Quand la peur bloque certaines facultés
La position de l’autorité permet parfois des attitudes qui peuvent vraiment faire peur.
Je l’ai constaté il y a quelques mois.
Dans la partie sur la peur d’Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat parle entre autres de celle d’un professeur, et je voulais raconter cette anecdote que nous avons vécue. Notre grand (14 ans maintenant) avait l’année dernière un professeur avec lequel il ne s’entendait pas bien, qui était également conseiller d’éducation.
En tant que conseiller d’éducation, il avait eu l’occasion l’année précédente (donc quand Oscar avait 12 ans) de mettre une heure de colle à Oscar pour bruit dans la bibliothèque, punition qu’il avait doublée parce qu’il l’avait trouvé en train de faire ses devoirs pendant la dite heure… (en fait, il ne lui avait pas dit, mais il considérait qu’il ne devait RIEN faire pendant cette heure-là. Juste rester les bras croisés… Je me demande s’il sait ce qu’est un enfant), puis lors de la 2e, il n’a pas été lui dire qu’elle était terminé, et au bout d’une heure et demie, quand Oscar a enfin osé aller vérifier, il était parti chez lui…
Bon, c’était une anecdote.
Puis, ça a été son professeur, et Oscar a passé l’année à dire que ce prof ne l’aimait pas. J’en doutais un peu, parce que ce n’est pas ça qu’il me disait. Le cours était d’un niveau particulièrement élevé (ici, il existe des cours qui mélangent les niveaux, et Oscar était le seul élève de 3è dans un cours qui mélangeait d’autres de seconde, 1e, et terminale…) et, quand je le croisais, il me disait qu’Oscar était l’un de ses meilleurs élèves. Il a cependant un humour étrange, (oui, étrange.. du type : « Monsieur, je n’ai pas bien compris ça, vous pourriez le ré-expliquer ? – oui, je pourrais…. Mais je ne le ferai pas. ») et je pensais que ces deux-là ne se comprenaient juste pas. L’année s’est terminée, et Oscar a réussi son examen de fin d’année dans cette matière. Affaire terminée.
Mais cette année, Oscar a encore eu des problèmes avec lui, en tant que conseiller d’éducation. Jusqu’à ce qu’il me demande d’être à ses côtés pour aller lui parler. Je sais que mon rôle est d’aider mon fils à s’affronter aux situations de la vie. Je n’allais pas exposer le cas moi-même, mais je servirai de présence. Oscar dit que cet homme ne lui parle pas de la même manière quand je suis là, ce qui est très probable.
Nous avons donc discuté avant de la situation, de ce qu’il allait lui dire, de comment lui démontrer qu’on prenait en compte les instructions données, etc… et nous sommes allés voir ce monsieur. Je me suis contentée d’un « Bonjour, nous sommes ici parce qu’Oscar voulait vous parler. », puis j’ai laissé mon fils prendre le relai. Et là, je n’ai pas reconnu mon Oscar… Lui qui est si à l’aise avec les adultes, si ouvert, qui aime prendre sa place, il avait les yeux baissés, il parlait doucement, il était fébrile ! J’étais témoin de sa peur !
L’affaire s’est réglée, en théorie. En pratique, Oscar s’est remis dans les problèmes parce qu’il n’avait pas compris ce qui lui avait été dit ! J’étais là pourtant, c’était clair.. Mais, enfermé dans sa peur, il n’avait pas été en mesure d’entendre !! La peur avait bloqué ses autres facultés ! Je ne pensais pas cela possible…
Plus tard, en en reparlant avec mon mari, nous nous sommes fait la réflexion que le succès d’Oscar dans son cours de l’année précédente était en fait encore plus louable que ce que nous pensions : réussir à s’investir comme il l’a fait alors qu’il avait une telle peur du prof, ça demandait une sacrée maturité ! Je n’ai pas manqué de lui en faire la remarque ensuite.
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