Au coeur… : Nous n’arrivons pas à recevoir l’émotion de l’enfant
Un chapitre intéressant du livre Au coeur des émotions de l’enfant, d’Isabelle Filliozat, intitulé « Il m’énerve avec ses jérémiades« . On a beau savoir qu’il est important de recevoir les émotions de nos enfants (on l’a déjà vu dans les oeuvres de Faber et Mazlish, d’Isabelle Filliozat, d’Elizabeth Crary…), on se retrouve parfois simplement exaspéré !
Selon Isabelle Filliozat, plusieurs hypothèses sont possibles :
1- On est épuisé.
Quand un enfant est fatigué, c’est flagrant, il réagit beaucoup plus fort, il est beaucoup plus râleur, on l’a tous constaté. (Je l’ai vécu cet après-midi même !)
Et bien il en est de même pour nous : quand on est épuisé, on se met en colère « pour un rien ».
Alors parfois, osons poser la limite : la lessive ne se fera pas, il vaut mieux se poser, aller se coucher plus tôt. Si on n’est pas reposé, on aura forcément moins de patience !
2- Nos besoins sont en compétition avec ceux de nos enfants
Quand on est soi-même en colère, et qu’on refuse de le reconnaître, les enfants sont souvent capable de s’en apercevoir. Ils ne savent alors plus sur quel pied danser, ils vont probablement avoir un comportement qui déclenchera notre colère. Effet secondaire intéressant d’ailleurs : quelque part ils nous aident à faire sortir notre émotion ! Dommage seulement que ce soit contre eux…
Mais c’est également à nous de reconnaître nos limites, de les poser, de les communiquer. C’est ce qu’on a déjà vu dans ce même livre sur nos besoins en compétition, et ça rejoint également ce que disait Elizabeth Crary sur la nécessité de montrer le modèle en termes de limites.
3- L’émotion exprimée n’est pas juste, c’est une émotion parasite.
Le jour où je prendrai enfin le temps de finir d’expliquer les choses apprises dans mon stage de « », j’expliquerai mieux le concept de l’émotion parasite.
On parle ici d’une émotion qui en cache une autre. Il est possible, tout comme pour nous dans le cas précédent, que la source de la colère exprimée par l’enfant ne soit pas celle qu’on voit : il s’énerve contre son frère parce qu’il est en colère contre son copain…
Seulement voilà, et c’est ce qui biaise souvent les réactions : si l’émotion exprimée n’est pas juste, on est incapable de la recevoir ! Il faudrait ici avoir le recul suffisant pour réfléchir avant d’agir, pour identifier ce qui peut se cacher…
Pour en avoir plus sur les émotions parasites, dont j’ai plus entendu parler lors de mon stage de grammaire des émotions, vous pouvez aller lire mon article spécifique : les réactions émotionnelles parasites.
4- C’est une émotion que l’on ne se permet pas.
Il arrive que nous ayons appris à refouler un certain type d’émotion. On n’a pas le droit d’avoir peur, ou de pleurer, ou d’exprimer sa colère… alors on ne supporte pas que nos enfants le fassent. L’exemple le plus classique est probablement le père « fort » qui ne peut pas accepter que son fils se montre « faible » en termes d’émotions…
C’est difficile de se remettre en question sur ce point, parce que comprendre qu’on a appris à s’interdire une émotion, c’est également remettre en cause nos propres parents… Le veut-t-on ?
5- Cela nous rappelle notre enfance.
Là, on va encore un cran plus loin que dans le point précédent : l’émotion de l’enfant nous renvoie à une blessure de notre enfance.
C’est une idée que j’ai déjà régulièrement vue, et dont je notais précédemment qu’elle me restait distante, mais il reste nécessaire de revenir dessus, parce que c’est visiblement un problème courant. Dans certains cas, on ne peut bien écouter son enfant que si on guérit de nos propres blessures. Il s’agit d’accepter notre colère d’enfant, rencontrer l’enfant en question, le comprendre. Certains parents auront pour cela besoin d’aide.
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