Définir notre plan de route, notre projet parental
La difficulté d’être parents est double. Parce que dans le rôle du parent, on trouve :
- la difficulté de la gestion du quotidien
- la difficulté de la vision à long terme
Souvent, nos vies trépidantes ne nous permettent pas d’évoluer du 1er au 2e point.
Nous nous oonfrontons à la gestion du quotidien, et c’est déjà bien assez !
Prendre le recul pour réfléchir à ce que nous cherchons à développer chez nos enfants à long terme est un luxe que nous ne pouvons pas toujours nous permettre.
Or, pour basculer dans la parentalité positive, le meilleur moyen est probablement de prendre le temps de réfléchir à l’impact à plus long terme de nos choix éducatifs…. C’est la prise en compte de cet impact qui nous donnera l’énergie qu’il faut pour apprendre une autre manière d’éduquer, et de communiquer.
Cela en vaut la peine, car j’ai une également une bonne nouvelle pour vous : la parentalité positive rend également la gestion du quotidien plus facile !!
(Enfin… parfois non… parfois, on voudrait tout jeter en l’air et juste hurler « parce que je te le dis, et puis c’est tout !!! », vu que nous ne sommes pas des super-héros, il nous arrive de craquer… Et dans ces moments-là, si nous voulons avoir la force de revenir sur le chemin, il sera bon d’avoir eu la réflexion que je vous propose ici…)
Pour nous guider dans cette démarche, je propose de suivre ce que nous proposent les auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux, dans leur clé 1 de la coopération : être au clair avec son objectif en tant que parent.
De l’importance d’avoir un objectif
Pris par le quotidien, on a tendance à oublier que nous faisons des choix en permanence sur nos façons d’agir et de réagir.
Nous vivons dans un monde dans lequel le rythme est tel que c’est comme si nous vivions en mode « crise » en permanence. Seulement la crise et le stress ne nous permettent pas de considérer nos choix et nos options. Victimes des circonstances, nous cherchons simplement à arriver au bout de la journée.
Et dans cette démarche inconsciente, nous persistons à faire appel à un mode d’écoute et de fonctionnement qui exacerbe les conflits.
Définir notre but de parents peut nous permettre de sortir enfin de ce cercle vicieux, de devenir conscients, d’accéder à plus de clarté pour nos choix quotidiens.
Ce sera notre plan de route, notre boussole, pour tenir le cap dans le beau temps comme dans la tempête.
Clarifier son objectif
Dans cette démarche, selon les auteurs du livre, les trois questions essentielles à se poser seront :
- Qu’est-ce qui est important pour moi ?
- Avec quel objectif est-ce que j’élève mes enfants ?
- Quelle est mon intention quand j’interagis avec mes enfants ?
Et, afin de savoir ce qui est important, nous pouvons commencer par nous interroger sur les qualités que nous aimerions voir chez nos enfants lorsqu’ils seront adultes.
(C’est d’ailleurs avec, entre autres, cette question-là, que les choses sont abordées en ateliers de discipline positive)
Et pourtant, cette seule question n’est déjà pas évidente. Enfin… je parle pour moi, peut-être en est-il différemment chez vous…
Voyons voir… quelles sont les qualités que je cherche le plus à encourager chez mes enfants ?
L’autonomie
Le respect de l’autre
La confiance en soi
L’empathie
La coopération
L’entraide
Voilà ce qui me vient en premier.
On pourrait commenter qu’entre autonomie et entraide, il y a contradiction, je ne le crois pas, et je sais que cela sera plus clair dans la suite de l’exercice. Est-ce que la coopération et l’entraide sont la même chose ? Pas forcément.La coopération nous encourage à tenir compte de l’autre, avec l’entraide, on sort de son espace pour faire quelque chose pour lui. Voyons donc la suite de l’exercice…
Ensuite, le livre propose d’appliquer ces qualités à soi-même, et de les traduire en termes de déclarations d’intention.
Ainsi :
J’attache de l’importance à l’autonomie, je veux mener à bout les tâches que je me fixe sans faire intervenir les autres.
J’attache de l’importance au respect de l’autre, je veux faire attention à ne pas déranger les gens que je côtoie, à prendre en compte la communauté dans laquelle nous évoluons.
J’attache de l’importance à la confiance en soi, je veux célébrer mes victoires.
J’attache de l’importance à l’empathie, je veux écouter ce que l’autre ressent.
J’attache de l’importance à la coopération, je veux écouter les besoins de l’autre et chercher des solutions qui pourraient convenir à tous.
J’attache de l’importance à l’entraide, je veux donner de mon temps pour aider mes amis lorsqu’ils en ont besoin.
C’est fou comme, rien qu’en écrivant ces quelques lignes, je me rends compte comme les valeurs qui comptent le plus pour moi ressortent dans celles-ci (entre autres, l’amitié !)
Ensuite, il convient de transformer ces déclarations d’intention en actions concrètes. Des actions précises que je peux réaliser qui correspondront à chacune des volontés que j’ai exprimées.
Hum…
Autonomie : j’ai pris la décision de vider un peu nos placards, et vais procéder à ce tri sans impliquer ceux qui ne veulent pas l’être.
Respect de l’autre : je ne donne pas les affaires de mes enfants sans leur demander leur accord.
Confiance en soi : je partage mes succès, j’explique comme je suis fière de moi !
Empathie : je valide les sentiments de mes enfants, je les écoute.
Coopération : je n’impose pas, mais demande. Par exemple à Oscar : « Si tu pouvais choisir, à quelle heure souhaiterais-tu qu’on vienne te chercher ? » Ainsi, je peux essayer de m’adapter au mieux à ses envies.
Entraide : je propose à la personne nouvellement arrivée de lui montrer où sont les magasins où je vais, et de lui prêter ce qui lui manque en attendant.
Cette démarche est intéressante, car il est certain que nos enfants apprennent beaucoup de notre modèle. Il est donc nécessaire de vérifier que le modèle que nous leur donnons est en accord avec ce que nous voudrions les voir développer à long terme.
Enfin, avant de nous désespérer suite à la liste que nous venons d’établir de tout ce que nous devrions faire pour être en accord avec nos valeurs, passons encore un moment à réfléchir à ce que nous faisons déjà et qui fonctionne.
Focalisés sur le négatif, nous oublions souvent de nous arrêter sur ce qui est bien en accord avec nos intentions. Pourtant, il y a fort à parier que nous faisons déjà bien des choses qui le sont, et qui fonctionnent. Lesquelles ?
De mon côté, je peux parler de coopération dans la famille : prendre en compte les besoins et envies des enfants a clairement un effet sur leur désir de coopérer également.
Je peux également parler de répartition des tâches, de la confiance que je leur accorde, et qui les conduit à être particulièrement autonomes.
De manière générale, j’ai appris à m’arrêter sur mes succès, parce que je sais que ceux-ci nous aident à progresser dans le bon sens, nous aidant à croire en nous-mêmes, et c’est bien la démarche de la section « du vécu » de ce blog !
Maintenant que nous cernons mieux notre objectif, nous allons faire la démarche consciente d’opter pour
- un mode de pensée
- une manière d’agir
- un mode d’expression et d’écoute
en lien avec cet objectif.
Un mode de pensée en lien avec notre objectif
On pourrait penser que nous ne sommes pas maîtres de nos pensées, et qu’il est donc vain de penser changer notre mode de pensées.
En fait, nos pensées viennent, et c’est à nous de décider auxquelles nous allons prêter attention ou non. Nous pouvons apprendre à les orienter pour qu’elles soient en ligne avec nos intentions.
Si nous cherchons à décider qui a raison ou tort, à blâmer et accuser, nous inviterons le conflit.
Si nous restons dans l’idée que les autres agissent contre nous, nous nous sentirons énervés, irrités.
« Ce que vous pensez de vos enfants détermine la manière dont vous les voyez et dont vous les traitez. »
Nous pouvons donc faire le choix de penser aux besoins que notre enfant cherche à nourrir par son comportement, pour entrer plus facilement en connexion avec lui, et inviter chez lui une attitude coopérative.
Si nous considérons nos enfants comme indignes de notre confiance, nous ne leur donnerons pas l’occasion de nous prouver le contraire. Si nous les estimons capables de faire face à la vie, nous les traiterons probablement avec plus de respect, et leur donnerons naturellement plus d’occasions de prendre leurs propres décisions.
L’encouragement des auteurs est donc :
« Imaginez le meilleur pour vos enfants ; faites-leur cadeau de votre confiance. »
Une manière d’agir en lien avec notre objectif
Pour cela, nous pouvons déjà partir des listes faites dans l’exercice auquel nous nous sommes prêtés plus haut.
Convaincus que notre exemple est la meilleure manière pour nos enfants de recevoir nos messages et nos valeurs, nous ferons attention d’agir en accord avec celles-ci.
Une autre action qui va main dans la main avec cette démarche est celle de prioriser le temps familial.
Le rythme de vie actuel nous laisse peu de loisir, de temps calme. Pris par nos obligations et nos contraintes, auxquels s’ajoutent les activités des enfants, nous oublions souvent de laisser du temps au simple temps familial.
Pourquoi ne pas y réfléchir au moment de prendre des engagements ? Se poser la question : cet engagement contribue-t-il à notre objectif ? De quelle activité pourrions-nous nous passer ?
Un mode d’expression et d’écoute en lien avec notre objectif
Nous sommes ici peut-être au coeur de notre démarche.
J’insiste de nouveau, tant j’en suis convaincue maintenant (grâce à ce genre de lectures, dans lequel on peut inclure les livres de Jane Nelsen, et ceux de Marshall Rosenberg), sur l’importance de la connexion.
C’est la qualité de notre relation avec notre enfant, de notre lien avec lui, qui fera la succès de notre enseignement. Car nous adoptons, en parentalité positive, une posture de guide plutôt que de contrôleur. Notre rôle n’est pas d’imposer mais de guider. Comment guider sans lien ?
Et pour établir ce lien, la première étape sera celle de l’écoute.
Notre manière d’écouter détermine la qualité de la relation.
Cela correspond parfois à un vrai changement de posture : au lieu d’écouter en cherchant les failles et les fautes, écoutons en cherchant à comprendre le point de vue de l’autre. Garder en l’écoutant une sorte de « curiosité ravie », (pour reprendre les mots de mon formateur de CNV), pour écouter ce qui est vivant chez lui, reprenant cette fois les mots de Marshall Rosenberg.
Evitons donc ce qui nuit à la coopération (étiquettes, jugements, reproches, exigences), et mettons l’accent sur les sentiments et les besoins.
Ce point-là sera creusé de manière plus avancée plus tard dans le livre, dans la clé 5. Je rajouterai donc un lien vers celle-ci lorsque j’aurai écrit l’article s’y rapportant.
Une remarque importante : il est possible que nous ne soyons pas capables, en tant que parent, de faire preuve d’une telle ouverture, d’une telle écoute. Lorsque cela arrive, c’est souvent le signe que nous avons nous-mêmes besoin d’empathie. Parce que nous sommes fatigués, ou parce que nous débordons d’émotions. Nous ne pouvons écouter l’autre si nous n’avons pas écouté d’abord nos propres besoins.
Dans ce cas, cherchons quelqu’un qui puisse nous apporter de l’empathie, ou cultivons notre auto-empathie. Encore un thème que nous creuserons bientôt…
Finalement, forts de ce lien que nous chérirons, forts également de notre plan de route, nous pourrons garder notre boussole en main, et reprendre le chemin, celui qui aura le plus de chances de nous mener là où nous cherchons à aller, et pas ailleurs, ou du moins, pas trop loin !
Alors, à vous : quelles qualités voudriez-vous que vos enfants aient développées lorsqu’ils seront adultes ?
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