Frères et soeurs sans rivalité – chapitre 3 : La comparaison, une pratique dangereuse
Eviter les comparaisons.
Ca parait logique… Il n’est pas question de dire « Ta soeur fait ça mieux que toi », ou le contraire, et je pense que j’aurais pu dire que dans notre maison, on ne comparait pas.
Mais je me suis rendue compte que ça pouvait être plus subtil que ça…
Parfois on compare quand on ressent quelque chose de fort :
« Ta soeur est dans la voiture depuis 10 minutes, et tu n’es toujours pas prêt ! »
Ou bien pour encourager à être grand : « Ton frère ne peut pas faire ça parce qu’il est petit, mais toi tu es grand ! »
Essayons de développer la coopération plutôt que la compétition.
C’est vrai, ça ! Comment peut-on expliquer cela :
L’autre jour, on arrive au cours de danse, et je demande à Alice (8 ans) :
« Tu as pensé à tes chaussons ? Et aux livres pour le cours de français ensuite ?
Super ! Dis donc, tu t’es bien organisée, tu as pensé à tout sans que je ne te dise rien ! »
Sa réponse :
« Oscar (13 ans), lui, aurait tout oublié, même si tu le lui avais dit ! »
C’est peut-être vrai… Mais pourquoi a-t-elle besoin de faire cette comparaison ?
A-t-on besoin d’écraser les autres pour se redorer soi-même ?
C’est ce que je voudrais changer…
Alors, en suivant ce que dit le livre, j’ai à présent fait passer le message dans la maison qu’on ne comparait pas. « Oscar est Oscar, Alice est Alice, ça n’a rien à voir ! »
Le mot clef : décrire !
Décrire ce qu’on voit, ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, ce qui doit être fait.
Rien de ce que fait son frère n’a à voir avec lui.
Notons également que la comparaison peut etre néfaste même quand elle positive : comme les rôles (qu’on a abordés dans le chapitre 6 de Parler pour que les enfants…), elle impose un standard qui peut être difficile à maintenir ! Et puis, elle peut encourager le fait de critiquer l’autre pour garder le « bon » rôle.
Dans le même ordre d’idée, il vaut mieux parfois éviter de trop complimenter un enfant quand l’autre est présent…
On a ce cas dans la maison avec le piano :
Alice a beaucoup, beaucoup de mal à s’y mettre. Est-ce que le fait d’avoir tant entendu que son frère avait décollé l’année dernière et qu’il était doué ne la freine pas encore plus ?
J’ai tellement entendu dans mon enfance « ton frère, au moins… » (sur l’affectif, généralement) et à mon frère « ta soeur, elle… » (sur le soin donné aux affaires et au monde scolaire). Résultats? J’étais très peu démonstrative avec mes parents (maintenant on ne se parle plus) et mon frère est persuadé qu’il ne vaut rien scolairement.
Même à l’âge adulte, j’ai été face à ma mère pour entendre son jugement « ton frère, au moins, il nous aime et prendra soin de nous quand on sera vieux ». Ça fait hyper mal. Mon mari a lui aussi souffert de la comparaison avec son frère aîné, ce qui arrive encore aujourd’hui; il est prof de maths et récemment sa mère lui disait « tu as toujours été bon en maths, mais ton frère a toujours été meilleur que toi ». C’est terrible, ces parents qui ne réfléchissent pas!
Aurore, tes exemples me filent carrément des frissons ! Comment peut-on dire des choses pareilles ??
Je veux croire qu’ils ne se rendaient pas compte, qu’ils faisaient de leur mieux, mais ouf.. ce doit être bien difficile à entendre !!