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Les nécessités de base des enfants

“Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

Ceci est un des principes exposés par Adler, un psychologue autrichien du 20è siècle, et je suis impressionnée par la manière dont ses principes résonnent dans l’éducation positive. (Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter cet article sur les principes adlériens – fondateurs de la discipline positive)

Appartenir ?

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !
On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.
(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance ?

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?

Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

« On aide mieux en aidant moins » « écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.
Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!
A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?
Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.
On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Un nouveau regard sur l’enfant

Comprendre ces nécessités de bases, c’est poser un nouveau regard sur l’enfant.
Car les comportements ont un objectif.
Ainsi, voici un autre énoncé d’Adler  “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”
(Lien vers l’article sur l’enfant découragé ici)

Le message inconscient de cet enfant est donc : “Je n’ai pas l’impression d’appartenir ni d’avoir de l’importance, et je ne sais pas toujours comment faire pour changer les choses.”

Ca change la perspective, pas vrai ?

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4 réponses
  1. Gwen
    Gwen dit :

    je découvre votre blog alors que j’ai récemment découvert Jane Nelsen, et par elle, Adler.
    De tous les livres lus en parentalité positive, ce sont les Faber & Mazlish qui m’ont le plus apporté, mais je suis peu à peu en train de creuser du côté de Nelsen et je trouve son approche très complémentaire de F&M, et très très belle.
    C’est notamment elle qui m’a permis de me sortir définitivement de cette lutte de pouvoir en réalisant à quel point vouloir prendre le pouvoir, c’est vouloir rendre son enfant impuissant, or… est-il bon qu’un enfant (être) soit impuissant ?
    Je retrouve mon cheminement actuel dans beaucoup de vos articles et me réjouis de vous lire !

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Bonjour Gwen. En effet, un parcours très similaire, puisque jusqu’ici je disais comme vous que les Faber & Mazlish étaient vraiment ce qui m’avait le plus apporté, et je suis en ce moment en train de lire Jane Nelsen, qui m’aide énormément à prendre de la hauteur. Je sens bien qu’il y a encore un bout de chemin devant moi. Je suis ravie de pouvoir partager ceci avec vous !

      Répondre
  2. Marianne
    Marianne dit :

    Moi aussi je découvre ton blog aujourd’hui et je dévore tes articles les uns après les autres… quelle résonnance ils ont chez moi ! Nos points communs sont nombreux : nombre et sexe des enfants, lectures de référence, mais mon parcours vers la parentalité positive me semble plus récent, et je me heurte en ce moment à l’adolescence du plus grand. L’appartenance… sûre qu’il faut que je relise Nelsen à ce sujet… merci de m’avoir re(mise) sur cette piste !

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Bonjour Marianne, je suis ravie d’avoir pu atteindre une lectrice de plus chez qui je résonne !! Bienvenue !
      Merci de ton commentaire… Quel âge a ton grand ?
      L’adolescence est une étape difficile pour eux, et pour nous aussi, parce qu’il nous faut accepter de lâcher-prise… J’ai le sentiment qu’à cet âge-là, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il est donc encore plus stérile d’imposer plutôt que d’influer.. J’y ai beaucoup réfléchi récemment, et j’ai plusieurs articles en tête qui te plairont (quand j’aurai enfin le temps de me poser pour les écrire !). Si tu connais déjà Nelsen, as-tu lu celui qu’elle a écrit sur les ados ? Je ne l’ai pas fini, mais rien que l’intro m’a aidée.

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