Je ne suis pas un super-héros !
Il y a quelques semaines, j’ai expliqué à mon fils que je n’étais pas un super-héros, et reviens dessus de temps en temps. Explication.
Je prends la douche avec Léon (presque 6 ans), et Anatole (3 ans).
Léon est de très mauvaise humeur.
Une partie de moi le comprend très bien.
La journée a été longue, et chaude.
Nous sommes 3 semaines après le passage de l’ouragan María sur Puerto Rico. La situation reste compliquée. Notre électricité est toujours coupée, et le générateur de l’immeuble ne s’allume qu’à 18h. Nous avons passé une mauvaise nuit (nous dormons les 6 dans la même chambre depuis l’ouragan, pour n’utiliser qu’une seule clim), Léon s’est réveillé très tôt, et je cherche à le presser pour prendre la douche au moment où l’eau peut enfin couler (sans électricité, pas de pompe pour la faire marcher), sans que cela ne dure trop car je dois encore finir de préparer le diner, et, tel que je le vois, je sais qu’à 19h30, il voudra dormir…
Je le comprends d’autant mieux que je suis également de mauvaise humeur, à peu près pour les mêmes raisons, et, évidemment, cela n’aide pas…
Dans nos vies à tous, il y a des jours qui sont plus faciles que d’autres.
Pour un enfant qui n’a pas encore 6 ans, et qui n’a pas encore la capacité de réguler ses émotions, les jours difficiles se sentent encore plus.
Ainsi, Léon me parle mal, Léon pleure, Léon crie. Il ne fait plus face à rien.
Malgré ma mauvaise humeur, j’essaye de l’écouter, j’essaye de lui parler doucement. Ca n’a pas d’effet sur lui, mais c’est important pour moi : je me concentre sur mon ton, pas sur le sien. Et en même temps, je le préviens : « Je ne suis pas un super-héros. »
Cela le déstabilise…
« Pourquoi tu me dis ça ?? Je le sais bien que tu n’es pas un super-héros !
– Ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait être un super héros pour continuer à entendre crier dans ses oreilles et ne pas s’énerver. Et là, ça fait un moment que tu cries, et que je reste calme. Je vois bien que ce n’est pas facile pour toi. Seulement, le problème, c’est que je ne suis pas un super héros, et qu’à un moment, je ne vais plus pouvoir t’entendre me parler comme ça. »
Je ne me souviens même plus comment ça s’est terminé ce jour-là. Pas de façon aussi catastrophique que le jour, à peu près dans les mêmes circonstances, où mes grands sont venus me soutenir, sinon je m’en souviendrais, mais pas de façon très harmonieuse non plus, probablement.
N’empêche, ce moment m’a marquée, parce que nous avons pu en reparler depuis. Nous avons discuté des super pouvoirs des super-héros, et du fait que je n’en étais pas un ! Comme il ne se faisait déjà aucune illusion sur ce point, il le comprend mieux, c’est déjà ça.
Lui-même a observé que quand son petit frère lui criait dessus, il ne se comportait pas non plus en super-héros. Alors, de temps en temps, quand ça dérape, je lui redis : « Tu te rappelles que je ne suis pas un super-héros ? », parfois, ça l’aide à faire un effort pour parler plus posément !
Et vous, essayez-vous d’être des super héros ?
(Note : au moment où je tape ces lignes, cela fait 7 semaines que l’ouragan est passé, et nous n’avons toujours pas l’électricité, mais le générateur s’allume à 17h30, ce qui change tout au rythme du soir !)
Bonsoir, super petit article. Cela ne doit pas être une situation facile à vivre chaque jour et pourtant vous essayer de garder votre calme. J’adore l’idée du super héros!!!