La négation des sentiments

Un thème crucial sur le chemin de la parentalité positive. Prendre conscience de ce qu’est la négation des sentiments, choisir d’aborder autrement les situations, permet de changer complètement la dynamique !

Cliquez sur Play pour l’écouter.

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription. 

La négation des sentiments

Aujourd’hui, nous allons parler des sentiments ou plus exactement, de la négation des sentiments. C’est un sujet, qui est parmi les premiers que l’on voit, quand on apprend la parentalité positive. En tout cas, c’est une des premières choses que j’ai apprise. 

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de cette tendance que nous avons de nier les sentiments. C’est assez incroyable une fois que l’on s’en rend compte. Il est fort probable que certains d’entre vous soient déjà familiers avec cette notion. 

Mais pour être sûr que tout le monde suive bien, je vais en rappeler le principe. Avant qu’on m’en ait parlé, ce n’était pas du tout évident pour moi. Et depuis, je me suis rendue compte à quel point c’était répandu. Nous avons cette tendance forte à nier les sentiments de ceux qui nous entourent, ceux des enfants encore plus.

Un exemple frappant où l’on nie les sentiments des enfants

Un jour, j’étais dans la rue et j’ai vu un papa passer avec sa petite fille dans les bras. La petite fille devait avoir à peu près un an, quelque chose comme ça. 

Et la petite fille pleurait, pleurait, pleurait. “Mais non, ce n’est rien, ne t’inquiète pas”, disait le papa pour la rassurer. Et la petite fille pleurait, pleurait. “Mais non, ça n’a aucune importance” disait le papa. C’est une scène banale. C’est une scène qu’on voit souvent. Et pourtant, pour ceux qui ont déjà été sensibilisés à ce sujet, c’est marquant. 

C’est-à-dire que cette petite fille est en train de parler de sa détresse, d’exprimer sa frustration ou sa tristesse. Et le papa lui répond : “Ce n’est rien, ça n’a aucune importance”. C’est-à-dire qu’on le nie complètement

Comment valider une émotion ?

Une émotion n’a pas vraiment besoin d’avoir une raison pour exister. Combien de fois nous disons à nos enfants qu’il n’y a pas de raison de s’énerver. Mais en fait, si l’enfant est énervé, c’est qu‘il a une raison de s’énerver. 

Après, ça peut être une raison qui, pour nous, n’aurait pas eu le même effet. Il est possible que nous ne comprenions pas la raison ou même pourquoi cette raison-là a un tel effet sur notre enfant. Et on peut avoir envie de s’interroger sur ce mécanisme pour lui. 

L’enfant nous regarde comme un guide

Pour autant, si le sentiment est là, si l’émotion existe, c’est qu’il y a une raison pour lui, pour l’individu. Nier cette raison ou du moins nier le sentiment plutôt que la raison, c’est dire à l’enfant qu’il a tort de ressentir ce qu’il ressent. 

Or, l’enfant nous regarde comme un guide. Nous sommes ses parents. Nous lui apprenons énormément de choses. Nous l’aidons à découvrir le monde. Donc en disant à notre enfant, tu as tort de ressentir ce que tu ressens, nous lui enseignons, indirectement, qu’il ne devrait pas avoir confiance en ce que son corps lui dit, ce que son cœur lui dit. Il apprend que ce qu’il croit sentir n’est pas juste, il ne devrait pas, il ne faudrait pas. 

Détruire la confiance en soi de l’enfant

Alors, d’une part, ça risque de ne pas l’aider. Parce que, imaginons par exemple un enfant confronté à une situation qui lui fait peur : “Maman, j’ai peur !”, “Non, mais il n’y a aucune raison d’avoir peur”. 

Non seulement on invalide ce qu’il ressent, mais ce n’est pas en lui disant qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur tout d’un coup, la peur va disparaître. Donc, c’est inefficace et ça détruit la confiance en soi de l’enfant. C’est-à-dire, je ne sais pas si on peut déjà parler de la détruire, mais au moins, ça n’aide pas à la construire. Que va-t’il se passer plus tard en tant qu’adolescent ? Quand il sera par exemple sous la pression d’un groupe, et qu’il se retrouvera dans une situation à laquelle il se sent mal à l’aise ? Il sent que quelque chose ne va pas, mais que le reste du groupe ne l’exprime pas. 

À ce moment-là, il se dira, j’ai probablement tort de ressentir ce que je ressens, je n’ai pas de raison pour. Et du coup, il va suivre le groupe. Si on veut que l’enfant ait le courage de ses opinions, il faut d’abord qu’il puisse sentir ses émotions. Il faut qu’il puisse leur faire confiance.

Le court terme

C’est pour cela que la validation des sentiments, dès le plus jeune âge, est très importante. Il y a encore une autre raison supplémentaire pour ça, c’est le court terme, tout simplement. C’est beaucoup plus efficace de valider les sentiments sur le moment.  

À long terme, il est très important qu’on lui enseigne à se connaître, à s’écouter et à se faire confiance. Mais la validation des sentiments à court terme, vous verrez, c’est magique ! Avant de vous illustrer ça avec des exemples des enfants, je voudrais déjà être sûr que l’on soit bien sensibilisé à cette question. Que vous vous imaginez vous-même parce que des exemples de couples, j’en ai aussi plusieurs, dans un sens comme dans l’autre. 

Besoin d’être écouté 

Je me revois par exemple à un moment où j’espérais quelque chose qui ne s’est pas produit et j’appelle mon mari, il dit : “Cela ne marche pas, ça ne va pas se faire”. Et il cherche à me rassurer. “Bon écoute, c’est déjà pas mal ce que tu as fait, ça arrivera un jour, une autre fois, tu verras”. 

En fait, je savais que ça arriverait un jour, une autre fois, que je verrai. Je n’ai pas besoin de ces mots-là, j’avais besoin de : “Quelle déception ! Tu dois être triste”. J’avais juste besoin d’être écoutée. Je n’avais pas besoin de solutions, je n’avais pas besoin de réassurance. J’avais juste besoin d’être écoutée. Dans l’autre sens, c’est vrai aussi. 

Heureusement que mon mari et moi, nous sommes tous les deux sensibilisés à cette question maintenant, parce qu’on peut le dire explicitement. Tu n’es pas en train de valider mon sentiment. Cela aide à nos conversations. Souvent, on a juste besoin d’être écouté. Et souvent, dans la conversation, on oublie d’écouter l’autre, pas de lui répondre, de nous donner nos suggestions, nos solutions, juste de l’écouter. C’est un peu l’écoute active dont parle Thomas Gordon. C’est une autre force de la conversation : c’est ce qui permet de rester en lien. 

La nécessité de la connexion

Parce que finalement, dans tout ça, l’important, c’est de garder le lien. La nécessité de la connexion avec l’autre devrait passer avant tout. Tant qu’on reste connecté, on aura beaucoup plus de chances d’avoir une relation harmonieuse avec l’autre, une relation de coopération et c’est vrai, entre parents et enfants, tant qu’on reste connecté. 

Si on impose notre modèle à notre enfant sans l’écouter lui aussi, sans écouter ce qu’il a en lui, on rompt la connexion. Et ça, ça ne marche ni à court terme ni à long terme. 

Exemple d’une idée de validation de sentiment avec les enfants

Je voudrais vous donner des exemples de la façon dont cette idée de validation des sentiments peut marcher avec les enfants. Pour que vous soyez convaincu ! Aussi, j’aimerais surtout que vous l’essayez vous-même avec vos propres enfants. 

Une de mes amies, qui est un peu sceptique sur toutes ces méthodes, l’a mise en pratique avec sa fille de 11 ans, juste après un échange avec moi. Sa fille était rentrée en se plaignant de la quantité de devoirs qu’elle avait. Et sa mère en mode automatique lui répond : “Je ne vois pas pourquoi tu te plains ? D’habitude, tu as très peu de devoirs. Bon voilà ! Aujourd’hui, tu en as plus. Ce n’est pas non plus tous les jours, ce n’est pas dramatique”. Et la fille réagit un peu fortement en lui disant : “Maman, de toute façon, ce n’est pas la peine, je te dirai plus ce qui se passe pour moi”. Et cela fait réagir la maman, qui s’est dit effectivement que ça lui faisait écho avec ce que l’on s’était dit le matin-même sur le fait de perdre le lien. 

Parce que la fille exprime clairement : “Je ne te dirai plus ce qui m’arrive”. Et du coup, ça l’a aidée à basculer. Alors, elle a pris sa fille avec elle, dans ses bras, et elle lui a dit : “Attends, viens voir, je vois bien qu’aujourd’hui, tu es fatiguée et que tu as vraiment beaucoup de devoirs. Tu n’avais pas envie d’en faire autant aujourd’hui. Tu trouves que tu en as trop et ce n’est pas facile”. C’est tout ! La fille était bien dans les bras de sa maman, elle lui a dit : “Merci maman” et elle est partie faire ses devoirs. Elle avait seulement besoin d’être entendue. Et ça, ça marche à n’importe quel âge. 

Avec les petits, on le voit très bien ce moment où ils sont en colère. Leur dire “Calme-toi” n’est pas efficace. Leur dire : « Oui, je vois que tu es en colère » peut changer les choses. Et leur dire : “Ah oui, tu voulais réellement ça ? », ça peut les aider à se calmer automatiquement.

Être écouté à nouveau

Ils se sont de nouveau écoutés. Parce que dans la colère, il y a la raison elle-même et puis le fait peut-être d’avoir ce lien qui est rompu. Quand on leur dit qu’on les entend, qu’on les écoute, ça change tout. Ça ne veut pas dire qu’on valide leurs comportements, quels qu’ils soient. Il y a bien une différence entre ce qu’on ressent et les actes. “Tous les sentiments sont autorisés, les actes ne le sont pas”, disait Haim Ginott. Il ne faudra pas oublier ça. 

Dans un premier temps, l’important, c’est de les écouter et de valider leur sentiment. Et ce modèle-là, ils l’apprendront, ils l’apprendront vite. Les grands le savent, le sentent et le vivent. 

Maintenant, combien de fois, je les entends face au petit, lui dit : “Tu es triste, Anatole ?” “Et oui, tu aurais voulu ça ?” La situation se règle tout seul entre eux. Et ça, vraiment, c’est magique. 

Alors, la prochaine fois que vous faites face à une émotion de votre enfant, je vous encourage à la recevoir, à la valider et vous verrez la différence.

Voilà, c’était ma réflexion du jour, celle qui nous aide à progresser ensemble.

Partager l'article
4 réponses
  1. Karine
    Karine dit :

    J’adore! Le contenu évidemment, et aussi la forme, c’est vraiment sympa comme idée le Podcast! Le ton de ta voix, le choix des mots, le débit donnent un relief que j’ai beaucoup à ce que tu veux faire passer. Hâte d’écouter les suivants!

    Répondre
    • Coralie
      Coralie dit :

      Merci Karine, c’est un plaisir de recevoir ton commentaire ! Tu sais comme j’apprécies ton mode de communication, alors ce commentaire a d’autant plus d’importance pour moi.

      Répondre
  2. sylvie
    sylvie dit :

    C’est très intéressant et si important , je sens rarement moi-même cette écoute de la part des autres….et suis souvent déçue….
    J’aime beaucoup les exemples que tu donnes !
    Merci Coralie

    Répondre
    • Coralie
      Coralie dit :

      Merci Sylvie. C’est fou comme ces questions d’écoute sont complètement applicables aux adultes également, pas vrai ?
      La première fois que j’ai expliqué ça en atelier, une des mamans est revenue la semaine suivante en disant : « mon mari ne valide pas mes sentiments !! »

      Répondre

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *