Comment intervenir quand un parent crie ?
Ce n’est pas mes affaires… ou si ?
On a tous été témoins, un jour, d’un parent qui crie sur son enfant. Et on s’est tous posé la question : Est-ce que je dis quelque chose ? Est-ce que je fais quelque chose ?
Dans cet épisode, je partage une scène que j’ai vécue récemment — un moment de tension entre une mère et sa fille — et surtout, comment j’ai choisi d’intervenir.
Parce que ne rien dire, ce n’est pas neutre. Et parce qu’on peut agir sans juger. Et parce que nous avons tous un rôle à jouer pour construire une société où la violence éducative n’est pas banalisée.
➡️ Un épisode pour réfléchir à notre place de témoin… et réfléchir à comment intervenir, avec respect.
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bonjour Coralie,
génial ce podcast sur intervenir ou pas quand on est témoin. Il m’a pris aux trippes.
Je suis incapable de faire ce que tu as fait même si j’aimerais trop.
Je viens, pareil en vacances sur la plage, d’être témoin d’une scène violente entre un papa, une maman et leur fils de… je ne sais pas, je dirais à peine 2 ans. Il ne voulait pas remettre sa couche, son tshirt, partir de la plage. Tout a été fait dans une violence inouïe verbale et parfois physique. Toute la plage les regardait.
Et je me suis détestée à un point, tu n’as pas idée. Je tournais la scène dans tous les sens… j’avais bien idée qu’il me fallait d’abord parler au petit garçon. Il était tellement parti dans sa crise que je ne savais même pas s’il m’entendrait (oui je me cherche des excuses) en plus les parents s’engueulaient entre eux. Bref j’étais terrorisée et pour finir ma lâcheté l’a emporté.
J’ai pensé à toi ; je me suis dit « est ce que Coralie arrive dans une situation comme ça en disant « je suis conseillère en parentalité positive ou non violente, puis je vous aider ? » »
Je ne me sentais pas légitime et surtout j’avais vraiment peur.
Mais maintenant, je me sens surtout nulle de n’avoir rien dit, rien fait.
Je me demandais par rapport à la situation que tu décris dans ton Podcast : tu ne penses pas que pour la maman c’est un sacré coup à l’ego?
Je veux dire, imaginons somme toute que c’est d’habitude une maman plutôt bienveillante… ça nous est tous arrivé de péter un plomb et on se juge déjà beaucoup dans ces cas là. On sait qu’on fait de la m… et pourtant on continue à élever la voix ou donner des réponses inadéquates à nos enfants.
Tu ne penses pas que cette maman est repartie avec un coup au moral et à l’égo encore plus fort et qu’après cela peut jouer sur sa motivation à faire mieux ? Tu sais quand tu es pris dans la pensée « ben oui la dame elle parle bien aux enfants, elle est super, moi je suis qu’une nouille et c’est comme ça « .
Encore merci pour ton partage Coralie !
Mais je peux te dire que j’ai encore du mal à digérer
bonjour Emilie,
Merci de ton retour, de ce commentaire qui m’encourage à réflechir aussi avec une autre perspective…
Alors, la 1e chose, c’est que je crois qu’il est important de recevoir avec douceur ce que tu as vécu de ton côté : l’envie d’intervenir, la « lâcheté » dont tu considères avoir fait preuve. On fait tous de notre mieux, et, la question à la fin de ton message le prouve, si tu n’es finalement pas intervenue, c’est que tu as privilégié le fait de ne pas « vexer » ces parents. C’est aussi une belle intention.
Je préciserai de plus que j’ai aussi assisté à des scènes où je ne suis pas intervenue. Je crois qu’il faut avoir hésité en plusieurs circonstances pour décider enfin de passer à l’action. C’est aussi un cheminement intérieur, et le fait de te poser cette question est un premier pas. Le fait que tu aies « encore du mal à digérer » prouve que tu as vraiment envie de pouvoir le faire la prochaine fois.
Alors… c’est comme en parentalité : peut-être peux-tu prendre le temps d’y réfléchir à froid ? De t’imaginer ce que tu aurais pu faire/dire, puor te préparer pour une éventuelle prochaine fois ?
Pour répondre à ta question, voici ce que je me dis – à tort ou à raison :
soit c’est un parent qui est régulièrement violent, et je me moque un peu de son ego, je veux juste montrer que ça fait réagir ;
soit c’est un parent plutôt bienveillant qui est en train de péter un plomb comme tu dis, et dans ce cas, je crois plutôt (mais c’est là que tu m’encourages à envisager d’autres possibilités) qu’il sera plutôt content d’avoir un relais, de trouver un espace pour respirer, et pour se ré-aligner un peu plutôt qu’on le laisse dans son impasse sans rien faire.
C’est ma manière de concevoir la communauté, tu vois. C’est un peu comme un soutien que j’apporte, à ce moment-là.
Maintenant, si je m’ouvre à ce que tu dis : le coup à l’ego type « j’ai pas réussi, elle oui, je suis qu’une nouille »… ma foi, tu as raison, il peut y avoir ce phénomène… Cela dit, est-ce que si elle avait continué à crier encore, elle se dirait moins que c’est une nouille ?
J’ai envie de croire que de voir d’autres manières de faire, c’est plus inspirant que démotivant, mais c’est vrai que je ne sais pas ce que vit cette personne, et que ce n’est peut-être pas le cas…
Tout bien pesé, je préfère qd même essayer que de laisser faire.
Avec un risque qd même : celui de me faire mal recevoir ! Parce que ça arrive aussi… mais au moins, j’aurai essayé, et l’enfant aura vu que ce n’est pas forcément « normal » aux yeux de tous.
Ca fait le lien avec la peur dont tu parles, et c’est peut-être interessant à creuser aussi : qu’est-ce qui te faisait peur dans le fond ? Qu’aurait-il pu se passer ? et qu’aurais-tu pu faire si ça se passait effectivement ?
(attention : petit pas, hein ! On fait ce qu’on peut… c’est juste qu’on profite des opportunités qui se présentent pour chercher un petit peu plus d’alignement, et c’est déjà pas mal !)
géniale cette réponse ! sans rire et sans flagornerie. J’adore ouvrir des cheminements de pensée et là tu m’en donnes plein. Merci !