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Les devoirs sont souvent une source de tension dans les familles. Les enfants traînent les pieds, les parents insistent, et cela tourne vite au conflit. Et si nous arrêtions de nous battre pour les devoirs ? Et si, au lieu de les voir comme une contrainte, nous les transformions en un espace d’apprentissage bénéfique pour l’enfant ? Pour cela, la clé est de réduire la pression et d’adopter une approche plus sereine.

Stopper les questions et vérifications incessantes : un stress inutile

« Tu as des devoirs ? »
« Quand est-ce que tu vas faire tes devoirs ? »
« Tu as fini tes devoirs ? »

Ces questions, bien que partant d’une bonne intention, peuvent créer un climat de stress pour l’enfant.
Il se sent surveillé, jugé, et reçoit le message que la charge mentale des devoirs ne lui incombe pas. (Il y aura toujours un parent pour le lui rappeler…)
Résultat : cela peut le pousser à procrastiner ou à rejeter l’idée même de travailler.

Quand j’étais ado, j’évitais de bosser quand ma mère n’était pas là, pour être sûre d’avoir de quoi faire quand elle pouvait me voir !

Comment réduire cette pression autour des devoirs ?

  • Laisser l’enfant le plus en charge possible de son travail, en fonction de son âge
  • Le responsabiliser en le laissant gérer son temps, avec un cadre clair mais sans contrôle oppressant
  • Au besoin, fixer des plages horaires définies pour les devoirs afin d’éviter les rappels incessants
  • Éviter les injonctions et privilégier les discussions ouvertes (si pas possible de ne pas aborder le sujet).
    Exemple : « Comment comptes-tu organiser tes devoirs aujourd’hui ? » plutôt que « Tu n’as toujours pas commencé ? ».

Comprendre les deux zones : apprentissage vs performance

Un concept qui me semble vraiment important pour aider à baisser la pression sur les devoirs, c’est celui porté par Eduardo Briceño sur la différence entre la zone d’apprentissage et la zone de performance.

Je vous explique.

  • La zone d’apprentissage est l’espace où l’on est en train d’apprendre. On ne domine pas encore la notion. Donc, logiquement, on fait des erreurs, et on progresse. C’est un moment d’exploration où il est normal de se tromper.
  • La zone de performance est le moment où l’on doit démontrer ce que l’on a appris (examens, évaluations). Ici, on est théoriquement en maîtrise de notre sujet et notre objectif est de ne pas faire d’erreur.

Les devoirs font clairement partie de la zone d’apprentissage !

« La zone d’apprentissage, c’est lorsque notre objectif est d’améliorer nos compétences.
Nous faisons alors des activités conçues pour progresser, en nous concentrant sur ce que nous n’avons pas encore maîtrisé. Cela signifie que nous devons nous attendre à faire des erreurs, car nous apprendrons de ces erreurs. »
Eduardo Briceño.

Le problème, c’est qu’on a tendance à passer le message à nos enfants que, même pendant les devoirs, ils ne devraient pas faire d’erreur. Beaucoup de parents abordent les devoirs comme s’ils faisaient partie de la zone de performance, en exigeant des résultats parfaits.

Remettons les devoirs à leur place : ils sont bien un terrain d’entrainement, où l’enfant peut expérimenter sans crainte de l’écher.

Dans le fond, tout ça revient à la considération de la place de l’erreur…
On a tous grandi avec la crainte du stylo rouge, il est donc normal qu’on ait tendance à reporter ça sur nos enfants.

Face à la difficulté, les voici qui se stressent, qui se jugent : « Je suis nul.le… je n’y arriverai jamais. », jusqu’à détester ce moment dans lequel on est loin de la joie d’apprendre !

Transformer les devoirs en un vrai terrain d’entraînement

L’importance du processus d’apprentissage

Revenons donc aux bases.

Plutôt que de voir les devoirs comme une simple tâche à accomplir (et à bien accomplir !), considérerons-les vraiment pour ce qu’ils sont : une opportunité d’apprentissage.

L’objectif n’est pas que l’enfant ait tout juste du premier coup, mais qu’il comprenne ce qu’il fait, ou en tout cas qu’il se pose des questions ! Ça lui permet justement de prendre du recul, et d’identifier ce qu’il a compris et ce qu’il a besoin d’affiner.

On pourrait même dire qu’un enfant qui ne fait jamais d’erreur lors de ses devoirs est peut-être trop dans sa zone de confort, et progressera peu…

« Mieux vaut un enfant actif qui se trompe et apprend de ses erreurs, qu’un enfant passif et qui n’apprend rien. » Stanislas Dehaene

Le rôle de l’erreur selon les neurosciences

Oui, l’erreur fait partie de l’apprentissage.
Aujourd’hui, grâce aux neurosciences, on le sait, et ça a été prouvé et analysé à maintes reprises.

Si je cite la Digital Learning Academy :
« Les dernières recherches en neurosciences ont montré que le cerveau apprend grâce à l’erreur. Se tromper déclenche une reconfiguration des réseaux neuronaux au moment où on se rend compte qu’on a fait un erreur. Le cerveau a besoin de signaux d’erreur pour corriger ses modèles du monde extérieur. Les moments d’étonnement, où il y a écart par rapport aux attentes, sont des moments féconds pour apprendre. L’apprentissage repose sur des écarts aux attentes, c’est-à-dire sur les erreurs. »

On a donc besoin, de notre côté, de revisiter un peu notre rapport à l’erreur et à l’échec, pour aider nos enfants à intégrer à leur tour un autre modèle.

Et clairement, si on dé-diabolise l’erreur, on fait baisser la pression, non ?

J’aime, à ce sujet, rappeler cette citation de Thomas Edison : « Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10.000 solutions qui ne fonctionnent pas. »

Le corollaire de l’erreur : la correction immédiate

Malheureusement, ce n’est pas si simple…

La vraie difficulté, c’est que pour que cette analyse de l’écart aux attentes se fasse : « il faut être actif, et il faut avoir un feedback immédiat«  comme l’explique Stanislas Dehaene.

Information transmise également par Céline Alvarez – par exemple dans cette intervention : « Pour bien apprendre, il faut avoir un feedback immédiat sur l’activité que nous sommes en train de faire. »

Oui, les études montrent que l’on apprend mieux lorsque l’on peut vérifier immédiatement ses erreurs et les corriger dans la foulée.
Au passage, on entraine notre fléxibilité cognitive, l’une de ces fonctions exécutives si précieuses pour avancer !

Maria Montessori l’avait bien compris, elle qui avait conçu tout son matériel avec un contrôle d’erreur intégré, pour que chaque enfant puisse, en toute autonomie, vérifier ce qu’il faisait. (Ce qui explique d’ailleurs que la posture du guide Montessori soit plus celle d’un observateur)

Ainsi, avoir un accès aux corrections, plutôt que d’attendre un retour différé de l’enseignant, permet aux enfants de mieux comprendre leurs erreurs et de progresser efficacement.

Seulement voilà, les devoirs viennent rarement avec les corrigés de leurs devoirs…

Ça arrive (je repense à certains manuels dont les réponses aux exercices figurent à la fin du livre), mais ce n’est pas fréquent.

À votre avis, pourquoi ?

Triche ou pas triche ?

Eh bien oui… un gros frein à cette approche est la peur que l’enfant « triche » en regardant directement les réponses.

Ce qui est directement lié à la source du problème : on ne prend pas le temps d’embarquer les enfants dans la démarche !

En effet, quand notre enfant comprend et intègre que l’objectif est d’apprendre pour lui-même et non de cocher la case « devoirs » pour quelqu’un d’autre (parent ou enseignant), il n’aura aucun intérêt à tricher.

S’il triche, autant ne pas faire les devoirs en fait, parce qu’alors, c’est juste du temps perdu !

Seulement… a-t-on suffisamment confiance en eux pour les embarquer dans la démarche ?

Il y a quelques années, j’ai poussé une enseignante de CP à faire le test… et elle a été surprise de constater qu’en effet, les élèves ne trichaient pas !

  • Lorsque les enfants sont responsabilisés, ils deviennent acteurs de leur apprentissage.
  • La vraie question est : l’enfant fait-il ses devoirs pour obtenir une validation extérieure ou pour réellement progresser ?

Pas simple de bien transmettre ces messages à nos enfants, avec tous les implicites qu’ils reçoivent déjà.
Pourtant, ça change tout !

Ce sont ces changements de posture que vous explorerez plus en détails dans ma formation J’arrête de me battre pour SES devoirs.

Apprendre à lâcher prise pour mieux accompagner

Quand on arrive à mettre en place ces méthodes pour baisser la pression, cela facilite les devoirs.

Ce que l’on veut, c’est que nos enfants prennent en charge leurs devoirs, parce qu’ils font SENS pour eux.

Cela passe aussi par nous : notre posture, notre approche permettront d’encourager l’autonomie et les aidera à se saisir des devoirs comme d’un vrai moment d’apprentissage, au lieu d’une obligation pénible.

Oui, les devoirs devraient être un espace de progression, non un champ de bataille.

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Enfin, dites-moi en commentaire ce que vous mettez en place pour baisser la pression à la maison.

Il est souvent difficile de savoir comment réagir face à un enfant qui ne veut pas faire ses devoirs.

Source de conflits dans bien des familles, les devoirs sont un point de blocage car ils cristalisent certaines de nos peurs autour de l’avenir de nos enfants.

Pourtant, imposer ce travail en étant dans la lutte n’est pas une solution, et n’aidera pas à l’enfant à apprendre à travailler !

On cherchera plutôt à faire baisser la pression autour des devoirs

Voici donc le thème de ma vidéo : travail scolaire : jusqu’où l’imposer ?

Pour soretir des conflits autour des devoirs et retrouver enfin des soirées sereines,

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dans laquelle vous apprendrez à développer une posture encourageante pour développer la motivation et l’autonomie de vos enfants.

— Note : cet article est d’abord paru dans le magazine Grandir Autrement – N 72 de sept-oct 2018 —-

Lorsque l’on demande à un groupe de parents de parler de leurs difficultés avec leurs enfants, il n’est pas rare d’entendre parler de devoirs. En effet, cette tâche quotidienne se transforme régulièrement en bataille, et devient sujet sensible, pour les parents comme pour les enfants.

En fait, les parents aimeraient que leurs enfants soient responsables de leurs devoirs, et les enfants aimeraient que les parents les laissent prendre cela en charge. A priori, ces objectifs ne sont pas seulement compatibles, ils sont identiques ! Alors, d’où vient le dérapage ?

Sur ce sujet, les mots de Jean-Michel Blanquer, présentant le projet “devoirs faits” sont assez révélateurs : « Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu’ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l’établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, à amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles et à avoir du temps heureux en famille.”1
Si l’objectif d’amenuiser les inégalités est clair, on peut s’interroger sur celui de “créer une forme de tranquillité en famille” : cela confirme bien, s’il en était besoin, la tension qui existe autour de ce moment…

Notre objectif ici est de proposer des pistes pour revenir à l’objectif commun initial : encourager notre enfant à être autonome sur la question des devoirs, et l’accompagner dans cette direction sans heurt si ce n’est pas encore le cas.

A quoi servent les devoirs ?

Peut-être faudrait-il déjà commencer par là.

Cette simple question est un débat en soi. Certains n’hésiteront pas à citer la circulaire de 1956 qui bannit théoriquement les devoirs écrits au primaire, jugés inutiles… Mais quelle que soit notre position, si notre enfant rentre à la maison avec des devoirs, il va bien falloir qu’il y fasse face.

Or, lorsqu’un enseignant décide de donner des devoirs à ses élèves, il ne le fait certainement pas dans le but de leur nuire. Au contraire. Comprendre les raisons qui soutiennent cette décision sera donc un premier pas important.

Et les raisons sont multiples. Les bénéfices attendus pour l’enfant seraient ainsi : le fait de s’approprier la leçon, voir s’il a bien compris, et s’entrainer pour mieux maitriser les notions abordées ; apprendre à s’organiser dans son travail personnel, compétence qui lui sera bien utile. Et pour l’enseignant : s’assurer une certaine homogénéité dans le groupe, vérifier que les explications ont bien été comprises, ou déceler au contraire un besoin d’approfondissement.

Prend-on le temps de discuter de ces bénéfices avec l’enfant ?

Malheureusement, l’adulte – que ce soit l’enseignant ou le parent – se positionne souvent dans une relation verticale, dans laquelle il attend que l’enfant obéisse, même s’il ne sait pas pourquoi. Je vous encourage aujourd’hui à vous poser la question suivante : cette posture est-elle compatible avec le fait d’attendre de l’enfant qu’il prenne la responsabilité de ces devoirs ?

Pour qui l’enfant fait-il les devoirs ?

C’est une question clef. Car les neurosciences nous ont montré une activité du cerveau bien plus forte lorsque l’activité est choisie, et non imposée. Donc, pour que l’apprentissage soit efficace, il faut éviter que les devoirs soient une simple obligation.

Pas facile. Cependant, si l’on ne peut contrôler l’autre, on peut se contrôler soi-même. Il sera peut-être difficile de persuader notre enfant qu’il fait bien les devoirs pour lui-même, mais ce sera déjà un bon point de départ de ne pas lui enseigner, par notre comportement, qu’il les fait pour nous.

Le simple fait de lui demander, encore et encore, s’il a bien fait ses devoirs, lui montre bien l’importance que cela revêt pour nous, bien plus que le contenu de ce qu’il apprend, dont on lui parle en général très peu… Plutôt que de nous intéresser au contenu de son apprentissage, nous restons focalisés sur le bulletin, qui doit être bon pour nous plaire. Et voilà comment l’enfant en vient à travailler pour nous, plus que pour lui.2

Rendre à César ce qui est à César

L’année dernière, j’assistais à la réunion parents-profs de ma fille, en équivalent CM23. L’une des mamans cherche à faire annuler les notes d’une évaluation, arguant que les notions au programme n’étaient pas claires sur le site qui permet aux parents de voir tous les devoirs de leurs enfants, et qu’elle n’a donc pas préparé son fils de manière adéquate. Je ne peux m’empêcher de penser que si elle avait laissé son fils prendre lui-même cela en charge, au lieu de regarder elle-même le sujet du contrôle, il aurait sûrement mieux su ce qu’il devait travailler…

Il s’agit pour nous d’un vrai travail de lâcher-prise : pour encourager nos enfants à l’autonomie face à leur travail scolaire, laissons-leur cette autonomie. Arrêtons de les harceler, et laissons-les faire. Si les devoirs ne sont pas faits, ils apprendront.

La difficulté vient de notre inquiétude : si notre enfant ne travaille pas bien à l’école, va-t-il bien s’en sortir dans la vie ? Poussés par cette inquiétude, nous prenons souvent le problème à l’envers. En effet, il vaut mieux le laisser “échouer” lorsque cela a encore peu d’importance, afin de lui laisser le temps de développer des qualités d’organisation, plutôt que d’être derrière lui sans cesse, jusqu’à ce qu’il perde tout intérêt dans la démarche.

Lorsque les devoirs mettent l’enfant en échec

Parfois, la difficulté vient du fait que l’enfant “n’y arrive pas”. Il veut bien faire ses devoirs, mais les trouve trop difficiles. A nous alors d’adopter une posture d’écoute, et d’essayer de comprendre ses difficultés. On peut également échanger avec lui sur ce qui est attendu en fonction du contexte. Car quand on fait quelque chose, on peut être en zone d’apprentissage ou en zone de compétence4. Quand l’enfant répond aux questions d’un contrôle, on attend de lui qu’il soit en zone de compétence. Mais quand il fait ses devoirs, il est, au contraire, en zone d’apprentissage. Il est donc normal de se tromper. C’est même important. Car c’est en essayant, et en se trompant, qu’on ajuste le tir. C’est de l’erreur que vient réellement l’apprentissage.

Notre rôle devient alors d’aider l’enfant à comprendre que les choses ne sont pas définies une fois pour toutes. Que ce n’est pas qu’il n’y arrive pas, mais qu’il n’y arrive pas encore. Et ce “encore” fait toute la différence. C’est ce que les anglo-saxons appellent le “growth mindset”5. Et pour l’accompagner vers cette amélioration, mettons bien en valeur ce qu’il réussit, plutôt que ce qu’il fait “mal”. Montrons-lui qu’il est capable6. Car c’est par la confiance en soi que passe la réussite.

Le rôle du parent dans les devoirs

Notre rôle est uniquement de soutenir. Les devoirs leur appartiennent, et ils peuvent avoir besoin d’aide, à n’importe quel âge, pour apprendre à mettre en place des méthodes. Nous pouvons les encourager à trouver des manières originales d’apprendre leur poésie, à explorer ce qui fonctionne le mieux pour eux. A mettre en place un programme de progression si cela est nécessaire.

Soyons à l’écoute. Prenons les notes pour ce qu’elles sont : un indice utile que quelque chose n’a pas été bien compris. Sans jugement, nous pouvons les aider à réfléchir à ce qu’ils peuvent mettre en place pour y remédier. Les encourager à trouver leur propre solution.

Notre attitude sera alors un vrai message de confiance, qui les aidera à croire en eux-mêmes, et les mettra sur la voie de cette autonomie dont nous rêvons pour eux !

  1. https://www.nouvelobs.com/education/20170529.OBS9976/et-si-cette-fois-c-etait-vraiment-la-fin-des-devoirs-a-la-maison.html
  2. https://les6doigtsdelamain.com/je-suis-fier-de-toi-mais-je-ne-te-le-dis-pas/
  3. En système américain, plus cours d’espagnol.
  4. “How to get better at the things you care about”. Eduardo Briceño. TEDxManhattanBeach, Novembre 2016.
  5. “The power of believing that you can improve”. Carol Dweck. TEDxNorrkoping, Novembre 2014.
  6. “L’éducation positive” Claire Blondel. TEDxLyon, Novembre 2011.

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Lorsque l’on évoque l’idée d’autonomie de l’enfant, on pense souvent au fait de laisser les enfants faire seuls.
Et c’est effectivement fondamental.
Cependant, la notion d’autonomie ne s’arrête pas là, surtout pour les plus enfants plus âgés.

Car, s’il est vrai que les jeunes enfants aspirent à faire seuls et que respecter cette aspiration les aide effectivement à développer leur autonomie, un autre aspect prend de plus en plus de place au fur et à mesure que l’enfant grandit : celui qui veut que l’autonomie se situe également au niveau de la prise de décision, de la prise de responsabilité.

D’une certaine façon, cet aspect-là est présent dès le départ.
Nous le trouvons déjà dans les notions clefs de la pédagogie Montessori, ainsi que dans Les lois naturelles de l’enfant présentées par Céline Alvarez.
Mais le challenge pour nous parents, pour aider l’enfant à développer son autonomie, n’est pas le même en fonction de l’âge de l’enfant.

C’est pour cette raison que cet article sera écrit en deux parties :
Je laisse Floriane, du blog Parents naturellement, vous parler autonomie, en abordant la question du jeune enfant, comme elle sait si bien le faire, tandis que je m’intéresserai ici au cas de l’enfant un peu plus grand.

Et je crois que pour cet enfant plus grand, lui donner de l’autonomie, cela signifie surtout le laisser être en charge de ce qui le concerne.

Un exemple

Il y a peu, j’avais un rendez-vous avec la directrice du primaire (pour discuter de comment je pourrais aider à mettre en place la discipline positive dans la classe !!).
J’attendais donc dans l’entrée, à côté du bureau de la secrétaire.
Or, les élèves arrivant après la sonnerie doivent retirer un bon de retard avant d’aller en classe.

La cloche sonne, et les élèves continuent d’arriver. Ils sont nombreux à venir chercher leur bon de retard. Je n’y fais d’abord pas bien attention, puis je me mets à observer.
Une maman arrive, avec ses deux enfants, de 9 et 7 ans environ.
Ils entrent tous les 3 dans le bureau, elle est devant eux, donne leur nom à la secrétaire qui remplit les bons, prend les bons, et ressort en demandant à ses enfants de la suivre.
Une minute plus tard, une autre maman arrive, avec sa fille, dans les 7 ans. Elle laisse sa fille entrer dans le bureau, en restant à la porte. La fille s’approche du bureau, donne son nom, prend le papier, et rejoint sa maman.
Je reste songeuse. Je me dis que c’est à travers ce genre de scène qu’on peut deviner à quel point la maman laisse ses enfants assumer leur rôle. Agir par eux-mêmes lorsque cela les concerne.
Je ne préjuge pas de ces familles au quotidien, il faudrait voir plus d’une scène de leur vie pour en savoir plus, personne n’est constant dans ses attitudes ! Je dis seulement que ce genre de situation est exactement de celles qui nous permettent d’aider nos enfants à être autonomes, ou non.

Ainsi, donner de l’autonomie à l’enfant est une démarche quotidienne, à attaquer sur plusieurs fronts.

L’autonomie “physique”

L’autonomie physique, c’est probablement l’angle le plus simple par lequel aborder la question d’autonomie. Parce que c’est celle qui fait le lien avec l’enfant plus jeune.

On va cependant viser de plus en plus haut, au fur et à mesure que notre enfant grandit.

1er exemple : la douche

Ainsi, que l’enfant de 9 ans puisse s’habiller tout seul et se doucher tout seul, c’est évident. Mais devez-vous encore lui enjoindre d’aller prendre sa douche ?

Si c’est le cas, je vous suggère de ne plus le faire. Il est également capable de le faire.

Bien sûr, j’ai déjà entendu des mamans me répondre : “Ah, si je ne le lui dis pas, il ne se lavera pas !”. Ok. S’il a pris l’habitude de ne se doucher que lorsqu’on lui en donne l’instruction, il n’est pas question de le laisser à la dérive du jour au lendemain. Il s’agira plutôt de le mettre en situation de réussite.

“Mon enfant, je réalise que je te rappelle encore régulièrement de te doucher, alors que je pense que tu es tout à fait capable de savoir seul si tu en as besoin. Je te propose donc de te laisser en charge de cette question dorénavant. Est-ce que ça te convient ? Comment penses-tu faire pour ne pas oublier ?”

Vous serez peut-être surpris de constater qu’il/elle est bien plus capable que vous ne le pensez !

Et puis, réfléchissons bien. Qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’il soit propre demain, ou qu’il apprenne à se prendre en charge, et à savoir compter sur lui-même plutôt que sur vos instructions ?

Alors, lorsque vous vous lancerez dans l’aventure, laissez-lui du temps. Le temps de l’apprentissage. Ne lui tombez pas dessus le lendemain pour lui dire qu’il ne s’est pas douché. Laissez passer une semaine, puis demandez-lui, sans jugement, et sans reproche : “Alors, comment ça se passe au niveau douches ?” , et vous verrez qu’il cherche vraiment à trouver un fonctionnement qui lui convienne. On ne réussit pas toujours du premier coup, et ça fera partie de son expérience !

Ma fille de 10 ans se charge de ses douches depuis plusieurs années.

Alors, c’est vrai, il arrive encore, de temps en temps, dans des contextes particuliers (pendant les vacances par exemple) que quelques jours passent sans douche… mais l’un dans l’autre, elle retombe toujours sur ses pieds, et elle sait que ses douches ne me concernent pas !

2ème exemple : la lessive

Ensuite, on peut décider d’aller plus loin, en incluant les enfants dans d’autres aspects du fonctionnement de la maison.

Ainsi, mes grands (de 15 et 10 ans) sont en charge de la préparation d’un dîner par semaine. Non seulement cela leur permet d’apprendre à le faire, mais également de sentir qu’ils contribuent à la famille !

Depuis 2 mois, ils sont également en charge de la lessive de leurs draps. Nous en avons parlé avant l’été, et ils se sont mis d’accord pour un lavage deux fois par mois, à date fixe. C’est l’occasion pour eux de collaborer, selon le partage des tâches qu’ils ont décidé ensemble : chacun défait son lit, ma fille lance la lessive, mon fils la passe au sèche-linge et remet les draps propres en boule sur les lits, chacun refait son lit !

Pourquoi ne l’avais-je pas mis en place plus tôt ? Probablement parce que je n’avais pas réfléchi à ce que je pouvais faire pour les aider à avancer vers plus d’autonomie…

Pourtant, je sais bien que les encourager à prendre leur part en charge est la meilleure manière de leur prouver indirectement qu’ils en sont capables, et de développer leur estime de soi en même temps que leur indépendance ! (Tout en m’allégeant, même si ce n’est pas l’objectif premier ! C’est du gagnant-gagnant !)

Comme ça fonctionne bien, j’ai envisagé de leur faire aussi faire les lessives des vêtements, mais c’était un peu plus compliqué. Nous avons ici (à Puerto Rico) des machines énormes, où nous lavons le linge de tous. Pas possible de mettre chacun en charge de sa lessive.

Sauf que.. depuis le passage de l’ouragan, et au moment où j’écris ces mots, notre utilisation électrique est comptée, et nous faisons maintenant des cycles de lessives rapides de 15 minutes, très peu remplies. C’est devenu une opportunité : ils sont à présent chacun en charge de faire leur lessive et de l’étendre. Je pense même enseigner cela à Léon, qui vient de fêter 6 ans.

Je crois que, quel que soit l’endroit du curseur actuel, nous pouvons toujours nous demander : que fais-je pour mes enfants qu’ils pourraient faire seuls ?

Et lorsque nous avons bien compris que continuer à faire pour eux n’est pas les aider, cela devient plus facile.

L’autonomie de “responsabilité”

Je n’ai pas le bon titre, car pas les bons termes pour cette partie, mais ce que je cherche à dire a bien rapport avec la responsabilité : enseigner la responsabilité aux enfants, c’est ne pas prendre en charge ce qui les concerne.

Cela revient un peu à “Rendre à César ce qui appartient à César.”

La scène que je relatais au début de cet article en est une bonne illustration.

On pourrait également se centrer sur la question des devoirs.
Tant d’investissement de la part des parents dans les devoirs de leurs enfants…
Mais ces devoirs sont bien la responsabilité des enfants !!

Vérifier que l’enfant a fait ses devoirs, le contrôler, l’assister, c’est :

  • lui passer le message que nous ne lui faisons pas confiance
  • lui enseigner qu’il a besoin d’aide. S’il devait se prendre en charge, il trouverait probablement ses propres solutions
  • placer une importance sur les devoirs qui fait que ces devoirs deviennent plus notre problème que le sien

Et c’est ainsi qu’on entend des enfants qui se désintéressent complètement des questions scolaires. En fait, depuis longtemps, ils ne travaillent pas pour eux-mêmes, mais bien pour leurs professeurs et leurs parents.

Quelle conséquence cela pourrait-il avoir si nous ne nous impliquions plus dans les devoirs ?

Comme pour l’exemple de la douche, il n’est pas question d’abandonner notre enfant face à lui-même du jour au lendemain. Nous pouvons l’aider à s’organiser, à mettre sur pied un fonctionnement qui lui conviendra.

Malgré cela, il y aura des jours où il oubliera de faire ses devoirs, ou bien où ils seront mal faits, des jours où il aura oublié de réviser et où il aura de mauvaises notes. Soit. Mais cela ne nous affecte pas, cela l’affecte, lui. Le travail scolaire, c’est son univers, pas le nôtre.

Montrons-lui que nous lui faisons confiance pour redresser la barre. Qu’il est normal que trouver le bon fonctionnement prenne du temps, mais que nous ne sommes pas inquiets pour lui.

Notre réponse devra relever moins du “Tu n’as pas révisé ?? Alors que tu savais que tu avais un contrôle ?”, et plus du “Tu avais oublié que le contrôle était jeudi ? Mince… Tu as dû être déçu quand tu t’en es rendu compte ! Comment peux-tu t’assurer de ne pas oublier la prochaine fois ?”

Oui, je sais, c’est difficile !!

Nous serons bien sûr disponibles pour l’aider à trouver des méthodes là où il a du mal, mais pas pour le contraindre. Le contraindre n’aurait du résultat qu’à court terme. Ne perdons pas de vue l’objectif, bien plus important que la note de son prochain contrôle : développer son autonomie ! C’est ce qui lui permettra d’être investi quand il aura réellement passé l’âge que nous nous asseyons à côté de lui pour ses devoirs…

De mon côté, je ne me tiens même pas au courant des devoirs de mes enfants, et de leur planning de contrôles, c’est la meilleure méthode que j’ai trouvée pour ne pas m’investir à leur place !

Car, je le vois bien pour le français, pour lequel je joue le rôle de professeur puisqu’il n’y a en pas à l’école où ils vont – nous vivons à Puerto Rico – il est parfois bien difficile de lâcher-prise quand on constate qu’ils ne font pas leur max… Mais peut-on vraiment toujours faire de son mieux ? Quelle pression !

L’autonomie émotionnelle

Enfin, je voudrais aborder un aspect de l’autonomie qui est peut-être le moins évident : l’autonomie que je qualifierais d’émotionnelle.
Ce que j’entends par là : laisser les enfants vivre ce qu’ils vivent, en étant libres de le vivre à leur manière.

D’un certain côté, c’est une piste que nous suivons déjà depuis qu’ils sont petits en les écoutant et en validant leurs émotions. (et que Floriane expose d’ailleurs dans son article sur l’autonomie des plus jeunes, alors que nous n’en avions pas discuté !)

Cependant, quand ils grandissent, cela va encore plus loin.
Leur laisser leur autonomie devient alors ne plus chercher à savoir tout ce qu’ils vivent. Ne plus mener l’enquête. Les laisser libres de nous raconter ce qu’ils veulent nous raconter et pas plus.

Mon message n’est pas ici celui que j’entends parfois de “Vous n’êtes pas son ami, laissez-lui son jardin secret.”. Non, je pense au contraire qu’on peut être ami, même avec son ado, quand on est capable de l’écouter.

Mais nous ne forçons pas un ami à tout nous raconter. Nous ne le harcelons pas avec nos questions. Nous l’écoutons, c’est tout.

Ce faisant, avec notre enfant comme avec un ami, nous pourrons l’aider à trouver ses propres solutions, en lui posant des questions ouvertes, en l’encourageant à réfléchir, sans lui offrir nos solutions.

C’est également un travail sur nous, parents. Car cela signifie que nous avons atteint le stade où nous sommes capables d’accepter qu’il ne relève plus de notre responsabilité de protéger notre enfant. Nous devons réussir à ne plus avoir peur pour lui, et le laisser affronter le monde, en dehors du nôtre.

Ce sera notre cadeau : lui apprendre, peu à peu, à voler de ses propres ailes. 

Car, pour gagner en autonomie, notre enfant aura besoin de chercher, et trouver, ses propres solutions. Si nous avons tendance à lui offrir les nôtres, il se refermera probablement, pour avoir l’opportunité de prendre ses propres décisions. Et ce ne sera pas notre rôle de remettre ces décisions en question. Il est important qu’ils soient aux commandes. Laissons-leur l’espace pour cela, en n’oubliant pas, surtout, que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Notre travail de soutien deviendra alors de veiller à garder la connexion avec eux.

Pour créer de la complicité, nous pouvons l’encourager à partager en partageant nous-mêmes, ou surtout, on peut créer les moments pour qu’ils puissent s’ouvrir.

Car le partage dépend surtout de l’opportunité, comme je l’ai bien senti lorsque j’ai réussi à passer un moment seule avec ma fille.

Ainsi, pour laisser à nos enfants de l’autonomie émotionnelle, ne cherchons pas à nous renseigner sur les détails de leur vie sans nous, offrons-leur “simplement” du temps et de l’écoute. 

Et j’espère que nous pourrons garder cette attitude et cette relation lorsqu’ils seront adultes, et tout à fait indépendants !

Et vous, que faites-vous pour encourager vos enfants à être autonomes ?