Redonner du sens aux devoirs à la maison : la première clé pour l’implication des enfants

Les devoirs à la maison… ce moment quotidien qui, dans bien des familles, devient synonyme de contraintes et disputes !
Entre les rappels incessants, les résistances, les vérifications, et le « manque de sérieux », beaucoup de parents finissent par redouter ce moment. (et beaucoup d’enfants, aussi !)

Et si, avant de chercher comment “faire faire” les devoirs, on se demandait simplement pourquoi on les fait ?

C’est tout le cœur de la question du sens.
Parce qu’un enfant qui comprend pourquoi il fait quelque chose n’a plus besoin d’être tiré, poussé ou surveillé en permanence.
Il avance parce qu’il y voit un but, une utilité, une logique.

Mais si ça n’a pas de sens pour lui… alors bien sûr qu’il résistera ! Et au fond, c’est logique, non ?

“On fait les devoirs parce qu’il faut les faire.”
C’est une phrase que beaucoup d’enfants entendent, sans même qu’on s’en rende compte.
Mais derrière cette évidence apparente se cache une vraie question : à quoi ça sert, pour lui ?

Le sens, moteur de l’apprentissage

Pourquoi la question du sens des devoirs est centrale ?

“On fait les devoirs parce qu’il faut les faire.”
C’est une phrase que beaucoup d’enfants entendent, sans même qu’on s’en rende compte.
Mais derrière cette évidence apparente se cache une vraie question : à quoi ça sert, pour lui ?

Ça commence par là. Personne n’aura envie d’apprendre quelque chose qui ne sert à rien.

Je vous donne un exemple, choisi parce qu’on en avait parlé avec mon fils Anatole.

Quand on marche dans la rue avec quelqu’un qui connait le chemin, on n’y prête pas forcément attention.
Non, on suit de manière passive, tout en discutant.

Ainsi, si j’amène mon enfant quelque part, il est probable qu’il ne puisse pas y retourner seul.
Sauf si c’est un chemin que l’on prend encore et encore et encore, qu’il aura donc intégré sans même le vouloir.

Cependant, s’il sait qu’il va devoir faire ce chemin seul rapidement, alors, il va devenir acteur : on va regarder ensemble quel magasin est au coin de la rue où il doit tourner par exemple, pour qu’il ait des points de repère.

Pourquoi s’implique-t-il dans la démarche ? Parce qu’elle a un sens.
Parce qu’il sait pourquoi il apprend, et ce à quoi cela va lui servir.

« Le projet oriente la volonté qui s’incarnera dans un « comment faire » d’où naitra la motivation » écrit Antoine de la Garanderie.

A l’école, souvent, on zappe la partie sens et motivation, et on mise plutôt sur la répétition pour que ça finisse par entrer… C’est dommage parce que c’est bien moins efficace, et ça favorise les luttes !

Le cas particulier de l’école à la maison

J’ajoute ici un petit encart pour les familles qui font l’école à la maison.

Dans ce cas-là, on pourrait considérer qu’il n’y a pas de devoirs à la maison, ou, au contraire, qu’il n’y a que ça.

J’ai moi-même fait l’école à la maison avec mon fils Léon pendant 6 mois, quand il avait 7 ans.

Ça a été une super expérience !

N’empêche que là encore, et même encore plus, si on veut que nos enfants s’impliquent dans leurs apprentissages formels (pour les informels, c’est plus simple..), il est bon de savoir comment les impliquer !

Quand les devoirs perdent leur sens

Pourquoi je dis qu’on zappe souvent la partie sens et motivation ?

Pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’on parle rarement de cette notion de sens aux enfants.
Ensuite, parce que nos attitudes et demandes vont à l’encontre de cette notion de sens !!

Une discussion qui n’a pas lieu

Le paradoxe, c’est qu’on ne prend pas le temps de leur transmettre le SENS des devoirs !
Comme si cela n’avait pas d’importance.

La croyance, c’est que quand on leur dit de faire les devoirs, ils devraient juste obéir, sans se poser de question, pas la peine d’en discuter.
Je sais, je caricature un peu… Mais avez-vous déjà vu beaucoup d’enseignants qui discutaient vraiment du sens des devoirs avec les enfants ?

Moi j’ai l’impression que dans le fond, c’est comme si les devoirs étaient une affaire d’adultes : des enseignants qui les donnent, des parents qui les surveillent, des enfants qui obéissent.

Sauf que dans ces conditions… pas surprenant qu’ils soient peu impliqués !!

Pourtant, on est clair : ce sont eux, les premiers concernés, non ?
Ce sont eux qui apprennent, progressent, doutent, se découragent ou se réjouissent.
Ne pas les inclure dans cette réflexion, c’est déjà leur retirer une part de leur responsabilité dans leur propre apprentissage.

Ce qui enlève le sens aux devoirs à la maison

Le contrôle externe

Le premier point, le plus présent (et le plus compliqué, j’en ai conscience), c’est le contrôle externe.

Les parents et les enseignants envoient en permanence aux enfants des messages explicites ou implicites qui leur montrent qu’ils ne font pas les devoirs pour eux-mêmes mais pour les adultes qui les entourent.

On les contrôle, on vérifie, on met des conséquences s’ils ne sont pas faits, etc…
Est-ce qu’on fait ça pour tous les autres trucs qui les concernent ?
Est-ce qu’on vérifie de quoi ils ont parlé avec leurs copains à la cantine ?

L’enfant ou l’adolescent n’est pas acteur de son apprentissage : il exécute pour répondre à une attente.

Et cela éteint sa motivation interne.

Le rythme du groupe

À l’école, les devoirs sont généralement identiques pour toute la classe.
Mais les enfants, eux, n’apprennent pas tous au même rythme.

Donc, d’un côté, on pense que les devoirs servent à l’apprentissage, et d’un autre, ils ne dépendent pas de ce que sait déjà l’enfant.. c’est contradictoire, non ?

Je sais, je sais… ce serait compliqué de faire différemment.
Ça n’empêche pas de réfléchir quand même à la théorie.

Parce que, si une bonne partie des devoirs est adaptée à une bonne partie de la classe, on se retrouve quand même (surtout au primaire) avec certains devoirs qui mettent les enfants dans l’une de ces deux catégories :

1- l’enfant se sent dépassé. Les exercices lui paraissent insurmontables, chaque devoir devient une épreuve, et vient renforcer le sentiment d’être nul. Découragement. Cercle vicieux.

2- l’enfant s’ennuie, en répétant des choses qu’il a déjà comprises, et sent juste qu’il perd son temps. Rejet de la démarche, cercle vicieux.

Dans les deux cas, on perd la connexion entre le devoir et son objectif personnel, et donc, on perd le sens.
Celui qui est d’aider l’enfant à aller plus loin dans SES apprentissages.

Pour redonner du sens, il faut adapter, dans la mesure du possible.
Parfois, c’est une question d’ajustement dans la quantité ou la difficulté.
Parfois, c’est simplement de relier le devoir à un objectif personnel : “Qu’est-ce que tu veux vérifier ?” “Sur quoi veux-tu t’entraîner ?”
C’est ce pas de côté, cette personnalisation, qui permet à nouveau à l’enfant de se sentir concerné.

À quoi servent réellement les devoirs à la maison ?

Allez, ça a l’air évident, mais ça ne l’est pas tant que ça !

Posez-vous d’abord la question : à quoi servent les devoirs ?
Posez la à votre enfant : « à quoi servent les devoirs, selon toi ? »

Ecoutez la réponse avant de donner la vôtre !! Même si la réponse est « à rien ! »

Parce que si l’enfant pense qu’ils ne servent à rien, vous savez pourquoi vous vous battez, et vous risquez de continuer à dépenser une sacrée énergie dans le vide…

Clairement, si vous en êtes là, c’est plutôt sur le sens des devoirs qu’il va falloir travailler, avant de bosser sur les devoirs eux-mêmes !

Quand je pose la question aux parents, les réponses qui viennent sont souvent de l’ordre de :

  • répéter pour ancrer les connaissances
  • ET s’entrainer pour aller plus vite

Ok.

Il faut donc répéter pour ancrer les connaissances ?
C’est vrai.
Mais… l’a-t-on expliqué aux enfants ?

Les devoirs aident à apprendre

Peut-être… mais pourquoi ? Comment notre cerveau apprend-il ?

En voilà un bon point de départ !
Si on veut que nos enfants comprennent que la répétition aide à ancrer les connaissances, il serait bon de commencer par leur expliquer comment le cerveau apprend !

Revenons avec eux sur la consolidation par la répétition espacée.

Sur les connexions neuronales, et l’élagage en fonction de la fréquence d’exposition.

Bref, dans un premier temps, vous les aiderez plus dans leurs devoirs en lisant avec eux des livres sur le fonctionnement du cerveau qu’en faisant lesdits devoirs…

Les devoirs aident à savoir s’organiser

Et si on parlait de tout ce qu’on apprend autour du contenu de fond ?

Bien faire ses devoirs, ça demande :

  • de s’organiser
  • de planifier et gérer son temps
  • de s’auto-évaluer (différencier ce que l’on sait de ce sur quoi il faudrait travailler)
  • de persévérer quand c’est difficile
  • d’organiser ses idées
  • d’identifier notre fonctionnement

Tout un tas de compétences transversales qui dépassent les contenus scolaires..

Oui, derrière les exercices, il y a la construction progressive de l’autonomie et la confiance en soi.

Et c’est là que le rôle du parent se situe, à mon avis : non pas de vérifier ou corriger les devoirs, mais d’aider l’enfant à gagner en autonomie sur ses devoirs.

Comment redonner du sens à la maison

Redonner du sens ne passe pas seulement par de grandes théories, mais plutôt par des messages du quotidien, dans nos conversations, et dans nos attitudes.

Echangez sur cette question de sens

Comme je le soulevais plus haut, commencez par écouter.
Demandez : “Selon toi, tu penses que ça sert à quoi, les devoirs ?”
Cette question simple ouvre souvent une porte.
Et quand l’enfant répond : “À rien”, résistez à la tentation de contredire.
Souvent, cette réponse traduit un découragement, ou une accumulation de frustration.

Accueillez ce “à rien” comme un point de départ.
Vous pouvez dire, par exemple :
« Ah ben je comprends mieux pourquoi tu n’as pas envie de les faire !
Si tu devais trouver une seule chose que ça peut apporter, ce serait quoi ? »

Prenez le temps, donnez une idée de ce que vous pensez, mais ne transformez pas ça en leçon, l’évolution se fera plutôt par petites touches.

Peu à peu, vous pourrez aussi souligner ce que vous observez.
Peut-être que ça lui permet de vérifier s’il a bien compris.
Ou de s’entraîner à écrire plus vite.
Ou encore, simplement, de terminer une tâche seul.
Chaque petit objectif est une victoire.

Y compris les progrès invisibles :

  • la manière dont il s’y prend,
  • sa concentration,
  • sa persévérance,
  • sa capacité à s’organiser seul.

Parce que ce sont ces compétences-là qui nourrissent durablement la confiance et la motivation.

Adaptez les devoirs au besoin de l’enfant

Pour redonner du sens, il faut adapter, dans la mesure du possible.

Si c’est trop difficile, baissez la quantité, ou la difficulté.

(J’en profite pour préciser qu’il est bon que les enfants fassent autre chose que des devoirs !
D’ailleurs, théoriquement, les devoirs à la maison écrits n’ont pas leur place au primaire…)

Si c’est trop facile, voyez comment couper, ou au contraire aller plus loin.
On est souvent plus inspiré quand c’est un challenge.

« L’enthousiasme, c’est l’engrais du cerveau » dit André Stern

Donc, faisons en sorte de ne pas couper nos enfants de cet enthousiasme !

Je sais que c’est compliqué, parce que nous aussi, on a grandi avec cette notion que si c’est ce qui est demandé, c’est ce qui doit être fait… mais c’est ce pas de côté (pas systématique !), cette personnalisation, qui permet à nouveau à l’enfant de se sentir concerné.

Quand vous parlez apprentissage, discutez de ce qu’ils apprennent !

Je parle peu scolarité avec mes enfants.
Je ne sais pas s’ils ont des devoirs ou des évaluations… sauf s’ils ont envie d’en parler eux-mêmes, ce qui arrive parfois.
Parfois, cependant, on parle de ce qu’ils apprennent.

Hier soir, par exemple, je discutais avec Léon (3è) de son cours de géographie.
Il me parle des courbes démographiques, je m’intéresse… et il part dans ses explications.
Tellement qu’il finit par aller chercher des exemples de courbes à me montrer pour mieux m’expliquer.

Là, on remet vraiment du sens dans son apprentissage !!

Du sens à la motivation : redonner la main à l’enfant

Quand on comprend le sens, la motivation peut enfin suivre.

Et quand la motivation est là, on ne se bat plus pour que l’enfant s’y mette : il s’y met parce qu’il y voit un intérêt pour lui.
Et c’est là que la magie opère : plus on lâche le contrôle, plus l’enfant s’engage.

Redonner du sens, c’est donc aller vers redonner du pouvoir d’agir.
Car ce que l’on cherche, c’est bien que l’enfant devienne responsable de son apprentissage.

Avec comme effet secondaire : moins de tensions, moins de rappels, moins de conflits.

C’est vraiment mon approche, et ma croyance : rendons leurs devoirs à nos enfants !!

C’est la seule vraie manière de les rendre acteurs de la démarche.
La seule vraie manière de leur transmettre qu’ils les font pour eux-mêmes.

Le sens est la première étape.
Après, on travaille la motivation interne (qui ne pourrait pas venir sans le sens), puis l’autonomie.

Et je le sais, je l’ai vu, que cette démarche demande un apprentissage.

Pour l’enfant bien sûr, mais aussi pour le parent !
Evoluer dans sa posture pour rendre les devoirs à ses enfants, c’est réussir à prendre du recul par rapport à ses peurs, et c’est aussi avoir conscience de tous les messages implicites que l’on passe sans même s’en rendre compte.

C’est pour soutenir cette démarche que j’ai créé la formation :

👉🏻 J’arrête de me battre pour SES devoirs

Ce changement de posture n’est pas forcément simple, mais il est possible.

J’en veux pour preuve le message de Florence, quand je lui ai demandé si elle était contente de s’être inscrite :

« Oh oui je suis contente !! J’en ai déjà retiré le fait que ce ne sont pas mes devoirs mais bien les leurs. C’est leur histoire. Et déjà en prenant cette distance j’ai constaté un changement chez eux. Pas tout de suite une « amélioration » mais ils se sont positionnés autrement. Et moi aussi, surtout moi en fait. »

Et c’est dans cette évolution, souvent discrète mais profonde, que naît un climat d’apprentissage plus apaisé.

Alors, êtes-vous prêt à rendre leurs devoirs à vos enfants ?

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  1. […] Ce que l’on veut, c’est que nos enfants prennent en charge leurs devoirs, parce qu’ils font SENS pour eux. […]

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