L’enfant qui s’oppose
Pas facile de faire face à un enfant qui s’oppose… Surtout sur des points qui nous semblent non négociables. Dans ce podcast, je vous encourage à changer de posture face à cette opposition. Pour mieux la comprendre.
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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.
L’enfant qui s’oppose
Aujourd’hui nous allons parler de l’enfant qui s’oppose, qui s’oppose à nous, mais pas vraiment à nous, justement.
En tant que parent, c’est une situation à laquelle on fait souvent face. Notre enfant s’oppose à ce qu’on lui demande. Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il m’obéisse ?
En fait, je voudrais vous encourager à vous éloigner un petit peu de ce rapport complètement vertical, qui veut que : on demande quelque chose à notre enfant, et il doit nous obéir. S’il ne le fait pas, c’est qu’il s’oppose à nous.
Voilà une logique traditionnelle qu’on peut essayer de rompre.
L’enfant qui s’oppose à nous, ne s’oppose pas forcément à nous. Ca peut arriver. Je ne dis pas que ça n’arrive jamais, en particulier lorsqu’il est dans une logique de revanche, dont nous pourrons parler un petit peu plus tard.
Mais ce que je voudrais d’abord mettre en valeur, c’est que la majorité du temps, l’enfant ne s’oppose pas à nous. L’enfant s’oppose parce qu’il a, lui, de son côté, une dynamique intérieure, qui lui donne envie de faire autre chose.
L’enfant qui s’oppose au fait d’aller au bain, ne s’oppose pas forcément au bain, il s’oppose parce qu’il a envie de jouer. En fait, il y a une dynamique positive en lui.
Donc, la première erreur que nous faisons souvent, face à un enfant qui s’oppose, c’est de prendre les choses personnellement. De considérer que s’il n’exécute pas ce que nous lui demandons de faire, alors c’est un échec de notre part, en tant que parent.
Et en fait, ça ne l’est pas. C’est meme plutôt une bonne nouvelle que cet enfant soit capable d’exprimer ses propres opinions, qu’il sache défendre son territoire, qu’il sache garder ses positions, des choses qui lui seront bien utiles dans sa vie !
Faire une pause
L’important serait donc de voir, d’une part, le moteur qu’il y a derrière, et pour ça, il est nécessaire de faire une pause, de prendre du recul. Et je sais que parfois, ça nous rend fous. Parce qu’il y a des choses sur lesquelles on considère qu’il n’y a juste pas le choix, et que on veut contraindre l’enfant, parce que… parce que c’est comme ça ! Et que l’enfant ne veut pas obéir, et qu’on est… qu’on cherche à rester dans une dynamique du parent positif qui n’impose pas à ses enfants d’obéir, mais qui cherche la motivation interne de l’enfant pour qu’il soit d’accord pour coopérer, c’est pas toujours facile !
Alors quand cela se produit, quels seraient les conseils ?
D’abord, la première étape, c’est celle que l’on a déjà soulevée : de ne pas prendre les choses personnellement, de faire une pause, et d’observer l’enfant. De comprendre ce qu’il se passe pour lui. Pas contre nous, pour lui.
Essayer de voir que souvent le comportement de l’enfant est la pointe de l’iceberg. Comme le dit Jane Nelsen dans la Discipline positive, les comportements inappropriés ont en général une raison d’être. Ca peut être un besoin d’attention, qui est la raison la plus connue parmi les parents, mais ça peut être également une envie de prendre le pouvoir.
L’enfant qui se sent contraint au cours de sa journée, a envie, à un moment, d’exprimer, de vivre le fait qu’il a également du pouvoir, lui. Qu’il peut décider de ses actions. Et ça, c’est très bien, c’est important, c’est un vrai moteur.
Alors, on peut valider cette position-là, ce qu’il veut, et ce qu’il ne veut pas. Même si parfois, il n’y a pas le choix. Donc, cette première étape, déjà nous permet de mettre les choses en perspective, elle nous permet d’ avoir un regard différent sur l’enfant, de mieux accepter cette situation.
Parce que, ce dont il faut être persuadé, c’est que s’opposer en retour ne sert à rien. Ca ne sert à rien parce que ça ne va pas aider à ce que l’enfant change de position. Ca ne va qu’entretenir, ou même créer quand elle ne l’est pas, une lutte de pouvoir qui ne mènera à rien, si ce n’est, si vraiment on ne lâche pas, à imposer en tant que parent, par la peur, la contrainte… les choses qu’on aimerait voir suivies plus spontanément.
Alors, si on ne peut pas s’opposer en retour, que faire ?
On arrive donc à la deuxième étape. Celle de notre décision, notre action. Quelles sont les réactions possibles ?
La réaction la plus simple, ça peut être de simplement lâcher prise. Il est parfois possible de remettre en cause ce qu’on demande, de décider que ce n’est pas si important, ou de gagner en flexibilité.
C’est à dire, si on est dans un moment où l’on décide que c’est l’heure d’aller au bain, peut-être que l’on peut trouver un accord avec l’enfant, pour dire “Ah, tu voulais finir ça..” Comprendre pourquoi il dit non. Il est en train de dessiner. “Tu voulais finir ton dessin ? Pas de problème, est-ce que ça te convient d’aller au bain après ton dessin ?” Il y a de bonnes chances que l’enfant réponde oui !
Pour éviter justement de rentrer dans cet affrontement qui ne va faire qu’encourager l’affrontement. Parce qu’au bout d’un moment, on se retrouve comme dans une bataille. On veut être vainqueur. Et l’enfant est dans la même position. Du moins, dans une position symétrique.
Donc, faire une pause face à lui, c’est aussi lui donner une fenêtre pour évoluer sans “perdre la face”. Et souvent, ça suffit à résoudre le problème.
Exemple
Hier, mon Anatole de 4 ans vient à table, et il ne s’est pas lavé les mains. Et c’est vrai que c’est un point sur lequel nous ne cédons pas. C’est à dire que pour nous, il est très important que les enfants aient les mains lavées avant d’aller à table. Ce sont des choses qu’ils apprennent au fur et à mesure, et qui viendront tout seul. Bientôt. Cependant, à 4 ans, on n’est pas encore convaincu de la nécessité de se laver les mains avant de passer à table. En général, ça se passe bien. En général, on lui dit :
“Ah, qu’est-ce qui te manque pour passer à table ?
– Ah oui, me laver les mains !” il y va.
Et puis, il y a des jours où ça se passe moins bien.
Hier, il vient à table, et ne s’est pas lavé les mains.
“Ah Anatole, je crois que tu as oublié quelque chose.
– Je ne veux pas me laver les mains. dit-il.”
Bon. Moi de répondre :
Ah, tu ne veux pas te laver les mains ? Donc tu ne veux pas déjeuner ?
– Si, je veux déjeuner, mais je ne veux pas me laver les mains !
Bien. Cas d’opposition simple, on pourrait très bien entrer dans une dispute. ET dans une lutte de pouvoir. Du type “Il n’est pas question de ça, tu vas laver les mains, tu fais ce que je te dis et puis c’est tout, etc…”
Mais comme nous sommes des parents positifs, nous évitons l’affrontement direct. Je valide donc le fait qu’il n’ait pas envie de se laver les mains, parce qu’il a le droit, et je lui dis.
– Ah.. tu veux dire “Je ne veux pas me laver les mains, mais je vais quand même me laver les mains, parce que je veux déjeuner”
Et lui de répondre :
– Non, je ne veux pas me laver les mains, mais je veux déjeuner.
Et là, je ne dis rien. Je commence mon déjeuner. Parce que je pense qu’il est plus simple de lui laisser l’opportunité de prendre sa position, et de changer d’avis, que de continuer à m’opposer. Et effectivement, voilà mon petit bonhomme qui réfléchit un petit peu, et qui me dit :
“Euh… je veux dire : je veux me laver les mains, parce que je veux déjeuner.”
Tu m’en vois ravie…
et il est parti se laver les mains.
Je ne dis pas que ça marche à tous les coups.
Il y aura sûrement des moments où du coup, il va se mettre à déjeuner, alors qu’il ne se sera pas lavé les mains, et il faudra encore aller chercher un autre outil. Mais je pense que, par défaut, on peut essayer d’avoir confiance. Avoir plus confiance. Il le sait, dans le fond, qu’il faut se laver les mains avant d’aller déjeuner. Il exprime seulement le fait qu’il n’a pas envie d’aller se laver les mains, ce qui peut arriver, et, au passage, il a une position de l’enfant qui décide qu’il ne va pas aller se laver les mains juste parce que sa maman lui dit d’aller se laver les mains. Donc, il me fait savoir qu’il a le droit d’avoir sa position, je ne m’oppose pas, il a donc aussi la liberté d’aller se laver les mains sans que ce soit parce que je le lui ai imposé. C’est comme si c’était lui qui en prenait la décision.
Et ça, ça change tout au rapport entre nous.
Et ce qui est magique là-dedans, c’est que plus on évitera ce type d’oppositions, du moins d’affrontements et de luttes de pouvoir, et moins on aura de chances qu’il y ait d’autres luttes de pouvoir.
Parce que, de nouveau :
la lutte de pouvoir, d’où vient-elle ?
Du fait que chacun a besoin de montrer qu’il a ce pouvoir, cette possibilité d’imposer son point de vue. Donc, plus il y aura de moments où nous l’imposerons et plus notre enfant aura son besoin de montrer qu’il en a aussi.. à combler !
Si en revanche, on lui laisse l’opportunité de prendre ses décisions, et de s’exprimer, il y a toutes les chances qu’ensuite, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne le voie pas comme une imposition, et il coopère beaucoup plus facilement.
Le cas dans lequel l’enfant s’oppose réellement à nous, et pas à ce qu’on lui demande, c’est le cas de la revanche. C’est s’il est fâché contre nous, et qu’il veut nous le “faire payer”.
il considère qu’il ne se sent pas bien, et que, il n’a pas trouvé de solution pour changer ça, mais que, au moins, il peut entrainer les autres avec lui. Et ça, ça se passe quand on trouve que l’autre s’est mal comporté avec nous.
Là encore, s’il y a des moments où on lui aura.. manqué de respect, où on lui aura imposé des choses, ou bien où on aura pris partie dans une dispute avec son frère par exemple, il y’a plus de chances qu’ensuite, l’enfant s’oppose, même si la situation n’a rien à voir, et que nous la dé-corellons. Pour lui c’est une opposition à nous, parce que c’est sa façon “de se venger”.
Tout comme ça nous arrive naturellement à nous. On n’a pas envie, en fait, de faire plaisir à quelqu’un contre qui on est fâché, même si l’autre point sur lequel on pourrait lui faire plaisir n’a absolument rien à voir avec le sujet de notre fâcherie.
Et on en revient toujours au même : pour se comporter bien, il faut se sentir bien.
Donc le parent positif s’attachera plus à la relation avec l’enfant, à entretenir le lien, et à créer la connexion, parce qu’il sait que c’est de cette connexion que viendra la coopération.
Voilà, j’espère que cette réflexion vous aidera dans la vôtre… N’hésitez pas à faire des commentaires !
Bonjour Coralie
Article intéressant ! voilà ce que j’en ai compris : vouloir soumettre notre enfant peut « avorter » une dynamique positive. Et le fait que l’enfant s’oppose est normal et bénéfique dans sa construction, pour développer sa confiance en lui. Il ne s’oppose pas à nous, mais à la situation. Il a mieux à faire que ce qu’on lui demande. Finalement, c’est logique…Je vais essayer ce que tu décris. Un enfant qui ne veut pas aller à la douche, tous les parents connaissent ça 🙂 J’espère pouvoir discuter avec lui avant que son père n’intervienne avec sa grosse voix 😉
A bientôt
Anne-Laure
Eh oui ! Finalement, c’est logique… Alors, as-tu réussi à essayer une autre méthode avant la grosse voix ?
Bonsoir Coralie
C’est difficile 🙂 Mon mari n’est pas très patient en ce moment. Mais oui, j’ai réussi. Lorsque mon fils s’est opposé, je me suis arrêtée et j’ai réfléchi à quelles pouvaient être ses motivations. Et j’ai orienté la discussion dans ce sens. Ça marche ! Et désormais j’y pense à chaque fois. C’est doublement bénéfique, car cela fait de moi une femme plus patiente. Je peux te dire que je vais tester sur tous mes enfants (mes beaux-enfants compris !).
Sinon, as-tu des conseils pour convaincre son homme des bienfaits de la communication non violente ? ;o)
Anne-Laure,
Je suis ravie de lire que tu réussis à marquer une pause, et à sortir de l’opposition !
Ce n’est pas évident, j’imagine que tu dois être contente quand tu réussis à adopter cette attitude.
Quant à convaincre ton homme, ma foi, je ne sais pas d’où il vient, mais je peux te dire que, comme pour les enfants, on ne peut vraiment imposer ! Il s’agira plutôt de montrer, d’une part, et d’interroger d’autre part ! L’encourager à penser au long terme, aux conséquences, au message que l’on désire passer.
Comme dans mon dernier exemple :
https://les6doigtsdelamain.com/faire-passer-message-de-confiance/
bon courage !
Bonsoir Coralie,
Oui, j’avoue être fière de moi quand j’arrive à régler des points d’opposition de manière pacifique. Et je suis fière de mon fils qui propose des solutions du haut de ses 6 ans ! Hier soir, mon fils ne voulait pas aller se doucher en rentrant du centre de loisirs. Du coup on a discuté et il m’a proposé d’y aller après le dîner. Je lui ai dit OK mais je l’ai prévenu que selon l’heure, il n’y aurait peut être pas d’histoire du coup. Il a réfléchi et il a dit OK. Et au bout de 5 minutes, il a changé d’avis et est allé se doucher rapidement. Et il a eu son histoire :o)
Il y a quelques années, avec les 3 aînés, je peux te dire que je n’aurais pas laissé le choix et il n’y aurait pas eu de discussion… Quelle pression on se mettait et on leur mettait !
C’est quand même plus agréable d’appliquer tes conseils. En plus d’apprendre la patience, de discuter dans le calme et d’inculquer des valeurs à nos enfants, cela crée des relations intenses entre nous et nos enfants.
ps: j’avais déjà lu ton article sur le message de confiance. J’ai aussi des anecdotes sur les jouets à l’école, qui vont dans le même sens que ce que tu dis dans l’article 🙂
A bientôt et merci pour tes articles !
Le format podcast est chouette pour ce genre de conseil. Il tombe à pic pour moi aujourd’hui après une belle lutte de pouvoir hier qui nous a bien fait souffrir. Je pense que j arrive à chercher à comprendre la motivation de l opposition de mon enfant à 95%. Mais les 5% des fois où je n y arrive pas, me font culpabiliser…