Ce matin, j’ai gardé la tête froide face à la colère de mon fils !

Ce matin, je me sens contente en amenant les petits à l’école. Nous nous sommes bien organisés, nous sommes en avance, ce qui est loin d’être toujours le cas.

Il ne fait pas trop chaud, Anatole (3 ans), de bonne humeur, sautille devant Léon (6 ans) et moi, avec des chaussures qui appartenaient auparavant à Léon.

Léon commente :
“Ces chaussures, elles sont rarement à Anatole.
– Qu’est-ce que ça veut dire qu’elles sont “rarement” à Anatole ?
– Tu ne connais pas le mot “rarement” ? C’est rare que tu ne connaisses pas un mot.
– Je connais le mot “rarement” mais je ne comprends pas la manière dont tu l’utilises ici.
– Et bien, je dis que ces chaussures sont rarement à Anatole ! (avec un ton un peu plus ferme)
– Oui, mais…
– Mais tu comprends rien !! (Cette fois, il s’énerve carrément…)  Elles sont rarement à Anatole !!! se met-il à crier. (On nous regarde même depuis le trottoir d’en face)
– J’aimerais bien que tu ne me cries pas dessus.  – dis-je très calmement, je m’admire moi-même !
– Mais c’est parce que..; oh !!! Tu comprends rien ! crie-t-il encore
– J’essaye de comprendre, et j’aimerais que tu ne me cries pas dessus.”
Cette fois, il ne peut plus se contenir, il lâche son sac, crie, et s’éloigne.

Bon, je respire, et ça me donne le temps de me dire que peu importe l’utilisation du mot “rarement”, le fait qu’il se mette dans cet état-là prouve probablement qu’il y a autre chose, un autre problème que je n’ai pas perçu, et que cette frustration sur notre incompréhension n’est qu’un prétexte.

Inutile de me focaliser sur la pointe de l’iceberg et d’adresser son comportement à ce moment-là, il sera plus utile d’en identifier la cause.

Je décide donc – ouf, je n’y arrive pas toujours !! – de lâcher prise sur le fait de me parler mal, et d’essayer d’écouter ce qu’il peut se passer.

Je m’arrête, et ne dis plus rien, en attendant qu’il récupère son sac.
C’est encore une petite difficulté, car le sac est resté quelques mètres derrière, et je n’ai aucune envie d’aller le chercher.
“Mon sac est trop lourd !!
– Je veux bien le porter si tu veux, dis-je sans bouger.
– Il est trop lourd, je ne peux pas aller le chercher !
– Tu as su le porter jusqu’ici, et tu l’as lâché parce que tu étais énervé. Je ne retournerai pas le chercher, mais je pourrai le porter à partir d’ici si tu veux.
– Il est trop lourd !! Et en plus, je ne veux pas aller à l’école !”

Nous y voilà…. Problème d’école…
Je ne réagis pas encore. Une chose après l’autre. 

Nous en sommes encore à la question du sac. J’attends sans rien dire, calmement.
Heureusement que nous sommes partis tôt ce matin… La parentalité positive est également une question de rythme !
Je me rappelle la crise d’Anatole de la semaine dernière, alors que nous étions déjà en retard : j’étais tellement stressée que je n’arrivais plus du tout à gérer et nous sommes tous arrivés énervés à l’école !
Mais ce matin, ça se passera mieux, j’ai confiance.

Et en effet, en peu de temps, Léon se calme un peu. Il récupère son sac et me rejoint.
Je prends le sac et nous marchons encore un peu sans rien dire.
Lorsque je le sens un peu plus posé, je commence à lui caresser la nuque.
Immédiatement, il s’arrête et me fait un câlin !
Il a suffi d’un simple geste d’affection pour me reconnecter…

Je peux maintenant creuser le sujet :
“Tu dis que tu ne veux pas aller à l’école ?
– Non !
– Que se passe-t-il ?
– Je ne peux pas apporter mon Mack à l’école !!”
Il s’agit du nouveau camion qu’il a eu pour son anniversaire, quelques jours auparavant.

“Ah… Toi, tu aurais aimé pouvoir apporter ton Mack..
– Oui ! J’ai envie de jouer avec !
– Tu voudrais l’apporter pour pouvoir jouer avec, ou pour le montrer aux copains ?
– Pour jouer avec !
– C’est une bonne nouvelle que ce soit pour jouer avec : parce que tu pourras jouer avec à la maison, alors que tu ne peux pas le montrer aux copains à la maison.
– Oui, mais je veux l’apporter à l’école !!”
Cette fois, nous ne sommes plus dans la colère, mais dans la tristesse.

Alors, je décide, pour mieux le recevoir, de basculer dans la technique magique de l’imaginaire !
“Si tu pouvais apporter ton Mack, tu l’apporterais vide, ou avec des voitures dedans ?
– Avec 16 voitures dedans ! “
On change d’humeur : voilà mon Léon qui se met doucement à sourire…

Je pousse la projection :
“A l’école, il y a des voitures aussi, non ?
– Oui… J’ai une idée ! Je l’apporterais avec 16 voitures, et les copains pourraient jouer avec mes voitures pendant que je mettrais des voitures de l’école dans mon Mack.
– Ah, ce serait chouette, ça ! Et comment ferais-tu pour ne pas mélanger tes voitures et celles de l’école ?
– Ben, je connais mes voitures ! Je les retrouverais !”

A ce moment-là, nous arrivons devant la porte de l’école. Mon Léon n’est pas complètement au top, mais il a pu s’exprimer, il s’est projeté, il a mieux accepté les contraintes, et il n’est plus ni en colère ni triste au moment où il entre dans sa classe.

Je me félicite d’avoir pu l’accompagner, nous pouvons à présent passer chacun à l’étape suivante de notre journée, sereinement.

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

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7 réponses
  1. 123petitesgraines
    123petitesgraines dit :

    Merci pour ce partage!!! J’aime beaucoup quand je gère comme ça.

    Hier soir, j’ai hurlé « Il n’y en a plus » 2 fois. Je me suis sentie dépassée.
    Je suis allée dans mon lit et j’ai laissé ma fille qui n’avait pas réussi à gérer son émotion ( cris, pleurs,…).

    Au bout de quelques minutes, elle est venue me rejoindre dans mon lit. Nous avons fais un gros calin, je me suis excusée. Je lui ai expliqué que parfois moi aussi je n’arrivai pas à gérer mes émotions. Et elle s’est endormie.

    Dur, dur, j’avais besoin de vider mon sac.

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Je comprends très bien ce que tu vis, parfois, on est dépassé, c’est comme ca. S’excuser dans ce cas est toujours la meilleure chose à faire, leur montrer qu’on peut essayer de réparer.
      Je n’ai pas encore trouvé le secret, mais ce qui m’aide le plus quand je sens ma colère monter, c’est de faire une pause. Tout simplement. Et je le dis : « je ne suis pas capable de parler bien pour l’instant. Je vais faire une pause, on reparlera ensuite. »
      L’important c’est d’avancer, peu à peu.

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  2. Jeunemamanextraterrestre
    Jeunemamanextraterrestre dit :

    Merci pr ce joli article prendre le temps d’accueillir leurs émotions dans notre société n’est pas tjs chose aisée alors bravo

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  3. Gosnave
    Gosnave dit :

    Merci Coralie d’avoir partagé ce beau moment. C’est merveilleux quand les choses se passent comme ça. Et en effet c’est souvent quand on manque de temps que ça dérape!

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Ah oui, le temps, c’est un paramètre important dans la parentalité positive !
      Savoir savourer les moments où l’on a su se l’accorder permet de plus souvent y faire attention.

      Répondre

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