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Frères et soeurs sans rivalité – Chapitre 5 : Frères et soeurs dans leurs rôles

Le concept du « rôle »

Voilà un thème que je reconnais bien à présent, et pour lequel je n’ai plus besoin d’être convaincue. En français, on peut appeler ça « le poids de l’étiquette ».

Plus on « labelle » une personne, plus cette personne endosera le rôle qu’on lui prête, négatif ou positif.
Bien évidemment, nous ne voudrions pas renforcer un trait négatif. Mais, en fait, positif non plus : parce que ça impose un standard stressant (on ne peut pas être un super héros, acceptons notre imperfection !).
On avait déjà parlé de ça dans Parents épanouis, enfants épanouis, au chapitre 7 : Les rôles qu’on leur fait jouer

D’où viennent ces rôles ?

Parfois, ils viennent des parents, parce que c’est naturel, parce que nous connaissons si bien nos enfants, parce que nous sommes agacés par la répétition (qu’est-ce qu’il est distrait !), parce que nous sommes peut être tentés de booster leur égo… Il vaut mieux pourtant essayer de les éviter, et laisser l’enfant se faire sa propre idée de lui-même.
Parfois, le rôle donné par les parents découle simplement de la place dans la fratrie : le plus grand doit être plus responsable, le plus petit est plus fragile… moi, je considère que le grand frère embête sa petite sœur parce que mon grand frère m’embêtait… (oui, je travaille là-dessus !)
Parfois, ils viennent des enfants eux-mêmes, en tout cas, ils sont renforcés par les enfants, qui y voient leur intérêt,
parfois, ils sont imposés par un frère, qui répète que l’autre enfant est… (Compléter par ce qu’on veut ! faible, chouineur, lent, idiot…)
Dans tous les cas, l’enfant se retrouve dans une situation dans laquelle il a du mal à se voir différemment de l’image qu’on lui donne de lui.
Encore une fois, on rejoint un thème déjà discuté.
Mais ici, on insiste sur l’impact dans la fratrie : comment reconnaître les traits de caractère sans que ce soit fait aux dépends des autres ?

Illustration du rôle dans la fratrie

Un exemple du livre traite d’une petite fille qui apprend le piano. Elle peine, puis s’aperçoit que sa petite soeur sait jouer le morceau sur lequel elle travaillait elle-même, sans avoir pris de cours, juste pour l’avoir écoutée travailler.. Elle a alors le sentiment qu’il vaut mieux arrêter les leçons, elle n’a pas le talent voulu.
Je sais exactement ce que j’aurais répondu dans ce cas : « Oui, ta sœur est sûrement plus douée pour le piano, chacun a ses forces et ses faiblesses, tu es meilleure à (…). Mais ce n’est pas grave, il ne faut pas te désespérer, joue à ton niveau sans t’en préoccuper. »
Cependant, si on regarde bien, je crée par cette réponse une certaine compétition entre les enfants : « Elle est meilleure à… Tu es meilleure à… »
J’aime mieux la réponse suggérée dans le livre : « J’imagine comme ça doit être décourageant d’entendre ta sœur jouer ton morceau, mais la façon dont joue ta sœur n’a rien à voir avec toi. Peu importe la vitesse à laquelle on peut apprendre à jouer. Ce qui est important, c’est la façon dont TU interprètes le morceau, de savoir si tu aimes le jouer, si ça te procure du plaisir. Il serait dommage de te priver de ce plaisir ! »

Et là, on ne nie pas le talent de la sœur, mais on déconnecte les choses, on ne reste pas sur un mode comparatif, on recentre sur l’enfant lui-même.
Serai-je capable d’apprendre à réagir comme ça ?

Le rôle du frère renforce le rôle de l’enfant

Parfois, l’enfant ne peut maintenir son rôle qu’au détriment de son frère/soeur. Et cela explique que ce thème trouve aussi bien sa place dans ce livre.  D’ailleurs, le rôle de chacun a une influence sur l’autre. On ne porte une étiquette que par rapport à un référentiel, donc par comparaison !
Ainsi, on trouve évidemment les rôles qui se répondent, type agresseur/victime, mais on peut aussi voir des schémas plus simples qui vivent quand même par comparaison, comme « je suis celle qui n’oublie pas mes affaires » (exemple personnel qui avait résonné en moi à la lecture du chapitre 3 sur la comparaison)

Alors, comment sortir l’enfant de son rôle ?

Réponse : le traiter comme s’il était déjà comme on souhaite qu’il devienne !
Ainsi, au « distrait », l’on confiera la tâche de se rappeler d’emporter tout ce qui est nécessaire ; à « l’agresseur », l’on dira qu’on sait très bien qu’il sait obtenir quelque chose sans taper.
On peut même le lui dire au cœur de l’action : « Je sais que tu as la capacité d’être gentil, sers-t-en ! »
Et la façon dont on le voit doit changer non seulement pour lui, mais aussi pour l’entourage : « Tu es fâché que ton frère t’ait arraché le jouet ? Je comprends ça ! Pourtant, il sait très bien être gentil et demander le jouet quand il en a envie. »

Dans chaque famille…

Oui, je devine que dans chaque famille, il en est de même : chaque enfant a son rôle…

Chez nous, on trouve le le rôle de victime chez Alice (8 ans) face à Oscar (13 ans), agresseur. En lisant ce chapitre, je m’aperçois que je ne réponds pas toujours bien ce qu’il faudrait… J’ai même plutôt tendance à renforcer le rôle en commentant : « Oscar, arrête d’embêter ta soeur ! », leur enseignant ainsi que je considère qu’il l’embête trop, et qu’elle a besoin de moi pour y mettre le holà… hum.

Mais on a aussi et surtout le problème de l’étiquette pour Léon (tout juste 4 ans)
« Léon est un enfant difficile ! » (Idée qui est passée dans notre famille au sens large, non sans fondement…) Bon sang, plus on le répète, plus ce sera vrai !
Mais Léon est également un enfant sensible, un enfant intelligent, un enfant qui aime se lancer des défis, un enfant qui cherche à aller plus loin, un enfant curieux, un enfant créatif…
Comment développer ces aspects-là ?
Comment faire pour ne plus lui renvoyer l’image du garçon qui se met en colère « pour un rien » ?
Pas évident… Surtout que plus c’est le cas, et moins on a l’énergie qu’il faut pour l’aider à montrer son autre visage…
(Note postérieure : nous avons quand même réussi à lui parler de son joli sourire…)

Et vous, quels sont les rôles dans votre famille ?

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2 réponses
  1. Karine Hy
    Karine Hy dit :

    je ne pense pas que dire à quelqu’un de fâché « je sais que tu peux être gentil, sers-t-en! » soit bénéfique. Pour plusieurs choses : cela indique le bien et le mal et cela ne prend pas en considération la colère qui est là. De plus, c’est une volonté de détournement de ce qu’il ressent et de qui il est. La colère doit être entendue. La gentillesse ne vient pas sur commande, sinon c’est du dressage et envoie-le message suivant : « sois gentil(le) », sous-entendant  » sacrifie-toi ! », ce qui est très néfaste au développement de l’enfant.

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Bonjour Karine, merci de ton commentaire.
      Je vois ce que tu veux dire, c’est probablement une question de vocabulaire. Le fait de dire « être gentil » renvoie à l’étiquette, et c’est probablement ce qui te gene.
      Je suppose qu’il serait plus adéquat de dire quelque chose comme « Je sais que tu as la capacité d’exprimer ta colère sans faire mal. »
      Comment le verrais-tu ainsi ?

      Le but ici n’est pas de trouver une manière de gérer la colère, mais bien de ne pas enfermer un enfant dans un rôle. Donc, l’aider à se voir lui-meme différemment. Donc, on ne veut pas qu’il réprime sa colère, mais l’aider à apprendre qu’il est capable de la vivre sans maltraiter les autres, ce qui est également important !

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