Et voilà qu’on arrive au « dur ».

Ca a mis un peu de temps ? Oui, mais avant d’en arriver là, il fallait bien comprendre les dynamiques de cette relation frère/soeur. Et c’est seulement maintenant qu’on a mieux compris les points précédents qu’on est armé pour bien réagir en cas de dispute…

Disputes qui, d’ailleurs, devraient être moins fréquentes rien que par le fait que nos autres changements ont encouragé une relation plus harmonieuse.

Ainsi, si la relation entre les enfants est bonne, ils se disputent moins, et savent mieux gérer leurs conflits.

En général, on essayera donc de ne pas intervenir dans les conflits, et de les laisser développer leurs propres méthodes de résolution.
Il y aura évidemment toujours des cas où notre intervention s’avèrera nécessaire.
Dans ce cas, essayer de suivre les étapes suivantes :

1- Commencer par reconnaitre la colère de chacun envers l’autre, ça devrait déjà calmer un peu le jeu

2- Ecouter chaque version avec respect

3- Montrer qu’on s’aperçoit de la difficulté de la situation

4- Exprimer sa confiance dans le fait qu’ils puissent résoudre le problème seuls, et trouver une solution qui soit juste pour chacun d’eux (Si nécessaire, faire quelques suggestions)

5- Les laisser seuls faire les choix qui leur conviennent

Si on arrive au moment où ça dégénère déjà, on peut adopter une approche un peu plus interventionniste, d’abord en se renseignant : « Etes-vous en train de jouer ou de réellement vous battre ? », puis en rappelant la règle : « Ce n’est un jeu que par consentement mutuel. », et enfin, éventuellement : « Je comprends que vous jouez, mais c’est trop brutal pour moi. J’aimerais que vous trouviez une autre activité. »

Parfois, il faut intervenir plus fortement parce qu’on est déjà à un niveau avancé de la dispute, par exemple quand l’un est sur le point de taper sur l’autre !

Alors,
1- Ca peut paraître ridicule mais commençons par décrire la situation. Ça aide de se voir de l’extérieur pour se rendre compte de ce qu’on fait…
« Je vois un garçon qui s’apprête à taper sur l’autre !! »
2- Poser les limites
« Il n’est pas question de se faire mal ! »
3- Séparer les enfants pour les laisser respirer
« Je pense que vous avez besoin d’un moment de séparation pour vous calmer… »

Cela fait déjà pas mal de compétences à tester, et à mettre en place.

Le chapitre cependant ne s’arrête pas là. En fait, ça donne envie de séparer en plusieurs chapitres, parce que les situations sont multiples, et on trouve beaucoup de bons conseils ici.

Abordons donc ce que je vais appeler la

partie 2 : la situation récurrente

Ex : « Elle n’est jamais prête à l’heure de partir pour l’école.. »

Alors là, on peut commencer une démarche de resolution de conflit, dont les étapes proposées sont :
1- Organiser une réunion entre les protagonistes. Expliquer les raisons de la réunion et les règles de discussion.
2- Ecrire les sentiments de chacun, et ses récriminations, puis les lire à haute voix.
3- Laisser le temps à chacun de réagir à ce que l’autre a exprimé.
4- Inviter chacun à inventer des solutions. Tout écrire sans jugement.
5- Décider des solutions qui conviennent à tous.
6- Revenir dessus plus tard pour voir si ça a fonctionné.

Ça nous est déjà arrivé de mettre ça en place (On l’a fait dans cet exemple-là justement. Discutant avec Oscar -13 ans- et Alice -8 ans- de l’heure de départ pour l’école, du besoin de chacun, et comment l’autre peut s’adapter ou pas) et bien sûr, ça marche beaucoup mieux de parler du problème à froid, de prendre des décisions ensemble, et qu’ensuite chacun sache qu’elles sont les limites acceptables pour l’autre.

En revanche, on est très mauvais pour le suivi. Est-ce grave ? Je ne sais pas… Si le problème ne surgit plus, on peut penser qu’on n’a pas besoin de revenir dessus, mais en fait je trouve que
– il vaut mieux vérifier quand même après usage que les parties concernées sont satisfaites de l’aménagement, avant que le même problème ne se repose, ce qui peut être très frustrant !
– si le sujet ne surgit vraiment plus, ça vaut quand même la peine de prendre le temps de le noter, de féliciter les enfants, et de leur donner l’opportunité de se rendre que la méthode de résolution de conflit a fonctionné !

Rq : cette méthode est en fait la même que celle qu’on avait vue dans la fin du chapitre sur les alternatives aux punitions dans Parler pour que les enfants écoutent…

Partie 3 : au lieu de prendre partie…

Encore une fois, c’est aux enfants de résoudre la question. C’est sacrément difficile au quotidien, mais il faudrait que ce ne soit pas le parent qui impose, sinon, il est certain que l’un au moins va se sentir lésé (parfois les deux), et donc énervé et aigri, envers le parent, et envers l’autre enfant.

Si on se retrouve dans une situation où l’on nous demande de prendre partie, il vaut mieux énoncer la règle qui va leur permettre de conclure seuls :
« Si je comprends bien, Thomas, tu as besoin des crayons pour tes devoirs, et toi, tu voudrais finir de colorier.
Les devoirs ont toujours la priorité, mais Thomas, si tu veux trouver un arrangement avec ta soeur, tu peux. »
ou bien : « Tu voudrais emprunter cette chemise pour ta soirée, mais toi, tu ne veux pas la lui prêter parce que tu as peur qu’il l’abîme. Ecoute, c’est ta chemise et donc ta décision, c’est ton choix de discuter les choses avec ton frère. »

Bon, dans la pratique, je trouve que ça marche peu… Mais au moins ça permet de donner notre « décision » simplement en rappelant la raison, et les laisser la comprendre, plutôt qu’en l’imposant…

Partie 4 : Autres points intéressants

Comment encourager le partage ?
Puisque selon le point précédent, on ne force pas le partage, comment l’encourager ?
– en mettant les enfants en charge du partage quand on distribue quelque chose
– en mettant en valeur les avantages du partage
– en laissant le temps à l’enfant d’intégrer l’idée (« Il te dira quand il sera prêt à partager » – Ca ça marche pas mal !)
– en montrant son appréciation quand le partage vient spontanément
– en le modelant !

Décourager le fait de rapporter
Qu’un enfant rapporte les bêtises de l’autre ne peut pas contribuer à leur entente…
(On parle ici d’une bêtise qui n’embête pas l’autre)
Il vaut mieux ne pas l’encourager.
« Il a fait ça ? Dis-lui de venir me voir ! » n’est donc pas la bonne réaction : non seulement, ça donne satisfaction au rapporteur, mais en plus, ça l’implique dans un rôle qui n’est pas le sien !
Une réponse adéquate serait plutôt de lutter contre son instinct, et de dire :
« Je n’ai pas tellement envie de discuter avec toi de ce que ton frère fait ou ne fait pas… mais si tu veux me parler de toi, je serai ravie de t’ecouter ! »

Dans le cas où on doit voter, valider la frustration
Parfois, quand le groupe ne se décide pas, on procède à un vote. Pas de problème de fond, mais ça peut être une bonne idée de faire remarquer à tous : « Ok, voilà donc la décision, nous savons cependant que l’un de nous reste déçu parce qu’il avait vraiment envie d’autre chose. »

Encourager l’équipe
Et ce sera le dernier point : ne pas hésiter à remarquer les moments où les enfants fonctionnent bien ensemble !
« Vous avez fait ça ensemble ? Vous faites une sacrée équipe ! »
Comme quand Oscar et Alice ont fabriqué les déguisements d’halloween de leurs petits frères… Ils ont fait un boulot fantastique ! Comme quoi, c’est possible, ne pas en douter !

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Eviter les comparaisons.
Ca parait logique… Il n’est pas question de dire « Ta soeur fait ça mieux que toi », ou le contraire, et je pense que j’aurais pu dire que dans notre maison, on ne comparait pas.
Mais je me suis rendue compte que ça pouvait être plus subtil que ça…
Parfois on compare quand on ressent quelque chose de fort :
« Ta soeur est dans la voiture depuis 10 minutes, et tu n’es toujours pas prêt ! »
Ou bien pour encourager à être grand : « Ton frère ne peut pas faire ça parce qu’il est petit, mais toi tu es grand ! »
Essayons de développer la coopération plutôt que la compétition.

C’est vrai, ça ! Comment peut-on expliquer cela :
L’autre jour, on arrive au cours de danse, et je demande à Alice (8 ans) :
« Tu as pensé à tes chaussons ? Et aux livres pour le cours de français ensuite ?
Super ! Dis donc, tu t’es bien organisée, tu as pensé à tout sans que je ne te dise rien ! »
Sa réponse :
« Oscar (13 ans), lui, aurait tout oublié, même si tu le lui avais dit ! »
C’est peut-être vrai… Mais pourquoi a-t-elle besoin de faire cette comparaison ?
A-t-on besoin d’écraser les autres pour se redorer soi-même ?
C’est ce que je voudrais changer…

Alors, en suivant ce que dit le livre, j’ai à présent fait passer le message dans la maison qu’on ne comparait pas. « Oscar est Oscar, Alice est Alice, ça n’a rien à voir ! »

Le mot clef : décrire !
Décrire ce qu’on voit, ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, ce qui doit être fait.
Rien de ce que fait son frère n’a à voir avec lui.

Notons également que la comparaison peut etre néfaste même quand elle positive : comme les rôles (qu’on a abordés dans le chapitre 6 de Parler pour que les enfants…), elle impose un standard qui peut être difficile à maintenir ! Et puis, elle peut encourager le fait de critiquer l’autre pour garder le « bon » rôle.
Dans le même ordre d’idée, il vaut mieux parfois éviter de trop complimenter un enfant quand l’autre est présent…
On a ce cas dans la maison avec le piano :
Alice a beaucoup, beaucoup de mal à s’y mettre. Est-ce que le fait d’avoir tant entendu que son frère avait décollé l’année dernière et qu’il était doué ne la freine pas encore plus ?

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Suite à la lecture du 1er chapitre de Parler pour que les enfants écoutent…, je concède dans l’imaginaire :

Léon (3 ans et demi) veut absolument mettre un jean pour aller à l’école.
« Mais il fait trop chaud pour mettre un jean !
– Moi je veux quand même mettre un jean…
– … ce serait bien s’il faisait froid, pour que je puisse te laisser mettre ce jean ! Ensuite, il y aurait même de la neige !
– oui, on mettrait le jean…. bon, je vais le laisser là, et je le mettrai après l’école en rentrant. »

J’ai été surprise moi-même…

Quelque temps plus tard, dans la voiture, Léon a soif.
Le fait que je n’aie pas d’eau ne l’empêche nullement de continuer à en réclamer.
Heureusement, j’ai déjà vu ce même exemple dans un livre de Faber et Mazlish, donc je suis armée !
« Tu sais ce qui serait chouette ? D’avoir un robinet dans la voiture ! Comme ça, dès qu’on aurait soif, hop ! on pourrait tourner le robinet et avoir de l’eau ! »
Ca a suffi pour qu’il arrête de pleurer.

Le samedi qui suit la lecture du 1er chapitre de Parler pour que les enfants écoutent…, nous sommes dans la rue, et Léon (3 ans et demi) s’énerve parce qu’il n’arrive pas à porter son tricycle. Il se cogne.
Je reviens vers lui avec l’intention de lui suggérer de me demander de l’aide, ou de retourner poser le tricycle à la maison, puis je change d’avis.
A la place, j’utilise mes nouvelles compétences d’écoute active :
 » Tu voulais porter le tricycle ?
– ouiiii !
– et tu n’y arrives pas ?
– non…
– …
– attends (il se calme), je vais le mettre comme ça, oui, là, ça marche ! »
Et c’est reparti !

main à 6 doigtsLes 6 doigts de la main… Un nom étrange pour un blog de parentalité…
Laissez-moi vous l’expliquer !

En janvier 2015, au moment des bonnes résolutions, j’ai décidé d’en prendre une : arrêter de crier.
C’est que dans les mois précédents, la situation n’avait pas été facile, et il suffisait de voir la façon dont nos grands parlaient à nos petits pour comprendre que le modèle qu’on leur avait donné avait dérapé…
J’ai donc commencé à naviguer, et je suis d’abord tombée sur le blog « dirt and boogers », dont la rédactrice, maman comme moi, s’était lancé un défi :arrêter de crier, ou « stop yelling« .
J’ai lu des conseils, je me suis inspirée, j’ai aimé, j’ai commencé à progresser.

Une des idées exposées était celle du coeur jaune. Un symbole omniprésent, pour ne pas oubier ses priorités. Oui… Et puis, mes lectures m’ont amenée à un autre blog, avec une autre utilisation de ce coeur jaune. Là, l’idée me plaisait : un symbole qui me permettrait de me recentrer, et de lancer le signal que je suis en train de monter dans les tours.
Mais, je n’aimais pas le symbole lui même. Le coeur me semblait trop gnan-gnan. J’ai donc demandé conseil à Nicolas, toujours fort pour les bonnes idées. Il m’a immédiatement suggéré une main à 6 doigts ! Une main qui représenterait notre famille, qui montrerait l’union vers laquelle on voudrait tendre…main-dans-salon
Aussitôt dit, aussitôt fait, une main à six doigts a été installée dans notre salon !
Aujourd’hui, elle ne sert quasiment plus. Mais dans les premiers temps, elle a été très utile.
Quand je sentais la pression monter, j’allais poser ma main sur celle à six doigts, et je respirais très fort. Ca faisait descendre ma pression, ça montrait à Léon que j’étais sur le point de craquer.
Lui-même s’est mis à l’utiliser, et parfois, quand on était à l’extérieur, je lui montrais ma main pour poser la sienne quand il avait besoin de se calmer !
Et puis… c’est passé. Je l’utilise encore, de temps en temps, mais lui, même énervé, ne désire plus y poser la main.

Cependant, le symbole reste, c’est à présent celui du commencement de cette histoire !

Edit : le symbole reste tellement, qu’il n’a pas été oublié par Léon lorsque, deux ans plus tard, nous avons conçu la roue des options !