident, parce que nous-mêmes, on n’a pas grandi avec. Nous-mêmes, on a tendance à un peu subir nos émotions, à ne pas savoir l’exprimer avec les mots qui en prennent la responsabilité.
Utilisation du message « je »
Donc, le premier outil pour ça, pour pouvoir en donner le modèle, c’est d’adopter ce qu’on appelle le message « je » qui est si cher à Thomas Gordon.
Qu’est-ce que le message “je” ?
C’est « je parle de moi en prenant justement la responsabilité de mes émotions ». C’est également ce qu’on voit en premier quand on fait de la communication non-violente : le côté responsabilité de mes émotions et parler de moi et de ce qui est vivant chez moi.
Donc, c’est vraiment faire la différence entre le fait que quand un comportement nous pèse, on ne va pas dire : « vous êtes insupportables les enfants », mais on va dire « j’ai du mal quand je vois ça, parce que moi, j’aime bien… ».
Et ça change tout, parce que du coup, c’est moi qui prends la responsabilité de mes émotions (et ça ouvre d’autres solutions).
Prendre la responsabilité pour ouvrir des voies
L’exemple que j’aime donner, c’est celui où il y a du bruit dans le salon parce que les enfants sont, par exemple, en train de jouer de façon forte, et j’ai beau leur dire de faire moins fort, ils continuent, mais au bout d’un moment, ce n’est pas eux qui sont insupportables, c’est moi qui ai besoin de calme.
Et donc, le fait d’en prendre la responsabilité, ça peut ouvrir des voies qui ne sont pas forcément les mêmes. C’est-à-dire, ça peut être moi qui décide d’aller m’isoler, si c’est possible.
Favoriser la communication et la collaboration
Ça peut être de leur dire « tiens, ce jeu-là, j’ai l’impression qu’il n’est pas possible de le faire sans bruit parce que ça fait partie du jeu, est-ce que c’est ok de le faire dans votre chambre ? »
Ce n’est pas que votre comportement est inapproprié, c’est que votre comportement à ce moment-là, il n’est pas compatible avec mes besoins à ce moment-là.
Et à ce moment-là, on peut se rejoindre et trouver des solutions qui marchent pour tout le monde.
Ça crée une ambiance complètement différente.
Voilà… ce message « je » !
Prendre du recul avec le temps de pause
D’autre part, en termes de modèle, il y a aussi ce qu’on peut appeler le temps de pause.
C’est-à-dire que quand je sens, moi personnellement, que mes émotions sont en train de déborder, en tout cas de monter suffisamment pour que j’arrive bientôt dans des moments où mon comportement ne va pas être tout à fait en lien avec ce que j’aimerais pouvoir faire (ça vous arrive à vous aussi, j’imagine ?) parce que j’ai beau avoir toute cette théorie, je n’arrive pas toujours à faire exactement ce que j’aimerais faire… si je sens que ça vient, je vais me retirer et je vais l’expliciter.
Je vais dire : « Bon, là, je ne suis plus capable, je vais prendre une pause et je reviens ».
Et ça aussi, c’est une forme de responsabilité émotionnelle.
C’est-à-dire, je prends la responsabilité d’être à l’écoute du fait que ce que je vis est trop intense pour que je sois capable d’y faire face pour l’instant, je m’isole moi-même et je reviendrai quand j’aurai les moyens d’entrer en relation avec l’autre. Et ça, c’est un modèle qui est puissant.
Donc, je vous encourage à faire ça !
Ajuster le vocabulaire
Alors, en termes de vocabulaire, pour vous dire ce que ça donne chez nous, quand justement, on évite d’accuser les autres de nos propres émotions…
Cela fait maintenant quelques années qu’on a supprimé de notre vocabulaire l’expression « tu m’énerves », puisqu’on a bien compris que ce n’est pas l’autre qui nous énerve. La colère vient de nous-mêmes.
Et donc, on dit « je m’énerve ! », ce qui donne des situations assez rigolotes.. et d’ailleurs, ce n’est pas mal que ce soit assez rigolo, ça permet de désamorcer un petit peu les choses parfois.
« Je m’énerve ! »
Enlever au moins la personne
Si vous ne voulez pas adopter « je m’énerve », vous pouvez au moins adopter « ça m’énerve », c’est déjà complètement différent de « tu m’énerves ».
Et d’ailleurs, ça me fait penser à une activité de Discipline Positive qu’on fait aussi parfois en classe, qui s’appelle « ça m’énerve et j’aimerais ».
On parle avec les enfants de justement comment exprimer ça : ce qui nous énerve et ce qu’on aimerait vivre à la place.
Et dans la démarche de « ça m’énerve », on a justement cette distanciation avec l’autre.
Je me souviens de la première fois que j’ai fait cette activité, c’était en classe de CP.
On parlait de ce qui pouvait nous énerver, et il y a une petite fille qui dit : « Ça m’énerve quand Matthieu marche sur mon tapis de dictée ».
Et je lui dis : « D’accord, et est-ce que si c’était quelqu’un d’autre que Matthieu, ça ne t’énerverait pas ? »
Elle m’a dit : « Si, en fait, ça m’énerve, qui que ce soit.
– Ah, donc, est-ce que ça t’énerve que Matthieu marche sur ton tapis de dictée, ou est-ce que ça t’énerve quand quelqu’un marche sur ton tapis de dictée ?
– Ah bah ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée.
– Ok, donc en l’occurrence, il se trouve que c’est Mathieu qui l’a fait, et donc quand tu vas le dire à Mathieu, tu vas pouvoir lui dire : « Tu sais Mathieu, ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée ». Mais du coup, quand tu lui dis comme ça, ce n’est plus lui qui est visé, c’est le comportement qu’il a adopté à ce moment-là, et ça change tout dans sa possibilité de le recevoir, parce qu’il va se sentir beaucoup moins accusé. »
Ce sont les démarches qu’on peut adopter pour montrer un petit peu la responsabilité émotionnelle.
J’espère que tout ça vous inspire !
Attention à la déresponsabilisation !
Les autres sont responsables de leurs émotions
J’ai quand même un dernier mot, parce que quand on parle de responsabilité émotionnelle, et je l’ai dit au passage, on dit qu’on est responsable de ses propres émotions, et qu’on n’est pas responsable de celles des autres.
Et parfois, il y a une déresponsabilisation dans la démarche, de l’ordre de « Ah oui, non mais s’il s’énerve, de toute façon, c’est lui qui s’énerve, ce n’est pas moi. Ce n’est pas à cause de moi. Lui, il est responsable de ses propres émotions ».
Oui, d’accord. Il ne faut pas non plus que ça serve d’excuse à tout comportement qu’on peut avoir avec l’autre, parce que de toute façon, il est responsable de ses émotions !
Choisir de ne pas être un déclencheur
Bien sûr, on est bien d’accord, et c’est ce qu’on a dit tout à l’heure, il y a quand même certains comportements qui sont plus déclencheurs que d’autres.
Alors, soit, ce ne sont pas les causes fondamentales, par exemple, si quelqu’un nous parle mal, peut-être que ça, c’est un déclencheur et que la cause fondamentale, c’est que moi, j’aime vivre le respect et que c’est pour ça que ce comportement-là, il ne me plaît pas à ce moment-là.
En réalité, je sais qu’il y a d’autres contextes et d’autres personnes pour lesquelles ça fait partie de leur mode de communication. Ils ne vont pas ressentir la même chose au même moment. Donc, tout est question de où on place notre propre limite.
N’empêche qu’il y a quand même des comportements qui sont effectivement inappropriés, désagréables, etc.
Empathie et règle d’or
Et c’est important de savoir qu’on a en nous aussi un pouvoir de choix sur ce qu’on va adopter comme comportement, sur l’impact que peuvent avoir nos paroles, ça par exemple, c’est important d’en avoir conscience et donc de développer l’empathie.
La règle d’or…
Cependant, (et là, je fais le lien entre les deux) ce qui est intéressant dans le développement de cette empathie, c’est ce qu’on peut appeler la règle d’or.
Alors pourquoi je l’appelle la règle d’or ?
Parce que ça rejoint ce que les anglophones appellent la règle d’or.
Donc, nous, les Français, on dit et on répète, et on a entendu depuis qu’on est petit : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent. »
Et les anglophones, les américains en particulier, ont une règle d’or, ils disent juste “la règle d’or”, ils savent ce que c’est.
C’est : « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils te fassent. »
On reconnaît bien là leur formule un peu plus positive que la nôtre, c’est déjà sympa !
…avec une autre perspective
Mais en fait, chez nous, depuis quelques années déjà, on a changé cette règle-là. Parce que, finalement, justement, comme on est tous différents, on a tous des choses qui nous plaisent et qui ne nous plaisent pas, qui ne sont pas forcément les mêmes.
Donc, dire, par exemple : « mais, tu aimerais toi qu’il te fasse ça ? – Ben moi, ça ne me gênerait pas » peut répondre un enfant. Et c’est peut-être complètement sincère. Peut-être que ce qu’il est en train de faire à l’autre, lui, ça ne le gênerait pas.
Et donc si on ne développe l’empathie qu’en revenant à son propre référentiel, on ne développe pas complètement l’empathie.
Parce que l’empathie, c’est réussir à se mettre un peu à la place de l’autre, en acceptant en particulier qu’il y a d’autres façons d’aborder les choses et d’appréhender les choses.
Ce qu’ils aimeraient…
Et donc la règle qu’on donne, chez nous, c’est :
« Ne fais pas aux autres ce qu’ils n’aiment pas qu’on leur fasse. »
ou
« Fais aux autres ce qu’ils aiment qu’on leur fasse. »
Qu’on le dise en positif ou en négatif, en tout cas l’important, ce n’est pas ce que toi, tu considères être sympa ou pas sympa.
C’est sois à l’écoute, à l’observation pour voir si l’autre, il apprécie.
Et donc : « tu as l’impression qu’il apprécie là ce que tu fais ? Ça, c’est important. Même si toi, de ton point de vue, c’est quelque chose qui n’est pas grave. »
Je vais terminer là-dessus. J’espère que ce podcast vous a inspiré.
Si vous avez des commentaires, écrivez-moi et partagez ce podcast avec ceux qui pourraient avoir du plaisir à l’écouter également.
À très vite !