Le parent qui s’intéresse à la parentalité positive comprend vite que certaines de nos réactions n’aident pas nos enfants. Le problème réside dans le fait que parfois, ce sont des réactions impulsives.

Ainsi, la mère qui regrette la fessée qu’elle vient de mettre à son fils, le père qui regrette la réflexion humiliante qui vient de fuser.
Les parents ont beau aimer leurs enfants, ils sont régulièrement confrontés à leurs propres limites…

Qu’est-ce qui se joue dans ces moments-là ? Pourquoi ces réactions qui nous échappent ? C’est un des points soulevés par Isabelle Filliozat dans Il n’y a pas de parent parfait.

Réactions impulsives… la force de l’automatisme

En fait, ces réactions sont en général automatiques. Ce qui ne nous plait pas.
Penser que nous sommes le jeu de nos automatismes, que notre raison n’arrive pas à les contrôler, n’est pas agréable.
Et pourtant, que nous cherchions à le justifier ou non, il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et notre réaction ne correspond pas à nos principes.

Car, face à une situation donnée, le cerveau processe l’information et nous amène à réagir avant même que nous ayons vraiment eu le temps de « valider » notre réponse.
Et ce qui transforme cette impulsion en acte, bien souvent, c’est l’urgence.
Nous ne prenons pas le temps de prendre le recul nécessaire, et restons dans l’idée de la nécessité de la réponse immédiate.

Alors, nous faisons simplement appel à nos réflexes acquis.
Acquis par notre propre éducation, par le modèle que nous avons reçu.
Voilà comment nous reproduisons les comportements de nos parents !

Malheureusement, c’est ce qui, parfois, nous fait répondre avec plus d’agressivité que nous le voudrions…
C’est aussi ça, « dans la vraie vie », les difficultés de parent que nous vivons.

L’inscription dans le cerveau

Je sors ici du cadre du livre Il n’y a pas de parent parfait, parce que cette idée que nous sommes emportés par nos réflexes me fait penser à ce que j’ai pu lire dans Les lois naturelles de l’enfant, de Céline Alvarez.

Elle y explique en effet que nous naissons avec un cerveau pré-disposé à apprendre.
Que dans les premières années de notre vie, nos connexions neuronales se développent à un rythme ahurissant.
En effet, chaque expérience est un apprentissage en ceci qu’il génère une connexion dans notre cerveau.
Il s’opère ensuite un élagage, au cours duquel sont renforcées les connexions qui correspondent à des expériences répétées, alors que celles qui sont anecdotiques sont effacées.

Cela explique bien pourquoi le modèle parental, vu et revu, est bien mieux imprimé dans notre cerveau qu’un autre.
D’autant qu’il s’est parfois transformé également en croyances ancrées en nous : « je dois faire preuve d’autorité parentale », par exemple.
Il apparait alors logique que, lorsque nous réagissons dans l’urgence, ce soit celui-ci qui nous paraisse « naturel » plutôt qu’un autre ! C’est notre cerveau qui dicte…

Comment échapper à ces réactions impulsives ?

Malgré tout, il est possible de ne pas obéir à ces impulsions.
Après tout, on peut, dans une dispute, avoir l’impulsion de frapper quelqu’un, et se garder de le faire !

Même si nous n’y arrivons pas toujours, nous en sommes capables.
J’insiste : les parents peuvent changer leurs réactions automatiques.
Ils ne sont pas contraints à reproduire ce que faisaient leurs parents.

Et pour cela, deux points fondamentaux :

La prise de conscience

Pour changer notre réaction, il faut déjà avoir conscience de la nocivité de celle-ci.
Il y a tant de choses que je ne savais pas il y a quelques années, que j’ai changées depuis !!

Pourquoi remettre en question ce que l’on croit ?
Aujourd’hui, je fais partie des diffuseurs de ces idées, justement parce que je crois vraiment qu’un bon nombre de parents ne sont simplement pas informés.

Et cet apprentissage ne finira jamais, je crois : car les jeunes enfants entrent dans l’adolescence, parce que les relations entre parents et enfants ne sont pas les mêmes avec chacun..

Alors que chacun est théoriquement convaincu de l’interêt de maintenir une bonne relation parent-enfant, nous varions dans nos styles éducatifs en nous rattachant à nos idées de ce qu’est notre fonction parentale, surtout face à certains comportements des enfants.

Parfois, le simple fait de discuter, de faire un pas de côté, peut permettre d’évoluer dans ses principes… (nous l’avions déjà évoqué lors des 6 raisons pour ne pas taper son enfant).
Je crois donc fortement au fait d’accompagner les parents dans leur réflexion pour faciliter les prises de consciences.

Avoir des alternatives

Ensuite, si nous nous contentons d’être conscients sans développer d’option alternative, nous resterons au stade de la culpabilité.
Il s’agit plutôt de chercher à apprendre d’autres méthodes éducatives, qui nous permettront enfin d’adopter d’autres réactions.

Eduquer un enfant n’est pas simple, en soi.
Quand on hérite en plus de modèles parentaux plus ou moins empreints de violence, ça l’est encore plus.
(L’aide d’un psychanalyste peut s’avérer nécessaire s’il y a vraiment eu maltraitance)

Je crois pourtant qu’un parent responsable doit se pencher sur cette question accompagner ses enfants au mieux.

L’éducation positive prône la bienveillance, et l’accompagnement des enfants.
Le principe, c’est que les parents d’un enfant sont souvent sa figure d’attachement, et leur rôle est de soutenir l’enfant pour l’aider à grandir dans un climat affectif serein.

Alors bien sûr, on fait tous ce qu’on peut, comme on peut… et cela se sentira dans notre style parental.
Mais quand même… quand on sent que l’on bascule souvent dans des réactions impulsives, on peut par exemple décider de suivre un accompagnement parental, un coaching parental.. choisir la formule qui nous convient pour évoluer dans nos pratiques plus facilement ! Les structures de soutien à la parentalité se sont multipliées ces dernières années, plus de raison de se sentir seul.

(vous pouvez d’ailleurs faire un tour sur la page des formations des 6 doigts de la main)

Développer ses compétences parentales, ses habiletés, n’est pas forcément facile… mais c’est comme tout, ça s’apprend.
Et comme on n’a jamais vraiment fini, je continue de faire partie d’un groupe de parents !

Remarque : cette démarche ne concerne d’ailleurs pas que les parents. C’est également vrai pour les assistantes maternelles, pour le personnel en crèche, ou autre lieu d’accueil, pour les établissements scolaires, pour toute personne en fait qui a un rôle éducatif auprès d’un enfant ou d’un adolescent…

De l’impulsion à la compulsion

« Il s’agit d’une impulsion quand le geste violent est isolé. Il s’agit d’une compulsion quand le parent ne peut s’empêcher de frapper l’enfant pour un rien. » écrit Isabelle Filliozat.

Et en effet, dans le cas de la compulsion, le parent ou l’éducateur « n’arrive pas à contrôler ses gestes et/ou ses paroles ».
Car ses réactions ont été inconsciemment mises en places pour lui permettre d’échapper à l’angoisse.
L’angoisse de l’impuissance par exemple, auquel cas le parent peut utiliser l’abus de pouvoir pour retrouver une sensation de force.
L’origine de la compulsion est à rechercher dans l’enfance. Ce n’est pas une fatalité.

Ce cas est cependant traité plus loin dans le livre…

Avez-vous déjà identifié chez vous des réactions impulsives ?

–> pour se procurer « Il n’y a pas de parent parfait »

Partager l'article