Une manière simple d’éviter les luttes de pouvoir avec les enfants
« Ne pars pas en courant comme ça !! »
« Non, tu ne peux pas sortir : range ta chambre, plutôt ! »
Etrangement, les enfants ne réagissent pas toujours très positivement à ce genre d’instructions…
Un jour, j’ai rencontré une femme versée dans la parentalité positive qui me disait que, quand ses collègues lui parlaient de leurs enfants qui refusaient d’obéir, elle leur répondait : « Va dans ton bureau ! ».
Il semblerait que cela aidait le collègue estomaqué à se rendre compte à quel point nos manières de parler à nos enfants encourageaient peu à la coopération !!
En fait, nos enfants reçoivent beaucoup, beaucoup, beaucoup d’instructions dans une journée.
Alors, bien sûr, ils se sentent sans pouvoir : on attend parfois d’eux qu’ils soient de simples marionnettes qui exécutent ce qu’on leur demande. Cela ne risque pas de nourrir leur besoin humain de se sentir important ! Mais l’enfant sent bien qu’il est une personne à part entière, et qu’il a un pouvoir de décision, et il entend bien l’exercer !
Ca parait logique… personne n’aime entendre « Va dans ton bureau ! »… Ca nous donnerait plutôt envie de nous rebeller, nous aussi, non ?
D’autre part, la majeure partie de ces instructions est formulée comme une interdiction plutôt qu’une permission.
« Ne touche pas à ça ! »
Or, quelles sont les implications de cette négation :
- Elle invite à se focaliser sur le comportement négatif
- Elle oblige l’enfant à traduire l’information : je ne dois PAS faire ça… QUE dois-je faire plutôt ?
- Elle est déprimante : si on me dit sans cesse ce que je fais mal, je ne me sens pas tellement inspiré à faire mieux…
Et voilà pourquoi nous nous retrouvons, sans l’avoir anticipé, dans des luttes de pouvoir…
Comment les éviter ?
- Décrire la situation
Avec un « Ton sac est resté dans le couloir. », l’enfant comprend qu’il doit l’enlever. L’ordre est inutile.
« C’est l’heure du bain. » donne une information sans diriger l’enfant. S’il ne réagit pas, on peut lui donner un choix : « Tu préfères y aller tout de suite, ou lorsque tu auras terminé ton dessin ? »
- Utiliser des questions ouvertes
« Que te manque-t-il pour être prêt à partir ? » plutôt que « Mets tes chaussures, on s’en va. »
« Où les voitures se rangent-elles ? »
- Tourner nos instructions de manière positive
« On marche doucement. » plutôt que « Ne cours pas. »
« Je préfèrerais que tu utilises ton couteau pour pousser. » plutôt que « Ne pousse pas avec les doigts. »
- Trouver des manières de dire oui
« Oui, dès que ta chambre sera rangée, tu pourras descendre voir le voisin. »
« Oui, tu pourras avoir un bout de gâteau après le repas, au dessert. »
Et vous, comment évitez-vous les luttes de pouvoir ? Avez-vous déjà réussi à mettre ces techniques en place avec succès ?
J’ai essaye plusieurs fois de mettre en place ces techniques, mais je doute de leur efficacite. Exemple hier « viens on va planter des graines dans le jardin! Tu m’aides a gratter la terre? » (apparemment non, cette activite ne lui plaisait pas, elle n’avait envie que d’une chose: ouvrir le paquet de gaines) « oui, on va mettre les graines, mais tu dois attendre, on le fera assemble. Il faut d’abord preparer la terre. N’ouvre pas le paquet de graines tout de suite » (je pose le paquet sur la table). Deux minutes plus tard, le temps que je gratte la terre, qui a repris le paquet, et l’a ouvert? Et qui s’enerve en disant « Mais pourquoi tu n’ecoutes pas Maman etc… quand je dis non c’est non etc ». Idem avec le « tu veux arroser? Super! Alors, regarde, mets bien le tuyau a la base…oui presque comme ca, mais regarde la c’et mieux…doucement… » Et qui, deliberement, alors que tu viens de faire le geste avec elle, arrose tout n’importe comment? Et qui s’enerve? (et qui culpabilise parce qu’elle s’est enervee?)
Ah la la, j’imagine tres bien la scene !! Et ta fille est petite, elle est encore dans la période dans laquelle ce genre d’épisode est classique ! Alors, puisque tu nous livres ta scène, je vais essayer de la commenter, parce que ce langage est finalement assez subtil.
Dans ce que tu nous cites, tu commences bien par lui dire oui, et en meme temps, tu le fais immédiatement suivre par un « mais », ce qui annule un peu ton oui. Parfois, pas besoin d’en dire trop. D’autre part, tu donnes ensuite une instruction négative « n’ouvre pas le paquet », en attirant en fait son attention sur l’idée d’ouvrir le paquet. Je te propose la version suivante : « oui, on va mettre les graines des que j’aurai gratté la terre. En attendant, tu préfères tenir le paquet bien serré dans tes mains, ou tu préfères le poser sur la table et regarder comment je gratte la terre ? »
Ensuite, pour ce qui est du geste, oui, bien sur on voudrait qu’ils arrêtent de tout faire « n’importe comment », (et là, pour le coup, tu le lui as bien dit positivement !! », cependant, ta fille expérimente. Son besoin d’observation, de compréhension par le geste est encore plus important pour elle que le fait de suivre tes instructions à ce moment-là. Et puis, elle l’intègre ainsi : https://les6doigtsdelamain.com/jai-tout-essaye-joindre-le-geste-a-linterdit/
Que penses-tu de tout ça ?
(Mais attention, sans culpabilité hein : revenir sur l’épisode, ça permet de l’analyser, et de réfléchir à comment faire mieux la fois suivante. Pas d’inquiétude, il y aura d’autres opportunités !!)
Merci d’etre revenue sur l’episode et effectivement ca donne des idees de clefs. C’est un scare travail du cerveau de chercher des solutions positives alternatives! C’est tellement plus simple de dire « ne fais pas ca! » plutot que « tu peux faire ca de cette maniere »
L’autre chose qui m’a tracassee depuis que j’ai lu ton article, c’est l’exemple de la collegue que l’on peut renvoyer dans son bureau. Ce n’est pas la premiere fois que je lis cet argument. Mais plus j’y songe et plus je me dis que ce n’est pas vraiment valable. Un enfant n’a pas le meme developpement psychologique qu’un adulte (lu dans Filliozat par ex) et je trouve que sans etre dans une idee de « dressage » ou de « c’est moi le chef de meute », des ordres clairs, nets avec un ton de voix sont plus efficaces. Parce que justement leur cerveau n’est pas encore capable de saisir certaines nuances.
Autre reflexion qui m’a « liberee » en quelque sorte, c’est une psy a qui je me plaignais de mon impatience avec ma fille qui m’a dit : »mais vous plaisantez! Vous etes patiente! Vous avez indique par 3 fois a votre fille qu’elle devait faire telle ou telle chose et si ce n’est pas fait, je comprends que vous vous enerviez! Vous avez ete patiente! Donc au bout de la 3e fois, ca suffit, la limite a ete franchie et la sanction est tombee. Normal ». (j’ajoute ici que dans les 3 fois ou je demande qqchose a ma fille, j’essaye de le faire de maniere « positive »…)