Le consentement : un mot de grands… mais qu’on aimerait bien transmettre également à nos enfants ! Seulement voilà, comment fait-on ? Comment expliquer et enseigner le consentement à nos enfants ?
Et d’abord, sommes-nous bien clairs nous-mêmes sur ce que ce terme désigne ?
Voyons voir ça….
Qu’est-ce que le consentement ?
Un concept qui ne concerne pas que le corps
Si je vous dis consentement… Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
….
Il y a fort à parier que vous avez pensé a priori à « donner son accord pour un acte intime ».
Oui, quand on parle consentement, on pense souvent à tout ce qui a trait aux actes sexuels, ou au moins à notre intégrité physique. (C’est d’ailleurs une video qui se limite à cet aspect que je trouve quand je tape « enseigner le consentement aux enfants » sur google)
Ce n’est pourtant pas tout !
Le consentement s’applique en réalité à tous les aspects de notre vie et ne se limite pas à la sexualité.
Si je cherche « consentement » dans le Larousse, voici ce que je trouve :
« Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment : Il a agi avec mon consentement. »
Larousse
Marrant, non, de voir qu’on sait utiliser ce mot dans d’autres contextes, mais que dès qu’on veut le transmettre, on pense prévention des agressions sexuelles.
Alors… c’est dans le fond assez logique, puisque c’est lié à nos peurs.
Cependant, c’est bien en enseignant le consentement dans toutes les sphères et dès le plus jeune âge qu’on protègera nos enfants des situations les plus graves.
Ainsi, il peut s’appliquer aux évènements les plus anodins comme accepter de jouer à un jeu et de prêter ses affaires.
Ce qui n’empêchera pas, bien sûr, d’appliquer le principe du consentement à tout ce qui a trait à l’intégrité physique, comme le fait d’embrasser tante bidule …
Les bénéfices d’enseigner le consentement aux enfants
J’en vois tellement !
La confiance en soi
Enseigner le consentement, c’est faire passer le message à l’enfant qu’il a le droit de dire non.
Il peut donc développer sa faculté à prendre des décisions, finalement, on l’encourage à être acteur de sa vie !
Ce n’est pas rien !
On sort de fait de la relation verticale ou l’adulte impose et l’enfant obéit : on demande son avis à l’enfant, on l’autorise à refuser, donc on valorise son opinion, on respecte ses droits.
Attention, je ne suis pas en train de prôner une éducation permissive où rien n’est imposé.
Nous parents sommes garants du cadre, de l’enseignement certaines règles (se laver les dents, par exemple !) et nous n’abandonnerons pas ce rôle.
Cependant, entre aider nos enfants à développer leur hygiène dentaire et les obliger à… – je vais prendre 2 exemples ici, pour illustrer et l’aspect corporel et un autre :
- faire un câlin au copain qui aime ça quand eux ne le veulent pas
- prêter un jouet à un autre enfant, inconnu, parce que « c’est comme ça qu’on fait »
il y aune différence.
Dans le 1er cas :
oui, c’est délicat de refuser le câlin de celui qui le fait avec toute la tendresse du monde (je sais bien, je suis la maman de celui qui fait les câlins…)… mais sommes-nous en train de leur dire qu’ils doivent prendre sur eux pour faire plaisir aux autres, même quand cela concerne leur corps ?
Comment peut-on ensuite faire le lien avec l’enseignement du consentement pour éviter le viol ?
Dans le 2e cas :
Là encore, délicat, mais… et si on se mettait à leur place, un peu ?
Pour cet exemple, rien de tel que cette image de Fany Vella dans l’album « Et si on changeait d’angle ? »
Encore une fois, cela ne veut pas dire qu’on ne va pas chercher à enseigner la générosité à nos enfants.
Fany propose de dire par exemple : « Je te propose qu’on mette de côté les jeux que tu. ne veux pas partager et on laisse à disposition les autres pour que tu puisses jouer avec les enfants. »
Chez nous, on a également eu plus de succès en respectant le rythme de l’enfant sur le fait de prêter ses jouets.
Le respect de l’autre
Et ça marche dans l’autre sens !!
Quand on enseigne le consentement, on enseigne implicitement que « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »
Si je reviens à mon fils Léon, qui adooore faire des câlins (on a même vécu un moment gênant quand, à 4 ans, il est parti faire un câlin à un agent de douane… mais c’est une autre histoire), c’est important pour nous de l’aider à voir comment réagit l’autre.
« Regarde son langage corporel – as-tu l’impression qu’il apprécie vraiment ? »
« Est-ce que tu peux lui demander s’il est ok pour un câlin avant de le lui faire ? »
Nous sommes tous différents, et c’est aussi cette diversité qu’on enseigne ainsi à nos enfants.
En aparté, ça m’évoque d’ailleurs que c’est ultra important d’appréhender cette diversité pour s’apprécier, et vaut mieux insister dessus avant que nos jeunes deviennent ados. Enfants et adolescents bénéficieraient d’un peu plus d’accueil de la diversité… autre thème, mais pas vraiment !
👉🏻 A ce sujet, voyez la conférence "Ce qui nous rend unique nous rend plus fort" de Fany Ea, diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
La vie en groupe
Chez nous, le mot « consentement » est employé depuis des années dans un contexte trés loin de la sexualité, et c’est ainsi que nos enfants l’ont d’abord appris.
C’est une des règles de la maison : « Un jeu, c’est par consentement mutuel. »
(tres utile en particulier pour les eux de « bagarre »)
Oui, le consentement, c’est d’abord ça : le fait de donner son accord explicite, éclairé, libre et volontaire face à une situation.
C’est donc en intégrant cette notion, quel que soit le contexte qu’on encouragera nos enfants à savoir quand et comment donner leur accord explicite, et à respecter celui de l’autre.
Car soyons clairs : nombre d’agresseurs le sont un peu malgré eux… « C’est pour rigoler ! » disent-ils parfois sincèrement. Ils n’ont juste pas appris à chercher d’abord le consentement de l’autre…
(Même histoire pour les propos sexistes ou racistes, d’ailleurs)
Et c’est ainsi que l’enseignement du consentement intervient comme prevention du harcèlement scolaire !
Or, vous le savez, comment lutter contre le harcèlement scolaire est également au coeur de mes préoccupations…
👉🏻 Pour différentes approches de prévention du harcèlement, regardez le sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
Pour pouvoir donner son consentement
Reprenons le principe : pour donner son accord explicite et éclairé, cela sous-entend que l’on sait déceler ce que l’on désire en accord avec ses connaissances, ses valeurs, et ses besoins d’une part et que l’on sache se défendre contre les pressions, chantages et autres outils de persuasion d’autre part.
Ça demande donc de sacrées compétences…
Toutes les compétences qu’implique le consentement
Sous-jacent à ce concept on devine nettement la compétence de savoir poser ses limites.
Savoir-faire qui demande lui-même tout un tas de pré-requis :
- Reconnaitre ses sensations physiques
- Reconnaitre les émotions que l’on ressent
- Savoir les nommer
- Connaitre ses valeurs, ce que l’on aime ou pas
- Oser s’affirmer
- Connaitre plusieurs types de réponses ( la contre-proposition, le message clair… )
- Communiquer avec assertivité
Bref , le consentement se donne et se reçoit et ça, ÇA S’APPREND !
👉🏻 Pour apprendre à vos enfants à se connecter à eux pour poser leurs limites et ainsi les protéger du harcèlement scolaire, voyez l'intervention d’Angélique Stock diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
Un mot sur le « spectre du consentement » et la « zone de doute »
Selon Angelique Stock, il existe un « spectre du consentement ».
Aux extrémités de ce spectre :
- ce qui nous met en joie d’un côté
- ce qui est rédhibitoire pour nous de l’autre
Reconnaitre et réagir dans ces cas-là est assez intuitif et naturel.
La difficulté survient lorsque, sur ce spectre, on se situe entre les deux.
C’est ce que l’on appelle la zone de doute.
C’est là que nous sommes le plus vulnérable.
Dans cette zone nous avons du mal à apporter une réponse juste et ancrée et encore plus besoin de mobiliser les compétences évoquées ci-dessus.
Alors… la situation peut nous échapper et déraper sans qu’on l’ait bien vu venir… avec les conséquences plus ou moins graves, comme dans les cas de violences sexuelles ou de harcèlement scolaire.
Un principe-clé que suggère Angélique Stock : UN « PEUT-ÊTRE » EST UN NON.
C’est aussi utile pour s’exprimer et se défendre par exemple du harcèlement que pour entendre et respecter l’autre.
On voit que le vieil adage populaire « Qui ne dit mot consent » a plus que du plomb dans l’aile.
Dans l’intérêt de tous, il est urgent de le déconstruire.
Sinon, on encourage chacun à abuser de la vulnérabilité de l’autre.
(je ne me lancerai pas ici dans un discours féministe, mais on voit aussi le lien qui peut être facilement fait…)
👉🏻 Pour savoir comment aider vos enfants à identifier leur "zone de doute", voyez l'intervention d’Angélique Stock diffusée lors du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
La posture de l’adulte pour enseigner le consentement aux enfants
Notre rôle, comme souvent, est important face à cette question.
« L’exemple n’est pas la meilleure manière d’éduquer, c’est la seule. »
Gandhi
Si nous voulons réellement transmettre le respect du consentement, il va nous falloir donner l’exemple.
Voici quelques illustrations concrètes.
1- Sortons de l’obéissance aveugle
Généralement les enfants intègrent qu’ils doivent obéir aux règles des adultes. (Ne serait-ce que par le modèle de la société qui les entourent)
Ils acquiescent donc parfois alors même qu’ils sont en désaccord profond. Il est intéressant de l’avoir à l’esprit et d’y être attentif.
Il est souvent plus efficace de chercher comment fonctionner ensemble, en embarquant l’autre dans la démarche que de chercher l’obéissance pure. Même si c’est plus long !
2- Sachons nous observer
Toujours dans une démarche de modélisation, ayons une réflexion sur nos propres attitudes.
M’arrive-t-il de donner un câlin ou de passer la main dans les cheveux contre le gré de mon enfant ?
D’utiliser une forme de pression pour obtenir son accord ?
De rentrer dans son espace (sa chambre, son téléphone, son cartable… ) sans avoir demandé ?
Mettons aussi en scène notre propre consentement dans la manière de l’exprimer ou de refuser ou en verbalisant quand on aurait aimé que l’on nous demande avant.
3- Demandons l’autorisation et respectons la réponse
Demander, c’est une des clés. Poser des questions est un prérequis pour obtenir un consentement.
« Est-ce que je peux ouvrir ton cartable ? »
Taper avant d’entrer dans la chambre ….
Le consentement ainsi modélisé et respecté apprendra à l’enfant à dire non, à gagner en confiance et à lui-même demander.
Et en absence de consentement ? On s’abstient !
4- La fratrie comme terrain d’apprentissage.
Utiliser les situations quotidiennes entre frères et sœurs pour apprendre à vos enfants à demander l’accord pour emprunter, toucher, jouer ensemble …. et à l’inverse : accepter le stop de l’autre.
Je ne me fais pas d’illusion : je sais que savoir dire non ne suffit pas à ne plus être victime de violence. Mais c’est un bon début.
👉🏻 Pour une perspective sur la fratrie comme terrain d'apprentissage, je vous conseille l'intervention de Marie-Laure de Blic dans le cadre du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
5- Accompagner le développement des compétences psycho-sociales
Autant qu’apprendre les maths et le français il est crucial d’accompagner les enfants à développer leur connaissance d’eux-mêmes ainsi que leurs compétences émotionnelles et relationnelles.
Favorisez le développement de ces compétences chez votre enfant : de manière implicite, essentiellement à travers votre posture et votre guidance ou explicite : avec des jeux dont c’est clairement la finalité, au détour d’une lecture, à travers vos discussions, en l’inscrivant à des ateliers….
👉🏻 Pour découvrir différentes méthodes visant à développer les savoir-être de vos enfants, voyez les interventions sur l’environnement et la prévention du sommet sur le harcèlement scolaire du 2 au 8 octobre 2024.
Conclusion
Le consentement ce n’est pas anodin. Cela nécessite bon nombre d’habiletés…
Bonne nouvelle : ces habilités seront aussi utiles dans d’autres circonstances.
Il est cependant temps de faire sortir cette notion de consentement du simple contexte de l’éducation sexuelle.
L’enjeu, de taille, est que chacun s’épanouisse et sache traverser les petites et grandes difficultés qui surviendront nécessairement sur le chemin de vie.
Et chez vous, l’enseignement du consentement, ça ressemble à quoi ?