Archive d’étiquettes pour : instruction

Je ne vous parle pas souvent d’activités pour les enfants, mais j’avais vraiment envie de vous parler de celle-ci, qui vaut le détour !

Chez nous, on adore les jeux de société. Alors, quand je veux partager une activité avec les enfants, cela se fait souvent autour d’un plateau de jeu. Mais parfois, j’aime bien leur proposer un certain enrichissement culturel, lire un livre documentaire, ou chercher des infos.

Grâce à mes amis Coline et Rémy, j’ai trouvé l’activité parfaite pour concilier les deux !

Ils ont en effet conçu une chasse au trésor géante, sur 10 mois (ou au rythme qu’on veut, en réalité…), avec des activités qui s’enchainent, dans des contextes différents, mais avec le même fil conducteur.

Ainsi, leurs personnages, les gômes, nous demandent de reconstituer un parchemin… Chaque morceau sera obtenu au bout d’ateliers particuliers.

La première partie nous fait voyager dans le monde, et découvrir d’autres cultures, la deuxième nous emmène dans les musées…

Coline et Rémy ont incroyablement bien construit leur aventure, puisque les énigmes permettent d’avancer, de jouer, et d’apprendre à la fois ;  et chaque module est construit autour d’une compétence particulière.

Lorsque nous avons su que les écoles allaient fermer, l’une des premières choses que j’ai faite, c’est d’organiser l’impression de la suite de l’odyssée pédagogique.

C’est tellement simple de les embarquer : ils connaissent déjà l’univers, on n’a même pas besoin de mise en route, et en même temps, c’est chaque fois différent quand même.

Et c’est magique pour moi de voir mes garçons choisir de faire un atelier de plus avant de s’arrêter pour le goûter !

Pourquoi je vous en parle justement aujourd’hui ?

Parce que Coline et Rémy sont sur le point de rouvrir les portes de leur odyssée !

Ils ne le font que deux fois par an. Pour la petite histoire, je les connais depuis plus d’un an, mais je voulais avoir avancé dans l’odyssée avec mes propres enfants avant de vous en parler. Maintenant, je peux valider sans hésitation !

Avant que ces portes n’ouvrent, vous pouvez les suivre et mieux les connaitre, dans leur « quinzaine de l’estime de soi ».

Ensuite, vous déciderez si vous voulez vous aussi vous lancer dans l’aventure avec eux !

Je ne vais pas m’étendre, mais j’insiste un peu, parce que cela en vaut la peine : en ces temps de confinement, qui sont également l’occasion de partager plus de temps de qualité avec nos enfants, et d’encourager d’autres méthodes d’apprentissage, cette odyssée ne pouvait pas mieux tomber.

Cliquez ici pour vous inscrire à la quinzaine de l’estime de soi de Coline et Rémy, et découvrir l’univers des gômes dont ils vont bientôt vous parler…

Ensuite, vous reviendrez me dire ce que ça vous aura inspiré !

Il se passe cette semaine quelque chose d’extraordinaire : la France entière découvre l’école à la maison. Mais dans un contexte particulier : celui du confinement… Si l’école à la maison découle habituellement d’un choix, et laisse une certaine liberté, cette fois, parents et enfants se trouvent contraints à ce modèle d’instruction en famille, dont le programme est généralement transmis par les enseignants.
Les questions sont nombreuses : comment organiser leur temps de travail ? Quelle liberté se laisse-t-on ? Quels impacts sur la vie familiale ?

Un vrai chamboulement

Ce n’est pas simple de faire face du jour au lendemain à un tel chamboulement.

Lorsque nous avions commencé l’école à la maison chez nous l’année dernière, j’avais eu le temps d’y réfléchir, et d’anticiper. Aujourd’hui, le défi est l’improvisation !
C’est pourquoi je voudrais vous proposer des pistes.

Chaque famille trouvera son propre équilibre, ses propres réponses. Mon rôle sera simplement de nourrir votre réflexion, de vous suggérer des approches qui pourraient vous aider, et faire baisser la tension.

Et je sais que cette tension existe. Chez nous aussi, nous la ressentons.
Chacun a des raisons différentes d’être tendu.
Cela peut être pour la situation extérieure, pour le travail scolaire, pour le confinement, pour le manque de temps, pour le bruit, la collaboration, le partage des tâches…
Chacun son inquiétude, chacun sa difficulté.

Je me réjouis de vivre dans une famille dans laquelle nous avons déjà mis en place des habitudes qui vont nous aider dans les semaines à venir.

Première action implémentée :
Lors de notre réunion familiale de dimanche dernier (que nous faisons d’habitude toutes les semaines), nous avons décidé de passer le rythme à tous les 2 jours, le temps de bien définir notre fonctionnement…

Tout ce que j’aimerais partager avec vous…

Il y en a tellement ! J’ai l’impression que tout ce dont je veux vous parler est urgent !

Ces deux derniers jours ont été pour moi l’occasion d’une vraie réflexion, pour jeter sur mes petits papiers tout ce qui pourrait vous aider dans cette situation, et mettre au point le plan d’un contenu spécial confinement.

Voici donc ce à quoi j’ai abouti.

Le plan de CALME = “Confinement A La Maison et Ecole”

  1. Le contexte – prise de recul
    • Nos pensées, notre vécu, et le leur
    • Prendre le temps
    • Priorité à l’ambiance de la famille
  2. L’école à la maison
    • Apprentissage informel et enthousiasme
    • Rythme et emploi du temps
    • Le contenu académique
    • Quand les enfants ont des âges différents
    • En suis-je capable ?
    • Bonus : contenu spécifique corona virus
  3. Un équilibre pour chacun
    • Se sentir bien pour se comporter bien
    • Prendre soin de soi
    • Un mot sur le télétravail
  4. Les opportunités du confinement
    • Construire ensemble des règles de vie
    • Organiser des réunions familiales qui ont du sens
    • Développer l’autonomie
    • Vivre ensemble

Concrètement…

Concrètement, j’essaye de faire face. Comme vous.
Entre l’école à la maison, le travail de chacun, les espaces et les horaires de chacun (“Pas de bruit devant la chambre d’Oscar : il suit un cours en ligne !”), les repas où nous sommes tout le temps 6, je trouve mes moments pour avancer dans cette formation que je sais être utile.

Voilà pourquoi je ne m’étends pas plus que cela aujourd’hui : je sais que mon énergie sera mieux consacrée à produire effectivement le contenu que je vous ai listé ci-dessus, le plus vite possible.

J’ai déjà commencé.
Et le reste suivra le plus rapidement possible.
Note : contrairement à ce que j’ai écrit au début, je ne prévois pas pour l’instant d’en faire des versions podcast, car écrire le contenu me prend déjà beaucoup de temps…

Ca vous intéresse ? Cliquez sur l’image ci-dessous pour vous inscrire.

Un vent nouveau souffle sur l’éducation en France. Une vraie révolution. L’engouement pour la parentalité positive, que je soutiens, oui, mais je parle aussi de l’éducation dans le sens éducation nationale, l’école donc. Ce n’est pas un hasard si Stanislas Dehaene, spécialiste en neurosciences, a été nommé président du conseil scientifique récemment nommé pour aider à améliorer les méthodes d’apprentissage. Et ce n’est pas non plus un hasard si le titre de mon article reprend le thème du festival d’Autun auquel j’ai assisté en juillet (2017). Car c’est effectivement à une révolution que nous pourrions bien assister. En tout cas, c’est ce que cela m’a inspirée lorsqu’à ce festival, j’ai assisté à la conférence de Céline Alvarez.

C’est pourquoi, lorsque Marion, du blog Liberté pédagogique, m’a proposé de participer à son carnaval d’articles intitulé « Les livres qui vont révolutionner l’éducation », j’ai immédiatement pensé à celui de Céline Alvarez : Les lois naturelles de l’enfant.

(Marion va proposer en téléchargement gratuit un petit livre qui reprendra les différents articles des blogueurs répondant au même thème, j’ai hâte de voir les livres qu’ils auront choisis…)

En quoi le livre « les lois naturelles de l’enfant » propose-t-il une révolution dans l’éducation ?

En fait, c’est ce qui est le plus surprenant. Comme le titre l’indique, Céline Alvarez se contente de nous expliquer comme l’enfant fonctionne naturellement. Donc, pas de bouleversement ou de nouvelle méthode. Enfin… Si, en fait. Parce que les méthodes actuelles ne prennent pas forcément ce fonctionnement naturel en compte.

Le scénario actuel

Les instituteurs et professeurs suivent des programmes et des méthodes qui leur sont imposés, et assument auprès de leurs élèves le rôle d’un passeur. Un passeur de connaissance. Qui impose ce qu’il transmet, quand il le transmet, et comment. En faisant de plus entrer tous les enfants dans un même moule, puis en évaluant leurs résultats selon sa propre perspective.

Et ces instituteurs et professeurs s’épuisent…

Car les méthodes à leur disposition sont en fait des entraves à l’apprentissage pour les enfants. Selon Céline Alvarez, c’est comme s’ils cherchaient à conduire une voiture sur l’autoroute en laissant le frein à main.

Ce que propose Céline Alvarez

Elle propose de « simplement » respecter les lois naturelles de l’enfant. D’accompagner l’enfant à son potentiel, et le laisser se développer, s’épanouir dans le bonheur de son apprentissage !

Du bonheur à l’école ! Oui, ça aussi c’est une révolution dans l’éducation…

Et elle ne se contente pas de le proposer. Avant d’écrire son livre, avant de partager toutes ces idées, elle les a mises à l’épreuve. Elle a travaillé 3 ans à Gennevilliers. Elle a tenu une classe maternelle multi-niveaux dans cette banlieue défavorisée de la région parisienne… et y a obtenu des résultats impressionnants !!

Tant au niveau des résultats scolaires que d’attitude des enfants. Les témoignages des parents, d’ailleurs, sont particulièrement frappants.

Comment la lecture de ce livre permet-elle d’amorcer cette révolution ?

Ce livre est vraiment surprenant, en fait.

D’un côté, il est plein de références, il parle de fonctionnement du cerveau, d’expériences menées… C’est donc un livre scientifique, en un sens. Et pourtant, il est très facile, très agréable à lire !  Je pense que l’auteur a un certain talent de pédagogue. Elle nous mène vers une meilleure compréhension des processus d’apprentissage, nous en décrit les sources, et les implications, tout en les éclairant de ses expériences.

Ainsi, il est relativement facile pour le lecteur d’intègrer les principes clefs, des principes qui, une fois appliqués, vont bousculer son mode d’enseignement, sans aucun doute.

La plasticité cérébrale

Tout commence par le fait que le cerveau est plastique. C’est à dire qu’il peut être déformé, façonné. On ne nait pas avec un cerveau terminé. Il évolue en fait en permanence, tout au long de la vie.

C’est cependant au cours des premières années que cette plasticité est la plus forte.

En fait, à chaque expérience à laquelle l’enfant se confronte, son cerveau crée des connexions. Des dizaines, des centaines.. des milliards de connexions. Céline Alvarez explique que si le cerveau d’un adulte possède déjà 3 fois plus de connexions que ce qu’il y a de liens sur internet (vous imaginez ??), celui de l’enfant en a encore 3 fois plus ! Son cerveau crée ainsi 7000 à 10000 nouvelles connexions par seconde !!

A condition qu’on lui en offre l’opportunité. Un enfant laissés à eux-mêmes pendant des heures, sans interaction ou stimulation d’aucune sorte ne va voir son cerveau se développer de la même manière.

De plus, vous aurez déduit du fait que le cerveau de l’adulte possède 3 fois moins de connexions que celui de l’enfant, qu’il y a un moment où un élagage est fait. En effet. C’est l’élagage synaptique.

Les connexions qui restent sont celles qui correspondent à des expériences répétées. Celles qui sont trop rares sont jugées moins utiles, et disparaissent.

Ainsi, l’entourage de l’enfant dans ses premières années a un impact énorme sur le développement de son cerveau ! Et cela explique également pourquoi les modèles se répètent du parent à l’enfant : le cerveau a grandi en renforçant les connexions de son cerveau qui correspondaient à l’attitude répétée de son parent… I est donc physiquement câble pour agir ainsi également…
Vous imaginez ce que cela signifie en termes de responsabilité ??
Mais également, de possibilités !! Car cela démontre que ce fonctionnement du cerveau n’est pas inné, mais bien acquis, ce qui permet, par un entourage et un environnement adéquat, d’offrir de vraies chances d’apprentissages à tous les enfants. Tous.

Les lois naturelles de l’apprentissage

Je ne vais pas ici vous exposer tout ce qui est dit dans le livre de Céline Alvarez, de peur de ne jamais terminer mon article.  Je vous encourage vraiment à lire vous-mêmes le livre complet. (ou à consulter le site des lois naturelles de l’enfant).

Nous en retiendrons cependant, en première approche les principes suivants :

  • l’indispensable mélange des âges
  • la motivation endogène
  • l’importance de l’erreur
  • la richesse du monde réel
  • l’importance du jeu libre
  • la toxicité du stress
  • la bienveillance

Sous chacun de ces termes, il pourrait y avoir un article complet, et encore, je n’ai pas tout listé !

Cela n’a l’air de rien, mais prendre conscience de certains des points ci-dessus est sans aucun doute déjà une manière de changer son mode d’enseignement. Si l’on ne peut malheureusement pas forcément mélanger les âges dans les classes du jour au lendemain, on peut immédiatement modifier notre perception de l’erreur, comprendre pourquoi les enfants ne sont pas motivées par les activités imposées, ne plus avoir peur de nous laisser aller à la bienveillance.

(Si vous voulez en savoir plus, en particulier sur la motivation, l’erreur… vous pouvez commencer par le résumé de la conférence de Céline Alvarez à Autun.)

L’apprentissage didactique

Toute une partie du livre est consacrée à l’exposé concret de l’apprentissage didactique, en particulier sur les thèmes des mathématiques, et de l’entrée dans la lecture et l’écriture ; mais pas seulement !

Application dans ma maison

Cette partie tombait bien pour moi, car j’enseigne justement la lecture à mon fils, qui va entrer l’année prochaine en CE1 en France, alors qu’il n’aura jamais avant été scolarisé dans un établissement francophone. Je me suis donc inspirée de plusieurs activités proposées par Céline Alvarez, et il ne fait aucun doute que cela a participé à l’enthousiasme de mon fils !

J’ai également lu les autres parties avec plaisir, retrouvant parfois, surtout dans le matériel mathématique, des activités Montessori que je connaissais déjà , mais pas seulement. Et, encore une fois, la présentation de ces activités est fluide, entrecoupées d’observation de la classe, des effets de chacune, de ce qui a plu ou moins plu, de comment les enfants se l’appropriaient, etc…

L’école de Céline Alvarez n’était pas une école Montessori

Je rajoute ce paragraphe car il me semble important, surtout suite à ce que je viens d’écrire sur les activités mathématiques reconnues.

Cette confusion est fréquente chez les personnes qui ne connaissent pas bien le travail de Céline Alvarez. Et l’on peut le comprendre, car elle a effectivement repris beaucoup des principes, et du matériel qui sont issus de la pédagogie Montessori. Mais pas que.

Maria Montessori a vécu au début du 20è siècle, et a effectivement permis de faire un bond prodigieux en terme de pédagogie. Le respect que lui vouent aujourd’hui ceux qui admirent son travail est cependant parfois poussé au point de ne vouloir rien y changer. Alors qu’elle-même aurait voulu que les suivants aillent plus loin.

C’est ce que fait Céline Alvarez. Elle cite régulièrement Maria Montessori dans son livre, appliquant souvent ses idées. Mais à la pédagogie Montessori, elle ajoute les connaissances plus récentes des neurosciences – en particulier celles qui concernent les compétences exécutives, évoquées un peu plus loin. Et ajoute également l’importance du lien, de la connexion à l’autre, de façon bien plus poussée.

L’autonomie au service des compétences exécutives

D’après le « Center on the developing child » de Harvard, il suffit de 2 enfants avec des compétences exécutives sous-développées pour que cela ait un impact sur l’ambiance de toute la classe.

Que sont ces compétences exécutives ?

Les experts en relèvent trois principales :

  • la mémoire de travail
  • le contrôle inhibiteur
  • la flexibilité cognitive

Ces trois compétences sont fondamentales pour mener à bien quelconque projet, ou apprentissage.

Il s’agira en effet, d’utiliser notre mémoire de travail pour retenir l’ordre des étapes, garder en tête où nous en sommes ; puis notre contrôle inhibiteur pour rester concentrer, et ne pas se laisser distraire par une quelconque interruption ; enfin notre flexibilité cognitive pour nous adapter à nos résultats et chercher une meilleure méthode au besoin.

Des compétences prédictives

Le développement de ces compétences a plus d’impact sur la réussite et l’épanouissement que le QI. Parce que ces compétences permettent de progresser, de s’adapter, et de mieux se relier aux autres. Nos relations sociales sont donc meilleures, et notre parcours scolaire et professionnel également.

Essayer d’enseigner à un enfant dont les compétences exécutives sont sous-développées est voué à l’échec. Il ne retiendra pas ce qu’il aura appris.

Il vaut mieux dans ce cas « perdre » le temps nécessaire à aider cet enfant à développer ces compétences, avant de revenir à un enseignement du contenu plus didactique. (De l’importance, à partir de ce principe, que l’enseignement soit différencié !! Impossible de demander les mêmes choses à tous les enfants, alors qu’ils sont à des moments différents de leur développement…)

L’autonomie

Quelle est donc la meilleure manière d’aider l’enfant à développer ses compétences exécutives ?
Si certaines activités peuvent effectivement être proposées (dont la méditation…), le plus efficace est simplement de laisser l’enfant aider au soin de son environnement.

De fait, entre 3 et 5 ans, âge auquel le développement de ces compétences est le plus important, les enfants sont naturellement attirés par : le nettoyage, la cuisine, la lessive, etc.
Enseigner à un enfant à faire seul, le laisser essayer de monter l’escalier, de nettoyer la table, est ce qu’il y a de plus puissant pour son développement.

Les lois naturelles de l’enfant regorge d’exemples et d’illustrations de ce principe…

Moi qui ai toujours valorisé l’autonomie de mes enfants, je suis de nouveau poussée vers l’idée de les impliquer encore, et encore plus, convaincue à présent que c’est pour eux un vrai cadeau pour le futur !

Soutenir leur élan à grandir, à apprendre, à se construire. Avec notre aide, puis de moins en moins.

Le secret, c’est l’amour

La dernière partie de ce livre porte enfin sur l’amour. Sur la puissance de la reliance.

Car l’être humain a besoin de connexions. (Ce n’est pas la première vous que nous en parlons ici, n’est-ce pas ?). Le regard bienveillant de l’entourage l’aide à grandir, à se développer. Émotionnellement et physiquement.  C’est ce qui lui permettra d’avoir confiance en lui.

Selon Céline Alvarez, ce lien est « un levier extraordinaire », sans lequel le reste ne sert à rien.
C’est également cet amour reçu qui leur permettra de ressentir un vrai bonheur d’aller à l’école !
Et de développer leur sens de l’empathie…

Quelle inspiration, quel élan à lire ces résultats !

Et j’en aurais encore beaucoup à compter, mais je crois que mon travail s’arrête là pour aujourd’hui.

Pour terminer enfin, je vous laisserai sur le début du dernier paragraphe du livre :
« Sur ce chemin, l’expérience de Gennevilliers constitue un point de départ, et non d’arrivée. Que chacun se sente libre de retenir ce qui lui semble pertinent et d’oublier le reste. »

Et voilà comment commence cette révolution de l’éducation !

Cet été, j’ai eu cette opportunité extraordinaire de passer 3 jours à Autun, en Bourgogne, pour assister au festival : Les Rendez-vous de Juillet 2017, un festival de journalistes, proposant des tas de thèmes passionnants !

Révolutions dans l’éducation

Le thème qui m’avait attirée là : “Révolutions dans l’éducation”.
C’est assez ironique d’ailleurs, parce que j’en avais entendu parler des mois avant, avec l’annonce d’une intervention de Catherine Gueguen, et finalement, entre le moment où je m’étais acheté mon pass de 3 jours (dans l’ignorance du programme précis à l’époque), et le moment de la programmation, son nom avait disparu de la liste ! Je n’ai jamais su pourquoi…

Cependant, il restait, sur ce thème, comme intervenantes principales :
Céline Alvarez – Les lois naturelles de l’enfant
Eline Snel – Calme et tranquille comme une grenouille
Isabelle Filliozat – Parentalité positive

Je ne regrette pas de m’être rendue à Autun pour cette occasion !! Le programme de “Révolutions dans l’éducation” était : ces 3 conférences, dans cet ordre, à 2 reprises (le vendredi matin, et le dimanche matin) ; et la projection d’un documentaire sur le décrochage scolaire, suivie d’une discussion avec sa réalisatrice.

J’ai donc assisté aux trois conférences le vendredi, (avec ma complice Gwen, du blog Petit bout par petit bout) puis suis retournée voir Céline Alvarez le dimanche.
J’ai évidemment pris quantité de notes, d’où je sors mes comptes-rendus !

Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence de Céline Alvarez
Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence d’Eline Snel
compte-rendu de la conférence d’Isabelle Filliozat encore en préparation

Quant à la projection, elle s’intitulait “Décrochage”.
Il s’agit d’un documentaire réalisé par Virginie Saclier, suite au décrochage scolaire de son fils en 4eme.
Le documentaire présente ce qu’est le décrochage, et montre quelques initiatives cherchant à lutter contre celui-ci. En parrallèle, il donne la parole à plusieurs enfants concernés par ce décrochage (dont le fils de la réalisatrice), quasiment tous au niveau collège. Ces enfants nous partagent leur hisoire, leur vécu, leurs ressentis, et c’est poignant.
On touche du doigt le cercle vicieux dans lequel ces enfants tombent :
Face à l’échec, ils ne croient plus en eux-mêmes, et les professeurs, vidés, les abandonnent.
C’est alors l’entrée dans la spirale : de plus en plus de provocation, ils n’essayent plus d’apprendre.

Ca fait mal au coeur, et donne vraiment envie de précipiter cette révolution de l’éducation !!

En dehors de ce thème, j’ai également assisté à la projection de
« Et les mistral gagnants » réalisé par Anne-Dauphine Julliand
J’avais déjà eu l’occasion de lire ses livres

livres autobiographiques qui racontent la vie de sa famille face à la maladie de leur petite fille, que j’ai trouvés tellement touchants… et dont on cite souvent cette phrase :
“Puisque je ne pouvais rajouter des jours à sa vie, j’allais ajouter de la vie à ses jours.” 

Ce documentaire suit quelques enfants malades dans leur quotidien, avec le parti pris de les montrer tels qu’ils le vivent, avec leur joie et leur bonheur malgré tout.
Anne-Dauphine Julliand, qui a ensuite répondu aux questions est incroyablement douce, elle semble simple et accessible.
Cette projection a vraiment été un beau moment.

Ils changent le travail

Et puis, lorsque le thème de l’éducation était en pause, j’en ai profité pour piocher dans le thème “Ils changent le travail », qui présente de grands principes communs avec l’éducation positive !
Car les principes que nous cherchons à appliquer avec nos enfants peuvent également se mettre en place avec des adultes, et c’est ce que certaines entreprises essayent de faire. On les appelle les « entreprises libérées », ce que j’ai appris à Autun !

C’était vraiment inspirant de voir que certains croient en tous ces principes, à encore plus grande échelle, cherchant à les mettre en place directement dans le monde professionnel, avec des adultes ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard !
J’ai ainsi assisté à un entretien, et à une projection – débat.

L’entretien, mené de main de maître, permettait à Bertrand Ballerina, directeur des relations solciales de Michelin, de parler de ce qu’il avait réussi à mettre en place dans certaines usines du groupe, dans lesquelles le personnel avait été responsabilisé, dans lesquelles le fonctionnement avait énormément évolué, et l’atmosphère modifiée !

Dans les premières phases du développement du projet, Bertrand Ballerina a cherché une manière de communiquer ce qu’il avait en tête, tant au niveau du management que des ouvriers.

Un jour, il a entendu parler d’un orchestre, Les Dissonances, créé par David Grimal, violoniste : un orchestre qui a ça de particulier qu’il n’a pas de chef d’orchestre !!

Une journée a été organisée chez Michelin, au cours de laquelle Les Dissonances sont venues jouer, après quoi les musiciens ont échangé avec les employés du groupe, autour de tables rondes. L’occasion de découvrir un nouveau modèle, une autre façon de faire !

Enfin, le dimanche, avant de partir d’aucun, j’ai assisté à une projection de Le bonheur au travail, documentaire de Martin Meissonnier sur les entreprises “libérées”, qui mettent l’homme au centre de la production.

Je vous encourage à le voir. Voir comment certaines entreprises ont réussi à effectivement mettre l’homme au centre. Voir comment la responsabilisation des employés change l’ambiance de l’entreprise. Voir ce qu’il est possible d’atteindre lorsque l’on accepte de modifier le modèle reçu, voir les difficultés auxquelles on peut se heurter, l’incompréhension de l’entourage, les craintes.

Après la projection, un débat, avec pour principal répondant Laurent Ledoux, qui a commencé à transformer ainsi le ministère belge des transports. Ses difficultés, ses réussites.

Peut-on faire changer le monde en s’attaquant également au marché du travail ?

Oui, le monde peut changer ! Et ceux qui y croient, heureusement, sont de plus en plus nombreux, même s’ils restent minoritaires…

Que disait Céline Alvarez déjà ? Qu’on avait peu d’ambition pour nos enfants en leur proposant de compter jusqu’à 30 en maternelle ? C’est bien ce que j’ai vécu, encore une fois, la semaine dernière…

Léon, 5 ans – presque 6 – aime les nombres !
Ca tombe bien, moi aussi, et j’adore le suivre sur la piste de la découverte.
C’est incroyable comme il est des moments où l’on peut être ainsi simplement témoins de leur enthousiasme !!

« Maman, est-ce que 9 000, ça existe ?
– Oui
– Et 23 000 ?
– Oui
– Et 99 000 ?
– Oui, ça existe ! »
Il écrit au fur et à mesure les nombres sur son papier…

Juste avant, nous avons eu une discussion sur l’écriture de ces nombres.
Il se demandait comment écrire 128000 et voulait l’écrire : 100 20 8 1000. Logique.
Je suis revenue à ce qu’il connaissait :
« Léon, quand tu écris 23, tu n’écris pas 20 3, pas vrai ?
– non, on écrit 23 !
– exactement. Et pareil pour 128, n’est-ce pas ? Tu te souviens ce ce que tu as vu dans ton livre hier ? »
La veille au soir, en attendant qu’on soit disponible pour l’histoire, il a tourné les pages du livre de 8 à 146, en les comptant une par une, tout en observant le nombre en bas de page…
Experience fort utile puisqu’aujourd’hui, cela l’éclaire :
« Ah non, je sais ! On écrit 128. Tu sais comment je sais ? Avec le livre ! »

Donc, voilà mon Léon occupé à écrire des nombres.
Ca commence à peu près modestement, par 101, 102, 103…

Voyant la tendance, je lui sors des papiers, pour qu’il puisse donner libre cours à son élan !

Et il continue donc, avec ses 99 000, tandis que je suis occupée à ranger la cuisine.

« Maman, est-ce que 9 millions, ça existe ?
– Oui ! »
Il l’écrit derechef.
Mais où a-t-il appris à écrire 1 000 000 ???

N’empêche, je souris à ses questions.

Juste avant l’été, il y a à peine trois mois, nous apprenions les dizaines, et le fait qu’au bout de 10 dizaines, on arrivait à la centaine ! Waouh… 100, c’est beaucoup, ça !

C’est chouette les vacances, parce que c’est le moment pendant lequel on a enfin l’occasion de faire quelques activités qu’on n’a pas le temps – ou qu’on ne prend pas le temps – de faire quand il y a école.

Ainsi, cet été, j’ai eu plusieurs occasions de discuter dizaines et centaines avec lui, on a pris des barres de 10 perles (que j’avais fabriquées pour sa grande soeur il y a quelques années), et on a appris à compter de 10 en 10.

Puis, il y a eu ce moment un peu magique, où l’on a aligné des cailloux en rangées de 10… Chacun représentant 10, chaque ligne faisait 100, au bout de 10 lignes, on avait atteint 1000 !!!

Dans les jours qui suivaient, il avait voulu compter jusqu’à 1000. Ca lui a pris plusieurs semaines. Il reprenait là où il en était resté : « Maman, j’en étais à 523… » Oui, c’est comme ça, il s’arrêtait à des nombres qui, pour nous, étaient illogiques. Mais on respecte la logique de l’enfant, non ?

Puis, les nombres étaient en pause. Du moins le croyais-je. Jusqu’à hier.
J’avais sorti des petites fiches pour que son petit frère, Anatole, 3 ans, puisse les ranger de 1 à 10, parce qu’il demandait à apprendre à compter jusqu’à 10.
Ca a suffi à rebrancher Léon…

« Maman, ça existe 99 millions ? et 1000 millions ? »
Nous voilà à parler milliards, et je montre l’écriture des grands nombres, il est impressionné !!

Il décide enfin d’essayer d’atteindre l’infini
« Je vais mettre des 0 sur tout le papier pour atteindre infinité.
– C’est possible d’atteindre l’infini ?
– Oui, si on met des 0 partout, et un 1 !
– Et si je t’apporte un autre papier, tu pourrais écrire plus de 0 ?
– oui..
– donc, est-ce qu’on peut atteindre l’infini ?
-… alors, il faudrait mettre plein de papiers et écrire des 0 sur tous !!
– et quand tu auras écrit sur plein de papiers, est-ce que je pourrais encore en apporter un pour écrire encore des 0 ?
– Non ! Puisqu’on aura déjà atteint infinité !! »

Ok ! Je crois que c’est pas mal pour aujourd’hui !

J’ai eu la grande chance d’écouter, par 2 fois, la conférence de Céline Alvarez au festival d’Autun : les rendez-vous de juillet 2017.

Quand on commence à écouter Céline Alvarez, on voudrait que cela ne s’arrête pas. Un tel élan, un tel enthousiasme, une telle lumière se dégage d’elle, qu’on voudrait la suivre, se laisser porter, croire avec elle en un monde meilleur !
Elle-même d’ailleurs a du mal à s’arrêter, à ne pas se laisser entraîner, à renoncer à ce qu’elle pourrait encore nous dire, et c’est magique !

Son histoire

Céline a grandi sur la dalle d’Argenteuil, et raconte que, très jeune, elle était désespérée de voir tant de ses camarades s’étioler face au système, autant que les enseignants.
“Les enseignants faisaient leur max pour aider la population qu’ils avaient devant eux, et ils s’épuisaient.”
Elle se retrouvait ainsi souvent face au proviseur, pour lui signaler que cela ne pouvait durer, que quelque chose devait changer ! En vain…

Devenue adulte, elle s’est consacrée à l’étude des méthodes d’apprentissage. Il lui est apparu qu’il existait de grands invariants, qui avaient été pressentis par de grands pédagogues, tels que Freinet, Montessori, Seguin, pressentis par nous tous également ; auxquels les études scientifiques plus modernes permettaient de donner une forme précise.
A ces grands invariants, elle donne le nom de “Lois naturelles de l’enfant”, titre de son livre.

En réalité, précise-t-elle, ces lois dans les manières d’apprendre sont les mêmes pour les adultes que pour les enfants, elles sont simplement plus prévalantes chez les enfants dont le cerveau a une plasticité cérébrale plus forte.

Ces lois permettent, selon elle, d’aller dans le sens de la vie, plutôt que de lutter constamment contre.
Car elle pense que le système scolaire n’est pas physiologique, en ce sens qu’il n’est pas adapté, ni à la manière d’apprendre, ni à la manière d’enseigner. Ainsi, tout le monde s’épuise, enfants et enseignants. Elle n’est pas la première à le dire, bien sûr. Nombre d’initiatives individuelles ont déjà été prises.

Son action vise à aider à ce que ces initiatives isolées se multiplient. Elle parle d’un acte politique plus que pédagogique. Et franchement, l’expérience est impressionnante. Je parle pour moi, cette fois, m’interrogeant : comment peut-on ne pas être convaincu lorsqu’on voit les résultats de son expérience à Gennevilliers ??
Mais allons-y doucement.
Avant de parler de Gennevilliers (trop brièvement car elle n’en aura plus vraiment le temps en fin de conférence), Céline choisit de nous présenter ces lois naturelles.
Accrochez-vous, c’est passionnant !

La plasticité cérébrale

Le principe est le suivant : nous sommes nés pour apprendre, et apprenons constamment sans effort.

En effet, notre cerveau est en construction dès le départ. Les circuits neuronaux se construisent par les expériences. Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour dire que l’intelligence humaine dépend principalement de l’environnement. (Pour en savoir plus sur ce point, si le thème vous intéresse, je vous encourage vivement à lire Les lois naturelles de l’enfant, son livre, qui entre plus dans le détail que cette conférence de Céline Alvarez)

Ainsi, si un enfant a des troubles d’apprentissage, c’est souvent qu’il y a un problème dans l’environnement. Cela peut être les paramètres pédagogiques, ou bien l’alimentation, le sommeil…A la remarque “Vous avez dû beaucoup les pousser !” qu’on lui a souvent faite après l’expérience de Genevilliers, Céline Alvarez répond d’ailleurs par la négative, précisant que la démarche n’a pas été de pousser, mais bien d’arrêter d’entraver !

La motivation

Les faits : nous ne sommes pas prédisposés à retenir quelque chose qui ne nous intéresse pas.
Cela a été observé : pour apprendre bien, il faut d’abord être motivé et enthousiaste ; sinon les zones de l’apprentissage du cerveau sont très faiblement activées. (Ca me fait bigrement penser à ce que disait André Stern, ça…)

Ainsi, il ne s’agit pas seulement de fournir à l’enfant un environnement de qualité, avec des personnes de qualité, mais il faut également chercher à susciter son enthousiasme !

Et pour cela, deux axes clef, pas faciles à implémenter.

Permettre un libre choix d’activité

En effet, l’activité imposée n’est pas la meilleure façon d’enseigner. Car quand l’activité est imposée, l’enfant n’est pas motivé, et quand il n’est pas motivé (je le répète, parce que ça en vaut la peine, tellement ça va à l’encontre des fonctionnements de nos écoles), les zones d’apprentissages de son cerveau sont très faiblement activées.
Ainsi, physiquement, il n’apprend pas. Ou, du moins, il apprend peu. Il pourra apprendre, mais à condition d’y mettre beaucoup d’énergie…

Pour certains élèves, ce blocage cérébral, c’est la source d’une complète perte de confiance en eux : “Je vais à l’école, je fais mes devoirs, mes parents me payent des cours particuliers, et je n’y arrive toujours pas ! Conclusion : je suis nul.”

Ce qu’on leur enseigne n’est effectivement pas si compliqué, mais on le leur présente de façon non intéressante. Et comme, malgré le peu de complexité de ce qu’on leur demande, ils ont du mal à apprendre (du fait de leur manque d’interêt), on baisse nos attentes. Ce qui rend les choses encore moins intéressantes, et on entre dans un cercle vicieux !

Pour apprendre bien, l’être humain doit en avoir envie. Qu’il choisisse ce sur quoi il va travailler répond à ce critère.

Face à cette idée de libre choix d’activité, certains s’effrayent. « Alors, on doit laisser les enfants faire ce qu’ils veulent !? » En fait, si par « ce qu’ils veulent » celui qui demande veut dire « n’importe quoi », alors non. Mais Céline Alvarez les a laissés faire ce qu’ils aiment, pas ce qu’ils veulent.

En réalité, nos enfants ont des ambitions bien plus hautes que celles que nous avons pour eux. Lorsqu’on sous-estime son ambition, on s’interpose entre le monde et l’enfant. C’est encore une entrave.

Car franchement : les enfants arrivent en maternelle à l’âge de 3 ans. Avant cela, ils ont appris à marcher seuls, à jouer au ballon, à tenir leur cuillère… et tout un langage ! Seuls ! Mais pour les 3 années suivantes, on va leur demander d’apprendre à compter jusqu’à… 30.. et à reconnaitre les 26 lettres de l’alphabet.
Mais un enfant qui commence à compter, vous avez dû vous en rendre compte, a rarement envie de s’arrêter ! – Cet été, mon fils de 5 ans, qui a compris les dizaines et les centaines, n’avait de cesse de compter jusqu’à 1000, et a adoré construire 10 colonnes de 10 cailloux avec moi pour compter de 10 en 10 jusqu’à 100 puis de 100 en 100 jusqu’à 1000, illustrant bien ce que nous disait là Céline Alvarez lors de cette conférence ! (et plus récemment, son enthousiasme l’a amené à l’infini !!) –

Si on laisse les enfants faire ce qu’ils aiment, ils vont vouloir conquérir la culture de leur environnement. Ils sont prédisposés à cela : ils ont des circuits à construire !!

Seulement voilà, on enseigne à nos enfants à se déconnecter d’eux-mêmes : si l’enfant veut apprendre à lire en maternelle, on lui explique que ce n’est pas le moment, et on coupe son élan. Non, à la place, on lui imposera plutôt d’apprendre à lire plus tard, quand il n’en aura peut-être plus envie…

Dans une école traditionnelle, les enfants qu’on n’a pas réussi à déconnecter d’eux-mêmes posent problème. On ne sait pas quoi en faire. Ils sortent trop du cadre.
Dans un environnement libre, au contraire, ils chercheront à répondre à leur soif naturelle d’apprentissage et avanceront vite ! Et les autres, il faut commencer par les reconnecter à eux-mêmes. Peut-être tout simplement en leur demandant : “Que veux-tu apprendre ? » ?

La motivation endogène

Deuxième axe qui va à l’encontre de beaucoup de nos pratiques classiques. Car pour cela, il faudra couper la motivation exogène, car elle ne fait que court-circuiter la motivation endogène.
Par motivation exogène (soit externe), on entend tout ce qui vient chercher à motiver l’apprentissage pour autre chose que l’apprentissage. C’est le cas des récompenses. « Si tu as une bonne note à ceci… », ou même en fait, de la note elle-même. L’apprentissage a lieu parce que l’enfant veut apprendre. Et nous n’aurons jamais autant d’impact que cette motivation endogène.

Est-on prêt à laisser l’apprentissage se dérouler sans note ? A laisser l’enfant s’évaluer ?

L’erreur

On ne peut pas apprendre sans se tromper.

En fait, notre cerveau fait des hypothèses, des prédictions et les teste.

C’est l’effet de surprise, c’est à dire la différence entre la prédiction et le résultat, qui crée les réajustements neuronaux. Et de ces réajustements découlent les apprentissages.

A l’école, on demande souvent aux enfants de ne pas se tromper. C’est aller à l’encontre des mécanismes d’apprentissage ! Il y a de quoi faire des phobies scolaires…

L’autonomie

On aborde là un point fondamental (et bien difficile à mettre en place dans nos écoles) : il faut une réponse pédagogique individualisée. L’intelligence humaine se développe essentiellement lorsque l’enfant peut être accompagné vers l’autonomie.

Comme l’expliquait déjà Maria Montessori, l’élan de l’enfant est : “Laisse-moi faire seul !”
C’est ainsi que les compétences exécutives peuvent s’exercer et se développer.

Que sont ces compétences exécutives ?

Ce nom est donné à trois fondations biologiques de l’apprentissage :

  • la mémoire de travail = mémoriser des actions sur un temps court, et les mettre dans le bon ordre.
  • la flexibilité cognitive = capacité de savoir détecter puis surmonter notre erreur, en réadaptant notre démarche. La flexibilité cognitive est la mère de la persévérance et de la créativité.
  • le contrôle inhibiteur = capacité de différer une envie pour rester fixé sur un objectif.

Chacune de ces compétences exécutives est nécessaire pour atteindre un objectif.
Selon le centre de développement de l’enfant d’Harvard, si ces compétences sont sous-développées, l’enfant aura du mal à suivre les consignes. Et il suffit que deux enfants dans une classe aient des compétences exécutives sous-développées pour que ça mette toute la classe en situation difficile, et engendre un burn out de l’enseignant(e) !
Ca donne le vertige, non ?
Voilà pourquoi un étayage individuel est indispensable. L’étayage collectif du prof face à 30 élèves demande une énergie colossale qui épuise !

Une priorité donc : accompagner l’enfant dans la conquête de l’autonomie.

Et ca a effectivement été celle de Céline Alvarez dans sa classe de Gennevilliers, comme nous le verrons ci-dessous.

Pour cela, il s’agit surtout de faire un pas en arrière et de laisser faire.
Car la nature est bien faite, et l’enfant a un élan naturel vers la recherche d’autonomie (tiens, voilà pourquoi Céline Alvarez parle de “lois naturelles” !). D’ailleurs, dès tout petit, il nous dira : “Moi tout seul !!” Ce n’est pas de nous qu’il l’a appris, si ??
Il faudra donc “juste” accompagner l’enfant quand il demande à faire seul.

Un exemple donné par Céline Alvarez : le petit qui demande à prendre la cuillère lui-même.
C’est un exemple parlant, parce qu’on voit là à quel point le développement de ses compétences exécutives lui tient à coeur : dans le fond, il a faim, mais il est encore plus important de nourrir sa faim cognitive, quitte à perdre une partie de sa purée…
A nous dans ce cas de faire appel à notre contrôle inhibiteur pour le laisser développer ses compétences exécutives. C’est son tour.
Changeons notre posture : l’autonomie, ça se construit beaucoup avec l’autre, qui peu à peu s’efface.

La reliance : le besoin de rester en lien humain

Dernière loi, et la principale. Le reste, sinon, ne sert à rien, selon Céline Alvarez.
Il s’agit du lien social. Un lien positif, chaleureux, empathique, soutenant, bienveillant.
On rejoint sur ce point ce que diffuse Catherine Gueguen : la seule intention bienveillante entraîne une sécrétion moléculaire, un processus régénérateur. Le lien social a un réel impact sur les neurones et sur leur développement. Le stress freinera celui-ci, la bienveillance l’encouragera.
Ainsi, une attitude empathique face à l’enfant permet à la zone de l’empathie de meiux se développer, or cette zone du cerveau – le cortex préfrontal – sert aussi à la prise de décision.

Ici, Céline Alvarez va effectivement plus loin que Maria Montessori en son temps, car elle s’inspire également des résultats plus récents des neurosciences

Ainsi, le matériel, le nombre d’élèves par classe, sont des paramètres importants mais non fondamentaux.
Le principal, c’est la réponse de l’adulte, le lien avec l’enfant. Faire preuve face à lui d’un étayage bienveillant.

A l’inverse, la rupture du lien social bienveillant entraîne un stress organique. Entre enfant et adulte, mais également pour les enfants entre eux.
D’ailleurs, les enfants qui décrochent tombent souvent dans la violence, envers eux-mêmes et les autres (d’où un accroissement de la violence en France).

L’expérience de Céline Alvarez

L’exposé de ces lois étant fait, nous pouvons revenir à l’histoire de Céline Alvarez.
Passionnée de questions d’éducations, elle était prête à lancer une expérience soit en Haïti, soit au Mozambique, lorsqu’elle est repassée par la France.
C’est là qu’elle a entendu ce chiffre incroyable : en France, 40% des enfants sort du primaire avec des lacunes telles qu’elles les empêcheront de poursuivre une scolarité normale.
Cela l’a encouragée à rester en France, pour mettre un gros coup de pied dans la fourmilière.
Car bien des initiatives existent déjà, heureusement, mais elles sont très isolées.
L’éducation traditionnelle dans nos écoles et pourtant à revoir, car, en ne respectant pas les lois naturelles, nos enfants trinquent, puis la société trinque !

Céline Alvarez a donc passé son diplôme d’institutrice, a exercé d’abord un an à Neuilly,
(Elle explique d’ailleurs que les places n’y étaient pas chères car les instituteurs sont souvent en position inconfortable, entre des parents qui encouragent leurs enfants à apprendre, et des programmes qui demandent qu’on les limite…), puis a réussi à obtenir une “carte blanche” de 3 ans pour diriger une maternelle à Genevilliers.
Sa décision est un acte politique. Son idée de montrer qu’on peut enseigner autrement, et que cela change tout !
Car les enfants de Gennevilliers ont un chemin tout tracé : leur retard est tel dès le départ qu’on prévoit déjà pour eux un échec au CP, en 6è, et pas de bac.

Dans la classe de Genevilliers, pendant 6 mois, aucun enseignement formel n’a été dispensé.
Pendant 6 mois, la seule priorité a été : l’autonomie !
Autonomie dans le langage, dans les émotions, les dessins, la peinture.
Pour soutenir le développement des compétences cognitives. C’est tout.

Ensuite seulement, sont venues les activités de lecture, de mathématiques, et autres.
A la fin de cette conférence, Céline Alvarez n’a pas le temps de parler des résultats, mais, pour avoir lu son livre, et d’autres documents, ils sont incroyables !!
Les élèves sont entrés avec enthousiasme dans la lecture, surprenant leurs parents, et lisant mieux que leurs grands-frères ; leur compréhension mathématique en fin de grande section a dû être testée avec des échelles des CE2, sur lesquelles ils étaient en général positionnés au maximum. Et tout ceci, je le rappelle, sans qu’ils soient poussés, mais bien encouragés à suivre leur élan !

Aujourd’hui, face au message de Céline Alvarez, il y a encore des résistances, mais également un réel engouement ! De plus en plus d’initiatives sur le territoire.
Un vent nouveau souffle sur l’éducation…

Il faudrait bien du temps pour pénétrer vraiment toutes les différences profondes entre l’éducation américaine et l’éducation française. En fait, vraisemblablement pour n’importe quelles deux éducations, tant elles sont liées aux valeurs, aux cultures, à l’histoire de chaque pays. C’est toujours très intéressant d’observer ces différences, je trouve que ça aide à l’analyse et à la tolérance.

S’il en est une qui nous parle, et que je commence à bien connaître, c’est l’éducation américaine.

(Pause explicative : nous vivons à Puerto Rico, un territoire d’outre-mer des US, depuis 2014.
Avant ça, nous étions au Mexique, et les grands allaient déjà dans une école américaine.
Rq : Nos deux petits sont dans une petite école Montessori hispanophone)

Les français ont en souvent une image négative, et je comprends pourquoi. Par bien des aspects, les américains bafouent certains de nos principes de base. Je crois que le plus flagrant est la place de l’enfant dans la famille. Nous, les français, considérons en général que le couple passe avant l’enfant, qu’on ne peut pas tout « passer » aux enfants, qu’il leur faut un cadre.
Rien de mieux pour comprendre cette opposition dans la philosophie de base que de lire Bébé made in France, de Pamela Druckerman.
Parfois, on se sent bien d’être français et d’avoir appris à poser et respecter ces limites.
Cependant, ne jetons pas tout dans l’éducation américaine. Et en particulier, sachons en reconnaître l’aspect positif : la positivité justement !

Ça fait longtemps que je l’observe :
A l’école américaine, on insiste bien plus sur les succès des enfants que sur leurs failles. Alors, parfois, à force de vouloir booster leur confiance en eux, on s’extasie devant des compétences de base… Mais ça a de bons côtés. En particulier, celui que les enfants se sentent bien. Qu’ils croient en eux et en ce qu’ils peuvent réaliser. Ils ne sont pas rabaissés comme souvent chez nous…
De ce fait, le succès est une valeur. Ceux qui réussissent sont bien vus, non seulement par leurs profs, mais aussi par leurs pairs. Les remises de prix sont toujours accompagnées d’applaudissements !

D’autre part, l’école n’est pas seulement un lieu où sont développées les compétences académiques, mais également le caractère. Les enfants ont même régulièrement un cours de « character education », dans lequel on leur parle de valeurs, dans lequel ils peuvent s’exprimer, discuter des problèmes qu’ils rencontrent.
L’école présente les valeurs auxquelles elle croit. Dans l’école de nos enfants par exemple, ce sont les « six piliers du caractère » : respect, responsabilité, intérêt, honnêteté, service, intégrité.  Tout un contexte dans lequel l’éducation académique ne va pas sans l’éducation humaine. J’aime ce principe.

Enfin, les enfants ne font pas que suivre les cours, on leur demande souvent d’être acteurs.
Ils ont d’ailleurs une proximité avec leurs instits /profs qui n’a rien à voir avec celle qu’on connaît en France.
Moi, j’espère qu’en connaissant ça à l’école, et en recevant une éducation plus française à la maison, nos enfants intègrent le meilleur des 2 mondes… On peut toujours rêver !

En tout cas, rien n’incarne mieux pour moi la différence fondamentale entre les deux systèmes dans la manière de présenter les choses que la « golden rule », ou règle d’or. Celle que tous les américains connaissent :
« Do onto others what you want them to do to you. »
Ou, dans la langue de Molière :
« Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. »
Vous voyez la différence avec notre formulation ?