Les devoirs sont souvent une source de tension dans les familles. Les enfants traînent les pieds, les parents insistent, et cela tourne vite au conflit. Et si nous arrêtions de nous battre pour les devoirs ? Et si, au lieu de les voir comme une contrainte, nous les transformions en un espace d’apprentissage bénéfique pour l’enfant ? Pour cela, la clé est de réduire la pression et d’adopter une approche plus sereine.
Stopper les questions et vérifications incessantes : un stress inutile
« Tu as des devoirs ? »
« Quand est-ce que tu vas faire tes devoirs ? »
« Tu as fini tes devoirs ? »
Ces questions, bien que partant d’une bonne intention, peuvent créer un climat de stress pour l’enfant.
Il se sent surveillé, jugé, et reçoit le message que la charge mentale des devoirs ne lui incombe pas. (Il y aura toujours un parent pour le lui rappeler…)
Résultat : cela peut le pousser à procrastiner ou à rejeter l’idée même de travailler.
Quand j’étais ado, j’évitais de bosser quand ma mère n’était pas là, pour être sûre d’avoir de quoi faire quand elle pouvait me voir !
Comment réduire cette pression autour des devoirs ?
- Laisser l’enfant le plus en charge possible de son travail, en fonction de son âge
- Le responsabiliser en le laissant gérer son temps, avec un cadre clair mais sans contrôle oppressant
- Au besoin, fixer des plages horaires définies pour les devoirs afin d’éviter les rappels incessants
- Éviter les injonctions et privilégier les discussions ouvertes (si pas possible de ne pas aborder le sujet).
Exemple : « Comment comptes-tu organiser tes devoirs aujourd’hui ? » plutôt que « Tu n’as toujours pas commencé ? ».
Comprendre les deux zones : apprentissage vs performance
Un concept qui me semble vraiment important pour aider à baisser la pression sur les devoirs, c’est celui porté par Eduardo Briceño sur la différence entre la zone d’apprentissage et la zone de performance.
Je vous explique.
- La zone d’apprentissage est l’espace où l’on est en train d’apprendre. On ne domine pas encore la notion. Donc, logiquement, on fait des erreurs, et on progresse. C’est un moment d’exploration où il est normal de se tromper.
- La zone de performance est le moment où l’on doit démontrer ce que l’on a appris (examens, évaluations). Ici, on est théoriquement en maîtrise de notre sujet et notre objectif est de ne pas faire d’erreur.
Les devoirs font clairement partie de la zone d’apprentissage !
« La zone d’apprentissage, c’est lorsque notre objectif est d’améliorer nos compétences.
Nous faisons alors des activités conçues pour progresser, en nous concentrant sur ce que nous n’avons pas encore maîtrisé. Cela signifie que nous devons nous attendre à faire des erreurs, car nous apprendrons de ces erreurs. » Eduardo Briceño.
Le problème, c’est qu’on a tendance à passer le message à nos enfants que, même pendant les devoirs, ils ne devraient pas faire d’erreur. Beaucoup de parents abordent les devoirs comme s’ils faisaient partie de la zone de performance, en exigeant des résultats parfaits.
Remettons les devoirs à leur place : ils sont bien un terrain d’entrainement, où l’enfant peut expérimenter sans crainte de l’écher.
Dans le fond, tout ça revient à la considération de la place de l’erreur…
On a tous grandi avec la crainte du stylo rouge, il est donc normal qu’on ait tendance à reporter ça sur nos enfants.
Face à la difficulté, les voici qui se stressent, qui se jugent : « Je suis nul.le… je n’y arriverai jamais. », jusqu’à détester ce moment dans lequel on est loin de la joie d’apprendre !
Transformer les devoirs en un vrai terrain d’entraînement
L’importance du processus d’apprentissage
Revenons donc aux bases.
Plutôt que de voir les devoirs comme une simple tâche à accomplir (et à bien accomplir !), considérerons-les vraiment pour ce qu’ils sont : une opportunité d’apprentissage.
L’objectif n’est pas que l’enfant ait tout juste du premier coup, mais qu’il comprenne ce qu’il fait, ou en tout cas qu’il se pose des questions ! Ça lui permet justement de prendre du recul, et d’identifier ce qu’il a compris et ce qu’il a besoin d’affiner.
On pourrait même dire qu’un enfant qui ne fait jamais d’erreur lors de ses devoirs est peut-être trop dans sa zone de confort, et progressera peu…
« Mieux vaut un enfant actif qui se trompe et apprend de ses erreurs, qu’un enfant passif et qui n’apprend rien. » Stanislas Dehaene
Le rôle de l’erreur selon les neurosciences
Oui, l’erreur fait partie de l’apprentissage.
Aujourd’hui, grâce aux neurosciences, on le sait, et ça a été prouvé et analysé à maintes reprises.
Si je cite la Digital Learning Academy :
« Les dernières recherches en neurosciences ont montré que le cerveau apprend grâce à l’erreur. Se tromper déclenche une reconfiguration des réseaux neuronaux au moment où on se rend compte qu’on a fait un erreur. Le cerveau a besoin de signaux d’erreur pour corriger ses modèles du monde extérieur. Les moments d’étonnement, où il y a écart par rapport aux attentes, sont des moments féconds pour apprendre. L’apprentissage repose sur des écarts aux attentes, c’est-à-dire sur les erreurs. »
On a donc besoin, de notre côté, de revisiter un peu notre rapport à l’erreur et à l’échec, pour aider nos enfants à intégrer à leur tour un autre modèle.
Et clairement, si on dé-diabolise l’erreur, on fait baisser la pression, non ?
J’aime, à ce sujet, rappeler cette citation de Thomas Edison : « Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10.000 solutions qui ne fonctionnent pas. »
Le corollaire de l’erreur : la correction immédiate
Malheureusement, ce n’est pas si simple…
La vraie difficulté, c’est que pour que cette analyse de l’écart aux attentes se fasse : « il faut être actif, et il faut avoir un feedback immédiat« comme l’explique Stanislas Dehaene.
Information transmise également par Céline Alvarez – par exemple dans cette intervention : « Pour bien apprendre, il faut avoir un feedback immédiat sur l’activité que nous sommes en train de faire. »
Oui, les études montrent que l’on apprend mieux lorsque l’on peut vérifier immédiatement ses erreurs et les corriger dans la foulée.
Au passage, on entraine notre fléxibilité cognitive, l’une de ces fonctions exécutives si précieuses pour avancer !
Maria Montessori l’avait bien compris, elle qui avait conçu tout son matériel avec un contrôle d’erreur intégré, pour que chaque enfant puisse, en toute autonomie, vérifier ce qu’il faisait. (Ce qui explique d’ailleurs que la posture du guide Montessori soit plus celle d’un observateur)
Ainsi, avoir un accès aux corrections, plutôt que d’attendre un retour différé de l’enseignant, permet aux enfants de mieux comprendre leurs erreurs et de progresser efficacement.
Seulement voilà, les devoirs viennent rarement avec les corrigés de leurs devoirs…
Ça arrive (je repense à certains manuels dont les réponses aux exercices figurent à la fin du livre), mais ce n’est pas fréquent.
À votre avis, pourquoi ?
Triche ou pas triche ?
Eh bien oui… un gros frein à cette approche est la peur que l’enfant « triche » en regardant directement les réponses.
Ce qui est directement lié à la source du problème : on ne prend pas le temps d’embarquer les enfants dans la démarche !
En effet, quand notre enfant comprend et intègre que l’objectif est d’apprendre pour lui-même et non de cocher la case « devoirs » pour quelqu’un d’autre (parent ou enseignant), il n’aura aucun intérêt à tricher.
S’il triche, autant ne pas faire les devoirs en fait, parce qu’alors, c’est juste du temps perdu !
Seulement… a-t-on suffisamment confiance en eux pour les embarquer dans la démarche ?
Il y a quelques années, j’ai poussé une enseignante de CP à faire le test… et elle a été surprise de constater qu’en effet, les élèves ne trichaient pas !
- Lorsque les enfants sont responsabilisés, ils deviennent acteurs de leur apprentissage.
- La vraie question est : l’enfant fait-il ses devoirs pour obtenir une validation extérieure ou pour réellement progresser ?
Pas simple de bien transmettre ces messages à nos enfants, avec tous les implicites qu’ils reçoivent déjà.
Pourtant, ça change tout !
Ce sont ces changements de posture que vous explorerez plus en détails dans ma formation J’arrête de me battre pour SES devoirs.
Apprendre à lâcher prise pour mieux accompagner
Quand on arrive à mettre en place ces méthodes pour baisser la pression, cela facilite les devoirs.
Ce que l’on veut, c’est que nos enfants prennent en charge leurs devoirs, parce qu’ils font SENS pour eux.
Cela passe aussi par nous : notre posture, notre approche permettront d’encourager l’autonomie et les aidera à se saisir des devoirs comme d’un vrai moment d’apprentissage, au lieu d’une obligation pénible.
Oui, les devoirs devraient être un espace de progression, non un champ de bataille.
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Enfin, dites-moi en commentaire ce que vous mettez en place pour baisser la pression à la maison.