La fatigue : ennemi numéro un du parent positif

Nous rentrons d’une semaine de vacances.

Une semaine qui, dans l’ensemble, s’est très bien passée, mais quand même, je ne me suis pas toujours sentie à la hauteur. J’aurais voulu consacrer du temps à chacun de mes enfants, j’aurais voulu être toujours douce avec eux, j’aurais voulu une harmonie constante.

Mais la réalité est autre. Bien sûr, nous avons progressé sur ce chemin de la parentalité positive, et, armés de nos nouvelles compétences, nous savons faire face autrement à certaines situations du quotidien. Cependant, il reste les moments où on a l’impression de tout oublier.

Un voyage, c’est du stress, et de la fatigue. Oh, on avait conscience de cela, et du fait qu’il faut introduire plus de lenteur dans notre rythme, aspiration que je soulignais d’ailleurs avant de partir. Notre destination avait même était choisie tout exprès parce que le vol était direct ! Non, non, je ne plaisante pas. Remettons les choses dans leur contexte pour que vous compreniez : nous vivons à Puerto Rico. Loin, donc. Avant ça, nous étions au Mexique. Loin, donc. Nous rentrons chaque été en France, prenant chaque fois un long courrier et une connexion. Alors en terme de longs voyages avec enfants, c’est déjà pas mal. On n’a pas envie d’en rajouter.

Raisonnables, donc, nous décidons d’aller passer la semaine de Pâques en Colombie, qu’on atteint par un vol direct San Juan – Bogota de 3 heures.  Excellent !

Oui, enfin… d’abord, comme on trouve qu’il faut profiter de l’opportunité, on se rajoute finalement un vol intérieur pour aller aussi voir Medellin. C’est un vol court, mais ça signifie quand même refaire les valises, aller à l’aéroport, passer la sécurité, récupérer les bagages, enfin… vous voyez ce que je veux dire ? Et puis, le vol part tôt, ou arrive tard, dans tous les cas, on se retrouve fatigué !

Et voilà que j’en arrive au coeur de mon article : la fatigue, mère de tous les maux.

Parce qu’une fois qu’on est fatigué, on perd son énergie, on perd sa patience, on perd presque ses principes ! Par exemple, je sais que je ne veux pas d’enfant obéissant, mais quand je retrouve mon Léon (5 ans) en train de grimper sur la statue du hall du musée, ou de courir quand on passe la douane, je me dis que ce serait plus facile s’ils avaient peur de moi et de mes punitions… Moins bien, pas du tout en ligne avec ce que je veux développer chez eux, à l’opposé de mes principes, mais plus facile…
(En vrai, heureusement, je sais que c’est faux, que les punitions n’engendrent pas non plus l’obéissance ! Mais c’est un autre sujet…)

Or, je l’avoue, je ne suis pas un super héros. Donc, si je ne dors pas assez, je suis fatiguée, quand je suis fatiguée, je fais moins bien face aux diverses situations qui se présentent, et donc je m’épuise, et c’est un cercle vicieux.

Je noircis un peu le trait, mais ce que je cherche à faire passer, c’est qu’il est important de reconnaitre cette situation. Important de se savoir fatigué pour savoir qu’on ne pourra pas faire face. Exactement comme nos petits, qui deviennent parfois, n’ayons pas peur des mots, insupportables lorsqu’ils manquent de sommeil !

La solution ?

Ah… j’aimerais bien l’avoir !!

La première bien sûr, c’est de dormir. Si on le peut, mais aussi en s’organisant pour, pour limiter ces difficultés. Ca veut dire taire notre peur de rater des choses parfois (en anglais, ils appellent ça la FMO : Fear Of Missing out)… Parce que je me connais, j’ai choisi par exemple d’aller me coucher un soir où un jeu de société entre grands s’annonçait. J’adore les jeux de société et les copains ! Mais pas au prix de souffrir toute la journée suivante…

La deuxième (attention piège, ce n’est pas une vraie solution), c’est de le savoir et de l’accepter. Une des mamans avec qui nous échangions sur le sujet écrivait que lorsqu’elle a arrêté de compter ses heures et d’en vouloir à son fils de la réveiller, elle n’a pas gagné en heures de sommeil, mais en sérénité.  On rejoint ici l’idée que savoir ce qu’on vit aide à le vivre. On peut même alors le partager avec les enfants : « Je me sens très fatiguée aujourd’hui, je vais probablement être moins patiente… ». Peut-être nous laisseront-ils faire la sieste quand ils le comprendront mieux ?

La troisième, et là c’est vraiment une démarche à assimiler, c’est de régler sa dose de lâcher-prise par rapport à sa fatigue.
Je croyais savoir ça, savoir qu’il fallait « choisir ses batailles », comme je le dis souvent. Mais je ne le faisais encore pas assez. Parfois, je cherche à me battre sur tous les fronts, à tout faire bien. Et puis, pendant les vacances, la copine avec laquelle nous étions m’a dit : « Coralie, je crois que tu devrais plus lâcher-prise, ne pas réagir sur tout, parce que ça explique pourquoi tu es épuisée en fin de journée. Parfois, quand on est à temps plein avec les enfants, il vaut mieux laisser courir certaines choses, même si ça peut signifier, pour ne pas se contredire dans ses principes, faire semblant de ne pas voir certaines choses. »
Faire semblant de ne pas voir certaines choses ?? Un concept nouveau pour moi !! Mais qui a pris tout son sens lorsque peu après nous avons pris l’ascenseur, et que Léon a appuyé sur le bouton pour monter alors qu’on descendait.. Au lieu de faire encore une remarque, j’ai fait ce qu’elle m’avait suggéré : j’ai fait semblant… Et je me suis sentie soulagée. Comme si un poids tombait de mes épaules. Libérée, presque ! Ca ne veut pas dire que je vais laisser mes enfants faire n’importe quoi, ça veut dire que dans un contexte de fatigue, je choisis de ne pas réagir à tout, pour garder de l’énergie pour les choses importantes, ne pas la gaspiller sur ce qui est en réalité de seconde importance.

Et quand je serai reposée, alors je remonterai la barre. Pour eux comme pour moi !

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6 réponses
  1. Aurore
    Aurore dit :

    Faire semblant de ne pas voir, un truc que j’ai mis en pratique il y a quelques années avec mes élèves. Et ça marche du tonnerre! J’espère y arriver aussi avec mon fils, le moment venu (il a 9 mois).

    La fameuse FMO, c’est mon mari (en + il est américain, haha), car dans sa famille, ils ont l’habitude de tout planifier, de faire rentrer le + possibles de trucs en une journée, comme si la quantité primait sur la qualité. Alors que dans mon esprit, je suis beaucoup plus relax, parfois trop lente et donc on se retrouve à ne rien faire… On apprend chacun du modèle de l’autre et on essaie de trouver un juste milieu.

    Ce que dit ton amie à propos du stress d’être réveillée, ça résonne beaucoup en moi. Mon fils se réveille encore parfois, et nettement + depuis que j’ai repris le travail. Mais parfois il ne se réveille pas, or moi je ne dors pas pour autant car je suis dans le lit en train de flipper au moins mouvement ou bruit, le suppliant intérieurement de continuer de dormir. La seule qui est perdante, dans ces cas là, c’est moi! Il faut que j’y travaille…

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Bonjour Aurore
      Ahah, je connais ton dernier point… Ca évoque des souvenirs ! C’est pour ça que j’ai rapidement mis mes enfants dans une autre pièce : ça m’évitait d’entendre les mouvements et de me réveiller même quand eux ne le faisaient pas…

      Ca doit être captivant et difficile à la fois d’apprendre l’un de l’autre dans vos manières de faire avec ton mari. Je trouve que se heurter à d’autres cultures nous aide cependant à nous poser des questions. A re-réfléchir à ce qui nous semblait aller de soi. Et faire des choix.

      Quant à ton expérience sur le fait de faire semblant de ne pas voir, j’adorerais en savoir plus ! Quel âge ont tes élèves ? Comment mets-tu ça en pratique ?

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  2. Et suspendre le temps
    Et suspendre le temps dit :

    Waouh! Revolutionnaire cette idee de faire semblant de ne pas voir!!! Bon, ma fille n’a que 18 mois, mais je garde ca dans un coin de ma tete pour plus tard ;))

    Sinon, y a-t-il un moyen de recevoir une notification en cas de reponse a mon commentaire? Ca se fait automatiquement ou bien je dois venir verifier la page manuellement?

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Ah, tu touches du doigts un problème que j’ai : je n’ai pas encore trouvé comment faire pour t’envoyer une info.
      Merci de m’interpeller à ce sujet, je vais me reprocher sur la question…

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      • Et suspendre le temps
        Et suspendre le temps dit :

        En soi, ca ne me derange pas de venir verifier si qqn a repondu, mais le truc c’est qu’on oublie vite ou on a laisse un commentaire :s Enfin, je suppose que tu sais deja tout ca ^^
        Et malheureusement, je n’ai pas de blog et n’y connais rien donc je ne pourrais pas t’aider sur ce point…

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  3. ML
    ML dit :

    Bonsoir,
    La fatigue ça me parle, ayant une maladie chronique. J’essaye d’être bienveillante et positive avec mon petit bonhomme de deux ans mais la fatigue ça use surtout que au quotidien, je n’ai pas vraiment d’aide (intendance ou mon garçon qui en rajoute parfois pour attirer l’attention de son papa notamment lors des repas…. y en a partout ! ). Contente de voir un article sur le sujet.
    Le lâcher prise est une très bonne méthode et je m’y emploie, faire semblant de rien voir aussi!
    Je retourne me coucher, les nuits sont un peu hachées ces derniers temps !

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