L’écoute…

C’est l’un des fondamentaux de l’éducation positive. Une compétence que j’ai appris à développer, alors qu’elle est tellement à l’encontre des attitudes sociétales.

Oh… je tombe encore régulièrement dans les pièges qui m’en empêchent… mais j’ai compris le principe !

Dans cet épisode, je vous parle de ce qu’est l’écoute, et des 2 grands obstacles qui se dressent souvent entre nous et notre enfant :

1- l’envie de résoudre

2- la différence de point de vue

Prêt à vous remettre en question ?

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Bonjour les parents qui cheminent, aujourd’hui je voudrais vous parler d’écoute. C’est un thème qui m’est cher parce que je crois qu’il est réellement fondamental dans toute la démarche d’éducation bienveillante, positive, consciente.

Et alors, consciente, c’est un bon mot parce que justement, on n’est pas conscient, qu’on ne sait pas écouter. L’écoute, c’est un mot simple, on a l’impression qu’on sait tous faire ça, on discute tout le temps avec d’autres gens et puis on parle et on écoute, c’est logique.

En réalité, quand on se penche sur cette notion, on se rend compte à quel point on est souvent à côté de la plaque. 

Le premier piège : l’interruption

D’abord, premier piège, c’est le fait de vouloir intervenir tout de suite (il y a une étude qui dit qu’on est interrompu en moyenne au bout de, je ne sais plus si c’est 7, 17 secondes, peut-être c’est 14, je ne sais pas si mon chiffre est faux, peu importe).

L’idée, c’est vraiment de se dire qu’on laisse peu d’espace aux gens pour s’exprimer et les gens nous laissent peu d’espace en retour. Ça, c’est déjà un premier signe du fait que finalement, on ne sait pas écouter.

Donc, écouter, ça commencerait déjà tout simplement par se taire un peu plus pour laisser l’espace aux gens de s’exprimer. Ne serait-ce que parce que dans les moments où ils s’expriment, ils ont eux-mêmes un fil de pensée qu’ils sont en train de suivre et ils sont eux-mêmes en train d’affiner leur propre raisonnement, leur propre pensée sur la question. Donc, leur laisser l’espace.

Premier obstacle : vouloir résoudre

Mais surtout, ce qui vient interrompre, ce qui vient poser un vrai obstacle sur notre démarche d’écoute, c’est une tendance qu’on a dans toutes nos relations, mais en particulier en tant que parents, c’est celle de vouloir résoudre les choses. 

On a l’impression (peut-être parce qu’on a l’habitude en tant que parent d’être un peu un guide pour nos enfants et de leur donner des indications sur pas mal de choses) que quand ils nous livrent quelque chose, l’idée, c’est qu’on trouve la solution à la situation.

Exemple concret : l’écoute face aux plaintes de l’enfant

La situation

Je vais vous donner un exemple très parlant. J’ai eu un échange récemment avec une maman, Corinne, qui m’écrit :
« Quand ma fille de cinquième me dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou l’activité que la prof a prévue, ça m’agace parce que ses plaintes sont fréquentes et que je ne peux que lui dire qu’elle doit assister aux cours, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Cette anecdote-là est très parlante. 

Pas de solution

Parce que voyez bien ce qui se passe :
La fille de cinquième dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou qu’elle n’aime pas l’activité.
La maman, ça l’agace parce qu’elle n’a pas de solution pour elle.

C’est d’ailleurs ça qu’elle écrit :
« Je ne peux que lui dire qu’elle doit y assister, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Et ça, c’est parce que la maman se sent démunie, elle n’a pas de solution pour elle. Elle aimerait pouvoir donner une solution à sa fille par rapport au fait qu’elle n’aime pas les cours et qu’elle aimerait sécher.

Elle n’a pas de solution. « Tu as beau ne pas aimer les cours, tu es obligée d’y aller. » Et du coup, comme elle n’a pas de solution, elle n’écoute pas ce que lui dit sa fille.

Et même, non seulement elle ne l’écoute pas en lui répondant : « Attends, il n’y a pas le choix, on y va », parce qu’elle cherche ce qu’on peut faire face à la situation, mais même, elle s’agace !

Elle s’agace intérieurement, probablement parce qu’elle-même, elle se sent démunie sous l’angle de « Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse à cette situation ? » 

Le besoin d’écoute

Mais en fait, si on y réfléchit bien, si on s’arrête deux secondes, cette fille n’a pas forcément envie que sa mère fasse quelque chose dans cette situation.
Elle est juste en train de partager ce qu’elle vit

Elle dit : « Oh là là, j’aimerais bien pouvoir sécher les cours parce que cette prof-là, je ne la supporte pas. »
Et une vraie écoute, ce serait de dire : « Ah ouais, à ce point-là, qu’est-ce qui ne te plaît pas chez elle ? »

Et là, la fille a un espace :
« Tu vois, quand elle nous parle comme ci, comme ça, ta ta ta…
Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être agréable. Et ça lui arrive souvent ou… ? »
Voilà, on s’intéresse à elle. On est dans l’écoute.

Et oui, c’est vrai : à la fin, même si ça ne lui plaît pas, elle va devoir aller en cours. N’empêche qu’elle aura eu un espace dans lequel elle aura pu s’exprimer et se sentir écoutée, justement. Et ça, ça crée le lien

Et d’ailleurs, quand Corinne écrit que ses plaintes sont fréquentes, il est fort probable que la raison pour laquelle les plaintes sont fréquentes, c’est justement parce que quand elle se plaint, elle n’est pas écoutée. 

Le pouvoir apaisant de l’écoute

Tout être humain a réellement envie d’être entendu dans ce qu’il vit, dans ce qu’il traverse.

Et donc, quelque part, si la plainte se répète, peut-être que c’est une manière un peu maladroite de chercher qu’à un moment, quelqu’un lui dise : « Ah ouais, ça doit être dur ! » Et c’est tout.
Elle a envie d’être entendue, cette fille. 

Et c’est incroyable à quel point recevoir ce que vit l’autre, valider ce que vit l’autre, sans chercher une solution, juste l’entendre dans ce qu’il vit, ça peut apaiser la personne en face

En fait, il n’y a rien de plus apaisant que d’être entendu.e, même quand il n’y a pas de solution.

Le réflexe de chercher des solutions

C’est fou, parce que ce biais-là qu’on a, de vouloir chercher des solutions, il est tellement présent dans notre société, avec les enfants, mais même entre adultes, que ça reste un réflexe, une façon de réagir qui est automatique. 

Anecdote personnelle

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, alors que nous, ça fait quand même des années maintenant qu’on pratique l’écoute et qu’on sait que c’est comme ça qu’on fait ! 

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, où notre fils Anatole avait un rendez-vous qui était prévu (il avait choisi d’y aller d’ailleurs), et au moment de se préparer à partir, il dit : « En fait, finalement, je n’ai pas envie d’y aller. »

Dans le contexte dans lequel on était, il n’était pas question de ne pas y aller.
Et donc, mon mari commençait à lui dire : « Ah oui, mais ça ne va pas être possible » et puis également, essayer de le rassurer sous l’angle de : « Tu vas voir, ça va être chouette parce que… etc. »

Et quand j’ai commencé à écouter et à dire : « ah ouais, tu n’as pas envie d’y aller, tu regrettes finalement d’avoir pris cette décision ? »
Nicolas me disait : « Oui, mais bon, il n’y a pas le choix. » et moi : « mais ok, je ne suis pas en train de chercher une solution, je suis juste en train d’entendre ce qu’il dit. Ce n’est pas parce qu’il va y aller, de toute façon, qu’on ne peut pas valider le fait que là, tout de suite, il n’a pas envie d’y aller. »
Et mon mari m’a dit : « Ah oui, effectivement ! ».

Il le sait très bien, ça, dans la théorie !
C’est juste que c’est tellement habituel, dans notre environnement, de basculer en mode “solution”, qu’on a l’impression que quand il n’y a pas de solution qui existe, il ne vaut mieux pas écouter le cas.
Alors qu’en fait, ça fait du bien de s’écouter…

Voilà, donc ça, c’est vraiment un obstacle très fort dans notre démarche d’écoute.
Et si vous vous en rendez compte, je vous encourage à essayer de prendre les choses différemment.

Le message de confiance

Et encore : là, je vous parle de cas où de toute façon, la solution n’existe pas, et on a du mal à écouter parce qu’on se dit qu’il n’y a pas d’autre solution. 

Mais imaginons qu’il y ait des solutions et effectivement, qu’on puisse suggérer, qu’on puisse réagir avec des suggestions, des pistes, etc. 

En fait, là non plus, ce n’est pas de l’écoute.
Et en plus, ça envoie le message à l’autre, grosso modo, qu’on pense – inconsciemment évidemment – qu’il n’est pas capable de trouver ses propres solutions.

Donc, il nous partage son histoire et nous, on va répondre avec nos suggestions, nos solutions, en lui disant ce qu’il doit faire, ou en tout cas en donnant nos conseils…

Alors qu’en réalité, un vrai message de confiance, c’est de recevoir ce qu’il nous dit et de le laisser trouver sa propre solution.
Parce qu’en fait, la personne en face de nous a les ressources pour trouver sa propre solution.

Rejoindre l’autre au lieu de résoudre le problème

Comme le dit Thomas d’Ansembourg : « La personne en face de nous n’est pas un problème à résoudre, mais un être humain à rejoindre. »

Donc, l’idée, c’est réellement de rejoindre cette personne et de l’écouter.

Éventuellement, on peut lui poser des questions de l’ordre de :
« Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être simple. Et du coup, tu as réfléchi à ce que tu allais faire ? », si on pense réellement qu’elle a besoin de soutien dans cette démarche-là.
Mais elle est tout à fait capable de trouver sa propre solution. Nos enfants y compris.

Développement des compétences

Alors, bien sûr qu’ils ont moins d’expérience que nous.
Mais déjà, rien que de prendre ce temps de réflexion de ce qu’ils ont envie de faire, de ce qu’ils peuvent faire, etc., c’est développer des compétences dont on suppose qu’ils ne les ont pas parce qu’on va leur donner nos conseils nous-mêmes. 

Donc, c’est vraiment un espace qu’on peut leur offrir qui est très fort et un message de confiance qui est très fort.

Le moment pour offrir des suggestions

Et s’ils se retrouvent bloqués…
Moi, il m’arrive même que les enfants me demandent carrément : « Qu’est-ce que tu ferais, toi ? » 

Dans ces cas-là, évidemment, il y a un espace dans lequel on peut aussi suggérer des solutions s’ils se retrouvent un petit peu bloqués.
On peut leur dire même avant qu’ils posent la question : « J’ai l’impression que tu es un peu perdu. Tu as envie d’avoir des suggestions ou pas ? » Déjà, on peut poser la question. 

Et si c’est lui qui pose la question, moi, ça m’arrive de répondre :
« Si tu veux, je peux te dire ce que moi, je ferais à ta place. Mais ce sera ma solution. Ce ne sera pas la tienne. Je ne sais pas si elle te conviendra. » 

Parce que c’est ça qui est important : nous, on n’a pas la réponse universelle à leur situation. Ce sont eux qui l’ont. Ce qu’on peut faire, c’est être là en soutien. Et écouter, c’est déjà un soutien énorme. 

Voilà !

Deuxième obstacle : le désaccord

Deuxième cas, deuxième gros obstacle à l’écoute, c’est le désaccord

C’est le sentiment qui peut naître quand parfois, on n’est tellement pas d’accord avec ce que notre enfant nous dit !! et on a tendance à basculer dans une espèce de lutte de pouvoir, ou en tout cas de rapport de force, plutôt, dans lequel on a envie grosso modo de démontrer qu’on a raison et que lui, il a tort.

Raison ou tort

Et cette idée du fait que quand il y en a un qui a raison, l’autre a tort et qu’on est toujours en opposition, c’est un des principes, une des postures qui crée le plus de difficultés dans les relations.

Et moi, j’adore cette phrase qui dit :
« ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort ». 

On peut avoir tous les deux raisons à la fois. Tout simplement parce qu’on a des perspectives différentes sur les choses.

Comprendre la perspective de l’autre

Quand j’aborde cette notion en classe, je le fais très simplement en écrivant un 6 sur un papier et en mettant ça entre deux personnes qui se font face. Et évidemment, l’un voit un 6, l’autre voit un 9. Et ils ont tous les deux raison. C’est réellement une question de perspective.

Et donc, plutôt que de se mettre en opposition par rapport à ce que va nous dire notre enfant, parce qu’on considère que sa perspective est fausse et on veut lui démontrer que nous, on a raison, on peut tout à fait au contraire se mettre en posture d’écoute pour essayer de comprendre sa perspective.

Le sens critique

Alors, bien sûr que, encore une fois, on a des années d’expérience qui font que peut-être, on a des éléments un peu plus sérieux. 

Parfois, non. Parfois, on touche à des sujets sur lesquels ils s’y connaissent beaucoup mieux que nous.

Mais il peut y avoir des situations dans lesquelles on a des éléments qui font qu’on a plus de chances que notre point de vue soit valide que le leur.

Mais en fait, peu importe. Parce que quand on va aller quand même à la découverte de leur point de vue, ça va nous permettre de les aider à développer leur sens critique.
Ça va nous permettre de consolider le lien avec eux. Ça va nous permettre de mieux comprendre ce qu’eux vivent et comment ils abordent les choses.

Et dans tous les cas, on est complètement dans un renforcement de notre connexion, de notre lien, qui va d’ailleurs avoir un effet hyper positif ensuite sur la coopération dans la famille.
Parce qu’on a envie de coopérer avec les gens avec qui on se sent en lien

L’image du pont : une métaphore pour l’écoute

Donc, même si on n’est pas d’accord avec eux, on peut essayer de les comprendre.

Et il y a une image que j’ai envie de vous donner ici, qui m’a été offerte par une personne qui suivait avec moi le séminaire d’approfondissement de la communication non violente en présentiel il y a quelques semaines, que j’ai trouvée absolument géniale. 

Elle disait qu’elle suivait un programme de couple avec des soirée organisées régulièrement, et ils avaient cette image du pont, le pont qui rejoignait un monde à l’autre en fait. 

Rejoindre l’autre

L’image veut que chacun soit d’un côté du pont – en fait, que le monde de chacun soit d’un côté du pont.

J’ai mon monde d’un côté. Et puis il y a un pont et il y a ton monde de l’autre côté. Et donc de temps en temps, la démarche était « est-ce que tu veux bien prendre le pont et venir dans mon monde ? ». 

Et quand on fait ça, quand on prend le pont pour aller dans le monde de l’autre, c’est là qu’on est vraiment à l’écoute de ce qui est vivant chez l’autre (comme on dit en CNV). 

La curiosité pour l’autre

C’est-à-dire que je suis dans le monde de l’autre. Mon monde à moi, il ne compte pas. Ce moment-là où je suis dans le monde de l’autre, c’est le moment où je suis pleine de curiosité, pour essayer de comprendre comment ça marche dans ce monde-là. 

Et c’est ça l’écoute, c’est être dans le monde de l’autre.
C’est le rejoindre là où il est. 

À partir du moment où j’arrive à le poser comme une image comme ça, je vais réellement être dans cette posture de curiosité et de découverte.

J’aime bien cette image parce que ça veut dire que mon monde à moi, je l’ai laissé derrière, temporairement.

Questions pour découvrir l’autre

Et donc quand mon enfant me raconte quelque chose, si je décide d’aller dans son monde, je vais dire : « ah oui, tu vois les choses comme ça toi. D’accord et alors pourquoi dans ces cas-là c’est comme si… Et ah d’accord… Et alors qu’est-ce qui te fait penser ça ? Et est-ce que c’est tout le temps comme ça ?, etc. »

Et on va poser des questions pour essayer de découvrir ce monde-là. Le fait de découvrir ce monde-là, ça ne veut pas forcément dire qu’il nous plaît, ça ne veut pas forcément dire qu’on est d’accord avec tout ce qu’on y trouve. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va repartir avec les mêmes principes parce qu’on est convaincu. Ça veut dire qu’on essaye de visiter en fait.

L’expression de soi, ensuite

Et une fois qu’on a visité, une fois qu’on a rejoint l’autre, on peut lui dire par exemple « Ah bah, tu vois, c’est marrant parce que moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça. Est-ce que tu veux bien retraverser le pont et puis venir dans mon monde à moi ? Et là, je vais t’expliquer comment c’est chez moi.
Bien sûr » 

Et là, on passe non plus en écoute, mais en expression de soi.
Mais d’abord, on est en phase d’écoute dans laquelle on a le droit d’avoir des perspectives différentes. Ce n’est pas invalidant.

Conclusion

Voilà. J’espère que ces deux grands obstacles de la recherche de solutions et de la différence vous parlent. 

J’espère surtout que vous les garderez à l’esprit pour en être conscient quand vous voyez que ça vient se mettre en chemin, enfin, ça vient bloquer l’écoute que vous pouvez avoir face à vos enfants.

Parce que le jour où on arrive à lever ces obstacles-là et à se mettre vraiment en connexion, ça facilite énormément les relations, les échanges et la suite.

N’oubliez pas de partager ce podcast avec ceux que ça pourrait inspirer. Et je vous retrouve dans un prochain podcast. À bientôt !

La responsabilité émotionnelle va plus loin que l’intelligence émotionnelle.
Le principe : nous sommes responsables de nos émotions.
En voilà une notion pas évidente !
Ni à vivre, ni à transmettre…
Quelques pistes qui peuvent vous y aider.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent et bienvenue dans ce nouveau podcast dans lequel je voudrais vous parler de comment enseigner la responsabilité émotionnelle à vos enfants. Alors évidemment, avant de pouvoir enseigner la responsabilité émotionnelle à nos enfants, il faut déjà avoir compris ce qu’est la responsabilité émotionnelle et du coup la vivre de notre côté.

Définition de la responsabilité émotionnelle

Différences entre intelligence émotionnelle et responsabilité émotionnelle

Commençons donc par ça : qu’est-ce que la responsabilité émotionnelle ? Et je vais vous donner en tout cas ma définition puisqu’en réalité, si on cherche sur internet (ce que j’ai fait un petit peu avant d’enregistrer cet épisode) on tombe plus sur des notions d’intelligence émotionnelle, de régulation émotionnelle que sur ce que moi, j’appellerais la responsabilisation émotionnelle.

Intelligence émotionnelle et régulation émotionnelle

Quelle différence je fais entre ces deux termes-là ? Le premier, l’intelligence émotionnelle ou la régulation émotionnelle (j’aime bien le terme d’intelligence émotionnelle en tout cas dans ce cas-là) c’est le fait d’être ouvert justement au monde des émotions, c’est le fait de pouvoir être à l’écoute de nos émotions, de savoir les reconnaître, de savoir les accueillir, de savoir les traverser – là, on est plus dans la régulation -… tout ce que globalement, on peut également appeler la “gestion des émotions”, ou en tout cas, c’est beaucoup dit sur internet. 

“Gestion des émotions” est un terme qui est assez largement repoussé par les acteurs de l’éducation positive, parce que “gestion”, ça sous-entend un petit peu contrôle, et ce n’est pas ce qu’on veut faire. On ne veut pas contrôler les émotions au sens de les bannir, les repousser, on veut réellement les accueillir et savoir un petit peu les réguler, les traverser. Ça, c’est toute la partie intelligence émotionnelle / régulation émotionnelle. 

Responsabilisation émotionnelle

Dans la partie responsabilisation émotionnelle ou responsabilité émotionnelle, il y a pour moi vraiment cette notion de responsabilité réellement, c’est-à-dire : je suis responsable de mes émotions, ou de mes sentiments. 

Je suis responsable de mes émotions, ça veut dire qu’elles m’appartiennent, j’ai un pouvoir dessus, et l’autre n’est pas la cause de mes émotions. 

Et c’est de ça que je vais vous parler aujourd’hui, de cette responsabilisation par rapport à nos émotions. 

J’espère que ça vous inspire !

Enseigner l’intelligence émotionnelle

Importance de l’intelligence émotionnelle avant la responsabilité émotionnelle

Parlons un tout petit peu d’abord justement de cet enseignement de l’intelligence émotionnelle, parce qu’on ne va pas passer à la partie enseignement de la responsabilité émotionnelle, si on n’a pas d’abord parlé un petit peu intelligence émotionnelle

Donc ça commence par là, et je le dis au passage, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas déjà travaillé sur l’intelligence émotionnelle, commencez par là. 

Ressources sur le site

Il y a beaucoup de contenu sur mon site à ce sujet, et je fais une petite dédicace en disant ça à Raphaël qui s’est mis récemment à écouter mes podcasts et qui donc a dû entendre celui qui date de novembre 2017 sur la négation des sentiments.

Allez donc le voir, il n’est pas obsolète, et il parle bien de la tendance qu’on a d’habitude à avoir du mal à accueillir les émotions de nos enfants, et comment on peut évoluer là-dedans.

Importance de l’accueil des émotions

Donc tout le travail autour des émotions, autour de l’accueil des émotions, autour de la démarche pour aider nos enfants à reconnaître ces émotions-là, à en faire la différence, à savoir les exprimer, à savoir les traverser, ça, c’est vraiment un travail qui est fondamental et qui peut changer non seulement la façon dont ça se passe, mais également votre relation avec vos enfants, parce que ça crée une proximité de se mettre à s’ouvrir à ce que l’autre vit, et également dans notre propre façon de parler quand on partage nos émotions. 

On vit dans une société dans laquelle la vulnérabilité n’est pas toujours très bien vue. Et pourtant, ça fait de nous des êtres vivants. Et donc, ça crée une proximité toute autre, et dans la famille en particulier, c’est précieux.

Enseigner la responsabilité émotionnelle

Définition et importance de la responsabilité émotionnelle

Parlons maintenant de la responsabilité émotionnelle. Alors qu’est-ce que ça veut dire cette responsabilité émotionnelle ? 

Comme je viens de vous l’expliquer, c’est vraiment : « je suis responsable de mes émotions ». 

Et ça, c’est une des premières choses qu’on aborde quand on parle des émotions, parce que prendre la distance entre « c’est l’autre qui me met en colère » par exemple, et « je suis en colère », faire la différence entre ces deux choses-là, ces deux formulations-là, ce n’est pas anodin, et ça va réellement créer autre chose dans la relation.

Différence entre causes extérieures et réactions individuelles

Si je considère que c’est l’autre qui me met en colère, je le rends responsable de mon émotion, et je n’en prends pas la responsabilité de mon côté.
Pourtant, je suis responsable de mon émotion

Et je sais que c’est parfois difficile à entendre (en tout cas au départ…) parce qu’on vit des situations dans lesquelles, régulièrement, il y a des circonstances qui sont à l’extérieur de nous, qui nous mettent en colère justement.

On a l’impression qu’on n’a pas la main là-dessus, que ce n’est pas nous qui choisissons, ce sont ces circonstances-là qui font qu’on est en colère, point. 

Donc non, ce n’est pas moi qui suis responsable. 

Et pourtant, la meilleure façon de se rendre compte que ça vient de moi, c’est qu’on peut tout à fait imaginer quelqu’un d’autre, dans la même situation, qui réagirait de façon complètement différente. 

Et ça, ça prouve que cette réaction est en fait individuelle.

Les circonstances et nos pensées

Même si, évidemment, il y a certaines circonstances qui ont tendance à créer, chez (peut-être) la majorité des gens, le même genre de réaction, ce n’est pas automatique, ce n’est pas obligatoire.

En réalité, ces circonstances-là sont neutres, et ce qui crée l’émotion, ce sont les pensées qu’on a sur cette circonstance. C’est ce moment où (et parfois c’est inconscient) cette circonstance vient résonner en nous, par rapport à nos expériences, nos croyances, nos habitudes, nos principes, nos valeurs. 

Ça crée tout un tas de pensées, dont on n’a peut-être même pas conscience, et qui créent chez nous une émotion, un sentiment.
Et c’est cette émotion, ce sentiment qui va être le départ de notre réaction ensuite.

Exemple concret de réaction émotionnelle

Alors, je vous donne un exemple concret.
On en a discuté récemment en classe de CE2, lors d’une intervention en classe que je faisais justement sur les émotions, et je leur citais l’exemple suivant :

si quelqu’un vous dit : « Oh, c’est complètement nul ce que tu fais ! »

  • Réaction classique : c’est que, consciemment ou inconsciemment, ce qu’on pense, c’est « Non, mais ce n’est pas sympa de me dire ça ! Ça ne va pas, non ? Et puis d’abord, on ne se dit pas des trucs comme ça, etc. » 
  • Émotion : on est hyper agacé. 
  • Et réaction : on va lui dire « Arrête, tu n’as pas le droit de me dire ça ! » Ce qui, en général, n’améliore pas les choses. 

Ok, c’est une possibilité de réagir comme ça, et c’est souvent un peu classique. 

Influence des réactions classiques

Et d’ailleurs, le problème, c’est que, comme c’est la plus classique, c’est celle à laquelle on a été le plus exposé, et donc c’est par rapport à ce genre de réaction que se sont créées le plus de connexions dans notre cerveau, c’est ce qui va nous demander zéro effort à adopter, et donc ça se renforce en fait. 

Plus on voit ce genre de réaction, plus on adopte facilement ce genre de réaction, et plus on répète, et ça s’ancre encore plus. 

Donc forcément, on tourne en rond avec des réactions comme ça. 

Réactions possibles face aux critiques

Et pourtant, on pourrait très bien imaginer réagir complètement différemment, grâce à d’autres pensées. 

Donc, typiquement, l’autre enfant s’approche de moi et me dit : « C’est complètement nul ce que tu fais ! » 

Je pourrais : 

  • me dire : « Ah ok, bon, lui, il trouve ça nul, moi, je trouve ça bien. » 
  • Ressentir de l’indifférence
  • et lui dire, simplement : « ok ». 

Ou bien, troisième scénario (je vous le raconte comme je le fais un peu en classe, avec les élèves de CE2).

Troisième scénario, la personne arrive et dit « Oh, c’est nul ce que tu fais ! » 

  • Pensée : « Bah, c’est bizarre qu’il me parle comme ça, d’habitude, il est plutôt sympa. Il ne doit pas être bien aujourd’hui. » 
  • Sentiment : préoccupation
  • Réaction : « Ça ne va pas, il y a quelque chose qui ne va pas aujourd’hui ? »

Multiplicité des réactions possibles

C’est assez impressionnant de voir comme on peut réagir de façon complètement différente face à la même circonstance. Cela démontre à quel point on est responsable de nos émotions. 

Cela demande aussi d’entretenir des pensées, des réactions qui sont différentes, de ne pas tomber dans le piège de la réaction classique et immédiate. 

À condition évidemment qu’on ait envie de changer de réaction !

Si on avait le choix…

Parce que quand j’ai posé en classe la question de : « Ok, parmi ces trois scénarios, 1, 2, 3, lequel des trois, vous aimeriez pouvoir adopter, si vous vous en sentiez capable, si vous aviez le choix ? » 

Alors les élèves m’ont tous répondu 2 ou 3, sauf un, qui lui, m’a dit 1. 

Il préférait s’énerver sur le premier…

Et du coup, on en a parlé. 

On a dit : « Ah bon, pourquoi ?

 –  Parce que ce n’est pas juste. Il me dit un truc qui n’est pas sympa, et il faudrait juste qu’il s’en sorte ! »

Évidemment, cet enfant a grandi dans un contexte dans lequel on considère – et ça, c’est vrai pour nous tous globalement, ça demande de revisiter un peu nos croyances, y compris celles qu’on a reçues sans même s’en rendre compte – dans une ambiance dans laquelle quelqu’un qui fait quelque chose d’inapproprié, il devrait être puni

Et donc, cet enfant considère que si quelqu’un parle de façon désagréable à l’autre, il devrait être puni et donc subir la colère en retour plutôt qu’il ne lui arrive rien du tout.

Donc là, j’ouvre un autre débat dans lequel je ne vais pas rentrer tout de suite, mais je vais rester sur cette notion de responsabilité émotionnelle

Première réaction face à cette notion de responsabilité émotionnelle

Ce qui est magique avec cette responsabilité émotionnelle, c’est justement le fait que du coup, ça ouvre des choix, ça nous redonne le pouvoir. 

Au début, c’est un peu difficile à admettre parce que quand l’autre se comporte de façon inappropriée (en tout cas selon notre jugement) et qu’on se dit : « Oui, mais tu es responsable de tes propres émotions et donc c’est toi qui finalement te mets en colère et tu as le choix de ne pas te mettre en colère, etc. » , on se dit : « Bah non ! C’est lui, il se comporte mal, point. »

Donc on n’a pas envie d’entendre ça au départ. 

Deuxième : récupérer notre pouvoir

Et pourtant, d’un certain côté, c’est hyper rassurant, ça veut dire en fait : je n’ai pas besoin de subir ce que me fait subir l’autre. Je peux, moi, choisir autre chose.

Ce que dit par exemple Philippe Aïm, qui travaille énormément en rapport avec le harcèlement scolaire, lui, il dit : « L’autre n’a pas de télécommande sur mes émotions. » 

Et c’est exactement cette notion-là. 

Et donc, il a même une phrase qui est : « Je peux choisir de passer une bonne journée, quoi que tu en penses ou quoi que tu me fasses. » 

Alors évidemment, c’est facile de dire ça comme ça. 

Évidemment qu’il y a des comportements des autres qui vont faire que c’est plus ou moins difficile de passer cette bonne journée. Mais quand même, ça redonne un peu notre pouvoir

Cause et déclencheur

Donc, je suis responsable de mes émotions et je ne suis pas responsable de celles des autres.

Les comportements qui peuvent déclencher des émotions sont justement, le mot que je viens d’employer : des déclencheurs

Ce ne sont pas les causes profondes. 

Il y a des déclencheurs qui, assez facilement et assez répétitivement, nous envoient dans certaines émotions, mais ce ne sont pas pour autant les causes. 

Multiplicité des chemins émotionnels

D’ailleurs, même si on prend des comportements qui sont réellement tout à fait inacceptables, type harcèlement, on peut voir que l’enfant qui subit le harcèlement, en fonction des cas, peut se sentir en colère, effectivement, ou triste, ou honteux, ou seul. Et ces émotions sont différentes.

Évidemment, en l’occurrence, aucune de toutes celles-là n’est agréable. 

N’empêche que ça prouve bien que chacun a ses propres émotions. 

Et donc, ça ouvre en fait toute une panoplie d’autres chemins qui peuvent être choisis pour aller vivre autre chose. 

Et c’est exactement ça qu’ils ont conclu en CE2. 

Quand on a parlé de ces différentes réactions, ils ont dit : ça veut dire qu’il y a plusieurs chemins.

Et c’est ça qu’on a envie de transmettre aux enfants, c’est qu’il y a plusieurs chemins. Ils n’ont pas à subir leurs émotions, ils ont à accueillir leurs émotions et à choisir comment ils veulent réagir ensuite. 

Comment transmettre la responsabilité émotionnelle

Être un modèle pour nos enfants

Donc, comment on fait pour transmettre cette notion de responsabilité émotionnelle à nos enfants ? Alors évidemment, c’est toujours la même chose ! 

La meilleure façon de transmettre quelque chose, c’est d’en être soi-même le modèle. Et ce n’est pas évident, parce que nous-mêmes, on n’a pas grandi avec. Nous-mêmes, on a tendance à un peu subir nos émotions, à ne pas savoir l’exprimer avec les mots qui en prennent la responsabilité.

Utilisation du message « je »

Donc, le premier outil pour ça, pour pouvoir en donner le modèle, c’est d’adopter ce qu’on appelle le message « je » qui est si cher à Thomas Gordon

Qu’est-ce que le message “je” ?

C’est « je parle de moi en prenant justement la responsabilité de mes émotions ». C’est également ce qu’on voit en premier quand on fait de la communication non-violente : le côté responsabilité de mes émotions et parler de moi et de ce qui est vivant chez moi

Donc, c’est vraiment faire la différence entre le fait que quand un comportement nous pèse, on ne va pas dire : « vous êtes insupportables les enfants », mais on va dire « j’ai du mal quand je vois ça, parce que moi, j’aime bien… »

Et ça change tout, parce que du coup, c’est moi qui prends la responsabilité de mes émotions (et ça ouvre d’autres solutions).

Prendre la responsabilité pour ouvrir des voies

L’exemple que j’aime donner, c’est celui où il y a du bruit dans le salon parce que les enfants sont, par exemple, en train de jouer de façon forte, et j’ai beau leur dire de faire moins fort, ils continuent, mais au bout d’un moment, ce n’est pas eux qui sont insupportables, c’est moi qui ai besoin de calme. 

Et donc, le fait d’en prendre la responsabilité, ça peut ouvrir des voies qui ne sont pas forcément les mêmes. C’est-à-dire, ça peut être moi qui décide d’aller m’isoler, si c’est possible.

Favoriser la communication et la collaboration

Ça peut être de leur dire « tiens, ce jeu-là, j’ai l’impression qu’il n’est pas possible de le faire sans bruit parce que ça fait partie du jeu, est-ce que c’est ok de le faire dans votre chambre ? » 

Ce n’est pas que votre comportement est inapproprié, c’est que votre comportement à ce moment-là, il n’est pas compatible avec mes besoins à ce moment-là. 

Et à ce moment-là, on peut se rejoindre et trouver des solutions qui marchent pour tout le monde. 

Ça crée une ambiance complètement différente. 

Voilà… ce message « je » !

Prendre du recul avec le temps de pause

D’autre part, en termes de modèle, il y a aussi ce qu’on peut appeler le temps de pause

C’est-à-dire que quand je sens, moi personnellement, que mes émotions sont en train de déborder, en tout cas de monter suffisamment pour que j’arrive bientôt dans des moments où mon comportement ne va pas être tout à fait en lien avec ce que j’aimerais pouvoir faire (ça vous arrive à vous aussi, j’imagine ?) parce que j’ai beau avoir toute cette théorie, je n’arrive pas toujours à faire exactement ce que j’aimerais faire… si je sens que ça vient, je vais me retirer et je vais l’expliciter. 

Je vais dire : « Bon, là, je ne suis plus capable, je vais prendre une pause et je reviens ». 

Et ça aussi, c’est une forme de responsabilité émotionnelle. 

C’est-à-dire, je prends la responsabilité d’être à l’écoute du fait que ce que je vis est trop intense pour que je sois capable d’y faire face pour l’instant, je m’isole moi-même et je reviendrai quand j’aurai les moyens d’entrer en relation avec l’autre. Et ça, c’est un modèle qui est puissant. 

Donc, je vous encourage à faire ça !

Ajuster le vocabulaire

Alors, en termes de vocabulaire, pour vous dire ce que ça donne chez nous, quand justement, on évite d’accuser les autres de nos propres émotions…

Cela fait maintenant quelques années qu’on a supprimé de notre vocabulaire l’expression « tu m’énerves », puisqu’on a bien compris que ce n’est pas l’autre qui nous énerve. La colère vient de nous-mêmes. 

Et donc, on dit « je m’énerve ! », ce qui donne des situations assez rigolotes.. et d’ailleurs, ce n’est pas mal que ce soit assez rigolo, ça permet de désamorcer un petit peu les choses parfois. 

« Je m’énerve ! »

Enlever au moins la personne

Si vous ne voulez pas adopter « je m’énerve », vous pouvez au moins adopter « ça m’énerve », c’est déjà complètement différent de « tu m’énerves ».

Et d’ailleurs, ça me fait penser à une activité de Discipline Positive qu’on fait aussi parfois en classe, qui s’appelle « ça m’énerve et j’aimerais ». 

On parle avec les enfants de justement comment exprimer ça : ce qui nous énerve et ce qu’on aimerait vivre à la place.

Et dans la démarche de « ça m’énerve », on a justement cette distanciation avec l’autre. 

Je me souviens de la première fois que j’ai fait cette activité, c’était en classe de CP. 

On parlait de ce qui pouvait nous énerver, et il y a une petite fille qui dit : « Ça m’énerve quand Matthieu marche sur mon tapis de dictée ». 

Et je lui dis : « D’accord, et est-ce que si c’était quelqu’un d’autre que Matthieu, ça ne t’énerverait pas ? » 

Elle m’a dit : « Si, en fait, ça m’énerve, qui que ce soit.

 – Ah, donc, est-ce que ça t’énerve que Matthieu marche sur ton tapis de dictée, ou est-ce que ça t’énerve quand quelqu’un marche sur ton tapis de dictée ?

Ah bah ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée

Ok, donc en l’occurrence, il se trouve que c’est Mathieu qui l’a fait, et donc quand tu vas le dire à Mathieu, tu vas pouvoir lui dire : « Tu sais Mathieu, ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée ». Mais du coup, quand tu lui dis comme ça, ce n’est plus lui qui est visé, c’est le comportement qu’il a adopté à ce moment-là, et ça change tout dans sa possibilité de le recevoir, parce qu’il va se sentir beaucoup moins accusé. » 

Ce sont les démarches qu’on peut adopter pour montrer un petit peu la responsabilité émotionnelle. 

J’espère que tout ça vous inspire !

Attention à la déresponsabilisation !

Les autres sont responsables de leurs émotions

J’ai quand même un dernier mot, parce que quand on parle de responsabilité émotionnelle, et je l’ai dit au passage, on dit qu’on est responsable de ses propres émotions, et qu’on n’est pas responsable de celles des autres. 

Et parfois, il y a une déresponsabilisation dans la démarche, de l’ordre de « Ah oui, non mais s’il s’énerve, de toute façon, c’est lui qui s’énerve, ce n’est pas moi. Ce n’est pas à cause de moi. Lui, il est responsable de ses propres émotions ». 

Oui, d’accord. Il ne faut pas non plus que ça serve d’excuse à tout comportement qu’on peut avoir avec l’autre, parce que de toute façon, il est responsable de ses émotions ! 

Choisir de ne pas être un déclencheur

Bien sûr, on est bien d’accord, et c’est ce qu’on a dit tout à l’heure, il y a quand même certains comportements qui sont plus déclencheurs que d’autres.

Alors, soit, ce ne sont pas les causes fondamentales, par exemple, si quelqu’un nous parle mal, peut-être que ça, c’est un déclencheur et que la cause fondamentale, c’est que moi, j’aime vivre le respect et que c’est pour ça que ce comportement-là, il ne me plaît pas à ce moment-là.
En réalité, je sais qu’il y a d’autres contextes et d’autres personnes pour lesquelles ça fait partie de leur mode de communication. Ils ne vont pas ressentir la même chose au même moment. Donc, tout est question de où on place notre propre limite.
N’empêche qu’il y a quand même des comportements qui sont effectivement inappropriés, désagréables, etc.

Empathie et règle d’or

Et c’est important de savoir qu’on a en nous aussi un pouvoir de choix sur ce qu’on va adopter comme comportement, sur l’impact que peuvent avoir nos paroles, ça par exemple, c’est important d’en avoir conscience et donc de développer l’empathie

La règle d’or…

Cependant, (et là, je fais le lien entre les deux) ce qui est intéressant dans le développement de cette empathie, c’est ce qu’on peut appeler la règle d’or

Alors pourquoi je l’appelle la règle d’or ? 

Parce que ça rejoint ce que les anglophones appellent la règle d’or. 

Donc, nous, les Français, on dit et on répète, et on a entendu depuis qu’on est petit : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent. » 

Et les anglophones, les américains en particulier, ont une règle d’or, ils disent juste “la règle d’or”, ils savent ce que c’est.

C’est :  « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils te fassent. » 

On reconnaît bien là leur formule un peu plus positive que la nôtre, c’est déjà sympa !

…avec une autre perspective 

Mais en fait, chez nous, depuis quelques années déjà, on a changé cette règle-là. Parce que, finalement, justement, comme on est tous différents, on a tous des choses qui nous plaisent et qui ne nous plaisent pas, qui ne sont pas forcément les mêmes. 

Donc, dire, par exemple : « mais, tu aimerais toi qu’il te fasse ça ?Ben moi, ça ne me gênerait pas » peut répondre un enfant. Et c’est peut-être complètement sincère. Peut-être que ce qu’il est en train de faire à l’autre, lui, ça ne le gênerait pas. 

Et donc si on ne développe l’empathie qu’en revenant à son propre référentiel, on ne développe pas complètement l’empathie. 

Parce que l’empathie, c’est réussir à se mettre un peu à la place de l’autre, en acceptant en particulier qu’il y a d’autres façons d’aborder les choses et d’appréhender les choses.

Ce qu’ils aimeraient…

Et donc la règle qu’on donne, chez nous, c’est : 

« Ne fais pas aux autres ce qu’ils n’aiment pas qu’on leur fasse. » 

ou 

« Fais aux autres ce qu’ils aiment qu’on leur fasse. » 

Qu’on le dise en positif ou en négatif, en tout cas l’important, ce n’est pas ce que toi, tu considères être sympa ou pas sympa. 

C’est sois à l’écoute, à l’observation pour voir si l’autre, il apprécie. 

Et donc : « tu as l’impression qu’il apprécie là ce que tu fais ? Ça, c’est important. Même si toi, de ton point de vue, c’est quelque chose qui n’est pas grave. »

Je vais terminer là-dessus. J’espère que ce podcast vous a inspiré. 

Si vous avez des commentaires, écrivez-moi et partagez ce podcast avec ceux qui pourraient avoir du plaisir à l’écouter également. 

À très vite !

Les enfants qui se sentent en rivalité dans leur fratrie peuvent avoir des comportements que l’on déplore, et face auxquels on se demande comment réagir…

Je me saisis ici d’une question d’une membre de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » pour vous donner des idées !

Cette prise de recul, devant une situation concrète entre 2 garçons de 11 et 8 ans, permet de mieux cerner :

  • l’équilibre entre les progrès et notre impatience
  • les attentes parentales
  • ce qui peut se jouer entre les enfants (le concept de « la raison positive »)
  • comment on peut réagir sur le coup
  • comment on peut revenir sur la situation
  • le piège du compliment évaluatif
  • la place de chacun dans la famille

J’espère que ce partage vous inspirera !

Vous pouvez le voir en VIDÉO sur YT, ou l’écouter en AUDIO sur vos plateformes de podcasts (lien ci-dessous)

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Une petite vidéo impromptue pour aborder la question de la rivalité dans la fratrie.
On va partir d’une anecdote précise pour voir comment on peut gérer ces situations de tension où l’un des deux cherche à diminuer l’autre, à l’écraser, probablement parce que c’est sa façon à lui de se sentir mieux…

Changer d’énergie en observant les progrès

Voilà, je pars d’une question qui m’a été posée par une des mamans qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie.
Elle m’explique la chose suivante : « je me rends compte que même si j’ai déjà parcouru une bonne partie de la formation qui est top, j’ai encore du mal à trouver des pistes de réponse concrètes, lorsque je suis face à une situation conflictuelle avec mes garçons. Ça va mieux quand même entre eux, mais il y a toujours et toujours dans le quotidien des petites situations qui se cumulent et parfois ça passe et parfois ça déborde. »

Alors déjà, avant même d’aller dans la situation, j’ai envie de saluer le fait qu’elle arrive à observer, malgré les situations qui débordent, que ça va mieux entre eux.

C’est un travail de longue haleine d’améliorer les relations dans la fratrie et de gérer différemment les conflits.
Et donc, le fait que déjà, depuis qu’elle s’est inscrite à cette formation, il y a quelques mois, les choses s’améliorent entre les garçons, ça prouve qu’ils sont sur le bon chemin. Évidemment, quand les choses s’améliorent, quand on voit que ce qu’on fait porte ses fruits, quand on voit qu’on met en place des choses qui font que ça s’adoucit, on aurait envie que ça aille beaucoup plus vite !
On aurait envie que ce soit réglé. On aurait envie que, puisqu’ils savent mieux gérer à certains moments, ce soit le cas tout le temps !

Et ce n’est pas comme ça que ça marche.
Un apprentissage, ça va peu à peu et en plus, malheureusement, on peut même dire que ce ne sera jamais parfait.
Mais quand même, c’est intéressant déjà de noter les moments où ça va mieux parce qu’on se met plus facilement dans une posture dans laquelle on n’est pas en train de vouloir se débarrasser des conflits, mais on est en train de vouloir développer les moments où ça va bien quand on arrive à observer ces moments où ça va bien.

On est dans une énergie de “je veux plus de ça”, plutôt que “je veux moins de ça”. Et “plus de ça”, c’est plus encourageant ! Donc, déjà, je salue ça, même si ce n’est pas le thème de cette réponse, c’est intéressant de le noter.

Prendre conscience de nos attentes

Je reprends la lecture.

Donc, « parfois ça passe, parfois ça déborde. Du coup, je voulais te demander si tu pouvais me donner une piste face à cette situation vécue hier, s’il te plaît. » Voilà, elle s’adresse à moi justement pour ça et je me suis dit que cette situation était très intéressante pour n’importe qui.
J’avais envie de faire cette réponse de façon ouverte pour que ça puisse vous aider également si vous avez une situation similaire à la maison.

« Hier, mon garçon de 8 ans ressort un jeu de cartes et commence à faire, à son bureau dans sa chambre, un château de cartes. Il nous appelle au bout d’un moment, nous demande de venir regarder le résultat. C’était bien réalisé. On en a parlé avec lui et mon mari. Bien entendu, le grand de 11 ans arrive… »

Je m’arrête sur ce « bien entendu » : on voit déjà dans ce « bien entendu » un sentiment d’usure parce que cette maman a déjà vécu ces moments où le grand intervient alors qu’ils sont en train de passer un bon moment avec le plus jeune, et “il faut” qu’il gâche le moment…

Donc ça veut dire qu’il y a déjà un regard posé sur le grand qui est décourageant dès le départ, parce qu’on s’attend à ce qu’il fasse ça. Alors, la suite lui donne raison. Je ne dis pas qu’il n’est pas naturel que cette maman s’attende à ce que le grand fasse ça.

Mais parfois, il y a des enfants qui se comportent de la façon dont on les attend, de la manière qui correspond à ce qu’on attend d’eux en fait. Et donc parfois quand nous-mêmes, on change nos attentes, quand on fait passer un message de confiance vers le fait que l’enfant peut se comporter différemment, rien que ça, ça suffit à les faire changer.

Donc je note juste ça au passage comme un signal de « et si j’essayais de voir aussi les autres moments, les autres comportements chez mon enfant plutôt que de considérer que “bien entendu”, il va se comporter de façon désagréable ? ». 

On fait le lien d’ailleurs avec ce que je disais juste avant sur « voir aussi les moments qui se passent bien plutôt que ceux qui se passent pas comme on aimerait. »

Décoder la situation

Bref, je reviens donc à la lecture.

“Bien entendu, le grand arrive et que fait-il ? Il fait vibrer le plateau du bureau et arrive à faire tomber certaines cartes. Là, mon mari lui dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » Le grand, content d’avoir fait tomber certaines cartes, file en direction de sa chambre.

J’essaye de lui dire : « tu as l’impression de ne pas avoir ta place ? »
Je ne sais plus trop mes mots, mais je me suis mal exprimée.
J’aurais voulu dire quelque chose du style : « c’est difficile pour toi d’entendre qu’on complimente ton frère… »
-en écho avec la situation de Ludivine. (alors là, c’est parce que j’ai eu un échange avec une autre maman de la formation. Et donc, cette maman qui m’écrit fait un écho à la situation partagée.)

En fait, j’aimerais aider le grand sur ce type de petite pique qu’il envoie à son petit frère. Est-ce que tu peux me donner des pistes, des choses à lui dire ? J’aimerais bien revenir sur la situation à froid. »

Le pas de côté

Donc, déjà, c’est génial parce que cette maman, elle se pose deux questions

  • La première, c’est « qu’est-ce que j’aurais pu lui dire sur le coup ? » Et c’est important parce que cette situation peut se reproduire, effectivement.
  • Et la deuxième, c’est « comment je fais pour revenir sur cette situation à froid ? » 

Et c’est toujours une bonne idée de revenir sur la situation à froid. 

Ça ne veut pas dire qu’on va revenir sur toutes les situations tout le temps à froid, parce que parfois, en fonction du contexte, vous allez avoir trop de situations et les enfants n’ont pas envie de re-discuter et de creuser à chaque fois.
Mais une fois de temps en temps, ça permet de remettre certaines choses en place et de mieux comprendre ce qui se joue.

Donc, si on reprend un peu le contexte de cette histoire : au moment où le grand de 11 ans vient bouger le plateau pour faire tomber le château de cartes de son frère, on est bien d’accord que c’est un comportement inapproprié.

Bien sûr, ça n’a aucun intérêt.
En tout cas, ça ne va pas avec ce qu’on cherche à développer dans la famille, de connexion, de soutien, de partage, etc. Donc, évidemment que les parents ne sont pas contents. Et c’est pour ça que le père dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » en ton de reproche parce qu’il ne veut pas croire à ce genre de situation dans sa famille.

Cependant, tout comportement a une raison positive. C’est difficile de l’appréhender comme ça, parce qu’on peut se dire qu’il n’y a pas de raison positive, effectivement, au fait de casser le château de cartes de son frère.

la raison positive

En réalité, cet enfant ne se dit pas « tiens, voilà ce que je voudrais atteindre, et la bonne façon de l’atteindre, c’est de bouger le bureau de mon frère.” 

C’est assez inconscient, cette idée de raison positive. Mais en fait, tout comportement est une façon de vouloir nourrir un besoin dont on a conscience ou pas.

Donc, qu’est-ce qui peut se passer là pour le grand ?
C’est ça qu’essaie de comprendre la maman.
Déjà dans ses mots, c’est intéressant : elle a déjà cette démarche-là !
Alors, je sais pourquoi… parce qu’elle a commencé à suivre la formation.
Mais ça part d’un principe qui est, grosso modo : “pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”
Cet enfant qui se comporte de manière inappropriée à ce moment-là, c’est un enfant qui est découragé.

D’accord, donc un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.
Il y a une source de découragement dans le contexte.

Analyse du contexte

Qu’est-ce qui se passe là ?

Il se passe que les parents admirent quelque chose qu’a fait son petit frère et lui, visiblement, il se sent mal face à ça. OK, il est découragé, donc il va aller casser le château de cartes.

Probablement, pour que le petit frère se sente moins bien. C’est une façon un peu de diminuer le petit frère : « Tu vois, tu ne réussis pas tout. Ton château de cartes, il est par terre. »

Ce n’est absolument pas logique parce que même si le château de cartes est par terre et qu’il n’a pas son beau château de cartes, il l’a quand même fait et réussi son château de cartes, c’est le grand qui l’a détruit. Mais enfin, il veut lui enlever quelque chose qu’il a.

Et souvent, ça, c’est une méthode pour se remettre à se sentir mieux soi-même parce qu’on est dans une position de rivalité

En l’occurrence, cet enfant est probablement dans une position de rivalité face à son petit frère, à dire « lui, il a quelque chose que moi, je n’ai pas. Ce n’est pas juste, ça m’enlève quelque chose à moi.
Et la meilleure façon de rétablir ça et de me re-sentir bien, c’est d’inverser les choses. Donc, je vais lui enlever ce qu’il a et comme ça, moi, je me sens puissant. J’ai réussi à détruire son truc. Je me sens supérieur. »

Et s’il se comportait bien, s’il se sentait bien au départ, s’il avait complètement confiance en lui, s’il était à l’aise, il serait suffisamment bien dans ses baskets pour venir dire « il est super ton château ».

Là, il y a un manque chez lui. En fait, ça parle de lui ! D’accord.

Le besoin derrière le comportement

Donc, il n’est pas en mesure de venir voir le petit frère en disant « il est super ton château » parce qu’il a l’impression que ça lui enlève quelque chose, que les parents soient là à admirer le château de cartes du frère. Donc, c’est ça qu’on veut creuser. En fait, c’est ça la raison positive.

La raison positive, c’est retrouver ma place dans la famille parce que là, pour l’instant, j’ai l’impression que mon petit frère est sur un piédestal et que moi, ça me diminue. Donc, j’ai envie de retrouver ma place.

Et c’est pour ça que cette maman s’approche de son enfant en disant « tu as l’impression que tu n’as pas ta place ? » – c’est une analyse qui est assez fine en réalité.

La difficulté, c’est que ce sont de grands mots pour un enfant de 11 ans, il n’a pas conscience de ça.

Donc, comment on va faire pour réussir à s’approcher de ça ? 

Ce qui est intéressant, c’est de voir aussi qu’on va essayer d’aider notre enfant

D’abord, on va essayer de le comprendre effectivement, mais on va aussi essayer de l’aider à voir que la stratégie qu’il a mise en place – en l’occurrence, le fait d’aller casser le château de cartes de son frère – ça ne va pas aider à nourrir son besoin.

Son besoin, à ce moment-là, c’est probablement d’appartenir, de développer sa confiance en lui. Il manque probablement de confiance. Il se sent menacé par son frère et quand il fait ça, il cherche à se sentir mieux.

Accompagnement vers des alternatives

Quand il fait ça, alors qu’il cherche à se sentir mieux, est-ce que réellement, il va se sentir mieux ? En fait, non, ce n’est que temporaire. Il y a des connexions avec les parents qui ne sont pas d’accord avec son comportement. Il y a des connexions avec son petit frère, ça n’améliore pas leur relation. Il ne va pas se sentir mieux. C’est très temporaire.

Donc, on va essayer d’encourager notre enfant :

  • à voir un petit peu ce qui peut se passer pour lui à ce moment-là, tout en accueillant. On a une posture de curiosité – j’appelle ça parfois la posture Sherlock Holmes – c’est à dire qu’on n’est pas, ou qu’on essaye en tout cas de  ne pas être dans le jugement, mais dans un essai de compréhension
  • à voir que sa stratégie, même si c’était le mieux qui lui venait à ce moment-là, ne correspond pas à ce qu’il veut développer.

Un peu d’humilité pour mieux compatir…

Au passage, je précise que cette notion de « un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé », c’est aussi vrai pour nous !

En fait, quand on se comporte mal, c’est qu’on est souvent découragé.
Et quand on se met à crier sur nos enfants, on ne se dit pas au départ « tiens, ça, c’est une bonne stratégie pour atteindre ce que je veux ! ».

J’étais récemment en séance d‘accompagnement individuel avec une maman qui m’expliquait ça – qui me disait qu’elle se retrouvait dans une situation avec sa petite fille qui était à table et qui criait de façon répétée. Et elle, ça la prenait. 

Une option de comportement parental, c’était de lui dire que ce n’était pas agréable qu’elle crie et qu’il fallait arrêter de crier.
Donc, ils lui avaient dit plusieurs fois d’arrêter de crier.
La petite continuait et donc, au bout d’un moment, la mère s’est mise à crier elle-même en lui criant dessus pour lui dire d’arrêter de crier.

En fait, c’est intéressant parce qu’elle voulait que la petite fille arrête de crier parce qu’elle avait justement un besoin de tranquillité.. et en se mettant elle-même à crier, elle ne nourrit pas du tout ce besoin de tranquillité !

Pourquoi, à ce moment-là, elle se comporte comme ça, même si sa stratégie ne nourrit pas du tout le besoin qu’elle cherche à nourrir ? Pourquoi elle a cette stratégie qui est inappropriée et ce comportement qui est d’autre part inapproprié ? 

Parce qu’elle se sent elle-même découragée !

 Elle a essayé des trucs, ça ne marche pas… et donc, au lieu (et c’est normal dans ces moments-là), au lieu de prendre du recul, de s’arrêter, de voir quelles autres alternatives elle a à sa disposition pour nourrir son besoin à ce moment-là.
En fait, des alternatives, il y en a ! Mais à ce moment-là, elle n’a pas la disponibilité, l’ouverture – parce qu’il y a les émotions qui montent – pour aborder le problème de façon différente… et donc ce qu’elle fait, c’est qu’elle fait du mieux qu’elle peut à ce moment-là, avec ses ressources. Et ça, ça donne qu’elle se met à crier sur sa fille. 

C’est vrai pour notre enfant aussi. À tous les moments.

Revenir sur la situation à froid

Donc là, ce garçon de 11 ans, lui, il a probablement d’autres façons de faire pour qu’il se sente mieux, pour qu’il nourrisse son estime de lui-même, pour qu’il retrouve sa place dans la famille telle qu’il aime l’avoir avec la connexion, etc. 

Et pourtant, le fait de détruire le château de cartes de son frère, c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, avec les ressources qu’il a de disponibles. 

Donc, effectivement, c’est intéressant dans ces cas-là de revenir à froid dessus.

Sur le coup, on peut parler du comportement.

Souvent, c’est qui se passe dans ce genre de situation : on n’est tellement pas d’accord avec le comportement qu’on va parler uniquement de ça, avec des réflexions du type « mais comment tu as pu faire ça ? »

Et en fait, c’est comme un iceberg. Le comportement, c’est la pointe de l’iceberg, mais il y a toutes les causes derrière qui sont cachées.
La maman l’a compris, puisqu’elle cherche à comprendre ce qui se passe derrière.

Comprendre ce qui se passe derrière, ça ne se fait pas sur le coup. Ça se fait plutôt à froid, puisque sur le coup, souvent, il y a les émotions qui débordent et donc, notre enfant n’est pas en mesure d’avoir une conversation.
Parfois, il suffit de quelques minutes pour redescendre. Mais en tout cas, ça veut dire a postériori. 

Donc, sur le coup, on va dire « je n’aime pas quand tu te comportes comme ça. Je sais que tu peux mieux faire. On va en parler. »

Ça peut être juste ça : on va mettre les limites sur le comportement, effectivement, sur le coup, sans trop  rabaisser notre enfant parce que ce n’est pas ce qu’on veut faire.

En revanche, la partie qui est intéressante, c’est un peu plus à froid de discuter avec lui.
Lui dire : « Bon, qu’est-ce qui s’est passé pour toi en fait  ? Comment te sentais-tu à ce moment-là  ? Qu’est-ce que tu cherchais à faire en fait au moment où tu as détruit … ? »

Note : attention au ton !
C’est vraiment sous l’angle, encore une fois, de la curiosité – Sherlock Holmes.

C’est : « Je suis sûre que dans le fond, il y avait une raison positive à ton comportement. » Moi, j’utilise cette notion de raison positive avec mes enfants. « Je suis sûre que dans le fond, tu avais une raison de le faire. C’est juste qu’elle m’échappe. Je me demande si c’est un manque de confiance en toi… Est-ce que tu as l’impression que nous les parents, on n’est pas assez encourageants avec toi ? Est-ce que t’as l’impression que quand tu enlèves un truc à ton frère, du coup, ça t’en donne plus à toi ? Est-ce que tu es vraiment dans la comparaison avec lui ? 
 J’aimerais juste comprendre parce que je me dis que je ne suis pas sûre que ce genre de comportement va réellement répondre à ce que tu cherches à atteindre à ce moment-là, qu’est-ce que t’en penses ? »

Donc là, vous voyez qu’on est dans un ton qui est très calme, qui n’est pas jugeant, au contraire, je sous-entends qu’il y a une vraie raison derrière et je cherche à la comprendre, donc je crée une connexion avec mon enfant parce que réellement, je veux être proche de lui et échanger avec lui. 

Donc ça, c’est vraiment quelque chose qui aide. Et donc, on peut lui demander. On peut lui dire « voilà, en tout cas, je ne suis pas sûre d’avoir compris, mais je vois bien qu’il se passe quelque chose. Et moi, j’ai envie d’être là pour toi. Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? »

L’enfant a 11 ans, donc ce n’est pas la même chose quand on s’adresse à un enfant de 4 ans, on est bien d’accord… A 11 ans, il est possible qu’il soit capable de mettre des mots dessus. Et même si ce ne sont pas des mots du type « j’ai besoin d’appartenir », ça va peut-être être des : « Oui, mais c’est parce que vous passez toujours du temps à lui donner des compliments, il réussit tout et puis moi, non

  • Ah ouais, tu as l’impression que… Est-ce que c’est un manque de temps qu’on passe avec toi ou c’est un manque d’encouragement pour les choses que tu réussis ? » 

Voilà, c’est à nous d’aller repréciser par rapport à ce qu’il va nous dire. On cherche ça.

Aider l’enfant à trouver d’autres stratégies

Et après, on peut avancer vers la stratégie.
Quelque chose du type « et est-ce que tu as eu l’impression, au moment où tu détruisais le château de ton frère, que ça t’aidait effectivement à te sentir mieux ? »

Et même s’il nous dit oui, on peut lui dire « ah oui, ok ! ».
« Et ce fait de se sentir mieux, c’était juste sur le coup ou c’est quelque chose qui dure ? Est-ce que dans le fond, tu te sens mieux ? Est-ce que si la situation se reproduit, tu serais plus à l’aise avec ça ? »

Parce qu’il y a ça aussi…
Il y a d’abord « est-ce que tu te sens mieux ou pas ? », et il peut tout à fait nous répondre non, parce que c’est souvent le cas.
Mais même s’il nous répond oui, il y a aussi ce qui nous fait du bien sur le coup, et puis, ce qui nous fait du bien à long terme.
C’est comme quand on fuit nos émotions en allant manger du chocolat : ça nous fait du bien sur le coup… est-ce que c’est réellement ce qui nous aide à aller mieux à long terme ? Non ! C’est intéressant aussi de faire cette différence-là.

Donc, il y a toute une conversation à avoir avec le garçon autour de ça, ça l’aide à prendre conscience.
Et en parallèle, ça l’aidera à trouver du coup des alternatives : « Ok, la prochaine fois que tu te sens comme ça, qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire d’autre ? »

« Qu’est-ce qui pourrait aider ? Qu’est-ce qui pourrait avoir plus de chances de nourrir ton besoin à ce moment-là ? » Voilà, on va l’aider à trouver des pistes, à trouver des solutions.

Et ça, c’est important parce que l’idée, ce n’est pas de lui dire juste « tu ne peux pas te comporter comme ça » même si ça, c’est effectivement un message à passer. On n’est pas d’accord avec ce comportement.
Mais si on lui dit seulement ça et qu’on lui dit « ça, c’est non », la prochaine fois qu’il se sent dans la même situation, il a compris que ça, ce n’était pas adapté, mais il n’a pas d’alternative

Donc, il n’y a pas vraiment de raison qu’il fasse autrement parce qu’il ne saura pas quoi faire d’autre.
Donc, il risque 

  • soit de ne rien faire du tout. Et finalement, d’un certain côté, au moins quand il se comporte comme ça, on voit qu’il se passe quelque chose pour lui, donc, c’est plutôt pas si mal.
  • Ou il risque de recommencer la même chose…

Exactement comme nous, quand on se dit bon, ça va, je vais arrêter de crier, et qu’en fait, la fois d’après, si on ne cherche pas des alternatives et qu’on ne creuse pas les situations en se disant « Ok, qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre à la place à ce moment-là ? », on va se retrouver bloqué.e dans la même situation à utiliser les mêmes méthodes. 

Je fais ce parallèle avec le parent parce que je trouve que c’est important de prendre ce recul aussi, parce qu’on est facilement dans le jugement face à nos enfants et dans la culpabilité par rapport à nous-même.
Mais en fait, c’est le même phénomène. On est tous en apprentissage et on cherche à faire de notre mieux et on fait de notre mieux avec nos ressources à cet instant-là. 

Finalement

Et donc ça, c’est toute la partie

  • aider notre enfant à s’exprimer
  • pour que nous comprenions ce qui se passe en lui
  • pour qu’il comprenne ce qui se passe en lui
  • voir quelles autres alternatives il y a à sa disposition

Et de l’autre côté, il y a un travail en parallèle autour de la place pour cet enfant (puisque c’est ce qui est identifié dans ce cas pour cet enfant)

Donc, peut-être que si c’est un manque d’attention des parents, par exemple, ça vaudrait le coup de voir comment les parents peuvent mettre en place un temps dédié en tête-à-tête avec lui pendant lequel il n’est pas interrompu par d’autres choses. 

On peut faire attention à aussi valoriser ce que fait le grand.
Note : Attention ! Dans la valorisation, en général, en éducation positive, on fait attention à ne pas tomber dans des compliments évaluatifs où c’est nous qui disons ce qui est bien et là, on entretient un besoin de reconnaissance parce que l’enfant se sent justement exister, reconnu, etc. que quand il y a quelqu’un d’autre qui lui dit « ce que tu fais, c’est bien ».
Mais en tout cas, en s’intéressant à lui, et en décrivant.

Par exemple, si lui faisait un château de cartes, plutôt que de dire « waouh, qu’il est beau ton château de cartes, mais qu’est-ce que tu es fort », qui sont des évaluations de la part des parents, on va plutôt dire « ça a dû demander beaucoup de passion de faire un château comme ça, tu y as passé beaucoup de temps ? Et ce n’était pas trop compliqué ? »
Et là, tout l’intérêt qu’on met dessus est dans la description du château et dans la valorisation du temps passé également. Ça aussi, ce sont des encouragements.
Et donc, c’est comme ça qu’on sort du compliment évaluatif pour être soit dans l’encouragement du chemin passé, soit dans le compliment descriptif.

Voilà, on peut être plus proche du grand.

On peut aussi, si on voit que c’est un manque d’estime de lui, essayer de développer ça. C’est-à-dire que, par exemple, on peut tous les soirs lui demander « tiens, raconte-moi un truc dont tu as été fier aujourd’hui » pour que lui aussi, il voit ce qu’il y a de chouette chez lui, ce qu’il arrive à accomplir et en plus, il a l’occasion de nous le partager.

Et là, on peut l’entendre et dire « ah ouais, je comprends effectivement que ça t’ait rendu fier ! Oh excellent, tu étais content alors du coup, ah génial. »

Et là, on est avec lui, on partage ça et on travaille sur sa place à lui.

Voilà, j’espère que tout ça vous donne des pistes.
J’avais envie de partager ça parce que je pense que ça peut aider n’importe qui. Si vous avez des questions qui se rapprochent de ce contenu ou qui sont autres, mettez-les-moi en commentaire…
Ça me donnera l’occasion de répondre à d’autres cas concrets !

POINT DE RENCONTRE + est une formation avec accompagnement qui vous aidera à transformer votre vie de famille.

Entretien avec Isabelle, qui hésitait à s’inscrire il y a un an, après avoir déjà suivi des formations de parentalité positive qui n’avaient « pas tenu leurs promesses ».

Note : la nouvelle cohorte de PDR+ est en cours de recrutement. Les portes sont ouvertes jusqu’au 14 décembre.
Pour en savoir plus : https://les6doigtsdelamain.com/point-de-rencontre/

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Il arrive qu’une situation anodine se transforme en lutte de pouvoir, et donc en dispute, alors qu’elle pourrait être gérée complètement différemment si on avait la possibilité de prendre un peu de recul…

C’est une compétence qui se développe, et cette anecdote vécue vous montre comment on peut faire ça, relativement facilement.

Ça ne marchera peut-être pas à tous les coups, mais ça vaut la peine d’avoir cette méthode dans sa besace !

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent.

Aujourd’hui, je voudrais vous raconter une petite anecdote qui illustre bien comment on peut facilement passer d’une circonstance assez simple du quotidien à une lutte de pouvoir, et comment on peut s’en sortir.

D’une situation banale à une situation d’opposition

La situation de départ

On était dans le salon. C’était le week-end dernier, avec mes deux plus jeunes garçons, qui ont 12 et 9 ans, Léon et Anatole. Chacun avait son activité. Anatole était en train de lire, moi aussi, et Léon était en train de faire de la guitare. 

Et alors, quand Léon joue de la guitare c’est relativement envahissant, car il joue relativement fort, mais en plus, là, il était en train de chercher les accords d’une chanson… Donc, il chantait la chanson et mettait des accords dessus qui n’allaient pas forcément avec, puisqu’il était en pleine recherche du bon accord, et ce n’était pas forcément harmonieux, puisque les accords qu’il utilisait ne collaient pas à ce qu’il chantait. 

Donc, au bout d’un moment, Anatole se sent gêné, perturbé, dérangé (on peut utiliser plusieurs termes pour ça…), et il se tourne vers son frère et lui dit : “Écoute Léon, tu peux arrêter de jouer de la guitare s’il te plaît, je n’arrive pas à lire.” 

L’escalade

En fait, je n’ai pas vraiment assisté au tout début.
Donc, cette phrase que je viens de vous citer, c’est moi qui l’invente, parce que j’étais moi-même dans ma lecture, je n’y ai pas prêté attention.
Mais ce que j’ai entendu, c’est qu’en moins d’une minute, on s’est retrouvé dans une opposition, un ton qui commençait à se tendre, peut-être pas encore à monter, mais en tout cas à se tendre…
Anatole disait à Léon : “Écoute, ici, c’est l’espace commun. Tu ne peux pas faire du bruit et déranger les autres. Si tu veux faire de la guitare fort, tu n’as qu’à le faire de ton côté. Va dans ta chambre !”

De son côté, Léon était en train de dire à son frère : “Non, ben écoute, ici, c’est l’espace commun. Tu ne peux pas m’empêcher de faire de la guitare. Si tu veux du calme, tu n’as qu’à aller trouver un autre endroit. Va dans ta chambre !” 

Grosso modo, on en était là.

Petite analyse de la situation

Chaque point de vue se défend

On voit qu’on est dans une opposition de point de vue clair. C’est intéressant parce que chacun de ces points de vue se défend en fait. 

Il n’y en a pas un qui a plus raison que l’autre sur le fait que “c’est l’espace commun, donc il faut qu’il n’y ait pas de bruit”, ou que “c’est l’espace commun, donc je dois supporter le bruit de l’autre et c’est à moi de m’isoler”

Chacun de ces points de vue se défend.
Et ça, ça rejoint quelque chose que j’aime bien essayer de faire passer à mes enfants, c’est qu’il y a toujours différentes perspectives sur une situation

Et donc la phrase que j’aime répéter, c’est : “Ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort.”

En fait, on se retrouve souvent dans des situations de vie dans lesquelles chacun a raison, avec son histoire, sa perspective, sa façon de ressentir les choses, son regard en fait, avec ses lunettes à lui. 

D’ailleurs, on utilise parfois cette expression : “avec mes lunettes”. 

Lutte de pouvoir

Donc, chacun des deux a son point de vue.
Chacun des deux a raison d’un certain côté.
N’empêche que leur point de vue semble irréconciliable, puisque l’un comme l’autre est bloqué sur une stratégie qui est que l’autre aille dans sa chambre. 

Et surtout, on se retrouve dans une situation – et c’est ça que je voudrais mettre en avant – dans laquelle, c’est en train de se transformer en lutte de pouvoir.

En effet, chacun est ancré dans sa posture : “moi je reste et toi tu pars”.
Donc, imaginons que l’un des deux adopte une attitude pacifiste. Que l’un décide de partir, c’est-à-dire de dire : “Oui, tu as raison. Je n’ai pas envie de déranger. Je vais aller faire de la guitare ailleurs.” ou à l’inverse, “Oui, tu as raison. Je ne vais pas t’empêcher de faire de la guitare. Je vais aller lire dans ma chambre.” 

Chacune de ces attitudes pourrait, à ce moment-là, être interprétée comme “je cède, j’ai perdu”.

Et comme on est dans une ambiance sociétale dans laquelle on est justement beaucoup dans le : “je vais gagner contre l’autre, c’est lui qui va céder ...”, on rentre facilement dans ces luttes de pouvoir-là.
On se retrouve, du coup, un peu piégé à vouloir montrer qu’on a ce pouvoir, le montrer à l’autre ou à soi-même, ne pas vouloir être “le perdant”, et donc se retrouver bloqué.
Et c’est comme ça qu’on persiste dans des luttes de pouvoir dans lesquelles, en réalité, aucun des deux ne sort gagnant, parce qu’aucun des deux n’a envie d’un conflit au départ.
Et même si on finit par gagner, ça passe par le conflit, donc c’est un peu dommage. 

Le chemin pour s’en sortir

Donc l’idée, c’est d’ouvrir un petit peu les horizons en arrivant à faire passer le message explicite ou implicite, comme vous allez le voir, qu’il y a d’autres voies, en fait. Et l’autre voie pour exercer son pouvoir sans être dans cette dynamique gagnant-perdant, c’est justement d’utiliser une sorte de gagnant-gagnant, c’est-à-dire dans la coopération.

En fait, quand on arrive à trouver des solutions ensemble, à coopérer, à fonctionner en groupe, on est aussi en train d’utiliser son pouvoir. Et on est en train d’utiliser son pouvoir AVEC l’autre plutôt que CONTRE l’autre

Et c’est hyper chouette de se retrouver dans ces situations-là !

C’est ça que j’ai envie d’apporter à mes enfants.
Et en tout cas, ce sont des valeurs auxquelles on croit très fort dans l’éducation positive : le fait de passer à des relations de coopération. 

Comment résoudre une lutte de pouvoir :  étape par étape !

Observer pour intervenir de manière adéquate

Dans ce cas précis, je lève donc la tête et je vois que mes garçons commencent à être dans une lutte de pouvoir. 

À ce moment-là, le ton n’est pas trop monté, donc ils sont encore en mesure d’entendre ce que je vais dire.
Sinon, s’ils étaient en train de se hurler l’un sur l’autre, de toute façon, ils ne seraient pas en mesure d’aller plus loin et éventuellement réfléchir à des solutions.
Donc, je leur dirais plutôt de faire une pause et qu’on en parlerait plus tard. 

Mais sur le coup, ce n’est pas encore débordant, donc je peux directement intervenir et dire :
“Attendez les garçons, j’ai l’impression que vous êtes en désaccord là, c’est ça ? Donc, ce que j’entends, c’est que toi, Anatole, tu aimerais bien pouvoir lire dans le calme et que la guitare te dérange. Et que du coup, tu considères que comme c’est l’espace commun, il ne faudrait pas que Léon envahisse trop cet espace commun avec le bruit de sa guitare, c’est ça ?

  • Tout à fait !
  • OK. Et toi, Léon, ce que j’entends, c’est que tu as envie de faire de la guitare et que comme tu es dans l’espace commun, tu considères que si Anatole trouve que la guitare le dérange trop, il n’a qu’à ne pas rester dans cet espace commun, c’est bien ça ?” 
  • c’est ça !”

Voilà.

Vous voyez que quand je dis ça, en fait, je n’ai rien dit de plus que ce qui s’était déjà dit. Donc, on pourrait penser que cette phase-là, elle ne sert à rien. Mais en fait, ce dont je m’assure en faisant ça, c’est de deux choses différentes : 

  • La première, c’est que je m’assure que chacun se sente entendu dans ce qu’il a dit

Parce que quand on est dans la lutte de pouvoir, il y en a un qui dit un truc, et l’autre, il ne lui dit pas “Ah, toi, tu penses que tatata… Ah oui, mais tu vois, moi, avec mon point de vue et ma perspective, tatata…”, ce qui serait exactement l’attitude à adopter si on voulait bien faire passer le message que ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort.
Donc, on recevrait ce que dit l’autre et on dirait “Regarde, j’ai une perspective différente”, mais cela ne remettrait pas en cause sa perspective.
Alors que dans la façon la plus classique de communiquer, on est tout de suite dans l’opposition. Donc, on n’entend même pas, ou du moins, on ne reçoit même pas ce que nous dit l’autre.
Donc, quand je reformule comme ça, ça me permet d’être sûre que chacun est reçu dans ce qu’il a dit.

  • Et le deuxième point, c’est que ça me permet de m’assurer que chacun des deux a aussi entendu le point de vue de l’autre, justement. 

Parce que parfois, on réagit trop vite.
Donc ça, c’est déjà le reposer un peu, décrire le problème en tenant compte de chacun

Leur redonner la main

Et puis, à ce moment-là, on va passer à la phase suivante qui est : “Ok, qu’est-ce qu’on pourrait trouver comme solution ?
Ça, c’est ma question. Moi, je pose juste la question.
Je ne suis pas en train de dire : “Ok, dans ces cas-là, on va faire comme ça.” en leur apportant MA solution. 

Peut-être que dans une certaine phase et avant que les enfants aient l’habitude de trouver leur propre solution, on va le faire un petit peu plus.
Moi, mes enfants, ils sont un peu rodés à cet exercice, théoriquement en tout cas. 

Et c’est ce que j’accompagne les parents à faire dans la formation En finir avec les disputes dans la fratrie.
Il y a tout un processus pour accompagner vos enfants à aller vers des démarches de recherche de solutions, pour qu’ils sachent faire ça.

Moi, je leur dis à ce moment-là :
“Qu’est-ce que vous pourriez trouver comme solution ?”
Et évidemment, les premières solutions qui sortent (c’est naturel) ce sont celles qu’ils ont déjà évoquées, c’est-à-dire qu’Anatole me dit que Léon n’a qu’à aller faire de la guitare dans sa chambre, et Léon me dit qu’Anatole n’a qu’à aller lire dans sa chambre. 

Après, il y a d’autres alternatives qui pourraient apparaître (qui me viennent à moi) parce que la chambre de Léon est plus loin de l’espace commun. J’aurais pu lui suggérer d’aller par exemple dans mon bureau. 

Mais à ce moment-là, j’aimerais bien d’abord voir si eux, ils n’ont pas d’autres idées. Donc, je ne le leur suggère pas et je répète seulement :
“Ok, oui, Léon pourrait aller dans sa chambre, d’accord.” Donc, c’est Anatole qui dit ça. Léon dit : “Oui, ou bien Anatole pourrait aller dans sa chambre.” 

“Ok, Léon pourrait aller dans sa chambre, Anatole pourrait aller dans sa chambre, Ok. Quoi d’autre ?”
Là, évidemment, il y a un blanc, puisque pour l’instant, ils ne voyaient que ces deux solutions-là. Et là, on comprend bien pourquoi on est en lutte de pouvoir, puisque comme il n’y a que ça qui leur vient spontanément au départ ! Forcément, ils sont en opposition, puisque ce n’est pas compatible pour eux de rester tous les deux !

“Et donc, quoi d’autre ?”

Les idées arrivent

Alors, après cette petite pause, pendant laquelle ils réfléchissent effectivement, Anatole dit : “Peut-être qu’il pourrait jouer de la guitare moins fort ?”
Première réaction de Léon : “Non, la guitare, on la joue, ça ne se joue pas moins fort.”
Anatole dit “Si, en grattant un peu moins fort sur les cordes.”
Ok, du coup, je me tourne vers Léon, je lui dis : “Est-ce que tu voudrais essayer ?” Alors, Léon essaye de refaire ce qu’il est en train de faire en grattant un peu moins fort.
Je me tourne vers Anatole, je lui dis : “Ça te convient comme ça ?”
Anatole dit : “Oui, c’est ok !”, et, immédiatement, repart dans sa lecture. 

Léon s’essaye encore un petit peu là, pendant 10-15 secondes, et je lui dis : “Et toi, ça te convient comme ça ?” Il me dit : “Oui, c’est ok.” Et hop, il continue sa guitare.

Et on se retrouve à rester !

On est restés, je ne sais pas, au moins 20 minutes de plus, tous les trois dans cet espace commun. Anatole et moi en train de lire, Léon en train de faire sa guitare, tout en surveillant de ne pas la jouer trop fort. (Il y a même eu un moment où il s’est re-laissé aller un petit peu, à monter un peu le son, il s’en est rendu compte, il a re-diminué.)
Et où, finalement, on est tous restés ensemble, harmonieusement.

C’est magique

Je trouve ça assez magique de voir, comme dans certaines circonstances, il est facile, en fait, de sortir d’une lutte de pouvoir qui semblait bloquée, en ne faisant que faire un pas en arrière pour re-décrire la situation, et en disant : “Qu’est-ce qu’on peut faire et quoi d’autre ?”

Parce que c’est ce que je dis souvent aux parents quand je parle des disputes dans la fratrie, et c’est ce qu’on voit dans la formation En finir avec les disputes dans la fratrie, c’est que très souvent, la raison de la dispute, c’est que c’est la meilleure stratégie qui leur apparaît à ce moment-là, parce que parfois, c’est la seule, et parfois, ils en voient des pires, comme de se taper dessus, par exemple. 

Donc la dispute à ce moment-là est la meilleure stratégie qui leur apparaît.  Et parfois – pas toujours, et ça dépend de l’entraînement qu’ils ont dans la démarche, évidemment, mais parfois – il suffit d’ouvrir la question sur la possibilité qu’il y ait un autre chemin pour qu’ils trouvent ce chemin-là, qu’ils l’empruntent, et que tout se calme.

Voilà, donc si tout ça vous inspire, je vous encourage évidemment à aller faire un tour sur la page de ma formation En finir avec les disputes dans la fratrie pour en savoir plus, et pour vous inscrire si vous voulez apprendre à faire la même chose avec vos enfants. 

Et dans tous les cas, je vous encourage à mettre ça en place avec vos enfants la prochaine fois que vous sentez qu’il y a une tension qui vient, avant que ça n’explose, sinon ils ne sont plus en mesure de faire ça. Attention à ça, et à l’accueil des émotions dans ces cas-là !

Et puis, partagez ce podcast avec d’autres gens que ça pourrait intéresser, si vous pensez que ça peut les inspirer.
N’hésitez pas aussi à laisser 5 étoiles et/ou un avis pour aider ce podcast à se développer. 

À très vite !

Un épisode un peu différent : j’interroge mon fils Oscar, 21 ans, sur son adolescence avec l’éducation positive.

Ce que ça lui a apporté, comment il l’a vécu, ce qu’il en pense aujourd’hui…

Pour tous ceux d’entre vous qui se demandent ce que ça peut donner « à long terme » !

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent.

Un épisode un peu particulier aujourd’hui, parce que j’avais envie de vous donner un peu une perspective de ce que peut donner l’éducation positive à un peu plus long terme.

Ce qu’on me dit souvent, que le fait d’avoir des enfants plus âgés me permet d’avoir un peu de recul, c’est vrai. Et on me demande ce que mes enfants en pensent. 

Aujourd’hui, je reçois dans ce podcast mon fils Oscar, qui a 21 ans.

– Alors Oscar, merci d’avoir accepté de faire ce podcast avec moi déjà.

– De rien, ça me fait plaisir !

L’expérience de grandir dans une atmosphère d’éducation positive

– L’expérience d’avoir grandi avec une atmosphère, un peu “éducation positive”- pour remarque, on a commencé ça quand tu avais 12 ans – comment c’était ? Est-ce que globalement, tu en as été content ou pas ?

– Alors, il est indéniable qu’aujourd’hui, l’ambiance qu’on a dans la famille, je me rends très bien compte que c’est une des grosses forces de notre famille, et ça non pas par rapport à ce qu’on avait avant, mais par rapport à mes amis, à toutes les familles que je vois autour de moi. Il y en a beaucoup qui vont avoir déjà une moins bonne ambiance avec leurs parents au cours de l’adolescence, par exemple.

D’ailleurs, on en parlait quand j’étais adolescent, quand on avait par exemple d’éventuelles disputes de temps en temps, on se disait : “C’est quand même cool d’avoir globalement une super ambiance”, alors que beaucoup d’adolescents commencent à mal s’entendre avec leurs parents.

Et puis, ça se voyait aussi plus jeunes…

Aujourd’hui, il y a une certaine indépendance qui se met en place, donc peut-être que ça joue aussi un rôle moins important, mais quand on était un peu plus jeunes et il y avait pas mal de questions de « qu’est-ce qui est une décision de l’enfant, qu’est-ce qui est une décision du parent ?”  et tout ça.
Aujourd’hui, et on en parlait hier avec Alice (Note : Alice est la sœur d’Oscar, elle a 16 ans au moment de cet enregistrement) nous, on a un rapport à ça qui est… j’ai l’impression qu’on nous a donné beaucoup d’indépendance, et je me sens très libéré par rapport à ça, et c’est hyper agréable

– Ok, alors du coup, tu as commencé à répondre à certaines autres questions que j’avais, donc c’est super…

L’éducation positive du point de vue des enfants 

Une des questions que j’avais, c’était “qu’est-ce que tu vois de spécifique à l’éducation positive ? Qu’est-ce que c’est pour toi l’éducation positive ? Tu nous parles de l’indépendance et de la prise de décision, visiblement, c’est un élément important pour toi.” 

– Effectivement, ça, c’est quelque chose dont je me suis beaucoup rendu compte.

En fait, j’ai l’impression d’avoir toujours grandi dans un sentiment global de “c’est moi qui prends les décisions, vous êtes là pour m’encadrer, pour m’aider, pour m’appuyer, mais jamais pour être contre moi.

 Et ça, ça fait un peu cliché de dire les choses comme ça, mais c’est vrai que c’est hyper sécurisant comme atmosphère

Et d’ailleurs, aujourd’hui, ça se répercute sur les discussions qu’on a, ou certaines des grosses décisions dans ma vie.

D’une part, je sais que c’est à moi de les prendre, et donc je sais que d’une certaine façon, je vais peut-être les prendre dans tous les cas, si c’est mon avis, et que quand je vous en parle, ce n’est pas pour vous demander la permission.

Par contre, je sais que vous avez toujours été là pour me donner des conseils, votre avis, et me sécuriser un peu dans mes décisions, et donc c’est hyper rassurant de se dire que c’est vraiment ça le rapport d’encadrement que j’ai avec mes parents.

…C’était quoi la question ? J’ai oublié !

– Non, non, c’est ça, c’est très bien. Je vais revenir sur la suite de la question effectivement. 

J’ai quand même envie de creuser un peu ce que tu viens de dire, parce que tu dis du coup “vous n’avez jamais été contre moi…”, et donc tu prenais tes décisions.

Effectivement, avec un rapport de… – tu as raison, ce que je ressens moi, d’un point de vue parental, et là, je transmets pour ceux qui nous écoutent, c’est une posture de confiance dans les capacités et les ressources de l’enfant
Est-ce que ça veut dire, parce qu’on pourrait aussi interpréter ça sous l’angle “c’est moi qui décide et vous n’avez rien à dire”, un peu laxiste, permissivité ? Est-ce que t’as l’impression qu’on t’a laissé prendre n’importe quelle décision ?

– Non, et je sais qu’il y a toujours eu des limites, évidemment.
Et ces limites, plus je prends de l’âge, plus elles deviennent laxistes. Aujourd’hui, pour le coup, effectivement, c’est moi qui décide de ma vie.

Donc, comme c’est un spectre, je ne saurais pas exactement dire. Cependant, justement, je trouve que, du moins tel que je le visualise aujourd’hui, le fait de sentir qu’on a vraiment une liberté de ses actions et que, souvent, le fin mot d’un débat, après une vraie réflexion et une vraie pondération des choses, c’est “si c’est comme ça que tu veux faire les choses, eh bien, on les fera comme ça” , “si c’est comme ça que tu veux prendre tes décisions, prends-les” , fait que j’ai l’impression d’avoir assez tôt pu moi-même limiter les décisions qui auraient été complètement irrationnelles.

Je pense qu’aussi, vous n’aviez pas besoin de vous poser la question de “si c’était trop laxiste ou pas”, parce que juste des décisions trop extrêmes, je ne les prenais pas en décidant moi-même de ne pas les prendre. 

– Tu veux dire que ça a aidé à développer un certain sens des responsabilités ? 

– On peut dire ça !

– Ok, intéressant. 

La notion de responsabilisation 

Je me demande aussi si ça, c’est aussi un point de vue qui est spécifique à l’adolescence, donc, que tu as traversée avec cette éducation…
Est-ce que c’est quelque chose que tu observes quand tu penses à l’éducation qu’on donne et que tu vois aujourd’hui l’éducation qu’on a donnée et qu’on continue à donner à tes plus jeunes frères qui ont aujourd’hui maintenant 9 et 11 ans ? Est-ce que tu dirais là aussi qu’ils prennent leurs décisions ? 

– Alors oui, effectivement.

Encore une fois, il y a ce fait qu’à 9 et 11 ans, on est moins responsable. Donc effectivement, il y a des moments où forcément, vous devez un peu mettre des limites.

Mais dans la mesure où l’une des valeurs est de pouvoir les responsabiliser le plus possible, je trouve ça souvent assez impressionnant quand je vois les débats ou les diverses querelles qu’il peut y avoir, ou décisions qu’il doit y avoir dans un foyer au quotidien, à quel point l’effort est fait pour essayer de responsabiliser le jeune. 

Et même parfois, à la fois, c’est inspirant et c’est frustrant de se dire, même dans un débat où je pourrais moi-même prendre part, de dire en fait, j’aimerais bien faire les choses plus vite, plus efficacement. Et on prend un peu des détours pour que ce soit vraiment eux qui prennent les décisions. Et je vois bien que c’est le principe et c’est ce que tu nous expliques. Mais du coup oui, c’est sûr que c’est une valeur prépondérante et quand je vois l’atmosphère dans laquelle ça nous a fait grandir, je ne peux qu’adhérer. 

– Ok, super !

Les spécificités de l’éducation positive

Et du coup, effectivement, ma question, c’était, indépendamment de cette confiance, autonomie, prise de décision, responsabilisation, qu’est-ce que tu vois d’autres comme spécificités de l’éducation positive ?

– Alors, il y a cette question de responsabilisation, il y a une question qui je pense n’est pas forcément à mettre au premier plan, mais qui joue un rôle assez important pour moi : de non-punissant.

Je me souviens que quand j’étais adolescent notamment, j’avais un peu l’impression que c’était presque la triche par rapport aux autres de ne pas me faire punir. Et parfois ça m’est arrivé de faire des bêtises et de ne pas me faire punir à une hauteur qui aurait été raisonnable pour de telles bêtises. Et ça, bah oui, je le vois aujourd’hui encore, vraiment ce côté.

Et d’ailleurs, on en avait parlé, j’essaye de l’appliquer un petit peu : je suis chef scout, et j’essaye de l’appliquer un petit peu avec mes jeunes scouts. Et très vite, j’arrive aussi face aux limites du modèle et au fait que c’est dur à mettre en pratique.

Mais du coup, ça, je trouve que c’est quelque chose que je ressens pas mal et qui est franchement assez fort parce qu’il y a cette même notion de responsabilisation de, en fait : “les choses, tu ne les fais pas parce que tes parents te disent de les faire ou parce que si tu fais les choses mal, il va y avoir des conséquences divines venues d’un pouvoir extérieur”, mais juste parce qu’il faut apprendre à prendre sa vie en main et que dans la vie, on ne fait pas des choses qui, par exemple, nuisent aux gens ou qui ont des conséquences néfastes.

Donc ça, je l’ai remarqué aussi. 

Et j’ai l’impression de peut-être ne mettre la lumière que sur une petite partie du concept.
Donc, si je devais développer, je dirais aussi, il y a ce côté plus globalement positif que je comprends peut-être moins bien, qui est peut-être un peu plus vague, mais juste d’être le plus possible dans le soutien de l’enfant, dans évidemment : “essayer de ne jamais crier, essayer de ne jamais insulter l’enfant ou le critiquer”. Et ça, peut-être que je le souligne moins parce que ça me semble un peu être acquis aujourd’hui dans mon foyer, mais je pense effectivement que ça fait vraiment partie aussi d’une ambiance bienveillante. Voilà. 

– Ok, excellent. C’est super ! Et puis toutes ces notions sont liées en fait, la notion de soutien en fait particulièrement qui se traduit dans tout ce que tu viens de dire. 

Le point de vue des copains au regard de l’éducation positive

Est-ce que c’est quelque chose dont tu as déjà parlé avec tes copains, soit à l’adolescence, soit maintenant ?

– Oui, toujours, je pense plus à l’adolescence, quoique… Ouais, pas mal à l’adolescence, quand les questions commençaient à se poser un petit peu de , “jusqu’à quelle heure j’ai le droit de sortir, si je fais des soirées, etc.”, il y avait un peu une confrontation de nos visions et je me souviens que ça m’a toujours un peu angoissé quand des amis me parlaient de parents par exemple hyper contraignants, qui n’étaient pas ouverts à la discussion.
En fait, je pense que c’est ça qui est le plus ressorti, c’est le fait que… Et alors pour le coup, vous n’étiez pas les seuls évidemment, il y a des amis aussi qui pouvaient complètement discuter avec les parents, mais le côté, je l’ai toujours un peu eu comme acquis que des parents sont vraiment là pour nous encadrer, donc il y a toujours ouverture à la discussion, à la négociation.

Voilà, mon argent de poche, il ne me suffit pas ou il me suffit. Voilà, en fait ces horaires-là pour rentrer de soirée me conviennent ou ne me conviennent pas. Et le fait de me dire qu’il y avait des foyers dans lesquels ça ne marchait pas comme ça, je me disais : “Mais on doit se sentir enfermé. On ne peut pas s’exprimer. On ne peut pas… En fait, comment les parents peuvent savoir qu’on se sent bien s’ils ne sont pas à l’écoute de nos retours ?”

Voilà, donc je pense que c’est à peu près de ça dont je me souviens dans l’adolescence. 

Et puis aujourd’hui, évidemment, ça joue une place moins importante vu que je ne vis plus avec vous, mais c’est vrai que parfois quand je raconte à des amis que je suis venu vous voir, qu’on a parlé de ceci ou de cela, ils sont un peu étonnés juste du fait qu’on ait une relation très ouverte, très saine et très agréable

– C’est cool ! Nous aussi, on apprécie la relation avec toi, c’est clair, et avec tes frères et sœurs.

Ce que l’enfant retire de l’éducation positive ? 

Est-ce que… j’avais envie de dire un petit peu maintenant qu’est-ce que tu penses en avoir retiré, mais je crois que tu l’as déjà pas mal couvert.
Visiblement, cette autonomie, cette prise de décision, cette confiance dans tes choix, tout en sachant que si tu as besoin de conseils ou de soutien, on est encore là pour toi. 

– Petit exemple pratique, je me souviens que notamment, c’était rentré en jeu quand j’avais hésité à prendre une année sabbatique pour faire de la musique et que c’était une décision qui était, je ne sais pas si je dirais risquée, mais c’était une grosse décision à prendre, qui correspondait un peu au code : des parents trop traditionnels n’auraient jamais autorisé ça.
Et du coup, je me disais : “dans quelle mesure est-ce que… Quel rôle vont jouer mes parents dans ma décision pour ça ?” Et en fait, j’ai beaucoup aimé en m’écoutant moi-même me rendre compte que j’avais vraiment envie de vous en parler parce que je savais que dans tous les cas, j’allais pouvoir prendre cette décision, mais que j’étais vraiment intéressé de savoir quels étaient vos avis, aussi de vous faire part de ma réflexion et de pourquoi je prenais cette décision, et de pouvoir juste m’appuyer sur vous pour prendre cette décision avec sagesse.

– Et c’est un bon exemple parce que… Est-ce que tu sens dans certaines de ces discussions ou tu as senti… que justement parfois on est nous-mêmes un peu en lutte contre nous-mêmes, entre les parents qu’on a envie d’être : soutenants et puis les idées reçues, les croyances dont on a aussi hérité et qui sont difficiles pour nous, qui nous rendent les choses parfois difficiles pour sortir du rôle des parents “classiques” comme tu dis.

– Ouais carrément ! C’est vrai que parfois ça se voit. Après, je trouve que c’est peut-être aussi de l’expérience, mais votre discours est quand même assez fluide vis-à-vis de ce questionnement-là. Peut-être ça se voit un petit peu plus chez papa, qui va plus avoir tendance peut-être à retourner dans ses travers un peu traditionnels. Mais en tout cas, la partie prise sur vous, et donc être à l’écoute et être ouverts à ce que je vous dis est quand même clairement fonctionnelle, permet donc qu’on ait des discussions comme ça où je me sens parfaitement écouté et serein de parler de ça avec vous.

– Ok, cool ! 

Le côté « fleur bleue »

J’ai quand même une autre question que j’hésite à poser, mais je vais la poser quand même pour être en toute transparence avec nos auditeurs.

Est-ce qu’il y avait aussi des côtés relous ? Typiquement, récemment, on m’a demandé : “Ah bon, vous faites des réunions familiales régulièrement, mais est-ce que tes enfants apprécient ça ?” Est-ce qu’il y a des choses qui t’ont semblé un peu pesantes ? 

– Ok. Alors effectivement, pour être en toute transparence avec nos auditeurs, il y a tout l’écosystème un peu qui va avec ça, qui peut sembler un peu, je ne sais pas si j’ai le bon mot, un peu fleur bleue.
(Oh, c’est plutôt le bon mot, je suis plutôt satisfait de ce mot !)

Donc oui, les réunions familiales, mais il n’y a pas que ça, il va y avoir aussi des petits mots sur les portes des salles de bain, sur le frigo, des petites citations parfois que maman va nous sortir. Donc effectivement, il y a tout cet univers-là qui peut sembler un petit peu fleur bleue et qui parfois peut être un petit peu pesant.

Alors avec ma sœur par exemple, on se retrouve un peu là-dedans et donc ça nous est arrivé un petit peu de nous moquer de cette partie-là de l’univers. 

Cela étant dit, je pense – et aujourd’hui, avec un petit peu de recul, je suis persuadé – qu’en fait, on a trop facilement tendance à critiquer ces trucs-là qui sont un petit peu trop idéalistes et à se dire : “Nnnnn, le monde est gris, il ne faudrait pas mettre des citations positives sur notre frigo.”
Alors qu’en fait, la réalité, c’est qu’avoir des citations positives sur son frigo, en fait, effectivement, ça fait que tu les lis plusieurs fois par jour et ça améliore juste ta mentalité. 

Et on a un peu la même chose aux scouts.
À la fin de la journée, on se fait des réunions entre nous pour discuter des tensions et tout. Et donc sur papier, toujours ces trucs-là qui en fait sont des efforts, c’est aussi ce même débat de “est-ce que les gens sont prêts à s’investir dans une parentalité nouvelle”, alors que ça peut coûter de l’argent, ça peut coûter du temps et sur papier, ce n’est pas quelque chose qui est immédiatement rentable.

Et en fait, tous ces trucs-là, je trouve, il se trouve que c’est comme ça qu’on met une ambiance globale de bien-être en place.
Et donc, il faut réussir à s’affranchir de cette image qu’on a de “c’est relou”, même si j’avoue, j’y suis moi-même encore un petit peu sensible et on se permet d’en rire un petit peu de temps en temps. Et d’ailleurs, on a des blagues un peu dans la famille quand ça va trop loin… on s’en moque, bien sûr ! 

Mais du coup, par exemple, les réunions familiales, oui, au début et même encore aujourd’hui, les jeunes, tout le monde fait un peu “Rhoo, réunion familiale !”  mais en fait, c’est trop cool d’avoir une réunion familiale pour mettre les soucis au sol. 

Et je pense que ça, intrinsèquement, ce sera toujours le débat des temps qu’on prend pour aller mieux avec nous-mêmes.
Comme aller chez le psy, c’est relou, tu prends une heure, mais en fait, ça va mieux, enfin, tu travailles sur toi. 

En vacances, avec des potes, c’étaient des “vacances voyage”, donc il y avait des tensions. Donc, on a fait quelques moments où on s’est retrouvés pour discuter des tensions.
Au début, tout le monde avait la flemme parce que ça prend du temps et que c’est un peu relou. Et en fait, à la fin, tout le monde se sent mieux parce que c’est trop cool de pouvoir avoir un moment où on se sent en sécurité pour parler de nos… (Note : la suite était trop claire pour être dite, sûrement…)

et je pense que forcer ses enfants, pendant que tu as un peu le… t’es quand même parent, donc tu as quand même la prise de décision de la famille, forcer un peu la main sur “bah ouais, il va y avoir des citations positives sur le frigo et oui, on va prendre du temps pour faire des réunions familiales”, ça permet de vraiment leur ouvrir les yeux sur le fait que c’est quelque chose d’hyper important dans la vie et qu’en fait, ça pourrait vraiment aller mieux si on s’ouvre à ça

– Super, merci beaucoup pour tout ton partage, tout ton retour avec honnêteté et transparence. Et puis, on reste en contact !

– Yes, bah, on s’écrit ! Un p’tit mail, un p’tit texto… 

– Exactement. 

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À bientôt !

Bien sûr, parfois on se plante !! Dans notre rôle de parent, comme dans toute autre situation de la vie, on n’est pas toujours au top. On fait de notre mieux pourtant, en tout cas, on essaye… Mais notre mieux, parfois, il est pas terrible… L’important, ce n’est pas le raté, c’est ce qu’on fait après. Et une chose que j’aime bien faire, c’est revenir ensuite sur mon comportement. Ça montre qu’on est humain, ça donne un modèle, et ça contribue à la connexion avec nos enfants.

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Ce que l’on veut transmettre à nos enfants

Bonjour les parents qui cheminent. 

Je vous fais un petit podcast avant de partir en vacances, parce que j’avais un point à partager avec vous. C’était : Comment fait-on pour transmettre les notions que l’on va apprendre le long de notre cheminement, à nos enfants ? Alors, la raison pour laquelle je vous partage cela maintenant, c’est justement parce que ce sont bientôt les vacances. Au moment où j’enregistre, on est déjà le 11 juillet. Donc c’est déjà bien l’été ! Les vacances ont commencé. 

De mon côté, je pars en vacances dans deux jours. Et donc mon idée, c’était de vous embarquer avec moi dans cette aventure de l’été : c’est-à-dire que l’été est un espace dans lequel on va passer plus de temps avec nos enfants. Et pour moi, c’est toujours une préoccupation de : “Et si j’en profitais pour leur transmettre certaines notions ?”

On transmet beaucoup par notre modèle

Je m’explique. Évidemment, la majeure partie de ce qu’on leur transmet, on va le transmettre plus par notre modèle, tout simplement, c’est-à-dire notre façon de vivre. On va transmettre, par exemple, la façon de traverser des émotions fortes par la façon dont on le fait nous-mêmes. D’ailleurs, on peut le faire d’une façon le plus explicite possible, pour qu’ils s’en rendent compte et qu’ils l’emploient. 

  • On va leur transmettre la notion du temps de pause, typiquement, quand les émotions débordent, en prenant nous-mêmes un temps de pause. 
  • On va leur transmettre le respect de soi en essayant de se respecter nous-mêmes
  • On va leur transmettre le fait d’exprimer sa colère sans agresser l’autre, en réussissant à exprimer notre colère sans agresser l’autre
  • On va leur transmettre la notion de motivation intrinsèque, plutôt que de contrôle externe, en essayant nous-mêmes de développer leur motivation intrinsèque : en leur posant des questions, en les interrogeant, en discutant de leurs motivations plutôt qu’en cherchant à les contrôler via des punitions et des récompenses. 

On va leur transmettre comme ça, énormément de choses via notre posture.

Une dissonance entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit

Ce qui, d’un côté, est d’une simplicité extrême et puis d’un autre côté, évidemment, d’une complexité extrême. Puisque nous-mêmes, nous ne sommes pas toujours complètement cohérents dans nos comportements par rapport à ce qu’on aimerait transmettre. Parce que voilà, on a la théorie, on a ce avec quoi on est d’accord. Et puis, il y a les moments où on se comporte en suivant, certains des réflexes acquis qu’on a en nous, en étant emportés par nos émotions, etc. Donc, il y a souvent une espèce de dissonance cognitive entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit. 

Mais, peu à peu, un pas après l’autre, on s’aligne de plus en plus sur nos valeurs, sur ce qu’on a envie de transmettre. Et notre modèle transmet déjà énormément de choses à nos enfants. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des enfants qui, par exemple, je ne sais pas… Un exemple tout bête : c’est mon fils qui parfois ne comprend pas, quand il lit dans un livre, une réflexion autour du fait que les garçons, ça ne pleure pas. Il ne sait même pas d’où vient cette notion-là, parce que ce n’est pas du tout ce qu’il a reçu comme exemple, qu’il ne voit pas bien pourquoi les gens diraient ça.

Donc voilà ! Ça, c’est vraiment super.

Transmettre des notions théoriques

Alors peut-être que c’est aussi parce que dans ma posture à moi, parce que moi, j’adore apprendre, j’adore la théorie, j’aime bien comprendre ce que je suis en train de vivre. Du coup, j’ai souvent envie de transmettre des notions théoriques à mes enfants. J’ai envie de leur expliquer comment fonctionnent les choses. J’ai envie de leur raconter des choses qu’ils vont comprendre également. 

J’ai l’impression qu’il y a tellement de choses que j’apprends sur mon cheminement de parent qu’on devrait tous avoir appris en fait avant. Des notions qui, pour moi, devraient être incluses dans les programmes scolaires. Je sais qu’on en est beaucoup à penser comme ça, c’est-à-dire que les programmes sont très académiques, qu’ils sont très contenus, etc. 

Transmettre les compétences psychosociales

Mais toutes ces compétences psychosociales qu’on apprend plus tard en tant qu’adulte, sur un chemin de développement personnel, finalement, et si on offrait ça à nos enfants plus tôt ? Est-ce que ça ne les aiderait pas dans leur vie ? Est-ce que cela n’aiderait pas à une meilleure ambiance ? Déjà de classe au départ, mais également de famille, de société, etc. C’est vraiment cette notion, comme le dit Thomas d’Ansembourg d’ailleurs : “Un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant”. Et toutes ces notions qu’on apprend sur notre chemin à la fois d’éducation positive et finalement de développement personnel (parce que avancer sur ce chemin d’éducation positive, c’est aussi avancer sur un chemin de développement personnel), j’aimerais parfois les transmettre !

Que peut-on transmettre pendant l’été ?

Et du coup, la question me vient de : Comment je fais pour transmettre ces notions-là, de façon ludique, à mes enfants ? Et l’été, pour ça, c’est vraiment le bon moment. C’est-à-dire que moi, je ne suis pas tellement (je dis “tellement”, mais en fait “pas du tout”),je ne suis pas adepte des devoirs de vacances. Pourtant, j’adore enseigner des choses à mes enfants, même des choses académiques. Il y a eu un moment où on a fait l’école à la maison et c’est quelque chose que j’adorais faire. Donc, je sais que certains parents n’apprécient pas cette démarche d’être l’enseignant de leur enfant. Moi, j’adore ça ! Donc, ça ne me poserait pas de problème de faire ça. Mais j’ai le sentiment que, ils passent déjà énormément de temps pendant l’année scolaire à apprendre des tas d’informations académiques, qui sont certes fort utiles, mais du coup, le temps que je peux avoir avec eux pendant l’été, je n’ai pas envie de le passer à revoir la conjugaison des verbes du troisième groupe au passé simple. J’ai plutôt envie de le passer à transmettre des notions qu’ils n’apprennent pas à l’école. Des choses qui sont pourtant tellement fondamentales, comme la démarche de gratitude, comme les langages de l’amour, etc

Travailler notre connexion 

Et donc ces notions-là, qui ne sont pas forcément l’éducation positive en soi, mais qui sont complètement connexes et qui vont tellement bien avec. J’ai cherché comment faire. Enfin ! J’ai cherché comment je pouvais les transmettre à mes enfants et profiter du temps de l’été pour pousser des activités avec eux, qui soient des choses familiales dans lesquelles on découvre ces notions-là ensemble. On découvre ou bien, on avance ensemble sur ces notions-là de façon ludique et sympathique, pour partager des moments chouettes déjà , rien que ça, c’est travailler sur notre connexion, rien qu’en passant des moments ensemble ! Et puis, en sortir de cet apprentissage de notions, qui vont nous servir ensuite peu à peu pour faire grandir la fluidité et la connexion dans notre famille.

Les notions pour travailler sur la connexion

Et c’est pourquoi, je vous ai créé pour cet été, en fait, je vous / nous ai créé, pour cet été, les capsules de l’été. Alors, je dis vous et nous, évidemment, compte tenu de mon cheminement, tout cela n’est pas nouveau, ces notions-là. 

Alors, en l’occurrence, j’en ai choisi quatre : 

  • la première, c’est le réservoir affectif;
  • la deuxième, ce sont les langages de l’amour
  • la troisième la pleine conscience;
  • la quatrième, la gratitude

Ces notions-là sont des notions dont on a déjà parlé dans notre famille. Et donc, ce n’est pas nouveau chez moi. Mais j’ai quand même l’intention de partir avec ces capsules dans mes bagages, pour pouvoir, de la même façon que vous j’espère, les vivre avec mes enfants. Pour chacun de ces thèmes, avec ma comparse Émilie, on a créé, d’une part, une fiche théorie, qui s’adresse à toute la famille et qui présente la notion de façon relativement simple, pour que ce soit accessible à des jeunes enfants (d’ailleurs, ça a été relu par mon fils Anatole, qui les valide). Ensuite, il y a des fiches d’activités à faire avec les enfants, justement pour pouvoir mettre en pratique cette notion, pour qu’ils comprennent mieux. Et c’est vraiment, je sais ce dont les parents ont besoin ! Cela m’est arrivé d’ailleurs la semaine dernière en coaching de groupe (c’est assez rigolo), une maman m’a dit : “Comment fais-tu pour transmettre cette notion de réservoir affectif, dont je comprends aujourd’hui à quel point elle est fondamentale aux enfants ?” Et j’ai dit : “Tu tombes parfaitement ! Je suis en train de finir de préparer les capsules de l’été. Et justement, c’est un des thèmes !”

Les capsules de l’été

Donc voilà ! Ce sont des activités qui vont leur permettre de mieux comprendre et d’appréhender la notion. Et ensuite, il y a aussi une fiche, sous l’angle de : Comment faire vivre cette notion ? Comment la faire durer dans le temps ? Quel type de rituel peut-on mettre en place dans sa famille ? 

Tout ça ! C’est sous forme de fiches téléchargeables. Il y a même des jeux autour des langages de l’amour, vous allez voir ! 

C’est donc sous forme de fiches téléchargeables, à imprimer et à faire vivre. Il n’y a rien sur l’écran parce que mon but n’est pas de mettre les enfants devant les écrans. Donc, vous pouvez les imprimer et les emporter dans votre valise. Et où que vous soyez, vous pourriez faire ça avec vos enfants. 

J’espère que ça va vous faire vivre de chouettes moments pour transmettre ces notions. Donc, je vous les répète : le réservoir affectif, les langages de l’amour, la pleine conscience et la gratitude. Vous pouvez aller voir sur le site comment vous procurer les capsules de télé, dans l’onglet “Formation en autonomie”. Vous aurez la possibilité de choisir entre trois formules : 

  • soit les deux premières capsules, 
  • soit les deux dernières, 
  • soit carrément les quatre. 

Je vous souhaite beaucoup de plaisir avec ces capsules et on se retrouvera après l’été, pour que vous me disiez comment ça a marché avec vos enfants !

À très vite !  Bel été !.

Bien sûr, parfois on se plante !! Dans notre rôle de parent, comme dans toute autre situation de la vie, on n’est pas toujours au top. On fait de notre mieux pourtant, en tout cas, on essaye… Mais notre mieux, parfois, il est pas terrible… L’important, ce n’est pas le raté, c’est ce qu’on fait après. Et une chose que j’aime bien faire, c’est revenir ensuite sur mon comportement. Ça montre qu’on est humain, ça donne un modèle, et ça contribue à la connexion avec nos enfants.

Est-ce que vous le faites aussi ?

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Revenir sur nos comportements

Bonjour les parents qui cheminent. 

Aujourd’hui, je voudrais traiter d’un thème, qui me semble assez fondamental, qui nous est propre. C’est le fait de pouvoir revenir sur nos comportements ! Parce qu’on a beau cheminer, s’améliorer, s’inspirer, faire mieux, on ne sera jamais parfait !
Et donc en particulier, on a encore des moments où l’on ne se comporte pas de façon optimale, pas forcément complètement en accord avec ce qu’on aimerait faire. Et je pense que, d’une part, c’est bien de le savoir et d’en prendre conscience. D’autre part, c’est bien aussi de savoir ce que l’on fait dans ces moments-là.

Nos comportements, cas concret

Donc, je voulais vous raconter, un petit peu, un épisode qui m’est arrivé il y a quelques jours, justement.

Pendant cet épisode, je n’ai pas agi exactement comme je pense qu’il aurait fallu agir sur le coup.
Et j’ai pu revenir dessus, parce que je pense que l’important, ce n’est pas seulement la façon dont on agit sur le moment (évidemment, l’idée est de réagir, au fur et à mesure, du mieux qu’on peut dès la première fois ; et cela vient avec l’habitude, cela vient avec l’entraînement), mais c’est également de savoir quand on a fait quelque chose qui n’était pas forcément en accord ou qui ne collait pas tout à fait à ce qu’on aimerait faire.
Comment fait-on ensuite pour revenir dessus et que ce soit quand même une occasion d’expérimenter ?

Et en particulier, cela donne un modèle, justement !
Un modèle d’imperfection, parce qu’on fait tous des erreurs et c’est OK !
Donc, on peut donner le modèle à nos enfants de ce qu’on peut faire quand on pense qu’on a commis une erreur.
Et ce n’est pas humiliant de dire qu’on a commis une erreur. Ce n’est pas un problème de revenir dessus. Ce n’est pas un problème de voir les choses autrement.
Et rien que ça, déjà, c’est une démarche pour nous en premier lieu. C’est-à-dire que nous-mêmes, on peut avancer malgré nos erreurs ou même nos imperfections et à la fois, on peut en donner le modèle à nos enfants.

Une histoire de dispute dans le salon

Alors, voilà ce qui m’est arrivé, il y a quelques jours.

J’étais dans la cuisine avec ma fille Alice, à discuter avec elle tout en préparant le dîner.
Les garçons, Léon et Anatole, qui ont 11 et 9 ans, étaient dans le salon, pendant ce temps.
Je ne surveillais pas ce qu’ils faisaient, même si la pièce est ouverte. Je pouvais les voir, mais ils étaient de leur côté.
L’un des deux lisait une BD tranquillement assis dans le canapé… je ne sais pas, ils faisaient leur vie, quoi !

Et puis, au bout d’un moment, voilà que j’entends un “Non !”, fortement.
Et puis, le “Non” se répète. Je l’entends au moins trois fois. Et tout d’un coup, un geste, je ne sais pas trop quel geste, parce qu’encore une fois, je ne les surveillais pas.
Mais en tout cas, c’était Anatole qui avait dit “Non” trois fois. Et voilà que, après un petit bruit, on va dire (parce que je n’ai pas vu le geste en réalité), Anatole se met à pleurer, et au moment où je m’approche, Léon dit : “ Je suis désolé ”.  

Je suis intervenue en tant qu’arbitre

Je m’approche sans un mot. Intérieurement, je suis clairement très énervée. Donc, je savais qu’il ne fallait pas que je parle.

Ainsi, sans un mot (en fait, ils étaient tous les deux allongés sur le canapé à des endroits différents, parce qu’on a un canapé d’angle), je tire Léon pour le sortir du canapé.
Et je lui dis : “ J’ai entendu “Non” trois fois ”. Et là,  il me regarde et il s’en va. Fin de l’épisode. 

J’ai raté l’occasion du moment d’apprentissage

A posteriori, une fois que j’étais redescendue, je me suis dit :
“ En fait, je suis venue les voir. Je suis intervenue grosso modo, même si c’est sans le dire, en donnant mon point de vue (c’est-à-dire en tant qu’arbitre). J’ai donné raison à Anatole, parce qu’il avait dit non. J’ai donné tort à Léon, qui selon ma perspective, n’avait pas écouté ce “Non” et avait quand même fait des choses (en fait, c’est le fait qu’il avait dit : « Je suis désolé » juste après qui m’avait donné cette impression). »

Je ne leur ai pas donné l’opportunité de discuter entre eux.
Or, je le dis et je le répète suffisamment souvent aux parents : les disputes sont des opportunités d’apprentissage.

Qu’est-ce que je leur enseigne dans ce cas-là, en décidant d’enlever Léon ?

Alors, oui, ce n’est pas un drame, que j’ai fait cela à ce moment-là, puisque c’était ce qui correspondait à l’énergie que j’avais et que je n’étais pas disponible, parce que j’étais en même temps en train de préparer le dîner, et de discuter avec Alice. Il n’y avait pas non plus de raison que je coupe mon moment avec Alice pour me mettre là-dedans… Donc, c’était ce qui correspondait à mon état d’esprit à  ce moment-là.

N’empêche que j’étais quand même consciente que ma réaction n’était pas complètement en accord avec ce que j’aimerais apporter dans ma famille, et en particulier, la possibilité de saisir les disputes comme des opportunités d’apprentissage, pour améliorer les choses, et en particulier, améliorer leur faculté de communication.

Revenir à mon comportement : aborder le sujet

Donc, un peu plus tard, quand on s’est retrouvés effectivement à table, tous ensemble, tous les quatre en l’occurrence, mon mari n’étant pas là ce soir-là (donc, on était avec Alice, Léon et Anatole à la table), j’ai remis ça sur le tapis.

J’ai dit à Léon :

Tout à l’heure, quand je suis intervenue pour t’enlever de la situation, parce que j’avais entendu non trois fois…
Je me rends compte que cette attitude, où je me suis positionnée en voulant t’enlever de la situation sans te demander quoi que ce soit, ça ne correspondait pas à ce que j’avais envie de faire.
Je me rends compte que je suis intervenue sans rien savoir, avec le peu que j’avais vu, avec mon jugement. Et en fait, je n’avais pas forcément de quoi juger.
Et donc, je voudrais savoir comment toi, tu te sens par rapport à ça. Est-ce que tu as trouvé que c’était injuste ?”

Il m’a dit : “ Oui, complètement “ 

Je dis : “ Ah ok, dans ce cas-là, je suis vraiment désolée, parce que ce n’est effectivement pas comme ça que j’avais envie d’intervenir, en ayant une attitude qui peut sembler injuste.
Je pense que ce n’est pas avec cette attitude que je vous transmets quoi que ce soit. Donc, j’aimerais bien revenir dessus parce que je ne suis pas fière de la façon dont je suis intervenue.
Est-ce que tu voudrais bien qu’on en rediscute ?

Là, il m’a dit : “ D’accord “  Et j’ai pu lui expliquer ce qui se passait.

La demande de Pardon

Alors, avant de vous donner la suite (j’insiste un tout petit peu là-dessus), vous avez vu que j’ai bien séparé les deux choses :

  • le fait que j’aie pu avoir des raisons pour me comporter comme je me suis comportée, et
  • la façon dont je vais parler à ce moment-là et le fait que je me suis comportée comme je me suis comportée. 

C’est-à-dire que la première phase, celle de reconnexion avec lui, était vraiment dans le fait de demander pardon et de prendre mes responsabilités pour mon comportement.

Je ne lui ai pas dit : “ Je suis désolée de m’être comportée comme ça, MAIS tu vois ce qui s’est passé, c’est que moi, je suis xxx et je trouve qu’à ce moment-là, je ne suis pas d’accord pour que…
Parce que si j’avais dit ça, j’aurais justifié mon comportement. Et donc, ce n’était pas un vrai pardon, c’était : “Pardon, mais en fait, j’avais des raisons de faire ça !” 
Et dans ces cas-là, mon pardon, il n’est pas reçu.
Donc, ce que je voulais faire, c’était un vrai pardon, c’était une vraie reconnexion !
C’était lui dire : “ En fait, je me suis comportée d’une façon qui ne correspondait pas à ce que j’aurais voulu faire et je suis désolée de l’avoir fait. Et d’ailleurs, est-ce que tu as trouvé ça injuste ? Oui ! Eh bien, oui, je comprends et j’en suis vraiment désolée.” 

L’explication du point de vue de chacun

Et là, on a réparé la relation !

Et maintenant (et parfois, c’est plus difficile et il faut absolument séparer les moments. Dans le cas présent, ça se passait bien, entre autres, parce qu’on avait laissé le temps aux émotions de redescendre des deux côtés), je peux lui dire :
Voilà, je t’explique ce qui s’est passé pour moi, avec mes lunettes”
(et ça, c’est une expression que je sors directement du Cercle des Parents Heureux, où on a travaillé ensemble sur des formulations bienveillantes, même quand on est un peu en colère. Et une des choses, c’était quand l’agacement commencent doucement à monter, le fait de dire “avec mes lunettes” nous permet de transmettre ce qu’on est en train de voir avec notre perspective, sans forcément transmettre que c’est notre vérité).

Je lui ai dit : “Avec mes lunettes : j’ai entendu plusieurs fois “Non” de la part d’Anatole, puis un bruit, puis Anatole qui pleure et toi qui dis“Je suis désolé”. Donc, je me suis dit que tu avais effectivement dû faire un truc qui n’était pas adapté, puisque tu le reconnaissais toi-même en disant “Je suis désolé” alors qu’il avait dit Non. Et c’est là que ça m’a agacée. Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé, avec tes lunettes ? Parce que dans le fond, je n’ai pas tout vu.

Et il m’a dit : “ Avec mes lunettes… ” (comme on connaît cette expression et qu’on l’utilise, il la reprend tout de suite, parce qu’il la connaît).

Et là, il m’a expliqué un petit peu la situation, le fait qu’il était tout seul sur le canapé, tranquillement avec sa BD, et qu’Anatole est arrivé, et qu’il a voulu empiéter sur son espace…
Ils ont discuté un petit peu. Il lui dit : “ Laisse-moi la place s’il te plaît ?”, et qu’Anatole a dit : “Non”. Et Anatole, au bout d’un moment, a voulu imposer sa présence dans son espace à lui, en posant son propre livre au-dessus de la BD, qu’il était en train de lire. Et donc Léon a réagi en soulevant le livre d’Anatole, pour le lui renvoyer.
En faisant ça, il l’a malencontreusement un peu cogné et c’est là qu’il a dit : “ Je suis désolé ” parce que son intention n’était pas de le cogner.

Je suis d’accord, je comprends mieux ton “Je suis désolé”… Si je comprends bien, toi, ce que tu voulais, c’était faire respecter ton espace physique et pour le faire, tu as poussé le livre et c’est arrivé à un endroit que tu n’avais pas anticipé. Donc tu étais désolé de l’avoir cogné, parce que ça, ce n’était pas ton intention”.
Voilà, exactement !” me répond Léon.

Et toi Anatole avec tes lunettes ?
Avec mes lunettes…” Et donc Anatole a expliqué que selon lui, il y avait la règle du canapé, qu’il ne voyait pas pourquoi on ne voulait pas la respecter alors que d’habitude, quand c’est dans l’autre sens, c’est OK.

Moi : “Donc toi, si je comprends bien, avec tes lunettes, t’as l’impression qu’il y a quelque chose sur lequel vous étiez d’accord et puis là, il ne respectait pas l’accord.
Donc toi, tu te battais pour le fait que chacun respecte l’engagement déjà pris ? C’est bien ça ?« 

Définir le problème en tenant compte de tous

R

R

« Ok donc toi Léon, tu voulais… ? OK.
Et toi Anatole, tu voulais… ? OK.
Et du coup, maintenant que vous vous entendez l’un l’autre, est-ce que vous comprenez mieux d’où vient ce conflit ?
Les 2 répondent “Oui”.

Moi : “OK et donc, qu’est-ce que vous auriez pu faire d’autre ?

Et là, ils ont pu réfléchir ensemble sur comment mieux communiquer.

Ensuite, on n’a même pas vraiment cherché à résoudre la situation, parce qu’elle n’était plus tellement vivante.

J’ai raté et je suis désolée

Mais c’était hyper intéressant parce que du coup, j’ai pu aussi dire au passage : “ah oui, c’est ça que j’ai raté. » – qui était tres important et qui était le point de départ de mon podcast.
Puisque mon podcast, c’était surtout sur moi, plus que sur la résolution du conflit, qui n’a pas d’intérêt aujourd’hui par rapport à ce que je veux partager.
C’était sur moi et le fait de revenir sur un comportement, un de mes comportements, que j’ai jugé inadapté

Ce n’est que quand Léon a pu me parler de ses lunettes, que j’ai pu lui dire
Oui du coup, quand tu m’expliques avec tes lunettes, je comprends bien pourquoi tu as trouvé que c’était injuste. Parce que effectivement, ça ne correspond pas à ce que moi, j’avais ressenti.
Donc, je vois tout à fait ton point de vue et je suis encore plus désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait”.

C’est seulement ensuite qu’on est passé à “Et toi Anatole, avec tes lunettes ?” et qu’on a basculé sur autre chose. 

Un moment riche d’apprentissage

Du coup, on a pu conclure en disant “Je suis contente d’avoir eu cette conversation. Parce que le fait d’en parler comme ça et de voir un peu le point de vue de chacun, cela permet de se rendre compte qu’on peut en fait discuter et améliorer la façon dont cela se passe et voir les choses autrement, sans avoir à intervenir de cette façon-là.
Et mon comportement de tout à l’heure ne vous aidait pas à voir cela et donc il ne vous enseignait rien. Et là, je suis contente qu’on puisse le faire maintenant.
Donc, merci d’avoir bien voulu revenir sur cette situation avec moi”.

Et ça, pour moi, c’est riche (et c’est pour ça que je voulais vous partager ça aujourd’hui), parce que c’est une façon de toucher du doigt le fait que même quand on a des manquements à certaines théories (et là clairement, je ne peux que m’en vouloir, vous comprenez bien !
Je répète régulièrement aux parents avec qui je parle : “les disputes sont des opportunités d’apprentissage”, et je vous propose une formation sur Comment en finir avec les disputes dans la fratrie), je me retrouve là, dans une situation de conflit, à intervenir sans saisir cette opportunité, à intervenir quasiment en tant qu’arbitre, alors que c’est justement cette attitude qui met de l’huile sur le feu, etc. Forcément, je me sens un peu coupable, je me dis : “Voilà, c’est bien la peine d’expliquer cela aux parents, et puis toi, tu fais tout ce qu’il ne faut pas…

Alors évidemment, depuis le temps que je chemine, ce genre de comportement m’arrive beaucoup moins souvent qu’avant.

Mais je sais aussi que j’ai grandi comme vous tous, dans un environnement qui m’a transmis certaines choses et que même en apprenant d’autres attitudes – qui heureusement ont transformé mes comportements de parent et notre vie de famille – malgré cela, je sais que ce genre de comportement vient encore et viendra encore et peut-être toute ma vie. Parce qu’il y a des conditionnements dont il est difficile de sortir.

Mais finalement, l’important, c’est aussi de se rendre compte que, même quand on ne se comporte pas exactement comme on veut, on a toujours une chance de transformer cela en apprentissage pour nous et aussi pour les autres. 

Et en revenant dessus, en travaillant ensemble, justement, je montre aussi comment on peut faire quand on a fait quelque chose que finalement on regrette et qu’on aurait pu faire autrement. Parce que c’est un travail pour tous : et pour nous et pour eux au quotidien.

Voilà, j’espère que cela vous inspire. N’hésitez pas à laisser un commentaire positif sur Apple podcasts, si ce podcast vous a plu.
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À bientôt !

On aimerait que nos enfants s’entendent bien !
Cela demande parfois un temps d’adaptation, surtout pour intégrer un nouveau venu dans la fratrie, alors que les 2 premiers ont déjà trouvé leur fonctionnement.

Voici la question que me pose Marie, maman de 3 garçons de 5 ans et demi, 4 ans, et moins d’un an, à laquelle je réponds dans ce podcast :

“Mes 2 grands sont très proches, comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?”

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Entente dans la fratrie

Bonjour les parents qui cheminent. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’entente dans la fratrie. En fait, je réponds à une question de Marie qui m’écrit : Mes deux grands sont très proches. Comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?

Mise en contexte du cas

Alors pour mettre un peu plus de contexte, il faut savoir que les enfants de Marie ont quatre ans et cinq ans et demi pour les plus grands, et moins d’un an pour le dernier. Donc, la préoccupation est un peu une préoccupation d’anticipation, puisqu’il est logique que les deux grands (puisqu’ils ont quatre ans et cinq ans et demi) n’incluent pas encore complètement leur petit frère de moins d’un an dans leur jeu. Mais la question de Marie, c’est vraiment cette intégration dans le fait, dans le sens où : Comme les deux grands sont très proches, est-ce qu’ils vont laisser de la place à leur petit frère ?

Une étape de conscience : pourquoi se poser la question ?

Alors la question est super intéressante, parce que du coup, ce que cela m’inspire déjà, avant même de commencer à voir quels seraient les conseils pour cela, c’est la conscience de la raison pour laquelle on se pose la question, puisque l‘éducation positive, on appelle aussi cela l’éducation consciente. Et c’est un terme qui me plaît et me parle particulièrement puisque l’idée, c’est vraiment de régulièrement faire un pas en arrière et se poser des questions sur ce qu’on est en train de vivre, sur ce qu’on veut développer à long terme et sur les effets effectivement de nos attitudes par rapport à nos enfants, pour se positionner un peu différemment.

Donc déjà la prise de conscience ici (du moins ce n’est pas vraiment une prise de conscience, mais l’étape de conscience, on va dire), ce serait à mon avis de se poser la question suivante : Pourquoi Marie est attachée au fait que ces enfants se sentent tous bien ? C’est-à-dire, pourquoi tient-elle à ce que le plus jeune des enfants arrive à intégrer cette dynamique familiale déjà établie des deux plus grands ?

Connaître les besoins dans la famille

Alors la réponse peut sembler évidente, mais je trouve que c’est intéressant de se poser la question. Parce que cela permet de voir ce vers quoi on se dirige, ceux que l’on aime, ce à quoi on aspire, ce vers quoi on veut orienter notre boussole. Peut-être que dans la famille de Marie, il y a un besoin d’harmonie (chez Marie, il y a un besoin d’harmonie dans la famille). Peut-être qu’il y a un besoin de collaboration et de coopération… Selon ce qu’elle recherche exactement, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’elle va chercher à développer entre ses enfants. Peut-être que c’est un besoin d’empathie ? Peut-être que c’est un besoin de partage ? Et le fait d’être dirigée par ces envies-là, l’envie de nourrir ces besoins-là, va pouvoir lui permettre de créer des choses, qui ressemblent à ce qu’elle veut créer, et de partir de cette envie-là, c’est intéressant.

Être dirigée par ses peurs

Et à la fois, dans cette étape de conscience, il y a aussi tous les aspects positifs, qui nous attirent vers quelque chose, mais également le fait d’être parfois dirigée par ses peurs

Pourquoi se pose-t-elle la question en avance ? Peut-être parce qu’elle craint que justement, le plus jeune ne soit pas inclus dans ce duo que forment les deux plus grands. Peut-être parce que quelque part, il y a une espèce de peur du rejet, qui vient peut-être aussi de son histoire à elle. Et donc c’est intéressant d’être dirigée plus par ses envies, ses aspirations que par ses peurs. Donc, c’est intéressant de s’arrêter une seconde pour voir un petit peu ce qui se cache derrière cette question-là. Parce qu’après tout, le fait que le petit ne soit pas encore intégré au jeu des grands, pour l’instant, c’est assez naturel. Et donc, peut-être qu’il y aura rien besoin de faire pour que ça se passe tout naturellement et que cette crainte n’a pas vraiment lieu d’être. Et donc un peu comme le dit ma mère, le pire n’est pas certain !

Alors, pourquoi Marie prend-elle le temps de s’interroger en avance de phase là-dessus ? Peut-être que chez elle, il y a une peur qui fait écho à quelque chose qu’elle aurait vécu. Je ne suis pas en train de jouer les psychologues et de dire qu’il faut absolument que Marie guérisse de ses propres peurs avant d’aborder son rôle de maman. Ce n’est pas ce que je dis. Je dis juste que c’est intéressant de se poser les questions de l’origine de nos interrogations et de nos envies. 

Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale ?

Et puis du coup, (si on voit qu’il y a des peurs là-dedans) pour essayer d’en sortir, parce que finalement toutes les familles ne sont pas pareilles et toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients; Ce que je trouverais intéressant, c’est de se poser la question de justement, quels sont les avantages ? Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale dans laquelle les deux grands restent très complices sans forcément inclure le dernier ? Quels seraient les avantages pour ces deux grands et quels seraient les avantages pour le dernier ? Parce qu’encore une fois, là aussi, il y aurait des avantages. Il y a évidemment des avantages au fait qu’ils soient tous copains ensemble, mais il y a aussi des avantages à l’autre situation. Je fais exprès de traîner un petit peu dans cette, dans cette remarque-là, pour que vous ayez le temps vous-même de digérer ou de réfléchir aux avantages que cela pourrait être avant moi-même d’en suggérer. Alors, quels avantages peut-on voir effectivement à cela ?

Pour les deux grands

Effectivement, cela peut consolider leur complicité. Et bien sûr qu’on a envie que tous nos enfants s’entendent bien entre eux. Mais une complicité particulière entre deux d’entre eux, c’est leur montrer ce que c’est que d’être complice, c’est leur créer un confident, c’est leur offrir des opportunités de partage, c’est créer un lien fort. C’est une vraie opportunité pour eux.

Pour le plus jeune

Mais même pour le plus jeune, cela peut être de développer plus facilement son autonomie, de savoir se positionner, lui, sans être dépendant des grands (parce qu’il y a des familles dans lesquelles, au contraire, le petit, on est tellement attaché à lui, à le couver, etc, qu’il a du mal à considérer qu’il a sa place sans qu’on s’occupe de lui). Peut-être que si on se retrouve dans une dynamique familiale, dans laquelle les deux grands intègrent peu le plus jeune, peut-être au contraire que cet enfant va pouvoir développer une confiance en lui, qu’il développera moins s’il est mieux intégré. Vous voyez ce que je veux dire ? Je pousse peut-être un peu les choses, mais c’est intéressant de se poser ces questions-là et de voir qu’il y a des avantages et des inconvénients à toute situation. 

Comment faciliter l’intégration du petit dans cette dynamique familiale ?

Une fois qu’on a dit cela et qu’on a pris conscience, on peut quand même se poser la question de comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale, comme Marie se questionne. Alors déjà, le premier point, le premier conseil que j’aurai à donner à Marie là-dessus, c’est que, c’est toujours plus facile de chercher plus de quelque chose que moins de quelque chose.

Chercher les moments où le petit est intégré

Au lieu de s’attacher, de s’arrêter sur les moments où le petit n’est pas intégré et essayer de faire disparaître ces moments-là, il vaut mieux chercher les moments où le petit est intégré et essayer de développer ces moments-là. Et c’est toujours plus simple de développer quelque chose qui existe déjà, qu’on veut faire grandir et à qui on veut donner plus de place, que de partir de quelque chose qu’on veut voir disparaître. Parce que l’énergie, qu’on met face à quelque chose qu’on a envie de voir grandir, est justement dans la construction, dans l’élan, dans le développement, contrairement à cette énergie un petit peu négative de rejet, en fait.

Accentuer ce moment d’intégration

Et partant de là, ce qui est intéressant, c’est d’accentuer les moments où ça arrive. Parce qu’il y a forcément (même si les grands ont une grande complicité), certains moments où le plus jeune est effectivement intégré. Et donc le premier comportement, qui peut aider de la part du parent, est d’accentuer les moments où cela arrive. Par exemple, une réflexion de cet ordre : J’ai l’impression que vous passez un chouette moment tous ensemble. 


Et là, vous voyez bien que dans ma réflexion, je suis uniquement dans la description : j’ai l’impression, mais je n’affirme rien. Je pose comme hypothèse qu’ils passent un chouette moment tous ensemble. Eux, ils ont le droit de penser cela ou de penser autrement. Ou alors, on peut même leur poser la question en fin de journée : C’était chouette quand vous avez fait ça avec votre petit frère ? Et, ils ont le droit de répondre comme ils ont envie. Moi, ce que je fais en faisant ces descriptions et en les interrogeant, c’est que je les aide à ancrer en eux le fait qu’ils passent effectivement de bons moments avec leur petit frère

Mais je ne suis ni dans le compliment, ni dans l’évaluation. L’évaluation, ce serait quelque chose du type : C’est chouette quand vous passez un moment avec lui. Bravo pour ça les garçons ! Ah, vous êtes tellement gentils de l’intégrer à votre jeu.

Là, on est dans le compliment et dans l’évaluation. Et cela risque de développer (je le dis rapidement, mais c’est intéressant quand même, de voir quand on veut accentuer quelque chose qu’on aime, de quelle manière le faire), d’accentuer un aspect, de développer (si on est trop dans le compliment et l’évaluation) un comportement, qui est lié plus au fait de le faire pour faire plaisir à la maman en l’occurrence, plutôt que de le faire pour le plaisir de le faire soi-même. Et cela change tout par rapport à la motivation interne ou externe (et donc le fait que cela continue à être fait, quand on n’est pas là par exemple). Et puis, aussi le fait de le faire parce qu’on a envie de le faire et non pas de se mettre à se comporter de sorte à plaire à l’autre, d’être plutôt à l’écoute de ce qui se passe en nous, pour les enfants. Donc, c’était le premier point “accentuer les moments où cela arrive”, juste en le soulignant, le décrivant. S’arrêter dessus pour que nos enfants voient ce qui se passe et qu’ils s’en rendent compte également.

Accentuer ce moment avec une sorte de rituel

On peut même accentuer cela aussi avec une espèce de rituel qui serait la complicité du jour, par exemple.
Ainsi, tous les soirs, on pourrait dire : Tiens, quel a été le moment complice du jour ? Et chaque jour, noter ou décrire un moment où il y a eu une complicité avec un autre membre de la fratrie ou un autre membre de la famille. Cela pourrait être aussi avec maman ou papa. Mais forcément, quand on fait ça, il y aura des moments où il y aura complicité avec le plus jeune. Et encore une fois, c’est une façon de le mettre en valeur et donc d’aider l’enfant à être conscient de cette complicité, qui existe déjà même avec l’enfant qui est plus jeune. Donc, avec ce rituel, ils sont pro-actifs et ce sont eux qui cherchent.

Créer des opportunités pour intégrer le plus jeune

Le deuxième conseil, qu’on peut donner et qui va se décliner de différentes manières, est le fait de créer des opportunités pour intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale. Donc quel genre d’opportunité il peut y avoir ?

Développer l’empathie

Alors déjà, pour intégrer le plus jeune, il y a cette notion de développer l’empathie.  Plus on a de l’empathie pour quelqu’un, plus on est proche de lui, plus on l’intègre dans nos préoccupations. Donc, un jeu du type “Se mettre à la place d’eux” me semble une piste pour pouvoir développer un peu l’empathie envers le plus jeune. J’imagine quelque chose du type :  Tiens, on fait un jeu ! On imagine que là t’es ton petit frère. Comment vois-tu les choses depuis son point de vue, quand ça se passe comme ça ? 

Et donc se mettre à leur place, se mettre dans leurs chaussures, dans leur peau, c’est voir le monde d’un autre œil et donc depuis l’œil de l’autre. Cela peut permettre de développer aussi la complicité indirecte, en fait, dans la mesure où on comprend mieux ce que vit l’autre et donc on a plus envie d’être avec lui. C’est une première opportunité.

Faire des plus grands, un exemple pour le petit

La deuxième opportunité, c’est de demander aux plus grands de montrer à leur petit frère comment on fait quelque chose. Alors, je ne parle pas forcément d’enseignement au sens de “Apprend lui à”, parce que les enfants, qu’on met en position d’enseignant, peuvent parfois prendre une posture un peu trop dans la directive (comme ils le reçoivent souvent de ceux qui leur enseignent), dans la correction, dans les remarques de ce qui ne va pas, etc. Donc juste veiller à cela, quand on encourage un de nos enfants à enseigner quelque chose à un autre enfant, qu’il soit plus grand ou plus petit d’ailleurs (parce que parfois, il y a des plus jeunes qui savent faire des choses que des plus âgés ne savent pas encore faire. Ce n’est pas forcément lié à l’âge, même si ça l’est souvent puisque c’est une question d’expérience). Mais, ne serait ce que de montrer, parce qu’en fait, si on peut expliquer à nos enfants que chacun apprend particulièrement par le modèle, on peut, dans ce cas, les encourager à montrer des choses (que tu n’as pas expliqué). 

Et montrer quelque chose pour inspirer l’autre et ici inspirer en l’occurrence le petit frère, c’est une bonne façon d’inclure le petit frère dans la dynamique familiale. J’imagine, par exemple, (je l’ai en tête en même temps que je dis cela) à un petit enfant, qui est en train de jouer avec un jeu pour passer des formes dans des trous (vous voyez comme c’est souvent le cas autour d’un an). On peut très bien imaginer un des grands, qui joue à cela devant lui, juste un moment. Il joue devant lui parce que lui, il va savoir mettre les bonnes formes au bon endroit et puis, c’est tout. Ensuite, il laisse le bébé faire. Mais il le laisse faire sans commenter, parce que le plus jeune a besoin aussi d’essayer, de se tromper, etc. Mais, le fait d’avoir vu le grand frère faire, il va voir que c’est possible. Cela peut être une façon de créer de la complicité entre les enfants. 

Faire un petit jeu spécifique

La troisième idée qui me vient, c’est de faire, carrément, un petit jeu spécifique. Si vraiment Marie a envie de développer cela chez ses enfants, elle peut créer un petit jeu avec ses grands :

  • avec des papiers à tirer pour faire une activité minute avec le petit frère, 
  • des petits défis comme jouer à coucou avec ton petit frère, faire rire ton frère, 
  • cela va être de chanter une chanson, … 

Des choses comme cela, cela peut être des petites activités, qu’elle encouragera à faire, sous forme de jeux avec les plus grands.

Inclure soi-même le plus jeune

Et la dernière idée que j’ai et qui va faire le lien avec cette espèce de parentalité consciente, c’est tout simplement d’inclure soi-même le plus jeune dans certains jeux qu’on fait avec les plus grands. 

Et pourquoi cela ferme la boucle ? Parce qu’encore une fois, nos enfants n’apprennent jamais mieux que par le modèle. Et donc si on se pose la question de comment ils peuvent, eux, intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale, la meilleure façon de faire, en fait, c’est de le faire nous-mêmes.
C’est-à-dire (explicitement en le faisant, mais sans forcément l’expliciter oralement) nous en incluant le plus jeune. Ainsi, voici les exemples qui me viennent en tête : 

  • J’ai des souvenirs de moments où on faisait des jeux de société avec nos plus grands, que les plus jeunes étaient à côté de nous. On leur donnait certaines pièces. Typiquement si on jouait aux échecs, au fur et à mesure que les pièces d’échecs étaient éliminées de l’échiquier, les pièces éliminées pouvaient être mises dans les mains du plus jeune, qui jouait avec ces pièces. De sorte que, d’un certain côté, il était avec nous dans le jeu, même s’il ne participait pas au jeu, puisqu’il n’en avait évidemment pas la possibilité à ce moment-là. Mais cela permettait quand même qu’il soit inclus dans l’activité, puisqu’il jouait avec les mêmes choses et à côté de nous.

Et le faire nous-mêmes, c’est aussi une façon de montrer à nos enfants comment ils peuvent aussi le faire eux-mêmes (à un moment, par exemple, où les deux grands décident de jouer ensemble et d’avoir quand même la possibilité, pour le petit frère d’être à côté sans que ce soit dérangeant, en se sentant faire partie de la démarche). 

Voilà les conseils que j’aurais aujourd’hui pour Marie. J’espère qu’ils vous ont parlé à vous aussi. Si vous avez aimé ce podcast, n’hésitez pas à lui mettre cinq étoiles sur votre plateforme de podcast et à le partager avec des parents que cela pourrait intéresser. Et puis, si vous avez d’autres idées pour inclure le plus jeune, n’hésitez pas à m’envoyer un message sur coralie@les6doigtsdelamain.com  ou à laisser un commentaire sous l’article de ce podcast. 

Et si vous avez d’autres questions à m’envoyer, auxquelles vous aimeriez me voir répondre dans ce podcast, de la même façon, vous pouvez me les envoyer par mail à coralie@les6doigtsdelamain.com.

À bientôt et bon cheminement

La parentalité positive peut parfois être dogmatique, je le sais. Et pour certains parents, cela crée un stress qui les paralyse ou les laisse perdus.
Certains disent même que cette éducation non violente fait culpabiliser les parents…
Conscients de ce qu’il “ne faut pas faire”, ils essayent d’appliquer des principes généraux sans avoir pris le temps de développer d’autres compétences. 
Par exemple, le principe qui veut que éducation positive et punitions ne fassent pas bon ménage.
Donc, du jour au lendemain, on leur dit de ne plus punir leurs enfants.
Oui mais… comment poser des limites sans punitions ? Y a-t-il vraiment des alternatives ?

Je ne dis jamais aux parents que j’accompagne d’abandonner de but en blanc les punitions. Non. Punissez vos enfants, si c’est aujourd’hui votre manière de poser vos limites. 
En revanche, j’aime encourager les parents à comprendre pourquoi et quand ils punissent. Je leur transmets pourquoi l’éducation positive déconseille les punitions. Je leur explique que c’est possible de faire autrement, et que je ne punis plus mes enfants depuis des années. 
Et surtout, je les accompagne à développer d’autres manières de faire, d’autres outils AVANT d’imposer un monde sans punition dans lequel, faute d’alternatives, ils se sentent débordés !

Il me semble important de parler de tout ça aujourd’hui, dans un contexte dans lequel on entend de plus en plus de parents perdus devant des principes d’éducation positive qu’ils ont tendance à confondre avec du laxisme…
(Je sais que la présentation « à la française » de l’éducation positive – par des auteurs comme Filliozat ou Gueguen, qui font un travail formidable pour promouvoir la bienveillance – peut mener à ce genre de confusion. Ne vous arrêtez pas à cela, ce serait dommage de retomber dans une violence éducative qui ne tiendrait qu’à un manque de méthode !)

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici les enregistrements.

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Ce qui m’a inspiré cet article mêlant éducation positive et punitions

Le week-end dernier, je suis allée jusqu’à Bordeaux (je vis à Londres) pour assister au congrès Innovation en Education organisé par Julien Péron et son équipe. Un week-end dense et inspirant, pour lequel je n’ai pas regretté de me déplacer. 
Le congrès est un endroit de rencontres, et toutes les conférences sont sources d’apprentissage, de réflexion, et surtout d’inspiration ! 

J’ai cependant été dérangée par la fin de la conférence de Guila Clara Kessous. 
Guila nous a principalement parlé des principes de communication prônés par Faber et Mazlish, rien de bien nouveau pour moi, qu’elle relie à la psychologie positive, puisqu’elle a suivi le cours sur le bonheur de Tal Ben Shahar à Harvard. (un auteur que j’avais d’ailleurs évoqué dans mon article « Développer sa capacité au bonheur« )

Pourtant, au moment des questions, une maman l’interroge :
“Et que dit l’éducation positive sur les punitions ? Parce que moi, je n’arrive pas à faire autrement avec ma fille de 16 ans…”

Réponse de Guila (forcément mal retransmise puisque nous sommes 24h plus tard au moment où j’écris ces lignes, dans le TGV vers Paris) :
“Bon.. c’est sûr qu’il ne faut pas de punitions trop humiliantes, mais quand même, c’est ok de poser des punitions, car les enfants ont besoin de limites. L’idée va être de leur donner un choix type “préfères-tu que je te prive de téléphone ou … «  » – je ne sais plus quelle était l’autre option.

Pardon ???
C’est à dire que cette intervenante, qui cherche à porter la voix de Faber et Mazlish – et qui propose du coaching pour aider les parents de surcroît – nous explique la “bonne” manière de poser des punitions ? 
Donc, si je l’écoute, éducation positive et punitions, ça colle. Ou en tout cas, elle véhicule l’idée qu’il existe une forme de « bonne punition »…
Mais a-t-elle vraiment lu Faber et Mazlish jusqu’au bout ?

J’aurais apprécié qu’elle réponde plutôt :
“Faber et Mazlish, et l’éducation positive dans son ensemble, ne valident pas les punitions, non.
Cependant, en tant que maman, je me heurte à une vraie difficulté à poser mes limites autrement, et voici comment je compose avec ça…”

Ça aurait été à la fois précis et honnête. 

En réalité, ce que dévoile vraiment Guila Clara Kessous, c’est qu’elle est en cheminement, et que sur son chemin, elle n’est pas encore sortie des punitions.
Et ça, c’est ok. Parce que c’est difficile. Parce qu’éduquer sans punition, c’est tout un processus. C’est un vrai changement de posture éducative en fait.

Dans ce contexte, savoir qu’on n’est pas encore en mesure d’appliquer au mieux tous les principes de l’éducation positive, c’est une chose.
Modifier ces principes pour qu’ils collent à ce qu’on fait, c’en est une autre.
C’est transformer les choses parce que ça l’arrange, ça lui permet de punir son enfant tout en affirmant garder une attitude bienveillante.
Et ça transmet une image fausse ce qu’est vraiment l’éducation positive.

Donc, ça m’a donné envie de répondre à mon tour !

Faisons ensemble le point sur

  • l’éducation positive et les punitions
  • le cheminement du parent

Le point de vue de l’éducation positive sur les punitions

Avant tout, reprenons la réponse à cette question posée, qui était assez claire : “Que dit l’éducation positive sur les punitions ?” – et, en particulier dans le cadre de cette intervention : « Que disent Faber et Mazlish sur les punitions ? »

La réponse est sans ambiguïté : Faber&Mazlish sont contre. 
Comment dire ? Le chapitre 3 du livre Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent (celui que nous citait l’intervenante) s’intitule quand même “Remplacer la punition”.
Peut-on vraiment être plus clair que ça ?

Elles m’avaient d’ailleurs bien aidée à évoluer sur cette méthode qu’évidemment, moi aussi, j’utilisais ! Je suis partie sur ce chemin avec l’intention d’arrêter de crier, et je me suis retrouvée embarquée (avec joie) dans toute une nouvelle manière d’éduquer !

F&M précisent même que Haïm Ginott, leur mentor, pense qu’un enfant devrait vivre les conséquences de son comportement, mais pas de punitions.
Selon lui, il n’y a pas de place pour des punitions dans une relation de confiance.

Et voici, pour soutenir ce point de vue, ses arguments phares : 

  • La punition est une distraction
  • La punition n’enseigne rien
  • La punition “dédouane”
  • La punition favorise rancoeur et rapport de force

Voyons ce que chacun de ces points signifie vraiment. 

La punition est une distraction

L’enfant puni va très probablement trouver cela injuste. 
Tout simplement parce que le priver de télé parce qu’il a mal parlé à son frère, bon sang, “ça n’a rien à voir !!” (mots rapportés par une maman que j’accompagnais)

Donc, dans son coin, il va ressasser toutes les raisons pour lesquelles c’est injuste, et focaliser sur son ressentiment. 
Est-ce qu’à ce moment-là il réfléchit à ce qu’il a fait ? Absolument pas ! 

Au contraire, on lui a servi une distraction sur un plateau, et il va donc pouvoir ignorer ce qu’il a fait. 
En fait, la punition prive l’enfant de son travail de prise de responsabilité.

(Ce à quoi on ne réfléchit même pas dans une éducation traditionnelle qui se contente de reproduire ce qu’on a vu nos parents faire…)

La punition n’enseigne rien

L’un des grands principes de Haïm Ginott, c’est que “Pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”. 

En cela, il rejoint complètement l’un des principes d’Adler (sur lesquels se fonde la Discipline Positive) : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

L’idée – que je ne vais pas creuser ici, mais que vous pouvez aller creuser dans cet article si le coeur vous en dit – , c’est que si un enfant se comporte de manière inappropriée, c’est que c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, dans l’humeur qu’il a. 

Est-ce que ça veut dire que c’est ok de se comporter mal ? Non.
Et nous le lui dirons.
Mais nous ne nous arrêterons pas là. 

Car notre rôle, à ce moment-là, est également de l’aider à développer des alternatives.
Pour qu’il puisse, la fois suivante, agir autrement. 
C’est bien ce que nous cherchons à obtenir, non ? 

Est-ce que la punition lui apprend comment faire autrement ? Il ne me semble pas…

Imaginons par exemple un enfant qui en insulte un autre. 
S’il en arrive là, c’est probablement que ça bout à l’intérieur de lui. 
Si la réaction de l’adulte est de le punir, est-ce que ça lui donne des pistes pour savoir comment réagir AUTREMENT la fois suivante, quand ça bout à l’intérieur ?Absolument pas.

Si l’on veut que les choses changent, on aura plutôt intérêt à l’aider à savoir comment traverser son émotion, à l’aider à développer son empathie, à lui apprendre à dire ce qu’il vit tout en en assumant la responsabilité, etc… Là, on sera dans l’enseignement.

Ah, c’est sûr, c’est plus long…
Qui a dit que la parentalité positive était facile ? C’est un des aspects qui la distingue de la permissivité !

La punition “dédouane”

Quand on a commis un crime, on paye. Et ensuite, on repart de 0. 
C’est comme ça en tout cas que notre système de justice fonctionne, et cela fait donc, consciemment ou non, partie de nos croyances ancrées. 

Ainsi, au collège, l’enfant qui enfreint les règles reçoit en punition une heure de colle. 
Une fois qu’elle est faite, il ou elle a payé, et on peut passer à autre chose. 

Pas besoin de réparer quoi que ce soit, de s’interroger sur la raison de la règle ou sur l’implication de son infraction. Juste une punition, c’est tout. 
Ah.. et puis rien non plus, pour reprendre le point précédent, en terme d’enseignement pour savoir faire autrement. 

Clairement, je peux vous dire que mon fils Léon, qui a reçu récemment sa 1e heure de colle en 6ème, trouve que la punition est injuste (a donc eu du mal à discuter avec moi de ce qu’il s’était vraiment passé – manque de responsabilité…), n’est pas plus avancé sur comment moins discuter en classe, et, maintenant que l’heure de colle est faite, considère que c’est de l’histoire ancienne. 
Ah… sauf que quand même, il en veut à sa prof, et est donc moins bien disposé à son égard… ce qui conduit à l’argument suivant : 

La punition favorise rancoeur et rapport de force

Enfin (j’écris “enfin” parce que je vais m’arrêter là dans les arguments, mais j’aurais pu continuer à ajouter à cette liste..), la punition nuit à la relation. 

Quand vous punissez, vous imposez. 
Vous n’êtes pas avec, vous êtes contre. 
Et vous êtes en train de passer le message suivant : “Je détiens tout pouvoir sur toi.”“Je suis plus fort, et je peux t’imposer ce que je veux”. 

Sauf que personne n’aime entendre ça. 

En général, quand on cherche à contrôler quelqu’un, ça a plutôt tendance à le pousser à se rebeller, l’avez-vous remarqué ?
Ça nuit à la coopération.

Clairement, le résultat, c’est une déconnexion. 
Là où, je vous le rappelle, ce qui nous permet d’avancer ensemble, c’est bien la connexion !

O

Si vous êtes trop souvent dans cette démarche de déconnexion, le résultat sera une absence de lien, tout simplement. 

Et peu à peu, la punition encouragera plus à la dissimulation qu’au partage. 
C’est logique, non ?

A la place, simplement écouter son enfant crée parfois une toute autre dynamique… Oui, l’écoute active mériterait à être enseignée à tous les parents…

Remarque : cette dissimulation sera encore plus systématique chez les ados que chez les enfants.
Non pas parce que les enfants en auront moins envie, mais parce que c’est plus facile pour un ado, à moins de l’enfermer à la maison…

Thomas Gordon écrit d’ailleurs (dans Parents Efficaces) : “Dans les familles où les parents se sont basés principalement sur leur pouvoir pour contrôler et diriger leurs enfants au cours de leur jeune âge, les parents se préparent inévitablement un dur choc lorsque leur pouvoir perdra son importance et qu’ils n’auront plus ou presque plus d’influence.”

Conclusion : la punition n’est pas seulement inefficace mais carrément contre-productive ! 

Pour bien comprendre l’impact de la punition 

Je sais que tout ceci peut rester un peu théorique. Ça vaut pourtant la peine de s’y attarder un peu…
Car l’idée de l’éducation positive, c’est surtout d’être une éducation consciente !

Alors, à la manière de F&M, j’aimerais vous proposer une projection, pour que vous appréhendiez mieux tous ces points. 
On va jouer à “mets-toi dans mes chaussures” ! 
Vous êtes prêt ? C’est parti. 

Vous êtes puni

Partons d’une situation évidemment rarissime, puisque nous, parents, savons toujours comment bien nous comporter… et imaginons un parent qui crie sur ses enfants.

Dans le fond, ce parent sait que ce n’est “pas bien”, et il n’en est d’ailleurs pas fier…
(combien de fois je vous ai entendu parler de cette culpabilité qui vient après les cris..)

Ça vous est déjà arrivé ? 
Bon, j’imagine que oui.. comme à moi… alors qu’on a l’impression de faire de notre mieux, pas vrai ?

Donc imaginez que, dépassé par la situation, vous avez crié sur votre enfant. 
Imaginez maintenant que quelqu’un (l’autre parent par exemple) vous donne une punition pour sanctionner ce comportement inadéquat, et “poser des limites”.

Qu’est-ce que ça fait en vous d’être puni ? 

Je parie que, comme l’explique Haïm Ginott : 

1- Vous êtes tellement furieux contre votre partenaire qui se permet de juger ce que vous faites sans savoir ce que vous avez traversé avant d’en arriver là, que vous ressassez ce ressentiment sans repenser, justement, à ce qui vous a conduit à ça.

2- Vous n’êtes pas plus avancé ni plus compétent pour éviter les cris la fois suivante

3- Ce qui n’est pas grave, puisque dans le fond, vous considérez que vous avez “payé” pour ce que vous avez fait, ça efface l’ardoise, et vous pouvez repartir d’une page blanche, sans vous poser plus de question.

4- En revanche, vous sortez de l’expérience avec une rancoeur contre votre partenaire, qui vous pousse à ne plus lui faire confiance… et d’ailleurs, la prochaine fois que vous criez sur vos enfants, vous éviterez de le lui dire ! 

cqfd.

De quoi auriez-vous eu besoin à la place de la punition ?

Allez-y, prenez une minute pour y réfléchir. 

Vous avez crié sur votre enfant… et ce serait une bonne chose de faire face à vos responsabilités.
Qu’est-ce qui pourrait vous aider ?
Quelles attitudes pourrait avoir votre conjoint qui se révèleraient bien plus “productives” que la punition ?

Voici ce qui me vient, lorsque je me projette… à vous de voir si ça vous parle. 

Écoute et compréhension

D’abord, j’aimerais qu’il m’écoute. (Je dis “il”, parce que j’applique ce raisonnement à mon cas, mais libre à vous de changer le pronom !)
Qu’il m’aide à comprendre ce qu’il s’est passé en moi. Sans me juger. 
Je n’attendrais pas de lui qu’il me dise que j’ai eu raison et que c’était une bonne chose, bien sûr que non, mais pas qu’il me juge pour autant.

En fait, j’attendrais de lui qu’il m’aide à voir le problème en face. A faire face à ce qui a causé ce comportement. 
J’aimerais qu’il m’aide à mieux me comprendre.
Car j’avais une raison, c’est sûr. Et même une raison positive. Mais elle peut être difficile à voir.

Expression de soi

Ensuite, s’il ressent que c’est inacceptable pour lui (je vous rappelle que nous traitons ce cas comme un parallèle à ce qui peut nous arriver avec les enfants), j’aimerais qu’il me le dise gentiment, en parlant bien de lui. 

Ça ressemblerait à quelque chose comme : 
“J’entends comme ça a dû être difficile pour toi, et je comprends mieux comment tu en es arrivée là. De mon côté, je sens que ça me secoue, et ça ne me convient pas d’être dans une maison où l’on se crie dessus. Je ne suis pas d’accord. Est-ce qu’on pourrait voir ensemble comment on pourrait éviter ce genre de situation à l’avenir ? »

Aide à la recherche de solution

Enfin, on discuterait de nos idées. 

Par exemple, si on s’aperçoit que je deviens impatiente quand le rythme est trop soutenu en fin de journée, on pourrait chercher ensemble comment l’alléger un peu. 
Il pourrait aussi m’aider à chercher comment j’aurais pu réagir autrement, pour que j’aie plus de chances d’avoir d’autres idées la fois suivante. 
On pourrait convenir d’un signal entre nous pour qu’il prenne le relai quand je sens que je vais déborder. 

Quelle différence cela fait-il ?

Est-ce que vous sentez à quel point, avec une telle démarche, le message est différent ? 

Dans le premier scénario, je me sens dévalorisée, incapable, et je me retrouve en colère, à rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. 

Dans le deuxième scénario, je me sens comprise, soutenue, et encouragée pour avancer et m’améliorer. 

Voyez-vous mieux la différence entre éducation positive et punitions ?

Alors, lequel des ces deux chemins préférez-vous ?

Continuez quand même de punir vos enfants, ou comment on réconcilie (temporairement) éducation positive et punitions

J’en arrive enfin à l’objectif de cet article. Celui de faire baisser la pression

Rome ne s’est pas faite un jour. Arrêter de punir ses enfants demande un cheminement.
C’est ok.
Vous faites de votre mieux, et c’est déjà pas mal ! 

Vous vous êtes lancé dans une démarche de parentalité bienveillante, qui demande du temps et de l’énergie.
Eduquer nos enfants, en soi, c’est un travail difficile ; les éduquer en intégrant les apports des neurosciences et de la communication non violente pour devenir des parents bienveillants, ça l’est encore plus.
Adoptons donc une approche bienveillante envers nous-mêmes également, et abandons l’image du parent parfait.

Donc, oui, l’objectif est bien de se débarrasser des punitions, et il n’y a pas de raison que vous ne puissiez pas le faire. 
Mais, encore une fois, pas du jour au lendemain.

D’ailleurs, au passage, vous verrez que vous risquez, en cherchant la « bonne » façon d’éduquer, de basculer parfois entre une attitude laxiste et une éducation autoritaire, voire un peu violente…
La question centrale restera la même : quelles sont les limites à poser, et comment les poser dans un cadre bienveillant.

La remise en question

Si vous me lisez encore, c’est probablement que vous commencez à votre tour à remettre en question la punition. 

C’est déjà un grand pas ! 

Parce que sortir d’un modèle qu’on connait, c’est accepter de s’ouvrir à d’autres possibilités, c’est accepter de sortir de sa zone de confort. 

Voir les choses d’un autre point de vue, c’est un gage d’ouverture d’esprit. 
Et c’est un énorme premier pas vers le changement. 

On ne peut pas changer avant de s’être ouvert à la possibilité que c’était possible.

Donc, si ce que vous avez lu jusqu’ici est déjà une remise en question, restez un peu avec ça.
Le temps que ça infuse. 

Les alternatives

Ensuite, si vous voulez sortir des punitions, vous aurez besoin de développer d’autres outils. 
D’avoir des alternatives à votre disposition. 

Ben oui, parce que sinon, vous allez vous retrouver perdu devant un comportement inadéquat. 

Vous ne voudrez pas punir, parce que vous avez bien compris que ça n’aiderait pas, mais vous n’aurez pas d’autre idée. 
(normal, puisque la punition reste LA méthode de votre entourage)

Alors, vous risquez fort de ne rien faire, et c’est là que BOUM vous basculerez sans l’avoir voulu dans la permissivité… parce que vous ne saurez plus comment poser vos limites. 
Et puis.. vous souffrirez de la situation, alors vous craquerez, et BOUM, vous retomberez dans l’autoritarisme.
Et puis, vous regretterez… alors… vous m’avez comprise ! 

Donc, on prend les choses dans l’ordre, on ne laisse pas tomber tout le cadre d’un coup, on apprend d’abord à le poser autrement

Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ?

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Et tant mieux, en fait, si ça prend un peu de temps.

Parce que… ça m’amène à mon avant-dernier point.

Le contexte

Je vais être honnête : même si vous pouviez magiquement savoir manier les alternatives, elles ne fonctionneraient probablement pas avec vos enfants.

Je vous entends d’ici : “Pardon ? Tu es en train de me dire que la parentalité positive ne fonctionne pas ?”
Non. Je suis en train de vous dire que si on cherche à changer de méthode sans avoir changé le contexte, ça ne marche pas. 

C’est logique dans le fond. 
Allez, reprenons le jeu de “mets-toi dans mes chaussures” pour que vous compreniez bien.

Vous travaillez dans une entreprise, et votre responsable supérieur est dans une relation complètement verticale. 
Il vous impose son point de vue sans vous demander votre avis, il vous critique et vous sanctionne quand vous faites des erreurs, il surveille tout ce que vous faites et n’écoute pas vos raisons d’agir quand les actions ne lui conviennent pas. 
Clairement, vous êtes plein de rancoeur, et sans aucune envie de collaborer avec lui. 

Un jour, il lit que son comportement n’aide pas ses employés à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Il lit que la confiance et l’autonomie ont bien plus de chances de créer une ambiance propice à un travail bien fait. 

Le lendemain, il décide qu’il ne va plus surveiller. Comme ça, d’un coup.
Est-ce que vous allez immédiatement vous mettre au travail avec plaisir, ou est-ce que, plutôt, vous en profiterez pour en faire le moins possible ?

Vous m’avez comprise, n’est-ce pas ? 

La relation

Avant de se débarrasser des punitions, et d’utiliser d’autres méthodes pour poser nos limites, il va nous falloir créer un climat de confiance et de coopération. 
On va travailler sur la relation avec notre enfant.
C’est la relation qui est au coeur de la parentalité positive. 

Je ne sous-entends que vous n’avez pas une bonne relation avec votre enfant.
Mais compte-tenu du modèle ambiant, vous avez peut-être ue relation toute verticale, correspondant à la croyance reçue que l’adulte est supérieur à l’enfant, et que ce dernier devrait juste lui obéir sans discuter.

La parentalité positive encourage à développer une relation plus horizontale.
Une relation d’échange et de confiance.

C’est d’ailleurs ça qui est beau ! 
Parce que tout est là : dans cette belle relation qu’on veut avoir avec eux.

Et franchement, ça en vaut la peine !!
D’ailleurs, quand j’ai demandé à Oscar, mon fils de 21 ans, ce qu’il pensait être les bienfaits de l’éducation qu’il avait reçue, il a cité en premier « l’ambiance familiale » !

Le courage d’avancer sur le chemin

Voilà, j’arrive au bout de mon article. 
J’espère vous avoir transmis à la fois de l’inspiration, et du lâcher-prise. 

Je sais que ce chemin de “poser ses limites sans recourir à la punition” peut être effrayant. 

Parce qu’il sort des sentiers battus, et que les objections s’enchainent dans notre cerveau qui cherche à revenir à ce qu’il connait : 
“Et si ça ne marche pas ?”
“Et s’ils deviennent des enfants rois ?”

Alors, pour conclure, j’ai envie de reprendre ce que nous transmettait ce week-end Victoria Guillomon, que j’ai également découverte au congrès Innovation en éducation (comme ça, la boucle est bouclée) : est-ce que vous préférez être guidé par la peur ou par l’amour ?

A vous de faire votre choix.