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Arrête d’embêter ton frère : compétence 1 – Appartenir

Comme expliqué précédemment, Elizabeth Crary, auteure de Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille, considère que pour éviter les disputes dans la fratrie, il s’agit surtout de développer 4 compétences relationnelles fondamentales. On pourrait même dire que ces disputes représentent une opportunité de les développer ! Comment ? C’est ce que nous allons voir.

Compétence relationnelle n 1 : Développer le sentiment d’appartenance

Les enfants ont un besoin vital de se sentir appartenir, d’appartenir au groupe.
(Rq: cela fait d’ailleurs écho aux nécessités de base dont nous avons pu parler…)
Pour les plus jeunes, cela passe par le regard du parent, qui valide le fait d’appartenir à la cellule familiale. S’il est nécessaire pour obtenir le regard du parent de désobéir aux règles, alors c’est ce qu’ils feront !
Plus tard, si ce sentiment n’est pas assouvi, il peut être la raison pour l’enfant de rejoindre une bande…
Il est donc naturel de chercher de l’attention, à nous de leur enseigner que nous ne sommes pas les seuls à pouvoir répondre à ce besoin : frères et soeurs, amis, peuvent aussi être des sources d’attention.

Le rôle des parents

Bien sûr, c’est fatigant, parce que le besoin d’attention de l’enfant est parfois inextinguible. Mais cela vaut la peine d’essayer d’y répondre. Sinon, l’enfant risque fort de préférer l’attention négative que pas d’attention du tout, ce qui, réfléchissons-y, sera encore plus fatigant pour nous !
Les tout petits ne peuvent comprendre que nous ne répondions pas de suite à leur besoin, pour les plus grands, la réponse peut être différée.

Il existe maintes manières de donner son attention. A nous de choisir de le faire de la façon qui nous convient, que ce soit simplement par un geste tendre, ou par une activité partagée, avant que l’enfant nous y oblige en tirant les cheveux de sa soeur…

Utiliser le parentage STAR

(Je rappelle que le parentage STAR est une méthode en 4 étapes développée par l’auteur de ce livre, Elizabeth Crary. Je l’ai découverte à la lecture de ce livre, et ai écrit un article spécifique à ce sujet.)

Dans cette partie, l’auteure brode à partir d’exemples pour appliquer la méthode STAR, tout en gardant en tête les compétences à développer, et le stade de développement de l’enfant.
Impossible de bien expliquer cela sans entrer dans les exemples eux-mêmes.

Premier exemple :
Le garçon qui enfonce son doigt dans le ventre de son petit frère bébé, jusqu’à le faire pleurer

S : Stop et mise au point
Ce garçon est dans une situation typique de manque d’attention, puisque ses parents sont tres pris par le bébé.

T : Trouver des idées
Eviter le conflit : ne pas laisser les enfants seuls ensemble
Remarquer et valoriser les comportements positifs : “J’ai remarqué que tu avais caressé le bras de ton frère, as-tu vu son sourire ?”
Décider de la manière dont je veux que l’enfant demande : “Si tu as besoin de moi, dis “câlin” et j’arrêterai ce que je fais pour t’en faire un.”
Proposer un choix : “Quand tu veux de l’attention, tu peux venir sur mes genoux, ou me montrer quelque chose”
Réduire les conflits en donnant de l’attention chaque jour : pendant la sieste du bébé par exemple.
Reconnaître sa frustration, son sentiment : “C’est frustrant de devoir me partager.” “Parfois, tu te sens mis de côté…”
Clarifier les limites : “Touche délicatement. Tu as le droit de vouloir être avec moi, ce n’est pas une raison pour embêter ton frère.”
Enoncer une conséquence : “Touche délicatement. Si tu fais pleurer ton frère, je le prendrai dans mes bras et quitterai la pièce.”

Ce qui m’a marquée dans cette étape, et qui m’a donné l’envie de la recopier ainsi, c’est le nombre d’idées et de pistes. Pour vraiment améliorer l’ambiance de la famille, il faut non seulement avoir développé des compétences et des habilités qui nous permettent d’avoir les bonnes idées, mais également se donner le temps de chercher les solutions, comme on l’avait déjà commenté.

Quelques notes personnelles à la lecture de cette liste d’idées
On retrouve ici certaines des habiletés apprises dans nos lectures précédentes (c’est rassurant, on ne part pas complètement de zéro !), en particulier : la validation des sentiments bien sûr (voir premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent), le choix (voir chapitre 3, ou les choix, les choix, les choix), les limites sous la forme positive (voir des règles plutôt que des limites).

A : Agir concrètement
Il faut à présent mettre toutes ces idées en pratique. Pendant une période au moins, s’efforcer à vraiment lâcher ce qu’on fait pour répondre quand on entend “câlin”, valider le sentiment, donner de l’attention. On n’essaye pas encore d’entrer dans la méthode de la conséquence, on se donne d’abord la possibilité de supprimer la cause du problème.
Pendant cette période, il faudra être attentif à ce qui se passe, noter les changements, et bien sûr, faire en sorte de ne pas remettre les enfants en situation de conflit.

R : Revoir et corriger
Au bout d’environ une semaine, faire le point. Voir si ces changements d’attitude ont eu l’effet attendu. Si le problème perdure, cela ne veut pas dire qu’il faudra abandonner, mais ce sera le moment de mettre la conséquence en place.

J’aime le fait que l’auteur inclue cette dernière étape dans sa méthode, cela me fait penser à ce qu’on avait noté à propos de la démarche de résolution de problème, pour laquelle Faber et Mazlish avaient bien ajouté cette étape dans leur livre Parler aux ados pour qu’ils écoutent, les écouter pour qu’ils parlent, dans lequel figure un chapitre qui s’y consacre.

Deuxième exemple :
Le garçon qui dérange sa grande soeur en train de dessiner de façon répétitive.

S : Stop et mise au point
Je note que ce comportement n’est là que depuis que la grande soeur va à l’école : elle a envie d’un moment tranquille quand elle rentre, et son frère au contraire, l’a tellement attendue qu’il veut jouer avec elle de suite.

T : Trouver des idées
Reconnaitre les sentiments
Jouer avec le petit frère à l’heure de retour de l’école
Lui proposer d’inviter un ami ou d’appeler sa grand-mère
Rappeler la règle : Chacun respecte les besoins des autres.
Donner l’exemple (“Ma fille, j’aimerais bien passer un moment avec toi, tu voudrais jouer aux billes avec moi ?”)
Rappeler qu’il faut respecter la réponse
Peut-être leur demander si un système type 15 minutes seuls, puis 15 minutes ensemble leur conviendrait.

Note : La seule idée que je décide ici de ne pas recopier, c’est celle qui consiste à récompenser le garçon quand il n’embête pas sa soeur. J’ai lu maintenant pas mal de choses contre les méthodes de récompenses. Je sauterai donc systématiquement ce qui s’y rapportera dans ce livre.

On peut également soulever le cas du renforcement positif : ne pas oublier de saisir les opportunités de noter le comportement respectueux du garçon lorsqu’il apparait : “J’ai vu que tu avais très envie de jouer avec ta grande soeur, et que tu l’avais quand même laissée faire son dessin sans la déranger. Ca n’a pas dû être facile, cela requiert de la volonté !”  Sur ce thème, je commence à me poser de plus en plus de questions. Pour être honnête, c’est une méthode que l’utilise encore, mais je m’interroge.  Je pense que c’est en fait très subtil, et j’attends d’en apprendre plus pour en parler mieux.

Et bien sûr, ne pas oublier les dernières étapes :
A : Agir concrètement
R : Revoir et corriger

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2 réponses
  1. Sophie
    Sophie dit :

    Merci pour cet article. Avec des jumeaux, les besoins de chacun nécessitent une écoute active et des idées… Je suis d’accord avec toi sur le fait de ne pas récompenser une attitude finalement attendue de respect de l’autre. Car la récompense donnée une fois sera ressentie comme un besoin à satisfaire ensuite à chaque fois. En revanche, je m’efforce de montrer que j’ai remarqué les bonnes attitudes et d’exprimer ma satisfaction :  » j’ai vu que tu as attendu que ton frère soit disponible pour jouer avec lui. Tu peux être fier de toi. « 

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Merci Sophie pour ton commentaire !
      Je vois que tu es déjà au fait de la parentalité positive : dans ta réaction on note le renforcement positif, la description, l’encouragement de l’enfant à s’approprier sa fierté, il ne le fait par pour que TU sois fière, mais peut être fier pour lui-même.
      Rien à redire. Exactement ce qu’on voudrait pouvoir mettre en pratique chaque fois !

      Répondre

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