« Tu sais maman, t’es une super maman »… alors que j’ai craqué !!
Il y a des jours avec et des jours sans… Les jours où l’on est le parent que l’on a envie d’être, et les jours où l’on se transforme en maman qui craque…
Je crois vraiment que l’on progresse en se construisant sur nos succès, et en s’inspirant des succès des autres également. C’est pourquoi je lis tant, et pourquoi je partage tant avec vous.
Il y a peu, je vous racontais comment j’avais réussi à garder la tête froide devant la colère de mon fils.
Mon histoire aujourd’hui est contraire : il n’a pas gardé la tête froide devant ma colère !
Laissez-moi vous raconter…
En ce moment, notre rythme est en phase avec celui du générateur, puisque, depuis le passage de l’ouragan María, c’est lui qui nous donne l’électricité et l’eau (qui ne monte pas dans l’appartement si la pompe ne peut fonctionner).
Ainsi, tous les soirs, à 18h, c’est la course : c’est à la fois l’heure de la douche et de la préparation du repas, puisque j’essaye de faire dîner les petits avant 19h.
Hier, je m’y suis prise tôt, à 17h30, je prévenais déjà Léon et Anatole (6 et 3 ans) que la douche interviendrait une demi-heure plus tard, et qu’il faudrait que le salon soit rangé avant, ce qui ne semblait pas difficile, puisqu’il y avait peu de choses qui trainaient… en théorie, ils étaient bien d’accord. En attendant, ils continuaient à jouer.
A 18h, alors que je pouvais lancer ma cuisson, ils jouaient toujours. Je les avertis que je serai prête pour la douche 10 minutes plus tard. Mais 15 minutes plus tard, rien n’a changé, et je suis usée…. Fatiguée de me battre, je me sens impuissante.
Je décide d’y être indifférente, de ne plus me battre, et annonce simplement que je vais me doucher, et qu’ils pourront se doucher seuls lorsqu’ils auront rangé le salon.
Seulement, mon indifférence ne tient pas devant leurs cris :
« Je voulais me doucher avec toooooooi !!!
– Alors pourquoi n’as-tu pas rangé ? Ca fait presqu’une heure que je vous le dis ! Je suis venue le répéter, une fois, deux fois, trois fois, et vous n’avez rien fait !! (oui, je sais, tout ce qu’il ne faut pas dire !! Je ne me sens pas très fière…) »
La conversation tourne en boucle, et mes velléités de rester calme s’estompent peu à peu…
Oui, je deviens la maman qui craque.
Je finis par comprendre que je fais plus de mal que de bien en restant, et je pars enfin prendre ma douche, seule, les laissant pleurer seuls dans le salon.
Lorsqu’ils me rejoignent, ma douche est terminée, personne n’est encore calmé, et je me réfugie dans ma chambre.
Je suis là, en serviette, en train de pleurer, repensant à la manière dont j’ai (mal) géré la situation, m’interrogeant sur ce qu’il aurait fallu faire, triste de ne pas avoir pu partager ce moment avec eux, ne sachant pas non plus comment j’allais faire pour que mon plus petit soit lavé (Léon peut le faire seul, mais va-t-il prendre l’initiative d’aider son frère ?)…
C’est alors qu’Oscar (15 ans) entre, pour me demander je ne sais quoi.
Il me voit abattue et me dit :
« Tu sais maman, t’es une super maman. C’est pour ça que tu te sens mal comme ça.
Il y a beaucoup de familles dans lesquelles des scènes comme ça, il y en a tout le temps, et c’est justement parce que ça arrive peu chez nous que tu te sens si mal. Et si ça arrive peu, c’est grâce à toi. »
Merci, mon grand !!
De l’autre côté de la porte, j’entends mon Alice (10 ans) qui amène Anatole à la douche. Elle aussi a compris que je n’étais plus capable, et que j’avais besoin de soutien à ce moment-là.
Merci ma grande !
Bon sang, ce n’est pas facile tous les jours, mais nous restons une famille unie, et c’est ça qui compte !!
Un peu plus tard, une fois calmée, je me suis assise avec mes deux plus jeunes, et nous avons essayé de chercher comment nous pourrions éviter qu’une telle scène se répète. Nous n’avons pas trouvé, mais j’ai confiance, cela viendra.
Plein de courage il y a des jours avec et des jours sans! Les paroles de ton grand et l’aide de ta fille sont juste une superbe preuve d’amour ❤️
Oui cet article me parle… je n’ai plus d’enfants jeunes puisque mes filles ont l’âge de tes aînés dont tu parles ici… mais il m’est arrivé souvent, face aux difficultés, et il m’arrive encore de craquer, d’agir à l’inverse de ce que je souhaite et prône (et applique tant bien que mal depuis quelques temps). Mais, oui, nos enfants comprennent et connaissent la différence. Mes filles aussi me retournent régulièrement des compliments et du soutien depuis 2 ans que nous vivons sans leur père… et le déclic est venu pour moi le jour où elles m’ont dit respectivement « maman, je ne me souviens même plus comment c’est quand tu cries… tu le fais tellement peu ! » (la petite) et « tu n’es pas parfaite, tu ne peux pas l’être, mais tu es toujours présente » (ma grande). Dans les moments difficiles, je tâche de me souvenir de ces phrases… et çà aide !
Merci pour vos articles.
J’aimerais tellement en arriver là un jour.
Pour l instant j en suis plus aux jours où je suis dépitée qu’au jour où je pourrais dire que les cris sont devenus rares…
C’est très beaux ce qu’ont fait vos grands, et en même temps, On récolte ce que l’on sème. C est la preuve d’une éducation bienveillante et réussie.
Malgré des moments plus difficiles, vous pouvez être fière de vous, et surtout dans ces moments là pour vous redonner du courage.
J en suis bien loin ; je suis seule avec 2 enfants (garde alternée) et même si je lis beaucoup sur l éducation positive, qu’ en théorie je sais beaucoup de choses (Je suis capable de donner de très bons conseils aux autres.. Je m impressionne moi même), j ai suivi l atelier Faber et mazlisch sur la fratrie…. Je suis assez peu capable de rendre mon foyer serein et ça ne me rend pas fière du tout.
Alors petites questions : vous dites :
« – Alors pourquoi n’as-tu pas rangé ? Ca fait presqu’une heure que je vous le dis ! Je suis venue le répéter, une fois, deux fois, trois fois, et vous n’avez rien fait !! (oui, je sais, tout ce qu’il ne faut pas dire !! Je ne me sens pas très fière…)”
Pourquoi n en êtes vous pas fière? (Pour moi cela est une constatation)
(Il va falloir que je relise mes livres lol)
Qu’ auriez vous dû faire ou dire a la place ?
Bonjour Stéphanie,
Merci de ce commentaire. Comme je comprends.. Il y a toujours ces moments où l’on sait donner des conseils aux autres, mais qu’on n’arrive pas à se les appliquer. En général, c’est dû au fait que lorsque nous sommes concernés, nous sommes noyés sous l’émotion. Il est beaucoup plus simple de considérer froidement la situation de quelqu’un d’autre.
J’aurais envie de vous donner deux conseils :
1- commencer par prendre soin de vous-même. On ne peut être bienveillant avec les autres que lorsqu’on est soi-même nourri.
https://les6doigtsdelamain.com/les-parents-ont-aussi-des-besoins/
2- prendre d’abord soin de votre relation avec vos enfants. Parce que tout découle du lien qu’on a avec eux. La bienveillance fonctionne quand les deux parties se sentent bien, et en confiance. Cela peut passer par une période de lâcher-prise : ne pas exiger que tout soit dans l’ordre, mais choisir ses combats, le temps que la relation soit meilleure. Apres, reprendre le reste sera plus facile.
Quels âges ont vos enfants ?
Enfin, pour la question finale :
je ne suis pas fière de ma réflexion, parce qu’elle se concentre sur le passé, et cherche à culpabiliser : moi j’ai fait, et vous rien. Ca dit un peu « vous ne comprenez rien, combien de fois faut-il vous le dire, vous êtes nuls ! ». (Et en même temps, je sais qu’on dit encore régulièrement ces choses-là, cela prend du temps de changer son langage… mais cela n’empêche pas de l’analyser à froid !)
Alors, qu’aurais-pu dire à la place ? Dans le doute, le basique : revenir à la validation des sentiments sera souvent le meilleur choix. « Oui, toi, tu es triste, parce que tu aurais eu envie de prendre la douche avec moi… » et puis, on se focalise sur le futur : « Je suis sûre que demain, tu t’organiseras pour être prêt à l’heure de la douche, et nous pourrons la prendre ensemble. »
Il est probable que cela n’aurait pas réglé la situation, mais au moins, ils auraient été entendus, et ça leur aurait donné une perspective de changement, plutôt que de les remettre la tête sous l’eau…
Qu’en pensez-vous ?
Juste un mot pour te remercier de partager tes réussites mais aussi tes échecs dans ta relation avec tes enfants, c’est très inspirant pour moi pour essayer d’avoir cette même communication bienveillante et respectueuse avec mes enfants, et aussi deculpabilisant quand parfois ça dérape, nous ne sommes pas des super héros mais nous faisons de notre mieux
Merci
Exactement ! Merci d’avoir pris le temps d’écrire cela Lisa. Et tu as complètement raison, nous faisons de notre mieux, c’est deja beaucoup. Il est important, je crois, de voir que nous progressons, tout en acceptant les moments où nous reculons un peu..