Enfant TDAH ou hypersensible : 3 phrases à éviter pour ne plus casser le lien
Selon les estimations actuelles, environ 5 % des enfants en France présentent un TDAH.
Personnellement, même si j’en parle peu, je me sens concernée par ce sujet, et je l’avais déjà évoqué en vous parlant de ma phrase magique pour mieux accepter.
En tout cas, c’est le bon moment pour vous en reparler, puisque commence bientôt le sommet du TDAH ADULTE !
Donc, si vous vous vous posez des questions, inscrivez-vous pour suivre ce nouveau sommet !
En attendant, pour nous parler aujourd’hui des phrases à éviter quand on a un enfant TDAH ou hypersensible, je vais passer le clavier à Elise.
Élise est la fondatrice du blog OptimismeCool.com.
Maman d’une ado multi-dys, TDAH et hypersensible, elle sait ce que c’est d’être épuisée, dépassée, et de se sentir impuissante face aux crises du quotidien.
C’est elle qui parle dans la suite de cet article.
Introduction
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Quand on a un enfant TDAH ou hypersensible, il y a des phrases qui sortent toutes seules. Parce qu’on est à bout. Parce qu’on veut que ça s’arrête. Parce qu’on pense bien faire.
Moi aussi, je les ai dites.
« Tu exagères. »
« Calme-toi. »
« Arrête ta comédie. »
Trois phrases. Trois réflexes. Trois erreurs qui m’ont longtemps échappé.
Avec Melyssa, tout était plus. Plus intense, plus bruyant, plus débordant. Et moi, je voulais moins. Moins de cris, moins de tensions, moins de chaos. Alors j’ai répondu par des mots qui me semblaient logiques, rationnels, éducatifs.
Mais ce que je ne voyais pas, c’est que ces phrases-là… coupaient le lien.
Un enfant TDAH, quand il déborde, n’a pas besoin d’un ordre. Il a besoin d’un appui.
Un enfant hypersensible, quand il s’effondre, ne cherche pas l’attention. Il cherche une présence.
J’ai mis du temps à comprendre ça. Et encore plus à changer mes mots.
Mais quand j’ai vu dans ses yeux que quelque chose s’apaisait enfin… j’ai su que j’étais sur la bonne voie.
Dans cet article, je te partage les phrases que j’ai arrêté de dire à ma fille, et celles que je dis à la place. Parce que les mots ont un pouvoir.
Ces phrases qu’on dit… sans mesurer leur impact
“Tu exagères.” : une phrase qui nie l’émotion
Quand Melyssa était petite, elle avait des réactions intenses pour ce qui me semblait être de « petits trucs ». Un bouton qui gratte, un bruit trop fort, un regard de travers… et c’était la crise. Moi, épuisée, je lâchais : « Tu exagères. » Avec ce ton un peu sec. Un peu agacé.
Je croyais bien faire. Je pensais l’aider à relativiser.
Mais ce que je faisais en réalité, c’était balayer ce qu’elle ressentait. Comme si je lui disais : « Ce que tu vis là, ce n’est pas légitime. »
Je ne voyais pas que cette phrase, répétée encore et encore, avait un effet bien plus profond. Elle renvoyait son émotion dans un coin sombre, un endroit où elle n’était ni entendue, ni accueillie.
Et un jour, elle m’a regardée droit dans les yeux, en pleurs, et elle a dit :
« Mais je peux pas faire semblant que ça me fait rien, moi ! »
Ce jour-là, j’ai compris que ce n’était pas une question de mesure. C’était une question de reconnaissance.
“Calme-toi.” : l’injonction paradoxale
« Calme-toi » je l’ai dit, cent fois. Peut-être plus.
Parfois en chuchotant pour ne pas déranger les gens autour.
Parfois en criant, moi-même débordée. « Calme-toi ! »
Mais voilà : un enfant TDAH ne se calme pas sur commande. Il déborde. Littéralement.
Son cerveau est en feu, ses émotions explosent. Lui demander de se calmer, c’est comme dire à un volcan d’arrêter de cracher.
Je le disais parce que j’étais à bout. Parce que j’avais besoin de silence.
Parce que j’étais moi-même en surchauffe. Mais à chaque fois, je voyais bien que ça ne faisait qu’empirer.
Elle criait plus fort. Se débattait plus. Et moi, je me sentais encore plus impuissante.
Un jour, après une énième explosion, Melyssa m’a simplement dit :
« J’aimerais bien, me calmer… mais j’y arrive pas. »
Et là, ça m’a frappée. Ce n’était pas de la provocation. C’était une détresse.
“Arrête ta comédie.” : quand on interprète au lieu d’accueillir
Cette phrase-là… je l’ai dite avec colère. Avec exaspération.
Je la disais quand elle s’effondrait en public, ou qu’elle me faisait une scène pour ce que je jugeais « pas grave ».
« Arrête ta comédie ! » Comme si elle jouait un rôle. Comme si c’était volontaire.
Mais à force de voir les mêmes scènes, encore et encore, j’ai fini par me poser une vraie question :
Et si ce n’était pas du théâtre ? Et si c’était juste trop ? Trop d’émotions. Trop d’informations. Trop d’incompréhension.
J’ai compris que ce que je prenais pour de la manipulation… c’était souvent une douleur réelle, mal exprimée, mal contenue. Et que ma phrase, loin de l’aider à revenir à elle, l’enfonçait encore plus dans sa solitude.
Ces trois phrases, je ne les dis plus.
Pas parce que je suis devenue une mère parfaite.
Mais parce que j’ai compris une chose essentielle :
Les mots ont un pouvoir.
Donc : certains mots coupent le lien qu’on essaie de tisser. Alors qu’il suffit parfois de les changer… pour tout changer.
Pourquoi ces phrases blessent l’enfant TDAH… même avec de bonnes intentions
Je ne me suis jamais levée le matin en me disant : « Aujourd’hui, je vais blesser ma fille. »
Pourtant… c’est ce qui s’est passé.
Pas par méchanceté. Pas par négligence. Mais simplement parce que je ne mesurais pas le poids de mes mots dans sa petite tête pleine d’émotions.
Ces phrases, je les ai dites parce que j’étais fatiguée, stressée, dépassée. Parce que je voulais bien faire. Mais en vérité, elles ont eu l’effet inverse de ce que j’espérais. Elles ont abîmé le lien que j’essayais de construire. Voici pourquoi.
Elles invalident le vécu émotionnel
Un enfant TDAH ou hypersensible vit tout en plus grand.
Les sons, les regards, les tensions dans l’air… il capte tout. Et il le ressent au centuple.
Quand je disais à Melyssa “Tu exagères”, je voulais apaiser. Mais elle, ce qu’elle entendait, c’était :
“Ce que tu ressens ne compte pas. Ce n’est pas valable.”
Et quand un enfant entend ça trop souvent, il apprend à se méfier de ses propres émotions.
Il doute. Il se coupe. Et parfois, il s’éteint.
En niant ce qu’il ressent, même avec de bonnes intentions, on lui apprend à ne plus se faire confiance. Et ça, c’est une blessure invisible… mais profonde.
Elles augmentent la détresse de l’enfant (et la nôtre)
J’ai longtemps cru que dire “Calme-toi” allait vraiment… calmer la situation. Spoiler : non.
Ça avait l’effet inverse. Plus je le disais, plus Melyssa s’énervait. Comme si elle luttait pour prouver que sa détresse était réelle. Comme si elle criait : “Écoute-moi vraiment !”
Et moi, de mon côté, je me sentais de plus en plus incompétente.
Parce que j’avais dit la phrase “sage”, la phrase “mature”… et que ça ne marchait pas.
Alors je m’énervais. Elle aussi. Et on finissait toutes les deux épuisées, fâchées, éloignées.
Ces phrases sont des accélérateurs de tempête. Elles rajoutent une couche de tension… au lieu de désamorcer.
Elles envoient un message implicite : “je ne te supporte que quand tu vas bien”
Ce n’est pas ce qu’on veut dire.
Mais c’est ce que nos enfants entendent.
C’est aussi le cas quand on soupire. Quand on leur demande de “se calmer” sans leur tendre la main. Ou quand on leur dit d’arrêter de faire du cinéma.
Ils comprennent, sans qu’on le dise :
“Je ne suis aimable que quand je vais bien.”
“Je suis un problème quand je ressens trop fort.”
Et ça, c’est un poison pour l’estime de soi.
Ça fabrique des enfants qui apprennent à se cacher, à se retenir, à s’adapter… au lieu de s’exprimer, de grandir, d’être eux-mêmes.
Quand j’ai pris conscience de ça, j’ai eu mal.
Mais j’ai aussi vu une opportunité : changer mes mots pour changer le message.
Et c’est ce que j’ai commencé à faire.
Pas du jour au lendemain.
Mais petit à petit, en testant, en ajustant.
Et ce que j’ai découvert… a transformé notre quotidien.
Je te partage maintenant ce que je dis à la place – et pourquoi ça change tout.
Ce que je dis à la place (et ce que ça change au quotidien)
Changer ses mots, c’est comme apprendre une nouvelle langue. Au début, on se sent maladroite. On cherche ses phrases. On doute.
Mais quand on voit le regard de son enfant s’adoucir, quand on sent que la tension redescend d’un cran… on sait qu’on est sur le bon chemin.
Voici les trois phrases que j’ai remplacées dans notre quotidien. Elles ne font pas de miracles. Mais elles ouvrent un espace de sécurité, là où il y avait autrefois des murs.
“Tu ressens quelque chose de fort. On va traverser ça ensemble.”
Cette phrase, je l’ai découverte un jour de tempête.
Melyssa pleurait à chaudes larmes parce qu’on avait changé de plan à la dernière minute. Une sortie annulée. Un repas décalé. Rien d’énorme, mais pour elle, c’était une onde de choc.
Et au lieu de dire « ce n’est pas grave », j’ai juste posé ma main sur son épaule et j’ai dit :
“Tu ressens quelque chose de fort. On va traverser ça ensemble.”
Elle m’a regardée. Longtemps. Et elle a soufflé :
“Tu crois que ça va passer ?”
Je ne minimisais plus. Je ne dramatisais pas non plus. Je constatais. Et je restais présente.
Dire ça, c’est comme tendre un pont au-dessus d’un torrent émotionnel.
Et parfois, ça suffit.
“Respire avec moi. On fait une pause ?”
Avant, j’aurais crié « CALME-TOI »…
Maintenant, je propose : “Respire avec moi. On fait une pause ?”
Ce n’est pas une injonction. C’est une invitation.
Et ce petit changement de ton… change tout.
On a même inventé notre propre rituel : on fait trois grandes inspirations, en se tenant les mains.
Parfois, on rigole au milieu. Parfois non. Mais on le fait ensemble. Et ça, ça crée un espace de reconnexion.
Tu sais, ce n’est pas tant la respiration qui fait le miracle.
C’est le lien. L’idée que je suis là. Que je l’accompagne.
Et qu’elle n’est pas seule dans son débordement.
“Tu veux en parler ou tu préfères un câlin ?”
Cette phrase, elle a tout changé.
Parce qu’avant, je voulais qu’elle parle. Qu’elle explique. Qu’elle dise “pourquoi”.
Mais parfois, elle ne savait même pas. Ou elle n’avait pas les mots. Ou elle avait juste besoin d’un contact.
Alors j’ai arrêté de forcer. Et j’ai commencé à proposer un choix.
“Tu veux en parler… ou tu préfères un câlin ?”
Parfois, elle choisit le silence. D’autres fois, elle se jette dans mes bras.
Mais ce que je vois à chaque fois, c’est la confiance qui revient.
Elle sait que je suis là, sans l’obliger. Que son rythme compte. Que ses besoins sont respectés.
Changer ces phrases, c’est ne plus chercher à contrôler, mais à accompagner.
C’est reconnaître que nos enfants n’ont pas besoin de solutions immédiates.
Ils ont besoin de présence, de sécurité, de liberté d’être.
Et c’est là que le lien grandit.
Pas dans les explications.
Mais dans les gestes simples, les mots tendres… et l’espace qu’on leur offre pour se sentir aimés même quand ça déborde.
Conclusion
Non, je ne suis pas devenue une maman parfaite.
Oui, je dis encore parfois des choses que je regrette.
Mais j’ai compris une chose essentielle : nos mots façonnent la relation que nous construisons jour après jour avec nos enfants.
Quand j’ai arrêté de dire “Tu exagères”, “Calme-toi” ou “Arrête ta comédie”, je n’ai pas seulement changé mon vocabulaire.
J’ai changé ma posture. Mon regard. Mon intention.
Et ça, Melyssa l’a senti. Rapidement. Parce que les enfants ont un radar pour l’authenticité.
Aujourd’hui, je me donne le droit de me tromper. Et je donne à ma fille le droit d’être elle, complètement. Avec ses vagues, ses tempêtes, ses silences.
Ce n’est pas toujours simple. Mais c’est vivant. Vrai.
Et tu sais quoi ? C’est dans ces moments-là que le lien devient indestructible.
Pas parce qu’on évite les orages. Mais parce qu’on apprend à les traverser ensemble, mot après mot.
“Les mots qu’on choisit sont des graines. Certains blessent, d’autres soignent. Choisis ceux qui font pousser l’amour, même au cœur des tempêtes.” Elise Andriantsiferana
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La fiche des phrases à garder
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