Question de rythme : ralentir ?

Le mois de septembre avance avec son lot d’activités qui redémarrent, ses nombreux engagements et ses acrobaties avec l’organisation.

Est-il possible d’en faire moins ? D’aller moins vite ? Faudrait-il ralentir ?

Il me semble que c’est en tout cas une bonne période pour faire un pas de côté afin de s’interroger sur notre rythme de vie un peu fou. 

En effet, il y a là de quoi largement vider le réservoir du parent bienveillant

Dans cet article je vous propose de prendre un temps d’observation de votre rythme avant d’ouvrir quelques pistes de réflexion pour vous aider à trouver votre propre tempo.

L’enjeu étant de choisir son rythme en conscience plutôt que de subir, sans même s’en rendre compte, un rythme imposé.

—- Cet article est écrit par Emilie, à partir d’une séance thématique du cercle des parents heureux — 

Le contexte : Un rythme rapide et uniforme

Malgré toutes les machines qui nous aident dans nos tâches quotidiennes, l’amélioration des moyens de communication et des transports, nous avons la vive sensation que la vie s’accélère, que nous sommes pris dans un tourbillon, et que, comme 80% des européens, nous manquons de temps . 

Tout se passe comme si nous avions réinvesti le temps gagné pour répondre à cette forme d’injonction implicite d’être performant dans tous les domaines de notre vie : vie professionnelle , vie familiale , vie culturelle, vie sportive… 

Nous devons être brillants partout, entrainés par une société qui valorise à outrance les valeurs de productivité, de réactivité, d’immédiateté, du « plus vite, plus haut, plus fort ».  

De plus, le sentiment s’impose d’un rythme non seulement rapide mais aussi uniforme

L’exemple le plus flagrant est celui de l’école où chaque classe d’âge doit avancer en même temps.  Pourtant, clairement, certains auraient besoin de ralentir, d’autres d’accélérer encore !

Je pense aussi aux besoins des familles qui sont assez peu respectés, avec des congés de naissance qui restent courts, ou encore, même si on commence à en entendre un peu parler, au rythme spécifique lié au cycle féminin qui est encore largement ignoré. 

Ainsi, plus ou moins consciemment, nous subissons la pression d’un rythme qui s’impose à nous et auquel il est difficile (mais pas impossible !) de résister. 

Se connaitre soi-même pour déterminer « son » bon rythme

Tout le monde ne se sent pas bien dans un rythme identique à celui de l’autre.  

Au-delà même, une personne n’a pas des besoins constants en la matière selon les périodes de sa vie. 

Certains vont s’épanouir en cumulant de nombreuses activités et d’autres en ralentissant. Il n’existe pas de recette universelle. Le dénominateur commun est de faire une pause et de se demander si l’on subit un rythme ou si l’on est à l’aise avec lui

Ainsi, trouver son propre rythme, c’est s’autoriser à observer pour plonger dans l’écoute de ses émotions et de ses besoins et mettre de la conscience dans nos choix.

Quelques outils : 

  • Une astuce issue de la cnv  (communication non violente) consiste à observer sa « boussole intérieure » : si je suis dans la joie , dans l’ouverture alors je suis dans le bon tempo, si au contraire je suis dans la contraction, la fermeture , j’ai sans doute un problème de rythme. Cela génère une frustration que quelqu’un (moi ou un tiers) paiera  forcement à un moment  ou un autre.
  • Pour favoriser le lâcher-prise on peut faire une pause et s’interroger sur nos impératifs. Sont-ils si impératifs, conscients, choisis en accord avec nos valeurs ? Finalement il n’y a parfois pas d’autres impératifs que ceux que l’on se met … En prendre conscience et s’adapter en fonction de notre prise de recul est précieux. 

Du vécu : Récemment nous nous sommes mis beaucoup de pression pour des travaux , pression générant de la fatigue et des tensions. Finalement nous avons revu nos ambitions à plus long terme, cassé le rythme des travaux pour accorder plus de temps à la famille et au repos. « Il n’y a pas d’autres impératifs que ceux que je me mets » a pris tout son sens pour moi sur ce coup là ! 

On peut le dire c’est un effort conscient que de résister à cette injonction inconsciente de faire ! 

  • Être au clair avec notre essentiel, ce qui est le plus précieux pour nous et se consacrer à cette seule priorité sans se laisser interrompre, en posant ses limites.
  • Se demander ce que l’on ferait si nous avions plus de temps et mettre en œuvre le plus petit pas possible en ce sens.

Ralentir

On ne va pas se mentir, on a parfois besoin d’accélérer mais le plus souvent notre quête sera de ralentir, de retrouver un rapport apaisé au temps. C’est ce que nous aborderons dans les points suivants. 

Insérer des bulles de lenteur 

Peut-être avez-vous entendu parler de cette philosophie de vie en plein essor : la slow life. Elle consiste à ralentir pour prendre le temps de vivre , de savourer l’instant présent et les choses simples .

On peut s’en inspirer. Sans être radical, et sans changer complètement de vie, on peut choisir d’insérer des bulles de lenteur dans notre quotidien

Quelques exemples : 

  • Se déplacer à pied ou à vélo (sans compter le nombre de pas ni les calories dépensées : on veut fuir la performance !) , 
  • Prendre vraiment le temps pour une pause déjeuner, même les jours travaillés, sans aucune autre distraction.
  • Être vigilant sur son sommeil (pas moins de 6 heures par nuit)
  • Pratiquer la méditation pour apprendre à revenir à l’instant présent
  • Mettre en place une utilisation raisonnée de son smartphone : diminuer ses applications, choisir avec beaucoup de parcimonie ses notifications, racheter un réveil pour éloigner le portable du lit et pourquoi pas même choisir consciemment de délaisser son portable une heure, une journée ou un week-end. 

Aller moins vite : abandonner le multitâche

Le saviez-vous ?  Contrairement à une attitude valorisée dans notre société , aucun cerveau ne peut porter son attention sur deux choses à la fois (sauf pour les activités devenues réflexes comme la marche) . 

Quand on fait deux choses à la fois le cerveau bascule d’une tâche à l’autre. Certes il s’agit de millièmes de secondes, mais à force de répétition on perdrait jusqu’à 20% de notre temps !  

Autre conséquence : on est moins efficace dans les deux activités, on perd des informations, on commet des erreurs … n’avez-vous jamais connu cela ? Moi si !  

Enfin cette bascule demande énormément d’énergie et entraine de la fatigue, du stress et de l’anxiété.

Il est donc urgent 😉 de ne faire qu’une chose à la fois ! 

Choisir d’en faire moins

Activités extra-scolaires, emploi du temps surchargé le week-end, tout voir, tout faire en voyage pour ne rien manquer … attention à cette course au plus possible d’activités, de richesses, de loisirs, de sorties, de visites. 

Et si nous choisissions consciemment d’en faire moins ? 

La parentalité est une question de rythme. 

Passons à l’adaptation de ces principes dans le domaine de la parentalité. 

Prendre soin de soi 

On ne peut pas s’occuper aussi bien que l’on voudrait de nos enfants si nous ignorons trop nos propres besoins. D’où l’importance de prendre des temps de pause pour s’écouter, de faire des activités qui nous nourrissent (mais pas trop nombreuses !) et de savoir poser nos limites.

Le problème du parent interrompu 

La première réflexion qui vient c’est qu’en tant que parent nous devons forcément être multitâche et sommes très souvent interrompus par les enfants dans ce que nous faisons. 

Plusieurs solutions s’offrent à nous : 

  • Choisir sa priorité et décider ou non de faire ce que nous avons à faire à un autre moment. 
  • Choisir d’impliquer notre enfant dans ce que nous faisons en acceptant que ça prenne plus de temps. 
  • POSER NOS LIMITES, souvent on n’ose pas assez. Il est essentiel de le faire, en  verbalisant « je veux lire ce livre/écouter cette émission/téléphoner à mon ami …. Ça va me prendre tant de temps et ensuite je serais disponible pour toi. »

Il est important que les enfants apprennent à respecter notre temps, qu’ils s’intéressent à ce qui se passe pour leur entourage et qu’ils sachent s’adapter. Pour cela cessons de culpabiliser de ne pas être systématiquement à leur disposition, assumons de nourrir nos propres besoins. Quand nous sommes dans cette énergie d’alignement, cela se passe généralement bien avec les enfants . 

La parentalité positive  : un autre rapport au temps

Quand on chemine sur le sentier de la parentalité positive, le rapport au temps devient autre. 

En effet la philosophie veut que nous entretenions une vision à long terme de ce que nous voulons pour nos enfants. Cela implique que nous acceptions de perdre du temps à l’instant t pour en gagner à moyen et long terme.   

Il s’agit donc encore de ralentir.

Voilà de nombreux outils qui illustrent ce propos : 

  • L’écoute et la validation des sentiments.
  • La recherche de solution.
  • L’anticipation , l’aménagement de l’environnement pour éviter les situations de stress qui peuvent conduire à des crises . 
  • Le moment particulier 
  • Changer d’échelle de temps pour arriver à nos objectifs : voir l’évolution à 3/4 mois plutôt que d’attendre un résultat immédiat obtenu par la contrainte…

Toutes ces pratiques et habitudes nous demandent d’adopter petit à petit (car il n’est pas simple de nous reformater)  un autre rythme que celui prédominant dans la société .

Vivre en harmonie avec les autres

Nous avons jusqu’ici beaucoup parlé du rythme personnel. 

Cependant nous sommes des êtres sociaux et on ne peut faire l’économie de savoir nous adapter au rythme global – parce que c’est ça aussi l’ouverture à l’autre.  

En effet, il n’est pas question de se recroqueviller sur soi au détriment des autres ni de se couper du groupe. 

Et puis certaines contraintes s’imposent à nous : prendre un train, arriver à l’heure à un dîner ou bien manger tous ensemble en famille et c’est aussi une vraie compétence à transmettre à nos enfants que de leur apprendre à s’adapter pour vivre en harmonie . 

L’objectif est de trouver la juste « danse » entre le rythme du groupe et son rythme personnel. 

Ce qui me vient pour parvenir à cette harmonie, c’est que le besoin de respecter son rythme personnel est pondéré par d’autres besoins tout aussi fondamentaux

Ainsi, le besoin d’appartenance poussera chacun à mettre en pause ce qu’il fait pour se rendre à l’heure au rendez-vous avec les copains ; ou le besoin de communiquer amènera tout le monde à se réunir autour de la table pour discuter.

En résumé, si nous ne pouvons pas changer radicalement nos modes de vie, nous pouvons en revanche mettre de la conscience dans nos choix et dans nos activités. 

C’est en effet bien de cela qu’il s’est agi tout au long de cet article : sortir la tête du guidon , questionner notre  rythme personnel qui est unique, se demander s’il nous convient, si on le subit et comment l’articuler avec un rythme global pour vivre en harmonie avec ses valeurs et avec les autres.  

Et vous quel rapport au temps entretenez-vous ? 

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