Comment apprendre à écouter son enfant ?
Apprendre à écouter son enfant, c’est à la fois la base et l’un des plus grands défis de la parentalité consciente.
Nous pensons tous savoir écouter. Après tout, nous le faisons chaque jour : nous entendons, nous répondons, nous conseillons…
Et pourtant, c’est peut-être contre-intuitif, mais écouter vraiment, c’est tout autre chose.
Votre enfant pleure, se ferme, boude… ou explose.
Et vous, vous cherchez à comprendre, à apaiser, à aider.
Mais plus vous parlez, plus la distance semble se creuser.
Et si, avant de chercher à raisonner ou à résoudre, nous apprenions simplement à écouter ?
C’est l’écoute de l’enfant qui permet de valider les émotions, de nourrir le lien et de l’aider à retrouver son équilibre intérieur.
Grâce à cet article et à la fiche qui l’accompagne, nous allons éclairer et rendre plus concret cet art subtil qu’est l’écoute véritable.
Note : cet article a été écrit par Emilie
Le pourquoi : pas de validation des émotions sans écoute de l’enfant
En parentalité positive, on parle souvent de valider les émotions de l’enfant.
Mais que signifie vraiment cette expression que l’on retrouve partout ?
Valider, c’est accueillir ce que vit l’enfant sans chercher à le nier, à le minimiser ni à le changer.
Cela peut paraître simple — dire “je vois que tu es triste” ou “est-ce que tu es en colère parce que…” —, mais dans la pratique, c’est un vrai changement de posture.
Car valider, c’est reconnaître la réalité intérieure de l’autre, même quand elle nous dérange ou nous échappe.
C’est lui dire, en filigrane : “Quoi que ce soit, ce que tu ressens a de la valeur.”
Quand un enfant se sent entendu et compris, il n’a plus besoin de crier, de bouder ou de se fermer pour être reconnu.
Son réservoir affectif se remplit, et son système émotionnel peut s’apaiser, parce qu’il sent qu’il n’est plus seul avec ce qu’il vit.
Et c’est là que l’écoute de l’enfant entre en jeu.
On ne peut pas valider ce qu’on n’a pas écouté.
La validation des émotions naît de l’écoute véritable – celle qui ne juge pas, qui ne cherche pas à réparer, mais simplement à être présent.e à ce qui se passe.
Écouter, c’est offrir à l’enfant un miroir dans lequel il peut se voir et se comprendre.
C’est la première étape d’une communication centrée sur la connexion, celle qui construit la confiance, la sécurité intérieure et le lien.
Le comment : les différents types d’écoute de l’enfant
Être convaincu qu’écouter son enfant est essentiel, c’est une chose.
Mais écouter vraiment, c’en est une autre.
Entre la fatigue, les émotions et le rythme du quotidien, notre capacité d’écoute est souvent mise à l’épreuve.
Il existe plusieurs façons d’écouter, que l’on peut ajuster selon la situation et nos ressources du moment.
L’écoute passive ou silencieuse
C’est la plus simple… en apparence.
Elle consiste à être là, pleinement présent·e, sans interrompre ni commenter.
Un regard attentif, un léger hochement de tête, un hum suffisent parfois à dire : « Je t’écoute. »
Ces petits signes montrent à l’enfant qu’il peut poursuivre, qu’il a toute notre attention.
Et pourtant, c’est souvent la plus difficile.
Avez-vous déjà remarqué ce réflexe de vouloir conseiller, rassurer, corriger ?
Thomas Gordon parlait de ces « obstacles à la communication » : chercher des solutions trop vite, juger, interroger, moraliser…
Mais quand nous résistons à ces élans et que nous restons simplement présents, quelque chose change.
L’enfant sent qu’il peut déposer ce qu’il vit tel qu’il est.
L’écoute active
Ici, on pratique la reformulation miroir.
Il s’agit de redire, presque mot pour mot, ce que l’enfant vient d’exprimer — sans y ajouter notre interprétation.
Cette reformulation lui permet de s’entendre et de clarifier sa propre pensée.
Par exemple, si l’enfant dit : « C’est nul, j’ai tout raté mon dessin ! », on peut simplement répondre :
« Tu trouves que ton dessin est nul ? »
Ce miroir bienveillant lui permet d’explorer ce qu’il ressent, sans se sentir jugé ni corrigé.
D’autres micro-techniques d’écoute active montrent que nous recevons ce qu’il vit et l’aident à poursuivre :
Une seule parole relance peut suffire :
« – J’en peux plus !
– Vraiment ? »
On peut nommer le sentiment sans interpréter la cause :
« Tu avais l’air furieux. » / « Je te vois triste. »
Ou encore accorder dans l’imaginaire pour reconnaître l’élan :
« Oui, ce serait génial d’avoir du chocolat à tous les repas ! »
Ces petits gestes d’écoute ouvrent un espace où l’enfant peut continuer à parler, se comprendre… et souvent, le simple fait d’être entendu suffit à apaiser.
L’écoute empathique
C’est l’écoute au sens de la communication non violente : aller au-delà des mots pour toucher les émotions et les besoins sous-jacents.
On ne répète plus seulement les mots, on écoute aussi ce qui se dit entre les lignes.
Premier niveau (“débutant”) : on propose une hypothèse sur ce que vit l’enfant.
→ « Tu te sens triste parce que tu aurais eu besoin que ce soit juste ? »
On reste dans la proposition, jamais dans l’affirmation.
Deuxième niveau (“approfondi”) : on peut, avec le temps, percevoir les différentes parts de l’enfant — celles qui se sentent blessées, frustrées ou impuissantes.
Cette écoute aide à mettre de la clarté là où tout semblait confus.
Chaque forme d’écoute peut devenir un pas vers plus de connexion.
Ce qui compte, c’est notre intention de comprendre plutôt que de résoudre ou juste répondre.
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Ce que l’écoute de l’enfant nous apprend sur nous-mêmes
Chaque fois que nous essayons d’écouter vraiment l’enfant, quelque chose se joue aussi en nous. Nos élans de réagir, de corriger, de conseiller nous renseignent sur nos propres émotions, sur ce que la situation vient toucher.
En écoutant l’autre, nous apprenons aussi à nous écouter nous-mêmes : à repérer nos besoins de repos, de reconnaissance, de partage…
L’écoute n’est pas une technique parfaite, mais une pratique vivante : par une qualité de présence, elle nous relie à l’autre tout en nous révélant à nous-mêmes.
Quand on n’a pas la disponibilité d’écouter son enfant
Il y a des moments où nous n’avons tout simplement pas l’espace intérieur pour écouter son enfant.
Notre réservoir émotionnel est vide, notre attention ailleurs.
Dans ces moments-là, plutôt que de forcer une écoute partielle, nous pouvons simplement reconnaître notre limite :
« Là, je ne me sens pas disponible, mais je veux t’écouter tout à l’heure. »
Ou encore :
« Ce que tu dis est important pour moi, je veux pouvoir t’entendre / être là pour toi, avec toute mon attention. »
Ce type de réponse protège la relation : il reconnaît le besoin de l’enfant et celui du parent. Cette authenticité montre que nous prenons soin du lien et que nous voulons être réellement présents, pas juste faire semblant d’écouter.
Quand nous ne sommes pas d’accord
Écouter son enfant ne veut pas dire être d’accord. On peut reconnaître la perception de l’enfant tout en gardant un autre point de vue.
Puis, dans un second temps, après l’avoir écouté et s’il est prêt : « J’aimerais t’expliquer pourquoi je dis non parfois. Est-ce que tu veux m’écouter maintenant ? »
Ces moments montrent que le désaccord peut devenir un espace d’écoute réciproque.
On n’a pas besoin d’être d’accord pour se comprendre.
Accueillir avant de chercher une solution
Notre réflexe de parent, c’est souvent de vouloir aider, expliquer, réparer. C’est un élan du cœur, pour éviter à l’enfant de souffrir, mais parfois, il arrive trop tôt.
Avant de trouver une solution, l’enfant a besoin d’être entendu.
Quand il dit : « Personne ne veut jouer avec moi. », notre envie serait de répondre : « Tu n’as qu’à demander à Léa ! »
Pourtant, la vraie réponse, c’est d’abord : « Tu te sens triste ? Tu aurais aimé qu’on t’invite ? » Dans ce simple reflet, il se sent reconnu, et cela apaise.
Parfois, une recherche de solution viendra dans un second temps, quand l’enfant aura retrouvé son calme et sa clarté. Mais dans d’autres cas, il n’y aura pas de solution à donner — et c’est bien ainsi.
Certaines situations ne se résolvent pas : le principe de réalité s’impose. On doit aller à l’école même quand on n’en a pas envie ; on ne peut pas toujours changer ce qui est. Dans ces moments-là, l’écoute agit comme un baume : elle régule les émotions et aide à accepter la réalité. On pourra toujours passer aux explications plus tard.
Et puis, posons-nous la question : est-il bon de vouloir gommer tout inconfort à notre enfant ? Le protéger de toute frustration, est-ce vraiment le préparer à la vie ?
Le but de l’écoute de son enfant , justement, est de lui apprendre peu à peu à accueillir ce qu’il ressent sans s’y noyer pour retrouver son pouvoir d’agir. Et c’est sans doute l’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse lui faire.
Et si on se « trompe » ?
Parfois, nous n’y arriverons pas. Les réflexes reviendront. Et c’est normal.
Nous couperons, nous réagirons trop vite, nous essaierons de solutionner.
Ces moments ne sont pas des échecs, mais des signaux : ils nous montrent que nous sommes fatigués, stressés, ou simplement humains.
Apprendre à écouter, c’est aussi accepter de ne pas toujours y parvenir.
L’important c’est de revenir à la relation et à l’authenticité dès que possible. Et c’est toujours possible.
Dire à son enfant « Je t’ai coupé, j’aimerais t’écouter mieux » ou « Je crois que je ne t’ai pas bien compris tout à l’heure »,
c’est de l’écoute.
Une écoute qui apprend à l’enfant que la relation se répare, et que l’erreur fait partie de la vie.
Utiliser la fiche-écoute
Comprendre ce qui se joue, c’est déjà un premier pas fondamental.
Cependant, entre comprendre et vivre vraiment l’écoute, il y a parfois un écart : celui du quotidien, des émotions, de notre bagage familial et culturel.
C’est précisément pour soutenir ce passage de la théorie à la pratique que cette fiche a été conçue.
Elle rassemble les repères essentiels et quelques formulations simples pour vous accompagner dans vos moments d’échange avec vos enfants.
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Voici quelques pistes pour en faire un véritable soutien au quotidien :
- Lisez-la régulièrement, pour garder les notions fraîches et nourrir votre posture d’écoute.
- Surlignez ou entourez les phrases qui résonnent le plus avec vous.
- Notez vos propres mots : ceux qui sonnent juste dans votre manière d’être avec vos enfants.
- Choisissez une phrase ou une intention à garder en tête pour la journée — comme un petit fil conducteur.
- Affichez-la à un endroit visible : sur le frigo, à votre bureau, près du miroir… Chaque regard posé dessus peut devenir un rappel, un ancrage pour revenir à vous, à votre intention d’écoute, surtout au milieu du tourbillon.
- Expérimentez les techniques d’écoute proposées : écoute silencieuse, reformulations, nommer le ressenti, dire que vous n’êtes pas dispo… Observez ce que cela change — chez votre enfant, mais aussi en vous.
L’objectif n’est pas de tout appliquer, mais de laisser la fiche vous inspirer, pas à pas.
Avertissement : Cette fiche a été conçue pour le cercle des parents heureux, un endroit qui réunit des parents qui cheminent depuis un bon moment déjà… et nous y travaillons (entre autres) l’écoute mois après mois.
Prenez donc ce qui correspond à votre avancement, surlignez-le, et oubliez pour l’instant ce qui ne vous semble pas accessible.
Peu à peu, certaines phrases deviendront naturelles, comme des appuis intérieurs.
C’est ainsi que l’écoute passe du savoir au vécu.
Ecouter son enfant : une posture vivante
L’écoute n’est pas une méthode, c’est une posture intérieure.
Elle s’incarne dans nos gestes, nos silences, notre manière d’être présent.e à l’autre et à nous-mêmes.
C’est une danse délicate, qui se cultive plus qu’elle ne s’applique.
Il ne s’agit pas d’être le parent parfait, toujours calme et disponible, mais d’avancer, pas à pas, vers une écoute plus consciente.
A chaque fois que nous écoutons vraiment notre enfant le lien se renforce.
Et dans ce lien, l’enfant se sent compris, accueilli sans condition, aimé.
Que cette fiche et ces mots soient pour vous des compagnons de route.








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