Comment faire participer les enfants aux tâches ménagères ? – Partie 1

Et d’abord : pourquoi faire participer les enfants aux tâches ménagères ?

« C’est pas un hôtel, ici ! » – vous l’avez déjà entendue, celle-là ? C’est que cette question n’est pas nouvelle… Nos parents avaient déjà du mal à nous faire participer aux tâches ménagères… et je retrouve cette difficulté régulièrement en discutant avec les parents de nos programmes.

Si je vous parle de coopération dans la maison, vous me confierez probablement vous aussi votre frustration : ils se battent pour ne pas mettre le couvert… il faut leur dire 20 fois de ranger les affaires qui trainent, etc…

Pourquoi ? Pourquoi c’est si difficile, et surtout, comment rendre les choses plus fluides ?
C’est ce dont nous allons parler ici !
Seulement vous me connaissez, je vais d’abord vous encourager à prendre du recul sur la démarche…
C’est l’objet de cette première partie.

Pourquoi faire participer les enfants aux tâches ménagères ?

Commençons par la question-clé, celle qui va influer profondément sur notre attitude face à cette question : les enfants doivent-ils réellement participer au ménage et autres tâches du foyer ?

Mon point de vue est tres clair : OUI !
Je sais aussi que ce n’est pas celui de tous les parents… tout dépend de nos croyances.

Croyance 1 : C’est un travail d’adulte, les enfants doivent s’amuser

Qu’on le veuille ou pas, notre posture est liée à nos croyances. Croyances qui ont été formées à partir de nos expériences (oui, comme dans Vice-Versa 2…)
Si votre croyance, c’est que les enfants en auront assez à faire en grandissant, qu’il est bon qu’ils profitent de leur enfance sans poids ou pression, vous aurez évidemment du mal à les impliquer.
On l’entend souvent : « le jeu est le travail de l’enfant ». (je ne vous noterai pas l’auteur… comme souvent, il change selon les sources : Cairn dit que c’est un certain Édouard Claparède ; Creche and Co que c’est Pauline Kergomard… je vais juste retenir la phrase !)
Donc… laissons-les jouer un maximum !

Je comprends… Si vous sentez que ces pensées sont proches des autres, le chemin à suivre est peut-être celui de l’acceptation et de la cohérence. En effet, si vous pensez fondamentalement qu’il faut qu’ils « profitent de leur enfance », et que cela passe par une liberté par rapport aux tâches de la maison, alors il est normal qu’ils ne participent pas, ou très peu, et vous pouvez arrêter de vous battre et garder ces tâches pour vous. Ce serait cohérent.

Si vous luttez malgré cette croyance, c’est peut-être qu’il est temps de la mettre à jour…

Croyance 2 : Contribuer aux tâches quotidiennes est bon pour mon enfant

Je pense qu’il y a deux temporalités.

Oui, « le jeu est le travail de l’enfant » : c’est, je crois une partie essentielle de l’apprentissage, on peut réellement apprendre en s’amusant, et cela rejoint les propos d’André Stern qui dit que « l’enthousiasme est l’engrais du cerveau ».

ET… l’enfant a également besoin de trouver sa place dans la famille, et de se sentir capable.

Comme je l’expliquais déjà dans cet article, contribuer au foyer, c’est une manière puissante d’appartenir et d’avoir de l’importance, 2 besoins fondamentaux de l’être humain (je vous renvoie à Alfred Adler sur ce coup-là…), dont vous m’avez probablement déjà entendu parler.

On peut ajouter à ça qu’en participant, les enfants développent leur autonomie, et leur confiance en eux.

Je suis particulièrement attachée à la notion d’autonomie pour nos enfants.
Cela fait partie de mes priorités éducatives. (Ce n’est peut-être pas le cas pour vous, et c’est ok, on a chacun notre approche !)
Je crois fort au fait que notre rôle de parent est d’accompagner nos enfants à pouvoir vivre de leurs propres ailes. Donc, entre autres, développer l’autonomie. Ce qui ne veut pas forcément dire l’individualité !

Dans le livre Chasseur Ceuilleur Parent, Michaeleen Doucleff fait la différence entre « indépendance » et « autonomie ».
« L’indépendance, c’est n’avoir pas besoin d’autrui. » écrit-elle. « Un enfant indépendant n’a pas d’obligation envers sa famille et la communauté dans laquelle il évolue. Et en échange, la famille et la communauté n’attendent rien de l’enfant. »
Dans l’autonomie, en revanche, elle inclue les notions de partage et de générosité. L’enfant autonome est en mesure de participer à la vie de la communauté.
J’adore.

Ce qu’un manque de participation de tous crée chez nous

Un autre aspect qui me semble important dans la réflexion fondamentale sur le fait de faire participer les enfants ou non, c’est ce que cela crée chez nous.

Chacun est différent et, face aux mêmes circonstances, va ressentir les choses différemment (oui, c’est bien de responsabilité émotionnelle qu’il s’agit…).

Deux cas de figure donc. (Je fais ça sans subtilité, il y a bien sûr plus de 2 cas de figure, mais faisons simple…)

S

Soit vous êtes tranquille avec le fait que les enfants ne contribuent pas (ou très peu) à la vie du foyer, soit ça vous agace.

Vous vous sentez tranquille

Si vous êtes dans le premier cas, tant mieux. Il sera donc normal pour vous de faire les courses, assumer la préparation du repas, et ranger le salon.
MAIS… mais je ne suis pas sûre que ce soit rendre service à vos enfants.
Et je ne parle pas ici que de débrouillardise, pour qu’ils sachent plus tard faire des lessives et se faire à manger, par exemple.

Non, je parle de cette opportunité ratée qu’ils se sentent capables et fiers d’eux !

Car c’est une réalité : même s’ils trainent un peu les pieds au départ, les enfants sont souvent fiers d’eux quand ils s’aperçoivent qu’ils peuvent faire des choses par eux-mêmes.

Ils ont si peu d’occasion au quotidien d’exercer leur pouvoir personnel, si peu de liberté dans le rythme de notre société, que c’est dommage de ne pas saisir cette opportunité de se réaliser.
Quand un enfant fait le dîner pour la famille, il se sent important. C’est ça, la beauté de la contribution !

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Vous vous sentez agacé.e

Maintenant, si vous êtes dans le 2e cas – celui du parent que ça agace de devoir batailler pour que les enfants participent, je vais vous demander d’aller voir un peu à l’intérieur.

Pourquoi ça vous agace ?

Qu’est-ce que vous aimeriez vivre à ce moment-là que vous ne vivez pas ?

Les réponses que j’ai déjà entendue (ou les miennes !)

  • la coopération
  • le soutien
  • le sens de la communauté
  • la fluidité
  • la légèreté

Dernièrement, je me suis particulièrement attachée à la légèreté.
Garder ce besoin en tête m’aide à rediriger mes actions.
Car soyons honnêtes : la majeure partie des actions qu’on met en place pour faire en sorte que les enfants participent quand on est agacé ne nourrissent ABSOLUMENT PAS notre besoin de légèreté !!

Gardons le bien à l’esprit pour la suite de cet article.

Comprendre pourquoi c’est parfois difficile pour les enfants de participer

Alors bien sûr, je vous vois venir : « C’est bien gentil, Coralie, de dire que c’est important que les enfants participent, que ça nourrit leurs besoin d’appartenance et d’importance, qu’ils vont se sentir fiers d’eux, tout ça tout ça… mais en attendant, ils ne s’y mettent pas ! Alors… on fait quoi ?? »

Oui, c’est vrai. C’est bizarre, non ? C’est fondamentalement tout bénef pour eux, et pour la famille, mais ils ne s’y mettent pourtant pas, pourquoi ???

Une priorisation différente

Tout comme nous venons de passer du temps à voir ce que ce manque de coopération créait chez nous, voyons un peu comment ils se sentent eux quand on leur répète 12 fois de mettre la table.

Imaginez-vous donc à leur place… Ils sont occupés à mener une activité choisie (chez nous, ça va être : lire une BD, jouer aux échecs, construire un circuit de billes…) et on vient les interrompre. Et on répète, en plus !
Alors bien sûr… eux aussi, ça les agace !
(je ne dis pas qu’on n’a pas de raison d’agir comme on le fait, mais ils peuvent quand même s’agacer !)

Alors que… qu’est-ce qu’ils aimeraient vivre dans ces cas-là ?

Probablement de la coopération et de la légèreté, non ?

Ça vous rappelle quelque chose ??

Si on explicitait avec eux les besoins nourris par le fait de contribuer, nul doute qu’ils seraient d’accord avec le fait que c’est important, et qu’ils aiment se sentir appartenir. Ils aiment même contribuer, c’est sûr !
Ce n’est juste pas leur priorité à ce moment-là.

En somme, nous ne sommes pas en désaccord sur le fond… nous avons juste une priorisation différente. C’est tout.
Je ne sais pour vous, mais moi, ça m’apaise déjà un peu de le voir comme ça. Disons que je le comprends mieux.

Je sens bien moi aussi que je suis moins disponible pour aider quand je suis plongée dans un bon bouquin par exemple !

La perception de l’enfant

L’autre élément qui freine la participation spontanée des enfants, c’est leur perception de cette contribution.

Une perception double :

1- les tâches ménagères sont des corvées
2- ces corvées ne relèvent pas de sa responsabilité

D’autre part, l’enfant perçoit les tâches ménagères comme des corvées.
Et comme des corvées qui ne relèvent pas de sa responsabilité de surcroit.

Et c’est en partie de notre faute…

Les tâches ménagères vues comme des corvées

Oui, certaines de ces tâches sont effectivement vécues comme des corvées.
Mais pas forcément !
Vider le lave-vaisselle en famille peut être un bon moment partagé.
Certains aiment faire la poussière, et savourer le résultat…

En fait, on a tous des sensibilités différentes qui vont nous permettre de changer d’approche.

Oui, sauf que… nous-mêmes avons tendance à nous plaindre de ces « corvées » (vrai pour vous aussi ?)
Alors évidemment, c’est plus compliqué de leur montrer qu’elles peuvent être faites avec élan !

Ces corvées ne relèvent pas de leur responsabilité

Prenez donc un moment pour repenser à quand vos enfants étaient petits et volontaires…
Vous vous souvenez qu’ils VOULAIENT faire la lessive, passer le balai, remplir le lave-vaisselle, ranger les courses etc… ?Ils voulaient, mais nous, souvent, nous coupions leur élan par souci d’efficacité !
C’est dommage, non ?

Dans les environnements où cet élan est maintenu, la question se pose moins… allez faire un tour dans une école Montessori pour le constater !

Alors, pour ceux d’entre vous qui ont encore de tout jeunes enfants, pensez à ça, et ne coupez pas leur élan !!
(on va voir plus loin comment les faire participer sans trop de difficulté)

Autre point : le vocabulaire que nous utilisons.
Je crois qu’il y a un vrai message là-dedans.

Souvent, on cherche à convaincre les enfants en leur disant qu’on a besoin d’aide.
C’est d’ailleurs bien ce que propose Catherine Dumontheil-Kremer dans sa « réunion de travail ».

Sauf que dire qu’on a besoin d’aide, c’est sous-entendre que c’est notre job et qu’ils nous rendent un service.
Or, ce n’est pas le cas !

Si on veut vraiment faire passer le message que les tâches ménagères sont l’affaire de toute la famille, il va également falloir adapter notre vocabulaire !
On ne demande pas de l’aide, mais de la participation.

Ça change les choses, non ?

B

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