Prendre du temps pour y penser change tout à notre communication !

Le chargeur d’ordi d’Oscar (14 ans) ne fonctionne plus.  L’année dernière, il a déjà fait face à une période où il n’avait pas de chargeur, et a dû se débrouiller en en empruntant un à une copine, un jour sur 2… (Ici – nous vivons à Puerto Rico – ils prennent leur ordi à l’école, et quasiment tous les devoirs sont faits informatiquement).

Mais l’année dernière, c’était parce qu’il l’avait oublié quelque part. Donc, sa responsabilité. On l’a laissé résoudre le problème : pour un trouver un autre à acheter sur internet (qu’il a payé lui-même), pour se débrouiller en attendant qu’il soit livré.

Cette fois, il ne l’a pas perdu : il ne fonctionne plus.

Et entre-temps, autre changement : je me suis également acheté un ordi (pour pouvoir travailler vraiment partout sur ce blog !), et j’ai donc un chargeur à disposition à la maison.

Pour autant, je me rends compte qu’on a implicitement adopté la même attitude que la fois précédente : sans le dire clairement, on a agi en suivant l’idée que c’était à lui de se débrouiller, sans qu’on ait à le ressentir. Je le laisse emprunter mon chargeur, disons à condition que je ne m’en rende pas compte. C’est à dire que je continue à l’utiliser comme s’il ne servait qu’à moi, et c’est à lui de savoir où je l’ai laissé, de le sortir de ma chambre, de mon sac, d’où que ce soit, de charger son ordi, et de le remettre là où il l’a trouvé. On n’a même pas parlé du remplacement.

Sauf que ce matin, je n’avais plus de chargeur. Je me suis sentie agacée. Sans nul doute, si Oscar avait été dans le coin, il l’aurait senti. Seulement il était à l’école.

Grâce à la technologie moderne, il a répondu à mon sms pendant sa récré (« Aie, j’ai rendu le sien à la bibliothécaire, donc c’est bien le tien que j’ai, je suis désolé ») et a laissé le chargeur au gardien, donc j’ai pu le récupérer. Et ça m’a donné le temps de réfléchir.

A plusieurs choses :

1- Il a bien rendu son chargeur à la bibliothécaire, ce qui prouve qu’il en est capable, et qu’il est responsable.

2- Chaque fois que j’ai retrouvé mon chargeur qu’il m’avait rendu, il l’avait bien rangé, en roulant le fil, ce que je ne fais moi-même pas toujours bien, donc il en prend soin.

3- Je ne lui ai pas dit que j’avais remarqué qu’il en prenait soin, je n’ai même pas remarqué sa responsabilité face à la bibliothécaire (parce que, naturellement, comme on l’avait déjà vu, on ne remarque que le négatif…)

4- Ce n’est pas lui qui a cassé ou oublié son chargeur, ce n’est donc pas à lui de le racheter.

5- Nous sommes une famille, et on s’entraide. Si mon chargeur ne marchait plus, je lui demanderais de partager le sien en attendant d’en recevoir un nouveau.

Voilà, avec tout ça, j’avais une meilleure base pour notre conversation à venir.

Cet après-midi, donc, quand j’ai retrouvé Oscar, nous avons discuté. Ca a plus ou moins donné ça :

« Bon, tu peux t’imaginer que je n’étais sacrément pas contente de ne pas trouver mon chargeur ce matin… Cependant, ça arrive d’oublier. Tu as bien rendu le sien à la bibliothécaire, ce qui prouve bien que tu n’oublies pas toujours !

Ton chargeur ne marche plus, mais tu ne l’as pas cassé ou perdu, je pense que c’est donc à nous de t’en racheter un. Je te charge juste de la démarche (recherche, commande..).

En attendant, je propose qu’on se partage mon chargeur. Mais trouvons une façon de fonctionner qui nous convienne à tous les deux : pourquoi avais-tu mon chargeur dans ton sac ? Quand en as-tu besoin ? »

Il a été impressionné que je ne lui demande pas de le racheter lui-même, il était content de pouvoir partager. Il a cherché le meilleur fonctionnement avec moi. Quand j’ai soumis l’idée de charger le mien le soir pour qu’il puisse l’emporter à l’école, il m’a dit que c’était quand même sa responsabilité de se débrouiller pour avoir son ordi chargé sans me prendre mon chargeur (Est-ce bien mon fils qui me parle ??), et on a finalement décidé du partage du chargeur sur la journée, et d’un endroit où le prendre et le laisser à chaque fois.

On ne réussit pas toujours bien ce qu’on a en tête dans les conversations avec les enfants, mais là, je dois dire que je me sens fière de moi, et de lui : parce que j’ai su y réfléchir en avance, en valorisant ce qui était bien fait et en changeant de perspective, parce que je n’ai pas attaqué son caractère dans la conversation, parce qu’il a participé à la recherche de solution avec bonne volonté, tout en respectant ma propriété.

Si ce que nous apprenons pouvait nous aider à toujours communiquer ainsi… Ce serait « parfait » ! En attendant, savourons les moments où ça se produit déjà !

Dans l’article sur le 1er chapitre de La discipline positive pour les adolescents, j’écrivais que pour moi la confiance était fondamentale.

Ici un exemple de comment je le lui communique.

Il y a quelques semaines, Oscar (14 ans) nous a demandé de discuter avec lui des limites de temps de jeu vidéo. Nous avons ensemble fixé un cadre, avant de commenter :

« Refaisons le point dans une semaine pour voir si ce que nous avons décidé est réaliste. Il faut se rendre à l’évidence : si tu veux jouer plus que ça, tu pourras toujours le faire sans que nous le sachions (il a son propre ordinateur portable, qu’il apporte à l’école et sur lequel il fait généralement ses devoirs). Ce n’est pas l’idée. Si à la fin de la semaine, tu t’aperçois que ces limites ne te conviennent pas, reparlons-en. »

Je ne suis pas certaine que ce genre de méthode puisse toujours fonctionner, en particulier quand nos attentes sont très différentes des siennes, mais en tout cas, ça vaut le coup d’essayer !

Le week-end suivant, donc, nous avons fait le point, et il suivait très précisément les limites fixées (avec un minuteur), ce qui d’ailleurs avait évité des disputes dans la semaine, comme quoi, ça avait été une bonne idée de discuter des règles (et non des limites, rappelez-vous : les enfants adorent les règles, pas les limites) avant.

Une semaine ou 2 plus tard, il s’était lassé de son jeu, et la question ne se pose même plus : il ne joue plus !

Cette attitude d’ouverture et de discussion, le laissant décider de ses propres limites me semble beaucoup plus efficace que de lui imposer les choses, et nous a encore servi à l’encourager à revoir ses priorités plus tard. 

Plus ça va, et plus je m’en rends compte : le secret pour devenir le parent que l’on veut être, c’est de prendre le temps d’y réfléchir !

C’est en réfléchissant sur les conflits avec nos enfants qu’on trouve des idées sur la meilleure façon de les résoudre.

C’est en cherchant en quoi ce qu’on lit s’applique à ce qu’on vit qu’on arrive à mettre en place de meilleures méthodes.

C’est en échangeant qu’on envisage des solutions.

Ainsi, Nicolas et moi nous réservons régulièrement un moment pour parler des enfants. Oh, nous discutons aussi de tout un tas d’autres choses, mais des moments “éducation” sont délibérément posés pour faire progresser les choses.

Il y a un peu plus de 2 semaines (j’ai mis un peu de temps à écrire cet article), nous avons eu l’occasion de faire une escapade de 24h, seuls, dans une cabane isolée, au bord d’un lac. Une vraie bouffée d’oxygène après une période de boulot intense pour lui !

Alors, au cours de ces 24h, nous avons eu un moment éducation. Il concernait cette fois notre ado (14 ans).

Comme j’avance tout doucement dans la lecture de La discipline positive pour les adolescents, je décide de relire avec lui la boîte à outils du premier chapitre : une attitude parentale ferme et bienveillante.

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La seule lecture de cette boîte à outils est l’occasion de discuter, et de creuser des pistes.

Ainsi, le 2ème point : “Prendre le temps de découvrir et comprendre les besoins des adolescents. Ils ne sont pas nécessairement identiques à ceux que nous avions à leur âge.” est le point de départ d’un échange entre nous.

Je partage avec lui le fait que j’ai récemment remarqué que les salutations entre notre fils et ses copains n’étaient pas conformes à ce que je pensais être des salutations. Dernièrement, j’avais eu 2 occasions de m’en rendre compte.

La première, c’est quand je suis allée le chercher à l’école en avance, parce qu’il avait un rdv médical. Il était à ce moment-là avec des copains, et s’est esquivé quasiment sans dire un mot. Il m’a assuré ensuite qu’il avait dit au revoir, je ne sais pas si ses copains l’ont entendu, en tout cas, moi non…

La deuxième, c’était à la maison : il était sur skype avec un petit groupe, pour discuter d’un projet scolaire sur lequel ils travaillaient ensemble. J’entre pour lui dire quelque chose, Oscar coupe simplement la conversation skype, sans un mot aux autres. Je m’interroge :  “Tu as coupé ?  – oui, j’y retournerai quand on aura terminé de parler, c’est relax comme convers, on entre, on sort – Mais… ça ne se fait pas de partir comme ça sans rien dire, il faut au moins prévenir ! “

En y repensant avec Nico, je me pose la question : Leurs besoins ne sont pas forcément identiques à ceux que nous avions à leur âge ! J’impose mon modèle en expliquant qu’on ne quitte ni une conversation ni un endroit sans dire au revoir, mais est-ce le cas pour ces nouveaux jeunes ?? Leurs codes sont peut-être différents ?

L’hypothèse que notre fils ne se comporte pas de manière adaptée n’est pas à écarter, mais celle que ce soit réellement leur façon de faire ne l’est pas non plus !

Peut-être que cette génération n’a pas besoin de se dire “Salut les gars, à demain !” comme nous le faisions, parce qu’en étant toujours connectés, ils ne se disent jamais vraiment au revoir ??

Un peu plus loin dans la boîte à outils, nous lisons “Valoriser ce qui le rend unique”, et décidons de nous poser clairement la question. Qu’est-ce qui rend notre ado unique ?

Sa persévérance peut-être, c’est vrai qu’il est assez incroyable par rapport à la constance dont il fait preuve quand il s’est fixé un but… C’est la source de mon compliment descriptif de la semaine suivante.

Nous trouvons ainsi plusieurs aspects de notre fils que nous valorisons, et ça fait du bien de ne pas se focaliser sur les attitudes qui peuvent nous énerver !

La boîte nous parle encore d’un soutien à la fois ferme et bienveillant. Où le mettre en pratique ? Là encore, nous trouvons ensemble : Oscar, qui a du mal à se faire de vrais amis dans ce pays, déploie beaucoup d’énergie pour essayer d’organiser des sorties le week end, en vain. Souvent, quand il nous parle d’une possibilité en dernière minute, nous lui faisons des reproches : “Tu ne peux pas prévoir des choses sans nous en parler d’abord !”

Mais il s’avère qu’il envisage tellement de plans qui n’ont jamais lieu que ce serait difficile pour lui de soulever la question chaque fois. Nous décidons donc de le soutenir dans la démarche de façon ferme, en lui posant nos limites (ex : attention, tu ne peux rien prévoir dimanche matin, on a prévu de faire une rando), mais de manière bienveillante, en lui ouvrant les possibilités (en revanche, si tu veux, je peux te poser avec des copains au cine samedi après midi).

Au résultat,  le simple fait qu’on ait envisagé notre relation avec Oscar sous un autre angle pendant un moment nous a amenés à considérer déjà qu’elle était meilleure !

Dans « Il me cherche ! », il est dit « Les enfants détestent les limites, ils adorent les règles. »
(on l’avait d’ailleurs déjà noté à la lecture de « J’ai tout essayé ! »)
Quelle est la différence ? Les limites posent les interdits, alors que les règles, comme celles d’un jeu, visent à permettre.
Pourquoi privilégier les règles ?
Pour deux raisons : d’une part, parce qu’une formulation en terme d’interdit risque d’être moins efficace, d’autre part parce que si l’enfant subit les interdits (et y obéit finalement !) quand il est en position d’infériorité, il y a fort à parier qu’il utilisera la même méthode lorsqu’il sera en position de supériorité.
D’une certaine façon, on lui enseigne à utiliser le pouvoir positionnel en contraignant l’autre.
Donc, je prolonge ici la pensée de l’auteure, moins de respect de l’autre dans sa relation avec ses camarades, ses frères et soeurs… plus de conflits !

La semaine dernière, nous sommes allés à la piscine commune de l’immeuble d’une amie.
Une autre famille était là, et le petit garçon avait emprunté notre tricycle.
Il était content, et roulait et roulait, jusqu’à ce qu’il trouve amusant de faire des tours juste autour de la piscine. Non seulement l’idée elle-même de rouler au bord d’une piscine est gênante, mais de plus la piscine est justement entourée de carreaux glissants…
La maman essaye de lui dire : « Ne roule pas là ! », mais le garçon n’écoute pas.
Je m’approche, me met à sa hauteur, et lui dis : « Regarde, avec ce tricycle, tu peux rouler partout où ça ne glisse pas, comme ici (en lui montrant la partie un peu plus éloignée de la piscine).
Sans rien dire, il s’éloigne et roule sur la partie sans carrelage…

Ca fait bien un an et demi que j’ai lu le deuxième chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.

Dans ce chapitre, qui traite de la coopération, ils proposaient de décrire ce que l’on voyait plutôt que de donner des instructions.

A l’époque, ça ne me paraissait pas évident.

Je m’aperçois aujourd’hui que j’ai intégré ma technique de description dans ma routine quotidienne !

Par exemple, plutôt que de demander à Anatole de ramasser la bouteille en sortant de la voiture, je lui dis « Il reste une bouteille dans la voiture. » Il prend alors seul la décision de ramasser la bouteille.

C’est un détail, mais ça me semble un vrai changement dans la dynamique des interactions…

Vous souvenez-vous du chapitre sur les « rôles » qu’on attribuait aux enfants, parfois involontairement ? De ces étiquettes dont ils avaient du mal à sortir ?
En bref, si on considère qu’un enfant est paresseux par exemple, et qu’on l’aborde ainsi, alors on ne sera pas déçu : il se montrera paresseux. Ne serait-ce que pour correspondre à ce qu’on attend de lui.
Alors, l’idee suggérée, pour faire sortir un enfant de son rôle, etait de le traiter déjà comme s’il était autrement.
Cet été, j’ai mis cette idée à l’epreuve.
Notre fils Léon (4 ans et demi) est considéré comme un pleureur, un colérique. Disons qu’il a une sensibilité à fleur de peau…
Au lieu de réagir là dessus – « J’en ai assez que tu pleures pour tout ! » (Enfin… Je ne vais pas mentir en disant que ca ne m’arrive pas de dire des choses comme ça aussi…), j’ai décidé de mettre plutôt l’accent sur une autre de ses facettes : son enthousiasme et sa joie exprimée quand il est heureux ! Et dans ces moments là, je me mise à l’appeler « joli sourire ».
« Coucou, joli sourire ! Tu m’as l’air bien content ! »
« Ah quel plaisir de voir ce joli sourire ! »
C’est incroyable comme on a vu l’effet rapidement : en renforçant l’aspect content, on renforçait son contentement. Du coup, comme son père avant lui, il était juste « content d’être content » ! Il s’est clairement rendu compte qu’on le voyait aussi sous cet aspect là, et je sens que ça l’aidait vraiment à se sentir mieux.

Parfois, c’est lui qui m’appelait, pendant qu’il jouait, pour que je le regarde, et me disait « joli sourire… », avant de se fendre justement d’un de ses sourires magnifiques…

Ce soir, nous avons une petite copine de Léon (4 ans et demi) à la maison. Léon est très content à l’idée de jouer avec elle, mais elle n’a pas tellement envie d’être avec lui… En fait, il voudrait construire un téléphérique, et elle ne veut pas.

Leon est bloqué, il pleure, pleure, pleure.

Je décide de suivre le guide.

Phase 0 : Je vais près de lui, j’essaye de l’entourer de tout mon amour, il me repousse.

Phase 1 : Je reste en face de lui, et le couve de mon regard tendre, en lui disant que je suis là pour le moment où il voudra me parler. Pour ne pas me laisser atteindre, j’imagine devant moi une coupe qui me permet de recevoir ses pleurs sans qu’ils me pénètrent, comme suggéré dans « Il me cherche ! ».

Finalement, il me tend les bras, se blottit un moment contre moi, puis se dégage et m’explique qu’il voulait faire le téléphérique avec Pauline…

Phase 2 : l’écoute et la validation des sentiments

« Oui, je vois que tu te sens malheureux, tu voulais vraiment faire le téléphérique  et tu voulais vraiment le faire avec Pauline.. C’est triste qu’elle ne veuille pas le faire avec toi, parce que toi tu adores construire des choses… »

Phase 3 : celle que j’aime bien : concéder dans l’imaginaire
« Ce qui serait bien, ce serait d’avoir un copain qui adore construire comme toi ! Comme ça vous pourriez construire plein de choses ensemble… »

Phase 4 : le choix
« Voyons, qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? Construire le téléphérique, ou être avec Pauline ? » Réponse : être avec Pauline.
« D’accord, on va lui demander ce qu’elle veut faire. » Réponse : dessiner.

Phase 5 : recherche de solutions (venant de moi, mais c’est mieux que rien !)
« Alors, j’ai plusieurs idées de ce que vous pourriez faire :
Tu pourrais dessiner avec elle ; ou bien tu pourrais construire ton téléphérique dans le salon, pendant qu’elle dessine à côté, comme ça, vous seriez ensemble en faisant chacun ce que vous voulez ; ou encore tu pourrais lui demander si elle veut dessiner sur ton téléphérique… »

Finalement, c’est la 3è solution qui a été adoptée, et ils jouent tous les deux très bien ensemble !
Je me sens toute contente de moi…

Dans « Il me cherche ! »Isabelle Filliozat fait une remarque par rapport à nos échanges avec nos enfants : parfois, nous cherchons à les faire parler d’eux, sans vraiment y parvenir.

« Comment ça s’est passé ? »
reçoit la réponse « bien ».
C’est laconique pour le moins !

Il existe bien des manières d’ouvrir autrement la conversation pour un meilleur résultat, mais ce qui m’intéresse ici, c’est l’idée qu’on encourage mieux son enfant en partageant ce qu’on a soi-même vécu.
On peut prendre l’initiative de créer l’intimité !

Je l’ai constaté de première main :
Hier soir, nous sommes allés au restaurant avec nos 2 grands (14 et 9 ans), et Nicolas a dit avec un grand sourire (et sans même avoir lu ce livre !) :
« Aujourd’hui, on a enfin envoyé une première version du budget au siège ! »
Ça ne leur parlait pas, ils ne savaient même pas qu’il était question d’envoyer un budget…
mais ils étaient contents de voir leur père content, et ont tout de suite enchaîné avec des anecdotes de leur propre journée !

Une petite anecdote de cet été, qui met en valeur le fait d’enseigner à nos enfants à être en charge d’eux-mêmes.
Nous nous baladions le long d’un canal, dont la rive opposée n’était pas loin, mais pentue.

Oscar (14 ans depuis quelques jours) s’imagine sauter au dessus, se rattraper comme un chef, puis trouver un endroit pour retraverser (alors que plus de place pour prendre son élan…) plus loin, et franchir le canal comme un héros !
Je souris juste.

Il me demande :
« Mais… Tu ne me l’interdis pas ?
– Ben non, c’est à toi de savoir si tu peux le faire ou pas
– Mais… Mince, je suis dégouté ! »

Je réalise que c’était confortable pour lui de s’imaginer le faire, sans en prendre le risque, tout en pensant que s’il ne le faisait pas, c’était parce que sa maman le lui interdisait, pas parce qu’il s’y refusait seul…
« Mon grand, un jour, il va falloir que tu prennes le volant, tu dois pouvoir évaluer le risque seul, et savoir prendre la bonne décision, que je sois là ou pas ! »
Je le vois qui hésite, qui observe, me regarde plein d’espoir, pèse le pour et le contre… puis saute ! Il arrive tant bien que mal à s’accrocher, sans tomber dans le petit canal (assez peu profond de toute façon, on n’est pas dans un grand risque…) Puis, de l’autre côté, il cherche où retraverser… En vain.
Son père et moi l’observons, Nico commence à lui donner des conseils : « Tu devrais descendre le plus possible. » C’est aussi ce que je pense mais je glisse à Nico : « Laisse-le trouver sa propre solution. »
Et voilà qu’Oscar sort un grand tronc d’arbre, se constitue une sorte de pont, le teste, le consolide avec une autre branche… et traverse, ne mouillant qu’une chaussure !
Sa main est écorchée, mais il a testé et trouvé sa limite !

On a parlé précédemment de l’expression des sentiments devant la personne d’attachement.
J’en ai eu un exemple clair hier.
Alice (9 ans) avait rdv chez la dentiste. C’est une dentiste qui ne fait entrer que les enfants, laissant les parents dans la salle d’attente.
Hier donc, la dentiste lui a arraché une dent de lait pour faire de la place à la suivante… et j’ai vu entre 2 portes, avec des larmes qui coulaient sans bruit sur ses joues…
Ca m’a fait de la peine.
Elle n’a rien dit à la dentiste, a tout supporté sans commentaire.
Une fois sortie, elle a pleuré dans mes bras. Elle était enfin dans le bon entourage pour s’exprimer…