J’en parlais depuis longtemps, et avais fini par mettre le pied à l’étrier lors de mon premier atelier au Mexique, je me sentais donc prête pour faire un atelier spécifique sur la fratrie, en 2 séances de 3h, pour avoir le temps de bien creuser ce thème sensible.
Manque de communication, de réseau, de temps, que sais-je, j’ai eu très peu d’inscrites !
J’ai finalement fait cet atelier avec mes deux meilleures amies ici, une argentine et une italienne ! C’était sympa, on était entre nous !
Ces deux amies ayant déjà suivi chacune un cycle d’ateliers avec moi, et ayant également copieusement discuté avec moi en dehors des ateliers, nous sommes passées rapidement sur les questions de validation de sentiments que les deux maîtrisaient déjà bien.
J’en reparle cependant, parce que la validation des sentiments est fondamentale quand on veut s’attaquer aux conflits entre frère et soeur ! Si l’enfant ne se sent pas écouté et compris, il n’aura aucune envie de résoudre les problèmes…
Le premier jour, nous parlons des causes des disputes, en déclinant deux grands thèmes :
1- la rivalité
2- savoir poser ses limites
En effet, si l’on en croit Faber et Mazlish, la rivalité est la première cause de conflits dans la fratrie, et il est vrai que la lecture de Frères et soeurs sans rivalité m’avait beaucoup aidée à me rendre compte de la compétition que nous créons parfois entre nos enfants, sans même nous en rendre compte.
Nous discutons donc des comparaisons, des évidentes et des plus subtiles, du piège de l’égalité : pour traiter les enfants de façon égale, il faut bien comparer ! Or, pour éviter de fomenter un sentiment de rivalité, nous voulons nous éloigner des comparaisons ! Nous multiplions les exemples, et mes amies se rendent compte de la difficulté que nous pouvons parfois avoir de se recentrer sur l’enfant, sans lui parler de son frère..
Nous parlons également des rôles dans la fratrie, le poids de l’étiquette qui est encore plus vrai dans la famille car les rôles répondent en général les uns aux autres.
Un cas particulier : celui du rang de naissance, qui crée parfois un rôle dès le départ !
La phrase à garder en tête : nous cherchons la coopération, pas la compétition.
L’une de mes amies me confiera plus tard que ce qui l’aura le plus marquée de cet atelier, c’est de se rendre compte à quel point toutes ces questions de rivalité peuvent être encore très présentes à l’âge adulte, quel impact elles peuvent encore avoir dans nos relations entre frères et soeurs adultes.
Nous passons alors à une autre source de conflit, influencés cette fois par le regard d‘Elizabeth Crary : le développement de compétences relationnelles. Et j’insiste en particulier sur les limites, qu’il est parfois si difficile de faire respecter !
Nous parlons donc des différents type de limites : les physiques, celles des objets. Nous discutons bien sûr du prêt des jouets…
Beaucoup de grain à moudre à la fin de ces quelques heures au sujet de tout ce qui peut être travaillé en amont pour rendre les relations moins conflictuelles…
Le deuxième jour, nous sommes prêtes à aborder le noeud de l’affaire : les disputes !
Encore une fois, j’insiste sur le fait qu’avant de pouvoir se lancer dans une quelconque démarche de résolution, il faut être sorti d’un état émotionnel fort.
L’illustration du cerveau dans la main aide à comprendre. (article à venir)
Ensuite, nous discutons de notre rôle dans les disputes : si nous intervenons, nous nous mettons en position d’arbitre, autrement de « sauveur », le « sauveur » de la victime face à au persécuteur. Ce sont les rôles décrits dans le triangle de Karpman. (article à venir)
Nous voulons vraiment éviter cette situation, qui revient à poser des étiquettes et/ou à encourager encore la compétition entre les enfants !
Non, notre but est de les aider à développer leurs compétences de résolution de problème, avec pour objectif de ne plus intervenir dans les disputes.
Au départ, bien sûr, ils vont devoir être accompagnés. Mais peu à peu, nous nous effacerons, et les laisserons trouver leur propre consensus.
Cette idée est une de celles qui les marque le plus : se défaire du rôle d’arbitre.
Moi-même, qui ai tellement à coeur d’aider mes enfants à développer ces compétences de résolution de problème, je sais que je me suis mise à intervenir plus que nécessaire. Le week-end qui suit cet atelier, je me retiens, et tout se passe bien !