Notre enfant, un prolongement de nous-mêmes ?
Lors d’un de mes récents ateliers, l’une des mamans parle du fait qu’elle brosse encore les cheveux de sa fille de 13 ans tous les matins…
Nous poussons un peu l’analyse de la situation :
« Pourquoi la coiffes-tu toi-même ?
– Parce que sinon, j’ai beau le lui rappeler, elle ne le fait pas !
– Et quel est le problème si elle ne le fait pas ?
– Elle aura les cheveux tout ébouriffés pour aller à l’école !!
– Et quel est le problème d’avoir les cheveux tout ébouriffés ?
– … Les autres vont penser que je suis une mauvaise mère… »
Ainsi, cette mère craint le jugement des autres sur sa fille, non pour ce que cela impliquerait pour sa fille, mais bien pour ce que cela impliquerait sur elle-même.
Au travers du jugement de nos enfants, nous nous sentons jugés en tant que parent…
Réfléchissons : si ma voisine sort avec des cheveux non brossés (aie, l’exemple est mauvais pour moi, parce que mes voisines ont en général les cheveux brossés, c’est moi qui ne les ai pas !! Qu’importe…), je ne me sentirai pas jugée comme mauvaise voisine. Non, parce que ma voisine et moi sommes deux personnes différentes, elle fait ses choix, je fais les miens. (En l’occurence, en général, celui de ne pas me brosser les cheveux, mais encore une fois, restons centrés sur la question.)
Pourquoi est-ce différent lorsque c’est un enfant ? Parce qu’on devrait avoir une influence sur eux, plus que sur la voisine ? C’est possible. On en a d’ailleurs.
Cependant, nos enfants sont quand même des personnes indépendantes. Si le fait d’avoir les cheveux brossés ou pas importe peu à cette fille, est-il juste d’en tenir rigueur à la mère ?
D’ailleurs, l’on ne sait même pas si le fait de se brosser les cheveux n’importerait pas à la fille, sa mère ne lui a pas laissé l’occasion d’en vivre l’expérience… Mais même si c’était le cas, la fille doit-elle nécessairement correspondre à ce que désire la mère ?
Dans l’introduction de Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat écrit : « Notre enfant est un peu notre miroir. Nous avons tendance à le considérer comme notre prolongement, comme une partie de nous. »
Je crois que le problème est là : s’ils sont une partie de nous, alors tout jugement sur eux est un jugement sur nous.
Je crois que pour les laisser être eux-mêmes, je dirais même pour les aider à être eux-mêmes, il nous faut réussir à accepter qu’ils ne sont pas une partie de nous. Qu’ils ne nous appartiennent pas. Qu’ils ne reflètent pas forcément ce que nous sommes.
Qu’ils sont eux, avec leurs propres qualités, et leurs propres défauts ; avec leurs propres forces et leurs propres faiblesses ; avec leurs valeurs et leurs envies, parfois alignées sur les nôtres, et parfois… non !
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